Forum - Le Monde du Slash

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Attention ! Les personnages utilisés dans nos fanfictions ne nous appartiennent pas, ils sont la propriété de leurs auteurs respectifs. De plus, nous ne connaissons pas les personnages réellement existants et nous n'avons aucune prétention à raconter leur vie privée : c'est de la pure fiction, rien de ceci ne doit être considéré comme vrai ! Enfin, qu'il soit bien clair qu'aucune fanfiction n'est publiée dans un but lucratif, nous n'en tirons aucun profit.


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Auteur Message
 Sujet du message: [Finie] Fifteen Years To Then / Smallville - Clark/Whitney / PG 13
MessagePosté: 21 Sep 2004 21:43 
Hors ligne
Mais euh... kesk'ils font ces deux-là ?
Avatar de l’utilisateur

Inscription: 21 Sep 2004 21:06
Messages: 132
Localisation: Somewhere over the rainbow
Salut...

Je suis nouveau sur le forum (découvert il y a peu...), fan de Smallville dont j'ai déjà écrit plusieurs fics classiques
Mais celle-ci n'étant pas publiable sur le forum habituel que je fréquente, je la poste ici
Ce n'est pas vraiment slash dans le strict sens du terme, mais elle met en scène 2 des personnages masculins de la série (Clark & Whitney - mais si je respecte les classifications, je devrais dir Clark/autre personnage masculin puis Clark/Whitney), sans scènes purement NC-17
A mon avis, seule la langue anglaise permet de vraiment faire du slash...

Je vous soumets donc ma fic, en plusieurs parties...
En espérant que cela vous plaira


FIFTEEN YEARS TO THEN

Disclaimer :

Smallville et ses personnages ne m’appartiennent pas
Smallville © The Warner Bros Television & DC Comics
Smallville created by Alfred Gough & Miles Millar


Superman et ses personnages ne m’appartiennent pas
Superman © DC Comics
Superman created by Jerry Siegel & Joe Shuster


Les chansons suivantes ne m’appartiennent pas :
Too Much Love Will Kill You by Queen (B. May/F. Musker/E. Lamers)
My Immortal by Evanescence (B. Moody/A. Lee)
My All by Mariah Carey (M. Carey/M. Carey & W. Afanasieff)
I Surrender by Céline Dion (L. Biancaniello/S. Watters)


Cette histoire n’existe que pour le plaisir des fans. Je n’ai pas été payé pour l’écrire et n’en tirerais aucun avantage lucratif

Droits :

Hormis les copyrights ci-dessus, cette histoire m’appartient dans sa totalité en vertu de la législation sur la propriété intellectuelle et de celle sur les droits d’auteur

Interdiction formelle de reproduire, d’utiliser et/ou de diffuser cette histoire sans l’autorisation expresse son auteur

Remerciements :

Merci à Nicolas et Sandrine (Chouchou et Loulou !) d’avoir bien voulu être mes bêta-readers
Merci à ma Matha Kent à moi…
Extra special thanks to you, The Canadian Guy (you know who you are !) Thank you for the inspiration. And for everything. I mean it

Message perso :

Tu vois Florent… Il ne faut jamais me dire : « chiche ? » Ca donne une fic comme celle-ci !

Bonne lecture !

******

Too much love will kill you - If you can't make up your mind
Torn between the lover - And the love you leave behind
You're headed for disaster - 'Cos you never read the signs
Too much love will kill you - every time
Too much love will kill you - Just as sure as none at all
It'll drain the power that's in you - Make you plead and scream and crawl
And the pain will make you crazy - You're the victim of your crime
Too much love will kill you - every time
Yes, too much love will kill you - It'll make your life a lie
Yes, too much love will kill you - And you won't understand why
You'd give your life, you'd sell your soul - But here it comes again
Too much love will kill you - In the end
In the end


******

(Mai 2005)

Jonathan Kent entra dans la chambre de son fils en ouvrant doucement la porte, la retenant avant que celle-ci ne craque comme à son habitude. Il découvrit Clark allongé sur son lit, endormi sur son côté, sa main gauche posée sur le livre qu’il était en train de lire avant de plonger dans le sommeil. Une seconde, il se demanda s’il n’avait pas rêvé quelques minutes auparavant, croyant entendre son fils… pleurer ?
Il s’approcha du lit, sans bruit, et son regard lui révéla ce que Clark lisait avant de s’endormir : le Smallville Yearbook 2005-2006. Tout comme il comprit qu’il n’avait pas imaginé les sanglots de son fils : les joues de Clark étaient encore humides des larmes qu’il avait versé. Jonathan se pencha et il vit que l’almanach du lycée était ouvert à la page consacrée au pianiste vedette de l’orchestre du lycée. Les doigts du jeune homme reposaient sur le visage souriant de Jeffrey Longstone, comme s’ils le caressaient… Jonathan sentit une angoisse familière devenir presque instantanément une certitude, une vérité douloureuse au premier abord, mais une vérité dont on comprenait en la réalisant qu’elle était attendue. Jonathan savait, il avait toujours su. Finalement, nos doutes prenaient forme à un moment. Et il était en train de vivre ce moment. La peine de Clark était au-delà de celle ressentie en raison du départ pour le Canada de son camarade de classe. C’était plus que cela, et il aurait du s’en douter. Depuis longtemps.
Le père de Clark contempla son fils avant de laisser échapper un profond soupir. Il laissa son regard traîner un long moment sur le visage de Clark, avant de se retourner lentement vers la porte et de s’avancer vers la sortie. La voix de Clark l’arrêta.
« Papa ? »
Jonathan prit une seconde, une seconde qui lui parut durer une éternité, avant de se retourner à nouveau vers son fils. Il lui fallu trouver la force de regarder Clark droit dans les yeux, avant de lui dire dans une forme de souffle :
« Clark… »
Son fils jeta un œil à l’almanach, avant de reporter un regard troublé sur lui. Il sembla même à Jonathan qu’il discernait de la… peur dans le regard de son fils. Et ça, il n’en n’était pas question. Jamais. Jonathan marcha donc jusqu’au lit, s’asseyant au bord.
« Papa je… »
La voix de Clark semblait sur le point de craquer, et ses yeux prêts à laisser à nouveau couler des larmes. D’autres larmes. Celles d’un adolescent qui serait subitement redevenu un petit enfant, une petit garçon déchiré par l’angoisse terrifiante de décevoir son père. Jonathan posa une main sur l’épaule de son fils, puis il l’attira à lui et le serra dans ses bras en lui murmurant :
« Tout va bien Clark…
- Je suis désolé
- Chut… Ne dis pas de bêtises, Clark »
Jonathan resserra l’étreinte autour de son fils, et il lui fit :
« Ne sois pas effrayé d’être… qui tu es. Je t’aime, Clark. Tu es mon fils. Je t’aime, et je t’aimerai toujours »

******

(Septembre 2004)

Portant un café dans la main, Chloé entra dans les locaux de La Torche accompagnée d’un grand jeune homme brun, aux cheveux coupés très courts, et dont le regard lumineux devait son éclat à ses magnifiques yeux gris.
« Nous y voilà, Jeffrey ! Voici mon antre ! »
Elle se retourna vers le garçon en riant et ajouta :
« Bienvenue à La Torche ! »
Jeffrey parcouru des yeux la pièce, et lui rendit son sourire, avant de lui demander :
« On va faire l’interview ici ?
- Oui, si cela ne te dérange pas. J’ai tout mon matériel dans ce bureau
- Sans problème !
- Bien. Allons nous asseoir alors ! »
Chloé marcha jusqu’à son bureau, suivi par Jeffrey, et elle l’invita à prendre place sur une chaise à côté de lui. Le jeune homme s’installa et il regarda la jeune fille approcher un tout petit magnétophone près d’eux, tout en allumant son ordinateur, auquel elle relia l’appareil. Une fois cela fait, et après quelques clics sur l’écran à l’aide de la souris, elle regarda Jeffrey.
« On y va ? »
Il s’installa un peu mieux et lui répondit :
« Quand tu veux ! »
Chloé enclencha la touche « REC. » de l’enregistreur.
« Bien. Peux-tu me dire quel… ? »
Clark entra en coup de vent dans la pièce, interrompant Chloé, faisant se retourner Jeffrey. Il les regarda tous les deux, gêné.
« Désolé, Chloé. Je ne voulais pas vous interrompre »
Chloé éteignit le magnétophone.
« C’est pas grave, on venait à peine de commencer »
Clark avança vers eux en montrant à Chloé une disquette.
« Est-ce que je peux imprimer un document ? J’en ai besoin pour le cours suivant, et j’ai oublié de le faire chez moi »
Chloé jeta un œil à Jeffrey, avant de s’emparer de la souris et de dire à Clark :
« Ok mon grand, mais dépêche toi ! »
Elle se leva pour laisser Clark accéder à l’ordinateur, et pendant qu’il insérait sa disquette dans l’unité centrale, elle lui fit :
« J’en profite pour te présenter Jeffrey Longstone, Clark »
Clark tourna la tête vers le jeune homme et lui fit un sourire en lui tendant la main :
« Salut, Jeffrey ! Ravi de te rencontrer ! »
Jeffrey s’empara de la main de Clark qu’il sera, laissant Chloé poursuivre les présentations.
« Jeffrey arrive du Colorado et il vient faire sa dernière année de lycée à Smallville »
Clark, le regard sur l’écran, se mit à sourire.
« Du Colorado ? Tu t’es perdu, Jeffrey ? »
Le jeune homme répondit simplement, dans un sourire également :
« Non, j’ai suivi mes parents. Ils voulaient… retrouver une vie plus simple
- Plus simple ? »
Clark posa des yeux perplexes sur Jeffrey, ce dernier reprenant :
« Ils voulaient quitter la grande ville. Dix sept ans à Chicago, c’était le maximum pour eux
- Je vois. Dans ce cas, bienvenue à Smallville, Jeffrey ! »
Clark porta ensuite son regard sur Chloé, alors que l’imprimante se mettait en route.
« Et tu le mets déjà sur le grill en le questionnant dès le premier jour ? »
La jeune fille croisa les bras en soupirant, et lui rétorqua :
« Non, Clark. Il se trouve que Jeffrey est un virtuose du piano et que je voulais en savoir plus afin de le présenter aux autres élèves »
Clark observa le jeune homme.
« Un virtuose ? »
Jeffrey eut un sourire amusé avant de dire :
« Je pense que Chloé exagère un peu… »
Elle se tourna vers lui, protestant :
« Je ne crois pas qu’un adolescent sachant jouer la plupart des symphonies de Beethoven de mémoire puisse être autre chose qu’un virtuose, Jeffrey »
Clark leva un sourcil, impressionné.
« C’est vrai ? »
Un peu mal à l’aise, Jeffrey approuva d’un hochement de tête en disant :
« C’est surtout beaucoup de travail avant tout
- Je veux bien te croire ! »
Clark tendit la main vers l’imprimante où il s’empara du feuillet qui venait d’en sortir, puis récupéra sa disquette.
« Merci beaucoup, Chloé ! »
Il porta le regard sur Jeffrey ensuite.
« Navré de vous avoir coupé dans votre interview
- Ce n’est rien, Clark
- Je vous laisse continuer d’ailleurs. Jeffrey, on se reverra sûrement. Chloé, encore merci ! »
En les saluant tous les deux d’un signe de la main, il s’éloigna vers la sortie. Chloé se rassit à sa place, et tendit la main vers la souris.
« Ok, à nous ! On y retourne ! »
Jeffrey fit entre ses dents, comme pour lui même :
« Waow… »
Intriguée, Chloé le dévisagea.
« Qu’est-ce qu’il y a ?
- Ils sont tous aussi mignons que Clark dans ce lycée ? »
La jeune fille, surprise, mit quelques secondes avant de réagir, le temps pour elle de bien assimiler toutes les informations que Jeffrey venait de lui donner en faisant cette simple remarque. S’adossant à sa chaise, elle lui demanda :
« Tu es gay ? »
Jeffrey eut un rire ironique.
« A ton avis ? »
Chloé eut un sourire.
« Tu dois être le premier lycéen que je rencontre qui n’a pas peur de révéler une chose aussi personnelle sur sa vie
- Il faut toujours une première fois, non ? »
Ils eurent un éclat de rire presque simultanément.
« Pourquoi me le dire, Jeffrey ?
- Par honnêteté. Et puis j’ai confiance : je pense que cet article sur moi que tu veux faire ne parlera que de mes études de piano, non ? »
Ils échangèrent un regard profond, avant que Chloé ne lui dise :
« Bien sur, Jeffrey »
Elle prit un moment, avant d’ajouter :
« Merci de ta confiance
- De rien. Si nous devions devenir amis, autant que les choses soient claires entre nous »
Jeffrey se pencha vers elle et, d’un ton de confidence, lui demanda :
« Sinon, Clark ? J’ai une chance ? »
Chloé sentit une petite pointe d’elle ne savait trop quoi lui piquer le cœur. Après deux secondes, elle lui fit :
« Pas une, j’en suis désolée
- Pourquoi cela ?
- Voyons voir, comment te dire cela sans te blesser ? Trop secret, trop compliqué, trop enfermé dans sa relation avec sa petite amie Lana
- Lana ?
- Oui, la fille avec qui il a joué au yo-yo pendant deux ans et demi avant de décider qu’il fallait peut-être se lancer vraiment… Bref ! Clark est trop… spécial. Ce n’est pas un garçon pour toi, Jeffrey »
Le jeune homme se renversa dans sa chaise, s’appuyant au dossier.
« Merci pour les infos, Chloé
- De rien ! Ah oui, une dernière info sur Clark ! Très utile…
- Quoi ?
- Il est hétéro ! »
Ils se fixèrent en silence une seconde, avant qu’ils n’éclatent de rire ensemble.

******

(Halloween 2004)

« Tu as fais quoi ?! »
Clark venait presque de crier. Incrédule, il dévisageait Lana qui se tenait face à lui, très mal à l’aise. Le loft lui parut soudainement trop étroit, comme si tout ce qu’il ressentait ne pouvait être contenu dans la pièce où ils se trouvaient tous les deux. Lana le fixait, et bien qu’elle ne semblait pas du tout apprécier ce qu’il se passait maintenant, elle n’en perdait pas la maîtrise d’elle même. Elle lui répéta d’un ton sans nuances :
« J’en ai parlé à Lex
- Mais enfin pourquoi ?! »
La jeune fille haussa le ton à son tour :
« Parce que j’avais besoin d’un avis extérieur à tout ce qu’il se passe entre nous, Clark !
- Et la seule personne qu’il t’es venu à l’idée de consulter c’est… Lex ?! »
Ils se toisèrent. L’atmosphère n’était plus du tout à la fête, comme ce qu’ils avaient pourtant prévu quelques jours auparavant. Un silence pesant se fit, silence que Clark brisa un moment après.
« Je ne te comprend plus, Lana
- Je n’ai fait que lui demander un avis, Clark
- Un avis ?! Mais comment Lex pourrait-il avoir un avis sur notre relation ? Ca ne concerne que nous, Lana ! »
Lana vint tout près de Clark et le regarda dans les yeux.
« Clark… Les choses ont changé. Trop changé. Je ne sais plus vraiment où j’en suis
- Et tu ne pouvais pas m’en parler à moi d’abord ?
- J’avais besoin des conseils d’un… adulte »
Clark eut une moue dubitative.
« D’un adulte ? Et tu as choisi Lex ?
- Clark…
- Non ! Je ne suis pas d’accord ! Tu n’aurais pas du faire cela, Lana ! »
La jeune fille sentit ses yeux s’embuer. Clark s’en aperçut, et il lui prit la main. D’un ton plaintif, il lui fit :
« Pourquoi ne m’en as-tu pas parlé d’abord, Lana ? »
Elle leva un regard plein de larmes vers lui, et il l’entendit parler dans un souffle douloureux.
« Parce que depuis que nous faisons l’amour, Clark, et à chaque fois que nous recommençons, je me dis que nous avons fait une erreur »
Clark resta sans réactions, se contentant de fixer sa petite amie. Mais les mots qu’elle venait de prononcer lui avait déchiré le cœur. Après un instant, sa main lâcha celle de Lana, et il se recula. Il la contempla un moment, drapée dans sa douleur, avant de lui demander d’un ton sourd :
« Une… une erreur ?!
- Clark… »
Lana fit une pause, un malaise émanant d’elle de façon tangible. Avec difficulté, elle reprit :
« Aussi proches que nous soyons devenus, il reste… une partie de toi que je ne connais pas »
Ils se fixaient, ne se quittant pas du regard.
« Et j’ai cette sensation…
- Cette sensation ? Quelle sensation Lana ?
- Celle de faire l’amour avec quelqu’un que je ne connais pas… vraiment »
Elle ajouta après un regard plein de peine et de frustration :
« Je ne le supporte plus »
Clark la dévisagea avec un masque d’incompréhension étalé sur tout son visage. Il ne comprenait pas. Non pas que Lana ait des… doutes sur le bien fondé de cette relation où l’honnêteté totale n’était pas de mise, mais sur le fait qu’elle en ait fait un problème et qu’elle ce soit confié à Lex. Ce fut en pensant à cela qu’il lui demanda :
« Et tu as parlé de cela avec… Lex ? »
En pleurant, elle hocha la tête.
« Oui. Je suis désolée, mais oui
- Comment as-tu pu enfin ?!
- Clark ! Je me sentais seule, perdue, et… et j’étais effrayée à l’idée d’en parler avec toi !
- Mais pas d’en parler avec Lex à ce que je vois !
- Clark, comprends moi, je… »
Il l’interrompit en levant la main.
« Non ! Ca suffit ! Je ne veux pas comprendre ! »
Il pencha la tête vers le sol, avant de regarder à nouveau Lana.
« Je… Lana je veux que tu t’en ailles
- Clark, non !
- Lana ! Je ne veux pas discuter de tout cela maintenant ! Je n’en suis pas capable ! Tout ce que je veux c’est être seul !
- Mais Clark…
- Je veux être seul, Lana ! »
Il avait presque crié à nouveau. Ils se regardèrent, dans un silence terrible, lui avec un regard furieux posé sur elle, et elle avec toute la détresse du monde dans ses yeux. Puis Lana se retourna et, s’avançant vers l’escalier, fit dans un sanglot :
« Je suis vraiment désolée, Clark… »
Il la regarda disparaître sans rien dire.

******

Jeffrey s’approcha de Clark et vint s’asseoir à côté de lui, posant un café sur la table. Il vit le regard du jeune homme se porter sur la tasse, puis sur lui, avant de replonger dans le livre qu’il lisait l’instant auparavant. En soupirant, Jeffrey lui fit :
« Tu as l’intention de ne rien dire de la soirée ? »
Clark releva la tête et observa Jeffrey.
« Pardon ?
- Clark, je sais que nous sommes là pour ce devoir de littérature, mais rien ne nous empêche de discuter d’autre chose
- De discuter ? De discuter de quoi ?
- Je ne sais pas… A notre âge, il devrait y avoir plein de sujets sur lesquels on ne devrait pas tarir, non ? »
Clark eut un regard perplexe, avant à nouveau de se reconcentrer sur sa lecture. Jeffrey fit doucement :
« On peut parler de Lana si tu veux… »
Il vit Clark poser son livre rapidement et le dévisager d’un air contrit.
« Je ne disais pas cela pour te mettre en rogne, Clark
- Alors pourquoi parlerait-on de Lana ?
- Parce que cette histoire te ronge, que tu es mal, et que si je peux t’aider ne serait-ce qu’un peu… Et bien je veux essayer »
Clark garda les yeux sur lui un petit moment, avant de s’emparer de sa tasse et de la porter à ses lèvres.
« Il n’y a rien à dire, Jeffrey. Lana et moi, c’est terminé ! »
Jeffrey le fixa droit dans les yeux
« Tu en es sur ?
- Qu’est-ce que c’est que cette question ? Evidemment que j’en suis sur !
- Ce que je voulais dire, c’est à qu’à voir tes réactions depuis quinze jours, on pourrait penser que non
- Mes… réactions ?
- Clark, tu t’énerves presque dès que l’on mentionne son nom, quand on peut le dire ! A peine essaye-t-on de parler de cette histoire avec toi que te voilà en train de te dérober !
- Ce n’est pas vrai !
- Alors pourquoi viens-tu de crier ? »
Un peu ahuri, Clark fixa Jeffrey sans rien dire. Quelques secondes plus tard, ce dernier reprenait :
« Je pense que tu devrais prendre le temps d’en parler avec elle
- Pourquoi faire ?
- Pour vous donner une seconde chance par exemple. J’ai cru comprendre que vous deux c’était plutôt compliqué, depuis longtemps…
- Une seconde chance ? Il y a bien longtemps que nous nous sommes donné une seconde chance. C’est trop tard !
- Clark…
- Non, Jeffrey, non ! J’ai assez souffert de cette histoire ! Lana a fait quelque chose que je ne comprends pas et je ne vais pas perdre encore mon temps à tenter de lui pardonner ! »
Jeffrey regarda Clark intensément.
« Elle a fait quoi ?
- Peu importe ! Elle n’aurait pas du
- Elle t’a trompé ?
- Jeffrey !
- Elle t’a trompé… »
Clark s’emporta, haussant le ton.
« Non ! Elle ne m’a pas trompé ! Mais à mes yeux c’est tout comme ! Maintenant je voudrais que l’on change de conversation s’il te plait, parce que je ne vois pas l’intérêt de parler de ça, surtout avec toi ! »
Un voile de gêne passa dans le regard de Clark lorsqu’il réalisa ce qu’il venait juste de dire, voile qui se mit à grandir lorsqu’il découvrit le visage blessé de Jeffrey. Il se mit à balbutier :
« Je… Jeffrey je ne voulais pas… dire que… »
Jeffrey se leva lentement et, d’un ton calme mais d’une voix légèrement tremblante, il lui fit :
« Voilà une façon bien injuste de finir une conversation… Mais c’est toujours comme cela avec toi Clark, n’est-ce pas ? »
Jeffrey le foudroya du regard, avant de s’éloigner vers la sortie en disant :
« Ferme la porte en partant »
Clark se leva.
« Jeffrey, non, attend ! »
Le jeune homme se retourna vers lui, furieux.
« Je crois que tu en as assez dit, Clark !
- Jeffrey…
- Que tu ne souhaites pas parler de ce qu’il se passe entre elle et toi, soit ! Garde ta douleur ! Mais de quel droit me lancer au visage que ce que je pourrais en penser n’a aucun intérêt parce que je ne suis pas hétéro ?
- Ce n’est pas ce que je voulais dire, mes mots ont dépassé ma pensée Jeffrey
- Bien sur… Vous êtes tous pareils ! Vous croyez être les seuls à pouvoir parler d’amour parce que vous pensez que nous, les gays, on ne parle que de sexe
- Jeffrey, écoute moi s’il te plait…
- Clark, stop ! »
Ils se contemplèrent, dans un silence pesant, avant que Jeffrey ne reprenne :
« Tu sais Clark, je pensais que tu étais différent. C’est pour cela que tu es un des rares dans ce lycée avec qui je souhaitais être ami… Je me suis trompé »
Clark avança vers lui.
« Jeffrey… Je suis désolé, sincèrement. Je te jure que je ne pense pas une seconde que tu puisses être différent de moi en quoi que ce soit »
A nouveau, ils se contemplèrent. Jeffrey finit par lui dire :
« Clark… »
Il fit un pas vers lui.
« Laisse moi s’il te plait… »
Les deux jeunes garçons se regardèrent, avant que Clark ne retourne à la table, ne ramasse ses affaires, et ne prenne la direction de la sortie en passant à côté de Jeffrey qui ne lui lança même pas un coup d’œil. L’instant d’après, Clark se retrouvait dans l’allée de la maison des Longstone, marchant vers sa voiture, se sentant désemparé à l’idée d’avoir blessé autant Jeffrey. Il allait monter dans le pick-up lorsqu’une mélodie parvint à ses oreilles : le son d’un piano. Il pensa que Jeffrrey devait s’être mis à jouer, pour oublier peut-être… Clark revint sur ses pas, et s’approcha de la fenêtre du salon où il se trouvait avec le jeune homme auparavant. A travers la vitre, il découvrit effectivement Jeffrey installé au piano. Il prit un instant pour le regarder, un instant pour découvrir toute la beauté qu’il y avait à voir le jeune homme ne faire qu’un avec l’instrument, ses yeux fermés, ses doigts agiles caressant les touches pour en faire naître le son dans les entrailles du piano. Jeffrey semblait ailleurs, il semblait être vraiment qui il était : un virtuose.

