Bonjour ! Voici l'ultime chapitre de cette fanfiction en mémoire de Ianto Jones.
Il s'agit du dernier témoignage de Jack. Il se rend sur la tombe de Ianto et se remémore leur histoire.
En espérant que ce chapitre vous plaise. Bonne lecture et à très bientôt
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5: Capitaine Jack Harkness, 23ème siècle, Cardiff, Planète Terre
Il faisait nuit noire et l'air était plutôt frais. Au sommet de cette petite colline qui dominait la vieille ville de Cardiff, Jack slalomait entre les tombes. Il avait toujours aimé ce cimetière lorsqu'il habitait ici. Les lieux avaient quelque chose de serein, de beau, de solennel. Il ne connaissait pas un meilleur endroit pour reposer en paix. S'il pouvait mourir, s'aurait été dans ce cimetière qu'il aurait désiré être enterré, surplombant cette ville chérie qui lui avait tant apporté deux cents ans plus tôt. S'il pouvait mourir, il aurait désiré reposer à ses côtés…
Cela faisait presque un siècle que Jack n'était pas revenu sur Terre, depuis la mort de la fille de Gwen. Anwen Williams n'avait pas eu d'enfants. Jack n'avait donc plus aucune attache sur cette planète, toutes les personnes auxquelles ils tenaient ayant irrémédiablement disparut. Malgré les années, ce cimetière n'avait pas beaucoup changé. Il était toujours majestueux et très bien entretenu. Jack marchait sans vraiment regarder aux alentours, il savait parfaitement où il allait. Pour être honnête, il avait franchit ces tombes tellement de fois que le Capitaine connaissait le chemin par cœur. Il aurait été capable de circuler entre elles les yeux fermés.
Enfin, Jack arriva à destination.
S'agenouillant face à une pierre tombale dont le granite autrefois d'un blanc immaculé était grisé par le temps, il sourit tristement et posa une main sur l'un des rebords comme s'il caressait un visage.
"Bonsoir mon amour", souffla-t-il.
Retraçant les contours du nom gravé, souligné par les mots "Loving Brother, Friend and Lover, He shall never be forgotten", Jack dut contenir les larmes qui vinrent brûler le coin de ses yeux.
"Si tu savais comme tu me manques, Jones, Ianto Jones", ajouta le Capitaine avant de déposer le gobelet de café chaud qu'il tenait en main contre la pierre tombale.
Ce geste le fit sourire lui-même. L'usage voulait, même au 23ème siècle, qu'on apporte des fleurs aux défunts, mais jamais rien ne pourrait mieux représenter son union avec Ianto qu'une tasse de café. Relevant sa tête, Jack laissa son regard se perdre au delà des tombes, à l'horizon. Les lumières de la lointaine ville brillaient telles des constellations. L'univers, l'espace, Jack les connaissaient bien et c'est eux qu'il s'en allait rejoindre une nouvelle fois au terme de cette soirée. Il n'avait jamais regretté sa décision de partir après la mort de Ianto. Bien que ce monde lui ait manqué, ainsi que le peu de ses habitants qui avaient compté à ses yeux, la souffrance avait été trop forte. Il était revenu quelque fois, pour voir Gwen, Rhys, Martha, sauver deux ou trois fois le monde en leur compagnie…seulement tout sur cette Terre lui rappelait inlassablement ce qu'il avait perdu. L'odeur du café, la vue d'une cravate, l'élégance d'un inconnu dans la rue, jusqu'au ciel. Lorsque les journées étaient ensoleillées, la voûte céleste prenait immanquablement la teinte de ses yeux.
Ianto.
Jack ne pouvait même plus penser à son nom sans ressentir une immense douleur imprégner la moindre parcelle de son être. Il l'avait tant aimé…
Pourtant, leur histoire n'avait pas vraiment commencé dans le velours. La première fois que le Capitaine Jack Harkness avait rencontré Ianto Jones, ce dernier lui était apparut comme insignifiant. Totalement craquant, mais négligeable.
