J'espère que la suite va vous plaire toujours autant... je n'ai pas trop eu le temps d'écrire donc il risque d'y avoir pas mal d'attente pour les chapitres suivants.
Cybelia.
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Chapitre 3 : Révélation des sentiments
Il fallut deux semaines à Lancelot pour se remettre complètement de ses blessures. Arthur avait passé presque toutes ses journées à son chevet, mais la présence de Dame Elaine les avait empêchés de parler librement. Lorsqu’il put enfin se lever, le jeune homme insista auprès de sa mère pour qu’elle le laisse. Elle eut quelques réticences, mais, heureusement pour lui, le retour du Seigneur Ban et des autres combattants détourna l’attention de la maîtresse de maison. Un grand banquet fut organisé pour célébrer la victoire sur les Saxons. Lancelot fut contraint d’y assister aux côtés de son père. Arthur, assis à l’autre bout de la table, ne pouvait quitter des yeux son ami. Alors que la nuit tombait, le blond décida d’aller se coucher. Il était fatigué et déçu de n’avoir toujours pas pu discuter avec Lancelot.
Il entra dans sa chambre, ôta son pourpoint et, en chemise et chausses, il s’allongea sur son lit. Il allait s’endormir lorsqu’il entendit des coups frappés discrètement à la porte. Intrigué, il alla ouvrir et se figea : Lancelot se tenait devant lui, un air indéfinissable sur le visage.
— Puis-je entrer ?
Arthur s’effaça pour le laisser passer et referma soigneusement. Il était soudainement nerveux de se retrouver enfin seul avec son ami. Lancelot fit quelques pas à l’intérieur, puis se retourna vers lui :
— Je ne vous ai pas réveillé, au moins ?
— Non, je venais juste de me coucher, mentit le blond. Voulez-vous vous asseoir ?
— Non merci, je suis bien debout. Je me suis assez reposé pendant deux semaines. Je viens vous voir parce qu’il faut qu’on parle de ce qui s’est passé avant mon départ.
Arthur gardait les yeux baissés, gêné. La honte de son geste revenait le perturber. Il bredouilla :
— Je… je suis désolé… je ne sais pas pour quelle raison j’ai fait ça… je vous promets que ça n’arrivera plus jamais. Je ne veux pas perdre votre amitié…
Il sursauta lorsque Lancelot se planta soudain devant lui et souleva son menton pour l’obliger à le regarder en face. Arthur plongea dans les iris azurs qui le fixaient. Il retenait inconsciemment son souffle alors que le visage de son ami se rapprochait de plus en plus. Lorsque les lèvres de Lancelot se posèrent sur les siennes, il ferma doucement les yeux. Il avait l’impression d’être dans le plus doux des rêves. Au bout d’un très long moment, son ami s’écarta légèrement de lui et murmura :
— Vous ne pouvez pas savoir depuis combien de temps j’en rêve !
— Vr… vraiment ? balbutia Arthur, sous le choc.
Lancelot s’écarta un peu plus en souriant largement.
— C’est l’espoir que votre geste n’ait pas été un accident qui m’a donné le courage de me battre contre la mort.
La main du brun caressa tendrement la joue du blond.
— Les quelques jours que j’ai passé loin de vous ont été une vraie torture. J’avais peur que vous ayez quitté le château avant mon retour…
— Je n’ai jamais pensé à partir, répondit Arthur… mais je pensais que vous ne voudriez peut-être plus me voir…
Lancelot prit la main de son ami dans la sienne et l’attira vers le lit où ils s’assirent, face à face.
— Jamais je ne pourrais vous laisser vous éloigner de moi, je ne le supporterai pas. Et puis, j’ai promis à Merlin de veiller sur vous…
Le nom de son tuteur éveilla une nouvelle peur au fond du cœur d’Arthur. Il pâlit et dégagea ses mains de celles de son ami.
— Que vous arrive t’il ?
— Merlin… il le savait… Il savait quels sentiments allaient nous animer avant même que l’on se rencontre. Il y a une chose que je ne vous ai jamais avoué… Quelques jours avant mon arrivée au camp de votre père, j’ai rêvé de vous.
— Vraiment ?
— Oui… répondit le blond, un sourire pensif sur les lèvres. J’ai demandé à Merlin si je vous rencontrerai un jour et il m’a dit d’être patient. Mais, déjà, je savais qu’un lien particulier allait se tisser entre nous. J’étais fasciné par votre visage et par vos yeux. Lorsque je vous ai vu pour la première fois…
— Au bord de la rivière, l’interrompit Lancelot.
