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 Sujet du message: Histoire d'Ames-Fiction originale
MessagePosté: 22 Aoû 2005 00:36 
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Le slash, kesako ?
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Inscription: 07 Aoû 2005 12:02
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Boujour tout le monde :D Je suis en train d'écrire une histoire assez longue dont le genre se résume facilement: c'est du yaoi (même si au niveau où j'en suis c'est toujours très soft....). Il y a pour l'instant 8 chapitres et je me décide à poster le premier ici-même.
Bon. Pour tout vous dire, je ne suis vraiment pas sûre de moi sur sa qualité donc allez-y franchement, dîtes moi ce que vous en pensez :roll:
Bonne lecture ^^

Chapitre 1: Rencontrer

- Jeune homme, il est temps de se réveiller.
Emma entra en trombes dans la chambre sombre et ouvrit d’un geste les rideaux. Derrière elle, une faible lamentation se fit entendre dessous les couvertures du grand lit. Emma n’y fit guère attention et ouvrit la fenêtre pour laisser rentrer les premiers rayons de soleil matinal.
- Hummmmmmmm… Il est quelle heure ? , gémit une fois de plus la voix sans pour autant écarter les couvertures.
- Huit heures, et il déjà bien trop tard !!
La vieille gouvernante tira violemment les draps.
- Allez Théo !!! Votre mère est rentrée.
Le jeune homme se recroquevilla sur le matelas, sentant la fraîcheur du matin geler ses membres frêles. Il n’était vêtu que d’un léger pyjama blanc.
- Et regardez moi ça ! Gronda Emma en lui secouant doucement la tête, vos cheveux sont tout décoiffés !
- Oui, c’est un peu normal après une nuit de sommeil ? lui répondit-il en riant sombrement.
Ses cheveux d’ébènes étaient en effet en bataille, ses yeux encore bouffis de sommeil.
- Dépêchez-vous de vous laver et de vous habiller.
- Je sais qu’elle est rentrée. Mais je ne pense pas qu’elle ai besoin de moi. Elle n’est pas revenue seule… encore.
- Oui, et je dois avouer que cette fois-ci, elle l’a choisi jeune. Et… pas mal en plus, Emma avait murmuré ces derniers mots, perdue dans ses pensées.
Théo éclata de rire, un rire joyeux comme il aimait en avoir, rare dans cette maison.
- Emma ! On dirait que tu as craqué !
La gouvernante se ressaisit et fit mine de se mettre en colère.
- Veuillez arrêter de plaisanter et allez prendre votre douche. Vous ressemblez à un zombie. A quelle heure vous êtes vous encore couché ? Vous avez encore flâner n’est-ce pas ?
Théo se redressa et chercha à tâtons ses lunettes sur la table de nuit. Il les chaussa et posa les pieds à terre. Emma prit une chemise longue et blanche et un jean noir dans la grande armoire et les lui envoya en pleine face. Elle sourit tendrement en l’entendant râler.
- Je vous attends dans la cuisine. Du chocolat ça vous ira ?
- Bien sûr.
Emma sortit de la chambre et reprit en main le balais qu’elle avait laissé contre le mur. Elle continua à nettoyer le couloir, lentement, toujours un sourire aux lèvres. Comme elle aimait Théo, comme son propre fils peut-être. Quand on pense qu’elle l’a vu naître, qu’elle l’a élevé, qu’elle l’a vu souffrir et pleurer, rire et dévorer des livres entiers en un jour, écrire des pages… et se recroqueviller derrière ses lunettes, rester en dehors du monde. Elle l’aimait plus que tout au monde et elle avait peur. Peur de ce qu’il deviendra le jour où elle partira loin de lui, il était si fragile, si jeune… seulement seize ans. Mon dieu protégez-le, demanda-t-elle sans un bruit. Ce qu’elle demandait chaque jour.

- Je m'appelle Joey.
Théo le vit tendre la main vers lui. Que devait-il faire? Ce garçon avait avoir à peine 25 ans et il était le nouvel amant de sa mère. Un amant comme il en avait vu des dizaines depuis des années entrer et sortir de la maison où il vivait seul avec elle et quelques domestiques. Des fois ils ne restaient qu'une seule nuit, d'autres fois plusieurs jours. Et aujourd'hui, ce matin, un matin d'hiver froid et morne comme les autres, ce garçon, avec son air fier et hautain, ses grands yeux gris et ses cheveux courts, venait se présenter à lui d'un coup et lui tendait la main.
Théo se ressaisit, il avait été surprit dans son élan alors qu'il allait vers la cuisine. Et avait sursauté.
Il regarda la main longue et puissante. Joey était plus grand que lui, plus fort aussi semblait-il. Enfin, se dit-il, tout le monde est plus fort que lui de toute façon.
Il finit par lui serrer la main. Allait-il faire exprès de lui broyer les os pour lui prouver sa supériorité?
- Je suppose que vous êtes son fils. Je vous ai vu la nuit dernière quand on est rentré.
Théo acquiesça d'un signe de tête, perdu dans ses pensées. Oui, il les avait vu aussi. Et entendu également. Ils ont dû réveiller toute la maison avec leur rire.
- Vous ne m'en voudrez sûrement pas si je reste ici quelques jours. Elle insiste.
Pourquoi lui demandait-il cela? Avait-il vraiment besoin de son approbation? Non, certainement pas. Il suffisait de le regarder dans les yeux pour comprendre que Joey ne voulait que se moquer. Il était comme les autres. Il ne restait que pour l'argent et sans doute Mère lui en avait-elle promit un bon paquet.
Encore une fois Théo ne parla pas et lui fit signe que non. Menteur. Mais que pouvait-il bien dire? C'était la vie de sa mère... Et il se devait d'en rester en dehors comme elle, elle se foutait bien de la sienne.
- Vous n’êtes pas très bavard à ce que je vois.
Et vous, vous l’êtes un peu trop, se dit Théo au plus profond de lui. Il ne voulait en aucun cas le regarder en face. Pas par répulsion, ni par dégoût… il ne voulait jamais regarder personne en face, de peur de trop… se donner peut-être… trop offrir… Derrière les verres de ses lunettes, il voulait rester secret et réservé. Il attendait. Mais attendait quoi ? Sûrement pas qu’on lui dise qu’il n’était pas très bavard.
Alors il releva la tête et lui sourit un peu, un sourire qu’il voulu doux mais discret.
- Désolé, je dois y aller.
Joey sourit à son tour, ses yeux semblaient s’être allumer, il semblait s’amuser.
- Je croyais que vous alliez à la cuisine. C’est bien par là non ?
Théo se raidit. Que cherchait-il en fait ?
- Oui… mais…, il cherchait une excuse, quelque chose qui le sauverait, n’importe quoi pourvu qu’il puisse s’enfuir… je n’ai… plus faim ! Excusez-moi.
Il lui tourna le dos et se dirigea vers l’escalier du hall d’entrée. Il arrivait à la première marche quand il entendit brusquement :
- Alors à plus tard… heu… comment vous appelez-vous au fait ?
Le jeune homme s’immobilisa. La main posée sur le parapet. Ses doigts le serrèrent doucement… Mais il ne voulait pas répondre. Tout simplement parce qu’il se demandait à quoi il lui servirait de le connaître, lui, qui couchait avec sa mère et qu’il ne reverrait certainement que deux ou trois fois durant son séjour.
Il se tourna alors vers lui et se contenta de lui sourire légèrement avant de monter l’escalier quatre à quatre, impatient de ne plus sentir son regard étonné posé sur lui.