******

« Jeffrey ? »
Refermant son casier, le jeune homme découvrit Clark s’approchant de lui, fendant la foule des élèves du lycée présente dans le couloir. Lorsque ce dernier fut près de lui, il se contenta de le regarder sans rien dire. Un peu mal à l’aise, Clark lui fit :
« Salut, Jeffrey…
- Clark »
Ils se dévisagèrent en silence, avant que Jeffrey ne lui fasse :
« Tu voulais me dire quelque chose ?
- Oui, je… euh… je voulais m’excuser pour mon attitude de la dernière fois, lorsque nous étions chez toi pour ce devoir »
Jeffrey baissa la tête en soupirant.
« C’est bon, Clark »
Et il s’éloigna. Clark, un peu déstabilisé, l’attrapa par le bras, le faisant se retourner vers lui.
« Mais enfin Jeffrey, comment comptes-tu te faire des amis si on a même pas le droit de se tromper, ni l’occasion de pouvoir s’excuser ? »
Les deux jeunes garçons se regardèrent en silence, avant que Jeffrey ne reprenne :
« Tu marques un point, Clark »
Il sembla se décontracter un peu, et poursuivit :
« Je reconnais que parfois, je suis trop rancunier. Mais j’ai souvent souffert d’être… ce que je suis, on me l’a tellement reproché, que j’en arrive à être très intransigeant. Rien que dans ce lycée, les gens me font sentir à leur façon de me regarder que je suis… différent
- Tu ne devrais pas écouter les idiots qui te reproche d’être gay, Jeffrey. Laisse les gens sincères t’apprécier pour ce que tu es
- Oui, je sais. Mais il est difficile de rencontrer des gens sincères, Clark »
Jeffrey fit un petit sourire à Clark.
« A part toi, bien entendu ! »
Clark lui rendit son sourire, puis lui fit :
" Amis alors ? »
Le sourire de Jeffrey s’affadit lentement, à la surprise de Clark, qui lui demanda :
« Quoi ?
- Clark je… »
Une sorte de gêne se mit à flotter dans l’air.
« Jeffrey ? Qu’est-ce qu’il y a ?
- Je… il va m’être difficile d’être… ami avec toi
- Pardon ?! »
La surprise de Clark sembla augmenter la gêne de Jeffrey. Il ne baissa pourtant pas le regard et reprit :
« J’ai compris pourquoi ce que tu as dit la dernière fois m’avait autant touché, Clark. C’est parce que cela venait de…toi »
Dans l’esprit du jeune homme, une sorte de lumière se fit, et il réalisa de quoi Jeffrey était en train de lui parler. Et ça, c’était une idée qu’il n’avait jamais eut à affronter auparavant. Une idée qui faisait naître en lui des sentiments et des pensées indéfinissables. Gêné à son tour, Clark articula :
« Tu veux dire que… que je te… plait ? »
Jeffrey hocha la tête, sans perdre ses moyens, et ajouta :
« Je crois que c’est un peu plus que cela, Clark… »
Le silence revint, laissant les deux jeunes garçons se regarder l’un l’autre, mal à l’aise. Jeffrey finit par souffler :
« Je n’aurais jamais du te le dire…
- Non, c’est pas grave
- Tu n’es pas… choqué ? »
Clark prit le temps de réfléchir.
« Choqué ? Non ! Je suis… En fait, je ne sais pas ce que je suis ! Jamais personne ne m’avait dit, non, jamais un garçon ne m’avait dit que je pouvais être attirant à ses yeux. C’est plutôt… nouveau ! »
Clark ajouta dans un petit sourire :
« Et je suis content que tu me l’ais dit, Jeffrey. Cela me permettra de ne pas faire d’erreurs avec toi, et de te blesser sans le savoir »
Jeffrey eut à son tour un sourire et il lui fit :
« Pour que tout soit clair, et bien que je te trouve un peu plus qu’attirant, cela ne veut pas dire que je vais te sauter dessus, Clark ! »
Ils se mirent à rire, et Jeffrey ajouta :
« Les gens du Colorado savent se tenir quand même ! »
Un moment après, ils redevenaient sérieux, et Clark reprit la parole, d’un ton chaleureux :
« Merci de me l’avoir dit. Je peux comprendre ce que cela représente comme courage d’oser avouer cela à quelqu’un, Jeffrey
- Non, merci à toi, Clark
- Merci ? De quoi ?
- De n’être pas parti en courant… »
Ils eurent un regard profond l’un pour l’autre, avant que Jeffrey ne parte lentement à reculons en disant :
« Je dois y aller, j’ai cours »
Clark le regarda s’éloigner en lui disant :
« On se reverra Jeffrey ! »

******

(Décembre 2004)

Clark se réveilla brusquement, se redressant d’un coup dans son lit, dont les draps froissés, témoignage de son sommeil agité, se trouvaient à ses pieds. Il eut un battement de cils, le temps pour lui de revenir totalement à la réalité, puis il se laissa retomber en arrière dans le lit, en soupirant. Il se sentait dans un état… bizarre. Connu, mais bizarre. Le rêve qu’il venait de faire était encore bien présent à son esprit, et il ne le comprenait pas. Ou du moins, il lui semblait qu’une partie de lui ne souhaitait pas le comprendre… Surtout pas la fin. La seule chose parfaitement claire dans son esprit était qu’il s’agissait toujours du même rêve. Un rêve qui ne l’étonnait plus du tout.
Clark tourna la tête vers son radio réveil pour y lire l’heure. Puis, à l’aide de sa jambe, il tira les draps sur lui, se recoucha et se cala la tête dans l’oreiller, attendant de se rendormir. Il dut bien admettre cependant qu’il était dans un état… d’excitation certain, et que la gêne qu’il avait éprouvé lorsqu’il avait fait ce rêve pour la première fois s’était maintenant transformée en… désir et en envie. Mais avant tout, en curiosité.

******

Dans un coin de la bibliothèque du lycée de Smallville, Chloé, Jeffrey et Clark planchaient sur un devoir d’anglais, dans un silence relatif. Lisant un livre en tenant sa tête entre ses mains, Chloé finit par repousser le bouquin en soupirant.
« Je craque ! »
Jeffrey et Clark lui jetèrent un œil, la jeune fille leur expliquant :
« J’en ai marre ! Il me faut une pause sinon je vais entrer en surchauffe cérébrale ! »
Elle se leva, replaçant sa chaise, tout en demandant aux garçons :
« Je vais me chercher un café. L’un de vous deux est intéressé ? »
Jeffrey posa son crayon et leva la main :
« Moi ! Et un grand ! Non, un énorme café s’il te plait
- Ca ira pour moi, Chloé »
La jeune fille s’éloigna sur un signe de tête :
« Je reviens dans dix minutes, les gars ! »
Jeffrey se replongea dans son devoir, reprenant son crayon en main, sous le regard étrangement troublé de Clark qui ne le quittait pas des yeux. Après un instant, il lui fit :
« Jeffrey ? »
Concentré sur son devoir, le jeune homme ne releva pas la tête, se contentant de dire :
« Mmmh ?
- Je voudrais te… parler de quelque chose »
Il y avait une sorte de malaise perceptible dans la voix de Clark, mais Jeffrey ne sembla pas s’en rendre compte. Sans quitter sa copie des yeux, il demanda à Clark :
« Je t’écoute »
Clark prit le temps de réfléchir puis il lança d’un trait :
« Je n’arrête pas de rêver que nous faisons l’amour »
La mine du crayon de Jeffrey se cassa sur la feuille où il écrivait et il leva un visage ahuri vers Clark. Découvrant que ce dernier ne plaisantait pas, il posa son crayon et se pencha sur la table où il s’appuya de ses coudes, ramenant ses mains sous son menton. D’un ton très calme, il lui fit :
« Ok. Je t’écoute vraiment, Clark »
Clark fixa un instant Jeffrey, rassemblant ses pensées.
« Je fais souvent le même rêve ces derniers temps. Les lieux changent, mais pas…
- Pas… ?
- Pas ce que nous faisons »
Clark marqua une pause, avant de poursuivre :
« En général, nous discutons d’abord »
Jeffrey se pencha en arrière dans sa chaise et fit :
« D’abord ?
- Avant de… »
Clark baissa le regard. Jeffrey lui demanda :
« Avant de passer à l’action ?
- On va dire cela comme ça… »
Clark ouvrit la bouche, mais rien n’en sortit.
« Si cela n’est pas facile, Clark, on peut en parler plus tard
- Non, non, ça va. Je me sens juste… bizarre. Je n’aurais jamais cru avoir ce genre de conversation avec toi
- Pour être honnête, moi non plus ! »
Ils se mirent à rire un peu bêtement, avant de reprendre leur sérieux. Jeffrey reprit :
« De quoi parlons nous, Clark ? Dans le rêve, je veux dire
- De… sexualité
- De sexualité ?
- Oui. En fait, je… je te demande de… Je te demande de m’expliquer l’homosexualité »
Jeffrey haussa les sourcils.
« De t’expliquer… ? Mais… comment ? On ne peut pas expliquer l’homosexualité ! »
Clark eut un sourire coincé et avoua :
« Dans le rêve, tu… me l’expliques très bien
- Comment cela ?
- Euh… »
Jeffrey comprit alors ce que Clark essayait de lui dire voyant le jeune homme rougir un peu. Il fit simplement :
« Oh ! Je vois… »
Un long silence plana sur eux, devant pesant. Clark le brisa en disant :
« Dis quelque chose Jeffrey, parce que je me sens assez mal, là »
Jeffrey se rapprocha de la table, entrouvrit la bouche, mais à son tour, ne put sortit aucun son. Il se contenta de fixer Clark.
« Jeffrey ?
- As-tu… ? Avais-tu jamais fait ce genre de rêve avant ? »
Clark jeta un regard autour de lui, puis reposa ses yeux sur Jeffrey. Avec une espèce de difficulté à s’exprimer, il fit :
« Une fois. J’avais quinze ans, je n’y ai pas fait plus attention que cela, et puis cela ne s’était jamais reproduit. Je ne sais pas pourquoi je rêve de cela à nouveau, ni pourquoi… tu es celui avec qui je… découvre tout cela. Je ne comprends pas ce qui m’arrive, et pour une des rares fois de ma vie, cela ne m’effraie pas. Parce que c’est toi, et que ton… expérience me laisse à penser que tu pourrais m’expliquer tout ça »
Jeffrey n’ajouta rien, se contentant une fois de plus de simplement fixer Clark.
« Je suis désolé de… t’ennuyer avec ça, Jeffrey, mais je ne voyais pas à qui parler de cela à part toi
- Tu ne m’ennuies pas du tout Clark, et je suis plutôt content que tu te sois confié à moi
- Alors qu’est-ce que tu en penses ? »
Jeffrey passa sa main par dessus la table et la posa sur celle de Clark. D’abord surpris, Clark, dont le cœur battit un peu plus vite au contact de cette autre peau contre la sienne, fit un sourire timide à Jeffrey, que ce dernier lui rendit. Il essaya d’entremêler ses doigts avec ceux du jeune homme, mais Jeffrey retira sa main, apparemment troublé.
« Clark… Je crois que tout se résume en une question : as-tu envie de… de vraiment faire l’amour avec moi ? Parce que tout cela ne veut peut-être rien dire. Ce n’est peut-être qu’un… rêve de frustration sexuelle. Tu sors d’une relation difficile… Cela pourrait être un moyen qu’a ton cœur ou ton esprit pour… décrocher
- Pour décrocher ? De Lana ?!
- Je sais, je sais… C’est l’explication la plus stupide qu’il soit ! Mais en fait, Clark, je suis aussi… perdu que toi. Je ne comprends pas ce qu’il t’arrive. Et surtout pourquoi… je suis celui qui te hante dans ton sommeil. Je… j’en reste à ce que je viens de dire : as-tu envie de faire l’amour avec moi ? C’est la seule question que tu dois te poser. Si la réponse est non, alors ne te prends pas la tête la dessus : ce n’est qu’un rêve »
Jeffrey l’observa un moment, avant de reprendre son crayon en main et de faire mine de se remettre au travail. Clark laissa ses yeux se perdre dans ceux de Jeffrey et, d’une voix un peu cassée, il murmura :
« Oui… »
Jeffrey laissa le sentiment qui l’envahissait le submerger. Avec une voix similaire à celle de Clark, incrédule, il lui fit :
« Oui ? Comment cela… oui ? »
Clark se pencha légèrement vers lui.
« Oui, j’ai envie de faire l’amour avec toi »
Le silence qui se fit fut le plus pesant qu’ils n’aient jamais vécu. Il leur sembla qu’une éternité s’envolait, et qu’ils n’étaient plus que tous les deux en ce point précis de l’univers. Clark et Jeffrey ne purent cesser de se regarder.
« Qu’est-ce qu’il se passe les gars ? Vous faites une de ces têtes ! »
Ils tournèrent tous deux la tête vers Chloé qui revenait, portant deux cafés dans ses mains, et qui les regardait d’un air étrange. Jeffrey lui répondit d’une voix absente :
« Rien… Tout va bien. Merci pour le café, Chloé »
Il prit le gobelet que la jeune fille lui tendait et baissa les yeux vers son livre. Chloé s’assit en jetant un coup d’œil intrigué à Clark qui se replongea à son tour dans son devoir d’anglais, la laissant perplexe.

******

Clark, courant, rattrapa Jeffrey qui s’apprêtait à sortir du lycée.
« Jeffrey ! »
Le jeune homme se retourna vers lui, arborant un air fermé.
« Clark…
- Je… On devrait se parler, non ?
- Je n’ai pas le temps »
Clark le dévisagea, déçu. Il lui parla sur un ton similaire.
« On va laisser la conversation de la bibliothèque en suspend ? »
Jeffrey ajusta la bandoulière de son sac à dos sur son épaule, et lui répondit :
« Non… mais je n’ai pas le temps, là
- Quand alors ?
- Clark, je dois aller bosser. Les pizzas ne se livrent pas toutes seules »
Il s’éloigna, laissant Clark désemparé sur les marches de l’entrée du lycée.

******

Clark s’empara du téléphone sans fil posé sur son socle et dit d’une voix forte :
« Maman ? Papa ? J’offre la pizza ce soir ! Ca vous va ? »
Il entendit la voix assourdie de sa mère venue de l’arrière de la maison lui répondre :
« D’accord mon chéri ! Merci ! »
Clark composa alors un numéro sur le téléphone, et attendit. Il venait de décrire à son interlocuteur sa commande lorsqu’il demanda :
« Excusez moi, mais qui est le livreur ce soir ? »
Une surprise se fit entendre dans la voix de la personne au bout du fil.
« Le livreur ?
- Oui, qui livre les pizzas ce soir ? »
Il y eut un blanc au téléphone, avant que la personne ne reprenne :
« Vous avez eu un problème avec un de nos livreurs, Monsieur Kent ?
- Euh, non. Pas du tout ! C’est juste pour savoir…
- Pour savoir ?
- Je connais l’un d’entre eux, c’est un camarade de classe, et s’il se trouvait que ce soit lui, je voudrais lui… en profiter pour lui passer un… devoir »
Clark entendit un bruit de pages que l’on feuillette, puis on lui demanda :
« Quel est le nom du livreur que vous connaissez s’il vous plait ?
- Longstone, Jeffrey Longstone
- C’est lui qui est de service ce soir, Monsieur Kent »
Clark se mit à sourire, et avant de raccrocher fit :
« Merci beaucoup ! »

******

Clark sortit sur le perron de la maison au moment où Jeffrey sortait de sa voiture, portant la pizza qu’il venait livrer chez les Kent. Il prit le temps de regarder Clark, le jeune homme face à lui faisant de même.
« Tu l’as fait exprès, n’est-ce pas, Clark ? »
Le jeune homme lui fit un sourire.
« J’avais vraiment envie de te voir et de te parler »
Jeffrey monta le marches et s’arrêta.
« Faut-il vraiment poursuivre la discussion de la bibliothèque ?
- Non, je voudrais aller… au-delà de cette conversation, Jeffrey »
Le visage de Clark se fit très sérieux. Il avala sa salive difficilement et murmura :
« Jeffrey je… »
Jeffrey observa Clark quelques secondes, avant de poser la pizza sur la rambarde du perron. Il avança ensuite vers Clark en murmurant à son tour :
« Aller au-delà ? D’accord, Clark. Assez de paroles… »
Emporté par le désir qui l’envahissait, attisé par celui qu’il voyait dans les yeux de Clark, Jeffrey vint tout près de lui et…

(à suivre)

_________________
"Don't dream it, be it!" [Franck 'N Furter in The Rocky Horror Picture Show]


Dernière édition par Jcj le 05 Déc 2010 18:18, édité 2 fois.

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MessagePosté: 22 Sep 2004 10:06 
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Mais euh... kesk'ils font ces deux-là ?
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Localisation: Au fond des bois ac une p'tite Reinette ..
Kikou !
:bienvenue: puisque t'es nouveau (t'es un garçon ?)
Tu pourras aller te présenter dans l'endroit Présentation ? ça serait plus cool pour te connaître.
Sinon, je suis pas fan de Smallville mais j'ai quand même lue ta fic, que je trouve assez bien.
C'est bien décrit (les sentiments et tout ça...).
Mais comme je l'ai déjà dit il me manque quand même de connaîre beaucoup mieux les persos parce que je n'ai regardé que qql épisodes.
Mais euh... En fait j'ai l'habitude de voir du Lex/Clark puisque les :pde: ne manquent pas.
Ça me fait bizarre de le voir avec qqn d'autre lool.
Citation:
La mine du crayon de Jeffrey se cassa sur la feuille où il écrivait et il leva un visage ahuri vers Clark

Ça m'a bien fait marre ça, j'imaginais la tête du gars ... lol
Sinon je trouve que tu écris très bien, et s'il y a une suite je me ferais un plaisir de la lire

DDL

_________________
http://johnpinson.skyblog.com
********
Je vais t'arracher les membres avec de l'eau plate.


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MessagePosté: 22 Sep 2004 10:39 
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Mais euh... kesk'ils font ces deux-là ?
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Inscription: 06 Juin 2004 09:07
Messages: 487
Localisation: dans le même lit qu'Aragorn ^^
Citation:
Too much love will kill you - If you can't make up your mind
Torn between the lover - And the love you leave behind
You're headed for disaster - 'Cos you never read the signs
Too much love will kill you - every time
Too much love will kill you - Just as sure as none at all
It'll drain the power that's in you - Make you plead and scream and crawl
And the pain will make you crazy - You're the victim of your crime
Too much love will kill you - every time
Yes, too much love will kill you - It'll make your life a lie
Yes, too much love will kill you - And you won't understand why
You'd give your life, you'd sell your soul - But here it comes again
Too much love will kill you - In the end
In the end




:bravo: :bravo: :bravo: :bravo:

J'adore ta fic !!!!! ça nous change des Clark/Lex
:suite: :suite:

_________________
All I want is you ...
Image Image
une conscience ? pas besoin ^^ CQOPC !


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MessagePosté: 22 Sep 2004 16:47 
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Mais euh... kesk'ils font ces deux-là ?
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Inscription: 21 Sep 2004 21:06
Messages: 132
Localisation: Somewhere over the rainbow
Merci pour vos commentaires :oops:

Voici la suite...


