Okay, voici la suite de Numb et Awake, mais bon, je pensais faire qq chose de court et hop, la Muse en a décidé autrement et puis je me suis décidé à y mettre un peu de danger en mettant le NID dans le coup, voici les trois premiers « mini » chapitres, j’attends vos critiques et commentaires.
Hum, je ne me suis toujours pas décidée pour une fin slash ou gén, à voir ….
Whole again (1)
Disclaimer : à moi, toute seule, pas touche !
oOo
Jack
« Et voilà, nous y sommes », Jack ouvrit la porte d’entrée de sa petite maison de Colorado Springs. Il déposa les quelques bagages qu’il tenait à la main dans l’entrée et se rendit dans la cuisine. Il se sentait nerveux et avait besoin d’une bière. Il se retourna quand il se rendit compte que son invité se tenait toujours sur le pas de la porte.
« Hé Daniel, vous n’allez pas rester sur le paillasson toute la journée. Mlle Hopkins doit déjà être derrière sa fenêtre, et franchement je n’ai pas besoin de faire jaser davantage les voisins. » Il essayait de garder un ton léger et assuré, de jouer au parfait Colonel « hardass » (2) O’Neill. Remarques sarcastiques et attitude d’adolescent. Ouais, parfait, sauf que là il était tout simplement et irrévocablement … mort de trouille.
« Heu, oui, oui, bien sûr. Désolé.» Daniel prit une inspiration et entra. Une fois à l’intérieur, il referma la porte derrière lui et resta sur le pas de la porte.
Jack ne l’avait pas quitté des yeux.
Il avait l’air d’un animal pris au piège, le corps raide et tendu. Il serrait un ballot de chiffon sur sa poitrine, comme s’il s’agissait d’une espèce de bouée de sauvetage. Jack se rapprocha et distingua les pans bleus de la robe que Daniel portait sur Vis Urban lorsqu’ils l’avaient retrouvé. Cette image de Daniel au milieu de son salon lui en rappela immédiatement une autre. 7 ans auparavant, Daniel s’était retrouvé au même endroit serrant contre lui sa robe abydosienne, les yeux rougis par le chagrin et la colère.
Il se rappelait que cette première nuit de retour sur Terre avait été difficile. Daniel avait fini par craquer et s’était effondré sur son divan en larmes. Jack n’était pas très à l’aise avec les pleurs, encore moins lorsque la personne concernée était un homme, mais il avait immédiatement pris le jeune homme dans ses bras et l’avait bercé, comme il l’aurait fait avec son propre fils, lui murmurant des mots sans réelle signification. La litanie avait fini par calmer Daniel qui s’était endormi. Il avait lui-même fini par succomber au sommeil et il s’était réveillé le lendemain, avec un superbe torticolis et le nez dans les cheveux en broussaille de l’archéologue.
Jack se demandait si cette nuit serait identique. Daniel avait changé, il n’était plus le jeune homme (3) un peu naïf et innocent d’alors, mais il restait Daniel.
L’objet de toutes ces réflexions silencieuses était planté devant la table basse du salon. Il fixait un point dans l’espace mais ne « regardait » pas vraiment quoique ce soit.
Okayyyy. La nuit allait certainement être longue. Il tapota gentiment l’épaule de l’archéologue et lui tendit une bière. « Tenez Daniel. Quelque chose me dit que vous en avez besoin, hum ». Daniel le regarda un moment, hocha la tête et pris la bière sans un mot.
Jack but sa bière à petites gorgées, moins pour étancher sa soif que pour se donner du courage. Il avait bien sur été le premier à proposer d’accueillir Daniel le temps que celui-ci trouve à se loger. Ses quartiers dans Cheyenne Mountain n’étaient pas très attrayants, et Janet pensait qu’un changement de décor lui ferait du bien. En fait, Janet était inquiète. Daniel était physiquement en pleine forme, il ne souffrait que d’un peu de malnutrition et de maux de tête provoqués par un temps trop long sans lunette pour corriger sa myopie. Et pourtant, il ne parvenait visiblement pas à se réintégrer au SGC. Il ne parlait presque pas et restait seul, la plupart du temps dans son bureau. Dépression. Le diagnostic était si étrange. Qui aurait pu penser associer un jour dépression et Daniel ! Cela presque surréaliste tellement l’idée était absurde. Et pourtant, les faits étaient là.
