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à la base, c'était rien (vous me direz: et maintenant, c'est quoi ?)
je voulais même pas le poster...
c'est long, c'est lourd, et wi c'est de moi !!!
avec mes 2 favoris évidemment
mais bon si malgré tout ça interesse quelqu'un
j'espère quand même que c'est pas trop chiant...
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POV Hephaistion
Il dormait.
Moi, tout contre lui, dans son lit.
L’hiver, les soldats avaient pris l’habitude de ne jamais dormir seuls. Pour compenser le froid, et le manque de couverture.
Quand nous avions environs 15 ans. Nous n’étions pas soldats. Seulement tout excités à l’idée de l’être un jour. Alexandre n’avait pas froid la nuit. Ou alors il ne le disait jamais, histoire de s’endurcir.
Moi, je me rappelle avoir eu froid, mais rien d’insoutenable. Je demandais pourtant à Alexandre si nous ne pouvions pas dormir ensemble, nous aussi. J’évoquais le blizzard des nuits glaciales passées à claquer des dents et à lutter contre le sommeil, car quiconque s’endormirait jamais ne se réveillerait…oui, bien sur, pas ici, pas dans la douce moiteur de la Macédoine…mais bon, ne faut-il pas être préparé à tout ?
J’entends encore son rire, lorsque je lui débitais mon discours peu convainquant, son rire franc, jamais mauvais… juste, dans ce cas, un brin sceptique…
Je rougis, moi qui n’avais pourtant honte de rien devant lui, et ajoutais en soutenant son regard (m’enfonçant un peu plus dans ma gène), que tous nos camarades avaient depuis longtemps décidé de le faire, et que nous étions désormais les seuls à ignorer ce nouveau jeu… j’étais sûr qu’il allait rire à nouveau, puis refuser en se moquant gentiment de moi, et de mon soudain côté frileux.
Mais bizarrement, il me laissa coi devant un simple « d’accord ! ».
Dès lors je pus dormir dans son lit les soirs d’hiver.
Nous avons alors passé des heures à rire et parler ensemble, savourant le plaisir de se croire les seuls encore éveillés. Nous chahutions tout en essayant d’étouffer nos cris et éclats de rire, qui retentissaient toujours trop fort dans le silence des couloirs du palais. Puis nous nous endormions dans les bras l’un de l’autre, délicieusement complices, sans secret entre nous.
Et de ces moments où il somnolait dans mes bras, mon corps collé tout contre le sien (je lui avais dit que c’était la partie de la nuit où j’avais le plus froid…), je garde l’odeur de sa peau, chaude et épicée, lorsque je blottissais mon visage dans son cou. Je m’enivrais de ce parfum troublant, jusqu’à avoir l’impression de lui appartenir. J’entrelaçais mes jambes aux siennes, passais mes bras autour de sa taille, avec l’envie de le serrer fort, si fort, qu’il m’appartienne aussi et que nous ne formions plus qu’un. J’était ivre de lui, de sa chaleur. Je l’écoutais respirer, me laissant bercer par ce bruit calme et régulier, puis je posais doucement ma tête contre sa poitrine, et là je pouvais entendre les battements secrets de son cœur.
Il me laissait faire gentiment. Il aimait les preuves d’amour, et je l’aimais, je l’aimais, plus que je ne pourrais jamais le dire. Un amour absolu et douloureux, un amour qui me rendait fou, alors qu’il me tenait dans ses bras avec tendresse et que je brûlait de lui hurler ma passion, ma folie, mon abandon total pour lui. Je rêvais de le goûter, de le mordre, de le sentir fondre en moi, de le voir s’embraser pour moi du même feu qui me rongeait peu à peu.
Tout ce qui faisait que j’aurais peut-être pu l’avoir à moi, ou perdre à jamais son amitié à laquelle je tenais plus qu’à tout autre chose au monde.
Il avait besoin de moi, je le savais. J’étais son confident, meilleur ami, compagnon des heures tristes auprès duquel il venait pleurer, à qui il montrait sans peur ses doutes et ses faiblesses, et qui savait le comprendre et réconforter son âme torturée. Il venait toujours à moi dans ces moments, recherchant amour et protection, et de la même façon ne refusais jamais que je me réfugie dans ses bras lorsque je me sentais trop mal.