******

Clark regarda Jeffrey éloigner son visage du sien, comme paralysé. Un sourire était imprimé sur les traits du jeune homme en face de lui, sourire qui parut s’agrandir lorsque ce dernier découvrit l’étonnement de Clark. Ils restèrent un long moment silencieux, se regardant, laissant toute l’émotion et la magie du moment les bercer. Parce que pour Clark, il s’agissait un peu de cela : ce qu’il venait de se passer était… magique.
« Clark ? »
Jeffrey le dévisageait avec toujours ce même sourire. Il attendit une seconde, s’assurant d’avoir toute l’attention du jeune homme, avant de lui dire :
« Ca va ? »
La gorge nouée par l’émotion, Clark hocha la tête en signe d’acquiescement, ne pouvant clairement s’exprimer à voix haute. Jeffrey se mit à rire, puis se retourna vers la rambarde du perron de la ferme des Kent où il avait posé la pizza qu’il venait livrer. La saisissant, il la tendit à Clark.
« J’espère qu’elle ne sera pas trop froide… »
Clark s’empara du carton que Jeffrey lui tendait et tous les deux se retrouvèrent à le tenir, face à face.
« Jeffrey, je… »
Le camarade de lycée de Clark, attendit la suite, son regard plongé dans celui du jeune homme debout devant lui. La main de ce dernier glissa le long du carton à pizza, venant toucher la sienne.
« Oui, Clark ? »
Clark se mit à lui sourire.
« Pourquoi… as-tu fais cela ? »
Jeffrey observa Clark avec une forme d’ironie dans le regard, avant de baisser celui-ci vers leurs deux mains qui se touchaient. Il fixa ensuite à nouveau le jeune homme en lui disant :
« Parce que j’en avais envie. Depuis longtemps. Et toi aussi »
Un sourire de Clark vint répondre au sien, avant qu’il ne lui dise :
« Merci
- Merci ? Pourquoi ? Pour la pizza ? Pas de problème, Clark ! C’est mon job ! »
Le sourire de Clark se fit amusé.
« Non, Jeffrey. Merci pour le … baiser »
Le jeune livreur entremêla ses doigts avec ceux de Clark
« De rien, Kent ! Pour une première fois, c’était pas mal ! »
Ils se regardèrent un instant, avant que Jeffrey ne lui laisse le carton dans les mains.
« Je vais devoir y aller. J’ai d’autres livraisons »
Il recula, avant de descendre les marches, et de repartir vers sa voiture. Mais après trois pas, il s’arrêta et se retourna vers Clark.
« Clark, je… »
Emporté par le désir et les sentiments que tout cela provoquait au fond de lui, et par l’hésitation de Jeffrey, Clark fit promptement :
« Oui ?
- Maintenant que… Enfin je veux dire… Bon ! Tu aimerais qu’on se revoit ?
- Qu’on se revoit ?
- Oui. Pour discuter de ce qu’il vient de se passer… Entre autre »
Le visage de Clark s’illumina, et d’une petite voix chaleureuse il répondit :
« Bien sur, Jeffrey
- Cool ! Tu m’appelles ?
- Je t’appelle… »
Après un dernier sourire éclatant à Clark, le jeune homme s’éloigna à nouveau vers sa voiture, mais revint sur ses pas encore une fois.
« Clark ?
- Oui ?
- C’était comme dans ton rêve ? »
Un sourire immense apparut sur le visage de Clark.
« C’était mieux que cela, Jeffrey… »
Le jeune livreur lui rendit son sourire et monta dans sa voiture, cette fois-ci pour de bon. Clark le regarda s’en aller, puis retourna à l’intérieur de la maison, où il fut accueillit par sa mère.
« Ca va Clark ? »
Avec un sourire dont il n’avait même pas conscience, il lui répondit :
« Très bien maman, ça va très bien ! »

******

(Février 2005)

Se déplaçant dans le lit, Clark serra Jeffrey contre lui, l’entourant de ses bras, et il lui embrassa le front amoureusement. Le jeune homme leva des yeux rieurs vers lui, avant de le prendre à son tour dans ses bras, et de l’embrasser tendrement. Lorsqu’il cessa son baiser, il lui fit :
« Mes parents devraient partir plus souvent, non ? »
Clark se mit à rire, avant de caresser le dos de Jeffrey.
« Je ne sais pas…
- Comment cela tu ne sais pas ?
- On… fait ça si souvent. Ca nous freine quand même un peu ! »
Et Clark éclata de rire, Jeffrey lui donnant une tape sur l’épaule. Puis il attira Jeffrey à lui et il l’embrassa, laissant son baiser devenir passionné. Jeffrey s’écarta de lui ensuite.
« Tu sais que tu embrasses très bien ?
- Tu sais que j’ai encore envie de toi ? »
Clark prit la tête de Jeffrey entre ses mains, et l’embrassa de plus belle. Les deux garçons se rapprochèrent encore, leurs deux corps se pressant l’un contre l’autre, et ils laissèrent le désir les guider une fois de plus.

******

(Mai 2005)

Jeffrey serrait Clark si fort contre lui qu’il avait l’impression qu’il allait lui faire mal s’il continuait. Mais il ne voulait pas le lâcher, comme si le fait de rester tous deux là, ainsi, l’un dans les bras de l’autre, allait changer les choses et faire qu’il ne soit pas obligé de s’en aller. Mais non. La voix brisée, il lui fit d’un ton morne, murmurant à son oreille :
« Je dois y aller Clark »
Il sentit Clark resserrer un peu plus l’étreinte, avant de s’écarter de lui et de le regarder avec une tristesse dans le regard qui lui fendit le cœur en deux, vraiment. Comme si cela allait tout expliquer, il ajouta de la même voix :
« Mon avion n’attendra pas… »
Tenant la main de Clark, Jeffrey se recula légèrement et ramassa son sac de voyage dont il passa la bandoulière autour de son épaule. Les deux garçons se fixèrent ensuite, longuement. Clark vint contre Jeffrey et l’embrassa une fois encore, le prenant dans ses bras une fois encore, voulant le garder près de lui une fois encore… Mais c’était la dernière fois, et ils le savaient tous les deux. Lorsque leur baiser fut achevé, Clark caressa la joue de Jeffrey, et il plongea son regard dans celui larmoyants de son petit ami. D’une voix chaude, douce et pleine d’affection, il lui murmura lentement :
« Je t’aime, Jeffrey »
Des larmes roulèrent sur le visage du jeune homme, avant qu’il ne dépose un tendre baiser sur les lèvres de Clark en disant d’une voix émue :
« Je t’aime aussi, Clark »
Et il s’éloigna d’un coup, rapidement, sans se retourner pour ne pas avoir à souffrir plus que ce qu’il ne souffrait en cet instant, mettant ainsi fin à quelques mois de bonheur en descendant les marches du loft de Clark.

******

(Octobre 2006)

Whitney se recroquevilla dans un des coins du cachot où il se trouvait, se tassant sur lui même. Une peur viscérale lui nouait les intestins, une peur comme il n’en n’avait pas éprouvé depuis des années. Dans son esprit, tentant de chasser ce sentiment qui le paralysait, il essayait aussi de comprendre ce qu’il se passait au-delà de la porte de sa cellule, dont la lumière qui lui parvenait par le dessous de celle-ci l’éblouissait.
Il y avait d’abord eu les cris, puis les explosions, et toutes ces rafales de tir d’armes automatiques. Un vraie petite guérilla semblait se dérouler dehors et il ne comprenait pas pourquoi. Il entendait crier ses détenteurs, mais aussi les cris d’autres personnes. Et ces autres personnes semblaient crier en… américain. Un espoir fou s’empara de lui, bien qu’une partie de sa conscience s’empressa d’anéantir ce sentiment, et il resta seul, avec sa peur.
A l’extérieur, le silence se fit, pesant et dérangeant. La peur de Whitney augmenta encore, surtout lorsqu’il se rendit compte que des pas, qu’il percevait parfaitement, s’approchaient de sa cellule. Il vit une ombre passer devant la porte, avant que cette dernière ne s’ouvre brusquement, laissant une lumière aveuglante pénétrer le réduit où il se trouvait. Whitney se tassa un peu plus sur lui même, instinctivement, et il retint son souffle. Il entendit marcher vers lui, vit une ombre derrière ses paupières closes, et l’instant d’après une main se posait sur son épaule. Malgré lui, sa voix cria :
« Non ! Laissez moi ! »
Bizarrement, la pression sur son épaule se fit plus… affectueuse, et une autre main s’empara de la médaille d’identification qu’il portait autour du cou. Les secondes suivantes, il entendit une voix parlant dans sa langue lui dire :
« Ne crains rien, Marine… »
Whitney ouvrit les yeux et releva lentement la tête. Le soldat en face de lui était en contre jour, comme auréolé de lumière, mais il vit quand même le sourire qu’il arborait et Whitney pensa que c’était là le plus beau sourire du monde, la plus belle des choses qu’il n’avait jamais vu. Les années passées ici se bousculèrent en souvenirs dans sa mémoire, et il sentit l’espoir fou de se dire que tout cela était fini lui amener une furieuse envie de pleurer dans les yeux. La voix qui lui avait parlé peu avant reprit :
« Tu rentres au pays, soldat ! »
Whitney éclata en larmes.

****

(Novembre 2006)

Chloé entra en coup de vent dans la chambre d’étudiant de Clark, sans même prendre la peine de frapper à la porte. Ce dernier, assis à son bureau en train de pianoter sur son ordinateur, eut un sursaut, tout comme le jeune homme assis sur le lit, qui lui laissa tomber le livre qu’il tenait entre ses mains. Clark se retourna vers elle, furieux.
« Ca va pas la tête ?! Qu’est-ce que c’est que ces façons d’entrer ? »
Chloé semblait dans un état second. Elle répondit d’un trait :
« Désolé, Clark ! Mais là, tu ne vas pas le croire ! »
Un petit silence se fit. Le jeune homme sur le lit ramassa son livre, puis jeta un coup d’œil incertain à Clark en lui disant :
« Je ferais peut-être mieux de vous laisser, Clark. On reprendra l’exercice plus tard, d’accord ? »
Clark lui fit un sourire gêné.
« Ok, Mark… Quand tu veux »
Chloé, comprenant qu’elle venait de s’imposer avec la grâce et le style propre à un bulldozer traversant un mur, fit un pas en avant et s’excusa :
« Je ne voulais pas vous interrompre, pardon… Mais c’est important ! »
Mark lui rendit un sourire poli et, tout en rangeant ses affaires, lui répondit :
« C’est pas grave, Chloé… »
Il lança un dernier regard à Clark en lui disant :
« A la prochaine, Clark »
Et il sortit de la pièce sans se retourner. Lorsqu’il fut sortit, Clark se leva et demanda à son amie :
« Ok, Chloé ! Qu’est-ce qu’il se passe ? »
La jeune fille lui tendit un papier tout en lui expliquant d’un ton fébrile que Clark connaissait bien :
« J’ai imprimé cet e-mail dès que je l’ai lu !
- Et que dit-il ?
- Lis-le, Clark ! Tu ne vas pas le croire ! »
Ce que fit Clark. Et effectivement, il eut du mal à le croire. Chloé prit une forme de plaisir à voir les traits du jeune homme changer à mesure qu’il découvrait la nouvelle, traits qui affichèrent bientôt une totale stupéfaction. Clark releva la tête et la questionna, incrédule :
« C’est… impossible ! D’où sors-tu cela ?
- Ma cousine Loïs qui travaille au Daily Planet me l’a envoyé. Parce que cela concerne Smallville »
Clark relut rapidement le mail, avant d’ajouter :
« C’est réellement vrai ?! »
Chloé hocha la tête et lui répondit :
« Oui, Clark. C’est vrai. Whitney Fordman vient d’être retrouvé en Afghanistan »
Elle marqua une très courte pause avant d’achever :
« Vivant »

******

(Août 2010)

Whitney se réveilla brusquement, sentant une douleur dans son cou, entendant comme un grincement dans ses cervicales lorsqu’il releva la tête. Il se redressa dans le fauteuil où il s’était endormi, et descendit ses jambes de la chaise qu’il avait approché pour pouvoir les y allonger. Il se frotta les yeux, le visage, avant de porter son regard vers le lit, soudainement inquiet.
La première chose qu’il nota fut que la perfusion était sur le point de s’achever. Il se leva et avança vers le lit. Quand tous ses mouvements s’interrompirent alors qu’il découvrait le visage du jeune homme qui dormait dans le lit. Un instant paralysé, physiquement et consciemment, il sentit une tristesse immense naître dans son cœur et envahir tout son corps. Des larmes emplirent ses yeux…
Whitney vint tout contre le lit et tendit la main lentement vers le bras du jeune homme reposant dans les draps. Lorsqu’il le toucha, il comprit qu’il s’en été allé. Un sanglot douloureux enfla dans sa poitrine, avant d’éclater bruyamment dans sa gorge, et Whitney s’effondra. Il se laissa tomber sur le lit, en pleurs, s’allongeant à demi sur le jeune homme qui dormait désormais d’un sommeil éternel. Il l’entoura de ses bras, et laissa sa peine s’échapper de lui en torrents de larmes.

******

(Avril 2016)

Loïs Lane se leva de la chaise qu’elle occupait face au bureau de Clark et posa dessus l’enveloppe que le jeune homme lui avait tendu il y a un quart d’heure, lors du début de leur conversation. D’un ton enjoué, elle lui fit :
« Appelle ta mère Clark, et vas-y
- Pardon ?
- Appelle ta mère et vas-y ! Prends toi une semaine chez toi, loin de Metropolis, loin du Daily Planet, loin de tout ! Ca ne te fera pas de mal de revoir tes anciens camarades, comme il y a cinq ans déjà. Et j’ai dit une semaine, pas un week-end, ok ? Déjà que tu n’y vas presque jamais !
- Mais… et les articles en cours ? »
Loïs lui fit son sourire tout va bien, que le jeune homme trouvait de plus en plus séduisant au fil des ans, et elle lui répondit :
« J’ai un scoop pour toi, monsieur le futur grand reporter : Le Daily tournait sans toi avant que tu n’y travailles. Incroyable, non ? Alors on pourra bien se passer de toi une semaine, Clark ! »
Les deux amis se regardèrent en riant. Loïs s’avança ensuite vers la porte en disant :
« Amuse-toi bien, Clark ! Et passe le bonjour à ma chère cousine Chloé ! »
Mais juste avant de sortir, elle se ravisa. Plongeant son regard dans celui de Clark, elle lui fit d’un ton impératif :
« Et s’il te plait, Clark : pas de casse cette fois, d’accord ? »
Elle sortit du bureau. Resté seul, Clark fit tournoyer entre ses doigts l’enveloppe à entête de son ancien lycée, à Smallville, l’air pensif un moment. Au fond de lui, il souhaitait se rendre à cette soirée en l’honneur de sa promo du lycée, mais il savait aussi que retourner à Smallville c’était affronter le passé, un certain passé, un passé qu’il pensait oublié, alors que la simple évocation mentale de tout cela en cet instant lui prouvait que non. De plus, au-delà de quelques craintes qu’il sentait bien présentes à l’idée de rentrer chez lui, un autre sentiment le poussait à accepter l’invitation : Clark se disait que peut-être, avec le temps écoulé…
Il se saisit de son portable et appela sa mère. Ce fut le répondeur qui décrocha, et comme à chaque fois, Clark eut un pincement au cœur triste et nostalgique en entendant la voix de son père déclamer l’annonce d’accueil. Cette voix, qui lui manquait tant parfois, ouvrait à chaque fois l’écrin de souvenirs de son cœur. Il pensa que finalement, aller à cette soirée était une bonne idée : ces souvenirs lui feraient du bien. Clark entendit les derniers mots de l’annonce du répondeur, se disant que sa mère ne le changerait probablement jamais, puis il attendit le bip, et il laissa un message :
« Salut maman, c’est moi. Je t’appelle parce que je viens de recevoir l’invitation du lycée pour la soirée des quinze ans de la promo 2001. Comme je pense m’y rendre, je voudrais te demander (…) »

******

(Juin 2016)

La brise printanière qui soufflait ce jour là, poussant de grands nuages blancs interminables dans le bleu du ciel, donnait à l’atmosphère une note plus fraîche en ce premier jour de l’été. L’impression était même amplifiée par la pluie de la veille qui avait laissé un peu partout une rosée brumeuse. Il faisait bon se promener et flâner en ce beau matin de juin, à Smallville.
Clark et sa mère remontaient une allée gravillonnée, marchant cote à cote et bras dessus dessous, tous d’eux probablement perdus dans les pensées que devait leur inspirer à chacun la beauté de cette journée et le calme des lieux. Mais ils devaient par dessus tout penser à celui qu’il venaient voir ici, et ce faisant, à tous ces souvenirs propres à eux seuls. Quittant le chemin, ils s’avancèrent ensuite sur une pelouse d’un vert éclatant et brillant d’étincelles lumineuses nées de la réflection du soleil sur la rosée et, après quelques pas, s’arrêtèrent tous deux sous un grand arbre qui déployait son ombre tout autour d’eux, mais dont les branches laissaient passer une multitude de rayons lumineux dorés à travers la brume légère. Des oiseaux chantaient sur les hauteurs des branchages, troublant à peine la quiétude et la paix de ces lieux. Le monde ressemblait presque à un tableau de Norman Rockwell qui serait subitement devenu vivant, et tout aujourd’hui semblait inspirer la beauté et la paix.
Martha lâcha le bras de son fils pour s’accroupir près de la pierre tombale, et y déposer contre, en l’arrangeant, le bouquet de fleurs blanches qu’elle tenait d’une main. Caressant le marbre de la stèle funéraire, elle murmura dans un sourire triste :
« Bonjour, Jonathan… »
Clark, debout, les mains dans les poches de ses jeans, fixait d’un regard indéfinissable la tombe de son père. Après un instant, et avant qu’il ne se noie dans ses souvenirs, il fit d’une voix douce, pleine de chaleur :
« Salut, papa. Tu… »
Il s’interrompit une seconde, le temps que sa mère relève la tête vers lui, et il termina sa phrase dans un souffle :
« Tu me manques, papa… »
Martha se releva complètement, passa à nouveau son bras sous celui de Clark, et appuya sa tête contre l’épaule de son fils en disant, avec toujours ce même sourire triste :
« Tu lui manques aussi, Clark. Tous les jours, crois-moi »
Clark prit sa mère dans ses bras, tous deux très émus et les yeux larmoyants, et ils s’étreignirent un moment, submergés par un mélange de tristesse et d’amour mêlés. Et la présence de Jonathan Kent autour d’eux, ils l’auraient juré… Quelques instants plus tard, après avoir déposé chacun un baiser du bout de leurs doigts sur la stèle de marbre, ils s’éloignaient de la tombe, serrés l’un contre l’autre, Clark passant un bras autour des épaules de sa mère.

******

Entrant dans Le Talon, Clark embrassa la salle du regard. Il fut assailli par une pensée devenue habituelle depuis son retour à Smallville : tout avait changé. Ici aussi, comme partout dans cette ville où il avait vécu pourtant si longtemps, et qu’il reconnaissait difficilement.
Depuis combien de temps n’avait-il pas mis les pieds ici ? Cela lui sembla faire une éternité sur l’instant… Clark réalisa peut-être pleinement pour la première fois de sa vie le passage du Temps. Sans pouvoir en comprendre vraiment le sens, parce que c’était un sens que seuls les humains savaient saisir. Pas lui. Il serait probablement le dernier des derniers dans ce monde et cela le mettait à l’abri de la fatalité d’expression comme « la fin des temps », vide de sens à ses yeux. Son destin lui parut une fois de plus n’être qu’une terrible malédiction.
Le Temps passait, inexorablement. Et il entraînait à sa suite tout ce que la vie était, et tout ce qu’elle serait, ne le laissant qu’avec ses souvenirs, seul. Tout changeait, et rien ne changeait pourtant. Les yeux dans le vague, il vit des images de ce que le Temps fut pour lui ici, dans ce lieu : il revit tous ses amis d’alors, leurs gestes, leurs mots, leurs places exactes à tel ou tel moment… un sourire nostalgique se dessina sur se lèvres. Seul peut-être, mais avec tellement de souvenirs déjà.
Revenant en quelque sorte à la réalité, il avança dans la salle, découvrant le nouveau décor du Talon, et il alla s’asseoir à une table. Avec un dernier regard pour le comptoir, il se plongea dans l’étude du menu posé sur la table, se souvenant alors que cela faisait cinq ans qu’il n’était pas revenu ici.