Jack jeta un coup d’œil à sa « charge ». Daniel était assis sur le sofa, ou plutôt presque assis. Il était si près du bord qu’un simple coup de vent aurait pu l’en faire tomber. Un signe supplémentaire du malaise que semblait vivre le jeune homme. Jamais le Daniel que Jack connaissait ne s’était senti mal à l’aise en sa compagnie : ils avaient toujours ressenti l’un pour l’autre ces sentiments propres aux membres d’une même famille. Confiance, respect, confidence. Tout ça avait disparu. Ce Daniel se méfiait. Peut-être même avait-il un peu peur de lui, d’être ici. Cette pensée fit frémir Jack.
Il fallait que cela change. Jack avait un week-end pour ça.
oOo
Daniel
Daniel était conscient de l’intense observation dont il était l’objet. Ce qui ne faisait rien pour le rassurer ou le mettre à l’aise.
Il avait beau avoir examiné toute la pièce où il se trouvait, aucun des objets ne lui avait paru familier.
Il finit par s’absorber dans l’examen du goulot de la bouteille de bière que lui avait apporté O’Neill, Jack. Jack. C’était bizarre, ce prénom lui semblait étranger et familier à la fois. Il savait, d’après ce qu’il avait pu glaner comme informations ici et là, pendant sa semaine de « détention » à l’infirmerie, que le docteur Daniel Jackson et le colonel Jack O’Neill étaient – avaient été très proches tous les deux. Et franchement Daniel se demandait comment c’était possible.
Daniel Jackson était un intellectuel, un professeur d’Université qui avait passé toute sa vie sur des sites archéologiques ou la tête plongée dans de vieux manuscrits et O’Neill était un militaire de carrière, un ancien tueur professionnel, enfin, c’est ce que racontaient les militaires qu’il avait croisé. Que pouvaient ils avoir en commun ?
Il finit par poser la bière sur la table basse. L’odeur acre qui s’en dégageait lui donnait la nausée. Il posa ses mains sur ses genoux et continua à fixer la bouteille des yeux.
Peut-être aurait-il du rester à la base ?
Mais, il n’en pouvait plus d’être examiné par tous ces gens comme s’il était une bête curieuse. Il osait à peine sortir des quartiers qui lui avaient été assignés : il ne supportait plus leur regard sur lui. Lorsque le docteur Frasier lui avait dit qu’il pouvait, s’il le voulait, quitter la base pour le week-end, il avait accepté immédiatement. Il voulait voir des arbres, du ciel bleu, sentir l’air frais et la piqûre du vent sur son visage.
Mais il ne pensait pas que cela signifierait passer ces deux jours en tête à tête avec le colonel O’Neill. L’idée était vaguement effrayante. Plus que celle de rester enfermé à la base. Mais bien sûr il n’allait pas changer d’avis. Et puis, Jack était son ami, non ? Enfin, celui du Docteur Jackson. Il soupira.
Jack claqua dans ses mains, le faisant sursauter « Et si je nous faisait un petit BBQ ? Hein, qu’en pensez-vous ? Ca nous changerait de la nourriture du mess. » Jack se frottait les mains en signe de gourmandise. « Un bon steak, des french fries, hummmmm, un délice dont vous me direz des nouvelles. (4)»
Daniel trouvait que son ton sonnait faux, comme s’il se forçait. L’idée le rassura un peu. Il n’était pas le seul à se sentir bizarre, mal à l’aise. Il ébaucha un petit sourire. « Je commence à avoir un peu faim, le BBQ me paraît une excellente idée, mais j’aimerais me rafraîchir un peu avant le repas. »
« Bien sûr. Je vous ai préparé la chambre d’ami. J’ai sorti des serviettes de toilette, vous pouvez prendre une douche si vous voulez pendant que je prépare tout.» Daniel opina de la tête et se leva. Jack se rendit dans la cuisine.
