Bon, j'ai bien du mettre le mot AMI une bonne demi douzaine de fois dans ce chapitre, alors ne me dites pas PDE (alala, ces filles accros au slash ...)
OoOoOoO
Blair
Il courrait. Il savait que s’il s’arrêtait, il l‘attraperait et là … Alors il courrait.
Ses poumons étaient en feu et son cœur battait si fort que les pulsations résonnaient dans ses tempes. Il avait l’impression qu’un joueur de tambour avait décidé de résider dans sa tête. Chaque battement était étrangement amplifié par le silence qui régnait dans l’immense hangar.
C’était
le hangar. Blair l’avait reconnu tout de suite, mais curieusement, il n’y avait que des couloirs, des dizaines de couloirs au sol couverts de flaques d’eau, aux fenêtres éventrées. Juste ça. Des couloirs.
Il ignorait comment il était arrivé là. Il avait d’abord cru qu’il était attaché comme la première fois qu’il s’était réveillé sur le sol, couvert de chaînes, à moitié conscient. Mais non, rien n’entravait ses mouvements. Il s’était mis debout et avait fait quelques pas. Il avait trouvé une porte et l’avait ouverte. Sur un immense couloir.
Blair avait alors arpenté le couloir. Le silence, à lui seul était terrifiant. Ce n’était pas un silence normal. La nuit, on entend toujours quelque chose, des bruits lointains et étouffés, des bruits de fond. Mais là, rien. Il avait même porté ses mains à sa tête pensant avoir reçu un coup. Cela pourrait expliqué qu’il n’entende rien. Il n’osait pas trop faire de bruit, mais il du s’y résoudre, il fallait qu’il en ait le cœur net. Alors il parla.
« Hého ! Il y a quelqu’un ? »
Sa voix rebondit sur les parois des corridors, décuplant son appel des dizaines de fois.
Une chose était sûre, il n’était pas devenu sourd mais ça n’expliquait pas ce qu’il …
Un rire s’éleva. Un rire aigu, presque chantant. On aurait pu dire celui d’un enfant. Un rire qui lui glaça le sang.
Blair resta un moment comme paralysé. Ce rire … Il connaissait ce rire mais c’était impossible parce qu’il était mort. Jim l’avait tué. Il lui avait dit qu’il était mort. On ne peut pas être encore en vie lorsque l’on a été touché à moins d’un mètre par cinq balles.
Cinq.
Blair le savait parce que lorsque les forensic lui avait rendu sa veste, il les avait compté. Cinq petits trous.
Mort.
David Lash était mort.
Jim le lui avait dit à l’hôpital, le soir même. Il n’était pas très alerte, la drogue que lui avait administré Lash était vraiment efficace, mais il avait posé la question et Jim lui avait assuré que Lash était mort.
« Blairrrrrrrrrrrrrrr ! »
Cette fois, il n’y avait plus de doute. C’était bien sa voix. Il s’en rappelait bien.
Il était revenu pour finir ce qu’il avait commencé.
Alors Blair s’était mis à courir.
C’était il y des heures maintenant et il courrait toujours. Dès qu’il ralentissait, il pouvait entendre Lash l’appeler de sa voix chevrotante. Une fois, il s’était arrêté pour se reposer et s’était appuyé contre le mur.
Et il l’avait senti derrière lui. Une odeur putride. Comme s’il y avait quelque chose en décomposition près de lui … ou quelqu’un. Il avait été incapable de se retourner et s’était juste remis à courir.
David Lash était bien mort après tout. Il était juste sorti de sa tombe et continuait sa chasse.
Derrière lui, David Lash cria.
« Tu ne peux pas m’échapper Blair. Ce n’est plus le moment de jouer à cache-cache. Il est l’heure de prendre ton bainnnnnnnnnnnnnnnnn. Blaiiiiiiirrrrrr !!!!! C’est l’heure du bainnnnnnn !!!»
Les couloirs n’avaient pas de fin. Dès qu’il croyait en avoir atteint le bout, il ouvrait la porte sur un autre couloir.
Il savait que bientôt, il ne pourrait plus courir, déjà ses jambes se faisaient plus lentes et plus lourdes, mais pour le moment il fallait courir.
« Blaiiiiirrrrr ! »
Courir. Porte. Couloir. Courir. C’était comme un cercle sans fin.
Il avait arrêté de courir. Il avait du mal à reprendre sa respiration. Mais il n’abandonna pas.
Blair arpentait toujours les couloirs, s’agrippant aux aspérités des murs pour avancer. Encore un pas puis un autre. Derrière lui, l’odeur était de plus en plus forte. Nonnonnonnonnonnon. Ce n’était pas possible, ça ne pouvait pas finir comme ça. Ce monstre ne pouvait pas gagner.
