L’ami d’enfance
- Agent Lisbon, pourriez-vous me rejoindre dans mon bureau s’il vous plaît ?
Malgré le ton courtois, la chef d’équipe du CBI ne s’y trompa pas : il s’agissait d’un ordre. Avec un soupir, elle se leva et se dirigea vers le bureau de Madeleine Hightower, se demandant ce que celle-ci pouvait bien avoir à lui reprocher, une fois de plus. Elle passa en revue les derniers cas sur lesquels ils avaient planché, les dernières lubies de Jane, l’attitude de ses subordonnés. Rien ne lui parut digne d’avoir soulevé l’ire de la nouvelle responsable du bureau californien. Mais avec elle, qui pouvait savoir ?
Bien trop vite à son gré elle se trouva devant la porte vitrée sur laquelle elle frappa deux coups secs.
- Entrez !
La jeune femme pénétra dans la pièce et son regard fut tout de suite attiré par l’homme qui se tenait devant le bureau. C’était un homme brun, vraisemblablement autour de quarante-cinq ans, l’air sévère, qui fixa sur elle un regard qui lui sembla la transpercer. Visiblement ce visiteur n’était pas du genre que l’on pouvait mener en bateau. La jeune policière reconnut le maintien et la mise réservée de l’agent fédéral et aussitôt commença des supputations que sa supérieure interrompit en présentant l’homme d’une voix brève :
- Lisbon je vous présente l’Agent Spécial Aaron Hotchner, du F.B.I. Agent Hotchner, voici Teresa Lisbon.
L’homme lui tendit la main et elle la serra : la poignée était franche, nette. De nouveau elle se dit que l’agent Hotchner ne devait pas être le type de personne qu’on menait en bateau.
Le F.B.I. donc…Qu’est-ce qui pouvait bien attirer le F.B.I sur leurs terres ? De nouveau elle effectua un rapide tour d’horizon des affaires récemment bouclées et de celles qui restaient en cours et ne trouva rien de particulier qui puisse légitimer la présence de ce fédéral. Elle se permit donc de poser la question qui lui brûlait les lèvres :
- Et qu’est-ce que le F.B.I. attend de nous ? Devons nous collaborer sur une enquête ?
Après avoir échangé un regard avec Hightower, l’agent Hotchner répondit :
- En effet agent Lisbon, répondit Hotch. Nous enquêtons depuis maintenant plusieurs mois sur les exactions d’un tueur en série et nous aurions besoin de votre collaboration à ce sujet.
- Un tueur en série ?
- Oui… L’agent Hightower a omis de préciser que je dirigeais le bureau d’analyses comportementales de Quantico. Nous avons pris en main le dossier de John Le Rouge : il a commis plusieurs homicides dans plusieurs états et je m’étonne d’ailleurs que vous ne nous ayez pas alertés à son sujet bien plus vite.
Le visage de Teresa se figea à cette annonce. Elle pressentait déjà les difficultés à venir. Si le F.B.I. les dessaisissait de l’affaire, Patrick Jane allait se montrer de nouveau incontrôlable : qui sait ce qu’il serait capable de faire ? Pour lui John Le Rouge était SA cause. Et il n’entendait pas laisser qui que ce soit, aussi compétent soit-il, risquer de lui voler la victoire qui lui revenait de droit et qu’il avait payée assez cher par anticipation.
D’un autre côté, depuis le temps qu’ils le traquaient, ils n’avaient toujours aucune piste sur l’identité du tueur, ils n’avaient même aucun début d’indice leur permettant de remonter jusqu’à lui. Elle connaissait l’existence du BEA et avait même failli faire appel à eux sur plusieurs cas. Mais à chaque fois Jane l’en avait dissuadée, et elle n’avait eu qu’à s’en féliciter car le consultant avait toujours réussi à mener l’enquête à son terme grâce à ses dons d’observation hors du commun.
- Vous comptez reprendre le dossier à votre compte ? demanda-t-elle d’un ton prudent.
- Non… Nous comptons le reprendre avec votre aide et celui de votre consultant, qui, mieux que quiconque apparemment, semble en mesure de nous aider à identifier ce monstre.
