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 Sujet du message: [Finie] Mises au point - Numb3rs - Don/Colby - G
MessagePosté: 29 Aoû 2010 15:57 
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Une petite parenthèse entre "Comme une évidence" qui raconte les débuts (douloureux) de l'amour entre Colby et Don et "Quand le destin s'acharne" qui est encore en cours d'écriture.
Suite à la demande de certains lecteurs, j'ai écrit ce court texte de transition en trois chapitres pour raconter ce que je pensais inclure dans le deuxième volet: la découverte de l'amour de Don et Colby par leur entourage, sachant qu'Alan et les collègues sont au courant à la fin du premier volet.
C'est tout simple, un peu guimauve, j'espère que ça vous paraîtra cohérent avec ce qui précède et ce qui suivra.

Pour ceux et celles qui n'ont pas lu "Comme une évidence" placé derrière le voile à cause de son contenu (violence + lemons), un petit résumé:

Durant une mission d'infiltration qui s'est plutôt mal passée, Don a découvert qu'il aimait Colby, lui-même amoureux de son chef d'équipe depuis des mois.
Durant cette période, Robin est à Paris participant à une commission internationale chargée de réfléchir à une harmonisation des lois de certains pays entre eux et Charlie, Amita et Larry donnent des conférences en Europe du Nord. Durant l'hospitalisation de son frère, le mathématicien est revenu brièvement à Los Angeles puis est retourné à ses séminaires.
Ce qu'ils ont vécu ensemble a dressé une barrière entre Don et Colby qui, bien qu'ils se sachent amoureux, n'arrivent pas à s'avouer leurs sentiments. Grâce à Alan les deux hommes finissent pas se parler et par décider de tenter l'aventure ensemble.

Fin de "Comme une évidence", début de "Mises au point"

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 Sujet du message: Re: Mises au point - Numb3rs - Don/Colby - G
MessagePosté: 29 Aoû 2010 16:06 
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Chapitre 1


- Papa, papa tu es là ?

Charlie venait d’entrer dans la maison. Tout en appelant son père, il déposa son chargement : sa grande valise, son portable, son porte document et se débarrassa de sa veste.

Alan sortit de la cuisine, l’air abasourdi :

- Charlie mais… qu’est-ce que tu fais là ?

- J’habite ici je te signale, sourit le mathématicien avant de s’avancer vers son père.

- Bonjour quand même…

- Oh ! Bonjour fiston, excuse-moi, dit Alan en reprenant ses esprits et en l’embrassant.

Puis il reprit :

- Mais comment se fait-il que tu sois-là ? Tu ne devais rentrer que ce soir…

- Oui, mais on a réussi à attraper l’avion précédent alors me voilà.

- Tu aurais dû m’appeler, je serais passé te prendre à l’aéroport.

- Papa ! Je n’ai plus cinq ans ! Je suis capable de venir tout seul depuis l’aéroport. La preuve, je suis là non ?

- Oui, tu es là…, conclut Alan, un immense sourire barrant son visage.

Son fils lui avait manqué plus qu’il n’aurait pu le dire depuis ces cinq semaines. Bien qu’il en ait des nouvelles régulièrement, il avait du mal à se passer de sa présence. Depuis le temps qu’ils partageaient la maison, il s’était habitué à l’avoir près de lui. Pourtant il faudrait bien, tôt ou tard, qu’il reprenne son indépendance. Il arriverait bien un jour où Charlie s’installerait avec Amita, et lui devrait s’effacer. Finalement l’absence de Charlie avait cela de bon qu’elle l’obligeait à s’habituer à la solitude…

Quoique… solitude ne soit pas vraiment le mot. Depuis que son cadet était reparti finir sa tournée de conférences, il n’avait pas eu beaucoup l’occasion d’être seul. Les deux premières semaines il s’était occupé de Don, en convalescence chez lui. Puis, lorsque son aîné lui avait enfin avoué son attirance pour Colby, ils avaient vécu la dernière semaine d’arrêt maladie de Don dans la maison familiale. Deux semaines plus tôt les deux hommes avaient repris le travail et décidé de s’installer ensemble dans l’appartement du plus âgé. Mais il ne se passait pas un jour sans qu’ils viennent le voir. Quasiment chaque soir ils mangeaient ensemble et il jouissait de ces moments privilégiés avec son fils si secret d’habitude, heureux de le voir détendu, rajeuni, transfiguré par l’amour… Il savait que Don avait enfin trouvé le bonheur et cela le réjouissait au plus profond de son cœur.

Il était fier d’avoir contribué au rapprochement de ces deux têtes de mules, qui, sans lui, en seraient peut-être encore à souffrir chacun de leur côté. C’était un peu grâce à lui que les deux agents avaient osé affronter leur hiérarchie pour annoncer leur liaison qu’ils n’avaient pas non plus dissimulée aux yeux de leurs collègues. A part quelques réactions négatives d’imbéciles pétris de préjugés, la plupart des gens avaient fort bien réagi à la nouvelle. A vrai dire, beaucoup s’en doutaient déjà compte-tenu des événements qui s’étaient déroulés plusieurs semaines avant. Et la grande majorité de leurs amis et collègues s’étaient réjouis pour eux, parce qu’ils appréciaient et admiraient Don et que Colby avait aussi plutôt bonne presse dans les services. Pour la hiérarchie, les choses s’étaient aussi arrangées bien mieux que les agents l’espéraient, ce qui avait fait dire à Alan que, finalement, le F.B.I. avait peut-être bien évolué depuis ses années de dissidence. Il soupçonnait aussi le directeur Wright d’avoir aplani bien des difficultés pour les deux hommes.

Les événements récents l’avaient amené à rencontré plusieurs fois le sous-directeur et très vite des liens de confiance et de respect mutuel, pour ne pas dire d’amitié, s’étaient noués entre les deux hommes. Alan avait rapidement apprécié la probité de l’homme, son souci sincère du bien être de ses subordonnés en général et de Don en particulier. Très souvent il avait appelé pour prendre des nouvelles du convalescent, savoir comment il allait, comment il réagissait à la thérapie, si le traumatisme subi semblait pouvoir s’atténuer. Alan avait aussi l’impression qu’il se sentait coupable de ce qui s’était passé : coupable d’avoir laissé les agents de la N.S.A. prendre les commandes de la mission et de n’avoir pas mieux surveillé leurs manigances. Bref, il avait vite compris que Wright était un type bien, le genre d'homme qu’il appréciait.

C’était d’ailleurs lui qui avait donné une semaine de congé supplémentaires à Colby pour qu’il puisse rester un peu avec Don. Les deux hommes en avaient profité pour aller ensemble à Paris : Don n’avait pas voulu entamer sa nouvelle vie en laissant un passif derrière lui. Il voulait pouvoir aimer Colby en toute liberté, sans arrière pensée, sans remords et pour cela il devait affronter Robin. Son honnêteté foncière lui interdisant d’annoncer la rupture par téléphone, il avait décidé d’aller la retrouver à Paris. Et grâce à Wright, Colby avait pu accompagner son amant.

De ce qui s’était passé durant ces trois jours, Alan n’avait eu qu’un résumé succins, mais celui-ci lui suffisait : désormais les choses étaient claires. Don et Robin c’était de l’histoire passée. Chacun d’eux était tombé amoureux d’un autre durant leur séparation. Cela l’avait soulagé d’apprendre que Robin aussi avait un nouveau compagnon. Il aimait la jeune femme et il se serait fait du souci pour elle dans le cas contraire. Et puis, égoïstement, cela lui permettait de se réjouir sans arrière pensée du bonheur de son fils. Et il savait que celui-ci n’aurait pas été pleinement heureux s’il avait su que son ex-compagne souffrait à cause de lui. Ainsi tout était clair, tout était bien…

- Don n’est pas là ?

La question de Charlie le surprit au beau milieu de ses pensées, le ramenant au présent en même temps qu’à une préoccupation nouvelle : le mathématicien n’était pas au courant de l’évolution dans la vie de son frère. Comment allait-il réagir à la nouvelle ?

