Bon, voilà la deuxième partie de cette fic.
Cybelia.
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Remus :
Allez, un peu de courage ! Tu es un Gryffondor ! Tu dois le faire !
Debout sur le parapet de la tour, je regarde le sol, au loin en bas. Pris d’un vertige subit, je chancelle, mais la peur m’envahit et je redescends, incapable d’aller jusqu’au bout de mon geste. Je m’effondre sur le sol. La honte est trop forte ; elle m’empêche de respirer. Je suffoque, recroquevillé contre le muret, trempé de pluie. Je ne sens pas le froid. Je me sens si mal… je veux mourir mais je n’ai pas le courage de sauter du haut de cette tour… Pourtant, je dois le faire…
Je me relève en titubant et remonte sur le parapet. Allez, ce n’est rien… juste un petit pas à faire… Juste un pas et tout sera enfin terminé… Juste un pas et je ne ferai plus jamais de mal à personne… Juste un pas… un tout petit pas…
Sirius :
J’ouvre la porte de la tour, le cœur battant à tout rompre. Il est là, dans son pyjama, trempé jusqu’aux os, debout sur le parapet. Il oscille dangereusement vers le vide. Je n’ose pas parler, j’ai peur de le faire sursauter. Mais, si je ne fais rien…
Je lève ma baguette et lance un sort d’attraction sur mon ami. Ses pieds quittent le parapet et il atterrit près d’un mètre en arrière, me tournant toujours le dos. Son dos est voûté, ses poings serrés. Je m’approche doucement.
— Remus…
Il ne bouge pas. Sa voix me parvient, très faible. A cause du vent et de la pluie, je dois tendre l’oreille pour ne pas perdre un seul mot.
— Va t’en, je t’en supplie…
— Non. Je ne te laisserai pas sauter dans le vide !
Est-ce le ton sec que j’ai employé qui le fait réagir ? Toujours est-il qu’il se retourne enfin vers moi, mais ses yeux restent fixés sur le sol.
— Je sais que ce que j’ai fait est impardonnable… Et je ne veux pas perdre ton amitié…
Je l’arrête en levant la main.
— Remus… Il y a une chose que tu dois savoir… Je ne dormais pas…
Il lève enfin la tête vers moi, une lueur horrifiée illumine ses si beaux yeux noisettes pailletés d’or.
— C’est impossible ! Non…
Il recule et bute contre le parapet dans son dos. Je ne bouge pas, toujours terrorisé à l’idée qu’il saute.
— Rem… laisse-moi t’expliquer…
— Pourquoi tu ne m’as pas arrêté ? Pourquoi tu m’as laissé te… te…
— Parce que je savais ce qui allait se passer. Je l’ai vu dans mon livre de Défense Contre les Forces du Mal. Et… je voulais savoir si tu irais jusqu’au bout…
— Pourquoi ? me demande t’il encore une fois, la voix tremblante.
Je n’y arrive pas… j’ouvre la bouche pour lui dire mais les mots se bloquent dans ma gorge… et si j’avais fait erreur ? Si ce qui est marqué dans ce livre est faux ? S’il m’a choisi juste parce qu’il n’avait personne d’autre à sa portée ?
Je soupire. Je n’ai pas le choix. Si je ne lui dis rien, je vais le perdre… et si je lui dis… je le perdrais peut-être aussi… tant pis, je dois tenter le coup ! Je m’approche doucement de Remus qui détourne la tête. Je prends son menton dans ma main et l’oblige à me regarder.
— Si je t’ai laissé faire… si je voulais savoir… c’est parce que je suis tombé amoureux de toi…
Alors qu’il ouvre de grands yeux ronds et la bouche pour m’interrompre, je ne lui en laisse pas le temps.