Joey entendit des pas se rapprocher. Les mains dans les poches il attendit patiemment qu’ils soient assez proches pour sauter d’un seul coup en travers du couloir et se retrouver en face d’un jeune homme, plus petit que lui, plus jeune aussi d’après ce qu’il pu constater, et si… beau. Le jeune homme sursauta, coupé dans son élan et Joey s’en réjouit presque de l’avoir arrêter. Il le dévisagea comme il en avait l’habitude avec tout le monde, usant d’un peu de son charme aussi.
- Je m’appelle Joey…
Il essaya de le faire parler, rien que pour entendre quelle voix pouvait bien avoir un si beau corps, de si beaux yeux verts, de si soyeux cheveux… Mais le jeune homme ne répondait pas, il se contentait de secouer la tête. Essayait-il d’éviter son regard ? Sûrement oui. Ce devait bien être le fils de Marianne. Celui qu’il avait vu la nuit même.
Et enfin il l’entendit, cette petite voix d’enfant. Murmure pratiquement imperceptible. Mais c’était seulement pour lui dire qu’il s’en allait. Mais non ! On vient juste de faire connaissance… Voudriez-vous me fuir ? Joey aimait cette atmosphère, il s’en amusait, chaque jour il en vivait.
Mais il était décidé à partir et quand il le vit s’en aller vers l’escalier Joey se rendit compte qu’il ne connaissait pas son prénom. Ce n’est pas poli cela mon vieux, se dit-il. Il tenta de le lui demander mais… quand il vit le jeune homme se retourner vers lui et… lui sourire, il se sentit soudain aussi idiot que cruel. Un sourire magnifique, simple et doux.
Joey resta cloué au bas des marches. Il ne savait pas comment réagir devant cela. C’était comme si une chaleur soudaine venait de traverser tous ses membres et lui faisait rougir les joues. Lui rougir ? Impossible ! Mais quand il reprit ses esprits, le jeune homme avait disparu.
- Joey, mon chéri ! Venez donc me rejoindre au salon.
Il secoua la tête comme pour cacher cette vision idiote et cette chaleur. Il respira un bon coup et éclaira son visage d’un sourire resplendissant. Voilà qui était mieux. Mais il n’en resterait pas sur cette fin avec cette petite beauté. Même si il se faisait sa mère pour de l’argent, il avait bien le droit à un peu de peau jeune quelque fois non ?
Il se dirigea vers une grande porte d’ébène noire et sculptée de minuscules motifs de plumes et de flammes. Les Enfers et le Paradis. Il réprima un fou rire et poussa la porte.

Le salon était empreint d’une fraîcheur qui lui fit le plus grand bien. Marianne était couchée sur le canapé de cuir marron et sirotait une tasse de thé. Elle était vêtue en tout et pour tout d’une chemise de nuit rose transparente qui laissait voir ses seins nus et sa culotte de soie blanche. Ses cheveux blonds, colorés bien entendu car elle devait avoir dans les soixante ans, étaient remontés en un chignon mal fait. Son visage maquillé (trois fonds de teints et plusieurs couches d’anti-rides) était souriant.
- Vous voici, enfin, mon beau. Venez donc vous asseoir près de moi.
Joey fit mine de se sentir tout timide puis leva les mains au ciel et vint s'installer sur le canapé. Marianne leva la tête pour le laisser s’asseoir et la reposa sur ses genoux. Elle leva les yeux vers lui.
Ridicule, se dit intérieurement Joey, mais bon. Elle paie.
- Je n’ai jamais ressentit de plus bel orgasme. Cette nuit a été un enchantement.
- Hum, merci. J’en sui…
- heureux ? Bien. Parce que je compte te garder plus longtemps que prévu.
Joey leva le visage vers le plafond et posa en long ses bras sur le dossier du canapé.
- Attention ma chère. Pas plus que ce qui peut se passer dans une chambre à coucher. Vous savez que je ne peux pas rester plus de trois semaines. J’ai plusieurs affaires en cours et je ne peux me permettre de …
- D’autres amantes. Je savais que je ne pouvais pas te rendre amoureux fou de moi, dit-elle en faisant une moue d’enfant.
- Et amants.
- Bien sûr. Que l’on soit homme ou femme, qui peut bien résister à ton charme… mais, au fait, quel âge as-tu ?
Elle se redressa et s’assit, posant par la même occasion sa tasse sur la table basse.
- Vingt-six
- Tu fais bien plus.
Elle se recoucha à moitié sur le dossier et posa une main coquine sur le bras de Joey.
- Nous avons le temps. Peut-être pourrions-nous remettre à profit tes ébats de cette nuit, murmura-t-elle.
Joey ne bougea pas, et se contenta de croiser les bras e, regardant en face de lui.
- Un jeune homme, cheveux bruns foncés, yeux verts, lunettes à monture noir, silhouette frêle et plus petite que moi… Je l’ai rencontré tout à l’heure.
Marianne baissa la main et soupira de dépit.
- Oh ! C’est mon fils.
- Comment s’appelle-t-il ?
- Pourquoi voudrais-tu le savoir ? Ne fais pas attention à lui. Il reste dans son coin et fait comme si il n’existait pas si on ne l’embête pas.
- Comment s’appelle-t-il, insista Joey, je veux le savoir.
- Bien, heu… Elle sembla réfléchir un moment. Joey s’indigna quand même un peu. Ne pas se souvenir du prénom de son fils ?
- C’est votre vrai fils au moins ?
- Oui, malheureusement.
- Malheureusement ?
Joey baissa les yeux vers le sol, essayant de comprendre comment on pouvait dire une chose pareille sur le fruit de ses entrailles.
- Une erreur… heu… Théo ! Voilà. C’est son père qui l’a choisi. C’est idiot n’est-ce pas. Mais moi je préfère… Joey.
Elle se hissa sur les genoux et voulu l’attirer à elle, collant son corps menu contre le sien.
- Que j’ai eu de la chance de te rencontrer à cette soirée, marmonna-t-elle, et dire que j’ai bien failli ne jamais y aller.
- Attendez. Vous avez dit… Théo ?
- Oh ! Laisse le tomber, il n’est pas intéressant, toujours replier dans son petit monde. C’est un gamin. Occupe-toi plutôt de moi…, et elle ajouta les mots magiques qui firent tout oublier à Joey, et j’augmenterai le prix de tes efforts.
Joey reprit son sourire de charmeur et entoura sa taille de ses bras.
- Alors dans ce cas, pourquoi ne pas aller dans la chambre ?
- Dans la chambre ?
- Oui, je n’aime pas faire ces choses-là sur un canapé étroit et inconfortable. Peut-être serai-je plus à même de mériter cette augmentation si nous étions sur un bon lit…
- Mais bien entendu mon chaton.



Théo était à son bureau et tentait de se concentrer sur un texte qu’il voulait terminer à tout prix. Mais comment ? Quelque chose lui tourmentait l’esprit. Mais quoi ?
Et comment pouvait-il écrire avec les rires de sa mère dans le couloir ? Un rire si ridicule, si artificiel et… Il interrompit le cours de son crayon à papier. C’était la voix de Joey qu’il avait bien entendu non ?
Théo se leva avec tout le silence possible et s’approcha à tâtons de la porte entrouverte de sa chambre. De là, il pouvait voir le couloir sans problème et les deux amants aussi. Joey avait un bras passé autour de la taille de Mère qui elle… était dans un accoutrement… très… bizarre. Il réprima un fou rire et continua de les espionner… Joey se penchait vers elle et lui murmurait quelque chose à l’oreille… elle en rie encore… que lui avait-il dit ? De toute façon, tout pouvait la faire rire. Et lorsqu’ils furent arrivés devant la porte de la chambre de Mère… Joey se tourna vers elle et… Théo sentit ses membres se raidirent… il se pencha et posa ses lèvres contre les siennes. Un baiser qu’il voulait doux et simple mais elle ouvrit en grand la bouche et… Théo ne voulait pas en voir plus. Il voulait qu’ils entrent dans la chambre et le laisse tranquille. Le laisse enfin tranquille. C’était cela qui l’empêchait d’écrire ? Non ! Se dit-il, il se rassit devant son bureau et prit son crayon, décidé, chassant ces images de sa tête et se concentrant sur son histoire.
Une histoire… L’histoire d’un garçon… Un garçon rejeté et maudit par parents. Son père qu’il aurait voulu mort et sa mère, sa mère qui s’en foutait complètement de ce qu’il pouvait bien devenir mais qui ne voulait pas le mettre dehors de peur d’avoir la police sur le dos. Et serait-il assez fort en lui-même pour poursuivre sa mère ?
Mais non !!!
Il se rendit compte qu’il était en train de se raconter sa propre histoire. Une histoire… sans aucun fondement. Non !
C’est l’histoire (l’histoire qu’il veut écrire), l’histoire d’un …
Théo sursauta, il s’était trop penché sur sa feuille et ses lunettes avaient glissée sur son nez. Ses lunettes, son seul mur de sûreté avec le monde. Mais pourquoi avait-il besoin d’un mur de sûreté ? Parce que jusque là, le monde ne lui avait rien donné d’assez heureux pour qu’il décide d’en faire partie. Mais, il en faisait partie !
Théo secoua la tête pour chasser ces questions, il s’en posait toujours trop et ça l’empêchait d’écrire et … il voulait écrire.
Donc, c’est une histoire…
Sur quoi peut-on bien écrire les histoires de nos jours ? La guerre, le sang…
L’amour !!!
Voilà la solution !
C’est une histoire d’amour !
Théo se sentit traversé d’un élan de joie. Il traça quelques mots sur son bloc-notes et se remit à cogiter.
Mais…
… il n’avait jamais aimé.
Comment savoir ce que le verbe aimer peut bien vouloir dire si … on en a jamais sondé personnellement les moindres recoins ?
Il reposa son crayon et croisa les bras.
- Aimer, murmura-t-il pour lui-même. Je n’ai jamais aimé. Je ne sais pas ce que ça veut dire. Je n’ai jamais fait l’amour ni ressentit ce que l’on appelle le coup de foudre.
Il sursauta soudain, un rand coup venait de retentir de la chambre de sa mère.
Joey et sa mère… Ca, ça ne ferait sûrement pas une grande histoire d’amour. Il se remit soudain à penser à leur rencontre de toute à l’heure. Il lui avait fait peur, il s’était moqué de lui et pourtant… Théo sentait qu’au fond, il n’était pas comme les autres. Il avait des yeux gris amusés et rusés pur le peu qu’il en a vu. Il était des proies habituelles de sa mère, un prostitué de luxe, un homme qui ne vivait que pour l’argent et n’avait que faire des gens, ne les prenant que pour de la chair. Mais surtout, ne voyait pas en sa mère une vieille femme toute ridée et sans aucun intérêt. D’une certaine façon, Théo la comprenait, elle voulait se sentir jeune. Elle voulait se sentir aimé. Il aurait bien aimé lui, en être de ces êtres dont elle veut de l’amour mais un amour de fils, ça, elle n’en veut pas. Ca lui fait perdre son temps et rien de plus. Théo essaya sans grand mal de se retracer intérieurement les traits du visage de Joey. Oui, c’est vrai qu’il était beau. Même… très beau d’ailleurs, il avait cette expression je m’en foutiste dans les yeux que Théo aimait beaucoup chez un homme, libéré et sûr de lui.
Quelle idée !
Il était beau oui mais il était en train de coucher avec sa mère au même moment, faut pas qu’il l’oubli !
Il se leva et ôta ses chaussons ; il commença à faire les cents pas aux pieds de son lit, les mains dans les poches, les yeux baissés sur ses orteils. Une chose dont il avait toujours était sûr, une seule en matière d’amour même s’il n’avait jamais « rien fait » avec quiconque : c’est qu’il aimait les hommes. Ca, il en était persuadé et n’avait nullement eu de mal à s’accepter. Les femmes ne lui avaient jamais inspiré aucun désir. Il pouvait aimé leur compagnie mais pas plus. Tandis que les hommes… il rêvait de rencontrer l’homme parfait comme toutes les petites hétéros de ce monde, un homme puissant et doux, qui saurait le protéger et l’aimer, auquel il pourrait tout dire sans craindre de le perdre et… Ce ne sont que des rêves. Un conte de fées. Et un conte de fées ne se réalise pas souvent. Et dire qu’il a décidé de ne se donner qu’a celui qu’il aura choisi comme l’élu de son cœur… C’est vraiment trop crétin. L’amour vrai n’existe pas, ou alors, il est très rare. En tout cas, il n’est pas près de le ressentir.
Un autre coup retentit.
Et s’il leur répondait ? Ce serait drôle.
Non. Laissons-les à leurs ébats. Si ça leur fait si « plaisir ».
Théo soupira et s’assit au bord de son lit.