Comme il s'était trompé…
Il aurait dut remarquer dés leur premier regard que ce jeune homme dissimulait une force et une âme hors du commun. Mais non. Jack s'était contenté de s'arrêter à l'apparence loin d'être désagréable de Ianto. Lorsque le gallois avait fait référence au Weevil, le Capitaine avait rangé le jeune homme dans la catégorie "baisable" et " emmerdeur potentiel ". Puis il était partit sans se retourner, Ianto le complimentant sur son manteau. Lorsque Jack l'avait revu le lendemain, l'attendant devant les locaux de Torchwood avec une tasse du meilleur café qu'il ait jamais bu en main, il avait compris qu'il ne serait pas un simple emmerdeur potentiel, mais un vrai casse cul, le genre à ne pas vous lâcher d'une semelle jusqu'à ce que vous ayez cédé. Evidemment, lorsque Ianto avait demandé à Jack de l'engager, celui-ci lui avait rit au nez. Il n'avait absolument aucun besoin de ses services, surtout pas venant d'un survivant de Torchwood Londres.
S'il avait sut…
Quoi qu'il en soit, le soir-même, le jeune gallois lui était à nouveau apparut. Après lui avoir copieusement exprimer son aversion, Jack avait sérieusement pensé à le "rectonner" une bonne fois pour toute. C'était avant que Ianto, habillé d'un costume dont l'élégance ne le rendait que plus séduisant, ce qui énerva encore davantage le Capitaine, ne lui propose une chasse au ptérodactyle. Sa curiosité piqué au vif, il avait suivit ce décidément fascinant jeune homme jusque dans un hangar à l'abandon. La suite avait été plutôt rapide. Jack était parvenu à anesthésier l'animal alors qu'il avait été emporté en plein vol pour retomber lourdement sur Ianto. Roulant sur le sol pour éviter que l'oiseau préhistorique ne les écrase de son poids, ils avaient éclaté de rire, l'adrénaline libérant un trop plein d'endorphine qui les avait rendu euphorique. Lorsque Jack avait reporté son attention sur Ianto, son rire était mort dans sa gorge. Le jeune homme, couché sur lui de tout son long, l'avait dévisagé, apparemment troublé. Leur corps soudé et leur visage séparé par de trop courts centimètres avait crée un petit volcan dans le bas ventre de Jack. Il avait été sur le point d'entrer en irruption furieuse lorsque Ianto, reprenant ses esprits, s'était relevé, gêné. Décidément, ce jeune homme était plein de surprises. Jack avait bien entendu perçut son trouble et sentit avec un plaisir insidieux le désir du jeune homme s'incarner contre sa cuisse. Sa décision fut alors prise. Il allait engager Ianto Jones et le mettre dans son lit.
La suite n'avait pas vraiment tourné comme Jack l'avait escompté. Bien que répondant à son flirt quasi incessant, lui rappelant avec un petit sourire en coin que ses trop nombreuses allusions sur la coupe avantageuse de son costume et ses mains baladeuses pouvaient être considérés comme du harcèlement, Ianto Jones ne s'était pas si facilement laissé tombé dans ses filets. Il était plus qu'évident que ce jeu de chat et la souris l'avait toujours troublé, le jeune homme en jouait trop pour être honnête, seulement, hormis pour lui apporter son si délicieux café, le gallois avait fait en sorte de ne jamais se retrouver seul à seul avec son patron. Ainsi, Jack n'avait put deviner ce que dissimulait ces yeux trop bleus et ce sourire trop mystérieux. Cela lui était tombé dessus comme un couperet. Ianto les avait trahis, dissimulant un cyberman (ou plutôt une cyberwoman) dans leurs locaux. Le Capitaine avait été furieux, mais surtout profondément blessé par les mensonges de son plus jeune employé. Il s'était montré froid et cruel, aveuglé par sa rage. Ainsi, son cher Ianto n'avait fait que leur mentir depuis son arrivé ? Il avait alors comprit pourquoi le gallois avait tant insisté pour qu'il l'engage au sein de Torchwood… Seulement, sa colère avait fondu comme neige au soleil quand il avait perçut le chagrin véritable que ressentait Ianto. Il n'avait agit que par amour après tout.