Un instant il sembla à Lisbon qu’il y avait un sous-entendu dans la réponse de l’agent et elle échangea un regard perplexe avec sa supérieure. Mais celle-ci se contenta de hausser les sourcils, comme pour la prévenir de ne pas commencer à voir des allusions là où il n’y en avait pas. Elle sourit en pensant que Jane commençait sérieusement à déteindre sur elle.
- Très bien… Nous ferons de notre mieux pour vous épauler, répondit elle. Et j’espère qu’avec votre aide nous arriverons enfin à mettre un terme à la carrière de ce sociopathe.
- J’en suis certain agent Lisbon, répondit Hotch et, de nouveau, elle eut l’impression que l’aplomb affiché par le superviseur du bureau d’analyses comportementales, cachait un secret.
Cette fois-ci elle décida d’attaquer de front :
- Je vous trouve bien sûr de vous agent Hotchner. Y a-t-il quelque chose que je devrais savoir ?
Le visage de son vis-à-vis devint plus grave, ce qu’elle n’aurait pas imaginé possible. Elle comprit alors que c’était parce que l’étincelle amicale qui éclairait jusqu’alors ses prunelles venait de s’éteindre, pour laisser place à une attitude strictement professionnelle.
- En effet. Mon équipe et moi avons travaillé sur le profil de John le Rouge et nous avons fait quelques découvertes intéressantes.
- A savoir ?
- Asseyez-vous agent Lisbon. J’ai des choses à vous apprendre, à vous et à votre supérieure.
Teresa obtempéra à l’ordre, ne pensant même pas à s’insurger contre celui-ci, venant d’une personne qui n’avait pas autorité sur elle. Confusément, elle sentait que ce qu’elle allait apprendre risquait de ne pas lui plaire. Elle était loin du compte.
*****
- Où est donc passé Lisbon ? s’enquit Patrick Jane en faisant irruption dans le bureau.
- Chez le chef avec une grosse légume, rétorqua Rigsby en montrant la porte fermée du pouce.
- Quel genre de grosse légume ? interrogea le mentaliste en glissant un regard curieux vers le battant.
- F.B.I., répondit Cho.
- N.S.A., contra Van Pelt tandis que Rigsby annonçait :
- C.I.A.
- Je vois que les paris sont ouverts, plaisanta Jane. Autrement dit, aucun de vous n’a la moindre idée de qui est ce type, ni de ce qu’il trafique avec Highthower et Lisbon.
La mimique dépitée des trois policiers lui fit comprendre qu’il avait visé juste.
- Vous voulez que j’aille voir ? dit-il en se dirigeant vers la porte avec son aplomb habituel.
Kimball se propulsa hors de son fauteuil et l’arrêta in-extremis au moment où il atteignait le bureau, s’interposant entre lui et la porte.
- Il vaudrait mieux vous abstenir je crois. Je pense que s’il y a quelque chose que nous devons savoir, Lisbon nous le dira.
- Vous pensez ça hein ? dit le mentaliste en l’étudiant de cette façon qu’il détestait.
Cependant l’agent asiatique soutint fermement son regard pour lui faire comprendre qu’il ne cèderait pas.
- En effet. Et je pense aussi que vous allez retourner à votre place et attendre, comme nous, que leur conférence soit terminée.
- Vous le pensez vraiment…, laissa tomber Jane après avoir étudié son vis-à-vis quelques secondes. D’accord… Inutile de s’énerver non plus, maugréa-t-il en tournant les talons avant d’aller se vautrer dans le canapé de la salle de repos, s’efforçant d’échafauder des théories sur qui pouvait être le mystérieux visiteur.
*****
- Jane !
Il sursauta en entendant la voix sèche qui l’interpelait et se redressa soudain, les yeux encore embrumés de sommeil. Lisbon se tenait sur le seuil et le regardait, l’air désapprobateur :
- Vous dormiez ?
- Pas du tout ! nia-t-il en se relevant et en défroissant machinalement sa veste. Je reposais mes yeux !
- Ah oui… et bien, si vous avez fini de vous reposer les yeux, j’ai quelqu’un à vous présenter.
Ah !!! Le mystérieux visiteur… Il allait savoir enfin de quoi il retournait !