L’hiver passa. Je craignais qu’il ne veuille me renvoyer dormir dans mon lit, me privant de sa présence dont j’avais tant besoin, mais il n’évoqua jamais le sujet. Alors que tous nos camarades faisaient désormais chambre à part, nous continuions tout naturellement à nous endormir l’un contre l’autre.
Habitude qui perdura bien des années plus tard.
Alexandre eut de nombreux amants. Des courtisanes parvenues à leur fin, des jeunes gens à la beauté envoûtante, des corps qu’il aimait passionnément l’espace d’une nuit et qui disparaissaient avec le soleil. Ses premières frasques me rendirent malade de jalousie, mais j’appris bien vite à ne pas en vouloir aux mignons avec lesquels il jouait, au moment de gloire si éphémère. Il m’en parlait et s’en amusait, comme un enfant racontant ses bêtises, puis les oubliait.
Il me réservait toujours tendresse et sincérité. Rien de plus cependant. Il n’aurait pourtant eu qu’un mot à dire, qu’un geste à faire, et j’aurais été à lui, avec plus de passion et d’amour que tout ce que ses amants pouvaient lui offrir.
Mais il rencontra Roxane. Une princesse quelconque d’un de ces nombreux pays qu’il explorait un à un. Une barbare, que tous lui déconseillaient. Mais aller contre l’avis de ses conseillers ne l’avaient jamais vraiment préoccupé.
Je la détestais dès le premier jour. Elle, sa peau brune, sa voix aux accents rauques et sensuels, ses yeux noirs brûlants qui avaient séduit mon Alexandre. Elle parlait peu, restait mystérieuse, un lourd voile or et pourpre cachant son visage à tous, ne laissant voir que son regard perçant.
Il était complètement envoûté et ne pensait plus qu’à elle. Il me parlait d’elle jour et nuit, de son corps qu’il rêvait souple et ferme à la fois, de ses yeux farouches et de leur éclat sauvage qu’il avait si hâte de dompter, de cette chevelure noire d’huile qu’il voulait tordre et respirer jusqu’à en perdre la raison…
Un soir je lui dit en plaisantant que les nuits dont il rêvait avec elle ressemblaient plus à des corps à corps acharnés qu’à de tendres moments amoureux. Il me répondit, la voix enflammée :
« Au contraire! As-tu déjà vu regard aussi… ardent? As-tu vu sa force, sa flamme lorsqu’elle danse, lorsque tout son corps se tord et s’enroule, comme la panthère noire, les membres tendus, luisants, prête à bondir… le moindre de ses mouvements aspire à la violence de l’amour, Hephaistion ! Cette fille est un feu, un brasier de passion !
- Et alors ? Plus le brasier est ardent plus il s’éteindra vite ! Tu sais comme moi que les petites flammes sont les plus vivaces… embrase celle là quelques nuits, et vois ce qu’il t’en reste par la suite ! »
Oui, je plaisantais.
Je plaisantais, que pouvais-je bien faire d’autre… comprendra-t-il un jour combien je souffrais en l’écoutant fantasmer sur elle… en vérité, je savais pertinemment qu’il la respectait trop pour en faire son amante parmi tant d’autres, pour qu’elle ne soit que sa maîtresse. Non, c’était tellement plus…
Cette femme porterait son enfant.
Et mon cœur saignait si fort, Alexandre… Chaque jour je sentais qu’elle t’obsédait d’avantage, je te voyais t’éloigner un peu plus de moi, de mon pauvre amour, éternel et douloureux. M’appartiendras-tu encore un peu ? Je ne viendrai plus dormir dans ton lit Non, je n’oserai plus m’introduire dans ta chambre, me glisser dans tes draps et me coller à toi jusqu’au petit matin. Toi, ton corps, ta chaleur…cela ne serait plus correct. Et puis je risquerai de l’y croiser. Mais toi, viendras-tu dans le mien ? Le roi fait ce qu’il veut, quand il veut… viendras-tu quelquefois, juste avant l’aube rouge, recréer avec moi ces délicieux moments d’intimité… viendras-tu ranimer cette complicité, si intense entre nous, et dont j’ai tant besoin ? je serais toujours là Alexandre, je ne vis que pour toi. Mais toi, m’oublieras-tu ?