Du fond du cœur Alan espérait que la découverte de l’homosexualité de son aîné n’entraînerait pas de mésentente entre ses deux garçons. Il était tellement heureux de la connivence qui s’était établie entre eux qu’il ne voulait pas la voir brisée par ce genre de chose. Mais il espérait que son cadet se montrerait aussi large d’esprit qu’il le pensait capable de l’être.

Il s’aperçut que son fils le regardait, étonné de son absence de réponse, une lueur un peu inquiète au fond des yeux et il comprit qu’il se demandait si quelque chose n’allait pas avec son frère. Il s’empressa donc de le rassurer :

- Non, il y a déjà deux semaines qu’il a repris le travail.

- Ce n’était pas un peu tôt tout de même ? Dans l’état où il était lorsque…

- Charlie, ton frère va bien. Il va même très bien.

Le mathématicien dévisagea son père : le ton que celui-ci avait employé lui laissait présager qu'il lui cachait quelque chose.

- Qu’est-ce que tu entends par là ?

- Rien… Ton frère va très bien, c’est tout.

Le patriarche se détournait, gêné… Ce n’était pas à lui d’avoir cette conversation avec Charlie. Il savait que Don tenait à lui annoncer lui-même qu’il s’était installé avec Colby.

- Papa !

Alan soupira. Il avait été maladroit. Maintenant Charlie avait des soupçons et il ne le lâcherait pas.

- Ecoute fiston… il y a des choses… Et bien, des choses dont ce n’est pas à moi de te parler ! finit-il piteusement.

De toute façon son cadet était désormais persuadé qu’il se passait quelque chose : qu’importait s’il confirmait ses soupçons ! Le principal était de ne pas lui annoncer les nouvelles qu’il devait entendre de la bouche de son frère. Il enchaîna, espérant ainsi clore le débat :

- Tu verras ton frère ce soir de toute façon. Il est prévu qu’il vienne.

Charlie planta son regard dans celui de son père qui s’empressa de détourner les yeux, comme si son plus jeune fils avait pu y lire les événements des dernières semaines et le bonheur que lui-même ressentait à voir enfin son fils aîné si heureux.

Le mathématicien comprit qu’il n’avait rien à attendre de son père. Il se passait effectivement quelque chose, mais Alan ne lui dirait rien. Tout son instinct lui murmurait qu'un événement s'était produit dans la vie de son frère. En tout cas, un chose était certaine, ce n’était pas quelque chose de malheureux étant donné l’air serein, heureux même, de son père. Si Don avait eu des problèmes, quels qu’ils soient, et quand bien même il n’aurait pas voulu aborder ce sujet avec lui en son absence, Alan n’aurait certes pas eu ce visage détendu et ce petit sourire un peu narquois au bord des lèvres, le genre qu’on arbore lorsqu’on sait quelque chose d’agréable qu’on ne doit pas annoncer tout de suite. Le genre de petit sourire que Charlie détestait, à dire vrai, et qui ne lui donnait qu’une envie : savoir de quoi il retournait !

Très bien, visiblement il n’aurait pas la réponse dans ses murs ! Et bien il irait la chercher ailleurs.

De toute façon il brûlait d’envie de revoir son frère. Il avait l’impression qu’il y avait des mois qu’ils étaient loin l’un de l’autre. C’est la raison qui l’avait amené à bousculer Larry et Amita pour qu’ils réussissent à prendre l’avion précédent, au terme d’une course échevelée lors de leur escale. Mais ainsi, débarqué à l’improviste, il allait pouvoir enfin retrouver son aîné qui lui avait terriblement manqué et pour lequel il s’était fait beaucoup de mauvais sang, quand bien même leurs appels fréquents lui avait permis de se rendre compte qu’il se remettait bien.

Malgré tout, il n’était pas certain de pouvoir entièrement se fier à ce que lui disait Don sur son état de santé, bien trop conscient que celui-ci n’allait pas se plaindre et ne lui parlerait pas d’éventuels problèmes, d’autant plus qu’il était loin et que cela ne pourrait que l’alarmer inutilement sans qu’il puisse rien faire pour lui. Il subsistait donc en lui une vague appréhension sur l’état de santé réel de son aîné et il avait besoin d’être sûr que celui-ci s’était entièrement remis de ce qu’il avait subi.

Désormais il était encore plus pressé de le revoir. Pas question d’attendre le soir ! Il allait de ce pas se rendre au F.B.I. et s’il y avait quelque chose à découvrir, il le découvrirait !

Sous le regard étonné de son géniteur, il saisit sa veste et l’enfila :

- Ben… qu’est-ce que tu fais ?

- Je vais faire un tour, répondit-il.

- Quoi ? Mais tu viens juste d’arriver… Tu pourrais rester un peu… On pourrait discuter…

- Ecoute… comme tu l’as dit, je ne devais rentrer qu’en soirée… Fais comme si tu ne m’avais pas vu… On discutera à mon retour !

Avant que son père n’ait pu protester plus, il était déjà sorti, laissant Alan décontenancé.

- Et bien ça…, murmura ce dernier dépité. Fais comme si tu ne m’avais pas vu… grommela-t-il ensuite en se dirigeant vers la cuisine.

Mais le sourire qu’il arborait démentait le ton fâché de sa voix. Il avait très bien compris où était parti son cadet. Un instant il se demanda s’il devait avertir Don de la tornade qui n’allait pas tarder à lui tomber dessus, puis il y renonça.

De toute façon les deux frères devaient avoir cette conversation. Et finalement, le plus tôt serait le mieux. Tout ce qu’il espérait, c’est qu’il n’en sortirait que de bonnes choses. Confiant dans le destin qui les avait assez malmenés ces derniers temps pour leur accorder un peu de répit, il décida de croire en la chance et aussi en l’ouverture d’esprit de son fils, en l’affection que ses garçons avaient l’un pour l’autre. Tout se passerait bien et il risquait d’avoir une couvée affamée à nourrir le soir : il était donc plus que temps qu’il décide de ce qu’il allait préparer pour ses trois fils !

(à suivre)

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 Sujet du message: Re: Mises au point - Numb3rs - Don/Colby - G
MessagePosté: 29 Aoû 2010 16:21 
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:mrgreen: Charlie est rentré et pose des questions :delire: Alan est bien ennuyé et le fiston bien curieux :sourire:

Don doit avoir les oreilles qui sifflent :lol:

:court: :suite: :suite: :suite:

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 Sujet du message: Re: Mises au point - Numb3rs - Don/Colby - G
MessagePosté: 29 Aoû 2010 22:12 
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J'ai le cerveau en grève alors je ne ferais pas de review mais je te réclame la suite quand même ^^

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Non non je ne suis pas monomanique en ce moment


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 Sujet du message: Re: Mises au point - Numb3rs - Don/Colby - G
MessagePosté: 30 Aoû 2010 15:12 
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Suite demain, si la pré-rentrée ne se passe pas trop mal (traduisez: si certaines collègues ont mis un peu d'eau dans leur vin durant les vacances...) :wink:

:reviews:

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 Sujet du message: Re: Mises au point - Numb3rs - Don/Colby - G
MessagePosté: 30 Aoû 2010 17:54 
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Cool :bravo: une suite à ta magnifique histoire :heart: :wouah: , j'ai hâte de voir la réaction de Charlie :lol:

BRAVO :bravo: :bravo: :bravo:

valbone :ange:

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 Sujet du message: Re: Mises au point - Numb3rs - Don/Colby - G
MessagePosté: 31 Aoû 2010 16:42 
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Merci Valbone... Voici la suite et déjà nous en sommes aux deux tiers... ça va aller très vite cette histoire-ci... :wink:

Chapitre 2


Charlie mit environ vingt minutes à arriver au bureau du F.B.I. Il se gara dans le parking souterrain et accrocha son passe à la veste avec un soupir de contentement. Il s’apercevait combien cela lui avait manqué ! Certes il avait profité de chaque instant de ces conférences et avait trouvé grisant d’être ainsi le centre de l’attention et de se retrouver plongé dans la saine émulation avec ses confrères. De plus, partager du temps avec Amita n’avait pas été le point le plus désagréable du voyage, mais la collaboration avec le F.B.I. lui avait manqué. Le fait de savoir qu’il pouvait sauver des vies, permettre l’arrestation de malfaiteurs, déjouer des complots à l’aide de sa craie et de ses tableaux lui avaient manqué. La complicité avec son grand frère lui avait manqué…

Il se dirigea vers les ascenseurs, salué d’un : « Oh ! Professeur, alors vous voilà de retour parmi nous ? » par l’agent de sécurité qui le reconnut.