Arrivé en bas des marches Daniel s’arrêta. Il fixait le haut de l’escalier. On pouvait apercevoir trois portes. Il n’avait pas la moindre idée de laquelle était la chambre d’ami. D’après ce que Jack lui avait dit il avait déjà vécu ici, en revenant d’Abydos. Il avait dormi dans cette même chambre, plusieurs semaines avant de s’installer dans un appartement. Alors pourquoi ne s’en souvenait-il pas ? Pourquoi pouvait-il se souvenir qu’il détestait les carottes ou le Hockey, mais pas de ça ? Pas de ce qui comptait vraiment.
« Un problème ? » Jack se tenait derrière lui, les bras chargé de victuailles – chips, guacamole, pain – de quoi rassasier toute une garnison.
« Je, je suis désolé, c’est juste que, que je ne me rap … » Il n’eu pas le temps de finir sa phrase.
« Seconde porte à gauche. » Jack lui sourit. Un sourire qui se voulait confiant.
Daniel hocha la tête et monta les marches quatre à quatre. Il avait besoin d’être seul. Arrivé dans la chambre, il posa son front sur la porte et resta là un moment. Il pouvait entendre Jack siffloter dans le jardin.
Cette fois ce serait différent, il allait se souvenir. Il se retourna, les yeux fermés. Il les ouvrit lentement sur … une pièce étrangère. Il laissa tomber son ballot à ses pieds.
Daniel se laissa tomber sur le lit, pris sa tête entre ses mains et se mit à pleurer.
Jack
Une légère brise s’était levée, mais le temps était beau.
Jack versa le charbon de bois dans son vieil appareil à BBQ et alluma le zip. Il disposa ensuite ce dont il avait besoin sur sa table de jardin : steak juteux, huile et herbes. Il avait une réputation à tenir : celle du grand chef es BBQ. Il pela un oignon tout en pensant à Daniel.
Il commençait à comprendre ce qui n’allait pas. La mémoire de Daniel lui jouait toujours des tours, merci beaucoup Oma !
Jack avait d’abord pensé – très égoïstement d’ailleurs – que c’était lui qui mettait le jeune homme mal à l’aise, mais maintenant, il comprenait que c’était tout simplement le fait d’être revenu parmi les simples mortels la tête vide qui rendait Daniel neurasthénique. Daniel la « tête vide » ! Quelle horreur ! L’homme aux deux doctorats et qui parlait au bas mot une bonne trentaine de langues !
Janet lui avait pourtant assuré que ce problème de mémoire serait vite résolu. Cela faisait déjà 11 jours que Daniel était revenu de Vis Urban avec eux mais il ne semblait pas y avoir d’améliorations.
Le charbon était incandescent et Jack installa les steaks sur le grill, il les saupoudra de poivre et de sel et ajouta quelques herbes aromatiques. Il trancha les oignons en fines lamelles et les posa sur les steaks.
Que pouvait-il faire pour aider Daniel à retrouver la mémoire ? Il examina le BBQ et décida qu’il était temps de passer un petit coup de fil.
Revenu à l’intérieur, il saisit le téléphone mobile qui se trouvait dans le salon puis revint dans le jardin et composa le numéro du docteur Frasier.
« Frasier. » La voix était comme d’habitude ferme et autoritaire.
« Heu, Doc’ je ne vous dérange pas ? » Mieux valait poser la question avant de se retrouver à moitié nu devant Frasier une seringue à la main, prête à se livrer à toute sorte d’examens sur sa pauvre personne, ce qui ne manquerait pas d’arriver s’il la dérangeait chez elle un samedi matin pour rien. Il frissonna à cette pensée. Le Docteur Janet Frasier était une personne qu’il fallait en toute circonstance prendre au sérieux et avec des pincettes.
