Préambule : Les personnages de la série ne m’appartiennent pas. Ils sont la propriété exclusive de : Russel T Davies. Je ne tire aucun bénéfice de leur mise en situation dans cette fiction.
Genre : Drame / Songfic
Personnages : Jack/Ianto
Genre : Jack est mort et Ianto est perdu.
De l’autre côté de la vie
Ianto regardait le corps inerte et les sanglots lui montèrent à la gorge. C’était à chaque fois plus difficile, à chaque fois plus insoutenable !
Combien de temps encore pourrait-il supporter de voir tomber ainsi l’homme qu’il aimait ? Combien de temps pourrait-il accepter de voir son corps meurtri, tailladé, blessé, démembré ? Aurait-il encore longtemps la force de supporter cela : le sang, les blessures horribles et la longue attente…
Et si un jour cette attente ne devait plus finir ?
Les mots que Jack lui avait dit un jour lui revinrent en mémoire.
Quand je sortirai de mon corps,
Comme un papillon mieux encore
Pour m'envoler vers d'autres ciels,
Et découvrir d'autres soleils
Quand je partirai dans la nuit
Entre les fleurs et les bougies
Quand je partirai pour de bon,
Souviens-toi de cette chanson
C’était trop long ces minutes, ces heures, ces jours parfois, sans lui…
Il ne pouvait pas s’empêcher de penser : et si cette fois c’était la bonne ?
Evidemment sa tête lui disait qu’il se faisait un film des plus noirs, que son amant était un point fixe sur la ligne du temps et que ce point ne pouvait pas disparaître… Mais son cœur, lui, souffrait et imposait cette petite voix qui susurrait : et si….
Il en avait un jour parlé avec le capitaine revenu après quelques minutes de l’horrible attente qui semblait durer plus longtemps à chaque fois.
- Et si, contrairement à ce qu’on pense, tu n’étais pas éternel, mais que tu avais juste un certain nombre de vies à vivre ? Et si un jour…
- Ne pense pas à ces choses là… Si un jour cela arrive, sache que de toute façon je ne te quitterai jamais.
Quand j'aurai fini d'en finir
Entre les larmes et les sanglots
Je viendrai vers toi sans rien dire
Et flotterai comme un drapeau
Et dans un signe de la main
Entre les vapeurs et l'encens
Je sais que tu me verras bien
Tu sauras que je suis vivant
Et tandis qu’il tenait le corps inerte dans ses bras, ce corps désormais lavé, pansé, reposant dans le lit de la chambre secrète, se désespérant que tant de jours soient déjà passés sans que son amour soit revenu à ces côtés, Ianto ferma les yeux et il écouta…
Il y avait cette voix tant aimée qui résonnait à ses oreilles, cette voix qui l’encourageait, cette voix qui lui permettait de sentir son capitaine près de lui, comme s’il le retenait dans son étreinte rassurante.
Il sentait son souffle sur sa peau, il sentait son toucher sur ses lèvres, et il entendait les mots qui l’empêchaient de sombrer dans le désespoir.
De l'autre côté, de l'autre côté de la vie
Des mots de lumière, je t'écris
Entre le silence et la nuit
De l'autre côté, de l'autre côté du miroir
Si tu fermes les yeux, tu peux me voir
Déjà douze jours et toujours pas un signe de retour !
Déjà douze jours et il avait l’impression que douze années, non ! Douze siècles s’étaient écoulés !
Tout lui manquait : leurs joutes verbales, les éclats de rire, le sourire auquel il ne pouvait résister, la petite lueur au fond des prunelles bleues qui annonçait une nouvelle facétie ou une nouvelle folie du capitaine Jack Harkness, et surtout, surtout, les mains sur lui, le goût de ses lèvres sur les siennes, le poids de son corps sur le sien et leurs étreintes…
- Reviens Jack… Tu n’as pas le droit de me laisser.
Owen avait été rassurant : les blessures guérissaient, le corps se régénérait…
Mais Jack n’était toujours pas de retour. Alors plus que jamais la question obsédante l’assaillait : et si cette fois-ci….
Pourrait-il apprendre à vivre sans lui ? Pourrait-il, jour après jour se lever, venir dans ces lieux où tout respirait sa présence, continuer à tenter de sauver le monde ? Pourrait-il tout simplement respirer ? Aurait-il la force de continuer la route sans lui ?
Ce n’est pas la fin… Ca ne sera jamais fini… soufflait la voix de l’espérance qui ressemblait tant à celle de Jack.
Quand j'aurai fini de parler
Que j'n'aurai plus rien à chanter
Alors, j'attendrai l'ascenseur
Et qu'importe le temps et l'heure
Si c'est à Paris dans mon lit
Ou dans un pays loin d'ici
Ce n'est qu'un contrat qui s'termine
Mais surtout pas la fin du film
Il était parti. Parti à jamais.
Le docteur s’était trompé : Jack n’était pas immortel. La ligne du temps avait perdu ce point fixe.
Et lui… lui qui se tenait devant le sarcophage qui renfermait la dépouille de son aimé, il était mort aussi. Son corps bougeait, son cœur battait, le sang circulait dans ses veines, mais son âme gisait dans le coffrage qu’on avait déposé à côté de celui de Gray.
Torchwood avait perdu son capitaine, Ianto Jones avait perdu son amour et le monde désormais était teinté d’un gris qui ne se dissiperait jamais. Et à cet instant précis, le Gallois priait, du plus profond de son être, pour que la mort vienne le chercher à son tour le plus vite possible.
Et puis de nouveau il eut cette sensation d’un souffle sur sa nuque, d’une main sur la sienne, d’une voix qui murmurait :
- Tu dois continuer, pour toi, pour nous… Tant que tu vivras, je vivrai aussi. Je serai toujours à tes côtés.
De l'autre côté, de l'autre côté de la vie
Des mots de lumière, je t'écris
Entre le silence et la nuit
De l'autre côté, de l'autre côté du miroir
Si tu fermes les yeux, tu peux me voir
Une aspiration bruyante, un corps qui se tord, un cri…
Ianto ouvrit les yeux, eut quelques secondes de flottement avant de s’apercevoir que l’homme qu’il tenait contre lui venait de bouger, qu’il respirait de nouveau.
- Jack ! Oh Jack ! s’exclama-t-il, les yeux baignés de larmes, arraché à ce cauchemar dans lequel l’avait entraîné le sommeil.
Des yeux bleus qui s’ouvraient et le regardaient avec amour, cet amour qu’il avait cru ne jamais revoir.
- Bonjour mon ange, murmura la voix faible du capitaine dont le souffle s’était égalisé tandis que son visage se détendait à mesure que refluait la douleur.
- Jack… J’ai cru que cette fois-ci c’était fini, que tu ne reviendrais plus…
Retrouvant rapidement ses forces, le capitaine se redressa pour faire face à son aimé et il lui caressa le visage d’une main tendre :
- Tu aurais dû savoir que je reviendrai mon amour. Je reviendrai toujours, parce que je ne peux pas me passer de toi. Je serai toujours auprès de toi.
Et lorsque leurs lèvres s’unirent, le Gallois se fondit dans l’étreinte, le cœur emplit de joie et de reconnaissance : Jack était toujours là, Jack serait toujours là, leur amour était immortel.
FIN
Chanson d’Alain Turban