Et puis soudain, ses jambes refusèrent de le soutenir davantage. Blair s’écroula dans une flaque d’eau en poussant un petit cri. Il serra les dents et tenta de se relever. Impossible. Ses muscles refusaient de lui obéir. Il se mit alors à ramper. Il fallait qu’il avance, qu’il s’éloigne le plus possible.
Mais vers quoi ? Une autre porte ? Un autre couloir ?
Il se laissa tomber sur le sol. Le froid était apaisant contre sa joue chaude. Il n’entendait rien, juste le bruit de sa respiration. Il se mit sur le dos.
Il n’y avait pas de toit au dessus de lui. C’était plutôt curieux, on pouvait juste voir une masse noire, diffuse, presque compacte, mais ce n’était pas le toit.
Blair jeta un coup d’œil dehors. Une lumière blafarde filtrait à travers les vitres sales. Les reflets sur les flaques d’eau par terre ajoutaient à l’effet sordide.
Il allait mourir ici.
Seul.
Il sentit une larme rouler sur sa joue et se perdre dans ses cheveux.
C’était ce dont il avait toujours eu si peur. Mourir bien sûr lui faisait peur, mais c’était surtout l’idée de finir ses jours seul qui le terrorisait. Il n’avait pas de famille à part Naomi. Ni frère, ni sœur. Juste une multitude d’ « oncles » qui s’était succédés au gré des fantaisies de Naomi.
Seul.
Blair étouffa un autre sanglot.
Il n’avait pas non plus d’amis. Bien sûr, il se liait facilement avec tout le monde. Il aimait les gens et d’une manière générale, les gens l’aimaient bien. Mais il n’avait pas de véritable ami.
A part Jim.
Jim l’avait accueilli chez lui sans vraiment savoir qui il était, juste comme ça, parce qu’il avait eu besoin d’un toit. Et il était resté. Ils n’en avaient même pas parler ouvertement, cela s’était fait comme ça : ses « huit jours » s’était transformés en semaines, puis en mois.
Peut-être était-ce dû au fait que Jim était une Sentinelle. Comme l’avait dit Brackett, Blair se comportait avec lui comme un guide (5) avec ses sens. Il paraissait donc normal que Jim souhaite le garder près de lui. C’était un geste de survie en quelque sorte.
Seulement, au plus profond de lui, Blair espérait qu’il y avait plus que cela. Il espérait qu’il était plus pour Jim qu’un étudiant lui apprenant à utiliser ses dons, plus qu’un simple sujet pour sa thèse.
Blair continuait à fixer la fenêtre quand une ombre passa.
LASH !
En un instant, Blair flasha sur ce qui c’était passé dans le loft le soir ou David Lash l’avait enlevé. L’homme, pourtant bien moins musclé que lui, avait abattu la porte d’entrée d’un simple coup de pied, comme si sa folie décuplait ses forces. Blair s’était battu. Il avait balancé tout ce qui lui passait sous la main à la tête de son assaillant, mais rien ne semblait le stopper ou encore le ralentir. Lash avait fini par le coincer sur la table à manger. Il avait une seringue à la main. Blair se rappela avoir hurler lorsque l’aiguille avait pénétré son cou. Puis plus rien, jusqu’à ce qu’il se réveille bâillonné et enchaîné dans le hangar.
Et maintenant, cela allait recommencer, seulement cette fois, Blair ne se battrait pas. Il n’en n’avait tout simplement pas la force.
Il pouvait entendre sa voix résonner dans le bâtiment vide.
« Blairrrrrrrr ! Où te caches tuuuuuuu ? Montre toi, c’est l’heure du bainnnn ! »
La voix se rapprochait, l’odeur était presque suffocante.
Blair essayait de se concentrer sur les bruits autour de lui, mais il fut une fois encore surpris par l’étrangeté des sons. Le silence alternait avec les exclamations de Lash. C’était tout. Ca et les bruits qu’il produisait lui aussi : sanglots et gémissements. Pas très glorieux.
Blair se résolut à se mettre debout. S’il devait affronter Lash, il voulait le faire debout, pas à quatre pattes dans la boue.
Il se mit péniblement à genoux puis s’approcha du mur en face de lui, là, il chercha à se hisser sur ses jambes. Il retomba deux fois, à la troisième, il décida de rester par terre. Après tout quelle différence cela pourrait-il bien faire ?
« Ahhhhhhhhhhhhhhhh, tu es là. Ce n’est pas très gentil de se cacher comme ça, hein ? »
Blair ferma les yeux. Il ne voulait pas voir. L’odeur lui suffisait. Ainsi que le bruit qu’il faisait en se déplaçant. Un bruit spongieux.
Blair plissa les paupières à s’en faire mal.
Et puis, il la sentit. Une main. Glaciale. Il hurla et frappa la main, il se jeta en avant. La porte. Il pourrait peut-être l’atteindre et … et … il fallait qu’il essaye !
A quatre pattes, il avança, à tâtons, vers l’endroit où il pensait que se trouvait cette fameuse porte.