******

(Juin 2011)

« Ca alors ! Clark Kent ! »
Clark se tourna vers la personne qui venait de s’exprimer ainsi, et il découvrit Whitney Fordman debout devant lui, près du comptoir du Talon. Un instant surpris, les deux hommes se dévisagèrent longuement, réalisant qu’ils ne s’étaient pas vu depuis de nombreuses années, avant de comprendre également qu’ils se trouvaient face à un des hasards de l’existence. Un de ceux qui vous fait retrouver une vieille photo au fond d’un carton alors que vous êtes en train de chercher totalement autre chose, et où vous prenez soudain le temps de regarder cet instantané du passé, en vous asseyant une minute, parce que la-dite photo vient de réveiller en vous tout un tas de souvenirs qui vous ramènent à une époque où tout semblait si… bien. Et si simple.
« Salut Whitney… »
Ils se regardaient toujours, chacun cherchant peut-être quoi dire. Le Temps qui passe ne vous enseigne pas des formules toutes faites à ressortir dans des moments comme cela. Ou peut-être que si, mais elles ne vous reviennent jamais sur le moment. Ce fut Whitney qui reprit.
« Si je m’attendais ! Qu’est-ce que tu fais là, Clark ? Non, attends, laisse moi deviner… Les dix ans de la promo, hein ?
- C’est exactement cela »
Une fois de plus, ils se regardèrent sans plus rien dire. En fait, ils s’observaient, chacun découvrant ce que les années écoulées avaient fait à l’autre.
« Sympa tes lunettes, Clark… »
Le jeune homme se mit à sourire, puis constata un fait évident.
« Mais j’y pense : c’est vrai que tu ne m’as jamais vu avec, Whitney
- Non. Tu n’étais plus à Smallville quand je suis… revenu »
La façon dont il venait de dire cela laissait quelque place à l’interprétation. Whitney n’avait pas appliqué de ton particulier à sa fin de phrase, mais Clark sentait que se replonger dans le passé, sur ce simple mot revenu, laissait le jeune homme blond avec un sentiment teinté d’amertume.
« Question look, le costume cravate te va pas mal non plus, Whitney »
Ils eurent un sourire commun.
« Hé oui, Clark. Je dois assumer mon état de professeur jusque dans ma façon de m’habiller
- T’es pas mal… »
Whitney fixa Clark bizarrement, une fraction de seconde, puis son regard redevint normal. Désignant le tabouret près de lui, il demanda :
« Je peux ? »
Clark se tourna et recula le tabouret du comptoir.
« Bien sur, Whit ! Tiens ! Si on en profitait pour se prendre un verre ensemble ? Depuis le temps ! »
Il s’arrêta sur le regard rieur de Whitney, haussant les sourcils.
« Quoi ? Qu’est-ce qu’il y a ?
- Rien, rien… Ca fait juste une éternité que personne ne m’a appelé Whit »
A l’évocation de ce surnom, Whitney eut une image qui se forma dans son l’esprit, et celle-ci lui provoqua une petite émotion qui lui pinça légèrement le cœur. Clark, ignorant cet état de fait, regarda Whitney s’asseoir, puis lui fit :
« Tu prends quoi ?
- Vu l’heure, je vais attaquer directement au café. Un grand ! J’ai une longue soirée de correction de devoirs devant moi !
- Va pour un grand café ! »
Quelques instants plus tard, leurs boissons en main, ils parlaient comme deux amis se retrouvant après des années, évoquant le bon vieux temps. Ce qui était exactement le cas.
« Tu sais qu’il y a une photo de toi au lycée sur le panneau des anciens élèves, Clark ?
- Ah bon ?
- Oui, une belle image de toi en tant que reporter du Daily Planet. Le costume cravate, ça te va pas mal aussi, Clark… »
Ce dernier reposa sa mug et se tourna vers Whitney en riant.
« Tu parles du tableau à côté de celui d’honneur ? Celui qu’on appelait A nos chers disparus ?
- Tout à fait !
- Seigneur ! Je suis sur ce tableau là ! C’est… c’est pathétique !
- Entièrement d’accord ! »
Ils ne purent se retenir de rire que deux secondes, avant d’être pris par un petit fou rire assez bruyant, qui fit se retourner quelques personnes présentes dans la salle du Talon vers eux. Lorsqu’ils retrouvèrent leur sérieux, après un silence qui semblait mettre fin subitement à la bonne ambiance, Whitney fit doucement :
« J’ai su pour ton père, Clark. Je suis désolé »
Clark fixa Whitney avec un regard ému, assorti d’un sourire identique.
« Merci Whitney…
- De rien, Clark. C’est normal »
Le silence retomba, pesant. Clark se sentit mal à l’aise tout d’un coup : Whitney venait d’avoir de la sympathie pour lui, pour son drame personnel vieux de deux ans, alors qu’ils ne s’étaient pas vu depuis si longtemps, et lui n’avait pas fait la moindre allusion à ce que Whitney avait vécu de… terrible avant d’être le jeune homme qu’il voyait là, assis à côté de lui. Clark se sentit l’obligation de lui témoigner un minimum de respect pour ce qu’il avait traversé lui aussi.
« Whitney, je… n’ai jamais eut l’occasion de te le dire, mais je suis… »
Il fut interrompu par la main de Whitney se posant sur son épaule.
« Inutile Clark, ça va
- Mais je….
- Le simple fait que tu y es pensé me suffit. Ne te confonds pas en excuses, ni en éloges s’il te plait. J’ai du mal à supporter cela avec le temps »
Clark eut inconsciemment la confirmation de ce qu’il pensait : Whitney voulait enterrer cette partie de son passé. Et vivre normalement.
« Alors dis moi, Clark… Tu es venu retrouver tous tes anciens camarades ? »
Cette fois, Clark comprit que question esquive, Whitney n’avait rien à lui envier. Il ne s’en formalisa pas.
« En fait, Whitney, je n’ai prévenu personne que je venais à cette soirée de retrouvailles. Pour tout te dire, je ne sais même pas si je vais vraiment y aller »
Whitney le dévisagea, surpris.
« Comment cela ?
- Je ne savais pas si je viendrais, aussi je n’ai pas souhaité donner de faux espoirs aux gens. Se replonger dans tout cela me paraît tellement étrange. J’ai l’impression que tous ces gens étaient dans ma vie il y a des siècles ! »
Ils se fixèrent, dans le même état d’esprit.
« Tu… ? »
Clark l’incita à continuer lorsqu’il s’interrompit.
« Je quoi ?
- Tu n’as pas l’impression de, excuse moi, mais de fuir ton passé en faisant cela ? »
Un silence bref se fit, avant que Clark, touché au fond de lui plus qu’il ne l’aurait cru, ne lui rétorque d’un ton défensif presque neutre :
« Et toi, Whitney ? »
Surpris, le jeune homme le contempla avec un air étonné.
« Moi ? Que veux-tu dire ?
- A part dix pages dans Newsweek il y a quelques années, qui raconte ton histoire Whitney ? »
Le visage de Whitney se couvrit d’un voile de colère, immédiatement remplacé par de la souffrance, avant qu’il n’ait le dessus sur toutes les émotions qui venaient d’envahir son corps. Clark regretta dans la seconde ce qu’il venait de dire.
« Pardon, Whitney, je ne voulais pas te blesser »
Ils se regardèrent droit dans les yeux.
« Ce n’est rien, Clark
- Je suis désolé
- Ne le sois pas. Je… Je dois accepter d’entendre la vérité de temps en temps, même si ça ne me fait pas plaisir »
Whitney se tourna vers Clark.
« Tu vois, j’ai tellement essayé d’oublier tout ce qu’il m’est arrivé, j’ai mis tant d’énergie à me reconstruire, à faire en sorte que toute ma vie ne soit pas que… ça, qu’au bout du compte j’ai bien peur de n’avoir réussi qu’à n’être plus que ce pauvre type en couverture du Newsweek dont tu parles
- Whit, non… »
Le cœur de Whitney irradia d’une douce chaleur lorsque Clark l’appela encore ainsi.
« Clark, si je suis devenu professeur d’anglais ici, à Smallville, Nulle Part-USA, ce n’est que pour une seule et unique raison : ici, j’existe
- Whitney, tous nous existons. Et pas à cause d’un endroit du monde, d’une profession qu’on exerce, ni d’un lourd passé douloureux
- Tu viens pourtant de résumer toute ma vie en une phrase, Clark !
- Ce que je veux dire, c’est que ce que nous sommes, en totalité, fait que nous vivons »
Whitney eut un petit sourire, avant de dire à Clark :
« Théorie intéressante… Tu serais prêt à la défendre devant mes élèves, Clark ? »
Clark eut également un sourire, avant d’ajouter :
« Et ce que nous sommes n’est que ce que les autres font de nous »

******

Whitney consulta sa montre, puis reporta son regard sur Clark.
« Bon, c’est pas que je m’ennuie avec toi, mais il va falloir que je pense à rentrer. J’ai du travail qui m’attends à la maison
- Tu habites où, Whitney ? Smallville même ? »
Le jeune homme ramassa son cartable sur le sol.
« Oui, Pleasant Meadows, au 2034 Ezra Small Lane »
Clark se leva, sortit son portefeuille de la poche arrière de son pantalon, et tout en posant un billet de dix dollars sur le comptoir, il tendit une carte de visite à Whitney, que ce dernier regarda distraitement, sortant de la monnaie de sa poche.
« Laisse, Whit : c’est pour moi »
Whitney lui sourit.
« Merci, Clark
- De rien. Et attends… »
Il reprit sa carte de visite des mains de Whitney, et prenant un crayon à disposition sur un présentoir du comptoir, y écrivit quelque chose, avant de la retendre au jeune homme. Whitney jeta un œil à ce Clark venait d’inscrire, alors que ce dernier lui expliquait :
« Je t’ai rajouté mon e-mail perso ainsi que mon numéro de cellulaire
- Euh, merci Clark
- De rien. J’aimerais qu’on reste en contact si tu le veux bien »
Whitney dévisagea Clark un peu étonné, ce qui amena une question sur les lèvres de celui-ci :
« Qu’est-ce qu’il y a ?
- Rien, rien… C’est juste qu’on s’est pas vu pendant tant d’années que cela me fait drôle de savoir que nous allons… renouer »
Il eut un petit ricanement amusé avant de poursuivre :
« Surtout que nous n’avons jamais été très proches ! »
Clark posa un regard profond sur Whitney, et d’une voix chaude lui fit :
« Nous n’avons plus quinze ans, Whitney. Alors essayons d’être des adultes, et de rattraper le temps perdu
- De rattraper le temps perdu ? »
Clark appuya son regard, et murmura presque d’un ton très sérieux :
« Je crois que nous avons beaucoup en commun, Whitney, que nous ne nous en soyons jamais vraiment soucié, alors que quelque chose me dit que cela nous ferait du bien de partager… tout ça. J’ai la sensation que tous les deux, nous sommes à un moment de notre vie où les choses doivent changer, où ce qu’il y a derrière doit rester derrière »
Un moment de vide vint ponctuer ce que Clark venait de dire, moment pendant lequel les deux jeunes hommes se regardèrent intensément. Au fond d’eux, les mêmes idées, les mêmes sentiments s’entrechoquaient. Clark venait de proposer quelque chose qui les touchait tous les deux, à sa propre surprise, mais quelque chose qui leur paraissait important. Vraiment important. Whitney fit un sourire à Clark, avant de lui dire :
« Si tu cherches un ami, Clark, je suis là »
Clark lui rendit son sourire, et lui tendit la main :
« Merci, Whitney. Alors, à bientôt j’espère ! »
Whitney hésita une seconde avant de serrer la main de Clark. A sa grande surprise, ce dernier l’attira vers lui, et lui donna une brève étreinte, avant de s’écarter, légèrement mal à l’aise, comme lui.
« Salut, Whit ! »
Clark s’éloigna sous le regard un peu intrigué de Whitney, qui le vit sortir du Talon et disparaître dans la rue.

******

Dans les dernières lueurs de ce début de soirée, Clark sortit sur le perron du lycée. Saisissant son téléphone portable dans la poche de sa veste, il appuya sur une touche et attendit que la communication aboutisse.
« Allô ? »
Il eut brusquement un moment de terreur intense, stupide, mais réel. Il en était presque à se demander s’il n’était pas en train de faire n’importe quoi, lorsque la voix à l’autre bout du fil demanda :
« Clark ? C’est toi ? »
Ahuri, il resta sans voix une seconde avant de répondre :
« Whitney ? Comment sais-tu que c’est moi ? »
Un rire, qui lui fit inexplicablement du bien, accompagna la voix de Whitney.
« On appelle cela l’identification de l’appelant, Clark ! La technologie a bien atteint Metropolis quand même ? »
Clark se mit à rire aussi.
« Vas-y, Whitney, moques toi de moi !
- C’est exactement ce que je suis en train de faire ! »
Ils rirent encore un moment, avant que Whitney ne reprenne :
« Alors, Clark, que se passe-t-il ?
- Je… »
Clark se trouva sans voix : il ne savait même pas vraiment pourquoi il appelait Whitney. Ou plutôt si, mais il ne le comprenait pas pleinement. Il voulait juste entendre une voix qui ne lui demanderais pas mille fois les mêmes choses, comme tant de gens venait de le faire au cours de ce début de soirée. Clark savait que Whitney n’aurait pas ce genre de conversation. Il nota, sans y faire attention, que la musique qui s’échappait du bâtiment derrière lui était Blue Moon
« Clark ? Tu es là ?
- Oui, Whit… Désolé, j’étais perdu dans mes pensées
- Ah, ok »
Un silence de plus s’installa, avant que Clark ne reprenne :
« Je ne te dérange pas au moins ?
- Non, Clark. C’est juste un samedi soir de plus où je suis seul à la maison, a corriger encore et encore des copies, donc rien ne… Mais c’est quoi cette musique que j’entends ? »
Clark regarda le lycée en tournant la tête, puis descendit les marches du perron pour s’en éloigner.
« Le groupe de la soirée au lycée
- Tu m’appelles de là-bas ?
- Oui »
Whitney sembla changer de ton, et reprit :
« Tu passes une soirée avec tous tes amis, que tu n’as pas revu depuis des lustres, et tu m’appelles… moi ? »
Sans toujours vraiment le comprendre, il se rendit compte qu’il préférait être là dehors à parler à Whitney qu’à l’intérieur avec tout le monde. Clark se mit à réfléchir sur cela, bien qu’il n’ait pas à le faire : il aurait tout donné pour ne plus être là où il se trouvait.
« Disons que cette soirée est plutôt… plutôt…
- Nulle ?
- Non, pas à ce point ! C’est juste que…
- Ce n’est pas ce dont tu avais rêvé ?
- Oui ! C’est exactement cela, Whitney ! De plus, maintenant que j’y suis, je me rends compte que j’aimerais mieux être ailleurs »
Whitney prit une inspiration.
« Tu n’es pas content de tous les revoir ?
- Si, si… Mais une fois que j’ai eu répété à tous, à tour de rôle, ce que je devenais, et tout le reste, une fois que j’ai eu écouté tout le monde me raconter sa vie, je me suis dit : Bon, ok. Et maintenant ? »
Il y eut un blanc dans la conversation.
« Tu veux que je te dises, Whitney ? Je me sens mieux à discuter avec toi au téléphone qu’avec ces gens tout autour de moi. J’ai l’impression qu’ils ne… m’apporteront rien
- Alors que moi, oui ? »
Clark fixa un couple d’anciens élèves un peu en avant de lui, assis sur un des bancs du lycée dans la demi-obscurité, en train de s’embrasser comme s’ils avaient encore seize ans.
« Clark ?
- Je suis là, Whitney »
Nouvelle inspiration de Whitney, qui poursuivit avec une légère hésitation dans la voix :
« Est-ce que tu… ? »
Clark patienta le temps que son ami reprenne, en proie à un sentiment d’attente indéfinissable.
« Est-ce que tu veux passer chez moi ? On pourrait discuter si tu en as besoin »
Clark comprit ce qu’il attendait : ce que Whitney venait de dire.
« J’aimerais bien, oui…
- Tu aimerais ? Comment cela tu aimerais ? On pourrait se contenter de oui et de non comme réponse quand on se pose une question ? »
Le ton un petit peu énervé de Whitney amusa Clark.
« Whit, je veux bien venir chez toi, mais je n’ai pas de voiture. C’est Chloé qui m’a amené. Je peux venir à pied, remarque
- Reste où tu es, je viens te chercher
- Whitney, je peux marcher tu sais ! C’est pas si loin
- Je viens te chercher, Clark ! Attends moi à la grille du lycée »

(à suivre)

_________________
"Don't dream it, be it!" [Franck 'N Furter in The Rocky Horror Picture Show]


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MessagePosté: 22 Sep 2004 17:19 
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Localisation: ♫ J'ai longtemps cherché un paradis sur Terre... ♫
:sourire: J'ADORE !!! Je trouve que tu écris vraiment trop bien !!! Franchement, je ne suis pas une accro du Clark/Whitney, mais là, je suis scotchée !!! Je veux :suite:

Cybelia.

PS : Qu'est-ce que tu voulais dire par :
Citation:
A mon avis, seule la langue anglaise permet de vraiment faire du slash...
? :?:


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MessagePosté: 22 Sep 2004 17:32 
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Mais euh... kesk'ils font ces deux-là ?
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Localisation: dans le même lit qu'Aragorn ^^
dans le genre :sourire: je suis au maximum !!
ta fic me plait toujours autant :bravo: :bravo: :suite: :suite:

_________________
All I want is you ...
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une conscience ? pas besoin ^^ CQOPC !


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MessagePosté: 22 Sep 2004 17:46 
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Mais euh... kesk'ils font ces deux-là ?
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Localisation: Ah, j'ai compris... Ben, Paris, la plupart du temps
Yaaaaaaaaaaaahhh !!! Je sais pas qui est Whitney, mais en tous cas, cette histoire me branche grave !!
On sent une expérience de l'écrit... :D Ca fait plaisir.
Je lis l'anglais (encore que pas suffisament pour vraiment apprécier Pratchett dans le texte, mais bon, on fait ce qu'on peut...) et c'est un langue intéressante par plein de côtés, mais pourquoi tu la trouves plus particulièrement adaptée au slash ? Question de culture ?

Nonobstant la conjoncture, c'est sympa de faire des chapitres aussi longs ; on ne reste pas sur sa faim - enfin, si ! ça s'appelle un cliffhanger, mais je veux dire qu'il se passe suffisament de choses pour donner à penser en attendant la suite. C'est cool. Mici :D

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MessagePosté: 22 Sep 2004 19:01 
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Merci pour vos commentaires :heart:

Je posterai une autre partie bientôt... Peut-être tard ce soir :wink:

Concernant la remarque sur le slash "meilleur" en langue anglaise, je voulais juste dire que, pour ma part, ce type d'écriture a un meilleur rendu dans la langue de Shakespeare. J'ai lu des fics classées slash en français mais j'avais simplement l'impression de parcourir une histoire porno... (bien que j'en ai lu de vraiment très bonnes)

Je suis peut-être trop habitué en fait à lire du slash en anglais... Mais c'est une langue que je maitrise sans difficultés (ou presque), alors ça passe mieux! :)

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MessagePosté: 22 Sep 2004 22:48 
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Petite partie...

******

« Euh Whitney ?
- Oui ?
- Pleasant Meadows c’était à droite… »
Whitney lança un regard incertain à Clark, avant de dire :
« Je sais, mais finalement, je n’ai pas envie de rentrer chez moi. A moins que tu y tiennes absolument »
Clark dévisagea Whitney, un peu surpris.
« Ah bon ? Et on va où, alors ?
- Je sais pas, loin de la ville… On pourrait se faire une ballade sympa dans les champs, tout en parlant. C’est l’été, il fait chaud, on va avoir une pleine lune superbe, autant en profiter, non ? »
Whitney tourna la tête vers Clark pour voir ce qu’il en pensait, et ne voyant pas de désapprobation sur ses traits, lui demanda :
« Ca ne te déranges pas au moins ?
- Tant que je suis loin du gymnase du lycée, tout ce que tu veux Whitney ! »
Ils roulèrent ensuite un moment, en silence. Lorsqu’ils furent hors de la ville, Clark pointa une route du doigt.
« Prends par là »
Whitney engagea la voiture sur la petite route que Clark lui avait montré.
« Ca va où cette route ?
- Chez moi. Tu pourras laisser ta voiture à la ferme et on ira se promener à travers champ. Comme ça tu n’auras pas à me raccompagner
- Ok ! »
Ils restèrent silencieux à nouveau jusqu’à ce qu’ils arrivent à la ferme des Kent, où Whitney gara sa voiture devant la maison. En descendant, il demanda à Clark :
« Ta mère n’est pas là ? »
La réponse lui vint du perron où la porte d’entrée s’ouvrit, et où Martha Kent apparut.
« Salut, maman !
- Clark ? »
Etonnée, sa mère descendit les marches et s’avança vers eux. Elle reconnut Whitney et le salua :
« Whitney ? Bonsoir…
- Bonsoir, Madame Kent. Comment allez-vous ?
- Bien, et vous ? »
Il lui fit un sourire, avant d’ajouter :
« Vous pouvez me tutoyer, Madame Kent. Après tout, ce n’est que moi : Whitney Fordman. Vous me connaissez depuis longtemps »
Martha eut un petit rire, avant d’ajouter :
« D’accord, Whitney. C’était par respect pour le professeur Fordman que tu es devenu. Un excellent professeur d’après ce que j’ai entendu dire.
- Je vous remercie, Madame Kent »
Elle se tourna vers Clark.
« Mais qu’est-ce que tu fais là, mon chéri ? Tu n’es pas allé à la soirée du lycée ?
- Si, mais je m’ennuyais un peu trop là-bas. Aussi j’ai appelé Whitney pour qu’il me sorte de là !
- Tu… t’ennuyais ? »
Elle dévisagea son fils, un peu incrédule.
« Mais ? Mais et les autres ?
- Les autres ?
- Oui ! Lana, Chloé. Pete. Tu sais, tes amis…
- Oh, je les ai vu ! On s’est parlé un moment, et puis… on avait plus grand chose à se dire. Et au fait, il y avait même Lex ! »
Whitney prit un air très étonné, un peu curieux aussi.
« Lex ? Lex Luthor ? Il était à cette soirée ? En quel honneur ? Il n’est pas de ta promo que je sache ! »
Clark se tourna vers Whitney.
« Il accompagnait Lana »
Whitney ouvrit de grands yeux, alors que Martha exprimait elle aussi sa surprise en disant :
« Lana et… Lex ?! »
Clark expliqua :
« Attendez ! N’allez pas croire qu’ils sont ensemble, non. Ils travaillent ensemble, c’est tout
- C’est un peu surprenant quand même, mon chéri
- C’est ce qu’on pensé la plupart des gens effectivement »
Martha lança un regard en coin à Whitney, avant de demander à son fils :
« Et Lex… t’a parlé ? »
Clark eut une expression étrange, avant de dire :
« Pas vraiment »
Il s’approcha ensuite de Whitney, et changea de sujet.
« Bon ! Whitney et moi allons aller nous balader un moment, maman. C’est pour cela qu’on est venu ici : pour discuter au calme »
Martha les regarda tous les deux, posant les yeux plus particulièrement sur son fils dont elle essaya de déchiffrer le regard.
« D’accord, Clark. Je vais vous monter à boire dans ton loft pour quand vous reviendrez de votre promenade
- Ce n’est pas là peine, maman »
Whitney intervint :
« Oui, ne vous dérangez pas Madame Kent. Je pense partir dès notre retour
- Ca ne me dérange pas, Whitney. Et vous prendrez bien un verre avant de rentrer ! »
Elle s’approcha de lui, et à sa grande surprise, le prit quelques secondes dans ses bras en lui disant :
« Ca m’a fait plaisir de te revoir, Whitney. N’hésite pas à passer si tu en as envie, même si Clark n’est pas là. D’accord ?
- Je… oui, d’accord. Merci Madame Kent »
Martha s’approcha de son fils et lui déposa un baiser sur la joue, avant de le regarder encore une fois droit dans les yeux. Puis elle s’éloigna sur un dernier sourire. Lorsqu’elle fut rentrée, Whitney se pencha légèrement vers Clark et lui fit :
« J’aime beaucoup ta mère, Clark. Elle est d’une gentillesse qui rayonne sur ceux qui sont auprès d’elle
- Tu sais quoi, Whit ? Je crois qu’elle t’aime bien aussi »
Clark se mit en route, se retourna vers Whitney après quelques pas, et lui fit :
« On y va ? »