Il suivit Lisbon vers un bureau où se tenait un homme brun qui les regarda venir avec intérêt, ou plutôt qui LE regardait venir avec intérêt corrigea Jane, ne se trompant pas sur celui des deux qui avait les attentions du nouveau venu.
- Agent Hotchner, je vous présente Patrick Jane, notre consultant. Jane, voici l’agent spécial Aaron Hotchner, du F.B.I.
- Ah ! Trop fort ce Cho ! s’exclama Jane tout en serrant la main du nouveau venu.
- Pardon ? s’étonna Lisbon.
- Non rien… Excusez-moi. Que pouvons-nous faire pour vous agent Hotchner… A moins que ce ne soit vous qui puissiez quelque chose pour nous…
Et soudain il sentit sa gouaille naturelle lui échapper sous le regard scrutateur attaché au sien. Il comprit que l’homme qui se tenait en face de lui n’était pas n’importe qui. Il sentait un être à sa mesure, quelqu’un d’au moins aussi doué que lui pour lire dans l’âme humaine et il n’était pas sûr du tout d’avoir envie qu’on lise dans la sienne.
Puis il s’aperçut que, une fois les présentations faites, Teresa s’était éclipsée sans bruit, sans un mot, ce qui ne lui ressemblait guère. Décidément, il se passait quelque chose de pas net.
D’un ton plus prudent il reprit :
- Je ne crois pas avoir saisi de quel service vous faites partie.
- Parce que je ne vous l’ai pas dit, rétorqua l’agent.
- Crimes violents ? Grande délinquance ? Cybercriminalité ? lança-t-il à la va-vite, simplement pour ne plus entendre la petite voix qui lui criait la vérité.
- Non. Bureau des analyses du comportement.
Il ferma les yeux, sachant ce qui allait suivre et refusant de l’écouter.
- Oh… Et vous avez besoin de mes services ? hasarda-t-il comme on brûle un dernier vaisseau, en pensant qu’il va vous sauver.
- En effet.
- En tant que consultant ? Je peux prendre mes affaires et vous suivre dès que…
Il s’accrochait à cet espoir, celui de, peut-être, s’être trompé sur les raisons de la présence de cet homme. Mais celui-ci leva la main dans un geste péremptoire à la fois pour arrêter sa loggorhée et l’empêcher de quitter la pièce comme il en amorçait le geste.
- Non… Pas comme consultant. J’ai besoin de vous ici même.
Patrick s’efforça de calmer sa nervosité : il savait que l’homme lisait en lui comme dans un livre ouvert et devait s’étonner de sa fébrilité soudaine. S’efforçant de prendre son ton le plus léger possible, il rétorqua :
- D’accord. De quoi s’agit-il au juste ?
- Et si vous vous asseyiez, monsieur Jane ?
Un instant il eut la tentation de défier l’agent et de refuser, puérilement, l’invitation. Mais il savait que ce n’était pas le moment. Il pressentait qu’il allait livrer l’une des batailles les plus serrées de son existence. La première des choses était donc de ne pas commettre de faute d’entrée de jeu. Or, laisser penser à son interlocuteur qu’il était sur la défensive, serait une faute. Il s’assit donc, comme demandé, constatant avec satisfaction que le léger tremblement de ses mains s’était arrêté. Il les posa sur la table, tentant de prendre l’air totalement décontracté et, mettant dans sa voix cette touche d’insolence qui était sa marque de fabrique, il reprit :
- Voilà… je suis assis. Alors si vous me disiez ce que vous attendez de moi agent Hotchner. A part évidemment que je m’assois. Si c’était tout ce que vous vouliez voir, je peux m’en aller non ?
Une ombre de sourire vint fleurir au coin des lèvres de Hotch. Il appréciait le courage de l’homme en face de lui, sa faconde, son aplomb. Pourtant il avait une tâche à accomplir et il avait bien l’intention de la mener à terme.
- En effet, je vois que vous êtes tout à fait capable d’occuper une chaise avec aisance. Mais je vous rassure : ce n’est pas cela qui m’a fait venir de Washington.
- A vrai dire, je ne sais pas si ça me rassure, tenta de plaisanter Jane.
Mais il s’arrêta lorsqu’il vit le regard grave qu’attachait sur lui l’agent qui lui faisait face. Il comprit que l’heure de vérité était arrivée.
