Puisque ça vous plait, voici la suite !!
Cybelia.
-----------------------
Le soir même
Rodney n’arrivait pas à trouver le sommeil. Il était trop perturbé par sa dispute avec John Sheppard. Même s’ils avaient souvent des divergences d’opinion, ils ne s’étaient jamais fâchés ainsi. En général, chacun boudait dans son coin quelques minutes, voire une heure, et ils finissaient par s’expliquer, arrangeant la situation. Là, Rodney n’avait même pas essayé de voir son ami, ayant senti qu’il ne pourrait rien faire pour se réconcilier avec lui tant que leur sujet de différent serait le Bintou. Après s’être retourné une énième fois dans son lit, le scientifique décida qu’il ne pouvait laisser la situation ainsi. Il se sentait mal à chaque fois qu’il revoyait sur ses paupières closes le regard haineux de son ami. Il se rendit compte qu’il ne pouvait plus se mentir : il ne supporterait pas longtemps de ne pas voir John, de ne pas pouvoir rire avec lui, de ne pas sentir la chaleur de son regard sur lui… Rodney secoua la tête pour chasser ses pensées dérangeantes, se leva, s’habilla et quitta sa chambre, non sans avoir pris son arme, juste par précaution.
Il avança sans bruit dans le couloir jusqu’à la chambre de John. Arrivé devant la porte, il hésita un instant, puis entra. La pièce était plongée dans une semi-obscurité, éclairée faiblement par les lumières extérieures de la Cité. Rodney contempla un instant son ami, étendu dans son lit, endormi. Il sentit son cœur se serrer en voyant le Bintou posé sur le torse nu de John. C’est alors qu’il comprit que son ami avait eu partiellement raison lorsqu’il l’avait accusé d’être jaloux. Mais, ce que le Major n’avait pas compris, c’est que Rodney n’avait aucune envie d’être à sa place. Il venait de réaliser qu’il était jaloux de Bob et de sa complicité avec Sheppard. Le scientifique ne put retenir un soupir. Depuis leur arrivée sur Atlantis, il avait essayé de se persuader qu’il n’éprouvait rien pour le Major John Sheppard… et maintenant, il se rendait compte que tout cela avait été vain.
Rodney sortit subitement de ses pensées en entendant un léger bruit de succion provenant du lit. Intrigué, il s’approcha doucement. Soudain, il se figea devant la vision d’horreur qui s’offrait à lui. Deux tentacules visqueux émergeaient du Bintou et plongeaient dans la poitrine de John. Rodney cria :
— Non ! Laisse-le !
Bob rétracta ses tentacules, jetant un regard mauvais à l’humain qui frissonna. Soudain, l’animal bondit, cherchant visiblement à s’enfuir. Rodney leva son arme mais il hésita à tirer de peur de toucher John par accident. Alors qu’il cherchait comment arrêter le Bintou, la porte s’ouvrit derrière lui. L’animal en profita et bondit entre Teyla et Ford qui regardaient la scène d’un air surpris.
— Que se passe t’il ? demanda l’Athosienne.
— Il faut le rattraper ! Il a attaqué le Major ! lança Rodney en se précipitant vers la porte.
Alors qu’il allait sortir de la pièce, il se tourna vers son ami, soudain inquiet. Renonçant alors à poursuivre Bob, il se précipita auprès de Sheppard. Celui-ci était inconscient. Deux blessures sanglantes tachaient son torse pâle et Rodney en remarqua d’autres à peines cicatrisées. Les deux autres membres de SA1 s’approchèrent. Lorsqu’elle vit les blessures de Sheppard, Teyla prit le bras d’Aiden Ford et l’entraîna dehors après avoir lancé au scientifique :
— On va le retrouver !
Rodney acquiesça silencieusement. Il mit en route son communicateur :
— Docteur Beckett ! Carson !
— Quoi ? répondit la voix ensommeillée de l’Ecossais.
— Urgence mécicale, quartiers du Major Sheppard !
— J’arrive !
McKay alluma l’éclairage de la chambre, puis se retourna vers son ami dont les blessures étaient encore plus impressionnantes en pleine lumière. Il s’agenouilla auprès de lui pour prendre son pouls. Il passa ensuite la main sur le front moite de John et sursauta lorsque la porte se rouvrit derrière lui sur Carson Beckett et son équipe.
— Que s’est-il passé ? demanda le médecin.
— Bob l’a attaqué ! répliqua Rodney.
Beckett ouvrit la bouche pour répliquer mais sembla se rendre compte que son patient était plus important que ses questions et il se précipita près du Major. McKay s’écarta pour les laisser travailler. John fut mis sur un brancard, puis emmené à l’infirmerie.