« Tstststststst. Blair, je suis très, très, très déçu par ton attitude … »
Encore quelques mètres …
« … complètement puérile et … »
Là, il y était ! La porte était là, elle était …
« … futile. »
… fermée. Blair tourna la poignée dans tous les sens, il la frappa de ses mains. Rien n’y fit.
Il était coincé.
C’était fini.
« Voilàààààààààààà. C’est mieux, beaucoup mieux. »
Blair se retourna, le dos contre la porte. Il mit ses mains devant lui. Les yeux toujours fermés, il supplia. Il savait que cela ne servait à rien mais ne put s’en empêcher.
« Pasdebainpasdebains’ilvousplaitpasdebainpasdebain. »
« Voyons Blair, tu sais bien qu’il le faut. »
Blair secoua la tête énergiquement.
« S’ilvousplaits’ilvousplaitpasdebain. »
A nouveau, la main se posa sur son épaule.
Blair perdit tout contrôle. Il se mit à hurler, à frapper ce qui se trouvait devant lui, sans discernement, utilisant ses pieds et ses mains. Il frappa, frappa et frappa. Lash ne le lâchait pas. Il continuait à lui parler comme si de rien n’était, comme si …
Et puis finalement quelque chose pénétra l’esprit de Blair.
Lash venait de l’appeler « Grand chef ». Impossible. Seul Jim l’appelait comme ça. Parfois c’était Darwin, parfois grand chef. Naomi ne lui avait jamais donné de surnom. A part sweety (6), mais il aimait ceux que lui avait donné Jim. Il avait l’impression d’avoir un grand frère. C’est ce qu’ils étaient censé faire, non ? Vous taquiner en vous donnant des surnoms stupides.
Il fallait qu’il en ait le cœur net et pour ça … pour ça il fallait qu’il ouvre les yeux. Il commença à lever ses paupières puis se ravisa : et s’il se trompait ? Si c’état juste une ruse de Lash ?
Il pouvait entendre ce qu’il lui disait. Que tout allait bien, qu’il fallait qu’il se réveille maintenant. Un piège, c’était un piège.
Et puis une main se glissa dans ses cheveux, et se mit à les caresser. Tendrement.
Naomi faisait ça quand il était petit, lorsqu’il avait été malade ou après un … cauchemar !? Est-ce que … un cauchemar ? Juste ça. Lash était mort. Ce n’était pas lui qui était là.
Et Blair ouvrit les yeux … sur un tee-shirt aux couleurs de la police de cascade. Bleu et jaune.
Jim.
C’était Jim qui le tenait dans ses bras et qui lui parlait doucement. Jim qui lui caressait les cheveux. Pas Naomi. Pas Lash. Jim. Son ami.
Il hésita un moment et finit par enfouir sa tête dans le tee-shirt. Cela faisait une semaine que Lash hantait ses nuits. C’était toujours le même cauchemar. Toujours la même fin. Il avait fini par s’obliger à ne plus dormir, restant à son bureau à Rainier jusqu’à l’aube.
Pas au loft.
Il ne voulait pas que Jim le prenne pour un froussard. Il se rappelait ce que lui avait dit le policier le soir où il l’avait surpris avec Christine : qu’il fallait qu’il apprenne à contrôler ses sentiments.
Blair avait essayé. Il avait essayé de faire bonne figure le lendemain. Le jour, il faisait illusion. Il pouvait faire croire que tout allait bien, mais son subconscient le rattrapait la nuit.
Jim allait certainement le ficher dehors. Il n’avait pas besoin d’un boulet ! Il était censé être son partenaire, lui servir de renfort !
C’était trop, trop injuste ! Il n’avait rien fait de mal et il allait pourtant perdre la seule chose qui comptait réellement. Jim. Pas Jim la Sentinelle, le sujet de sa thèse, non, c’était pire, il allait perdre Jim, son ami.
Blair sentit les larmes monter. Il ne manquait plus que ça ! Son humiliation allait être totale. Il tenta de se soustraire à l’étreinte de Jim, mais celui-ci ne l’entendait pas de cette oreille.
Blair était épuisé. Il n’avait plus la force de lutter, que ce soit contre les larmes ou contre Jim. Pas plus qu’il n’avait eu la force de lutter contre Lash. Il laissa les larmes couler, conscient de pleurer comme un bébé dans les bras de Jim. Il laissa s’échapper la peur et l’angoisse des dix derniers jours.
Demain.
Demain, il affronterait Jim.
Mais pour le moment, il se sentait en sécurité dans les bras qui l’enveloppaient. Il ne voulait penser à rien d’autre que ça. Il s’abandonna au sommeil.
TBC
(5) Episode Rogue, saison 1, encore un super épisode, lui aussi parmi mes préférés (surtout pour le méchant Lee Brackett).
(6) Littéralement, « ma douceur » (au sens du bonbon sucré), bref un petit nom affectueux.