Inspiration où es-tu ?

A suivre...

Voilà, voilà :shock: [/u]


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MessagePosté: 22 Aoû 2005 01:06 
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Pas encore atteint(e)... mais presque
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J'ai vraiment adoré ^^
Tes personnages, tous, avec leurs caractères.

Alors: la suite !

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La barbe fait l'homme

Proverbe taoïste: Si demain, après ta victoire de cette nuit, te contemplant nu dans ton miroir, tu te découvrais une seconde paire de testicules, que ton coeur ne se gonfle pas d'orgueil, ô mon fils, c'est tout simplement que tu es en train de te faire enculer


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MessagePosté: 22 Aoû 2005 01:24 
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Le slash, kesako ?

Inscription: 20 Aoû 2005 16:12
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Localisation: Besak City
J'aime l'idée du gigolo avec le fils de la baronne :D
(je sais, c'est pas une baronne, jme comprends...)
J'aime aussi l'écriture. Evocateur, mais pas trop.
La suite !
^^

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Le seul moyen de se délivrer d'une tentation, c'est d'y céder. Résistez et votre âme se rend malade à force de languir ce qu'elle s'interdit
Oscar Wilde


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MessagePosté: 22 Aoû 2005 01:40 
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Le slash, kesako ?
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Merciiiiii! :P
Alors je poste le deuxième chapitre tout de suite ^^

Chapitre 2: Parler

Théo ouvrit lentement les paupières. Il sentait une matière rêche et dure frotter contre sa joue, la torturant de mille et une écharde… pourquoi son oreiller était-il aussi dur ? Pourquoi avait-il mal au dos… pourquoi n’était-il pas allongé sur son lit ?
Il se redressa sur sa chaise, se rendant compte tout d’un coup qu’il s’était assoupi sur son bureau.
La chambre était sombre, dehors il faisait nuit noire, une nuit sans lune, sans étoiles.
Théo se leva et s’étira douloureusement. Quelle heure était-il ?
Il s’avança vers sa table de chevet et alluma la petite lampe bleue. La lumière lui transperça la pupille, il se frotta les yeux et attendit quelques secondes qu’ils s’habituent à la clarté de l’ampoule. A tâtons, il essaya de trouver sa montre mais rien. Il revint alors vers son bureau en s’aidant du bord de son lit. Quelle poisse ! Cette myopie lui pourrirait l’existence jusqu’à sa mort, et il paraît même que ça pourrait empirer ! Déjà qu’il ne voit pas grand chose à vingt centimètre de son nez, il ne voit pas comment ça pourrait être pire… ou alors il devient aveugle !
Il trouva ses lunettes et les chaussa, se disant par la même occasion qu’il lui faudrait en racheter. Elles étaient trop grandes et lui tombaient facilement du nez.
Tout autour de lui prit des traits simples et uniques, le monde se découvrit à ses yeux et il en était mieux ainsi. Il respira un grand coup, se demandant bien comment il avait bien pu s'endormir sur son bureau.
Tout paraissait silencieux dans la maison, aucun bruit de pas, ni de voix, … ni de coup sur le mur. Le calme complet.
Il aperçu alors sa montre sur la chaise près de sa fenêtre. Quatre heures du matin.
Et il ne se sentait plus le courage de se rendormir.
Encore un matin difficile, se dit-il en pensant à Emma. Dans quatre heures, la vieille gouvernante viendrait le réveiller et là, il grommellerait. Mais enfin.
Théo s’avança prudemment vers la porte et baissa lentement le bec de canne. Il la poussa et passa la tête par l’entre bâillement. Le couloir était noir, rien ne semblait vivre dans cette maison, il était seul à être encore debout. Tant mieux.