« Colonel O’Neill ? Un problème ? Daniel va bien ? »
«Oui, oui, enfin, non, enfin, si mais, » il réfléchit un moment, « Janet, cette histoire de perte de mémoire, ça ne peut plus durer. »
Janet resta un moment silencieuse, avant de reprendre. « Colonel, sa mémoire va revenir, ne vous inquiétez p… »
« Quand, hein Janet, quand ? C’est en train de le détruire à petit feu ! Vous connaissez Daniel, sa tête est toujours pleine de toutes ces histoires sur des peuples morts depuis des milliers d’années, sur des langages qui n’ont pas été parlés, lus ou écrits depuis des siècles et là, rideau. Nada. Le néant. Bon sang, qu’est-ce que vous croyez que ça a comme effet sur lui, hein ? Nous devons l’aider. »
« Colonel, je sais ce que vous ressentez. Nous sentons tous impuissants mais dans des cas comme celui-ci, il est préférable de laisser la personne recouvrer seule, ses souvenirs, comme le docteur McKenzie vous l’a exposé lors du briefing. La perte de mémoire de Daniel ne résulte d’aucun trauma physique ou neurologique. Dans son cas c’est … »
« Son cas ! C’est donc tout ce qu’est Daniel pour vous ? Un cas. Vous l’avez gardé à l’infirmerie 3 jours pour ça : pour examiner son cas ? » Il était furieux.
Il avait bien vu la manière dont ce soit disant docteur – il avait le plus grand mal à considérer McKenzie comme autre chose qu’un charlatan – avait étudié les résultats des analyses effectuées sur Daniel, s’émerveillant de « sa bonne santé physique », demandant sans cesse que d’autres tests soient menés, que d’autres tubes de sang soient pris. C’est Janet qui avait mis le holà au zèle du bon docteur, en lui priant gentiment de laisser son patient se reposer.
Cette femme était une sorte de tyran monté sur talons aiguilles.
Mais s’il savait qu’il pouvait lui dire merci pour avoir sorti Daniel des griffes de McKenzie, pour le moment il était aussi en colère contre elle. Sa soi disant thérapie n’était que de la connerie. Ce dont Daniel avait besoin c’était qu’on lui parle de lui. De ce qui faisait le docteur Jackson. Qu’on lui parle de Sha’re.
« Colonel, écoutez, je crois que le mieux serait de … »
« Non, c’est vous qui allez m’écouter docteur. Je vais dire à Daniel tout ce qu’il a le droit de savoir, tout ce qui sera nécessaire pour l’aider à comprendre qui il est et ce qu’il représente pour nous, que cela vous plaise ou pas. »
Au bout du fil, il entendit nettement Janet pousser un soupir.
« Très bien colonel, mais allez y doucement d’accord. »
« Hé Janet, vous me connaissez, « tout en douceur » est mon deuxième prénom.»
« Oui, Colonel, je vous connais, justement. »
« Ne vous en faites pas, je vais vous le bichonner et lundi, vous, nous, aurons retrouvé notre Daniel. »
« Je l’espère, Colonel, je l’espère de tout cœur. »
Jack raccrocha et leva les yeux vers la fenêtre de la chambre d’ami.
Il fallait qu’il réussisse parce qu’il ne supporterait pas de perdre une fois encore Daniel.
TBC
(1) En anglais « ne faire qu’un à nouveau » ou « entier à nouveau » au choix.
(2) Pas facile à traduire celle-ci, je suppose qu’en français on dirait « dur à cuir » (littéralement ça donnerait « cul dur »).
(3) Heu, à presque 40 ans, peut-on encore dire jeune homme ? Bof, quelle importance …
(4) Parfois rebaptisées par nos amis américains « Freedom fries » (humour, humour !).
Hé Cybélia, je l'ai fait après vérification j'ai appelé Blair anthropologiste (grrrrrr)