Cette petite phrase lui fit chaud au cœur : elle prouvait qu’aux yeux de ceux qui travaillaient là, et pas seulement à ceux de son frère, il faisait partie de l’équipe.

Il s’engouffra dans les ascenseurs, le cœur battant un peu plus vite que la normale. D’un seul coup il se demandait s’il avait eu une bonne idée de venir comme ça à l’improviste. Don, comme d’habitude, devait crouler sous le boulot. Et s’il prenait mal son irruption parmi eux ? Et s’il trouvait que son frère exagérait de venir l’espionner à peine de retour aux Etats-Unis ? Parce que, pour être franc, Charlie devait bien s’avouer qu’il ne s’agissait pas d’autre chose : il était sûr qu’il s’était passé quelque chose avec Don et il venait trouver des réponses. Ce n’était pas de l’espionnage à proprement parler, il avait bien l’intention d’aborder les choses en face, mais ce n’était peut-être ni le lieu, ni le moment.

Un instant, alors que l’ascenseur s’arrêtait au huitième étage, il eut envie de retourner d’où il venait. Après tout ils auraient tout le temps de parler le soir, son père avait dit que Don devait passer. Et hors de son lieu de travail, sorti de ses enquêtes pour un moment, son aîné serait peut-être plus enclin à se livrer. Mais au moment où il allait tourner les talons, il aperçut le superviseur qui sortait d’une salle annexe, entouré d’agents auxquels il finissait de donner des ordres et il se figea net, les yeux rivés sur son frère.

Don paraissait aller bien. De là où il était, il voyait le grand frère plein d’allant, d’autorité et de charisme qu’il avait toujours connu. La voix claire distribuait les ordres de manière nette, sans arrogance mais sans laisser la place à la discussion. Rien dans son attitude ne laissait transparaître le moindre malaise. Il ne portait plus aucune trace de blessures. C’était le Don qu’il avait toujours connu, toujours admiré. Et il ne pouvait pas se résoudre à être si près de lui pour la première fois depuis près de six semaines sans le saluer. Aussi, au moment où son frère s’éloignait vers le fond de la ruche, il l’interpella d’une voix qu’il s’obligea à maîtriser :

- Hé ! Donnie !

Au son de cette voix, Don s’arrêta, interdit, avant de se tourner vers la source sonore. Ses yeux se plissèrent d’étonnement en réalisant que c’était bien son petit frère qui venait de le héler… De toute façon, qui d’autre aurait pu lui donner ce surnom dans ces lieux ?

- Charlie mais…

Il ne put rien dire d’autre : déjà son cadet avait franchi la courte distance qui les séparait et se jetait dans ses bras. Il ne put rien faire d’autre qu’accepter l’étreinte, malgré les regards mi-narquois, mi-attendris du staff qui les regardait plus ou moins franchement, heureux lui aussi de retrouver son petit frère. A cet instant, il s’aperçut combien celui-ci lui avait manqué. Cependant, il mit fin à l’étreinte, trouvant que, décidément, les lieux ne s’y prêtaient pas. Il recula d’un pas, regardant son cadet :

- Tu es déjà là ? Je croyais que ton avion n’atterrissait qu’en début de soirée. J’avais d’ailleurs prévu de passer vous prendre ou, si ça n’avait pas été possible, de passer à la maison pour te voir…

- Comme tu le vois je suis rentré plus tôt. Alors je me suis dit…

- Mais… qu’est-ce que tu fais-là ? On ne t’a pas appelé… Pour le moment, il n’y a pas d’affaires qui… Enfin… tu ne vas pas me dire qu’à peine rentré tu n’as rien de mieux à faire qu’à venir au F.B.I. ! Tu commences à m’inquiéter frangin !

- Et bien… disons que… peut-être que je n’ai rien de mieux à faire qu’à venir embrasser mon grand frère que je n’ai pas vu depuis plusieurs semaines…, commença le mathématicien en plantant son regard dans celui de son frère, … et qui m’a beaucoup manqué…, acheva-t-il plus bas, ne sachant pas comment Don allait réagir à cette déclaration, lui qui n’était pas follement enthousiasmé par les démonstrations d’affection.

Don sourit, ému de l’adoration visible qu’il lisait dans les yeux de son frère. En même temps il ne pouvait s’empêcher de se sentir gêné d’être ainsi le centre d’attention de son équipe pour quelque chose qui n’avait strictement rien à voir avec le travail.

Il passa son bras autour des épaules de Charlie, l’attirant à lui :

- Allez, viens par-là mon pote ! dit-il en l’entraînant vers la cuisine, déserte à ce moment.

Arrivé là-bas, l’agent du F.B.I. lâcha son frère et se dirigea vers la machine à café :

- Un café frangin ?

- Avec plaisir ! Si tu savais comme votre horrible décoction m’a manquée, ironisa Charlie.

- C’est vrai que c’est quelque chose d’inoubliable, rit Don à son tour en s’afférant.

Le mathématicien l’observait, se rassasiant de sa vue : Dieu qu’il lui avait manqué ! Bien plus qu’il ne s’en était rendu compte, tellement occupé par les conférences et autres débats qu’il avait mené à un train d’enfer pour rentrer plus vite.

Bien que n’étant pas le meilleur observateur du monde, Charlie pouvait se rendre compte, à des petits riens, que son frère allait bien, très bien même, sans doute mieux qu’il ne l’avait jamais vu depuis la mort de leur mère, peut-être même depuis leur enfance, avant qu’une barrière ne se dresse entre eux par la faute de ses aptitudes qu’il lui arrivait parfois de détester.

Don était calme, souriant, reposé, détendu. On sentait qu’il était… heureux… Oui ! C’était ça ! Le mot le heurta de plein fouet. Don était heureux !

La psychologie n’était pas son point fort, mais Charlie comprit qu’il ne pouvait y avoir qu’une seule raison à ce comportement : il y avait quelque chose de nouveau dans la vie de son frère. Très vite il se mit à égrener les probabilités des événements qui pouvaient ainsi agir sur lui : le retour de Robin peut-être… Lui avait-il demandé de l’épouser ? S’étaient-ils déjà mariés ? Non, il espérait que son frère aurait attendu son retour pour ça ! Ou alors la jeune femme était enceinte ? Oui, ça se serait une bonne raison pour que Don ait l’air si bien.
D’un autre côté, il lui semblait bien que Robin ne devait pas rentrer aux Etats-Unis avant encore deux ou trois mois… Mais après tout, peut-être avait-elle avancé son retour, obtenu d’être relevée de sa mission compte-tenu de ce qui était arrivé à son compagnon…

L’autre possibilité, c’était que Don avait rencontré quelqu’un d’autre… quelqu’un qui lui donnait ce qu’aucune de ses compagnes précédentes ne lui avait jamais donné. Parce que Charlie ne se souvenait pas d’avoir jamais vu son frère aussi ouvert, aussi plein de vie et d’espoir…

Très vite son esprit analytique pencha vers la seconde possibilité : parce que Robin et Don c’était déjà de l’histoire ancienne et que jamais il n’avait lu cette expression sur le visage de son aîné durant leur relation. Oui, vraisemblablement son grand frère avait une nouvelle femme dans sa vie.

Il sourit… Son opinion était faite. Maintenant, son frère serait-il disposé à partager avec lui cette information ?

Il commença par tâter le terrain d’une manière qu’il pensa délicate et détournée :

- Alors… tout va bien ?

- Tout va bien, oui.

- Et… enfin… papa m’a dit que…

- Papa t’a dit quoi ?

Son frère n’avait pas l’air inquiet en posant cette question. Cependant Charlie eut un peu de mal à mettre des mots sur l’expression qu’il arbora en cet instant : un mélange de soulagement peut-être, mais aussi de désappointement, de légère déception, comme s’il était à la fois ravi que son père ait appris certaines choses à Charlie et déçu de ne pas l’avoir fait lui-même.