Je me rapelle...
Quelques jours avant la mariage.
Il était si excité… comme un jeune soldat, lassé des entraînements, frémissant d’impatience à l’approche du combat.
La nuit.
J’étais allongé tout contre lui, profitant du peu de nuits qu’il me restaient avant de ne plus pouvoir le faire librement. Marié…cela me semblait si étrange…
Il s’était endormi paisiblement après m’avoir pour la énième fois énuméré les bizarreries d’un mariage perse. Il trouvait follement amusant de se marier selon leurs coutumes. Tous ses généraux grinçaient des dents, mais il était tellement heureux… irrésistible, lorsque ses yeux sombres étincelaient de joie folle et sincère.
Irrésistible aussi à présent, endormi, le visage serein, ses cheveux d’or tombants en cascade brillante sur ses épaules nues. Appuyé sur un bras, je le regarde, inlassablement. Son torse finement musclé à la peau de miel, se soulevant sur un rythme lent et régulier, ses lèvres douces entrouvertes sur son souffle chaud…je me mords la lèvre. Comment cette scène, si émouvante, peut-elle m’apparaître si délicieusement… érotique ?
Tu es là, comme toujours… si près, et pourtant si loin de moi… et cela, pour combien de temps encore ?
Comme souvent lorsque je le contemple, les larmes me viennent aux yeux.
Voudras-tu un jour de moi, Alexandre... M’aimeras-tu un jour, autrement que comme l’ami que je ne supporte plus d’être…
Mes larmes coulent, à présent. Je pleure, en silence.
Invisible.
Me verras-tu un jour, Alexandre ?
Je ne tiens plus.
Dans un sanglot, je me penche sur son visage inconscient, et plaque brutalement mes lèvres sur les siennes. Mais pourquoi ai-je fais ça ? Pourquoi ai-je fais une chose aussi stupide, et qui me ressemble si peu ? Je sens brusquement son souffle brûlant m’envahir. Je ne peux plus respirer. Le simple contact de ses lèvres chaudes sur les miennes salées de larmes m’électrise. Je l’embrasse, je le touche. Je me lie à lui, plus intimement que jamais auparavant. J’étouffe un gémissement de peur, d’étonnement, d’excitation, tout à la fois.
Je sens soudain sa langue frôler ma bouche. Il s’est éveillé ! Je n’ose ouvrir les yeux. Je ne sais si je pleure encore. Je la sens qui effleure délicatement mes lèvres. Je frissonne de surprise. La sensation est si douce, si agréable ! Tremblant d’émotion, j’ouvre légèrement la bouche et sa langue vient doucement caresser la mienne. Une intense chaleur se répand en moi, enflamme mes sens. Je suis incapable de bouger. Je n’ose y croire. Il m’embrasse. Ce tendre baiser m’aspire, m’étourdit. Je ne sais plus où je suis, qui je suis. Chaque mouvement de sa langue sur la mienne me pénètre, m’ébranle d’un rythme lent et profond. Je me sens partir. Je goûte à sa langue, sa saveur si intime. Il me caresse, il m’explore tendrement. Je suis à lui, enfin. C’est si bon ! Tout mon corps frémit de bonheur.
J’ai tant imaginé ce moment… celui où il me verrait vraiment, comme l’amant que je voudrais être…
Mais soudain il soupire, puis détourne lentement la tête, brisant l’instant fantastique, me laissant frissonnant et perdu.
J’essaie de retrouver mes esprits. A bout de souffle, je me redresse péniblement. J’ai peur pour la suite. Je le vois s’agiter un moment, puis ouvrir les yeux. Il s’assied, l’air hébété, et pose enfin les yeux sur moi.
« Hephaistion ? »
Je tremble.
Que va-t-il faire à présent. Va-t-il enfin comprendre, va-t-il enfin me voir ?
Ou regrette t-il déjà ce qu’il a fait ? Ma gorge se noue à cette idée. Le silence est palpable autour de nous. J’ai peur, pourquoi ne dit-il rien…
Mais son regard se détourne. Il soupire, puis lâche d’une voix plate, presque à regret :
« Je crois que j’ai encore rêvé de Roxane… »
Roxane.
Oh Alexandre, Jamais tu ne sauras combien ces paroles m’ont fait mal.