Ce jour là, Jack avait apprit que le jeune homme était capable d'aimer au-delà même de la raison, sacrifiant tout au nom de la personne qui possédait son cœur. Et alors que le Capitaine avait réanimé Ianto à l'aide d'un bouche à bouche qui s'était très vite transformé en baiser enflammé, il s'était rendu compte que le gallois dissimulait une personnalité bien plus sombre et complexe qu'il l'avait imaginé. Il avait lu dans son regard, alors qu'il le serrait contre lui, une détresse déchirante. Jack avait aussi réalisé qu'il tenait à Ianto, non plus uniquement comme un membre invisible de son équipe ou un potentiel amant, mais aussi en tant qu'homme. Finalement, Lisa, la cyberwoman, fut tuée, Jack, ainsi que le reste de l'équipe étant responsable de son trépas.
Pendant la semaine qui avait suivit, Ianto n'avait pas remit les pieds au HUB, le Capitaine lui ayant donné quelques jours pour digérer cette affaire. Jack avait pensé que le jeune homme n'allait tout simplement pas revenir, qu'il ne lui pardonnerait jamais le meurtre de sa fiancée. Mais Ianto avait repointé le bout de son joli nez et à partir de ce jour, tout son univers avait basculé.
Jack et le gallois s'étaient rapprochés, comme si cet événement avait brisé la paroi invisible qui les avait toujours séparés. Ianto avait lentement commencé à se confier à lui, racontant son traumatisme, la bataille de Canary Wharf, il avait même finit par faire allusion à son enfance, sa famille. Etait-ce pour tenter de regagner la confiance brisée de son patron ou juste par désir de se rapprocher de lui ? Jack ne lui avait jamais demandé. Quoi qu'il en soit, juste avant la résurrection avortée de Suzie, les deux hommes s'étaient retrouvés coincés dans les archives alors qu'Owen, Tosh et Gwen étaient déjà rentrés chez eux. Ce malheureux évènement s'était en réalité révélé fort passionnant. L'isolement et la promiscuité ayant finit de briser les dernières résistance de Ianto, il s'était littéralement jeté sur Jack. Pouvant enfin assouvir son désir trop longtemps réprimé, le Capitaine avait dévoré les lèvres du gallois d'ardent baisers, l'acculant contre une armoire pleine à craquer de vieux papiers. Sans plus de questions ni de préambules, ils avaient fait l'amour presque sauvagement, se vengeant de trop longs mois d'une tension sexuelle presque constante. Ianto s'était révélé être un amant fantastique, très inventif et Jack peut bien l'avouer, presque aussi insatiable que lui. Chacune de leur étreinte ne s'arrêtait jamais avant un second, voir un troisième round…
C'est ainsi que leur relation "privilégiée" avait commencé, par ces séances de sexe sans complexe, un jeu des sens et de plaisir purement physique. Pourtant, Ianto avait été le premier à ne plus pouvoir se voiler la face. Ses sentiments pour Jack avaient changé, évolué. Mais ce n'était pas encore de l'amour, pas encore... Le Capitaine avait sut que sa mort, puis sa disparition de plusieurs mois avaient profondément blessé le gallois. Durant son passage en enfer, Jack n'avait eu de cesse de penser à Ianto. Il aimait Owen, Tosh et bien entendu Gwen avec une profonde tendresse, seulement, c'était l'image du jeune gallois qui s'était le plus souvent matérialisé dans son esprit au milieu des pires tortures qu'il avait subit.
Lors de son retour, tout s'était accéléré. L'arrivée de John, ce bon vieux John, puis l'invitation à dîner, le restaurant, le cinéma. Bien que Ianto lui en ait voulut de les avoir abandonné, Jack s'était très rapidement fait pardonner en lui prouvant mainte fois à quel point il lui avait manqué. Le sexe avait toujours été aussi bon, seulement, le Capitaine s'était surprit à réclamer la présence du gallois à ses côtés. Il avait besoin de son odeur, ses sourires, ses baisers…
Il était tout simplement tombé amoureux, sans le laisser voir, sans réellement se l'avouer.
