Azylis a écrit:
A peine ma lecture est terminée que je languis déjà la suite *_* !!
4- Les deux rois.Amridel regarda l’étranger avec un air ébahi. Elle n’était à l’évidence pas habituée à la présence des hommes en ces lieux. Et cet homme-là avait quelque chose de différent des autres humains.
- Un Dunedain… lâcha-t-elle, entre l’admiration et la curiosité, comme si elle avait vu une pièce rare dans un musée.
- Amridel, incline-toi devant le Roi Elessar, tonna Legolas sans lâcher Aragorn du regard.
- Le roi du Gondor ? Alors Galadriel avait raison, les hommes sont venus.
Aragorn la retint dans sa révérence.
- Je ne suis pas ici en tant que souverain, mais en tant qu’ami des elfes. Considérez-nous, mes hommes et moi, comme étant des vôtres.
A peine eut-il prononcé ces mots qu’un autre visage connu apparut derrière Aragorn. Le nouveau venu vint immédiatement saluer Legolas avec un sourire avenant.
- Maître elfe, c’est un bien grand plaisir de vous revoir !
- Seigneur Faramir, sourit le prince Sylvain, j’aurais préféré vous revoir dans d’autres circonstances mais votre soutien a été déterminant et votre présence plus qu’opportune !
Après les embrassades, la troupe des survivants se dirigea vers la citadelle et Aragorn observa sans un mot la noirceur de la forêt de Mirkwood qui différait tant de l’éclatante cité de FondCombe ou de la discrète résidence des elfes de la Lorien.
- Nous n’avions aucun anneau pour protéger nos bois… commenta Legolas en devinant sa pensée.
Et Aragorn réalisa alors à quel point il ne s’était jamais interrogé sur les conditions de vie de son ami et de son peuple, tout entier concerné par la reconquête de son propre royaume.
- Mais le troisième anneau de pouvoir des elfes ? demanda Faramir.
Legolas, probablement incité à se concentrer sur tout ce qui ne concernait pas l’homme qui se trouvait à ses côtés et pour calmer les battements trop anarchiques de son cœur, se lança dans une explication historique de la propriété des trois anneaux.
- Elrond possède Vilya, l'anneau guérisseur. Galadriel porte Nenya qui protégea la Lorien de l'invasion du mal. Et Narya, le troisième anneau a été donné à Gandalf il y a bien longtemps. La légende dit qu'il avait le pouvoir de résister au désespoir et au renoncement.
- Ce qui explique beaucoup de choses, ponctua Aragorn en repensant au rôle déterminant du magicien dans leur quête.
Puis le petit groupe d'hommes de l'ouest fut invité au cœur de la cité, dans la salle de réception. Au centre, se tenait le Seigneur des lieux, dignement drapé de sa toge argentée. A ses côté se tenaient Galadriel et Celeborn. Aragorn leur adressa une légère révérence.
- Ainsi voici Elessar, l'homme élevé par les elfes de Fondcombe.
Le Dunedain releva la tête vers le roi qui lui parlait. Il lui parut si différent de Legolas malgré ses cheveux d'un blond étincelant si peu répandus parmi le peuple sylvain. Il ne lisait pas la même douceur que sur le visage de son ami et les yeux du souverain de la Forêt noire n'avaient rien de l'espièglerie pétillante qui faisait de Legolas un insatiable aventurier en soif de découverte. Il n'avait rien, surtout, de sa chaleur.
- Pour vous servir, répondit Aragorn en renouvelant sa révérence en guise de salut.
Thranduil fit quelques pas vers lui sans un mot et il sembla au guerrier mortel que les prunelles d'un bleu glacial qui se posaient sur lui avaient la volonté de le transpercer.
- Quel intérêt un simple mortel aurait-il de venir porter main forte à mon peuple ?
La voix était polaire et l'on discernait dans l'intonation une hostilité qu'il était difficile d'ignorer.
- Vous parlez au roi du Gondor ! intervint Faramir, outré.
Thranduil ne daigna pas même adresser un regard à celui qui venait de lui parler, il ne lâchait pas Aragorn des yeux et la défiance qu'il lisait dans son regard fit monter d'un cran son acrimonie.
Il sait.La voix de Galadriel... Ces deux mots, si simples et pourtant si lourds de sens, raisonnèrent un instant dans la tête du brun. Il les chassa en refusant d'écouter son cœur qui se contractait à cette simple évidence.
- Je ne réclame nul tribut, Majesté. Je viens épauler un ami qui fut mon compagnon d'armes et mon soutien pendant les jours sombres qui précédèrent la chute de l'ennemi.
- Les elfes peuvent se défendre seuls, trancha l'elfe blond.
- Comme les nains d'Erebor, jadis ?
- De quel droit osez-vous nous comparer à cette race inférieure ?
La main de Galadriel se posa sur l'épaule du maître des lieux pour apaiser la colère bouillonnante qui teintait sa peau de porcelaine de quelques rougeurs.
- Mettez votre honneur de côté mon ami et acceptez l'aide qui vous est envoyée. Ayez la sagesse de penser à votre peuple.
Et à votre fils.La fin de la phrase n'avait pas été prononcée avec les mots mais loin d'apaiser le roi, elle sembla faire redoubler son animosité.
- Jamais je n'accepterai...
Il n'eut pas le loisir ni le temps d'achever sa pensée, Aragorn avait posé sa poigne ferme sur son bras et affrontait son regard avec une intensité telle qu'aucun mot supplémentaire ne put sortir des lèvres de l'elfe sylvain.
- Aucun souverain digne de ce nom ne met son ressenti personnel au-dessus de son devoir ! Vous avez le droit de douter de moi, vous avez le choix de refuser mon aide mais réfléchissez bien car je ne la proposerai pas deux fois !
Thranduil se dégagea de la prise de l'homme à la force bien supérieure aux simples hommes. Il porta un regard autour de lui et vit ce qu'il avait refusé de voir. Son peuple blessé. Diminué. Fatigué par une bataille qui n'en finissait pas. Il croisa les yeux de son fils et la tristesse qu'il y lut le déstabilisa un instant. Un mince sourire sur les lèvres de Galadriel acheva de faire retomber le ressentiment dont il venait de faire preuve.
- Soyez le bienvenu à Mirkwood, Seigneur Elessar. Vous et vos hommes y seront hébergés avec le respect qui vous est du.
Aragorn s'inclina légèrement, imité de Faramir et les elfes sylvains poussèrent de grands cris de joie devant l'aide providentielle qui leur venait de l'ouest. Dans la liesse générale, le regard acier de l'homme et celui bleu azur d'un elfe des bois s'accrochèrent en silence.
A suivre