Quelques minutes plus tard
Rodney faisait les cent pas dans l’infirmerie tandis que Carson soignait Sheppard derrière un paravent. Elizabeth était assise et le regardait en silence. Alors que le scientifique regardait sa montre pour la énième fois, la porte s’ouvrit sur Teyla et Ford. L’Athosienne portait une boîte qui s’agitait dangereusement.
— C’est lui ? demanda McKay.
— Oui. Nous l’avons attrapé dans la salle d’embarquement, répondit Aiden. Il a essayé de m’attaquer.
Rodney ne put se retenir plus longtemps. Il explosa :
— Qu’est-ce que je vous avais dit ? Je vous disais qu’il fallait se méfier de cette chose ! Mais non, personne ne m’écoute jamais dans cette Cité !
— Rodney ! l’interrompit Elizabeth.
Il allait continuer lorsqu’il vit que Carson les avait rejoints. En voyant son air abattu, le scientifique sentit son cœur manquer un battement.
— Comment va le Major Sheppard ? Demanda Teyla.
— Mal… il est dans le coma… et je ne sais pas quoi faire pour l’aider…
— Qu’est-ce que cette chose lui a fait ? interrogea Rodney en se laissant tomber sur une chaise, anéanti.
— Je ne suis pas sûr… il semblerait qu’il lui ait absorbé sa force vitale…
— Comme un Wraith ? s’étonna Elizabeth.
— Pas tout à fait, mais ça y ressemble… je vais devoir faire des examens sur Bob.
Teyla lui donna la boîte.
— Soyez prudent.
— Merci.
Alors que le médecin allait partir vers son laboratoire avec le Bintou, Rodney lui demanda :
— Je peux le voir ? Le Major, je veux dire…
— Bien sûr.
Il n’attendit pas plus et se précipita derrière le rideau. Il prit un coup en plein cœur en voyant l’air pâle et souffrant de son ami. Il s’assit près du lit et attendit que l’infirmière ait quitté les lieux pour prendre la main de John dans les siennes. Les doigts du Major étaient glacés. Rodney les frotta doucement pour les réchauffer, puis prit l’autre main pour lui faire subir le même sort. Soudain, il remarqua une petite mèche blanche qui traversait la chevelure châtain de son ami, sur le côté droit. Il y passa doucement les doigts, la gorge serrée. Il n’avait jamais vu John ainsi. Il paraissait si vulnérable…
Rodney soupira profondément. Depuis son arrivée sur Atlantis, il avait déjà tremblé plusieurs fois pour la santé de John Sheppard, mais c’était seulement la deuxième fois qu’il avait réellement peur de le perdre. Le perdre… Personne dans la Cité ne savait que Rodney avait toujours autant aimé les hommes que les femmes… Personne ne savait que la première fois qu’il avait posé les yeux sur le Major, il avait senti son cœur se gonfler d’un sentiment qu’il avait trop rarement connu avant… Personne ne savait qu’il avait enfoui ce sentiment au plus profond de lui, réussissant avec difficulté à se contenter d’une franche amitié avec celui qui, dans ses rêves, répondait à ses attentes et lui faisait découvrir le bonheur… Il avait réussi à tout camoufler, sachant que ses sentiments n’avaient aucune chance d’être un jour réciproque. Mais là, devant le visage blafard et souffrant de John, il sentit les barrières qu’il avait érigées pour contenir ses émotions céder. Les larmes se mirent subitement à couler sur ses joues alors qu’il tentait toujours de réchauffer les mains de son ami entre les siennes.
— Pourquoi vous ne m’avez pas écouté, John ? Je vous avais dit que cette bestiole était dangereuse… mais vous n’en avez fait qu’à votre tête… comme toujours… Et aujourd’hui, vous risquez de mourir…
Rodney passa doucement une main sur le front brûlant du Major. Il prit le linge humide que l’infirmière avait laissé dans une cuvette sur la table de chevet, puis le passa lentement sur le visage de son ami. Il était totalement désemparé face à la situation. Il avait toujours détesté être impuissant, quelque soit la situation, mais là, il souffrait en plus de voir celui qu’il aimait aux portes de la mort.
Alors qu’il se morfondait, son estomac se mit soudain à grouiller. Même inquiet, Rodney ne pouvait s’empêcher d’avoir tout le temps faim. Il prit dans sa poche une barre chocolatée puis la contempla un instant, une idée faisant jour dans son esprit. Soudain, il bondit vers le bureau de Carson.
A suivre...
|