En voici une autre, écrite hier.
le temps pluvieux et glacial m'a inspiré ça.
en attendant le bus (fichu bus en retard
), je regardais la pluie tomber et ça ma donné une idée.
j'espère que ça vous plaira
.
°o°o°
« C’est terminé ».
Deux mots.
Deux simples mots, et le monde s’écroulait pour Will.
« Nous arrêtons les recherches ». La pluie battante redoubla. Trempé jusqu’aux os Will releva la tête, défiant le ciel orageux, avant de fermer les yeux, touché en plein cœur.
La voix de Magnus, étouffée par le bruit de la pluie, le ramena sur terre.
« Je suis désolée Will ». Sous son parapluie, les larmes coulant sur ses joues, elle tremblait. Sûrement de froid.
Elle s’approcha et posa une main sur son bras.
Mauvaise idée.
Will frissonna :
« Ne me touchez pas ».
Précipitamment, la jeune femme retira sa main comme si ces mots l’avaient brûlée.
« Ecoutez Will, nous n’avons pas le choix. Ça fait 5h qu’Henry a disparu. La pluie et la nuit rendent les recherches difficiles. Je suis vraiment désolée … »Pas le choix ?
On a toujours le choix …
Elle baissait les bras.
Lui ne pouvait pas.
La rage au ventre Will regarda autour de lui. Tous ces gens qui fourmillaient, ces lumières qui aveuglaient, ces plongeurs qui remontaient, tout ça pour quoi ?
Pour rien.
Ça n’avait servi à rien.
A présent, tous autant qu’ils étaient, ils renonçaient.
Pressés de retrouver leurs foyers et leurs familles, ils s’activaient, pliant bagage.
Ils abandonnaient tout espoir.
Et ils laissaient Will plus seul que jamais.
°o°o°
Ça faisait maintenant 5h que tout avait basculé.
5 putains d’heures atroces.
Une mission d’infiltration. Jusque-là rien d’anormal.
Mais cette fois – ci, il n’aurait jamais dû le laisser partir.
Pas lui.
Il aurait dû prendre sa place.
Pourquoi ne l’avait – il pas fait ?
°o°o°
C’était il y a 3 jours.
Henry ne supportait plus de rester enfermé à longueur de temps. Las de tourner en rond, il avait demandé à Magnus de l’affecter sur le terrain. Quelque chose de gros. Quelque chose qui en valait la peine.
Une affaire de vol de spécimens leur était alors tombée dessus et Henry avait sauté sur l’occasion.
Will avait refusé.
Trop dangereux.
Mais il avait insisté. Et Will avait fini par céder.
Il n'aurait jamais dû.
Tout avait bien commencé pourtant. Rien à signaler.
Jusqu’à ce qu’il soit repéré. Et tout s’était enchaîné. Vite.
Trop vite.
Pistolet sur la tempe, on l’avait forcé à monter dans un avion.
Les dents serrées, Will n’avait pas eu d’autres choix que d’écouter à travers l’oreillette, impuissant.
Le pire moment de sa vie. Le plus long aussi.
Puis l’orage, les éclairs, la perte d’un moteur, la chute libre, les cris et … plus rien.
Paniqué Will avait prévenu les secours et, conduits par Magnus, ils étaient arrivés sur les lieux du dernier contact.
Mais c’était trop tard.
L’oiseau de ferraille, d’ordinaire si majestueux et gigantesque, n’était plus qu’un bout de métal englouti par les eaux déchaînées.
Vision d’horreur de l'appareil et Will avait senti son cœur s’arrêter.
Les recherches avaient alors commencé.
Et le calvaire avait lui aussi débuté.
L’attente sous une pluie battante.
Le désespoir et la colère.
Contre lui – même. Contre ces policiers qui n’arrivaient à rien et qu’il sentait faiblir. Contre Magnus, toujours aussi belle et insaisissable, incapable de faire plus.
Absurde ?
Oui.
Mais à cet instant précis, il avait perdu tout raisonnement.
Pourquoi ?
Pourquoi avait – il fallut que ça arrive ?
1, 2, 3, 4 corps.
Mais pas le sien.
Aucun survivant.
C’était le diagnostic.
°o°o°
Voilà maintenant 5h – bientôt 6 – qu’il était là, debout au bord de cette falaise, guettant le moindre indice, priant autant qu’il le pouvait.
Lui qui n’avait jamais prié, c’était une première.
Mais il y a un début à tout.
« C’est terminé ». Ces mots résonnaient sans cesse dans sa tête.
Impuissant, fatigué et meurtri, il regardait sa vie s’anéantir.
C’était fini.
°o°o°
Rapidement, tout ce monde vida les lieux.
Seule restait l’équipe du Sanctuaire, soudée jusqu’au bout.
Mais Will s’en était exclu.