******

Clark éclata de rire.
« Tu plaisantes ?! »
Hilare, Whitney lui répondit :
« Non, non ! Je te jure ! Il a vraiment répondu que Walt Whitman était le scénariste de Dead Poets Society ! »
Ils se mirent à rire de plus belle, avant de se calmer et de retrouver leur sérieux, bien qu’un sourire leur restait collé aux lèvres. Il faisait encore chaud en ce début de nuit d’été, et le chemin de terre qu’ils empruntaient, entre deux champs de maïs, était baigné de la lumière des étoiles et de celle de la Lune. Whitney venait de raconter une des perles d’un de ses élèves, et rire leur avait fait du bien. En fait, tous deux se sentaient vraiment loin de tout ce qui les tracassait quotidiennement en étant ici, en plein milieu de nulle part, à rigoler comme des gamins, sans se soucier de quoi que ce soit d’autre. Pour la première fois depuis longtemps, ni Whitney, ni Clark ne se posaient de questions : ils se laissaient vivre. Le jeune homme brun fini par redevenir vraiment sérieux
« Mais dis moi : pourquoi as-tu voulu être prof, Whit ?
- C’est une question de psy ça ,Clark
- Peut-être, mais réponds moi quand même »
Whitney regarda en avant de lui, puis fit :
« Je crois que mon expérience de marine m’a servi au moins à une chose : il est plus facile de détruire le monde sans se poser de question, que d’essayer de le comprendre. Aussi, quand l’Armée m’a offert la bourse d’études en… dédommagement, je me suis dit que je pouvais peut-être changer cela en tentant d’inculquer aux générations futures le goût du savoir
- Tu crois que s’ils essayent de comprendre les différences, ils en auront moins peur ?
- C’est tout ce que j’espère, Clark »
Whitney se tourna vers Clark.
« Et toi ? Pourquoi le journalisme ? »
Clark lui lança un sourire amusé, que Whitney vit parfaitement du fait de la clarté de la Lune.
« Et bien, il y a d’abord eu l’expérience de la Torche au lycée
- Ah oui, la Torche ! Dire que je ne m’en souvenais même plus !
- Cette première approche m’a plu, aussi quand est venu le temps de choisir la filière à l’université, j’ai choisi le journalisme. Entre les connaissances de Chloé au Daily Planet, et les rencontres faites ici et là, j’ai pu décrocher ce poste de reporter. Et me voilà ! »
Whitney remarqua :
« J’aime bien la façon que tu as de rédiger certains articles, Clark. On sent que tu y mets toute ta conviction
- Tu lis Le Daily ?
- Bien sur ! »
Ils arrivèrent à une bifurcation. Whitney demanda :
« Droite ou gauche ? »
Clark posa une main sur l’épaule de Whitney et lui désigna un des chemins de l’autre.
« Essayons à droite
- Ok, patron ! »
Ils s’engagèrent sur le nouveau chemin.
« Clark ?
- Oui ?
- Tu as déjà vu Superman ? »
La lueur de joie qui brillait dans l’œil de Clark depuis qu’ils s’étaient aventurés dans les champs baissa brusquement d’intensité. Il considéra quelques secondes Whitney, avant de lui faire d’un air distant :
« Pourquoi cette question ?
- Tu vis à Metropolis, non ? C’est juste pour savoir si tu as déjà vu le phénomène »
Ce n’était pas spécialement dirigé contre Whitney, mais le mot phénomène ne plut pas à Clark. Une amertume s’insinua en lui à la constatation que partout où il allait, il y avait toujours un moment où il fallait que la réalité se rappelle à lui, et lui remémore qu’il était… différent.
« Oui, oui… Je l’ai déjà vu… »
Whitney dévisagea Clark un peu étrangement.
« Et… c’est tout ?
- Comment cela ?
- Enfin, c’est quand même… Superman ! Ce type est capable de prouesses incroyables, et tout ce que tu trouves à dire c’est oui, oui je l’ai déjà vu d’un ton morne ? »
Clark se sentit très las, et réalisa que la conversation commençait à ressembler un peu à toutes celles qu’il avait voulu fuir à la soirée du lycée. Il espérait vivement que Whitney n’allait pas s’enfoncer plus en avant dans la brèche.
« Remarque, c’est comme tout : lorsqu’on vit avec quelque chose sous les yeux tous les jours, on fini par ne plus y faire attention. J’imagine d’ailleurs bien la scène : des touristes hurlant Là ! Là ! Superman en train de voler ! et les habitants de Metropolis, blasés, répondant Ouais, ouais… »
Ce fut plus fort que lui : retrouvant presque instantanément sa bonne humeur, Clark éclata de rire. Amusé, Whitney le regarda faire en lui disant :
« Quoi ? Qu’est-ce qu’il y a ?
- Rien ! Ce que tu viens de dire est très drôle, Whit, très drôle ! »
Whitney donna une bourrade amicale à Clark, et ils continuèrent à marcher sous le clair de lune, tous deux appréciant vraiment ce moment qu’ils passaient ensemble.
« Clark ?
- Oui ?
- Je peux savoir ce qu’il s’est passé entre Lex et toi ? »
Clark fixa Whitney. Il fut surpris de ne pas ressentir l’espèce de semi-colère habituelle qu’il avait lorsqu’il pensait à Lex.
« Pourquoi ?
- Comme ça. Il m’a semblé que ta mère et toi vous abordiez le sujet à demi-mots tout à l’heure. Bien sur, si ça ne me regarde pas, je m’excuse de t’avoir demandé
- Non, ce n’est pas indiscret, Whitney. En fait, je n’ai pas grand chose à en dire : la vie nous a séparé, du fait que nous n’ayons pas vraiment choisi le même chemin. J’ai eu, et j’ai encore, beaucoup de désaccords avec Lex. Mais c’est ainsi. Il ne changera pas, et je fais avec. La vie ne laisse parfois pas d’autre choix que celui-la : faire avec »

******

Clark et Whitney continuaient de marcher à travers champ, au milieu de cette douce nuit étoilée. Au loin, on pouvait apercevoir le toit de la ferme des Kent de laquelle ils se rapprochaient. Cela faisait quelques instants qu’ils avançaient en silence, lorsque Clark vint le rompre :
« Et sinon, Whitney… Il y a une madame Fordman ? »
Son ami lui jeta un regard étrange et, déstabilisé par la question, bredouilla :
« Euh… disons que…
- Je vois : sujet brûlant. Mais il fallait bien qu’on en arrive là à un moment ou l’autre, non ?
- Oui, et ce n’est pas un problème Clark. Je… il se trouve que…
- Pas de madame Fordman ? Mais peut-être y a-t-il des madames Fordman alors ? »
Whitney éclata de rire, accompagné par Clark l’instant d’après. Il finit par répondre :
« Il n’y a pas une ou des madames Fordman, Clark. Non. Il n’y a personne en fait »
Clark, surpris, essaya d’analyser le ton sur lequel Whitney avait prononcé cela : on aurait dit un soulagement triste. Il regarda son ami, que la clarté lunaire lui permettait de voir sans problème, et il constata que c’était effectivement cela. Whitney ajouta, comme pour lui même :
« Solitude, mon amie… »
Clark hocha la tête.
« On est deux en ce cas
- Tu veux dire qu’il n’y a pas non plus… des madames Kent ? »
Ils rirent à nouveau, ensemble.
« Non, Whitney. Ni cent, ni une.
- Pourquoi ? »
Clark arrêta de marcher et fixa Whitney droit dans les yeux. La lumière tombant des étoiles donnait au bleu des yeux de son ami un aspect particulier, comme mystérieux, et très attirant en fait.
« Pourquoi ? Comment cela pourquoi ?
- Clark, c’est pas pour te mettre mal à l’aise, mais comment un homme comme toi peut-il être seul ?
- Un… ? Un homme comme moi ?
- Au cas ou personne ne te l’aurais jamais dit, ce dont je doute, tu es plutôt… beau garçon, Clark »
Le compliment fit plaisir à Clark mais il ne le montra pas. Whitney avait parlé avec une légère gêne dans la voix, et poursuivit de même.
« Je me souviens de 2 ou 3 filles au lycée qui n’auraient pas dédaigné avoir un rendez-vous avec toi »
Clark eut un mince sourire, avant de répondre sur un air qui se voulait humoristique :
« Ah oui ? Dis moi qui et comment remonter le temps alors, et je vais les inviter de suite !
- Clark… Je suis sérieux, là »
Il vit que c’était vrai. Prenant le temps de réfléchir, il finit par dire :
« Je ne sais pas, Whit. Peut-être que je n’ai pas rencontré la bonne personne. Quand j’étais plus jeune, les relations étaient plus faciles. Ou elles semblaient l’être. Maintenant, à Metropolis, avec la vie que j’ai choisie, c’est… compliqué
- Compliqué ?
- L’amour, Whitney… C’est compliqué. Surtout pour moi, avec la vie que je mène »
Whitney le dévisagea, cherchant à comprendre ce qu’il venait de dire. Une espèce de tension montait entre eux, plus ou moins palpable, sans qu’ils ne s’en rendent compte pour le moment. Clark lui, s’étonna d’avoir formulé à voix haute le fait que la double personne qu’il était puisse entraver sa vie sentimentale. Bien sur, Whitney n’avait pas compris. Personne ne comprenait : ce serait sûrement un secret, à jamais.
« Je crois que c’est compliqué pour tout le monde, Clark
- Probablement, mais j’ai une vision de la vie qui fait que pour moi, c’est un peu plus compliqué peut-être. Aimer comme je peux aimer n’est pas toujours bien compris par tout le monde »
Un silence tomba sur eux, et ils se rendirent compte à cet instant de cette espèce de tension qu’il régnait. Whitney ne pouvait détacher ses yeux de ceux de Clark.
« Qu’est-ce qu’il y a, Whitney ? »
Il vit le jeune homme se préparer à lui dire ce qu’il lui demanda après, très hésitant.
« Tu es en train d’essayer de me dire que tu es… »
Whitney avala sa salive et souffla :
« Gay ? »
Une minute, rien ne sembla plus faire partie du monde. Tout leur parut à des millions de kilomètres d’eux, comme s’ils étaient devenus en un instant le pivot de quelque équilibre des choses. Clark se sentit renversé par des sentiments contrastés, qu’il ne comprenait pas tous, et Whitney eut l’impression qu’il venait de poser la question de trop, effrayé dans l’attente de la réaction de Clark. Ce dernier, se disant qu’il était peut-être temps de jouer carte sur table, bien qu’il n’essayait pas d’exprimer clairement ce fait alors qu’il parlait de sa vie amoureuse en toute liberté avec Whitney, fini par lui esquisser un sourire, avant de dire avec assurance :
« Non, Whitney »
Un voile de déception, de demi-déception, passa dans le regard du jeune homme blond, Clark l’aurait juré. Du même ton assuré, il ajouta doucement :
« Mais c’est une option »
Whitney perdit le trouble de son regard, alors que dans le même temps son visage se parait d’une certaine hébétude. Il put articuler une question.
« Une option ? Qu… quoi ? Etre gay est une option pour toi ? Tu veux dire si les… si ça marche pas avec les filles ? »
Clark lui envoya un sourire à peine marqué.
« Je ne mets pas des étiquettes à tout, Whit
- Pardon ?!
- Hétéro, gay, bi… Si les gens ont envie de s’enfermer dans des schémas, c’est leur choix
- Mais enfin de quoi parles-tu, Clark ? »
La tension, qui n’était pas vraiment partie, se fit un peu plus pesante.
« Par option, j’entends que s’il se trouve qu’un garçon me plait, que j’éprouve des sentiments pour lui, et, encore mieux, si ce dernier partage mes sentiments, alors je pense qu’il serait… dommage de ne pas vivre cette histoire avec lui. Sans pour autant me dire qu’une fille ne pourrait pas m’apporter exactement la même chose »
Whitney semblait presque en état de choc après cela. Il regardait Clark comme s’il regardait à travers lui, au-delà de lui, et ce qu’il voyait le ramenait à ce qu’il pensait au fond de lui en cet instant. Et le ramenait aussi loin en arrière (loin ? vraiment ?), alors qu’il étudiait à New York.
« Désolé d’avoir été direct et de t’avoir brusqué peut-être, Whitney. Mais tu as demandé ! »
Whitney fit un effort pour pouvoir lui répondre.
« Non, non. Ca va. C’est… c’est juste surprenant, mais ça va. Je veux dire : on est adulte, non ? On doit être capable de gérer ce genre de chose »
Clark lui fit d’un ton sec :
« Ne le prend pas mal, Whitney, mais c’est à toi de gérer ce que ça te fais. Personnellement, je me sens très bien par rapport à tout cela »
Whitney tendit la main, presque malgré lui, et attrapa le bras de Clark.
« Clark, non ! Attends ! Je ne voulais pas te blesser ! »
Clark fixa Whitney en souriant, puis posa sa main sur celle de Whitney qui tenait son bras.
« Tu ne m’a pas blessé, Whit »
Whitney laissa son regard traîner sur la main de Clark qui touchait la sienne, essayant en même temps de comprendre ce que tout cela lui faisait, à l’intérieur de lui. Il sentit qu’il était en train de se laisser glisser vers certains territoires de lui même où il n’avait pas oser s’aventurer depuis longtemps. Ce qui, dans l’absolu, ne lui paraissait pas déplaisant, mais plutôt… comment Clark avait-il dit ? Ah oui ! Compliqué. Whitney leva la tête vers le jeune homme, et accorda son sourire au sien, avant que le contact ne cesse, lorsqu’il retira sa main lentement. Après quelques secondes de réflexion, il dit doucement :
« Merci d’avoir partagé cela avec moi, Clark
- Je n’en parle qu’avec ceux en qui j’ai confiance »
Un petit silence se fit, pendant lequel la tension baissa de plusieurs crans, sans disparaître. Clark scrutait Whitney du regard, voyant son ami en proie à un malaise intérieur plus ou moins sur le point de le faire craquer, tout en pensant « A ton tour Whitney : dis moi ce que tu n’as jamais dit à personne… », mais rien de tel ne se produisit. Il finit alors par dire :
« On se remet en route ? »
Whitney et lui reprirent leur marche.

******

Ils arrivèrent à la ferme des Kent par le chemin aboutissant derrière la grange alors qu’il n’était pas tout à fait minuit. Ils n’avaient plus parlé l’un avec l’autre depuis que Clark avait dit à Whitney qu’il n’aurait pas dit non à une aventure avec un garçon, voire à une histoire d’amour avec un garçon… Ce qui perturbait grandement Whitney, qui en son for intérieur ne savait plus très bien où il en était. Tout ce que Clark avait dit, tout ce que Clark semblait penser, tout ce que Clark lui avait apporté en seulement deux jours, tout cela le secouait intérieurement et lui donnait l’impression qu’il marchait au bord d’une falaise. Whitney venait de comprendre en cette nuit que cela faisait des années qu’il marchait au bord de cette falaise, attendant de tomber. Ou attendant que quelqu’un le rattrape… Sensation qu’il ne connaissait que trop bien.
Il jeta un coup d’œil furtif à Clark : ce garçon pouvait-il par sa présence symboliser la fin de tous ses doutes, de toutes ses angoisses ? Comment le savoir ? Si quelqu’un lui avait dit, dix ans auparavant, qu’il vivrait une soirée comme celle-la, il lui aurait ri au visage. Mais en cet instant, maintenant que cette soirée était on ne peut plus réelle, il ne voulait pas qu’elle s’arête. Il sentait que pour sa propre délivrance, il ne fallait pas que cela s’arrête. Pas comme cela.
« Whitney ? »
Le jeune homme revint brusquement à l’ici et maintenant.
« Clark ?
- Tu vas bien ? »
Le ton de Clark était un peu anxieux.
« Euh oui… je réfléchissais, c’est tout
- Et bien ! Tu dois vraiment être à ta réflexion ! Tu as entendu ce que je t’ai dit ?
- Hein ? Non ! Tu m’as parlé ? »
Clark lui fit un petit sourire.
« Je te demandais si tu voulais monter boire un verre avant que tu ne t’en ailles. Si je n’ai pas trop plombé l’ambiance en te confiant ce que je t’ai dit tout à l’heure, évidemment »
Whitney eut une petite grimace de dénégation pour Clark, l’assurant qu’il n’avait pas commis de faute, et il leva les yeux vers la grange, cette grange où se trouvait le fameux loft de Clark dont Lana lui avait plus ou moins parlé. Lana… Seigneur ! Whitney eut l’impression que cela remontait à mille ans ! Reposant son regard sur Clark, il répondit :
« Pourquoi pas ?
- Ok. Mais pour que tu ne m’en veuilles pas, après, je te rappelle juste que les copies de tes élèves t’attendent encore chez toi
- Il y a des choses plus importantes que ces copies, Clark »
Whitney vit son ami hausser les sourcils, alors que lui se sentait soudain au bord d’il ne savait pas vraiment quoi. Mais cela semblait d’une importance immense.
« Qu’est-ce que tu veux dire, Whit ?
- Que j’ai envie d’oublier mon boulot pour une fois, et me concentrer sur ce qui me semble être la priorité du moment
- La… ? La priorité du moment ? C’est quoi, ça ? »
Whitney accrocha le regard de Clark et ne le lâcha pas. Il prit un temps avant de dire :
« Toi. Et moi »
Clark n’eut pas de réaction particulière, si ce ne fut d’afficher un sourire entendu. Cela soulagea Whitney, à moitié : il avait craint une fraction de seconde que Clark ne lui dise de partir. Il resta prit cependant par l’angoisse qui lui ceinturait la poitrine.
« Montons Whit »
Il emboîta le pas de Clark et le suivit jusqu’à son loft.

(à suivre)

_________________
"Don't dream it, be it!" [Franck 'N Furter in The Rocky Horror Picture Show]


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MessagePosté: 23 Sep 2004 18:26 
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Ga... :sourire: J'adore toujours autant cette fic !!!

Dis, tu crois que je pourrais la publier sur mon site Smallville Slash? Bon, je sais qu'il est principalement centré sur le couple Clark/Lex, mais ta fic est vraiment trop bien et je me disais que je pourrais faire une exception ! :D

Cybelia.


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MessagePosté: 23 Sep 2004 20:37 
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Mais euh... kesk'ils font ces deux-là ?
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cybelia a écrit:
Ga... :sourire: J'adore toujours autant cette fic !!!

Dis, tu crois que je pourrais la publier sur mon site Smallville Slash? Bon, je sais qu'il est principalement centré sur le couple Clark/Lex, mais ta fic est vraiment trop bien et je me disais que je pourrais faire une exception ! :D

Cybelia.


Sans problème! :wink:

Voici la suite...