Le hall d’entrée était aussi ténébreux que les autres pièces et tandis qu’il descendait les marches de l’escalier, Théo s’imaginait les pires histoires de fantômes, d’horreur et de crimes qui pouvaient se dérouler en une telle atmosphère. Il essayait d’apercevoir les ombres que formait la lumière des allogènes de la rue à travers les grandes vitres. Celles qui restaient immobiles, celles qui se mouvaient et que l’on pouvait aisément confondre avec des créatures des bas-fonds de la nuit. Quel bonheur.
Il attendit quelques minutes au milieu du hall, les yeux fermés, les mains dans les poches, expirant et inspirant profondément afin de s’imprégner de la fraîcheur nocturne, un sourire aux lèvres. Puis il se mit à tourner sur lui-même, se sentant soudain libre et léger comme une plume… Aussi élevé dans le ciel de son esprit q’un oiseau près de la lune, réconfort des pauvres vagabonds et des perdus de ce monde.
La tête commença à luit tourner, il s’arrêta mais perdit l’équilibre et tomba par terre, sur le carrelage froid et dur du vestibule. Il se mit alors à rire, les yeux toujours clos…
Les larmes lui vinrent aux yeux. Des larmes qu’il n’aimait pas verser. Il se passa une main sur le visage et le leva vers le plafond pour les empêcher de couler.
Il voudrait tant… parler. Mais à qui ?
Emma écouterait sûrement. Mais pour dire quoi ? Des choses auxquelles elle ne connaîtrait certainement aucune solution.
Il agita la tête de droite à gauche et replongea dans l’apaisant silence de cette nuit qu’il voulait pour… seule amie.
Un jour, un enfant lui avait dit… : « Toi, tu as besoin de parler. Tu sais, si tu te mets à genoux et que tu murmures tous tes problèmes dans un trou du sol, il te suffira de le reboucher après et ils seront en sécurité. La terre le saura mais personne autour ne connaîtra ton secret. »
Parler à un trou ?
Mais il s’immobilisa soudain… quelqu’un venait d’éternuer dans la pièce à côté. Le salon ! Il y avait quelqu’un dans le salon qui l’espionner ? Ou peut-être…
Théo se releva et avança vers la porte entrouverte, il la poussa doucement et entra dans la pièce sombre.
Une silhouette était assise en travers du canapé, les pieds sur le dossier. Une main s’éloigna du visage et un trait de fumée sortit de la bouche… ce visage noir, cette silhouette noire… Théo la regardait sans un bruit. Il avança d’un pas mais bouscula le guéridon près de l’entrée et faillit faire tomber la lampe. Il la rattrapa de justesse, cependant le mal était fait, la silhouette s’était tournée vers lui et la lumière éclaira soudain la pièce. Théo se cacha les yeux.
- Qui est…, commença une voix qu’il lui sembla avoir déjà entendu, Ah ! C’est vous.
Théo baissa le bras mais garda les yeux étrécis.
- Joey ?
- Oui. Vous m’espionniez ?
Le jeune homme fit signe que non de la tête comme il en avait l’habitude. Maintenant, il distinguait un peu mieux Joey.
- Je suis descendu… Je vous ai entendu éternuer.
- Mm. Avouez que vous m’espionniez.
Théo n’eut pas de mal à voir le petit sourire malin que formaient ses lèvres.
- Non.
- Mais bien sûr.
- Pourquoi cherchez-vous à me provoquer ?
Joey prit l’air étonné et innocent dont il avait toujours eu le secret.
- Vous provoquer ?!!! Je n’oserais pas. Vous plutôt ! Vous, vous cherchez à me déstabiliser.
Théo s’indigna mais contint tout de même un petit rire de désolation. Il leva une main d’au revoir et lui lança en se retournant :
- Ok ! Je ne vois pas comment je peux bien vous déstabiliser. Enfin ! Je suppose que ça ne vous dérangera pas plus que cela. Je vous laisse fumer votre clope, je vais dormir. Bonne nuit… Joey.
Il allait passer le seuil de la porte quand il entendit Joey se lever brusquement, presque courir vers lui et poser une main sur son épaule. Ce contact lui envoya une sorte de décharge électrique tout le long du bras et de la nuque. Un contact qu’il n’avait encore jamais eu avec personne, c’est pourquoi il se dégagea subitement et se recula. Joey avait aussitôt rabaissé sa main et restait immobile devant lui, ses yeux gris le regardaient de haut en bas et Théo se sentit tout d’un coup mal à l’aise, petit et fragile face à lui.
- Désolé de vous avoir fait peur, lui murmura Joey d’une voix monocorde dont il ne distinguait pas la moindre vérité.
- Pourquoi avez-vous fait ça ?
- Pourquoi avez-vous eu peur ? Je n’ai fait que poser ma main sur votre épaule pour vous empêcher de partir. C’est comme si j’avais commis un acte terrible.
- Non… C’est que… Je…, tentai non sans mal de dire Théo, mais les mots ne venaient pas. Comment lui expliquer qu’il n’avait pas vraiment l’habitude d’être toucher de la sorte, même une fraction de seconde.
- Vous êtes étrange, lui lança Joey en pleine face.
En pleine face car c’était bien la première fois qu’on le lui certifiait, bien qu’il savait déjà qu’il ne ressemblait pas beaucoup aux autres jeunes hommes de son âge. Il leva les yeux vers Joey et le dévisagea à son tour, comme pour lui faire affront. « Ah oui ? Je suis bizarre ? Et bien j’en suis fier… » Enfin, à ceci près qu’il donnerait n’importe quoi pour avoir une vie semblable aux autres.
- Je… sais, se contenta-t-il de répondre.
Mais Joey paraissait rester sur se fin.
- Vous savez ?!!! On l’impression que vous fuyez les gens comme la peste. Pourquoi avez-vous la trouille de parler ? Pourquoi à chaque fois que je veux discuter avec vous vous décidez de vous en allez ?
Théo se pouffa de rire. Joey était si convaincant maintenant, même si ses excuses ne touchaient personne, il semblait dire quelque chose qu’il ressentait véritablement. Et puis, ça le faisait rire parce qu’il était tout d’un coup indigné, les yeux baissés vers le sol, une main dans la poche et l’autre tenant ce qui restait de sa cigarette, parfois, il levait cette même main pour donner un geste à ses paroles. Théo trouvait cela assez touchant de le voir dire la vérité.
- Arrêtez, finit-il par lui répondre, reprenant un peu confiance en lui, on ne se connaît que depuis ce matin et on ne s’est vus que deux fois.
- Et ça fait deux fois que j’essaye de sympathiser avec vous.
- Sympathiser avec moi ? Je suis asociale, c’est vous-même qui venez de me le dire.
- Je veux juste parler.
- Pourquoi ?
- Parce que je veux parler !
- Quelle réponse !
- Que voulez-vous de plus ?
- C’est à moi de vous poser cette question.
- Ce que je veux ?
Théo recula encore un peu plus. Voyant que Joey le regardait bien en face, dans les yeux, il écarta son regard et le contourna pour aller vers la porte fenêtre du salon. Derrière les vitres on pouvait apercevoir la rue déserte, éclairée par quelques lampadaires vieux comme le monde. Il sentait la présence de Joey dans son dos mais ne voulu pas se retourner de peur de recroiser encore une fois son regard. Un regard des plus intense, un regard qu’il sentait pénétrer en lui et sonder son âme, son être, un regard magnifique c’est vrai mais… qui le gênait. Bien qu’il se surprit à vouloir le revoir.
Mais que faisait-il encore là ? Ne devait-il pas partir ? Ne devait-il pas dormir ? Quelque chose l’empêcher de s’en aller. Il avait froid tout d’un coup, ces membres tremblaient légèrement. Qu’attendait Joey pour parler ? Que ce soit lui-même qui recommence cette ridicule conversation ? Non, il n’en avait pas le courage. Mais qu’attends-t-il ?