Cette relation avait semblé leur convenir à tout les deux. Jack n'était pas allé voir ailleurs depuis qu'il avait rencontré Ianto et le jeune homme avait pansé la perte de Lisa. A demi-mot, le Capitaine faisait comprendre à son adorable gallois qu'il ne s'agissait plus uniquement de sexe. Il lui avait révélé ne pas vouloir retourner dans son époque, au 51ème siècle, même s'il trouvait un jour le moyen d'y parvenir, parce qu'il était bien là où il était, avec eux, avec lui… Le baiser dont l'avait gratifié Ianto suite à cet aveux lui avait retourné les entrailles. Son cœur avait battu la chamade pour enfler dans sa poitrine. Jack n'avait pas ressentit un sentiment aussi puissant depuis des années. Depuis Estelle, depuis Lucia… Et encore, là, c'était différent. Parce que Ianto connaissait sa vie, savait qui il était. Avec lui, il n'avait jamais eu à se cacher. Jack avait été effrayé de constater à quel point ses sentiments avaient pu évoluer. Il n'avait plus voulu aimer, ni souffrir. Seulement, il s'était retrouvé incapable de résister à Ianto, à ses yeux si bleu, son sourire en coin, son café, son humour, sa fougue dans l'intimité, sa force tranquille…
Ainsi, ils avaient continué leur relation, réussissant de moins en moins à éluder ce sentiment qui avait irrémédiablement grandit. Bien que les autres membres de l'équipe savaient tous pour leur liaison, Jack et Ianto étaient toujours restés très discrets. Ils n'échangeaient jamais aucun baiser ni aucune étreinte devant eux, se rattrapant lorsqu'ils se retrouvaient au croisement d'un couloir ou à l'abri dans le bureau de Jack. Une seule fois, Gwen les avait surpris en pleine action, alors qu'ils venaient de finir une partie très ardente de cache-cache dans la serre. La jeune femme avait été à la fois gênée et amusée, son penchant pour Jack ayant depuis longtemps évolué en amour fraternel, ce qui avait plutôt fait rire les deux amants. C'était en reprenant le jeu là où ils l'avaient laissé, serré au creux des bras de Jack, que Ianto avait laissé échappé un "je t'aime" qui avait résonné à leurs oreilles comme un hurlement. Persuadé d'avoir tout gâché, que la phobie de l'engagement de Jack le ferait s'éloigner, le rejeter, le jeune gallois avait posé un regard effrayé sur son Capitaine. Figé de stupeur, Jack n'avait rien dis. Le cœur battant, il s'était contenté de le pousser contre le mur pour lui faire l'amour avec tant de passion que Ianto poussa des hurlements qui retentirent jusque dans l'office de tourisme. Lorsque la bombe de John avait explosé, Jack avait eut la peur de sa vie. Pendant un instant, il avait envisagé ce qu'aurait put être son existence sans Ianto. Tout son être s'était alors révolté contre cette idée insupportable.
Non, pas lui…
Fort heureusement, il l'avait retrouvé blessé, mais sein et sauf. L'indicible douleur qui avait saisit Jack à la pensée de perdre Ianto lui avait alors permis de réaliser à quel point il l'aimait. Seulement, cette heureuse découverte avait été balayé par la mort violente de Tosh et Owen. Jack, Ianto et Gwen avaient été profondément bouleversés par leur perte. Ceci associé à a trahison de Gray, son frère, Jack s'était alors renfermé lui-même. Toujours aussi perspicace et volontaire, Ianto était malgré tout parvenu à lui redonner le sourire aux termes de plusieurs semaines.