******

Whitney observa la pièce autour de lui. C’était là première fois qu’il venait ici, et jamais il n’aurait pensé y mettre les pieds. Il fut une époque ou il avait détesté cet endroit, parce qu’il voyait en ce temps là que Lana, sa petite amie, trouvait en ce lieu, et en Clark, ce que lui n’était pas capable de lui donner. Cette pensée, et tout le ressentiment qui l’accompagnait, l’avait parfois empêché de bien s’endormir. Mais tout cela se passait il y a dix ans. Tous avaient avancé depuis. Ou l’avaient-ils ?
« Whitney ? »
Il se tourna vers Clark qui lui tendait une bière. Aussi, s’approchant de lui, il s’en saisit. Et là, quelque chose d’inattendu se passa. Du moins, Whitney eut la sensation que c’était inattendu. Ce qui ne veut pas dire qu’il ne l’avait pas envisagé. Alors qu’il saisissait par le fond la bouteille que Clark lui tendait en la tenant par le goulot, ce dernier fit glisser ses doigts sur les siens, sur sa main, et il pressa légèrement sur sa peau, comme une caresse. Whitney détacha ses yeux de leurs mains sur la bouteille, pour les reporter sur Clark : un grand sourire tendre l’accueillit. D’une voix chaude, le jeune homme lui fit :
« Parle moi, Whit… »
La gorge serrée par une émotion presque primaire, Whitney réussit à lui dire :
« Te… parler ? De… de quoi ?
- De ce que tu souhaites me dire depuis que je t’ai parlé de ma vie amoureuse dans les maïs »
Sur ce, Clark enleva sa main du dessus de celle de Whitney. Un moment de silence s’installa, alors que tous deux se regardaient, conscients qu’ils ne pouvaient plus se mentir, et que toute tentative de fuite n’aurait mené à rien. Whitney but une rapide gorgée, avant de reculer s’appuyer à la table. Lui dire ? Tout lui dire ? Mais comment ?
« Je peux te poser deux questions, Clark ? »
Levant sa bouteille d’un geste de la main, Clark lui signifia que oui, tout en allant s’asseoir en face de lui dans l’antique canapé qui trônait toujours dans cette pièce.
« As-tu… ? As-tu déjà… ? »
Whitney leva les yeux au ciel en soupirant, rageant contre lui même.
« Je vais y arriver ! »
Clark ne disait rien : il se contentait de poser ses grands yeux verts sur Whitney.
« Clark, je voudrais savoir… »
Mais il ne pouvait faire en sorte que les mots sortent de sa gorge.
« Si je suis déjà sortit avec un garçon ? Oui. C’était ça ta question, Whitney ? »
Le jeune homme hocha la tête, incapable de parler. Lorsqu’il retrouva la parole, il put murmurer :
« Je suis ridicule !
- Non, Whitney. Tu te rends comptes simplement qu’il y a en nous des choses difficiles à exprimer »
Whitney baissa la tête, ne voulant plus regarder Clark, essayant de rassembler ses pensées. Mais il régnait un tel chaos dans son esprit qu’il se rendit à l’évidence : c’était peine perdue.
« Quelle est ta seconde question, Whitney ? »
Après quelques secondes, Whitney releva la tête et fixa Clark. Les mots jaillirent de sa bouche :
« C’était Lex, n’est-ce pas ? »
Clark, qui était en train de boire une gorgée de bière, s’étrangla avec et se mit à tousser, avant de dévisager Whitney ahuri, en criant presque :
« Quoi ?! Lex ?! Non ! »
Ils se regardèrent directement dans les yeux.
« Lex ?! Moi et Lex ?! Mais enfin Whit, qu’est-ce qui a pu te faire penser cela ?
- C’est… C’est une rumeur qui courrait lorsque nous étions au lycée
- Pardon ?! »
La surprise se fit encore plus importante sur les traits de Clark.
« Au lycée ?! Tu te moques de moi ?!
- Non, Clark. Certains croyaient à cette époque que Lex et toi étiez… ensemble
- Mais j’avais quinze ans voyons ! Et lui plus de vingt un ! C’est insensé ! Comment les gens ont-ils pu croire cela ?
- Vous passiez tellement de temps ensemble »
Clark n’en revenait toujours pas. Il posa sa bouteille sur une caisse près du canapé et regarda Whitney avec un regard presque choqué.
« Alors ça ! Elle est pas mal celle là ! »
Whitney prit un ton d’excuse :
« Je suis désolé, je ne voulais pas te faire de peine Clark
- Ce n’est pas ta faute, Whitney. Et ça ne me fait pas de peine, non. C’est juste que je trouve cela… incroyable ! »
Clark se frappa le front de la main, et se renversa dans le canapé, avant de reprendre :
« Il ne s’est jamais rien passé entre Lex et moi, et il ne se passera jamais rien. Jamais !
- Je te crois Clark
- Moi… et Lex ? Mince alors ! »
Clark n’en revenait toujours pas. Il se passa les deux mains sur le visage en soupirant. Whitney attendit une dizaine de secondes, puis déclara :
« David Hendricks »
Clark écarta le mains de son visage et regarda en direction de Whitney. Il découvrit les yeux du garçon braqués sur lui. Tous deux surent alors en cet instant précis que rien ne serait plus jamais comme avant.
« C’est… le premier garçon que j’ai embrassé. A la fac »
Clark nota le petit sourire que Whitney eut à l’évocation de ce souvenir. Ce dernier se mit à avoir un rire de défense.
« Ca y est ! Je l’ai dit ! »
Et sur ce, il avala une grande rasade de bière. Un long silence s’en suivit, les deux jeunes hommes se regardant sans rien dire. Whitney fit quand même après un moment :
« Tu ne me demandes rien ?
- C’est ton histoire, Whit. Si tu veux me la raconter, je t’écouterais et… »
Whitney l’interrompit.
« Clark !
- Quoi ?
- Arrête de m’appeler Whit s’il te plait »
Clark le regarda en biais, intrigué.
« Ca te dérange ?
- Non, ça ne me dérange pas »
Clark fut un peu plus intrigué.
« Alors pourquoi ?
- Je ne sais pas combien de temps je vais pouvoir me retenir de t’embrasser si tu continues à m’appeler comme cela, c’est tout »
Il n’y eut plus que leurs regards la minute suivante. Un seul et unique regard, identique. Whitney leva finalement sa bière comme s’il trinquait, et il fit d’une voix chargée d’émotion douloureuse :
« Ca y est ! Encore un autre truc que je suis arrivé à dire ! »
Il but une nouvelle gorgée rapide, sans jeter un seul coup d’œil à Clark. Ce dernier fit mine de se lever, mais Whitney l’arrêta de la main.
« Clark, non…
- Whitney, je…
- Laisse moi finir, d’accord ? »
Clark acquiesça après une seconde. Whitney reprit, plus tranquille, plus à l’aise. Mais quelque chose au fond de lui était en train de le dévorer vivant : tout ce qu’il avait accumulé pendant tant d’années.
« Ma vie n’est qu’une stupide partie de cache-cache, Clark. Depuis des années. Le pire est que je suis en même temps celui qui se cache et celui qui cherche »
Whitney posa sa bière sur la table.
« J’ai passé quatre ans de ma vie enfermé dans une prison d’Afghanistan, à me dire que c’était tout ce que serait ma vie désormais. Je ne m’en plains pas, j’ai arrêté il y a longtemps de m’en plaindre. Après tout, certains ne sont jamais revenus… Je pense q’un miracle m’a ramené ici, parce que le commando qui m’a trouvé ce jour là était occupé à une autre mission. Mais il m’a trouvé »
Clark ne put s’empêcher d’intervenir, dérangé par ce qu’il venait d’entendre.
« On dirait que tu… regrettes presque ?
- Tu as déjà eu envie de mourir, Clark ? »
Ils se fixèrent, gravement. Clark essaya de dédramatiser la tournure que prenait la conversation.
« Whitney… Je peux imaginer que ces quatre ans ont été si durs que… »
Whitney l’interrompit.
« Je ne parle pas de la période où j’étais là-bas, Clark »
Clark réalisa avec terreur ce que Whitney lui disait, comme il réalisa aussi tout ce que le jeune homme avait du endurer. Un tristesse profonde se fit dans son cœur.
« Je suis revenu ici, chez moi, au pays comme ils disent… Pendant des mois, presque deux ans, j’étais constamment entouré : par l’Armée, par les psy, par les journalistes. On me traitait comme un héros, alors que je n’avais rien fait de grandiose à mes yeux. A peine survivre. Ils se sont tous mis à me promettre un avenir radieux, ils m’ont tous dit que tout aller s’arranger, j’avais soudainement des centaines d’amis… Et moi, moi je me sentais encore plus seul que dans le cagibi qui me servait de cellule en Asie »
Whitney sentit ses yeux le piquer et se remplir de larmes, qu’il essuya d’un revers de main, en reniflant. Clark fit une nouvelle fois mine de se lever.
« Reste assis, Clark ! Je n’ai pas fini !
- Whit…
- S’il te plait »
Le visage de Clark reflétait une tristesse incroyable, qui touchait Whitney au plus profond de ce qu’il était et lui donnait envie de se précipiter dans ses bras.
« J’ai craqué, Clark. Je me sentais seul comme jamais je ne m’étais senti seul de ma vie. Alors j’ai appelé Newsweek, j’ai raconté toute mon histoire en croyant que j’irais mieux après, ce qui n’était qu’une illusion, je le savais d’avance. Plus rien n’avait d’importance à mes yeux. Plus rien… du tout »
Il fixa Clark dans les yeux et ne le vit qu’à travers le brouillard de ses pleurs.
« J’ai pensé qu’il ne me restait plus qu’à… me tuer »
Whitney leva la main pour parer toute tentative de mouvement de la part de Clark.
« Je me suis dis que New York était l’endroit idéal pour mourir. Pourquoi ? Je ne le sais toujours pas, encore aujourd’hui. J’ai alors demandé à l’Armée de m’inscrire à l’université dans cette ville, puisqu’elle me l’avait promis, en me disant qu’il fallait avoir l’air normal jusqu’au bout »
Whitney reprit la bière en main, la termina d’un trait. Il reposa la bouteille, puis fixa Clark.
« Après quelques semaines de cours, que j’avais tenu à vouloir suivre malgré tout, au cas ou, un soir où jamais je ne m’étais senti aussi… à la frontière de moi même, je suis monté sur le toit de la résidence d’étudiant où je vivais et… »
Clark ouvrit la bouche, mais il était tellement bouleversé par ce qu’il entendait, qu’il ne put pas articuler le moindre mot. Ses larmes parlaient pour lui de toute façon. Whitney lui murmura :
« Ne pleures pas, Clark »
Il tenta de lui faire un sourire, tout comme Clark tenta d’y répondre.
« Je suis toujours là, Clark
- Whitney, arrête…
- Je suis toujours là parce que ce soir là, sur le toit, David passait le temps en révisant un partiel »
Clark essuya ses yeux rapidement, avant de reposer son regard sur le jeune homme désespéré qui se tenait en face de lui.
« David ?
- Oui, David. Il étudiait la biologie génétique. Je crois qu’il n’a pas vraiment compris ce qu’il se passait ce soir là : il m’a vu monter sur le bord du toit, prêt à sauter, et sans réfléchir s’est précipité vers moi pour me sauver. Parlez moi de la première rencontre, tiens ! »
Clark baissa la tête, le temps de murmurer :
« Dieu bénisse David ! »
Cette remarque fit sourire un peu plus franchement Whitney, gommant un peu sa tristesse, qui poursuivit :
« C’était pourtant plus qu’une rencontre. Ce soir là, je suis resté des heures, blotti dans ses bras, blotti dans les bras d’un étranger, à pleurer toutes les larmes de mon corps, à déverser sur lui toute les douleurs de ma vie, sans qu’il ne cesse de me dire que tout aller s’arranger, qu’il allait m’aider, qu’il ne me laisserait pas seul avec tant de peine. Il ne me connaissait pas, et il m’a simplement tenu contre lui, comme ça, essayant d’apaiser ma souffrance… »
Whitney prit deux secondes pour reprendre son souffle et poursuivit :
« Dans les mois qui ont suivi, David était tout pour moi. J’étais plus que dépressif, il ne m’a jamais laissé tomber, pas un instant, comme si ma vie avait la plus grande importance qui soit à ses yeux. J’ai fini par réaliser que David m’aimait, avant de comprendre que cela me rendait vivant parce que moi aussi… je l’aimais. Et que tout cela ne me posait aucun problème, parce que tout cela était la relation la plus sincère que je n’avais jamais eu avec quiconque »
Une fois de plus, Whitney essuya ses yeux en reniflant. Clark fit doucement, en essayant de donner à sa voix un ton enjoué :
« Il faudra que tu me donnes l’adresse de ce David, Whitney ! Je tiens à le remercier d’avoir fait en sorte que toi et moi puissions vivre ce qu’il se passe maintenant ! »
Le visage de Whitney prit un air grave.
« C’est noble de ta part, mais c’est impossible Clark. David est mort »
Clark s’effondra presque.
« Oh Mon Dieu, Whitney…
- Nous sommes restés pratiquement deux ans ensemble, avant qu’il ne soit emporté par une leucémie foudroyante. En trois mois »
Whitney eut du mal à retenir un sanglot. N’en pouvant plus, Clark se leva et se précipita vers lui. Il fut stoppé dans son élan par le bras tendu de Whitney qui le maintint ainsi à distance.
« Clark, non…
- Whitney ! Je ne vais pas rester assis là à te regarder souffrir en me racontant ta vie, sans rien faire !
- Je voudrais terminer de te raconter justement
- Arrête de me rejeter, Whit ! Je ne le supporterai pas ! Laisse moi être présent pour toi, laisse moi t’aider !
- Je n’ai jamais parlé de tout cela à personne, Clark. A personne. Alors crois moi, rien qu’en prenant le temps de m’écouter, tu fais plus pour moi que quiconque n’en n’a fait »
Whitney replia son bras lentement, en hésitant, et constata que Clark ne bougea pas, se contentant de rester debout devant lui.
« Pourquoi est-ce que je te raconte tout cela, Clark ? Parce que… j’ai confiance. Avant ce soir, avant maintenant, je n’avais jamais ressenti cette impression de sécurité avec quelqu’un comme je peux la ressentir en ce moment avec toi, et ce depuis que tu m’as parlé de toi tout à l’heure dans le champ »
Il sembla se rappeler quelque chose, et ajouta alors avec un petit sourire :
« Pas depuis David en tout cas. Je ne sais pourquoi, mais bien que sa mort m’est anéanti, elle m’a aussi donné une force que je ne savais pas être possible : celle de continuer. Deux jours avant qu’il ne… parte, David me demandait de lui promettre de vivre, de ne pas faire de sa disparition une fin à tout, et surtout… d’aimer »
Whitney se redressa, quittant l’appui qu’il avait contre la table depuis le début, et il fit deux petits pas vers Clark. Il le regarda avec émotion quelques secondes, avant de baisser les yeux vers la main du jeune homme qu’il prit dans la sienne. De sentir que Clark serrait ses doigts autour des siens le transporta d’une joie intense, tellement ce geste simple signifiait à ses yeux. Whitney releva la tête et fixa Clark à nouveau. Ce dernier lui souriait, d’un sourire apaisant, magnifique.
« Clark… J’ai envie de tenir la promesse que j’ai fait à David… avec toi »
Ils se noyèrent l’un dans le regard de l’autre, emportés tous deux par la vague d’amour qui déferla dans leurs corps en cet instant. Un sentiment puissant les électrisa, leur apportant une sensation d’incroyable plénitude, et soudain tout semblait devenir magique : il n’y avait plus qu’eux, et rien d’autre. Plus de secrets, plus d’attente : juste vivre le moment. Clark porta sa main libre au visage de Whitney, dont il caressa la joue, effaçant de son pouce une larme qui roulait dessus, et il ne quitta plus les yeux de Whitney. Et puis, lentement, il inclina son visage, jusqu’à ce que ses lèvres entrent en contact avec celles de Whitney, en un tendre et furtif baiser. Une seconde, ils se regardèrent, suspendant leurs gestes, avant que Whitney n’attire Clark contre lui, ne l’enserre dans ses bras, le jeune homme faisant de même, et qu’ils ne partagent leur premier vrai baiser dans un état de total abandon l’un pour l’autre.

******

Le soleil brillait depuis peu longtemps lorsque Martha sortit sur le perron. Elle posa les yeux sur la voiture de Whitney qui se trouvait toujours garée là, avant de les reporter sur la grange. Après une hésitation, Martha se dirigea vers elle. Lentement, sans faire de bruit, elle monta les marches qui conduisaient au loft de Clark. Elle n’était pas tout à fait parvenue en haut de l’escalier lorsqu’elle découvrit les deux garçons : ils dormaient tout habillés, l’un contre l’autre, dans le canapé.
Martha monta l’escalier complètement et pris un moment pour les regarder : Clark était allongé sur le dos, un bras relevé au dessus de sa tête qui était tournée vers le dossier du canapé, et Whitney reposait contre lui, entre lui et le dos du sofa plus précisément, la tête posée sur le haut de la poitrine de son fils, un bras autour de lui, alors que l’autre bras de Clark l’entourait. Elle avança doucement vers les étagères derrière le canapé, et, sans bruit, elle se saisit d’une couverture que l’instant d’après elle étendait doucement sur eux. Martha se pencha vers Clark, repoussa la mèche de cheveux qui lui barrait le front, et y déposa un doux baiser maternel. Tournant la tête vers Whitney, elle regarda le jeune homme dormir, avant de lui poser tendrement une main sur la joue en souriant.
« Dormez bien les anges… »

******

Clark et Whitney entrèrent dans la maison où Martha les accueillit en riant.
« Ca, c’est ce qu’on appelle une grasse matinée les enfants ! Il est presque midi ! »
Clark lui lança un regard un peu gêné.
« Maman…
- Quoi ? Bon, maintenant que vous êtes réveillés, vous avez peut-être un petit creux, non ? »
Martha remarqua que Whitney n’était pas du tout à l’aise, et n’osait pas la regarder. Tout en continuant ce qu’elle faisait quand ils étaient entré, à savoir leur préparer un grand petit-déjeuner, elle s’adressa à lui :
« Whitney ? Est-ce que tu peux m’aider à porter cela sur la table ? »
Et elle lui tendit un plateau où étaient disposés assiettes, mugs et couverts. Whitney s’approcha d’elle.
« Bien sur, Madame Kent ! »
Clark s’éloigna vers le salon en prenant le téléphone au passage.
« Je vous laisse une minute, je vais vérifier ma messagerie »
Le voyant faire, Martha en profita pour dire à Whitney :
« Whitney ? Tu n’as pas à te sentir gêné, d’accord ? »
Il la dévisagea, un peu incrédule.
« Excusez-moi ?
- Je vois que tu ne sembles pas très à l’aise. Sache que Clark ne me cache rien. Je connais sa vie… privée. En partie, du moins. Je pense que si tu es là c’est parce que lui et toi êtes devenus un peu plus que des amis. Est-ce que je me trompe ?
- Je… »
Il regarda la mère de Clark sans pouvoir lui répondre. Martha posa sa main sur l’épaule de Whitney et ajouta :
« Tu n’es pas obligé de répondre, Whitney. Simple curiosité de mère… Ce qu’il se passe entre Clark et toi ne regarde que Clark et toi »
Whitney lui fit un sourire, auquel Martha répondit avec le sien.
« Merci, Madame Kent. Merci vraiment
- De rien Whitney. Je t’aime bien, je n’ai pas envie qu’il y ait le moindre malaise entre nous »
Clark revint vers eux à ce moment. Les voyant en train de discuter, il demanda à sa mère :
« De quoi parlez-vous tous les deux ? »
Sa mère lui fit un grand sourire ironique, et d’un ton très détaché, lui répondit :
« Mais de toi mon chéri ! »
Whitney éclata de rire en entendant cela, encore plus lorsqu’il vit la mine déconfite de Clark. Martha ne put pas à son tour se retenir de rire bien longtemps, avant d’être rejointe par Clark qui s’était approché d’eux. Ce dernier fit une bise à sa mère et il passa ensuite un bras autour du cou de Whitney en l’embrassant sur la joue, ce dernier paraissant un peu surpris et gêné, mais heureux. Matha fit alors :
« Allez ! A table ! »

******

Clark ouvrit la portière de la voiture de Whitney, et ce dernier s’installa dans le véhicule. Clark referma ensuite la portière, et il passa la tête par la vitre ouverte.
« A tout à l’heure ? »
Whitney le regarda en souriant, et tout en démarrant le véhicule, il lui répondit :
« A tout à l’heure, Clark »
Il se pencha vers lui et l’embrassa rapidement. Clark fit une grimace amusée.
« C’est tout ?
- Quoi c’est tout ?
- Même pas un vrai baiser d’adieu ? »
Le regard de Whitney perdit un peu de son éclat, avant qu’il ne réponde :
« Je te le réserve pour ce soir, quand tu repartiras à Metropolis »
Clark baissa quelques secondes la tête et soupira :
« Whit… »
Whitney redressa le visage de Clark d’une main, et l’embrassa alors vraiment, une main sur sa nuque. Lorsqu’ils se séparèrent, Clark fit :
« Waow ! »
Whitney eut un petit rire, et il lui dit avec un regard sensuel :
« N’est-ce pas ? Alors imagine le reste, Clark
- Je me languis déjà… »
Ils se regardèrent, yeux dans les yeux, partageant un regard identique que l’on aurait déjà pu appeler leur regard. Clark fit alors un dernier petit baiser à Whitney en lui disant :
« On se voit tout à l’heure ! »
Il le regarda ensuite reculer et quitter la ferme. Sa mère arriva derrière lui à cet instant, et ils suivirent des yeux ensemble la voiture s’engager sur la route de Smallville.
« Clark ?
- Oui ?
- Tu es sur de ce que tu fais ? »
Il tourna la tête vers sa mère, légèrement contrarié.
« C’est à dire ?
- Tu n’as pas peur que vous deux ce soit une histoire un peu… impossible ? »
Clark changea de visage et prit un air franchement contrarié cette fois. Après un instant de réflexion, il répondit :
« Je n’ai pas envie d’y penser pour le moment, maman
- Il faudra pourtant bien que tu y penses, Clark »
Ils restèrent un instant à se dévisager, avant que Clark ne prenne le chemin de la maison sous les yeux un peu tristes de sa mère.

(à suivre)

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MessagePosté: 23 Sep 2004 21:46 
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Ah là là... cette fic est vraiment trop bien !!! Tu écris tellement bien qu'on a l'impression d'être témoin des scènes ! C'est génial ! :sourire:

Merci pour l'autorisation, je mettrai le début sur le site ce week-end.

:suite:

Cybelia.


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MessagePosté: 24 Sep 2004 07:15 
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Mais euh... kesk'ils font ces deux-là ?
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Thank you... :oops:

La suite...


******

Un bref orage d’été s’était abattu sur Smallville en milieu d’après-midi et avait passablement rafraîchit l’atmosphère. Clark était en train d’enfiler un blouson léger dans sa chambre lorsque sa mère frappa à la porte entrouverte et entra, lui tendant le téléphone sans fil en lui disant :
« C’est Whitney »
Clark prit le combiné des mains de sa mère et le porta à son oreille.
« Whitney ? (…) Non, j’allais partir (…) Au lycée ? (…) Ah, d’accord (…) Oui, oui ! (…) Ok, à tout de suite ! »
Clark raccrocha et posa le téléphone sur son lit, où Martha le reprit en main, avant de dévisager son fils.
« Qu’est-ce qu’il y a, maman ? »
Le ton de Clark était celui que l’on a lorsqu’on ne veut pas entamer une conversation tout en sachant que l’on y échappera pas.
« Clark, je suis désolée d’insister là dessus, mais je te demande de bien réfléchir à ta… relation avec Whitney
- C’est déjà fait : je sors avec lui depuis la nuit dernière, et je veux que cela continue. Sans te donner de détails, je sens que lui et moi nous nous sommes… trouvés. Whitney a traversé beaucoup de choses qui l’ont fait souffrir, et j’ai envie d’être là pour lui »
Sa mère lui adressa un sourire compatissant, avant de s’asseoir sur le lit et de lui demander :
« C’est très gentil de ta part, Clark. Et ne te méprends pas sur mes intentions : j’aime beaucoup ce garçon
- Mais ? »
Clark posa sur sa mère un regard qui exprimait la réserve qu’elle même semblait insinuer. D’un ton amer, il répéta :
« Mais quoi, maman ?
- Clark… Tu es journaliste, tu vis loin d’ici, tu as une vie… spéciale. Comment Whitney s’inclue-t-il dans tout cela ? »
Il répondit d’un ton évasif, comme s’il ne voulait pas regarder le problème en face :
« Nous aurons le temps de voir, maman »
Martha se leva et cria presque, le surprenant :
« Mais enfin ! Et tes supers pouvoirs, Clark ?! »
La mère et le fils se fixèrent, presque en colère tous les deux, comme si ce qu’elle avait dit était une quelconque malédiction qu’il ne fallait surtout jamais exposer au grand jour. Martha soupira, puis reprit doucement :
« Comment Whitney pourra-t-il lutter contre cela ? Comment ? »
Le jeune homme la foudroya du regard, une peine douloureuse dans les yeux : elle venait d’énoncer à voix haute toute l’impossibilité de sa vie amoureuse, depuis qu’il savait aimer.