— Non, laisse-moi finir ! Je t’aime, Remus. Je ne sais pas depuis quand, mais je sais que je t’aime du plus profond de mon cœur… Alors, quand j’ai lu que lorsque la lune est pleine aux alentours de Noël, l’année des 16 ans d’un loup-garou, il choisit l’être qui sera son âme sœur jusqu’à sa mort, j’ai compris que c’était le moment où jamais… La Lune Rouge… Le seul moyen pour moi de savoir si tu partages mes sentiments…
Remus :
Je suis sous le choc. Il m’aime ! Il m’aime ! Sirius Black m’aime ! Et j’ai tout gâché…
Je ne peux plus soutenir son regard si noir, si intense. Je repousse un peu brusquement sa main, ne supportant plus le contact de ses doigts sur ma mâchoire. Je me sens si mal… Je lui demande dans un souffle :
— Comment peux-tu m’aimer après ce que je t’ai fait ce soir ? Tu devrais me haïr…
Je sens sa présence derrière moi, si près que son torse frôle mon dos. Je sens son souffle sur ma nuque. Je veux qu’il s’en aille… et qu’il reste… Ses bras s’enroulent soudain autour de ma taille et il pose sa tête sur mon épaule.
— Je t’aime, me murmure t’il à l’oreille. Je ne veux pas te perdre… je veux… je veux savoir si tu m’as réellement choisi…
Je suis choqué par ses mots. Bien sûr que je l’ai choisi ! A ma plus grande honte et mon plus grand désespoir, je l’ai choisi… Je l’aime si fort depuis si longtemps… Je n’en peux plus, je sens mon cœur se déchirer de douleur. J’éclate en sanglots subitement. Mes larmes se mêlent à la pluie sur mes joues. Il attend ma réponse, mais je suis incapable de parler. Je sens mes jambes se dérober. Je tombe à genoux, mais il ne me lâche pas. Il me tourne un peu vers lui et me serre dans ses bras. J’aimerais le repousser… et lui rendre son étreinte… Je l’aime…
Sirius :
Je ne sais pas quoi faire… voilà maintenant près d’une heure qu’il pleure dans mes bras. Je ne pensais pas qu’il était possible d’avoir autant de larmes en soi. Ca me fait mal de le voir comme ça. Je ne supporte pas de le voir souffrir… pour moi, chaque pleine lune est un supplice car je sais que la transformation est douloureuse… il ne sait pas le nombre de fois où j’ai quitté le dortoir avec la cape d’invisibilité de James pour aller le voir dormir à l’infirmerie…
Le jour commence à se lever. Si Pomfresh s’aperçoit de notre absence, elle va alerter Dumbledore… Il faut qu’on retourne là-bas…
— Remus… on doit redescendre à l’infirmerie. Ils vont nous chercher…
Il passe une main sur son visage trempé de larmes et de pluie.
— Tu as raison.
Je l’aide à se relever et nous rentrons. Je nous jète un sort de séchage tandis que nous descendons rapidement les escaliers de la tour. Nous avons à peine le temps de nous remettre chacun dans notre lit que Mme Pomfresh déboule dans la salle pour nous voir. Elle ne semble rien remarquer de ce qui s’est passé cette nuit, heureusement ! Lorsqu’elle a fini de m’examiner, elle me lance joyeusement :
— Bien, Monsieur Black. Vous pouvez réintégrer votre dortoir !
— Oui, Madame…
Je ne me sens pas d’humeur à râler. J’aimerais bien rester avec Remus, mais je sens qu’il lui faudra du temps. Il a besoin de rester seul un moment, je pense.
Une fois dans le dortoir, seul, je me laisse tomber sur mon lit, totalement épuisé par les derniers évènements. Je ferme les yeux mais les rouvre aussitôt en entendant le loquet de la porte. Je m’assieds, surpris.
— Remus ? Je pensais que tu resterais un peu à l’infirmerie.
— Moi aussi, soupire t’il en s’asseyant sur son lit.