- En fait, monsieur Jane, je suis venu pour que vous me disiez tout ce que vous savez sur John le Rouge.
Patrick eut un sursaut, comme s’il venait d’être heurté par un projectile et il ferma les yeux. Il avait su, dès l’instant où l’homme s’était identifié, quel était l’objet de sa visite. Et il était certain, sans qu’on ait à le lui dire que l’agent savait exactement ce qu’il était venu chercher et comment l’obtenir.
Après un moment d’affolement, le calme revint en lui. Après tout rien n’était perdu : certes cet Hotchner paraissait très fort, mais il était fort aussi. Il portait son secret depuis si longtemps qu’il était comme partie intrinsèque de lui. Il s’était construit autour de ce secret, comme une maison autour d’un coffre-fort. Le découvrir ne serait pas aisé.
Mais l’instant d’après, il sut que la lutte était vaine, lorsque l’agent Hotchner, d’un ton neutre lui demanda :
- Parlez moi de John Steven Messinger, votre voisin de San Diego.
Il plongea ses prunelles dans les yeux de l’enquêteur et il comprit qu’il n’y avait plus rien à cacher, plus rien à sauver ! Cet homme savait… Comment et pourquoi il l’ignorait, mais il était certain qu’il savait !
Finalement, c’était mieux ainsi. Il y avait trop longtemps que cela durait, trop longtemps qu’il aurait dû baisser sa garde, trop longtemps qu’il mentait à tout le monde. Après ça, bien sûr il perdrait tout, mais quelque part sans doute il se retrouverait enfin et il serait vraiment libre.
- D’accord, s’entendit-il répondre d’une voix qui n’avait plus rien à voir avec celle qu’on lui connaissait. J’ai compris, vous savez.
- Oui… Je sais… Mais je voudrais comprendre, moi aussi.
Alors, comme l’eau lorsqu’on ouvre des vannes trop longtemps tenues fermées, tous ces mots qu’il avait soigneusement enfouis au plus profond de lui, tous ses sentiments refoulés, toutes ses peurs, ses frustrations, ses colères, se déversèrent en un flot continu tandis que, derrière la vitre qui séparait le bureau de la pièce voisine, toute l’équipe du C.B.I. était là et entendait, sans vouloir comprendre, sans réaliser vraiment que cet homme qu’ils trouvaient si souvent tellement agaçant mais auquel ils s’étaient attachés malgré tout, n’était pas celui qu’ils connaissaient.
*****
Il avait six ans, et il jouait devant chez lui quand le camion de déménagement s’arrêta devant la maison d’à côté, précédant une voiture familiale dont sortirent un homme et une femme suivis de deux adolescents et d’un gamin. Il s’approcha, intéressé : le garçon semblait avoir environ six ans. Peut-être qu’il pourrait être l’ami dont il rêvait depuis longtemps. Dans le quartier, la plupart des habitants étaient plus âgés que ses parents et leurs enfants, quand ils en avaient, étaient ses aînés d’au moins trois ans. Autant dire, à leurs âges, un gouffre infranchissable. Il se sentait bien souvent seul et avait prié lorsque les Wlaters avaient vendu leur maison pour que les nouveaux acheteurs aient un enfant de son âge. Apparemment il avait été exaucé.
L’autre garçon le regarda à son tour et lui sourit, puis fit un pas vers lui. A ce moment là, la femme se retourna et l’appela :
- Johnny ! Dépêche-toi de venir choisir ta chambre mon cœur parce que tes frères sont déjà en haut.
Comme piqué par une tarentule, le gamin se précipita vers sa mère, mais avant de s’engouffrer dans la maison, il se retourna de nouveau vers son nouveau petit voisin resté planté au même endroit et il lui sourit de nouveau en lui adressant un grand geste de la main.
Patrick répondit de la même façon tandis que son cœur se gonflait de joie : il avait enfin un ami.*****
- Vous comprenez, j’avais toujours rêvé d’un frère… De quelqu’un qui me comprendrait vraiment, qui pourrait tout entendre, tout accepter de moi. Et quand j’ai vu Johnny, j’ai su que ce serait lui.
