Bon j'devais la poster ce week-end mais ma mère voulait pas que je tape à l'ordi et puis hier je pouvais pas ayant eu bac blanc de philo. Bon j'vous laisse lire.
Alicya.
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Je m'appelle Alex, j'avais 17 ans quand ça s'est passé, je m'en souviens encore comme si ça s'était passé il y a même pas une heure. Je suis devant mon café, assis à la terrasse d'un bar, les gens passent, ignorant ce qu'est la vie. Pour eux la vie se résume en cette stupide phrase lancée par je ne sais plus qui, cette stupide phrase qui résume la vie de millions de personne : "Métro, Boulot, Dodo". Je n'ai pas la prétention de savoir ce qu'est la vie, d'un côté je suis bien content d'être ignorant moi aussi.
Mon baladeur mp3 tourne, là j'écoute "Morgane de toi" de Renaud. J'adore cette chanson, elle me rappelle ce jour là. Le jour où ma vie a basculée de manière irréversible. Oh non, rien de grave, que du bien, enfin pour ma part, si vous le demandiez à mes parents ils vous diraient que c'est la pire chose qui puisse arriver à des parents. Je prends une gorgée de mon café, j'adore son goût. Avant je détestais ça mais il m'a fait apprécier ce goût si magnifique. Il m'a fait apprécier beaucoup de chose dont je n'oserai pas écrire le nom de peur de choquer certains. Il s'appelait Guillaume, il était beaucoup plus vieux que moi, il avait 34 ans enfin plus vieux, il avait le double de mon âge quoi. Pourtant quand on était ensemble on ne voyait pas notre différence.
Dans trois heures ça fera 10 ans. 10 ans déjà. Ca fait 9 neuf qu'il est partit me laissant seul avec cette terrible maladie qui ne se soigne pas. Cette terrible maladie qui me ronge de l'intérieur et qui ne me tuera pas, non elle est trop vicieuse pour ça. Ca sera peut-être une pneumonie, un cancer ou un rhume comme pour Guillaume. Non Guillaume ne m'a pas quitté lâchement, il est simplement mort, à 35 ans. C'est jeune n'est-ce pas? Combien de temps me reste-il? Encore un an, peut-être plus, peut-être moins, qui sait, peut-être que dans un mois on m'enterrera, qui peut le dire? Personne, croyez-moi.
On a toujours prit nos précautions, des précautions qui s'appellent capotes, condoms, préservatifs, c'est comme vous voulez de toute façon c'est la même chose. Je dis toujours mais j'ai tors. Il a suffit d'une fois pour que ma vie se résume à prendre ces foutus médicaments qui me rendent malade comme lors de la première prise. On était amoureux, on se croyait plus fort que cette foutue maladie, lui ne suivait pas la trithérapie, il ne voulait pas devenir esclave des médicaments comme il le disait si bien. On voulait le faire mais il n'y avait plus de préso, on savait les risques mais on ne pensait pas que ça nous arriverait, quelle connerie quand même parce qu'on l'a fait. Il est mort deux semaines après, il n'a jamais sut qu'il m'a contaminé.
Yoann vient de me rejoindre à ma table. Ca fait 6 ans que nous sommes ensemble, c'est une des rares personnes à savoir pour ma maladie, normal me direz-vous mais au début de notre relation je ne lui avait rien dis, j'avais peur qu'il s'enfuit en courant dès qu'il l'apprendrait. Cependant il a bien fallut que je le lui dise, ça faisait six mois que nous étions ensemble, jusqu'alors j'avais toujours réussit à éviter les questions mais il a voulut qu'on fasse le test, il ne voulait plus du petit bout de latex si protecteur. Quand j'ai refusé il m'a accusé de le tromper c'est là que je lui ai dis mes raisons. Je me souviens encore avoir pleuré, il m'a prit dans ses bras en me disant qu'il serait toujours là pour moi malgré la maladie.