Il évite toujours mon regard. Je n’en peux plus ! Il faut que je fasse quelque chose ! Je me lève d’un bond et me précipite sur lui, le faisant basculer sur son matelas. Etendu sous moi, je le vois se crisper, la tête tournée pour éviter que nos regards se croisent.
— Remus… je dois savoir si tu m’aimes.
— Oui… souffle t’il dans un murmure.
Mon cœur fait un bond. Il m’aime ! Bon, je m’en doutais un peu, vu tout ce qui s’est passé cette nuit, mais là, il me le confirme enfin !
— Mais il ne faut pas…
Je m’énerve.
— Pourquoi ? je demande en me redressant et en m’asseyant sur ses cuisses. Pourquoi est-ce que tu me repousses ? Bon… c’est vrai que notre première fois a été beaucoup plus… douloureuse… que je ne pensais… mais je t’aime ! Et je n’ai pas envie de cette première fois soit la dernière…
Remus :
Comment peut-il dire ça ? Comment peut-il encore m’aimer ? Je ne le mérite pas… Je prends mon courage à deux mains et tourne enfin la tête vers lui, plongeant mon regard dans ses yeux si noirs. Il se penche à nouveau sur moi et une mèche brune glisse devant son visage. Je ne peux empêcher ma main de monter remettre en place les cheveux derrière son oreille. Sirius en profite pour attraper mes doigts dans les siens et les embrasse. Un frisson me traverse alors que ses lèvres se posent sur ma paume, puis remontent lentement déposer des baisers sur mon poignet. J’ai envie de l’arrêter, mais j’ai perdu toute ma volonté lorsque j’ai soudé mon regard au sien. Il relâche enfin ma main qui retombe mollement sur le matelas.
— Je t’aime… Ne me repousse pas…
Il se penche encore plus, son visage est si près du mien que je sens son souffle sur mes lèvres.
Je ne veux plus lutter… la culpabilité est toujours là, mais le doute aussi. Si Sirius m’a pardonné ce que je lui ai fait, pourquoi dois-je m’en vouloir ? Je l’aime et il m’aime… Je l’ai choisi… La Lune Rouge a fait de lui mon âme sœur jusqu’à ma mort… Je l’aime à en crever…
Sirius :
Je n’en peux plus… il va me rendre fou ! Il est si beau… si désirable… Sans que je m’en rende compte, mon visage s’approche dangereusement du sien. Nos lèvres se frôlent. Ce contact m’électrise, me donnant le courage d’aller plus loin. Je m’empare de la bouche entrouverte de Remus, mêlant nos souffles. Il ne réagit pas. La déception s’empare de moi. Je n’insiste pas et le libère. C’est alors qu’il lance ses bras autour de ma nuque, m’attirant contre lui. Nos lèvres se retrouvent, se goûtent. Nos langues se rencontrent pour la première fois alors que le baiser s’approfondit.
Le désir enflamme mes sens. Je le veux… mais, étrangement, cette fois-ci, j’ai un peu peur. Est-ce parce que j’ai pris le contrôle de la situation ? C’est la première fois que je fais ça… bien sûr, je suis sorti avec des filles… lorsque je pensais que Remus ne voudrait jamais de moi autrement qu’en ami… mais aucune n’avait les lèvres aussi douces que mon cher loup… J’ai envie de lui, mais je ne veux rien précipiter…
Essoufflé, je finis par rompre le baiser. Je me redresse sur mes bras tendus, les yeux fixés sur le visage un peu rouge de Remus. Il garde les paupières baissées. Ses lèvres sont entrouvertes et sa respiration un peu rapide. Je ne peux m’empêcher de le contempler encore une fois. Lorsqu’il rouvre les yeux, je lui souris tendrement.
— Je t’aime, Remus J. Lupin.
Il me sourit à son tour, puis son visage se rembrunit.
— Qu’y a t’il ? je demande, soudain alarmé par son air sombre.
— Qu’est-ce qu’on va dire aux autres ?
— Je suppose que tu parles de James et Peter ?