Joey avait toujours les yeux fixés sur Théo. Le jeune homme lui tournait le dos et semblait regarder dehors, mais était-ce vraiment cela ? Qui peut dire ce qui trotte dans cette petite tête se dit Joey. Il l’avait touché, il l’avait arrêté et Théo avait eu peur. Mais peur de quoi ? Qu’il lui saute dessus ? Même si l’envie était tentante… Joey aimait le regarder dans les yeux, ses yeux de jade flamboyant, cette intense tristesse, cette douce mélancolie, ce refus des autres, mais aussi ce malaise de ne pas pouvoir engager une conversation simple avec quelqu’un. Sûrement l’œuvre de sa mère. Elle avait bien oublié son prénom cette après-midi non ? Elle qui l’avait mise au monde. Elle qui l’avait vu grandir pour devenir ce jeune homme au teint blanc, à l’âme si tourmentée. Joey ne le connaissait que depuis quelques heures et déjà il sentait le désir de lui apprendre un peu ce qu’est le monde. A seize ans, on a bien le droit à un peu d’ « amour » non ? Bien sûr, juste ça, pas plus. Juste lui faire un peu entrevoir ce que peut-être le désir… si toutefois il aime les hommes. Peut-être ne se pose-t-il même pas la question se demanda Joey. Et si c’est le cas, Joey sentait qu’il allait bien s’amuser. « Résiste-moi très longtemps… Le désir et le plaisir n’en sera que plus fort, mon cœur ». Il se décida donc à engager leur première discussion :
- Comment vous appelez-vous ?
Théo ne se retourna pas, mais il écarta la tête de côté.
- Ca ne vous servirait à rien de le savoir. Je ne suis pas ce qu’on pourrait appeler quelqu’un d’intéressant.
Joey écarquilla les yeux. Il avait dit cela avec tant de… chagrin…
- Je sais ce que vous pensez, marmonna-t-il, essayant de trouver un point d’entente, vous pensez que je suis comme les autres hommes que votre mère ramène dans son lit. Je vais être franc avec vous. Je suis un prostitué de luxe…
Joey s’assit sur le canapé écrasa sa clope dans le cendrier près de lui. Théo se retourna lentement et éleva les yeux vers lui. Joey perdit pendant une seconde le court de sa phrase, toujours aussi éberlué par le beauté des yeux émeraudes du jeune homme, un regard à moitié caché derrière ses lunettes et quelques mèches de cheveux ébène ce qui le rendait encore plus désirable.
- … Je suis un prostitué de luxe et mes victimes habituelles sont les gens de la haute société, femmes de tous âges, hommes de tous grades… pourvu que je sois bien payé. Je donne du plaisir à ceux qui ont besoin de se sentir encore aimés ; j’use du charme et de la beauté, sans me vanter, que je possède. Je ne fais cela que pour l’argent. Vous pensez que je ne vaux pas mieux que les autres… vous avez raison. Je ne suis pas non plus très intéressant dans le fond. Je ne fais que jouer la comédie. Je mens pour gagner ma vie et je suis fier de ce que je fais. Mais je n’ai qui ne sorte de l’ordinaire, je ne suis qu’une homme à l’origine. Et vous aussi.
Joey se tu et le regarda, Théo ne bougeait pas, il ne semblait même pas réagir à ses paroles.
- Alors, je m’appelle Joey. Et… vous ?
Il attendit patiemment que Théo cogite ce qu’il venait de dire. Et pour la première fois, il se rendit compte que ce n’était pas une supercherie, qu’il avait toujours pensé les mots qu’il venait de prononcer. Une vague de fraîcheur envahit ses pensées, comme si quelque chose s’effondrait en lui et qu’il se sentait tout d’un coup mieux mais aussi un peu honteux de s’être ainsi exposé.
- Théo.
Joey sortit brusquement de sa torpeur prit conscience que Théo venait de lui dire enfin comment il se nommait. (Même si il le savait déjà)
- Théo, répéta machinalement Joey. Théo. C’est… original pour un prénom.
Le jeune homme sourit, découvrant un peu ses dents blanches.
- Ce n’est pas nouveau.
- Alors, Théo, puis-je poser quelques questions ?
- Vous ne faîtes que ça depuis tout à l’heure, pourquoi avoir besoin de mon avis ?
Joey sourit à son tour, Théo lui rendit encore une fois son sourire. L’atmosphère se détendait un peu et Joey décida de tenter le tout pour le tout.
- Qu’aimez-vous faire ?
- Faire ?
- Vos loisirs… Vos passe-temps… Vous suivez des études ? Comment occupez-vous vos journées ? Vous devez bien avoir de quoi ne pas vous ennuyer non ?
- Ca vous semble si évident !
- Vous êtes jeunes…, seize ans tout au plus, vous devez sûrement avoir des passions auxquelles vous rattacher…
- Et vous, quel âge avez-vous ?
- …
Joey ne savait pas quoi faire, cette fois-ci, c’est Théo qui jouait avec lui, qui le déstabilisait…
- Je suis des études à Henri IV, je voudrais devenir journaliste. Mais ce n’est qu’un prétexte pour exercer le métier d’écrivain en parallèle.
- Ecrivain ? Vous écrivez quoi ?
- A vous maintenant… Quel âge avez-vous ?
Théo gardait ce petit sourire en coin, un air moqueur mais ce n’était pas son genre. Joey savait qu’il était un peu plus en confiance mais qu’il restait quand même sur ses gardes.
- J’ai vingt-six ans. Je vis dans le quartier du Marais. Dans un minable appartement de trois mètres sur quatre. Mais avec l’argent que je vais récolter ici, je vais pouvoir m’acheter un studio peut-être. Mais journaliste dans un journal, un établissement ou comme reporter ?
- Reporter sans frontières. Vous habitez dans le Marais ? Je n’y suis jamais allé ! Il paraît que c’est un quartier sans tabous…
- C’est un quartier où la communauté homosexuelle se rend. Là-bas, on oubli tous les maux que l’on peut nous faire subir. La tolérance est le mot d’ordre et tout est normal, pas comme certains pensent. Vous devriez y aller un jour, vous vous y sentiriez libéré.
Joey, après avoir dit ces mots, attendait une réponse, la réponse qu’il attendait. Est-ce que oui ou non Théo préférait les hommes ? Mais il ne répondit rien et se contenta de s’asseoir à l’autre bout du canapé, les yeux perdus dans le vide. En tout cas, il était assez lucide pour rester éloigné de lui.
Joey soupira et sortit son paquet de cigarettes. Il l’ouvrit, en tira une et la tendit à Théo. Ce dernier regarda d’un air étonné la clope et fit signe que non. Joey haussa les épaules et la mit à ses lèvres. Il sortit son briquet et l’alluma. Il sentait le regard de Théo posé sur lui lorsqu’il tira une latte. C’était si bon de le sentir d’ailleurs.
- Vous ne fumez pas ? demanda-t-il plus pour continuer de parler que pour poser une question très importante.
- Non.
- Vous avez déjà essayé ?
- Non plus.
Joey ri. Puis il se tourna vers lui et lui murmura avec un regard malin.
- Et bien ne comptait pas sur moi pour vous faire goûter votre première fois.
Théo soupira presque de soulagement.
- Pourquoi fumez-vous alors ?
- On commence pour voir ce que cela fait, pour se sentir un homme, puis on continu pour impressionner les copains et on se dit qu’il faudrait que l’on arrête mais au bout d’un temps… On devient accroc et cette drogue vous fait un bien fou dans les moments les plus terribles. Ou alors c’est une habitude. Mais une habitude qui vous tue malheureusement. Alors même si moi je n’ai pas eu la sagesse de me dire qu’une clope fumée vaut pour une minute de ma vie gâchée, je ne veux pas emporter d’autres personnes avec moi dans la tombe.
- En gros, vous me demandez de ne…
- … pas fumer. Mais je ne suis pas à même de vous dicter votre conduite.
Silence.
Un silence presque pesant.
Soudain, Joey leva son bras et le posa de tout son long sur le dossier du canapé de sorte que sa main arrive derrière la tête de Théo. Celui-ci se raidit un peu.
Il s’affala un peu plus au fond du divan et croisa les bras. De là où il était, Joey pouvait presque entendre les battements de son cœur.


Théo se recroquevilla au fond du divan, son cœur battait la chamade. Il sentait les doigts de Joey derrière sa tête même si ceux-ci ne la touchaient pas.
Non, je t’en prie, pas ça, supplia-t-il au fond de son cœur. Il avait aimé cette façon de parler pendant un temps, de Joey, de lui… C’était comme si il pouvait se confier un peu pour la première fois à quelqu’un, discuter avec quelqu’un qui voulait le connaître un peu et il avait redouté que ça ne finisse comme ça. Non, il avait peur. Peur que cette main le touche. Peur qu’il fasse une bêtise. Pourquoi tout foutre en l’air alors que jusque là ça allait bien ? Et même si lui en avait envie… que ces doigts lui caressent les cheveux… il avait quand même peur. Je t’en prie Joey, continua-t-il de se dire, ne fais pas ça. Pas maintenant. Jamais. Pas le droit. Ne veux pas.
Joey recula sa main et la reposa sur le divan. Théo le regarda. Ses yeux étaient baissés vers sa clope, sans aucune expression.
Théo ne savait plus quoi penser. Il n’avait plus qu’une envie. C’était de monter se cacher dans sa chambre comme un pauvre enfant perdu et honteux de lui-même. Et fait que cette fois-ci, il ne l’en empêche pas.
- Je suis désolé, bredouilla-t-il alors, je vais monter. Je dois… dormir un peu.
Il se leva et se dirigea pratiquement en courant vers la sortie.
- Théo ! Cria soudain Joey derrière lui.
Théo s’arrêta et soupira. Il respira un bon coup.
- Oui ?
- Alors…, marmonna lentement Joey, à demain… je pense.
Et là, Théo ne pu contenir un petit sourire. Il se sentait à la fois soulagé mais aussi heureux que Joey… ne lui en veuille pas de le fuir.
- Oui, à tout à l’heure plutôt.
Il entendit Joey rire un peu et s’en alla vers les escaliers qu’il monta quatre à quatre.




Joey ne savait pas bien pourquoi il n’avait pas été jusqu’au bout. Certes, il avait senti que Théo avait peur, qu’il tremblait… mais il y avait quand même de grandes chances pour qu’il ne le rejette pas tout de suite, qu’il le laisse frôler ses cheveux de jais soyeux, peut-être même sa peau douce et tentante, son visage… Alors pourquoi n’avait-il pas été jusqu’au bout comme c’était sa stratégie d’attaque depuis toujours ?
Il se laissa glisser du canapé et s’assit à califourchon par terre en tirant une nouvelle sur sa clope à demi consommer.
Il l’avait… un peu ému. Juste un peu quoi ! Pas de quoi en faire un plat ! Quand il s’était recroquevillé sur lui-même, renfermé en lui, quand il essayait de disparaître sous terre à tout prix… Il l’avait… ému.
Et il ne s’était plus sentit le courage de continuer, il avait eu peur de le faire fuir, ce qui d’ailleurs était arrivé et il n’avait rien fait. Et s’il avait continué le parcours de ses doigts… peut-être ne serait-il jamais parti…
Et s’il n’avait pas mis sa main derrière sa tête il ne serait sûrement jamais parti !
Mais non ! C’est ta stratégie ! C’est comme ça que tu les fais craquer… C’est comme ça que tu t’amuses…
Mais quel con ! Demain, il faudra qu’il retrouve sa confiance. Rien ne comptait plus pour lui maintenant que le faire craquer. Comme ça, se dit-il, il aura une nouvelle victoire à son palmarès mais… bon… c’est vrai dans un sens… il lui semblait ressentir de la compassion pour Théo.
Une étrange beauté nocturne et solitaire, difficile à amadouer…, mais aussi une extraordinaire intelligence… Joey l’aimait bien. Oui, c’est ça, il l’aimait bien. Et sans doute prendrait-il plus de temps et de plaisir qu’il n’en a jamais prit avec personne pour lui faire découvrir les secrets les plus infinis du corps et de l’esprit. Et il se dit alors, fait que ça marche !