******

Whitney accueillit Clark sur le perron du lycée. Lorsque le jeune homme fut en face de lui, il jeta un regard à droite, puis à gauche, avant de reporter son regard sur lui. Avec un sourire, il lui fit :
« Tu m’as manqué… »
Et il l’embrassa furtivement. Clark eut un petit rire, avant de prendre la main de Whitney, et de lui dire ironiquement :
« Oui, ça fait au moins six mois, non ? »
Ils partagèrent un rire commun, avant que Whitney ne le prenne dans ses bras en lui murmurant :
« Si tu savais comme je me sens bien avec toi, Clark ! J’avais presque oublié ce que c’est que d’être… bien ! »
Clark sentit une forme de douleur l’envahir après que Whitney eut parlé, et il le serra un peu plus contre lui. Il se rendait compte qu’il partageait le sentiment du jeune homme, et peut-être même plus. Mais il était trop tôt pour s’appesantir là dessus. Il n’y aurait d’ailleurs très possiblement jamais à s’appesantir sur quoi que ce soit. Mais Clark prit le parti de se dire que l’important, c’était ce qu’il se passait maintenant. Après, et bien après viendrait. Et il verraient quoi faire à ce moment là. Ils se séparèrent, et Whitney découvrit que le visage de son ami avait changé.
« Quelque chose ne va pas ?
- Non, je repense à une conversation que j’ai eu avec ma mère avant de venir te rejoindre, c’est tout
- Une… conversation ? Sur nous ? Sur moi ? »
Clark lui fit un signe de tête pour lui faire comprendre que ce n’était pas important, et il changea de sujet.
« Rappelle moi ce que tu fais au lycée un dimanche après midi, Whitney
- Je suis venu m’assurer que votre petite fête d’hier soir n’a pas eu de conséquences fâcheuses pour l’établissement
- C’est vrai ?
- Oui, la directrice me l’a demandé. Mais je suis aussi passé pour récupérer deux ou trois trucs dans mon casier en salle des professeurs »
Whitney se recula vers la porte d’entrée.
« Tu viens ? J’en ai pour dix minutes tout au plus, et après je suis tout à toi »
Clark suivi Whitney et ils entrèrent dans le lycée, ce dernier prenant le temps de verrouiller la porte derrière eux. Le regardant faire, Clark remarqua :
« Tu nous fermes à l’intérieur ?
- Oui. Je ne vais pas laisser le lycée ouvert à tout venant alors qu’il est censé être fermé »
Clark revint vers Whitney et lui souleva la main qui tenait la clef qu’il venait d’utiliser à hauteur de ses yeux.
« C’est quoi cette clef, Whit ?
- Le double du passe du gardien »
Clark eut soudain un petit rictus amusé.
« Le passe ? Tu veux dire que cet petit objet de métal cranté ouvre toutes les portes de notre bon vieux lycée ?
- Euh, oui… Mais pourquoi ? »
Whitney prit conscience du regard un peu plus rieur encore que Clark posait sur lui, avant de comprendre qu’il le regardait aussi avec… envie.
« Clark, à quoi penses-tu s’il te plait ?
- On est seul ? »
Whitney répondit machinalement, avant de comprendre.
« Oui, le gardien est en vacan… Clark ! »
Il lança au jeune homme un regard mi-furibond, mi-émoustillé.
« Tu n’y penses quand même pas ?
- Je n’ai rien dit, Whitney
- Non, mais tu y a pensé ! Avoue ! »
Clark se mit à rigoler, avant de s’approcher de Whitney et de le prendre dans ses bras tout en l’embrassant. Ce faisant, il lui glissa à l’oreille :
« J’avoue, oui. Coupable d’avoir envie de faire l’amour avec toi… »
Whitney sentit une décharge de frissons lui traverser le dos, avant qu’il ne s’écarte un peu de Clark tout en restant dans l’enceinte de ses bras. Il planta son regard dans le sien, et lui fit :
« Est-ce qu’on ne va pas un peu vite, là ? »
Un instant, le désir naissant en Clark sembla fondre comme glace au soleil. Il observa Whitney, réfléchissant vraiment à la question, avant de lui dire :
« Tu trouves que je suis trop empressé ?
- Non, ce n’est pas cela. Je veux juste te faire comprendre qu’hier nous étions des Clark et Whitney différents, qui ne se doutaient pas qu’aujourd’hui ils évoqueraient la possibilité de faire l’amour ensemble. Ne faudrait-il pas prendre le temps de regarder en face tout ce que nous nous sommes dit, et ce que nous voulons, Clark ? »
Whitney termina sa question en embrassant rapidement Clark sur les lèvres. Ce dernier fit de même, avant de lui répondre :
« Puisque tu me le demandes, je vais te dire ce que je veux, Whitney. Je n’ai jamais reçu de ma vie une marque de confiance comme celle que tu m’as témoigné en me racontant ton histoire la nuit dernière. J’espère ne jamais trahir cette confiance, Whit. J’ai envie de dire que je suis fier d’avoir été le premier, après David, à tout savoir de toi. Quant à l’avenir… Et bien, je n’ai plus envie, à 25 ans, de tergiverser des semaines sur la faisabilité ou pas de notre relation : je veux être avec toi. Et si maintenant tu me demandais quand je suis tombé amoureux de toi, je… »
Whitney l’interrompit, ahuri.
« Tu… quoi ?! »
Clark, surpris, le dévisagea.
« Quoi ? Qu’est-ce qu’il y a ?
- Tu es tombé… amoureux de moi ?! »
Clark se mit à rire doucement.
« Euh, oui ! En tout cas, c’est ainsi que j’ai envie d’exprimer ce que je ressens pour toi. Pour tout te dire, je crois même que je suis attiré par toi depuis très longtemps, depuis le lycée peut-être, mais que je n’avais jamais pris le temps d’y penser, parce que je ne voyais pas ma vie comme je la vois aujourd’hui »
Whitney n’en revint pas. Il lui fallu quelques secondes de battement avant de serrer Clark contre lui, en l’embrassant dans le cou. Touché, Clark lui caressa les cheveux.
« Content de voir que cela te fait plaisir, Whit ! »
Whitney le regarda en face en riant.
« Ne fais pas l’imbécile, Clark ! Tu ne peux pas savoir comme tout ce que tu as dit à de l’importance pour moi. Et je crois moi aussi qu’il y a longtemps que tu… me plais, sans que je l’ai réellement compris jusqu’à ce jour
- Tiens donc…
- Parce que moi aussi je dirais que je suis tombé amoureux de toi, Clark »
Ils prirent un moment pour échanger leur regard, avant de s’embrasser longuement, avec passion, puis de rester l’un dans les bras de l’autre un moment. Les yeux fermés, Clark demanda d’une petite voix tremblante :
« Whitney ?
- Oui ?
- Tu veux bien être mon petit ami ? »
Lentement, très lentement, Whitney s’écarta de Clark et il le regarda, les yeux embués de larmes de joie. Lorsque Clark découvrit l’émotion de Whitney, il se senti à son tour incapable de contenir les sentiments qui se déversaient de son cœur, dans tout son corps. Whitney prit les mains de Clark dans les siennes, et il fit dans un souffle :
« Bien sur que je le veux… »
Et à nouveau, ils se perdirent corps et âme dans un baiser intense. Et alors que le temps passait, et qu’ils restaient l’un contre l’autre, se sentant plus vivants que jamais, Whitney se mit à rire. Clark s’écarta de son étreinte et le dévisagea, amusé.
« Pourquoi ris-tu ?
- Je viens de penser à quelque chose
- A quoi ? »
Whitney lui agita la clef qu’il avait en main depuis le début, devant les yeux. Clark sentit le désir revenir.
« Pourquoi me montre-tu cette clef, Whit ?
- Parce qu’elle ouvre aussi les portes de l’infirmerie, Clark
- De l’infirmerie ? Tu ne te sens pas bien ?
- Oh si ! Mieux que bien, même !
- Désolé, mais je ne te suis pas, là
- Tu sais ce que l’on trouve là-bas ? »
Clark plissa le front, ne comprenant vraiment pas où Whitney voulait en venir.
« Des lits, Clark ! »

******

« Clark… Clark… Clark ! »
Le jeune homme arrêta de dévorer le cou de Whitney de ses baisers. Il le regarda, assis sur le bureau devant lui, la chemise presque totalement ouverte, repoussant du pied son propre blouson qui se trouvait à ses pieds.
« Quoi ?
- Clark, on ne va pas faire ça…là quand même ? »
Clark lui fit un sourire grivois, avant de passer ses mains dans l’ouverture de la chemise de Whitney, se serrant contre lui entre ses jambes ouvertes. Plongeant sa tête à nouveau dans le creux du cou de son ami, reprenant ses baisers, il murmura dans un petit rire :
« Pourquoi pas ? J’ai toujours rêvé de faire l’amour sur un bureau du lycée ! Pas toi ? »
Il se mit ensuite à mordiller le lobe de l’oreille de Whitney et à laisser sa langue descendre le long de son cou. Faisant cela, il ajouta toujours en un murmure rieur :
« Mais vu que nous y sommes, ce serait bête de ne pas utiliser les lits de l’infirmerie, non ? »
Whitney se sentait complètement enflammé par la sensation des mains de Clark sur sa peau, par les baisers qu’il lui donnait, par cette situation invraisemblable qu’il était en train de vivre avec lui. Jamais encore dans sa vie il n’avait ressenti un tel désir sexuel pour quelqu’un d’autre. Il prit la tête de Clark entre ses mains, et le fixa droit dans les yeux, quelques secondes. Whitney se rendit compte qu’il ne pouvait pas lui résister, qu’il ne voulait pas lui résister… Il approcha son visage de celui de Clark, et il l’embrassa passionnément, l’enserrant un peu plus entre ses jambes, alors que ses mains s’abaissaient sur la chemise de son amant et qu’il commençait à lui la déboutonner rapidement.
Clark tira la chemise de Whitney hors de son pantalon, s’attarda sur la ceinture qu’il dégrafa avec quelques difficultés, puis ouvrit ensuite la braguette dont il fit sauter un par un les boutons. Il continuait à l’embrasser avec fougue, comme si son adolescence ressurgissait de quelques recoins de lui même, pendant que Whitney dégageait sa propre chemise de ses jeans, et entreprenait de lui défaire son pantalon.
Lorsqu’ils furent tout deux passablement débraillés, chemises ouvertes et pantalons baillant sur les hanches, enlacés dans un enchevêtrement de baisers sensuels et de caresses, chacun s’occupant du torse de l’autre, des reins de l’autre, des fesses de l’autre, Clark leva sa jambe gauche, soulevant la droite de Whitney, et sans cesser de l’embrasser, le renversa sur le bureau en le poussant en arrière. La plupart des objets et papiers posés sur le meuble s’envolèrent et retombèrent sur le sol. En riant, Whitney s’accrocha à Clark et il cria presque :
« Clark ! »
Lorsqu’ils furent allongés, aucun des deux ne cessant d’explorer le corps de l’autre de ses caresses, Clark lui susurra à l’oreille, d’une voix tremblante de désir :
« J’ai envie de toi, Whitney… J’ai vraiment envie de toi ! »
Whitney passa une jambe par dessus celle de Clark, et l’assujettit un peu plus contre lui en posant une main dans le creux de ses reins. Dans un souffle rauque, il lui fit :
« Fais moi l’amour, Clark… »
Ils se regardèrent, tassés l’un contre l’autre. Clark caressa amoureusement le visage de Whitney, ce dernier lui passant la main dans les cheveux, son regard plus bleu que jamais planté dans celui de Clark.
« Whitney, je… »
Le jeune homme blond posa un doigt en travers des lèvres de Clark.
« Chut… »
Ils se sourirent mutuellement, puis Clark se redressa, descendit du bureau, et, attrapant Whitney d’un bras sous les genoux, et d’un autre dans son dos en passant sous son épaule, il l’emmena avec lui en le portant contre son torse. Whitney l’embrassa furtivement et il se laissa faire.
« Attends, Clark !
- Quoi ? »
Plongeant la main dans un bocal rempli de préservatifs, posé sur une petite table à côté de laquelle ils passaient, Whitney en prit plusieurs dans la main et les montra à Clark, en riant.
« Quatre ? Tu ne doutes pas de mes performances, on dirait ! »
Les traits de Whitney se firent plus sérieux, mais aussi plus… vrais que jamais, comme s’il allait dire quelque chose d’essentiel. Il regarda Clark et lui fit :
« Je n’ai jamais douté de toi »
Le baiser qu’ils échangèrent ensuite fut de l’amour pur. Clark porta Whitney jusqu’au lit, où il le déposa comme un objet précieux, et il enleva sa chemise. Quelques minutes après, dans un déluge de douceur, de caresses et de baisers, leurs peaux nues brûlantes de désir s’abandonnant au contact de l’autre, ils ne firent plus qu’un.

******

Whitney ouvrit les yeux et la première chose qu’il vit fut le visage angélique de Clark qui le regardait en souriant. Après quelques secondes, lui laissant le temps de se réveiller, ce dernier lui fit d’une voix douce :
« Salut toi… »
Un sourire se dessina sur les lèvres de Whitney alors qu’il lui répondit d’une voix ensommeillée:
« Salut… »
Il eut ensuite un petit frisson. Clark remonta le drap sur eux.
« Tu as froid, Whit ? »
Il y avait tellement de sollicitude dans cette voix que Whitney pensa qu’il pourrait s’habituer à tout cela très rapidement. Non, il pensa qu’il était déjà habitué. Il se lova un peu plus contre Clark, se retrouvant tout contre lui, alors que le jeune homme le prenait dans ses bras. Ils restèrent ainsi un moment, avant que Clark ne lui demande, de cette même voix douce :
« Ca va ? »
Whitney eut une petit sourire et répondit :
« Top of the world… »
Clark le dévisagera un peu surpris.
« Pardon ?
- Top of the world, Clark
- Euh, excuse moi mais je ne comprends pas, là »
Whitney fut amusé, et il lui expliqua :
« C’est une chanson des Carpenters
- Ah ? Je ne connais pas
- Les paroles me font penser à ce qu’il se passe entre nous, et à ce que je ressens »
Il regarda Clark dans les yeux et ajouta :
« A la façon dont le monde semble avoir changé en bien, et en mieux, depuis hier soir »
Clark inclina la tête, et en souriant embrassa Whitney.
« J’ai dormi longtemps ?
- Un peu plus d’une heure et demie, Whit
- Quoi ? Quelle heure est-il ?
- Pas loin de 19 heures je pense »
Whitney se redressa un peu dans le lit, un peu ahuri, en se frottant le visage. Clark s’appuya sur ses coudes.
« Qu’est-ce qu’il y a ?
- Je pensais pas qu’il était si tard »
Il se tourna vers Clark.
« Désolé, je vais jouer les troubles-fête Clark, mais il va falloir que l’on s’en aille. On ne peut pas rester ici indéfiniment : tu comprends, c’est quand même le lycée… Je dois en plus aller vérifier le gymnase
- Pas de problème. On va juste remettre un peu d’ordre, et on partira »
Clark s’assit dans le lit et passa ses bras autour des épaules de Whitney. Dans un sourire, il lui murmura à l’oreille :
« On pourra continuer à… prendre du bon temps chez toi »
Whitney se mit à rire, Clark lui embrassant le cou et l’épaule, avant de lui dire d’un ton ironique :
« Dites donc Monsieur Kent, vous n’êtes pas censé retourner à Metropolis ce soir ?
- Metro… quoi ? »
Et en riant, Clark le renversa dans le lit, avant de s’allonger sur lui.
« Clark !
- Chut ! »
Ils se regardèrent, amusés, mais aussi un peu troublés, avant d’échanger un baiser. Clark fit ensuite à Whitney :
« Je voulais juste t’embrasser encore une fois avant qu’on ne s’en aille »
Il se redressa à nouveau pour s’asseoir au bord du lit, imité par Whitney, qui lui fit :
« Bon, je vais aller me doucher. Tu me passes mon caleçon, s’il te plait ? Je crois qu’il est de ton côté du lit »
Clark éclata de rire.
« Whit, je te signale que je t’ai vu nu ! Tu te rappelles pas le garçon avec qui tu viens de faire l’amour ? Oui ? C’était moi !
- Très drôle, Clark ! C’est juste que je ne veux pas traverser les couloirs en tenue d’Adam »
Clark se pencha, ramassa le sous-vêtement de Whitney et le luit tendit. Le jeune homme lui fit une bise sur la joue.
« Merci ! »
Whitney enfila son caleçon et se leva, Clark faisant pareil peu après.
« Si on m’avait dit qu’un jour je me baladerais ainsi dans les couloirs du lycée ! »
Tous deux se mirent à sourire, avant que Whitney ne s’éloigne vers la porte.
« A tout de suite, Clark
- Je te rejoins. Je veux juste passer un coup de fil à ma mère pour la prévenir de mon retard »
Whitney quitta la pièce sur un clin d’œil à Clark.

(à suivre)


Les choses se dégradent un peu dans la partie à venir
Ah! L'amour...

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MessagePosté: 24 Sep 2004 16:51 
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:sourire:

Je sais que toutes mes reviews se ressemblent, mais je n'ai rien d'autre à dire à part que j'adore cette fic !! :D :bravo:

:suite:

Cybelia.


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MessagePosté: 24 Sep 2004 21:11 
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Merci beaucoup. Vraiment... :oops:

La suite? Voila!

PS: les adresses e-mail dans le texte suivant ne fonctionnent pas car elle sont fausses. Le forum les traduit automatiquement en lien web alorsque ce n'en sont pas :wink:


******

La nuit étendait sa noirceur sur Metropolis qui, comme chaque soir, se mettait à scintiller comme un diamant gigantesque, éclairée de mille feux. Dans le building abritant le Daily Planet, à l’étage où se trouvait son bureau, Clark observait l’écran de son ordinateur, pensif et indécis. Il venait de commencer à écrire un e-mail lorsqu’il s’était arrêté de frapper sur le clavier, avant de tout effacer. Dans la fenêtre ouverte sur l’écran, seul le champ d’adresse du destinataire était rempli, et on pouvait y lire : fordmanw@smallvillehigh-ks.us
Clark repensa à ces deux derniers jours, un sentiment fait de honte, de gêne et de malaise le prenant à la poitrine, et il se demanda s’il n’était pas trop tard, s’il fallait vraiment qu’il essaye d’expliquer à Whitney ce qu’il s’était passé. Alors qu’il savait pertinemment qu’il ne pouvait pas lui expliquer. Du moins, pas tout lui expliquer. Une fois de plus, il se retrouvait face au dilemme qu’il connaissait bien : déformer, arranger la vérité, ou ne rien dire du tout. En d’autres termes, mentir ou se taire. Ce qui lui fractura le cœur un peu plus.
La pensée folle, irréaliste au dernier degré, l’action absurde de tout lui révéler traversa l’esprit de Clark pendant un millième de seconde. Puis il posa les mains sur le clavier, et tout en soupirant, se remit à l’écriture de son e-mail. Il avait en tête tous les messages que Whitney avait laissé pour lui, cherchant à le joindre alors qu’il avait disparu, et il essayait de faire une réponse globale à tout cela, espérant qu’il pourrait y mettre un minimum de sincérité. Pourtant, alors qu’il composait son message, il savait que c’était peine perdue : Whitney et lui… cette histoire pouvait être jetée aux oubliettes. Jamais à aucun moment de sa vie Clark n’avait autant souhaité être quelqu’un d’autre. Quelqu’un de normal.
Il passa encore une demie-heure devant son ordinateur, en panne d’inspiration, recommençant et recommençant son e-mail. Avant d’inscrire quelques simples mots sur la page blanche, et de frapper la touche « Enter »