Arthur rougit violemment au souvenir de cette scène. Et le trouble qui l’avait envahi à l’époque revenait le perturber. Il ouvrit la bouche pour tenter de continuer sa phrase, mais son ami ne lui en laissa pas le loisir. Il posa sa main sur la nuque du blond, l’attirant à lui pour un baiser des plus doux. Arthur sursauta lorsque la langue de son ami vint caresser ses lèvres. Curieux, il entrouvrit la bouche et là, il sut qu’il était à tout jamais perdu. Ils se goûtaient l’un l’autre, ne parvenant pas à se rassasier. Enfin, ils furent contraints de se séparer par manque de souffle.
Ils restèrent un long moment immobiles, se contentant de plonger leurs regards l’un dans l’autre, leurs respirations reprenant peu à peu un rythme normal. Arthur finit par murmurer :
— Qu’allons-nous faire ?
— Que voulez-vous dire ?
— Les sentiments qui nous animent ne sont pas… moraux…
— Personne n’a besoin de les connaître à part nous, sourit Lancelot en lui caressant tendrement la joue. Nous serons prudents. Je n’ai aucune envie de vous perdre…
— Vos parents…
— Ne vous inquiétez pas pour eux. J’ai déjà dit à mon père que, lorsque vous repartirez en Bretagne, je vous suivrai. Je ne peux pas imaginer vivre sans vous, Arthur.
Le cœur du plus jeune se gonfla d’allégresse à ces mots. Un élan spontané le poussa dans les bras de son ami qui referma doucement son étreinte sur lui. Ainsi enlacés, ils basculèrent lentement sur le lit et finirent par s’endormir.
***
A son réveil, Arthur fut surpris de sentir un corps chaud contre le sien. Les évènements de la veille au soir lui revinrent doucement en mémoire. Il était heureux, ainsi blotti contre Lancelot, le visage enfoui dans le cou de son ami… de son amour… Même s’il n’avait jamais éprouvé ce sentiment auparavant, il savait instinctivement que les élans qui le poussaient vers le brun étaient tout simplement de l’amour, le plus pur et le plus noble des sentiments. La main de Lancelot caressa soudainement son bras. Arthur se redressa afin de contempler le visage fin de cet homme qui, il le sentait, allait partager sa vie durant de longues années. Il fut surpris par l’air grave de son ami.
— Que vous arrive t’il ?
— Je dois retourner dans ma chambre. Si un domestique me surprend à sortir de chez vous au petit matin, j’aurais des explications à donner à mon père et je n’en ai aucune envie.
Arthur soupira. Il savait que son ami avait raison, mais ça lui déchirait le cœur de le laisser s’éloigner, même d’une si petite distance. Lancelot s’assit et lui adressa un regard encourageant.
— Ne vous en faites pas, tout ira bien.
Ils s’embrassèrent tendrement, puis le brun sortit. Une fois seul, le blond se recoucha, essayant d’imaginer comment leur relation allait évoluer. Il sursauta lorsque des coups furent frappés à la porte. Le battant s’ouvrit sur Cybelia, la servante, apportant l’eau pour la toilette. Alors qu’elle posait le baquet sur la table, elle lança :
— Le Seigneur Ban aimerait vous voir dès que vous aurez pris votre petit-déjeuner.
— Merci.
Elle ressortit. Arthur ôta sa chemise et se lava, se demandant ce que le père de Lancelot lui voulait.
***
Dès qu’il eut terminé son repas, Arthur se dirigea vers la salle du trône où l’attendait le Seigneur Ban de Benoïc et une personne qui tournait le dos à la porte. Le jeune homme reconnut immédiatement la silhouette du nouveau venu. Son cœur fit un bond dans sa poitrine alors qu’il se précipitait vers Merlin, qui s’était tourné vers lui. Il tomba dans les bras de son tuteur qui l’accueillit en riant.
— Maître ! Quelle bonne surprise !
— Mon cher Arthur !
Le Mage repoussa doucement son protégé pour le regarder.
— Comme tu as grandi ! Et tu t’es étoffé ! Tu es un homme à présent ! Les entraînements du Seigneur Lancelot t’ont été profitables à ce que je vois…
A la mention du nom de son ami, le blond ne put s’empêcher de rougir. Une lueur amusée apparut dans le regard de son mentor et Arthur sut qu’il avait compris que leur relation avait atteint une nouvelle dimension. Au même moment, Lancelot entra dans la pièce. Il parut surpris de voir Merlin, mais sourit en le saluant et vint prendre place près de son père.
— Seigneur Ban, j’aimerais tout d’abord vous remercier pour la bienveillance dont vous avez fait preuve envers Arthur.
— Je vous le devais, mon ami, sourit son hôte.
— A présent, il est temps pour nous de retourner en Bretagne.
Le jeune homme eut un hoquet de surprise. Instinctivement, il se tourna vers Lancelot qui paraissait aussi abasourdi que lui.
— Tu es prêt pour ton destin, Arthur. Et celui-ci t’attend à Londres. Nous devons y être avant le solstice d’été qui aura lieu dans deux semaines. Nous devons donc partir dès demain.
— Si vite ? gémit le blond.
