Le venin faisait son effet, petit à petit. Tout d’abord, Sam avait été incapable de se débattre pour essayer de se libérer de ses entraves. Puis il avait été incapable de crier afin que Dean puisse le retrouver plus facilement. Et maintenant, le pire de tout, il se mettait à délirer. Un instant, il était là, attaché dans cette grotte, et celui d’après, il était dans sa chambre d’hôtel, libre comme l’air. La frustration et la honte de devoir encore une fois être sauvé par son grand frère, ainsi que la douleur, l’avaient quitté. A vrai dire, tous les souvenirs de ces dernières quarante-huit heures l’avaient quitté. Pour la première fois très longtemps, Sam se sentait enfin revivre. La mort de Jessica, la disparition de son père et tout le reste étaient bien évidemment toujours présents dans son esprit mais il avait réussi à passer outre. Légèreté, frivolité et bonne humeur étaient à l’ordre du jour : bye bye dépression et pensées noires !
- Tu m’as l’air de bonne humeur, aujourd’hui !
- Et pourquoi je serais pas de bonne humeur ?
- J’en sais rien moi ! Tu sais bien comment tu as été ces derniers temps ! Râleur, boudeur, chialeur…
- Hum oui c’est bon j’ai compris je crois !
Sam changea de conversation, n’ayant vraiment pas envie de fouiller son psyché et d’étaler ses sentiments à son frère, qui n’insista pas.
- C’est quoi le programme aujourd’hui ?
- J’en sais rien.
- Comment ça t’en sais rien ?! Ca fait déjà deux jours qu’on reste ici alors que l’affaire est résolue ! D’habitude tu fouilles internet et tous les journaux possibles pour traquer la moindre bizarrerie !
- Oui je sais… J’ai juste pensé qu’on pouvait faire un break pour quelques jours, c’est tout.
Sam le regarda avec des grands yeux, se demandant si son frère était souffrant. Depuis quand faisait-il passer la détente avec la sacro-sainte mission confiée par Winchester père ?!
- Ferme la bouche Sam, tu vas gober les mouches !
Une chose était sûre : Dean n’avait pas perdu son sens de l’humour. Sam, qui la veille aurait pu avoir une répartie bien cinglante ou s’enfermer dans le mutisme le plus profond pendant des heures, se contenta de faire un grand sourire comme s’il goûtait à la plaisanterie. En vérité, il y goûtait vraiment. Ce fut au tour de Dean de s’inquiéter de la santé de son frère.
- Je vais aller me chercher un petit-déjeuner… Tu veux quelque chose ?
- Un café et un beignet fourré à la pomme… si tu trouves. On est vraiment tombé dans le coin le plus paumé de l’état !
Lorsque Dean sortit, Sam se mit à trouver le temps long. Il était tellement habitué à la compagnie de son frère qu’il avait comme une sorte de manque quand celui-ci s’éloignait ne serait-ce que quelques minutes. Malheureusement, la chambre ne lui était pas d’une grande aide quand il s’agissait de l’aider à tuer le temps. La TV était en panne, la seule radio qu’on pouvait capter diffusait de la musique traditionnelle allemande, et son téléphone n’avait plus de batterie. Il se mit alors à tourner en rond dans la chambre d’hôtel, jusqu’à ce qu’il passe devant le miroir de la salle de bain.
- Il est plus que temps de te raser…
En effet, une barbe de trois jours dévorait le bas de son visage. Ca lui donnait un petit côté bad boy, que Dean affectionnait beaucoup, mais lui préférait avoir le visage lisse. Il ôta son t-shirt et sortit un rasoir et de la mousse de sa trousse de toilette. Il fit couler l’eau chaude, et étala la mousse sur son visage. Sans qu’il en ait conscience, ses pensées s’orientèrent à nouveau vers Dean. « Mais qu’est-ce qu’il fabrique, ça fait déjà une demi-heure ! » pensait-il alors qu’il faisait machinalement glisser le rasoir sur son visage.
- Aïe !
Il reprit rapidement ses esprits lorsque le rasoir entailla sa chaire au niveau du menton. Il poussa un juron que toute personne à moins de 20 kilomètres devait avoir entendu. La porte s’ouvrit dans un grand bruit, dévoilant Dean l’air paniqué. Sam s’était jeté en arrière contre le mur dans un réflexe tout naturel.
- QU’EST-CE QU’IL Y A ?
- Ben rien, qu’est-ce qu’il te prend ?!
- Pourquoi t’as crié comme ça alors ?
- Je me suis coupé en me rasant…
Dean afficha un sourire narquois, et s’approcha de son frère. Il lui passa la main sur le menton, enlevant les quelques gouttes de sang qui perlaient de la coupure. Sam ne put retenir un frisson à ce contact inattendu. Heureusement, Dean ne parut pas le remarquer.
- Je t’apprendrai, un jour. Promets-moi de plus faire joujou avec mon rasoir quand je suis pas là !
- Ah ah, très drôle…
Mais rapidement, l’agacement céda la place à l’amusement et Sam gratifia une nouvelle fois son frère d’un de ses rares sourires.
- Arrête d’être aussi heureux, je fais finir par croire que tu es possédé !
- Du moment que tu m’asperges pas d’eau bénite en hurlant VADE RETRO SATANAS…
Dans un geste fraternel, Dean ébouriffa les cheveux de son frère. Encore une fois, Sam frissonna à ce contact. Ses caresses étaient plus douces que de la soie, et il aurait voulu que ça ne s’arrête jamais. Il ferma les yeux et poussa un petit soupir.
-Sam ?
- …
- Sam !
- …
- Allez réveille-toi !
Sam ouvrit alors péniblement les yeux, et réalisa qu’il était toujours attaché dans la grotte. Comme prévu, son frère était venu le sauver. Son frère qui, encore quelques instants auparavant, lui avait donné des frissons… Sam sentit le rouge lui monter aux joues. Heureusement, l’obscurité dissimulait fort bien son visage, et son frère était trop occupé à défaire ses liens pour l’avoir remarqué. Le venin faisait de moins effet, et il pouvait bouger à présent. Il se leva difficilement et, soutenu par Dean, sortit de l’antre de la créature. Quel bonheur de revoir la lumière du jour ! Un regard vers son frère le fit culpabiliser à nouveau. C’est son psy qui aimerait l’entendre raconter son délire !
- Tout va bien ?
- Tout va bien…
Voilà, j'espère que vous aimerez parce que c'est la toute première fic que j'écris
J'attends vos commentaires avec impatience!