- Rien… Enfin… Il m’a dit que tu allais bien… et… Euh… En fait, je voulais m’assurer que tu allais bien… et…ton épaule… ton bras…

- Comme tu vois, tout va bien, sourit Don en lui tendant son gobelet de café avant de se laisser tomber dans l’un des fauteuils, se contentant de le regarder avec un petit sourire affectueux et moqueur à le voir ainsi embarrassé, n’osant pas vraiment demander ce qui lui brûlait les lèvres mais pourtant mourant d’envie d’avoir des réponses.

L’agent commençait à comprendre ce qui s’était passé dans la maison paternelle. Vraisemblablement Alan n’avait pu s’empêcher de laisser fuser une allusion sur son nouveau bonheur, sans vouloir cependant expliquer les choses à Charlie. En effet, Don lui avait instamment demandé de le laisser annoncer la nouvelle à son frère. Il voulait le lui dire en face, jauger lui-même la réaction de son cadet à ce bouleversement complet. C’est pourquoi il n’avait rien dit par téléphone. Il avait besoin de se rendre compte de visu que Charlie comprenait, ne le condamnait pas et qu’il restait pour lui le super grand frère qu’il avait toujours été.

Cependant il ne s’attendait pas à devoir aborder les choses si tôt après son retour, et surtout pas ici… Mais après tout, puisqu’il semblait qu’il devait en passer par là maintenant, au moins ensuite les choses seraient claires, une bonne fois pour toute.

- Don…

L’accent suppliant dans la voix de son frère le ramena au présent.

Il lui sourit, lui faisant signe de s’asseoir à côté de lui. Il avait assez joué ! Maintenant il était temps de lui parler.

- Ecoute petit frère…, commença-t-il.

Mais le mathématicien l’interrompit, semblant ne pas s’apercevoir de son intervention :

- C’est vrai… Tu as l’air d’aller bien… Mais… Il y a autre chose n’est-ce pas… Tu as l’air si… si heureux…

Prenant son courage à deux mains, le cadet des Eppes osa enfin poser la question qui lui brûlait les lèvres :

- Est-ce qu’il y a quelque chose que je devrais savoir ?

Don le regarda bien en face, hésita… mais, puisque de toute façon il faudrait tôt ou tard que Charlie apprenne la nouvelle, il décida de se jeter à l’eau, espérant que son petit frère allait réagir comme il l’espérait. Il ne savait pas s’il supporterait de voir s’éteindre cette lueur d’admiration qui avait toujours brûlé au fond des prunelles sombres lorsqu’elles se fixaient sur lui. Bien sûr, si Charlie condamnait sa relation avec Colby, cela ne changerait rien à celle-ci : Charlie était son frère, il l’adorait, mais ce n’était pas avec lui qu’il ferait sa vie. Cependant il savait que ce désaccord viendrait gravement entacher le bonheur qu’il vivait pour la première fois depuis bien longtemps. Aussi c’est le cœur battant qu’il commença, hésitant un peu :

- Et bien, disons que… Ah ! Bon ! De toute façon, il n’y a pas trente six manières de te le dire… Voilà : j’ai rencontré quelqu’un.

Bien qu’ayant prévu cette option, Charlie resta malgré tout un instant décontenancé :

- Quoi ??? Mais… Robin… Enfin… je veux dire !!! Je suis heureux pour toi frangin, vraiment heureux…

Il s’emmêlait, ne sachant pas vraiment quoi dire maintenant que s’avérait exacte sa supposition, partagé entre un réel bonheur pour son frère, visiblement heureux de cette nouvelle relation et un petit pincement au cœur pour Robin qu’il appréciait et qu’il plaignait, l’imaginant désespérée alors que Don lui, était transfiguré par la joie. Comprenant son dilemme, Don reprit :

- Robin et moi nous avons rompu.

- Oh… je suis désolé Don…

- Non ! Il n’y a vraiment pas de quoi, crois-moi. Tous ces mois de séparation nous avaient fait comprendre, à l’un comme à l’autre, que nos sentiments n’étaient pas aussi profonds qu’on le croyait. En tout cas pas suffisants pour envisager de faire notre vie ensemble. De toute façon, elle était tombée amoureuse d’un de ses collègues et de mon côté, je suis aussi tombé amoureux… alors… Nous avons discuté ensemble en adultes, sans regrets, sans remords. Je suis heureux pour elle, son fiancé est vraiment un type bien, le genre de type avec qui elle sera heureuse. Et je sais qu’elle est heureuse pour moi. Nous restons amis : je pourrai toujours compter sur elle et inversement. Tous les deux on a fait un bout de chemin à un moment où on avait besoin l’un de l’autre. On s’est fait du bien et on ne regrette aucun des moments passés ensemble. Mais maintenant on a tourné cette page de nos relations.

- Alors tant mieux… j’avais un peu peur que tu ne culpabilises.. Mais si tout est OK entre vous.

- Tout est OK, je t’assure.

Tandis qu’il parlait, son esprit le renvoyait trois semaines plus tôt, dans le salon de l’hôtel Georges V où il attendait celle qui, à ce moment encore, était toujours sa petite amie officielle.

(à suivre)

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 Sujet du message: Re: Mises au point - Numb3rs - Don/Colby - G
MessagePosté: 04 Sep 2010 11:24 
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Chapitre 3


flashback : trois semaines plus tôt – Hôtel Georges V - Paris

Robin sortit de la salle de bain en pestant : évidemment pour une fois qu’elle avait un peu de temps devant elle pour se préparer, il fallait que ce foutu téléphone la rappelle à l’ordre.

- Robin Brooks, annonça-t-elle sèchement en portant le combiné à son visage.

- Madame Brooks, débita de l’autre côté la voix un peu obséquieuse du concierge qui ne se laissait pas démonter par si peu dans son métier, il y a ici un monsieur qui demande à vous voir.

- Un monsieur ? s’étonna-t-elle.

Voyons, toute l’équipe de juristes avait décidé de prendre deux jours de congé afin de recommencer les examens de lois et propositions de coordination avec un regard neuf. Depuis cinq jours ils butaient indéfiniment sur le même point de droit et le ton commençait à monter entre eux. Maître Ismolsen avait donc décidé qu’il leur fallait d’urgence se changer les idées sous peine de ruiner les avancées déjà effectuées sur leur projet titanesque.

Les quatre avocats américains dont elle faisait partie avaient décidé de s’offrir une soirée entre compatriotes. Enfin, ils avaient décidé, parce que pour sa part, une soirée avec maître Alison Stewart ne lui disait pas grand-chose. Elle aurait largement préféré, tant qu’à sortir entre confrères, inviter quelques uns des avocats étrangers avec qui elle avait noué des liens plus solides qu’avec la jeune louve de Philadelphie dont les manières et les procédés l’agaçaient prodigieusement. Mais James serait là et il semblait souhaiter cette petite parenthèse juste entre Américains qui parfois avaient le mal du pays qu’ils avaient quitté, alors elle avait accepté l’invitation. James avait proposé de passer la prendre vers vingt heures et il n’était pas encore dix-huit heures, il y avait donc peu de chance que ce soit lui.

- Vous a-t-il dit son nom ? s’enquit-elle.

- Il dit s’appeler Don… et que vous sauriez de qui il s’agit.

De saisissement elle faillit laisser tomber le combiné ! Don ! Voyons, c’était impossible ! Elle l’avait eu au téléphone deux jours auparavant et il ne lui avait pas fait part de son intention de venir la voir. A moins que… s’était-il passé quelque chose de grave ? Son cœur se serra à cette idée. Elle savait que l’agent avait été blessé en mission, et, même s’il avait refusé de lui fournir des détails, elle sentait qu’il était passé par des moments très difficiles. Quelque chose avait-il mal tourné ?

- Faites-le monter, dit-elle.

- Très bien, madame, répondit le concierge en raccrochant.

Elle fit de même, puis se rua dans la salle de bain pour se donner un coup de brosse. Son cœur battait la chamade : Don était ici ! Il lui semblait qu’il y avait une éternité qu’ils ne s’étaient vus… Qu’allait-elle lui dire ? Qu’allait-il lui dire ?

Deux coups secs frappés à la porte interrompirent ses réflexions.

- Elle vous attend monsieur, indiqua le concierge à Don en lui donnant la localisation exacte de la chambre de Robin.