Théo entra dans sa chambre et ferma la porte en trombes. Il s’y adossa et se laissa glisser par terre.
Il se prit la tête entre les mains. Essayant d’expulser l’image de son visage, la sensation de ses doigts derrière sa nuque. Mais comment ? Son cœur se sentait blessé par ce qu’il avait essayé de faire et c’était si ridicule.
Peut-être n’avait-il eu aucune intention derrière la tête… Et pourquoi se sentait-il s’y idiot ?
- Il faut que je me calme. Que je réfléchisse. Rien n’a faillit se passer tout à l’heure et rien ne se passera. J’ai réussi depuis longtemps à parler avec quelqu’un et rien de plus. Alors je dois me calmer. Je suis fatigué, je n’ai pas beaucoup dormi… Je suis crevé.
Ses yeux lui brûlaient. Sa tête le lançait.
Théo se leva avec difficulté et se dirigea vers son lit. Là, il s’affala dessus et s’endormi aussitôt, les lunettes lui tombant sur le nez.

A suivre...

Et de deux! :roll:


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MessagePosté: 22 Aoû 2005 19:02 
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Localisation: ♫ J'ai longtemps cherché un paradis sur Terre... ♫
J'adore !!! :bravo: C'est vraiment très bien écrit, tes personnages sont très intéressants !! Enfin, en résumé, j'adore !!

Donc :suite: :suite:

Cybelia.


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MessagePosté: 23 Aoû 2005 00:56 
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Le slash, kesako ?
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Merci c'est trés gentil ^^ Alors voici le troisième chapitre!!!!! :D

Chapitre 3: Tenter

- Ah ! Enfin me revoilà ! Dans cette bonne vieille ville de Paris.
L’homme qui venait de pénétrer dans la maison le matin même à dix heures se nommait Prosper. Un homme haut de taille, assez mince, frôlant la trentaine, assez beau aussi avec ses cheveux bruns et ses yeux noisettes… Théo le regardait poser ses bagages dans le hall d’entrer et donner, ou plutôt lancer, son manteau à Emma. Celle-ci fit une grimace de dégoût qui fit rire le jeune homme. Au moins, quelqu’un partageait son idée. Il restait dans le couloir, ne laissant entrevoir qu’un œil pour mieux l’espionner, avec ses habits à trois milles balles et ses chaussures bien cirée, un exemple typique de la grosse tête que l’on peut avoir lorsque l’on a de l’argent. Mais Théo ne voulait pas se faire voir.
Prosper était son cousin. Le fils de la sœur de sa mère. Une femme dont on parlait très souvent dans la maison et qui, paraît-il, aurait été internée dans un asile d’aliénés. Il n’en sait pas plus car on ne parle d’elle qu’au passé. Comme si elle était morte mais ça, c’était à peu près normal. Prosper, lui, était un homme hautain et moqueur, ne manquant jamais de faire de bonnes blagues sur les gens de la petite société et trouvant toujours un moyen de les rouler dans la boue. Un homme que Théo ne pouvait pas supporter.
Prosper était marié depuis deux ans à une jeune canadienne dont on a jamais entrevu le bout du nez et dont il ne parlait jamais sinon quand on lui posait quelques questions comme : Va-t-elle bien ? Et ce bébé, c’est pour quand ? Un bébé ? Théo savait que son mariage n’était qu’un prétexte pour cacher son homosexualité. Car, quand tout le monde dort, à une heure bien tardive, il l’avait déjà vu sortir de la maison pour aller dans des lieux de drague comme le Marais. Et aussi…, ce qui embêtait le plus Théo, était qu’il essayait tout pour le séduire.
Oui, Prosper voulait à tout prix l’attirer dans son lit à ça depuis plus de un an, depuis la première fois qu’ils se sont vus. Il avait bien essayé de l’embrasser, de la toucher… Un peu comme Joey hier soir mais Théo détestait cet homme. Il priait pour ne jamais le revoir, pour qu’il le laisse tranquille mais non, rien n’y fait. Et malgré ses refus, Prosper ne lâchait pas prise.
C’est pourquoi Théo se cachait. Et il ne sait pourquoi, il aurait alors tout donné pour voir Joey descendre à ce moment-là même si ça ne changerait rien. Rien que pour qu’ils se rencontrent et qu’il voit lui aussi à quel point Prosper était odieux.
- Marianne ! Cher tante ! Quel plaisir de vous revoir. Je voulais vous dire que votre décoration est exquise mais votre maître d’hôtel très simplet. Il ne m’a pas aidé à retirer mon manteau. Je trouve cela déplaisant.
Théo tourna la tête vers l’escalier et vit sa mère, habillée d’une robe bleue pastel qui lui serrait démesurément la taille, descendre vers lui, un grand sourire aux lèvres, et les bras tendus pour l’accueillir.
- Je sais, lui dit-elle avec un air de compassion, mais tu sais à quel point de nos un maître d’hôtel est difficile à remplacer.
- Oui, ils préfèrent s’affairer aux champs et aux usines que nous rendre la vie plus facile, n’est-ce pas méprisant ?
Ils éclatèrent de rire en cœur. Théo secoua désespérément la tête. Il en avait déjà trop entendu et décida de s’épargner le reste de la conversation.
- Théo ! Théo ! Quel bonheur de te revoir enfin !
Théo se figea. Non, il aurait dû carrément ne pas descendre et rester cloîtrer dans sa chambre. Bon, calme, on fait comme si de rien était.
Il se tourna vers Prosper qui avait ouvert en grand les bras et s’élançait vers lui.
Ils les referma autour de ses épaules et le serra contre lui. Théo cru qu’il allait étouffer dans cette étreinte d’homme, une étreinte puissante de laquelle il ne pouvait pas s’échapper. Quand, enfin, il se décida à le lâcher, le jeune homme baissa la tête et reprit son souffle.
- Tu m’as manqué mon cœur, lui murmura alors Prosper à l’oreille avec discrétion. Puis il se retourna vers sa mère et la prit par la taille.
- Allons au salon. J’ai tellement de choses à vous dire.
Théo était resté immobile, espérant au fond que son séjour ne serait pas très long.
- Mais, combien de temps comptes-tu rester mon chou ?
- Oh ! Un jour ou deux, peut-être plus. Cela dépendra de mes affaires à New York.
Et bien espérons un jour tout au plus !
- Théo ! Tu viens avec nous au salon ?
- Heu…, il réfléchi, cherchant à tout prix une excuse, je vais aller au premier, je dois aider Emma…
- Emma, répéta Prosper en fronçant les sourcils.
Ca y est ! Se dit Théo, il est en train de penser que c’est ma petite amie. Remarque, tant mieux !
- La gouvernante, lui assura sa mère avec moquerie.
- Ah ! Parut soulagé Prosper mais il changea soudain d’expression, Aaaah ! Tu vas aider une servante ?!!!
Théo sourit à pleines dents, trouvant là un moyen de le contredire.
- Oui, je vais aider une gouvernante.
Et il ne demanda pas son reste, gardant en souvenir la tête dégoûtée de Prosper qui de toute façon, ne changerait pas d’avis sur ses sentiments, même à cause de ça. Mais, c’était quand même un bon moment de satisfaction.