******

Clark était penché sur son bureau, la tête entre les mains, occupé à lire un rapport qui devait lui servir pour son prochain article. Il était entièrement à sa lecture, concentré sur ce qu’il faisait. Il ne vit donc pas que quelqu’un s’approchait de son bureau et s’arrêtait à la porte. Une voix s’éleva. Une voix sourde, une voix où l’on sentait poindre la colère, la déception, la douleur, la peine, et tout un amalgame de sentiments et d’émotions. Il était dérangeant de pouvoir d’ailleurs y décerner tout ces aspects.
« Je suis vraiment désolé. Vraiment. Mais nous deux c’est impossible. Un jour, peut-être, je t’expliquerais… Pardonne moi si tu le veux. Mais ne m’attends pas »
Clark redressa vivement la tête dès qu’il entendit les premiers mots, et il découvrit Whitney dans l’encadrement de la porte. Le jeune homme le fixait, une lueur dans le regard, que Clark n’eut pas de mal à identifier : la colère. Non, en fait Whitney semblait furieux. Ce dernier fit quelques pas pour s’approcher du bureau de Clark, un Clark désemparé qui bredouilla :
« Whitney, je… Il faut… »
Whitney l’interrompit, tentant de ne pas exploser de rage semblait-il, en lui criant presque :
« Un mail, Clark ! Tu m’as fait un mail ! »
Clark se sentit très honteux subitement, mais aussi très mal à l’aise. S’il avait pu, il aurait donné n’importe quoi pour être ailleurs, bien qu’il savait qu’il ne pouvait échapper à ce qu’il se passait maintenant.
« Whitney…
- Un mail, Clark ! Comment as-tu pu me faire ça ?! Toi ?! Comment as-tu pu t’abaisser à me faire ça ?! »
Clark se leva.
« Whitney, on peut en parler calmement si tu veux , Ok ? »
Whitney laissait la colère s’emparait de lui, c’était évident, mais Clark savait que cette colère n’existait que parce qu’il l’avait blessé. Trop durement.
« Calmement ?! Non mais tu plaisantes ?!
- Whit…
- Arrête de m’appeler comme ça, Clark ! Et cette fois, je le pense ! Ne m’appelle plus jamais comme cela ! Jamais ! »
Ils se regardèrent, exhalant de la furie dans le cas de Whitney, et une maladresse décontenancée dans le cas de Clark. Whitney reprit, mesurant sa colère, d’un ton presque écœuré qui fit froid dans le dos à Clark.
« Jamais personne ne m’avais déçu à ce point, Clark. Et je n’aurais jamais pensé que ce puisse être toi
- Whitney, tu ne peux pas comprendre »
Il y eut quelques secondes d’ahurissement sur le visage du jeune homme, avant qu’il ne crie presque :
« Pas comprendre ?! Je ne peux pas comprendre ?! Non mais tu me prends pour un débile ou quoi ?!
- Calme toi, Whit…ney !
- Comment veux-tu que je sois calme ?! Tu as disparu sans rien dire - sans rien dire, Clark ! - juste après que nous ayons tous les deux passés le meilleur week-end de notre vie ! Et ne me dis pas que c’est pas vrai, je l’ai vu dans tes yeux, Clark ! »
Cette phrase trucida Clark : parce que oui, elle était vraie. Et c’est pour cela que tout ce qu’il se passait lui provoquait tant de peine. Clark savait qu’au moment où Whitney et lui s’étaient embrassés pour la première fois, quelque chose qu’il avait attendu depuis longtemps venait de se produire dans sa vie. Quelque chose de bien, de bon, de merveilleux. Quelque chose qu’il avait balancé aux quatre vents…
« Comment as-tu pu me demander d’être ton petit ami en plein milieu de l’après-midi et ensuite t’enfuir sans aucune explication, Clark ? Sans – aucune – explication ! »
Ils se dévisagèrent en silence un court instant. Noyant la colère petit à petit, une souffrance immense se déversait dans le regard de Whitney, démultipliant celle de Clark qui voyait que tout ce qu’il n’aurait jamais voulu lui faire était en train de se produire quand même, à cause de lui. Il se sentit désespéré à un point tel qu’il se serait tué s’il avait pu. D’une voix un peu cassée, lasse aussi, Whitney lui fit :
« J’avais confiance en toi, Clark. Je pensais que tous les deux on… on pourrait aller très loin. Mais je me suis trompé. Tu sais ce que j’ai ressenti au lycée quand je suis revenu de la douche et que tu n’étais plus là ? Non ?! Je me suis sentit honteux et humilié, Clark, comme jamais dans ma vie ! A cause de toi ! A cause de ce garçon que je pensais être différent ! Mais non… Tu es comme tous les autres : un fuyard »
Clark sentit des larmes lui monter aux yeux, des larmes venues du plus profond de lui, des larmes qu’il n’avait jamais versé qu’une fois lors de l’enterrement de son père : les larmes du cœur. Il fit un effort monumental pour les retenir, et d’une voix similaire à celle de Whitney, il lui répondit :
« Je n’ai pas fui, Whitney. Je devais partir
- Pourquoi ? »
Whitney ne le quittait pas des yeux. Il répéta :
« Je t’ai demandé pourquoi, Clark !
- Il y avait un message sur mon répondeur. Un message urgent. Je… devais partir
- Sans me le dire ? Sans m’expliquer ou me laisser un mot, un message, quelque chose ?
- C’était… urgent »
La colère revint dans le regard de Whitney.
« Et il t’as fallu 48 heures pour régler cette… urgence ? Tu te fous de moi ?! »
Non, Whitney, il a fallu 48 heures à Superman pour régler cette urgence. Mais ça, je ne peux pas te le dire…
« Je ne peux pas… tout t’expliquer, Whitney »
Le jeune homme explosa.
« Alors va te faire voir, Clark ! Je ne vais pas perdre mon temps avec quelqu’un dont les secrets l’empêche de dire au-revoir, ou de décrocher un téléphone pour donner ne serait-ce qu’un minimum d’explication !
- Whitney !
- Non ! Ca suffit ! J’ai assez souffert pendant ces deux jours, Clark !
- Je suis désolé mais…
- Tu es désolé ?! Tu es désolé ?! Et tu crois que ça va tout arranger, Clark ?! »
De petites larmes de rage et de frustration venaient de naître dans les yeux de Whitney, augmentant le malaise douloureux de Clark. D’un murmure, il répondit :
« Non…
- Tu sais quoi ? Tu as raison ! Ca n’arrange rien ! »
Whitney recula vers la porte.
« Je perds mon temps avec toi, Clark. Je n’ai plus rien à faire ici, et plus rien à faire avec toi ! »
Il se retourna et marcha vers la sortie. Clark se précipita vers lui et le retint par le bras. En lui, la douleur suivait le même chemin que chez Whitney un peu plus avant, et se transformait en colère.
« Non ! Ne pars pas ! »
Whitney le dévisagea un peu surpris, avant de lui dire :
« Nous n’avons plus rien à nous dire, Clark
- Whitney, je… »
Mais Clark fut incapable de prononcer un mot de plus. Lentement, Whitney ôta la main de Clark de son bras, et il lui dit d’un ton aigre :
« Tu vois ? Plus rien a nous dire… »
Clark devint très nerveux.
« Je ne peux pas tout te dire Whitney ! Je voudrais, mais je ne peux pas !
- Il est trop tard, Clark. Tes secrets nous ont entraîné là où nous en sommes ! »
Cette remarque enfonça un poignard dans le cœur de Clark. Il éclata de rage.
« Mais qu’est-ce que tu crois, Whit ?! Que ça me fait plaisir ?! Que faire du mal à quelqu’un que j’aime est un choix volontaire ?! Si c’est cela, alors tu te trompes !
- Drôle de façon de montrer aux gens que tu les aimes, Clark
- Tu ne me connais pas vraiment ! Personne ne me connaît vraiment ! Personne ne sait que je dois parfois choisir des options qui s’avèreront être les pires, parce que je ne peux pas faire autrement !
- Des… options ? »
Un éclair de haine passa dans les yeux de Whitney.
« Des options ?! Comme quoi ?! Etre gay quand ça t’arrange ?! Te taper l’ex capitaine de l’équipe de football du lycée ?! Baiser avec un ancien héros de guerre ?! C’est ça, tes options ?!
- Whitney !! »
Clark reçu une gifle mentale magistrale à l’écoute de ce que Whitney venait de dire, qui lui fit mal plus que tout. Ce dernier baissa la tête, soupirant, se frottant le visage avant de placer une main derrière sa nuque. Après quelques secondes qui leur parurent à tous deux durer une éternité, il fit doucement, très calme :
« Je suis désolé, Clark… Je sais que tu n’es pas comme ça. Pardon »
Clark lui fit dans un souffle :
« Ce n’est pas grave, Whitney, ce n’est pas grave. On est juste à cran parce qu’on… ressent des choses l’un pour l’autre, c’est tout
- Oui, probablement »
Whitney releva la tête et ajouta :
« Mais regarde où cela nous mène, où nous en sommes… Ca ne peut pas marcher, Clark
- Whit…
- Non, Clark. Si tes secrets, que je veux bien respecter même si je ne les comprend pas, doivent être un problème, alors je ne vois pas comment nous pourrions être ensemble. Malgré le fait que… que l’on soit attiré l’un par l’autre »
Les deux garçons se regardèrent un instant, tous deux en proie à une multitude de sentiments opposés et blessants, alors que pour la première fois depuis le début de leur entretien, ils ressentaient presque seulement ce qui les avaient unis deux jours avant. Whitney posa une main sur la joue de Clark et, hésitant, lui fit :
« Au revoir, Clark. Prends soin de toi… »
Il s’éloigna ensuite sous le regard triste de Clark qui le regarda avancer jusqu’à l’ascenseur, avant de se retourner pour rejoindre son fauteuil de bureau… et croiser le regard de Loïs. Clark se figea. Son amie le regardait, une canette de soda à la main, affichant une expression difficilement interprétable sur ses traits. Clark ouvrit la bouche pour lui dire quelque chose, mais la referma aussitôt et entra dans son bureau. La jeune fille s’élança vers lui.
« Non, Clark ! Attends ! »
Elle le rejoignit dans le bureau, refermant la porte derrière elle, restant appuyée contre. Un long silence se fit, alors qu’ils se dévisageaient l’un l’autre. Loïs fut la première à parler.
« Qui était-ce ? »
Clark ne lui répondit pas de suite, mais il le fit.
« Un ancien camarade de lycée. Et je te préviens tout de suite : je n’ai pas envie d’en parler ! »
Loïs vint s’asseoir dans un des fauteuils face au bureau de Clark. Essayant de donner un ton ironique à ses propos, elle fit :
« Et bien ! Pendant que je me fais enlever par des escrocs, puis délivrer par Superman, il s’en passe à ces fêtes de retrouvailles entre anciens du lycée !
- Loïs, ça ne me fait pas du tout rire »
Elle pencha la tête de travers, d’une façon que Clark trouvait comique mais aimait de plus en plus, et qui signifiait qu’elle allait exprimer un fait imparable.
« Soit ! Alors tu vas m’écouter, Clark
- Loïs, j’ai… j’ai du travail
- J’ai dit : tu vas m’écouter »
Clark la regarda et s’aperçut qu’il n’était pas question de la contrarier. Il écouta donc son amie.
« Je ne sais pas qui est vraiment ce garçon, ni ce qu’il représente pour toi, Clark, mais je sais une chose. Une chose que j’ai appris à reconnaître chez toi depuis le temps, une chose que tu t’empresses de fuir à toute jambe quand elle te tombe dessus, s’empare de toi, et te terrorise. Tu mets une telle énergie à courir loin de ce qui pourrait être les bons moments de ta vie, le bon moment de ta vie, que tu en deviens ridicule, Clark
- Loïs…
- Ce garçon te plait »
Clark reçut un coup, invisible, mais d’une puissance incroyable. Loïs poursuivit :
« Il te plait, je le sais. Je le vois, Clark. C’est même plus que cela. Mais il est à tes yeux comme toutes celles et ceux que j’ai vu entrer dans ta vie : une impossibilité »
Loïs ramena ses longs cheveux bruns en arrière d’un geste machinal, avant de dire :
« Sauf que là… »
Clark attendit qu’elle veuille bien finir, sentant une anxiété prendre racine dans sa poitrine à l’avance. Il craignait que son amie ne l’ait vraiment percé à jour, ce qui ne l’aurait finalement pas étonné venant d’elle, et cette idée l’effrayait. Mais comme Loïs ne disait rien, n’ajoutait rien, il finit par demander d’une toute petite voix :
« Quoi, Loïs ? Sauf que quoi ? »
Elle prit le temps de planter son regard dans le sien avant de lui dire :
« Tu l’aimes »
Clark eut l’impression d’être renversé par un poids lourd, mais il ne le montra pas. A l’intérieur de lui, quelque chose se brisa et lui fit très mal. Oui, il aimait Whitney. Il s’étonnait lui même de la rapidité de ses sentiments, c’est vrai, mais il ne pouvait pas les nier. Et ce fait rendait tout cela encore plus insupportable. Son amie poursuivit :
« Tu l’aimes. Il est impossible que ce que j’ai vu dans tes yeux lorsqu’il est partit ne soit pas de l’amour Clark, ou alors je donne ma démission tout de suite à Perry »
Le jeune homme ne disait rien, il ne pouvait plus parler de toute façon. Clark avait l’impression que pour la première fois de sa vie, il allait vraiment se disloquer, en vrai, comme si son corps était capable au final de se morceler en réalité. Loïs soupira :
« Tu l’aimes et cela te détruit. Je ne sais pour quelle raison connue de toi seul cela te détruit, Clark. Alors qu’il serait si simple de faire en sorte que tu n’ais plus mal »
La jeune fille attendit quelques secondes, puis se leva.
« Clark ? »
En faisant un effort important pour ne pas craquer devant elle, il parvint à lui faire :
« Quoi ?
- Tu peux me dire ce que tu fais encore assis là derrière ton bureau ?
- Hein ?
- Tu devrais être en train de courir après ce garçon, ou alors…
- Whitney
- Pardon ? »
Loïs haussa légèrement les sourcils. Clark la regarda en souriant presque et lui fit :
« Il s’appelle Whitney »
La jeune fille lui fit un sourire à son tour.
« C’est très mignon comme prénom ça, Whitney… »
Clark attendit trois secondes, puis il se leva et attrapa sa veste, avant de se précipiter vers la sortie, laissant Loïs seule une fois qu’il eut ouvert la porte. La jeune fille murmura à la pièce en haussant les épaules :
« Mais de rien… »
Elle se retourna vers la porte et sursauta : Clark était encore là. Il se pencha vers elle et lui donna un baiser très furtif sur les lèvres en murmurant :
« Merci Loïs… »
Et sur ce, il disparut en courant vers les ascenseurs.

******

Whitney gara sa voiture devant chez lui, dans l’allée qui remontait à son garage. Coupant le contact, il resta assis un moment, essayant de se vider l’esprit sans y parvenir. Depuis qu’il avait quitté Metropolis, il tentait sans succès d’oublier, mais comment oublier… Clark. Whitney se mit à maudire la vie, avec une telle violence, qu’il en eut mal au cœur. Puis cela passa, laissant place au vide. Sensation presque habituelle : au moins, il savait gérer cela. Finalement, il ouvrit la portière de sa voiture et descendit de véhicule.
Il était presque arrivé au porche lorsqu’il s’arrêta, incrédule : Clark se tenait assis sur le banc, et semblait l’attendre. Whitney fut incapable d’analyser ce qu’il se passa en lui, se rendant juste compte qu’il ne savait plus bouger, se demandant s’il était possible d’oublier comment marcher. En souriant, Clark se leva et vint à sa rencontre. Lorsqu’il fut face à lui, Whitney retrouva la parole :
« Qu’est-ce que tu fais là ?
- Je voulais te… »
Whitney l’interrompit.
« Mais attends, attends… Comment es-tu arrivé… avant moi ?! »
Clark esquissa un sourire et lui répondit :
« J’ai couru »
Whitney hocha la tête ne signe d’incompréhension, avant que Clark ne lui fasse :
« J’ai roulé très vite, je voulais arriver avant toi
- Comment savais-tu que j’allais rentrer chez moi ?
- J’ai deviné »
Ils se regardèrent, notant tous les deux que leur regard existait toujours.
« Whitney, je veux te parler de…
- Clark, je crois qu’on…
- Laisse moi finir, s’il te plait ! Je veux te parler, te dire quelque chose de très important. Je veux juste que tu m’écoutes, et après… Et bien si tu me demandes de partir, je partirais »
Whitney plongea son regard dans celui de Clark, dont la sincérité intensifiait l’éclat, et, après un moment, lui fit signe de le suivre.
« Allons à l’intérieur »
Peu après, ils se retrouvaient dans la maison de Whitney que Clark prit le temps de découvrir, y entrant pour la première fois. Whitney avança jusque vers le milieu du salon, où il se retourna et fixa Clark, d’un air plutôt assuré mais teinté d’incertitude.
« Je t’écoute, Clark »
Clark inspira, puis après une hésitation, ouvrit la bouche pour dire :
« Je… »
Le silence qui suivit fut terrible. Clark sentit que ce qu’il voulait tant lui dire n’arrivait pas à franchir sa gorge, et il découvrit avec peur que l’éclat d’espoir qu’il avait perçu dans les yeux de Whitney était en train de s’affadir de façon trop rapide. Sentant qu’il n’avait jamais été sur le point de révéler quelque chose de plus important que ce qu’il allait dire à un autre être humain, ce qui lui donna l’énergie ultime pour le faire, il déclara dans un souffle :
« Je t’aime, Whitney »
A la grande surprise de Clark, Whitney n’eut aucune réaction. En apparence… Parce qu’en fait, Whitney venait de vivre la seconde la plus extraordinairement belle de sa vie, et les battements de son cœur qui se mirent à s’accélérer vinrent lui témoigner de ce fait, lui procurant une sensation jamais ressentie : celle de voler… Clark laissa quelques secondes s’écouler, avant de lui demander, un peu mal à l’aise :
« Tu as… entendu ce que j’ai dit ? »
D’une froideur masquant son trouble immense, Whitney lui répondit :
« Oui, j’ai entendu Clark. Je… j’attends juste de voir quand tu vas t’enfuir »
Clark essaya de cacher qu’il venait d’être quasiment poignardé par les mots de Whitney, en lui disant :
« Tu crois que je serais assez cruel pour jouer avec toi comme cela, Whitney ?! C’est cela que tu penses de moi ?! »
Les yeux de Whitney commencèrent à trahir ce qu’il ressentait au fond de lui, et ils s’embuèrent. Un instant passa avant qu’il ne dise d’une voix un peu brisée par l’émotion :
« Non, je pense que… tu es sincère. Mais…
- Mais ? Mais quoi, Whit ? »
Whitney avait du mal à retenir ses larmes. Il essuya vivement ses yeux et fit à Clark :
« Mais… j’ai peur »
Clark ne pouvait plus rester éloigné de Whitney : il s’approcha et vint à côté de lui.
« Tu as peur de quoi, Whit ? »
Les yeux humides, Whitney le regarda.
« De… toi, de moi. J’ai peur que tout s’écroule à nouveau, que tu partes, que je ne le supporte pas, que rien ne soit possible entre nous… Clark, je suis si effrayé parce qu’il nous arrive ! Si effrayé… Et moi aussi… je t’aime. Aussi incroyable que cela soit au bout de deux jours, je t’aime, oui ! Je t’aime Clark ! »
Whitney éclata en sanglots. Clark le prit dans ses bras et le serra amoureusement contre lui en tentant de le rassurer, bouleversé par une telle déclaration d’amour.
« Chut, Whit… Là, ça va aller… Ne t’inquiètes pas »
Il le berça un moment contre lui, avant de le regarder droit dans les yeux.
« Whitney, je suis aussi effrayé que toi. Je ne sais pas ce qu’il m’arrive, parce que je n’ai jamais connu ça. Tu es le premier garçon que j’aime, Whit. Le premier que j’aime vraiment, sincèrement. Je ne sais pas comment faire pour ne pas te blesser, pour ne pas faire d’erreur
- Clark…
- Ces deux jours sans toi, ces deux jours où je n’ai cessé de me dire que je t’avais fait tant de mal, ces deux jours ont été les pires de ma vie, Whit ! Je voudrais pouvoir les effacer, mais je ne peux pas. Je ne peux pas
- Je te pardonne, Clark
- Mais je… »
Ils se dévisagèrent, sentant tous deux qu’ils ne pouvaient plus se mentir. Clark reprit avec appréhension, réalisant qu’il allait probablement prononcer l’irréparable :
« Mais je ne peux pas non plus te jurer que cela ne se reproduira pas »
Les traits de Whitney se décomposèrent, et il s’écarta de Clark.
« Clark, non…
- Whit, je t’aime, je t’aime vraiment. Et c’est pour cela que je veux être honnête avec toi. Tout le long du chemin pour venir ici, je me suis dit que c’était la seule ligne de conduite que je devais adopter, pour toi, pour moi. Etre honnête
- Arrête, Clark. S’il te plait… Arrête ! »
La voix de Whitney brisa l’âme même de Clark. Mais il n’avait pas le choix : il devait faire cela.
« Crois moi, Whitney, ça m’arrache le cœur, mais je ne peux pas te faire cette promesse. Je dois parfois… m’en aller »
Des larmes se mirent à couler sur les joues de Whitney, accompagnant celles qui naissaient dans les yeux de Clark. Whitney s’écarta un peu plus de son ami et lui demanda :
« Tu es en train de me dire que… tu peux disparaître comme cela, comme tu l’as fait, et que… et que je dois l’accepter, sans rien demander, si nous restons ensemble ?! »
Clark approuva tristement d’un mouvement de tête. Whitney prit le temps de réaliser qu’il ne rêvait pas, qu’il ne cauchemardait pas, avant de s’éloigner vraiment de Clark. Un silence de plomb s’abattit sur le salon, un silence de mort, un silence qui sembla durer trop longtemps, avant que Whitney ne le brise.
« Sors d’ici… »
Clark fit un pas en avant, disant d’un ton plaintif :
« Whitney
- Sors d’ici, Clark ! »
Une fureur emplissait la voix du jeune homme. Clark ne pouvait se résoudre à partir, et à son tour, se mit à maudire la vie. Whitney, n’en pouvant plus, se mit à hurler :
« Je t’ai dit de sortir ! »
Le visage ravagé par la peine et la douleur, Clark recula vers la porte, ne pouvant lâcher Whitney du regard, puis il se retourna vivement et marcha vers elle. Il venait de poser la main sur la poignée lorsque Whitney se précipita vers lui et l’entoura de ses bras en criant :
« Non ! Ne pars pas ! Ne me laisse pas ! »
Entre ses larmes et ses sanglots, Whitney se mit à dire :
« Je vais… J’essayerais, et je ne te demanderais rien ! Je ferais tout ce que tu voudras, Clark, mais je ne veux pas… te perdre, je ne veux pas que tu t’en ailles ! »
Clark soupira, la souffrance qu’il ressentait en cet instant s’atténuant à peine, puis lentement, défit l’étreinte de Whitney et se retourna vers lui en lui tenant les mains. Son visage n’avait jamais été plus triste.
« Whit…
- Clark, non ! Ne me laisse pas ! S’il te plait, ne me laisse pas ! »
Clark lui caressa le visage affectueusement, avant de lui dire d’une toute petite voix :
« Tu sais que ce n’est pas vrai
- Quoi ? Qu’est-ce qui n’est pas vrai ?
- Tu ne vas pas me perdre parce que je vais passer cette porte, Whit… »
Whitney se mit à ouvrir de grands yeux douloureux, comprenant ce que Clark essayait de lui dire.
« Non, Clark… non… »
Il le prit dans ses bras et tous deux éclatèrent en larmes, restant un long moment serrés l’un contre l’autre, comme si leur vie en dépendait. Jamais aucun d’eux n’avait ressentit autant de peine en un seul instant. C’était comme perdre un morceau de soi même, c’était plus que douloureux : c’était comme perdre son cœur, et tout l’amour qu’il contenait, comme mourir. A travers leur détresse dévastée de larmes, ils purent se parler, une dernière fois.
« Je n'ai pas envie que tu partes
- Je ne peux pas rester, Whitney
- Tu reviendras ?
- Je ne sais pas
- Ce n'est pas une réponse ça
- C'est la seule que je peux t'offrir »
Whitney s’accrocha à Clark de toutes ses forces. Il lui semblait que son cœur allait lâcher.
« Je suis désolé Whitney
- Ne dis pas cela ! S'il te plait ne dis pas cela ! »
Clark l’embrassa sur le front et il commença lentement à se séparer de Whitney, ce dernier ne voulant pas le lâcher. Puis soudain, la douleur devenant trop forte, trop insupportable, ce dernier se mit à lui crier en le repoussant :
« Va-t'en, Clark !
- Whitney…
- Va-t'en ! C'est trop dur, alors va-t'en ! »
Ils se regardèrent une seconde, puis Clark se retourna, ouvrit la porte en coup de vent et se mit à courir à l’extérieur. Whitney s’effondra à genoux sur le sol, incapable de se retenir de pleurer, gémissant et criant toute l’angoisse douloureuse, toute la peine inimaginable qui lui dévorait la poitrine :
« Va-t’en ! Va-t’en ! »
La tête baissée, des larmes tombant sur ses jambes repliées sous lui, Whitney se prit la tête entre les mains et se mit à hurler :
« Clark ! Je t’aime ! »
Il s’effondra un peu plus sur lui-même, hoquetant ses sanglots, avant de dire dans un murmure :
« Je… t’aime »

******

from : fordmanw@smallvillehigh-ks.us
to : cjk@dailyplanet.net
date : 06/24/2011
subject : (none)

Il y a tellement de choses que je voudrais te dire... Mais je ne sais pas comment
Ni même s’il faut te les dire.
Cette vieille chanson le fera peut-être mieux que moi

I'm so tired of being here
Suppressed by all my childish fears
And if you have to leave
I wish that you would just leave
'Cause your presence still lingers here
And it won't leave me alone

You used to captivate me
By your resonating life
Now I'm bound by the life you left behind
Your face it haunts
My once pleasant dreams
Your voice it chased away
All the sanity in me

These wounds won't seem to heal
This pain is just too real
There's just too much that time cannot erase

When you cried I'd wipe away all of your tears
When you'd scream I'd fight away all of your fears
I held your hand through all of these years
But you still have

All of me

I've tried so hard to tell myself that you're gone
But though you're still with me
I've been alone all along


Je t’aime Clark

******

from : cjk@dailyplanet.net
to : fordmanw@smallvillehigh-ks.us
date : 07/02/2011
subject : (none)

Merci…
Un jour peut-être, Whitney…
Je ne t’oublierai jamais

I am thinking of you
In my sleepless solitude tonight
If it's wrong to love you
Then my heart just won't let me be right
'Cause I've drowned in you
And I won't pull through
Without you by my side

Baby can you feel me
Imagining I'm looking in your eyes
I can see you clearly
Vividly emblazoned in my mind
And yet you're so far
Like a distant star
I'm wishing on tonight

I'd give my all to have
Just one more night with you
I'd risk my life to feel
Your body next to mine
'Cause I can't go on
Living in the memory of our song
I'd give my all for your love tonight
(I'd) give my all for your love

Tonight


Je t’aime



(à suivre)

_________________
"Don't dream it, be it!" [Franck 'N Furter in The Rocky Horror Picture Show]


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