- Vous n’aviez que six ans…
- Pourquoi les gens sont-ils incapables de réaliser que ce n’est pas l’âge qui compte ! Les sentiments vrais sont tout aussi forts que vous ayez trois, six, vingt ou soixante ans !
- C’est vrai… Excusez-moi.
- Le lendemain, lorsque je suis sorti dans le jardin, il était là qui m’attendait… Et c’était comme si nous nous étions toujours connus.
*****
- Johnny t’es où ?
- Ici Pat !! Trouve-moi si tu peux…
Le gamin se lança dans les fourrés, cherchant à rejoindre son camarade, bien caché, selon son habitude. Combien de fois, depuis deux ans maintenant qu’ils se connaissaient, ils avaient ainsi joué à cache-cache dans les bois qui entouraient leur quartier, loin des parents et des grands frères moqueurs ?
Parce que, comme Patrick l’avait pressenti dès ce premier jour, lui et Johnny n’avaient pas tardé à devenir inséparables. Les deux gosses s’étaient trouvé des points communs et leur amitié, comme un vrai coup de foudre, les avait instantanément amenés à tout partager, au point que les familles gravitant autour d’eux se montraient à la fois amusées et exaspérées de cette entente qui les conduisait systématiquement à se couvrir l’un l’autre, quelle que soit la faute reprochée.
Pas un jour sans qu’ils se voient, jouent ensemble et passent un long moment chez l’un ou l’autre sans se soucier du monde autour d’eux. Ils allaient à la même école, fréquentaient la même classe et, chaque matin voyait le premier des deux préparé courir chez l’autre pour faire ensemble le chemin. Ils rentraient ensuite au même pas, faisaient leurs leçons indifféremment chez l’un ou l’autre avant d’aller jouer, dehors si le temps le permettait, à l’intérieur si ce n’était pas le cas, mais toujours collés l’un à l’autre au point qu’on les appelait les inséparables.
Généralement c’était Johnny, de quelques mois plus âgé, qui menait la danse, fomentait les plans les plus hardis, les plus ingénieux qui ne manquaient pas, souvent, de leur attirer les foudres des autres et notamment des deux frères aînés qui étaient les cibles favorites des facéties de leur cadet. Parfois Patrick pensait que ces blagues allaient un peu loin, mais Johnny était son ami et rien au monde ne l’aurait fait renoncer à ce lien qu’il avait tant souhaité. Après tout, comme le disait son alter ego, il était facile de se dire ami, le plus difficile était d’en apporter la preuve.
Le gamin sursauta quand soudain son partenaire sortit de la cachette où il s’était réfugié, au moment où lui-même passait devant sans avoir rien remarqué. Dans un hurlement démoniaque, Johnny bondit sur lui et il poussa un cri de frayeur qui ravit le garnement qui n’attendait que ça. Cela se termina comme d’habitude en bourrades et en rires : décidément il serait toujours le plus fort, pensa Patrick admiratif, nullement frustré de ne jamais avoir le dernier mot dans leurs jeux.*****
- Vos parents ne trouvaient rien à redire à votre amitié fusionnelle ?
- Non… A vrai dire ça les arrangeait plutôt. Mes parents étaient du genre très occupés, qui passaient en coup de vent, donc c’était tout bénéfice pour eux que je passe la majeure partie de mon temps avec Johnny. Lorsqu’ils ne rentraient pas, j’allais manger chez lui. Quant à ses parents à lui, ils étaient du genre à ne pas se préoccuper de ça. Tout ce qui leur importait c’était de voir leurs enfants heureux, et puisque Johnny l’était avec moi, qu’auraient-il pu objecter ? En plus, deux enfants ensemble sont moins en danger qu’un isolé… Et nous nous tirions mutuellement vers le haut en ce qui concernait les études, aucun de nous ne voulant déchoir aux yeux de l’autre.
- Bref, l’accord parfait…
- Exactement.
Il y avait une lueur de défi dans les yeux du mentaliste, comme s’il attendait que Hotch ne tente de réfuter le bien fondé de cette amitié ou n’essaie de la salir par des sous-entendus nauséabonds. Mais l’agent du F.B.I. n’avait nullement l’intention de détruire les souvenirs d’un gamin fidèle à sa première vraie amitié.
Comprenant qu’il était à l’écoute, Jane reprit son récit.
*****