Je l'aime mon Yoann. Si il n'était pas là je me serai suicidé depuis longtemps. Je ne sais pas quelle méthode j'aurai utilisé, de toute façon je ne veux pas y penser.
Yoann a 22 ans. Nous vivons ensemble depuis 5 ans. Ses parents ont bien accepté notre relation. Jusqu'à l'année dernière nous vivions chez eux. ils m'ont pas mal aidé financièrement, surtout pour mes médicaments que mes parents ne voulaient pas acheter. Yo continue ses études, il veut devenir chercheur et trouver un sérum et un vaccin contre le poison qui coule dans mes veines et celles de millions d'autres. A côté de ses études il travaille dans un fast-food. Moi je suis prof dans un lycée de la ville. J'enseigne l'SVT. Deux personnes dans le lycée sont au courant de ma maladie : le proviseur qui se trouve être le frère de Guillaume et l'infirmière. Jusqu'à présent il n'y a eu aucun "accident" dans ma classe et je touche du bois pour que ça ne se produise pas.
Yoann vient de se mettre derrière moi et lit ce que j'écris. Il m'enserre le cou de son bras, amoureusement. Il m'embrasse la tête. Qu'est-ce que je l'aime mon Yoann mais là il sent la friture d'ailleurs je le lui fait remarquer. Un serveur daigne enfin venir prendre notre commande, oui je sais, je prend un café avant de manger. Yoann prend une salade (laitue, tomates, maïs, oeufs) moi je commande une escalope de dinde avec du riz. Mon amour me demande comment je fais pour manger de la viande, depuis qu'il travaille dans le fast-food avec un grand M il est devenue végétarien. Lui qui avant appréciait un bon steak-frittes ne peut plus voir ce plat, dès qu'on lui parle de fritures il va directement aux toilettes.
Je me mets à tousser, Yoann se précipite sur moi et me demande comment je vais. Cela fait deux jours que je tousse, je suis allé ce matin chez le médecin. Yoann s'inquiète vraiment pour moi. Je lui dis que c'est pas encore demain la veille qu'il se débarrassera de moi pour toucher mon assurance vie. Il le prend mal et boude. J'adore quand il fait cette tête la, il est très très très attrayant.
Vous allez sans doute me demander ce qu'il s'est passé durant trois ans. C'est très simple, je passais mes soirées en boite de nuit à draguer. Les médicaments je me les faisaient procurer par une association mais je me détestais pour ça.
Après mangé nous rentrons à l'appartement, non je n'ai pas cours, c'est les vacances de la toussaint. Yoann doit se changer et surtout doit prendre une douche, non je ne le rejoindrai pas, désolé pour vous, vous n'aurez aucun détails sur ce qui se passe dans mon lit. Une fois que Yoann est prêt nous partons, nous allons à la campagne, les parents de Yo nous prètent leur deuxième maison. Une fois dans la voiture Yoann met la radio à fond, il insère dans le lecteur CDs un des albums de Nirvana, son groupe préféré.
Après 2h de route nous arrivons enfin à destination. Yoann se précipite à l'intérieur, il a toujours aimé cette maison, bien évidemment c'est à moi de décharger la voiture. Une fois que c'est fait je m'allonge un instant sur le canapé. Yo vient s'installer à côté de moi. C'est peut-être un surexcité de nature mais il peut être tendre et calme quand il en a envie. Il commence à me parler d'enfants, je sais bien qu'il aimerai en avoir mais moi ça me fait peur. Il me dit qu'on pourrait avoir recours à une mère porteuse, en Angleterre c'est autorisé. Je lui pose alors la question qui ne cesse de trotter dans ma tête : "Mais quand je vais mourir, qu'est-ce qu'il se passera? Que deviendras-tu avec l'enfant?" Il me répond qu'il l'élèvera, qu'il l'aimera, je sais qu'il le ferait mais c'est beaucoup plus facile d'élever un enfant quand on est deux que lorsque l'on est seul. Je le lui dit. Il se met à pleurer. Oh non mon amour, ne pleures pas, si je te dis ça c'est parce que je t'aime, je ne veux pas que tu souffres, les traitements sont peut-être de plus en plus performant mais ils ne guérisse pas. Il me reste tout au plus 10 ans à vivre. Il me dit qu'il le sait mais qu'il aimerait qu'on essaye quand même. Je lui réponds qu'on y réfléchira durant cette semaine mais que pour le moment on peut profiter. Il me sourit, on a dans la tête la même chose. Je sors de ma poche deux préservatifs. J'en ai toujours sur moi, on a pas tout le temps à notre dispositions une boite.