Lancelot se leva :
— Père, je requiers l’autorisation d’accompagner nos amis en Bretagne.
— Je me doutais de ta requête, mon fils, sourit Ban. Ton absence sera difficile, surtout pour ta chère mère, mais nous n’avons pas le droit de t’empêcher de suivre ta destinée. Tu as ma bénédiction.
Ban se tourna vers Merlin et Arthur :
— Je vous fournirai tout ce dont vous aurez besoin pour le voyage. Vous n’avez qu’à demander.
— Merci, Seigneur, répondit l’Enchanteur en s’inclinant.
— En attendant, mes enfants, vous devriez commencer à préparer vos bagages.
Les deux jeunes hommes acquiescèrent et quittèrent la pièce ensemble. Ils remontèrent vers leurs chambres. Alors qu’ils arrivaient à un détour du couloir, Lancelot se pencha vers son ami et souffla à son oreille :
— Je vous avais promis que je ne vous quitterai plus…
Arthur sourit. Il prit la main de son compagnon dans la sienne et l’attira dans sa chambre. Une fois la porte refermée, leurs lèvres se retrouvèrent pour un baiser fougueux.
— Je crois que je n’aurais pas supporté de vous perdre, souffla le blond.
— Vous ne me perdrez jamais. Mon cœur et mon corps vous appartiennent…
***
Le lendemain matin, un petit convoi quitta le château du Seigneur Ban de Benoïc. Merlin chevauchait en tête. Arthur et Lancelot le suivaient. Trois gardes, volontaires pour escorter leur jeune maître, les accompagnaient. L’un d’eux fermait la marche derrière un chariot de vivres. Tout avait été prévu pour leur voyage. Un bateau les attendait pour les ramener en Bretagne. Ils arrivèrent à proximité de Londres la veille du solstice. Il faisait une chaleur étouffante et, profitant de leur après-midi de liberté, Arthur et Lancelot décidèrent d’aller se rafraîchir dans une rivière proche. Un peu intimidé, le blond n’osa pas ôter sa chemise alors que son ami se dévêtit entièrement.
— Voulez-vous que je me retourne ? demanda Lancelot, amusé.
Embarrassé par sa pudeur, son ami répondit d’une voix faible :
— Oui… s’il vous plait…
Le brun plongea dans l’onde clair, tournant le dos à son compagnon qui en profita pour se déshabiller. Nu, Arthur se glissa à son tour dans l’eau fraîche. Il sursauta lorsque Lancelot émergea de l’onde juste devant lui. Ses longs cheveux bruns étaient collés autour de son visage mat et gouttaient sur ses épaules. Sans un mot, il attira le blond contre lui et l’embrassa fougueusement. Arthur ne pouvait ignorer le désir qui s’était emparé de son ami mais eut peur et le repoussa un peu brusquement.
— Il ne faut pas ! lança t’il, effrayé.
— Je suis désolé… souffla son compagnon, l’air désappointé. Je ne voulais pas vous brusquer.
— Ce n’est pas cela… Quelqu’un pourrait nous surprendre…
— Oh…
Lancelot sourit à nouveau.
— Ne vous inquiétez pas. Je me suis assuré que personne ne viendra jusqu’ici avant la nuit…
— Comment…
— C’est mon secret, souffla le brun. Venez…
Il tendit la main. Arthur hésita un court instant avant de la prendre. Lancelot l’attira contre lui, l’embrassant à nouveau. Leurs corps s’embrasèrent alors que leurs peaux se touchaient, leurs bouches se dévoraient, leurs mains se caressaient. La fièvre qui s’était emparée d’eux les consumait à petit feu. C’était la première fois, pour chacun d’eux, qu’ils connaissaient le bonheur de l’amour physique. Leur étreinte était maladroite, mais le désir les guidait et ils atteignirent ensemble l’apogée du plaisir, enlacés au milieu de la rivière.
Après avoir repris quelque peu leurs esprits, les deux jeunes hommes sortirent de l’eau, enfilèrent leurs chausses et s’allongèrent sur la berge, côte à côte. Au bout d’un moment, Arthur se glissa vers son ami, posant sa tête sur le torse musclé de Lancelot et l’enlaçant. Le brun posa ses doigts dans la chevelure blonde et bouclée de son amant qui murmura :
— Je vous aime…
Arthur entendit les battements de cœur de son ami s’accélérer. Il se redressa, posant son menton sur ses mains croisées, plongeant son regard noisette dans les yeux azur de Lancelot. Celui-ci souriait largement. Il souffla à son tour :
— Je vous aime aussi… mon Arthur…
Le blond déposa un baiser sur la poitrine de son compagnon, au niveau du cœur, puis se réinstalla. Il ne savait pas quel était le destin auquel Merlin avait fait allusion, mais il savait qu’il ne pourrait plus jamais s’éloigner de Lancelot, que sa vie était maintenant liée à celle de son ami.
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A suivre...