Les mois avaient passé, les cas s'étaient multipliés, et Ianto et Jack continuaient de s'aimer. Ils ne se le disaient pas, n'en parlaient jamais, mais c'était devenu tellement évident que même Rhys, qui ne les voyait que très rarement, s'en était rendu compte. Jack avait finit par emménager presque définitivement chez Ianto, son courrier étant envoyé à ce qui était désormais, leur adresse. Ils n'étaient pas un couple, ils détestaient ce mot, non, ils étaient juste ensemble et ça leur avait toujours amplement suffit. Seulement, leur bonheur n'avait pu durer. Cela aurait été trop facile, Jack n'avait jamais, en plus d'un siècle, connu de période aussi heureuse, et il avait pressentit que, comme d'habitude, le destin allait à nouveau s'acharner sur lui.
Mais cela était arrivé bien trop vite, bien trop violemment…
Du jour au lendemain, tout les enfants du monde s'étaient mit à énoncer la même phrase: "We are coming…". Intrigué par l'affaire, Torchwood avait alors commencé à enquêter, jusqu'à ce qu'on implante une bombe à l'intérieur de Jack et que le Hub disparaisse sous les décombres. Ianto avait cru pendant un instant que son amant était mort, mais il avait malgré tout cherché un moyen de le retrouver. Alors que le monde entier avait souffert de l'état de leurs enfants et qu'une créature alien avait atterrit au cœur de Londres, Gwen, Rhys et Ianto s'étaient chargés de sauver Jack du pire: être enfermé à jamais dans une dalle de béton. A nouveau réunis, l'équipe avaient improvisé un Hub dans un entrepôt de Londres, enquêtant toujours sur le mystère des enfants. Lorsqu'ils avaient découvert la vérité, une profonde horreur s'était alors emparée d'eux. Ces aliens désiraient que les gouvernements du monde entier leur livre 10% des enfants de la Terre afin d'assouvir leur soif de drogue.
Ils avaient alors monté une opération désespérée qui s'était soldée par le plus cruel des échecs…
De retour à la réalité pendant un instant, Jack ferma les yeux pour empêcher à ses larmes de couler. Il se souvenait avec la plus effroyable des douleurs ses derniers instants en compagnie de Ianto. Il lui avait révélé l'existence de sa famille, ultime secret qui s'interposait entre eux. Avant de partir en mission, ils n'avaient même pas eu l'occasion d'échanger une dernière étreinte, un dernier moment de tendresse. Jack se souvint de son arrogance. Il avait été sur et certain que les 456 accepteraient son offre, partiraient. Et même en cas d'échec, pas une seule seconde il ne s'était attendu à devoir sacrifier ce à quoi il tenait le plus dans tout l'univers.
S'il avait su…
Il aurait enchaîné Ianto dans l'entrepôt, l'aurait mit à l'abri aux côtés de Rhys, l'aurait assommé pour l'empêcher de l'accompagner dans cette folle entreprise. Seulement, Ianto, soutient infaillible et fidèle, était venu.
Et Jack l'avait perdu…
Il se souvint du gaz empoisonné qui s'était échappé de la cage de l'alien pour se répandre dans l'immeuble tout entier. Jack avait empoigné Ianto par le col pour l'attirer au plus vite loin de la créature. Mais son amant l'avait arrêté. C'était trop tard. Il avait déjà respiré le poison. Voyant le corps du gallois s'affaisser devant lui, son visage crispé de douleur, Jack l'avait alors pris dans ses bras et avait pleuré, supplié.
Pas lui. Pas Ianto. L'alien pouvait bien prendre les enfants, il s'en moquait pourvu que Ianto reste à ses côtés.
La créature avait jubilé.
Tombant à genoux, son amour toujours serré contre lui, Jack avait comprit. Il allait le perdre. Rien, en plus d'un siècle de vie, pas même la perte de sa famille, du Docteur, de ses anciens amants, ne lui avait parut aussi insoutenable que la souffrance qui avait empreint la moindre de ses cellules. Ianto l'avait regardé, luttant avec courage pour rester conscient le plus longtemps possible. Il lui avait alors soufflé qu'il l'aimait. Pour la seconde et dernière fois de sa vie. Jack n'avait jamais sangloté auparavant, cela lui avait toujours semblé grotesque, seulement là, il ne pouvait éluder les pleurs qui déchiraient sa poitrine et sa gorge en feu. Le gaz allait le tuer lui aussi, seulement il allait revivre, encore et encore, ne pouvant jamais le rejoindre de l'autre côté. Jack n'avait jamais autant souhaiter ne pas ressusciter de toute son existence. Pas sans Ianto.