Théo se dirigea vers la salle de bain en face de sa chambre.
En inspirant profondément il enleva ses lunettes et s’aspergea le visage d’eau. Prosper n’était décidément pas et ne sera jamais son type de mec. Si seulement il pouvait le comprendre… Mais il était trop fier pour se mettre dans la tête que quelqu’un pouvait lui résister donc il insistait. Mais ce qui inquiétait encore plus Théo était ce qu’il tenterait de faire pour arriver à ses fins.
Peut-être qu’un jour il se rendra à l’évidence que rien n’était possible entre eux et qu’il ne suffisait pas de vouloir quelque chose à tout prix pour se croire en possibilité de l’acquérir, qu’il ne suffisait pas en amour de désirer quelqu’un alors que ce n’est pas réciproque… En tout cas, Théo l’espérait tellement.
Bon, mieux valait ne pas y penser et faire comme si de rien était. Ne rien répondre à ces murmures et l’éviter coûte que coûte, c’était la meilleure chose à faire.
Théo respira un bon coup et remit ses lunettes en place. Puis il ouvrit la petite armoire près de la glace et prit sa ventoline. Il leva le visage vers le plafond, inhala une grande bouffée, se boucha le nez et baissa la tête entre ses genoux. Il répéta cette danse deux fois avant de remettre le tube à sa place.
Il était asthmatique depuis son plus jeune âge et devait contrôler ses crises le plus souvent possible. Il lui arrivait d’en avoir une très grave lors d’un gros choc, mais ce n’était pas arrivé depuis des mois. Alors pour l’instant, s’il suivait bien les prescriptions du médecin, il n’y avait aucun problème. Encore une preuve de cette fragilité qu’il détestait tant.
Il sortit de la salle de bain et allait rentrer dans sa chambre quand il vit Emma. Elle portait un gros paquet de linge sale plutôt encombrant dans les bras. Il voulu aller à sa rescousse mais elle s’arracha à ses bras.
- Non, je vais y arriver. Vous, allez vous préparer. Regardez donc cet accoutrement ! Mais, ce sont les mêmes habits qu’hier ! Ce soir, un grand dîner se prépare en l’honneur de votre cousin alors vous avez intérêt à vous mettre sur votre trente et un.
- « En l’honneur » ?! « Sur mon trente et un » ?! Tu rigoles j’espère !
- Non, allez ! Oust !
Théo fut poussé sur le côté pour la laisser passer. Il rie discrètement puis secoua la tête. Quelle idée ! Un dîner en l’honneur de Prosper. Et dire qu’il va falloir qu’il le supporte tout ce temps-là !
Il ouvrit la porte de la chambre et, les yeux baissés vers le sol, la referma lentement.
Pourquoi fallait-il qu’il descende ? Il pouvait très bien se porter malade et rester là-haut ! Comme cela il n’aurait pas à subir son regard… Mais sa mère trouverait une nouvelle raison de le faire descendre, rien que pour le mettre mal à l’aise.
Théo ferma les yeux et posa le front sur la porte.
Il voudrait tant s’enfuir loin de cette maison, de ces gens, de ce monde. Réaliser ses rêves. Etait-ce trop demander de vouloir réaliser ses rêves ? Partir dans d’autres pays, découvrir cet univers immense qu’il arpentait dans les livres, apprendre d’autres langues et parler avec d’autres gens qui peut-être le comprendrait un peu mieux… Et… trouver… ce que tout le monde recherche… ce dont l’on est souvent en manque… l’autre…
Un jour il s’enfuirait d’ici…
Théo sourit, il rêvait…
Il s’enfuirait et que pourraient alors ces gens-là ? En dessous ? Rien, plus rien. Il serait libre de penser ce qu’il veut. Libre d’être ce qu’il veut. Il pourrait enfin vivre sa vie.
Et le trouver… cet autre… l’amour dont il rêve. L’amour auquel il ne croit pas vraiment. Cet être parfait qui ferait comme Joey la nuit dernière. Il approcherait sa main et voudrait lui caresser les cheveux. Et il ne fuirait pas cette fois-ci à ce geste pourtant si… anodin, si simple, si tendre… il en rêve… de ce geste. Mais il le fuit encore.
- Joey…, murmura Théo, tout doucement, il avait peur de se faire entendre même si au fond il ne se rendait pas vraiment compte qu’il le prononçait.
Théo rouvrit subitement les yeux. Qu’avait-il dit ?! Impossible ! Il pensait encore à ce qui s’était passé ce matin ?
Il se retourna et voulu s’adosser au mur mais…
… il resta cloîtré sur place.
Là, sur son lit, allongé sur son lit…
Joey !
Théo sentit son cœur s’arrêter de battre pendant quelques secondes. Il était allongé sur son lit, en train de dormir sur son lit, la tête sur son oreiller, sur sa couverture…
Le jeune homme ne savait pas quoi faire… Le réveiller ? Oui, c’était une évidence… Pourtant…
Théo s’avança sans bruit vers le lit. Joey était vêtu d’une chemise bleue très foncée qui lui descendait jusqu’à la taille, d’un jean bleu aussi mais plus clair. Ses jambes étaient longues et minces… musclées… mais pour ce que pouvait en faire Théo… ses cheveux bruns étaient en bataille, il était allongé sur le ventre… et tout le côté gauche de son visage était enfoncé dans l’épaisseur de l’oreiller blanc. Théo s’approcha encore un peu… Il allait le réveiller… mais… il était si… mignon comme ça… Les yeux fermés, calme, la respiration lente… si apaisé…
Théo pencha un peu la tête de côté pour bien voir son visage. Oui, il était beau. Le jeune homme sourit machinalement devant ce spectacle. Devait-il vraiment le réveiller ? Il semblait si fatigué… Il ne devait pas avoir dormi de la nuit.
Mais ! Non ! Que faisait-il dans sa chambre ?! Pourquoi n’était-il pas dans la chambre de sa mère ?! Théo se ressaisit et chercha un moyen de le réveiller… en douceur quand même parce qu’il avait l’air de bien dormir.
- Heu…, Joey ? Tu… Vous ! Vous êtes dans… Non…
Il se redressa, serrant les poings. Joey n’avait pas l’air de bouger. Quoi dire ? Crier ?
- Joey ! Réveillez-vous ! Essaya-t-il de dire d’une voix plus forte et plus sûre d’elle.
Mais rien n’y faisait.
Théo soupira. Il hésita en le regardant en coin puis… tendit une main et toucha son épaule d’un doigt.
- S’il vous plaît… réveillez-vous…
Cette fois-ci, il avait parlé doucement.
Joey bougea légèrement et ouvrit une paupière…
… il se redressa tout d’un coup an reconnaissant Théo.
- Théo ! Je… Que faîtes-vous là ? Bredouilla-t-il en se frottant les yeux.
Théo rigola gentiment. Joey semblait si surpris de le voir ! Et il était trop drôle avec ses yeux bouffis de sommeil, un vrai enfant.
- C’est ma chambre ici. Je vous retourne la question.



Joey reprit ses esprits. Il entendait Théo rire doucement près de lui… Heureusement, il n’était pas en colère. Il avait si sommeil ! Il n’avait dormi que quelques heures pas plus et sa tête la torturait. Il n’arrivait qu’à apercevoir la silhouette fluette de Théo.
- Désolé, murmura-t-il. Oh ! J’ai mal au crâne.
- Migraine ? Attendez, j’ai de l’aspirine dans l’armoire.
Théo lui tendit un comprimé et lui montra la bouteille d’eau posée près du lit.
- Tout ce qu’il faut, dit-il en avalant la pilule.
Théo restait silencieux, assez éloigné de lui, mais il pouvait entendre son souffle. Il avait était retourné de le trouver dans sa chambre.
- Désolé encore, répéta-t-il en posant lentement les pieds sur le sol.
- Qu’est-ce que vous foutez ici ? Demanda Théo.
Joey se raidit un peu, croyant que c’était un reproche mais quand il leva les yeux vers le jeune homme et vit son petit sourire en coin, il se sentit rassurer. Il ne voulait pas se brouiller encore plus avec lui après cette nuit. Sinon, tout serait foutu.
- La chambre de votre mère est fermée à clé. A mon avis, elle n’a pas entièrement confiance en ceux qui vivent sous son propre toit. J’ai bien essayé de la trouver pour lui demander de m’ouvrir mais je crois qu’elle reçoit quelqu’un et on ma interdit de la voir tant qu’elle ne m’aurait pas demandé. Je n’ai pas dormi de la nuit, je suis crevé. J’ai ouvert machinalement une porte et j’ai vu qu’il s’agissait d’une chambre alors je me suis… permis d’entrer. Jamais je n’aurai pensé que ce serait la votre. Drôle de coïncidence vous ne trouvez pas ?
- Oui, répondit Théo sans vraiment y faire attention. C’était un oui mécanique.
Joey le regarda avec un peu plus de précision. Il remarqua les yeux de Théo qui se baissaient à chaque fois qu’il se sentait gêné, et la manière dont ses petites mains avaient de se tortiller quand il cherchait désespérément quelque chose à dire. Là, il paraissait amusé de le trouver là même s’il ne s’y attendait pas. Ou alors il cachait son malaise derrière ce sourire. Un sourire doux et frêle. Joey se surprit à aimer ce sourire, et le rire qu’il avait parfois. Un rire vrai, et non comme d’autres rires obligés. Le sien n’était pas voulu, il ne le contenait pas. Il était vrai.
- Merci pour le cachet. J’espère que je ne vous ai pas trop dérangé.
Joey se leva mais fut soudain prit d’un vertige, sa tête tourna et sa vue se brouilla, une douleur incommensurable s’insinua au creux de ses tempes. Il porta sa main à son front, fronçant les sourcils et faillit basculer. Mais il fut retenu par les mains de Théo. Il avait presque accouru à son secours et avait posé ses mains sur ses épaules. Joey se maintint sur lui, frôlant par la même occasion sa taille.
Ils étaient proches maintenant, aussi proches que Joey pouvait l’espérer. Il lui suffirait peut-être de lever la tête et d’ouvrir les yeux pour les plongés dans les siens et lui faire part secrètement de son envie. Et rapprocher ensuite son visage du sien… Mais la douleur ne disparaissait pas facilement et tandis qu’il essayait de la dissiper les mains de Théo commençaient à trembler. Il se rendait compte de la situation…
Joey se décida et leva les yeux vers lui comme il le voulait. Théo croisa son regard…
- Vous devriez vous rasseoir, dit-il dans un murmure qui prenait plus d’un ordre que d’une subjection. La main de Joey sur sa taille resserra son étreinte. La douleur était quasiment partie.