L’agent se dirigea vers les ascenseurs, se sentant de plus en plus oppressé à mesure qu’approchait le moment de faire face à Robin. Il y avait maintenant six jours que Colby et lui s’étaient retrouvés, six jours de bonheur qui lui avait fait comprendre qu’il voulait faire sa vie avec son coéquipier, et qu’aucun autre être au monde ne saurait le rendre plus heureux que lui.

Mais il savait aussi qu’il lui serait impossible d’être réellement heureux si sa conscience le taraudait. Il n’avait pas le droit de vivre avec Colby tandis qu’à Paris Robin pensait sans doute avoir encore un compagnon. Il lui devait bien la vérité, et, fidèle à sa nature honnête, il la lui devait face à face, les yeux dans les yeux. Elle avait le droit de lui dire ce qu’elle pensait de lui en direct, il lui devait bien ça pour toutes les joies qu’elle lui avait apporté depuis le début de leur relation.

Grâce à Wright qui lui avait octroyé une semaine de congés supplémentaires, petite compensation pour les épreuves endurées, Colby avait pu l’accompagner et il l’attendait dans la chambre de l’hôtel certes bien moins prestigieux qu’ils avaient louée, puisqu’en ce qui les concernait, ce n’était pas le gouvernement fédéral qui règlerait la note et que des salaires d’agents du F.B.I. ne leur auraient pas permis un séjour dans l’établissement où Robin était logée. Et de toute façon, Don aurait trouvé du dernier mauvais goût de résider avec son amant sous le même toit que celle qui était toujours officiellement sa fiancée.

A mesure qu’il avançait vers la chambre de la juriste, il devait mobiliser tout son courage et toute sa probité pour s’obliger à continuer. Il avait envie de s’enfuir. Il s’en voulait du mal qu’il risquait de lui faire, même si, en se basant sur les conversations téléphoniques qu’ils avaient eues depuis sa sortie de l’hôpital, il sentait que leurs liens s’étaient distendus. Et quoi d’étonnant à cela ?

Cela faisait maintenant cinq mois qu’ils étaient loin l’un de l’autre et chacun de leur côté ils avaient vécu des événements importants qu’ils n’avaient pas partagé avec leur compagnon. C’est le genre de chose qui met obligatoirement une certaine distance dans un couple. Mais cette distance peut toujours se combler. Et il avait aussi cette peur : que ferait-il si, en revoyant Robin, il s’apercevait qu’il tenait toujours à elle ? Bien sûr il était certain d’aimer Colby à la folie, mais pour autant, que se passerait-il s’il avait aussi besoin de Robin dans sa vie ? Après tout, jusqu’à très récemment, il ne s’était aucunement douté pouvoir être attiré par les hommes !

Il s’arrêta un instant, s’efforçant de rassembler ses idées et de reprendre son calme : il ne servait à rien de se mettre martel en tête. De toute façon, il allait bientôt avoir la réponse à ses questions et à ses angoisses. Il espérait simplement du fond du cœur ne pas faire trop de mal à cette femme qu’il chérissait et qu’il dont il aurait bien aimé conserver l’amitié.
Il avait à peine frappé deux coups secs que la porte s’ouvrait sur Robin. Il avait oublié combien elle était séduisante. Ils restèrent un instant interdits, un peu empruntés. Don hésita : devait-il l’embrasser sur la bouche, comme elle s’y attendait sans doute ? Mais si ce baiser lui donnait envie d’aller plus loin ? Et s’il cédait à son désir, comment revenir ensuite vers Colby qui l’attendait anxieusement, inquiet à l’idée justement qu’il s’aperçoive que Robin comptait plus que lui pour son amant ?

La jeune femme mit fin à son dilemme en lui posant un baiser léger sur le coin des lèvres, sans appuyer, un baiser qu’il jugea plus amical qu’amoureux.

- Entre…, dit-elle. Tu ne vas pas rester dans le couloir après avoir fait tout ce chemin.

- Oui, bien sûr…

Il passa le seuil et regarda autour de lui. Il était dans une pièce faisant office de salon-bureau, cossue, meublée avec goût. Par la porte ouverte, il voyait le grand lit de la chambre attenante.

- Tu es bien installée, remarqua-t-il platement, ne sachant vraiment comment commencer la conversation.

- Oui, convint-elle, bien mieux que je ne pourrais l’être si je devais régler la note. D’un autre côté, étant donné la durée de notre séjour, on comprend qu’on nous installe assez confortablement.

- Evidemment…

Le silence retomba entre eux.

- Bon, assieds-toi, repris l’avocate. Tu veux boire quelque chose ?

- Une bière, tu as ?

- Tu n’as aucune idée de ce qu’il peut y avoir dans un minibar, sourit-elle.

Cette réflexion le ramena plusieurs semaines en arrière, à ce jour où il avait pris conscience que son attirance pour Colby était réciproque, où son amant lui avait avoué être amoureux de lui. Pour cacher son trouble, il reprit :

- Oui… vraiment… tu es bien installée.

Robin lui tendit sa bière et s’installa dans le fauteuil qui lui faisait face. Elle prit sa voix de procureur pour l’interrompre :

- Eppes ! Tu n’as pas fait des milliers de kilomètres pour voir comment j’étais installée je présume… Alors si tu en venais au but de ta visite ?

- Robin… il faut que je te parle…

Son ton gêné, son teint pâle l’alarmèrent soudain. Qu’il doive lui parler elle s’en doutait bien, sinon il n’aurait pas été ici. Et s’il s’était déplacé, c’est que la nouvelle était importante.

- Qu’est-ce qui se passe ? Tu vas bien au moins ? s’inquiéta-t-elle.

- Oui, oui… Je vais très bien.

- Tu n’as pas de séquelles de ta blessure ?

Elle l’étudiait plus attentivement. Il lui semblait qu’il était plus maigre que dans son souvenir. Mais à part ça il semblait aller bien. Il ne s’était pas étendu sur ce qui lui était arrivé, et elle n’avait pas insisté, respectant son désir, mais puisqu’il était là, peut-être était-il temps de se renseigner exactement.

- Que t’est-il arrivé au juste ? poursuivit-elle alors.

- Une mission d’infiltration qui a mal tourné, lâcha-t-il après un instant de silence. Mais… Robin… je n’ai pas très envie de parler de ce qui s’est passé. C’est… ça a été très dur… Sans Colby je ne m’en serais sans doute pas sorti.

- Oh ! Colby était avec toi ?

- Oui, c’était une mission en c…, binôme, se reprit-il à temps.

Mais il avait oublié avoir à faire à un procureur chevronné, habitué à remarquer les hiatus dans les discours. Robin prit donc note de la très légère césure dans la phrase de son compagnon, mais ne poussa pas dans ce sens à ce moment-là. Elle sentait que ce n’était pas le moment. De toute façon si Don était là, c’était qu’il voulait lui parler : le tout était de le laisser aller à son rythme.

- Il n’a pas été blessé au moins ? s’enquit-elle.

- Rien de grave. Il va bien.

- Alors tant mieux. Et tu reprends le travail bientôt ?

- La semaine prochaine je pense.

A nouveau un silence pesant s’établit entre eux. Cette fois-ci, ce fut Don qui réattaqua :

- Et toi ? Ton boulot ?

- Il y a des côtés enthousiasmant et des côtés… barbants.

Il sourit :

- Et qu’est-ce qui l’emporte ?

- Ca dépend des jours.

- Pourtant tu n’as pas l’air de vouloir lâcher, commenta-t-il.

Un instant elle se demanda si c’était la raison de sa présence : et s’il était venu lui demander de rentrer avec lui parce qu’elle lui manquait trop ? S’il était passé près de la mort durant sa mission, cela avait pu lui faire prendre conscience de ses priorités et désormais il avait peut-être envie d’une vraie vie de famille. Et si c’était le cas, que devait-elle lui répondre ? Elle avait énormément de tendresse pour lui, certes, mais elle savait aussi qu’il n’était pas l’homme qu’elle souhaitait épouser, et elle avait peur de lui faire du mal en le lui avouant.

- Non, c’est vrai. C’est passionnant et puis il y a des collègues avec qui j’ai noué des relations vraiment fortes.