Et son amant avait suffoqué, osant prétendre que Jack allait l'oublier, que dans cent, mille ans, il ne se souviendrait plus de lui.
Quelle erreur !
Comment pouvait-il imaginer une seconde qu'il pourrait l'oublier ?
Ne savait-il pas à quel point il l'aimait ?
Jack lui avait alors promis de toujours, jusqu'à la fin des temps, se souvenir de lui. Et s'était vrai. Dans un ultime souffle, Ianto Jones avait esquissé un sourire presque imperceptible.
Et il était mort.
Si Jack avait eu assez de souffle pour cela, il aurait hurlé, hurlé à s'en faire exploser les cordes vocales, hurlé jusqu'à ce que les vitres de la cage qui renfermait l'assassin de l'amour de sa vie se brisent. Ses larmes avaient coulés alors qu'il s'était sentit glisser, la mort apaisant la brûlure de ses poumons, le poids intolérable de sa peine. Et, sur un dernier baiser, Jack s'était effondré sur le sol, son bras enlaçant toujours le corps inerte de Ianto. Son réveil avait été tout simplement atroce. D'habitude, Jack mettait quelques secondes à se souvenir de ce qui lui était arrivé, mais cette fois ci, tout lui était revenu en bloc des qu'il avait ouvert les yeux. Comme si une bombe de destruction massive avait ravagé sa poitrine, il n'avait put ressentir qu'un trou, un vide béant là où son cœur se trouvait autrefois. Ses yeux étaient demeurés secs, il n'avait plus eu de larmes à verser, car même si son corps survivait, tout en lui était comme mort. Tel un automate, il avait rejoint Gwen aux côtés du corps blanc de Ianto. Encore une fois, Jack aurait voulu hurler, mais il n'avait pas retrouvé sa voix. Il était aussi devenu sourd, un bourdonnement résonnant dans ses oreilles, l'enfermant dans un mutisme horrifiant. Il s'était contenté de regarder Ianto, inlassablement, ne pouvant réaliser qu'il était vraiment partit.
La suite était passée comme une ombre. Il avait dut se montrer fort pour Gwen, pour les enfants de la Terre, en hommage au sacrifice de Ianto, il se devait de continuer.
Il dépérirait par la suite…
Donc, Jack s'était relevé, muselant sa peine tant qu'il le pouvait. Le plus terrible fut que pendant un instant, alors qu'il sacrifiait son propre petit fils, sa chair et son sang, le Capitaine fut heureux que Ianto soit mort avant de le voir devenir un tel monstre. Pire que tout, la détresse Steven, les supplications de sa fille, rien n'avait plus semblé l'atteindre, comme si on l'avait entouré de coton et que tout rebondissait sur lui. Il avait été triste, oui, les larmes aux yeux, mais il avait continué. Parce que Ianto était mort pour ça. Parce que Ianto n'était plus là et qu'il n'avait plus rien.
Jack ouvrit les yeux lorsqu'il sentit la caresse du soleil sur sa peau. Depuis combien de temps était-il assit devant la tombe de Ianto à revivre le passé ? Le Capitaine ne savait pas. Il s'en moquait pour être honnête. Pourtant, il était temps qu'il se relève. Essuyant rageusement ses larmes d'un revers de main, sachant qu'il devrait bientôt revêtir son masque charmeur et ardent, Jack jeta un dernier regard à son amour.
Il partait.
Reviendrait-il ?
Peut-être, seul le temps le dirait, seulement, pour le moment, il désirait s'évader au loin, se noyer dans les étoiles. Il n'en pouvait plus…
Ses yeux caressant les inscriptions de la tombe, Jack posa une main sur son cœur et promit une fois encore:
"Je ne pourrais jamais t'oublier Ianto Jones. Jamais…"
Se mettant debout, Jack s'éloigna, sa silhouette se perdant dans l'éclat du soleil levant.
The End
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