— Oui.
Je soupire. Je me relève, libérant enfin mon ami, et m’assieds près de lui. Je suis gêné de parler des autres Maraudeurs alors que je crève d’envie d’embrasser Remus à en perdre le souffle. Mais il a raison, nous devons réfléchir à ce que nous allons leur dire. James est mon meilleur ami, presque mon frère, mais je ne sais pas quelle sera sa réaction lorsqu’il saura que Remus et moi nous aimons.
— Nous devons leur dire. Nous n’avons pas le droit de leur cacher une chose aussi importante à notre sujet. En espérant qu’ils le prendront bien…
Mon beau loup me lance un regard surpris, puis soupire à son tour.
— Tu as raison… j’espère qu’ils comprendront…
— Mais, nous avons le temps ! Ils ne rentrent à Poudlard que dans une semaine. Nous aurons tout le temps de nous inquiéter de ça lorsqu’ils seront là.
— C’est vrai, sourit Remus.
Il baisse les yeux sur ses mains jointes. Je sens qu’il veut me dire quelque chose d’important alors j’attends.
Remus :
Il faut que je le dise. Il faut que je me libère de ce poids. Je souffle alors :
— Je suis désolé… je ne voulais pas te faire du mal, mais la Bête était plus forte.
— Je sais, sourit Sirius. Ne t’en fais pas pour ça, je ne t’en veux pas.
— Oui, mais je te dois des excuses. J’aurais du tout te dire lorsque j’ai su pour la Lune Rouge et que tu es resté pour les vacances. Dès cet instant, j’ai su que je ne pourrais pas m’empêcher de te faire du mal. C’est moi qui ait demandé à Dumbledore de t’éloigner pendant la pleine lune. C’est de ma faute si tu t’es retrouvé en retenue avec le Professeur McGonagall pendant trois jours. Je ne voulais pas que tu sois là dans la journée parce que je savais que, entre les phases de transformation, je ne pourrais contrôler mes plus bas instincts en ta présence.
— Dumbledore savait ?
— Oui. Il était conscient que la Lune Rouge aurait un effet sur moi jusqu’à la nuit suivant ma dernière transformation. Il t’a laissé à l’infirmerie avec moi alors qu’il savait…
Je vois Sirius grimacer.
— Ce type est vraiment incroyable… il devine même ce dont on n’a pas encore conscience.
— En tous cas, il savait ce qui se passerait en te laissant à ma portée…
Je me tais, un peu soulagé. Sirius ne semble pas contrarié par ce que je viens de lui dire, mais il n’arrête pas de gigoter sur le lit. Je rougis soudain lorsque je comprends la raison de son comportement.
— Tu as mal ? je demande un peu timidement.
Il m’adresse un regard gêné.
— Oui. Je dois t’avouer que ça me brûle… mais je suppose que ça va passer… et que ça ira mieux la prochaine fois…
— La prochaine fois…
Ces mots me semblent un peu irréels. Jusque là, je n’ai pas pensé à ce qui va advenir maintenant. J’ai encore du mal à me faire à l’idée que Sirius et moi sommes à présent un couple…
— Siri ?
— Hum ?
— On est un couple maintenant ?
— Je suppose, répond-il en souriant.
Il est si beau… et il est à moi… j’ai du mal à croire à ma chance… mais, lorsque ses lèvres viennent à nouveau s’emparer des miennes pour un très doux baiser, je réalise que c’est bien vrai… Sirius est mon âme sœur… Même s’il a fallu passer par des moments difficiles, même si je suis certain qu’il y en aura d’autres, sûrement pire, j’en ai l’intuition… même si je sais que, parfois, j’aurais du mal à supporter ma condition de loup-garou, de paria… même si le futur est imprévisible et que je ne peux dire ce qu’il nous réserve… j’ai une certitude : Sirius Black est l’homme que j’aime et le restera jusqu’à ma mort.
Fin.