- Oui, j’ai remarqué que tu me parlais très souvent de cet avocat New-Yorkais… Comment s’appelle-t-il déjà ? Ah oui… James… Coasting…

- James Coasted, corrigea-t-elle machinalement avant de reporter son regard sur lui : qu’avait-il deviné ? En avait-elle trop dit en oubliant qu’elle avait au bout du fil un redoutable limier habitué à voir au-delà des apparences ?

- C’est ça… On dirait que vous vous entendez bien tous les deux.

- Serais-tu jaloux ?

Elle avait répondu avec une pointe de coquetterie mais aussi un peu d’inquiétude. En même temps son malaise grandissait.

- Non.. Non…

Soudain Don s’en voulut. Il eut l’impression qu’il était en train de chercher à la prendre en défaut pour mieux justifier sa propre conduite. Et ça c’était indigne de lui. Il était temps qu’il soit enfin franc avec Robin. Il posa sa bouteille de bière sur la table basse et planta son regard dans les yeux de cette femme que, trois mois plus tôt, il était sûr d’aimer plus que tout.

- Ecoute Robin… Je suis vraiment désolé mais… il faut que je te dise… Je n’ai pas envie de te mentir, tu ne le mérites pas…

Il se tut et elle s’énerva un peu :

- Bon sang Eppes ! Tu vas te décider à me dire ce que tu as sur le cœur oui !

Mais quelque part elle avait compris : le ton, les mots, l’embarras de son ami, tout lui disait comment cela allait se terminer.

- Robin… J’ai rencontré quelqu’un et… et je veux faire ma vie avec. Je suis désolé.

Voilà, c’était dit ! Désormais il n’avait plus qu’à attendre : il espérait que ce serait la colère plutôt que le désespoir. Au moins si elle l’insultait, si elle le frappait (mais non, Robin était trop bien élevée pour aller jusque là), il aurait l’impression d’expier un peu le mal qu’il lui faisait. Alors que si elle se mettait à pleurer, il en aurait le cœur déchiré.

Elle avait fermé les yeux, porté une main nerveuse à sa poitrine, comme si elle tentait de contenir les battements de son cœur et il s’inquiéta.

- Robin…, murmura-t-il.

Robin resta silencieuse encore quelques secondes. Elle gardait les yeux fermés, étourdie par la sensation qu’elle venait de ressentir. Libre ! Don venait de lui dire qu’elle était libre, elle qui, depuis plusieurs semaines, ne savait pas comment lui faire savoir qu’elle souhaitait mettre fin à leur relation. Au moment où elle s’y était décidée, elle avait appris qu’il avait été blessé. Il lui avait paru si fragile, si perdu, durant leurs conversations de l’époque, qu’elle n’avait pas pu se résoudre à lui infliger ce choc supplémentaire. Et voilà que c’était lui qui venait lui dire qu’il souhaitait vivre sa vie sans elle.

- Oh Don ! finit-elle par articuler, les yeux voilés de larmes.

- Robin, pardon…, balbutia-t-il alors, bouleversé, se méprenant sur son émotion.

- Non ! Non ! Don… C’est moi… C’est moi qui aurait dû te dire cela.

- Quoi ? Robin… Qu’essaies-tu de me faire comprendre ?

- Don… moi aussi j’ai rencontré quelqu’un. Mais je ne savais pas comment te le dire. Tu étais si loin… Et puis tu as été blessé et… Mais tu es là et je vois que nous avons suivi le même chemin sans le savoir.

- Oh… tu veux dire que… C’est ce James n’est-ce pas ?

- Oui, c’est lui… Tu m’en veux ?

- Je serai mal placé pour t’en vouloir non ? C’est un type bien ?

- Un type très bien, je suis très heureuse avec lui.

- Tant mieux… pour lui s’entend… parce que tu peux lui dire que s’il lui prenait envie de te rendre malheureuse, il me trouverait sur sa route !

- Oui… je crois lui avoir déjà dit quelque chose de ce genre, plaisanta la jeune femme.

Puis ils se regardèrent à nouveau, soulagés l’un comme l’autre que les choses qu’ils pensaient si difficiles s’avèrent finalement si simples. Comme quoi il devait bien exister quelque part une destinée qui faisait en sorte que chacun ait ce qu’il lui fallait au moment où ça lui était le plus nécessaire…

- On restera amis tous les deux, reprit Robin. Je tiens à toi Don, tu le sais.

- Je tiens à toi aussi Robin mais…

Don s’aperçut alors que Robin ne savait pas encore tout. Certes elle avait accepté qu’il ait un autre amour dans sa vie, mais elle était sans doute persuadée qu’il s’agissait d’une femme. Et si elle se détournait de lui en apprenant qu’il vivait avec Colby ?

- Quoi ? Tu as encore autre chose à me dire ?

- Oui… Je dois te parler de la personne avec qui je veux vivre… avec qui je vis… continua-t-il, embarrassé.

- Qu’est-ce qu’il y a, Don ?

- Robin…

Flûte ! Il n’y avait quand même pas trente six manières de présenter les choses ! Il décida de se jeter à l’eau.

- Il s’agit d’un homme…

Elle le regarda, interloquée :

- Tu veux dire que tu es gay ?

- Techniquement, on dirait plutôt bi…, répondit-il dans une piteuse tentative d’humour.

- Oui… bien sûr…

Elle resta un instant songeuse puis releva la tête et lui sourit :

- Tu sais quoi ? Finalement je préfère !

- Quoi ? fit-il, abasourdi.

- Oui… Si tu m’avais quitté pour une autre femme, je me serais demandé ce qu’elle avait de plus que moi, ce que j’avais raté… En l’occurrence, je sais exactement ce que je n’ai pas pour te satisfaire…, conclut-elle avec un petit rire auquel il se joignit, soulagé qu’elle le prenne de cette façon.

- Et… est-ce que je connais l’heureux élu ? se renseigna-t-elle.

Il hésita à nouveau : et si, en apprenant qu’il s’agissait de Colby, elle venait à penser qu’il la trompait de longue date ?

- Oui… Je n’aurais jamais imaginé vivre avec lui mais…

- Je vois…

Elle resta songeuse un instant, puis un sourire réapparut sur son visage : elle venait de se souvenir d’un petit détail de leur conversation.

- J’ai le droit de proposer un nom ? fit-elle, mutine.

- Vas-y… mais je doute que tu trouves, la provoqua son ami.

- Et bien je dirai… le superbe agent spécial Colby Granger !!!

La foudre s’abattant à ses pieds ne l’aurait pas plus stupéfait :

- Mais… Comment…, balbutia-t-il.

- Hé Eppes ! Tu oublies à qui tu as à faire on dirait… Je te signale que j’ai été formée à déceler la moindre coupure dans les réponses. Et tu as failli dire : c’était une mission en couple…. non ?

- Tu es redoutable tu sais !

- Je sais ! C’est pour ça que tu m’aimes !!!

Elle se mordit la lèvre, se disant que ce n’était peut-être pas très adroit de faire ce genre de réflexion à l’homme avec qui on vient de rompre. Mais il ne releva pas et, au contraire, il appuya :

- Oui, c’est pour ça que je t’aimerai toujours Robin Brooks.

Ils s’enlacèrent, heureux de savoir que tout était clair entre eux, heureux de savoir que leur amitié était intacte et qu’ils pourraient toujours compter l’un sur l’autre, heureux de pouvoir vivre leur nouvelle vie au grand jour, sans remords.

Elle se dégagea pour demander :

- Colby est avec toi ?

- Oui, il m’attend à l’hôtel.

- Ecoute, nous avons deux jours de libre. J’aimerai que tu fasses la connaissance de James. Ce soir nous avons un dîner prévu avec nos deux autres collègues américains, mais demain on pourrait passer la journée ensemble… à moins que vous ne repartiez déjà…

- Non, notre avion ne part que dans deux jours. Tant qu’à faire, on a décidé d’un petit week-end en amoureux.

- Et vous avez eu raison, c’est l’une des villes les plus adéquate pour ça, lui sourit-elle. Alors on se retrouve… disons… neuf heures demain, ici. On prendra un petit déjeuner ensemble puis on ira faire un peu de tourisme. Ca te va ?