Le soir Yoann nous a préparé un dîner aux chandelles, c'est un excellent cuisinier. Moi à part faire cuire des pâtes ou du riz je ne sais rien faire derrière les fourneaux. A table nous parlons de tout et de rien, surtout de rien en évitant les sujets qui fâchent.
Au moment de nous coucher je prends le livre que je suis en train de lire en ce moment, un livre qui parle de l'esclavage en Jamaïque. Mon amour, lui prend le dernier Harry Potter, il est sortit y'a même pas un mois et Yoann l'a déjà lu deux fois. On peut vraiment dire qu'il est fan. L'appartement est rempli d'objets collectors. J'ai quand même réussis à imposer une limite. Il n'y a rien, à part les livres bien sûr qui rentre dans la chambre.
Le lendemain je suis réveillé par une bonne odeur de croissant frais. Yoann arrive dans la chambre, un plateau rempli de bonnes choses dans les mains. Aujourd'hui nous devons aller faire des courses, nous irons sans doute au marché. Enfin pour le moment j'ai d'autres soucis comme m'occuper de mon homme.
Nous revoilà à la maison. Nous avons été au marché, main dans la main. Les gens nous regardaient comme si nous étions des pestiférés mais on a fait comme se de rien était. Devant nous, à un moment, une petite fille est tombée, sa mère n'a rien fait pour l'aider. Yoann lui s'est précipité et a consolé l'enfant. Heureusement on ne nous a pas critiqué pour ça. On aurait pu nous traiter de pédophile et je ne crois pas que Yoann aurait supporté. Sinon je crois vraiment qu'il a la fibre maternelle, je sais qu'il s'occuperait bien de notre enfant mais j'ai peur de l'avenir. Peut-être aussi des qu'en dira-t-on. Je ne sais pas.
Après avoir ramassé les courses nous nous affalons sur le canapé. Yoann s’amuse avec mes cheveux qui m’arrivent jusqu’aux épaules. Je suis assez androgyne, la plupart de mes amis me disent que de dos on dirait une fille, ça me fait bien rire. Yoann lui ressemble à tout le monde, enfin quand je dis tout le monde, c’est des jeunes que je parle vu qu’il suit beaucoup la mode.
Ca fait maintenant une semaine que nous sommes partit et les vacances sont déjà terminées. Cette semaine m’a permit de réfléchir à mon couple et à son avenir. J’ai pris ma décision pour l’enfant. Je pense qu’on ferait mieux d’adopter, enfin que Yoann adopte parce que moi de toute façon ce n’est pas possible. Sur le chemin du retour nous écoutons cette fois-ci Green Day.
Une fois rentrés je vais directement m’allonger dans la chambre, je suis trop fatigué pour ranger les affaires. Je regarde mes médicaments, il va falloir que je change de traitement, je ne l’ai pas dis à Yo’, je ne veux pas l’inquiéter plus qu’il ne l’est déjà.
La porte s’ouvre, mon ange est derrière, il est si beau. Il éteint la lumière et monte dans le lit, il vient se coller à moi et pose sa tête au creux de mon cou, je l’enserre de mes bras, il se tend, comme s’il avait peur de quelque chose. Je lui demande ce qu’il se passe, je sens des larmes couler dans mon cou. Je ne supporte pas quand il pleure, mon love me murmure qu’il a peur, peur que je parte, que je le laisse seul. J’essaye de le réconforter, je lui remonte le visage et l’embrasse doucement. Je caresse ses joues, lèche ses larmes. Mon amour s’endort dans mes bras, je m’endors à mon tour, sereinement.