A quoi bon ?
Il fit un pas supplémentaire en direction de la falaise, s’approchant dangereusement.
Et alors qu’il allait plonger, geste désespéré et au combien stupide, les bras de Bigfoot l’en empêchèrent.
« Ne fais pas ça ». Pourquoi ?
Qu’est – ce qui le retenait ?
Détruit, le jeune homme finit par s’écouler sur le sol et se mit à pleurer. Simplement.
Il était humain après tout. Il avait ses failles.
Et on venait de lui retirer la seule chose qui le maintenait debout.
Et alors qu’il tombait inconscient et mort de froid, les bras puissants de Bigfoot s’en saisirent et le portèrent jusqu’à la voiture.
°o°o°
Quand l’équipe en deuil arriva au Sanctuaire, Bigfoot porta Will jusque dans sa chambre. Avec une douceur qui le caractérisait peu, il le déposa sur son lit et entreprit de l’habiller avec des vêtements plus chauds. Fiévreux, Will frissonnait mais se laissait faire. Ses nerfs avaient lâchés, il n’était désormais plus qu’une ombre dans son propre corps.
Pourtant, au beau milieu de la nuit, en plein cauchemar, une vibration le tira de son sommeil.
Hagard, il ouvrit les yeux et posa d’instinct une main sur la place à côté de lui.
Mais rien.
Personne.
Fermant les yeux, les souvenirs de la veille lui revinrent en mémoire. Sans se laisser envahir, il ravala sa détresse et de son autre main, se saisit de son portable sur sa table de nuit.
Un appel.
Numéro masqué.
Etrange.
Intrigué, il décrocha.
« Allo ? ». « Monsieur Zimmerman ? Ici le Commandant Macdan ».
« Oui … ». Un silence. Une éternité.
« Nous avons retrouvé votre compagnon ».
Ses poumons l’empêchèrent de respirer.
Suffocant, il s’assit.
« Pardon ? ». « Henry Foss est bien votre compagnon ? »Jusque-là, il avait tout suivi.
« Oui mais … »« Et bien nous l’avons retrouvé il y a un peu moins d’une heure ». Rapidement, il tenta d'assimiler ce que cet inconnu venait de lui dire.
Puis il ferma les yeux et, murmurant un faible
« Et ? » attendit comme un condamné attend sa sentence.
Les minutes parurent durer des jours.
« Il va bien ».Enfin il put respirer.
La fin du cauchemar ?
« Il semblerait qu’il ait eu le temps de sauter en parachute avant le crash. Il a atterri suffisamment loin pour que nous n’en trouvions aucune trace ». Bordel …
« Où ? » fut tout ce qu’il parvint à articuler.
« A 50 km de la m… »
« Non, où il est ? »
« Ah ! Hôpital Sainte – Victoire, pour des examens de contrôles ».°o°o°
En l’espace de quelques minutes, Will se retrouva devant le bâtiment.
Il avait oublié combien il avait horreur de ces endroits.
Inspirant un bon coup, il entra et se dirigea vers l’infirmière d’accueil qui lui indiqua la chambre.
902
903
904
Des éclats de voix lui parvinrent.
Henry se disputait avec l’infirmière.
Il y avait des choses qui ne changeaient pas.
Sans taper, Will entra.
Assis sur le lit, Henry tourna la tête et leurs regards s’accrochèrent.
Instantanément, l'infirmière comprit.
Déclarant un rapide
« Je vais vous laisser » elle sortit et laissa les deux jeunes hommes seuls.
Lentement Will s’approcha.
« Qu’est – ce qu’il s’est passé ? »Malgré lui, ses yeux s’emplirent de larmes.
Henry se leva, boitant légèrement, tendant une main vers Will, il l’attira contre lui
« Viens – là ».
Ce n’était pas le moment des questions et encore moins celui des réponses.
Le temps viendrait.
Quand Magnus et l’équipe arriveraient, il faudrait alors se séparer et tout raconter.
Mais pas encore.
Will se laissa faire et enfouit sa tête dans le cou du jeune homme tandis qu’il resserrait l’étreinte.
« Putain ce que j’ai eu peur ». Savourant simplement la chaleur de l'autre, Henry finit par se saisir des lèvres du jeune psychiatre.
« Je crois que je ne suis pas fait pour le terrain ».
Son murmure fit sourire Will. Non, effectivement, ce n’était pas pour lui.
Sur ce point-là, ils étaient d'accord.
« Mais tu as d'autres talents ... ».
Réponse malicieuse. Touché.
« Ah ça ...»Le baiser d'Henry mit fin au débat. Et alors que Will se laissait doucement plaquer contre un mur, il en profita pour lui murmurer ce que chaque jour que Dieu ferait, il répèterait :
"Bon sang comme je t'aime".
°o°o°
Fin.