- Je vais demander à Colby, mais je pense qu’il n’y a aucun problème… Je te rappelle plus tard.

- D’accord, j’attends ton coup de téléphone.

Il se dirigea vers la sortie : il avait hâte d’aller rassurer Colby et se doutait que, de son côté, Robin était tout aussi pressée de parler à son nouvel amour. Il se retourna sur le seuil :

- Robin, tu sais que j’ai passé des moments merveilleux avec toi.

- C’est réciproque Don… Et je n’ai pas l’intention de les oublier figure-toi. Amis pour la vie ?

- Amis pour la vie !

Ils s’embrassèrent avec toute l’affection qu’ils éprouvaient l’un pour l’autre et Don s’en retourna vers son amant, le cœur léger. Oui, ils avaient traversé l’enfer, mais maintenant, visiblement, ils avaient enfin droit à leur part de paradis.
Fin du flash-bak

*****


- Et… Enfin… Ta nouvelle amie… est-ce que… est-ce que je la connais ? osa-enfin demander Charlie, s’attendant à demi à ce que son frère lui réponde que ça ne le regardait pas.

Ainsi ramené à la conversation présente, Don prit une grande respiration : le moment qu’il redoutait était arrivé. Autant en finir vite.

- Ecoute Charlie… Il faut que je te dise…

Le mathématicien restait suspendu aux lèvres de son aîné, étonné de le voir si embarrassé. Quoi ? Que pouvait-il y avoir dans sa nouvelle relation qui le gênait à ce point ? Ce n’était pas une question de couleur de peau ou de religion, son aîné savait très bien que lui-même n’en avait cure… Sa nouvelle amie était-elle très jeune ? Une de ses étudiantes peut-être ? Charlie grimaça : il aurait un peu de mal à s’y faire, mais si son frère était heureux, il l’accepterait. Après tout, Don était le genre d’homme qui plaisait aussi aux jeunes femmes. Mais peut-être que c’était l’inverse… Peut-être s’était-il épris d’une femme bien plus âgée que lui… Et alors ? Quelle importance ? Pourquoi cette réticence… à moins que… Non ! Pas…
Il fixa des yeux un peu interloqués sur son frère, effaré de l’idée qui venait de naître dans son esprit : ce n’était pas possible, Don ne pouvait pas être tombé amoureux de…

- Charlie ?

L’aîné s’inquiétait du manque de réaction de son cadet. Celui-ci se refocalisa sur son frère, s’interdisant de continuer à imaginer cent sortes de scenarii. Après tout, il n’avait qu’à attendre que Don lui livre le fin mot de l’histoire, ce qu’il semblait décidé à faire… Mais il n’était pas sûr de sa réaction si le soupçon qu’il venait d’avoir se confirmait.

- Oui Don, je t’écoute.

- Tu as l’air à des lieues de là…

- Non… Alors dis-moi, je la connais ?

- Ecoute Charlie… Ce n’est pas exactement LA, vois-tu.

Charlie fixa un regard vide sur lui, hésitant à comprendre.

- Qu’est-ce que tu entends par : ce n’est pas exactement LA ? reprit-il en écho.

- Charlie…

Ne sachant pas comment dire les choses, Don décida de répondre à la question précédemment posée par son frère :

- Il se trouve qu’effectivement tu LE connais, dit-il alors en appuyant lourdement sur le pronom.

Le mathématicien le regarda, les yeux ronds, la bouche ouverte, comme si son esprit s’était bloqué et qu’il n’arrivait pas à assimiler ce qu’il entendait.

- LE ??? parvint-il à articuler, à coasser plutôt. Tu veux dire que…

Don décida d’en finir : ça avait assez duré, ça devenait ridicule !

- Que la personne dont je suis amoureux est un homme ! Oui Charlie !

- Don mais…

La réaction de son jeune frère le blessa. Il s’attendait à ce que celui-ci prenne sa relation avec autant de naturel que l’avait fait son père. Bien sûr les circonstances n’étaient pas les mêmes, mais si Alan avait accepté sans aucun problème la bisexualité de son fils, pourquoi Charlie, plus jeune, était-il incapable de la même ouverture d’esprit ?

Il eut l’impression que son frère était choqué, le condamnait et sa voix se fit alors plus sèche :

- Ca te pose un problème ?

C’est le ton employé qui tira Charlie de son immobilisme. Il comprit soudain ce qui se passait dans l’esprit de son frère. Il réalisa que celui-ci voyait son manque de réaction comme une réprobation. Ce n’était pas le cas : il ne portait pas de jugement et encore moins négatif. Simplement il était immensément surpris : jamais il n’aurait cru que son frère, si courtisé par les femmes et répondant avec tellement de ferveur à leurs avances, puisse se révéler être gay.

Bon, Don était gay… Et alors ? Le principal c’était qu’il soit heureux, et il n’y avait aucun doute qu’il l’était…

Mais à ce moment précis, à cause de lui, une ombre planait sur ce bonheur, une ombre qu’il devait dissiper au plus vite :

- Non ! Don, non ! Je suis juste un peu surpris… non… je suis très surpris ! Mais… Je n’ai aucun problème avec ça. Si cet homme te rend heureux c’est tout ce qui compte pour moi ! Et je serai ravi de l’accueillir dans la famille… Bon, j’avais déjà un frère, je n’en avais pas vraiment besoin d’un deuxième, mais on fera avec… ajouta-t-il pour détendre l’atmosphère.

A ces mots, les traits de Don se détendirent et un sourire radieux naquit sur ses lèvres : Charlie avait compris, Charlie était bien le petit frère qu’il espérait !

- Dis-donc… Mais qu’est-ce que tu ferais sans ton frère ? rétorqua-t-il d’un ton qu’il voulait rogue mais qui laissait simplement transparaître tout son amour pour son cadet.

- Tu as raison, répliqua Charlie soudain sérieux en pensant à ce qu’il avait ressenti lorsqu’il avait appris ce qui était arrivé, qu’est-ce que je ferais sans toi ?

Emu Don lui serra la main et ils restèrent quelques secondes sans parler. Puis Charlie s’aperçut qu’il n’avait toujours pas le fin mot de l’histoire et il réattaqua d’un ton ferme :

- Alors, qui est-ce ? Tu as dit que je le connaissais…

C’est ce moment que choisit Colby pour entrer dans la pièce. A travers la paroi vitrée il avait vu Don dans le fauteuil, Charlie étant dissimulé par le dossier de celui qui était adossé à la paroi. Il entra, ayant envie de passer un peu de temps avec son compagnon. Bien sûr il savait qu’il ne devait pas l’embrasser malgré l’envie qu’il en avait, les choses étaient très claires entre eux : pas de démonstration d’affection dans les bureaux ! Bien que l’équipe soit au courant de leur liaison, ils savaient que l’acceptation de leur couple était à ce prix. Si la hiérarchie venait à imaginer que leur relation entravait la bonne marche du service, l’un des deux serait automatiquement muté, Colby plus vraisemblablement, et ils n’avaient ni l’un ni l’autre envie de prendre ce risque. Mais rien ne l’empêchait de passer quelques minutes à siroter un bon café auprès de l’homme qu’il aimait.

Ce ne fut qu’une fois dans la pièce qu’il s’aperçut que Charlie était assis à côté de son frère. Il eut un mouvement de recul instinctif que le mathématicien ne perçut pas.

- Oh Colby ! Ravi de te revoir ! Comment vas-tu ?

Il y eut un moment de flottement. Colby interrogeait Don du regard : que fait Charlie ici ? que lui as-tu dit ? que sait-il ?

Le regard de l’agent blond passait alternativement de Charlie à Don, celui de Charlie de Don à Colby et celui de Don restait fixé sur son cadet, comprenant qu’à ce moment précis, le mathématicien fidèle à lui-même allait additionner un plus un… en l’occurrence : Don plus Colby égale couple. Le silence s’appesantit quelques secondes. Puis soudain Don vit un éclair dans les yeux de son frère, au moment même où Colby ouvrait la bouche pour demander :

- Tu lui as dit ?

Il se détourna alors prestement vers son amant, lui lançant un regard d’avertissement devenu bien inutile. Charlie venait de recoller les deux termes de l’équation ! La petite phrase de Colby avait suffi pour que le redoutable esprit de déduction du scientifique parvienne à la solution.