Quand je me réveille l’amour de ma vie est toujours dans les bras de Morphée, je le regarde, il a l’air si calme ainsi. Je sors du lit en essayant de ne pas le réveiller. Je vais dans le salon et je regarde si je n’ai pas de messages sur le répondeur, il y en a deux mais ils sont pour Yoann. Je regarde ensuite le courrier, je vois qu’une lettre à mon nom a était ouverte, je la lis et comprend pourquoi Yo’ pleurait tout à l’heure.
J’allume la télé, c’est la fin du JT, j’ai le temps d’aller me chercher à manger avant que le film commence. Je m’installe dans mon fauteuil.
Au bout d’une demi-heure mon ange vient me rejoindre, il s’installe entre mes jambes. Je le serre dans mes bras et respire son odeur. En fait je répètes les même gestes à chaque fois que j’ai quelque chose à dire. Yoann prend ma main, m’embrasse sur la paume et me demande de ne rien dire pour le moment, qu’il n’a pas envie de se prendre la tête ce soir. Nous partageons le maigre repas que constitue le bol de soupe bouillon cube/vermissel que je me suis préparé et un yaourt aux fruit des bois, devant le film. Mon compagnon va chercher les pillules qui empêche le poison de gagner du terrain sur mon corps et me les donne ainsi qu’un grand verre d’eau pour les faire passer.
Une fois avalées je m’occupe de mon homme. Lorsque je sais que nous ne pouvons plus attendre je l’amène dans la chambre où se trouvent les bouts de latex.
Le lendemain c’est Yoann qui me réveille, on doit aller déjeuner chez ses parents aujourd’hui, il y aura toute sa famille comme chaque année vu que c’est son anniversaire. Avant de partir je vérifie que le cadeau que je compte lui offrir est bien dans ma poche. Nous prenons ensuite la route.
Une demi-heure plus tard nous arrivons devant l’immense propriété des parents de l’homme de ma vie, seule une de ses cousines est arrivée avec son mari et ses jeunes enfants, des jumeaux, des faux-jumeaux : Blandine et Christopher, ils ont quatre ans et sont tout ce qu’il y a de plus sage, si mes élèves étaient aussi calmes qu’eux ça serait merveilleux.
Une fois toute la famille arrivée nous nous mettons à l’apéritif, quand le repas est prêt nous nous installons à table, Aurélie, ma belle-mère est un véritable cordon bleu.
Vient ensuite le moment où j’offre mon cadeau à Yoann. Il tombe en larmes dans mes bras quand il découvre la bague, je l’avais vu la regarder avec envie une fois quand nous étions en ville.
Vers 16h Sandra, la nièce de Yoann vient nous voir et nous demande si elle peut aller chercher le ballon qui est passé sur la route. Je lui réponds que j’y vais.
Deux minutes plus tard je suis à côté de la balle, je me baisse pour la prendre, j’entend des pneus crisser. Quand je me relève je vois à moins de cinq mètres de moi une clio bleue, je n’arrive plus à bouger, comme si mes muscles refusaient de faire ce que mon cerveau leur dit de faire. Je ressens un choc au niveau de mes jambes puis j’ai l’impression de voler avant que la Gravité ne me fasse retomber. Quand je touche le sol j’entend un crac sonore.
Yoann se précipite sur moi, je le vois mais je ne peux pas bouger, je ne sens plus mes jambes ni mes bras, mes yeux se voilent, je n’entends plus rien. C’est donc comme ça que je vais mourir, pas à cause d’une maladie bénigne qui me tuera à cause du SIDA…
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Alors? Comment vous trouvez?
_________________ Avan Co-Fondateur de l'Alliance des Sadiques. Adoptez l'Orangina Rouge Attitude.
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Dernière édition par Schyzz le 24 Nov 2006 00:11, édité 1 fois.
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