La nuit est des plus noire. Heureusement.
J’arrive tant bien que mal à étouffer les sanglots qui m’étranglent à présent, mais je ne pourrais pas lui cacher les larmes amères qui roulent sur mes joues. Je voudrais m’y noyer. Roxane…tout est détruit, tout.
Il est là, plongé dans ses rêves, ne se doutant pas une seconde du désespoir qui me broie le cœur. Je voudrais m’effondrer dans ses bras. Je voudrais m’enfuir pour ne plus avoir à réfréner mes pleurs. Crier, hurler, je ne sais plus ce que je veux. Je ne veux plus rien.
La nuit est si sombre…
« Jamais elle ne me donnera d’héritier. »
Sa voix est dure. Mais pourquoi dit-il ça tout à coup ? Son regard est vague. Je dois répondre quelque chose, rapidement, ou il se rendra compte de mon trouble. J’essaie d’empêcher ma voix de trembler.
« P-Pourquoi ? »
Lamentable, je sais.
Mais si tu savais comme j’aimerais être plus fort…
« Je ne sais pas. Je l’ai vu en rêve. »
Il soupire bruyamment dans la pénombre, s’appuie sur ses avant-bras derrière lui et rejette la tête en arrière.
« Crois-tu que j’ai tort de l’épouser, Hephaistion ? »
Je calme difficilement mes larmes. Je me sens vide. J’ai froid, si froid…et lui semble avoir tellement chaud…
Je sais ce qu’il attend de moi. Une réponse honnête, sincère, sans savoir ce qu’il m’en coûterait de lui dire tout ce qui pèse sur mon cœur. Mais puis-je encore lui donner, en ai-je encore la force…mon esprit est éteint.
Je sais que tous s’opposent à ce mariage. Ses généraux, fidèles amis de son père, tous ont essayés de le dissuader. Mais il s’est obstiné, encore et encore, comme un gamin capricieux, avec sa fougue et son assurance habituelle. Douterait-il à présent ?
Il est si beau, encore une fois. La tête ballante, les yeux clos, la bouche ouverte, ses cheveux longs caressants ses bras nus, rayonnant de chaleur et de vie dans l’obscurité. Mon Alexandre, que tous croient invincible. Mais que tous attendent de voir tomber, un jour ou l’autre. Il a toujours su ce qu’il faisait, toujours fait ce qu’il voulait. Non, il ne doute pas. Il a juste quelquefois besoin d’être rassuré.
Et c’est là il se tourne vers moi…
« Non Alexandre, tu n’as pas tort. Tu aimes cette femme, qu’importe le reste…je suis sûr qu’elle te donnera un fils, aussi grand, aussi fort que toi aujourd’hui. Et tu seras heureux, Alexandre…dans quelques jours, tu seras heureux, avec elle, et plus rien d’autre ne comptera… »
Ma voix s’étrangle. Je ne parviens plus à ravaler mes larmes. J’arrête avant qu’il ne s’en aperçoive. Jamais encore je n’avais eu autant de chagrin.
Suis-je fou, Alexandre, de te pousser ainsi dans les bras d’une autre…cette femme, que je hais…elle t’a ensorcelé…suis-je fou de te conseiller d’oublier tout le reste…
Je le vois qui sourit, de cette façon qui m’attendrira toujours. Il se rallonge et rabat les draps sur sa poitrine nue. Il tourne la tête vers moi et m’ouvre gentiment ses bras.
Je m’y blottis avec tristesse. Je sais bien à présent, qu’il la voudrait à ma place en ce moment. Il dépose un baiser sur mon front, tendrement. Comme s’il me condamnait à toujours rester ainsi. Là où est ma place.
Je dois lutter pour ne pas pleurer à nouveau. Je noue mes bras à son cou et enfouit mon visage dans le creux de son épaule. Je sens sa peau sur mes lèvres humides, son parfum qui m’emprisonne, ses mains chaudes dans mon dos…
Jamais il ne saura combien cet amour me détruit.
Peut-être est-ce là mon destin. Etre celui que tu ne verras jamais. Mais je serais là, toujours là, à tes côtés, puisque tu as besoin de moi. Sois heureux, mon Alexandre.
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pff...
j'ai même pas relu, j'avais pas le courage...
dsl pour les phôtes si vous en trouvez
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