- C’est Colby ? s’exclama le cadet de Eppes. Tu veux dire que… toi et Colby… vous… Vous êtes en couple ?

Colby rougit jusqu’à la racine des cheveux.

- Tu ne lui avais pas dit ? murmura-t-il d’un ton penaud.

- Disons que je lui avais dit qu’il y avait un homme dans ma vie. Mais je n’avais pas encore eu le temps de lui dire de qui il s’agissait. Enfin… il savait l’essentiel, sourit Don.

- Colby ! tonna Charlie en s’avançant vers l’agent qui recula, un peu inquiet de cette réaction.

Cachant au mieux la lueur taquine qui brillait dans ses yeux, Charlie continuait :

- Alors comme ça tu as attendu que j’ai le dos tourné pour oser dévergonder mon grand frère ?

Colby eut un geste de défense. Il s‘étonnait : il n’aurait pas pensé que Charlie pourrait réagir ainsi. En même temps l’apparente nonchalance de Don devant l’attaque dont il semblait faire l’objet l’abasourdissait. Et puis soudain il remarqua les sourires et comprit qu’on le faisait marcher.

- Et oui, fanfaronna-t-il alors, j’ai dévergondé ton frère. Il faut dire que je n’ai pas eu à trop le prier… Et puis comme ça je suis sûr qu’il ne courra plus aucun danger. Je suis là pour veiller sur lui désormais. Je suis son garde du corps attitré…

Le mathématicien leva les mains en signe de protestation :

- Hé !!! Il y a des détails que je préfère ignorer je te signale ! rigola-t-il, tandis que Don rétorquait à son amant :

- Dans tes rêves oui… Je suis assez grand pour veiller sur moi !

Les deux hommes s’approchèrent l’un de l’autre et, ne pouvant s’embrasser à cet endroit, ils se contentèrent d’entrelacer leurs doigts. Charlie les regarda, attendri. Visiblement il y avait beaucoup d’amour entre ces deux là et ça le rendait heureux. Son frère méritait ce qu’il y avait de mieux. Et il semblait avoir enfin trouvé le bonheur.

- N’empêche… pour une surprise, reprit-il.

- Je sais, tu ne devais pas t’y attendre, lui dit Colby, un peu contrit. Ca a dû être un choc.

- Et bien je dois avouer que, lorsque Don a commencé à hésiter pour me parler de la personne qui partageait sa vie j’ai eu peur oui…

Il commença à pouffer de rire, sous les regards étonnés des deux amants.

- Quoi ? questionna Don, commençant à rire lui-même à voir son frère dans cet état.

- Tu sais ce que j’ai pensé pendant un instant ?

- Non, comment veux-tu ? articula Don, réjoui.

- J’ai pensé que…

Il s’interrompit, étouffé par les rires. Les deux hommes riaient à leur tour, sans comprendre, mais la gaité du mathématicien était communicative.

- J’ai pensé que… que… que… c’était Millie ! avoua Charlie avant de repartir de plus belle dans des éclats de rire.

- Millie ? Quoi Millie ? questionna Don, ne comprenant pas ce que sous-entendait son frère.

- Millie… J’ai pensé que… si… si tu n’osais pas… si tu hésitais… c’est parce que… c’était… Millie !!!

- Charlie, tu veux dire que…, s’étouffa l’agent, commençant à réaliser jusqu’où les petits neurones de son frère pouvaient aller.

- … oui ! J’ai cru un moment que tu sortais avec Millie ! explosa le consultant tandis que les deux agents éclataient à leur tour d’un rire tonitruant.

Ils restèrent ainsi un long moment à rire à gorge déployée, se souciant fort peu du spectacle étrange qu’ils présentaient aux personnes qui allaient et venaient de l’autre côté de la cloison et qui se demandaient quel sorte de mouche avait pu piquer ces trois hommes qui riaient à s’en tenir les côtes dans un lieu où ce que l’on côtoie quotidiennement ne prête certes pas à ce genre de manifestation.

Peu à peu cependant ils reprirent leur sérieux. Toutes les bonnes choses ont une fin. Mais ce moment de joie partagé avait définitivement dissipé le moindre vestige de malaise qui aurait pu perdurer entre eux. Désormais pour Charlie un nouveau paramètre venait de prendre place dans l’équation de sa vie : Don et Colby était un couple. Son frère était heureux avec l’homme de sa vie et il lui revenait de veiller sur ce bonheur chèrement acquis.

FIN


Voilà: Robin et Charlie sont au courant... pour la suite des aventures du couple, il va falloir attendre un peu; un volet (difficile) est bien entamé, l'autre (pour le moment très doux) est bien au chaud dans ma petite tête.

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 Sujet du message: Re: Mises au point - Numb3rs - Don/Colby - G
MessagePosté: 04 Sep 2010 17:43 
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Inscription: 17 Jan 2004 13:57
Messages: 11370
Localisation: ♫ J'ai longtemps cherché un paradis sur Terre... ♫
J'adore la réaction de Charlie à l'annonce de son frère, c'est clair que ça doit faire un choc d'apprendre un truc pareil !

Et Millie :lol: :lol: :lol: :lol: :lol:


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 Sujet du message: Re: Mises au point - Numb3rs - Don/Colby - G
MessagePosté: 05 Sep 2010 09:31 
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Slash ou non, telle est la question...
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Inscription: 07 Sep 2007 11:32
Messages: 923
Localisation: Sous une cascade
J'ai beaucoup aimé cette partie et la réaction de Robin et de Charlie :heart: :wouah:

BRAVO pour cette suite :bravo: :bravo: :bravo:

Valbone :ange:

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 Sujet du message: Re: Mises au point - Numb3rs - Don/Colby - G
MessagePosté: 05 Sep 2010 18:05 
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Je vois des PDE partout...

Inscription: 05 Juin 2009 06:55
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Localisation: Normandie
Merci à vous Cybelia et Valbone. Je suis contente que vous ayez apprécié cette petite parenthèse.
Finalement j'arrive aussi à écrire des trucs sans torture et sans sexe moi... :lol: :lol:

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 Sujet du message: Re: Mises au point - Numb3rs - Don/Colby - G
MessagePosté: 06 Sep 2010 14:41 
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Pas encore atteint(e)... mais presque
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Inscription: 01 Mai 2006 20:20
Messages: 1522
Classe cette petite parenthèse avec la réaction de Robin et de Charlie... surtout de Charlie!! :lol:

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 Sujet du message: Re: Mises au point - Numb3rs - Don/Colby - G
MessagePosté: 06 Sep 2010 20:56 
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Je vois des PDE partout...

Inscription: 05 Juin 2009 06:55
Messages: 7060
Localisation: Normandie
Merci Aléa...
La suite... euh... un de ces jours... :wink:

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 Sujet du message: Re: Mises au point - Numb3rs - Don/Colby - G
MessagePosté: 20 Avr 2011 19:05 
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Mais euh... kesk'ils font ces deux-là ?

Inscription: 01 Oct 2006 14:22
Messages: 348
Localisation: Bâle-Ville (Suisse)
J'ai bien aimé la discusion entre Don et Robin, mais aussi entre les deux frères.
Je suis aussi très contante que Robin aussi a trouvée son bonheure. Parce-que j'avait comme un peu peur qu'elle prend mal la relation entre Colby et Don.

Pour Charlie j'étais sur qu'il va bien le prendre. Parce-que Don est comme même son grand frère et en plus je pense que Charlie est une personne à l'ésprt ouvers.

Et maintenant je suis déjà très curieuse pour le 3ème Volet.

Je te dis bonne fêtes de pâques

Jeanny :bye:


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 Sujet du message: Re: Mises au point - Numb3rs - Don/Colby - G
MessagePosté: 20 Avr 2011 20:24 
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Je vois des PDE partout...

Inscription: 05 Juin 2009 06:55
Messages: 7060
Localisation: Normandie
Merci à toi Jeanny et pour le compliment et pour tes voeux...
J'avais envie d'un peu de douceur entre deux fictions plutôt dures, histoire de ne pas me perdre dans les méandres de mes côtés sombres... :mrgreen:
Je te souhaite à mon tour de joyeuses Pâques... :bye:

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