Et bien ! pensa Théo, il ne perd pas le nord celui-là. Il sentait les doigts serrer un peu plus sa taille comme ils avaient essayé de frôler sa nuque. Encore cette sensation d’impossibilité, cette chaleur timide qui l’envahissait, encore ces questions sans réponse et ce refus. Cette petite voix dans sa tête…
- Ca va ? Bredouilla Théo, le souffle court, sentant le danger… Ils sont trop proches, la limite est franchie… Pas plus loin…
Mais le regard de Joey captivait le sien. Un regard qu’il n’avait jamais vu. Doux et sauvage à la fois, mêlé à cette envie de se rapprocher… Un regard qui lentement se baisser vers ses lèvres puis revenait vers ses yeux… Un regard de cendre… Théo sentait son souffle se perdre, se couper…
Joey rapprochait son visage… Vas-t-en ! Se criai intérieurement Théo, Repousse-le ! Mais ses membres étaient pétrifiés, des tremblements commençaient à prendre possession de lui.
Les lèvres de Joey, petites et fines, s’entrouvrir. Théo les fixait alors qu’elles s’approchaient des siennes… Mais son cœur battait à tout rompre… La main resserra encore sa taille et une autre vint se joindre à elle de l’autre côté. Il était prisonnier… Mais son souffle ! Il ne pouvait plus respirer !
-Non ! Eut du mal à dire Théo alors que d’une main il repoussa Joey. Celui-ci n’essaya pas de le retenir.
Heureusement ! Théo tentait de reprendre son souffle, de chercher de l’air… Sa gorge semblait se rétracter et l’empêcher d’inspirer. Son cœur cognait contre sa poitrine.
Il se recula en respirant bruyamment, son visage était en feu, il sentait des gouttes de sueur perler de son front. Son dos heurta le mur et il glissa par terre. Joey se précipita vers lui, ses doigts frôlèrent les cheveux de Théo alors qu’il avait mis sa tête entre ses genoux pour retrouver son souffle.
- Théo !
La voix de Joey paraissait paniquée… Inquiète ? Théo leva un bras vers lui et montra un point imperceptible dans la chambre.
- … Ven…toline… Bureau… Ti… roir…, tenta-t-il d’articuler. Mais Joey avait compris car il l’entendit fouiller à côté de lui. Quelque chose tomba… Des feuilles volèrent… Puis Joey revint vers lui et s’agenouilla. Il lui mit la ventoline dans la main. Théo releva la tête.


Joey regardait Théo inhaler sa bouffée de médicament.
Le visage de Théo était mouillé de sueur et blême comme la mort. Joey avait eu si peur. Comment avait-il pu tenter une telle chose ? Comment aurait-il pu savoir qu’il était asthmatique ? Son cœur battait la chamade. Il posa doucement, aussi doucement qu’il pu, ses mains sur les épaules tremblantes de Théo et baissa la tête pour le voir, pour capter son regard.
- Ca va mieux ?
Théo le fixa d’un regard vide, fatigué, ses jambes repliées sous son menton, ses bras entourant ses genoux.
- Oui, marmonna-t-il d’une voix faible. Puis il le regarda avec plus de vie et lui sourit, ça va mieux.
Joey soupira de soulagement et laissa retomber tous ses membres comme s’il avait été libéré d’un poids terrible. Il secoua la tête et s’écarta de Théo pour s’asseoir près de lui contre le mur.
- J’ai eu peur, lui avoua-t-il, pardonnez-moi. Jamais je n’aurais dû tenter de… Je ne pensais pas que…
Mais il avait beau chercher, il ne trouvait pas les mots pour exprimer son embarras. Mais quel con ! S’injuria-t-il, quelle pauvre cloche tu fais !
- Vous ne pouviez pas savoir, le rassura Théo.
- Mm. Je suis vraiment désolé.
Théo se leva et commença à marcher de long en large en regardant ses pieds. Une manière de savoir si il allait suffisamment bien pour ne pas s’allonger. Joey resta assit par terre. Il le fixait. Essayait de comprendre comment il avait pu faire aussi peur à ce jeune homme.
- Pourquoi avez-vous peur quand on vous touche ?
Théo se tourna vers lui et Joey fut frappé par la vitesse avec laquelle ses joues avaient repris leur couleur naturelle.
- Vous avez essayé m’embrasser. Ca fait toujours peur. Mais moi je suis asthmatique, le moindre choc me déclenche une crise.
- Vous n’avez pourtant pas eu de crise hier quand je vous ai à moitié sauté dessus dans le couloir.
- Heu… J’ai… failli !
- Je ne voulais pas vous faire de mal pourtant.
Théo croisa les bras.
- Mais vous devez comprendre que si je ne veux pas vous embrasser et que vous, vous insistez, vous me voulez quand même un peu de mal.
- Vous ne voulez pas m’embrasser.
- Non !
- Pourquoi ?
Joey se leva à son tour et mit ses mains dans ses poches. Il jouait au fier et il savait que Théo s’en rendait compte.
- Vous pensez que puisque je couche avec la mère je n’ai pas le droit d’embrasser le fils.
Théo parut frappé par ce qu’il venait de dire, il baissa les bras et arrondit les yeux, ses lunettes lui tombaient à moitié sur le nez. Joey s’avança, tendit une main… Théo se recula soudainement.
- Les lunettes…, lui dit-il remarquer.
Le jeune homme, partagé entre les paroles de Joey et ce geste soudain, rajusta maladroitement ses lunettes.
- Oui, c’est un peu vrai. Vous couchez avec ma mère. Mais aussi… je ne vous connais que depuis hier ! C’est pas un peu direct non ?
- Ah donc, vous me dîtes que quand même, vous avez envie de m’embrasser mais que vous voulez attendre…
- Mais non ! Je n’ai pas envie de… de vous embrasser. Arrêtez avec ça ! Vous ne pouvez être qu’un ami pour moi. C’est déjà bien.
- Un ami ? Vous ne croyez pas au… Comment ça s’appelle ? Coup de foudre ? Ca au moins, on a besoin que de quelques secondes avant le premier baiser.
Théo haussa les épaules en souriant.
- Ne me dîtes pas que vous, vous croyez au coup de foudre.
- Impossible ? Ce n’est pas parce que je baise avec des tonnes de personnes que je suis immunisé contre ce genre de sentiment.
- Peut-être ! Mais pas ici en tout cas.
- Comment cela ?
- … J’en ai marre ! Je ne veux pas vous embrasser un point c’est tout. J’ai peur quand les gens me touche parce que j’ai peur de ce qui pourrait se passer après. Et je ne crois pas au coup de foudre !
Théo lui tourna le dos et se baissa pour ramasser les feuilles que Joey avait fait tomber. Ce dernier ne bougeait plus. Il était assez content de ses questions pertinentes, il avait réussi à le déstabiliser une fois de plus et il ne résisterait plus très longtemps.
Mais il se rendit compte que Théo respirait encore difficilement.
- Ca va ? Demanda-t-il.
Théo ne répondit rien, il continuait à ranger ses feuilles comme si il n’avait rien entendu.
- Bien, Je cois que je vais…
Joey bailla.
- AaaaaaaahMmmmm…, Je vais me trouver une autre chambre où finir ma nuit. Il se pencha un peu vers Théo. Puisque ici je ne suis plus le bienvenu…
Aucune réponse encore une fois.
Joey haussa les épaules et soupira bruyamment. Il se dirigea vers la porte, les yeux baissés et s’arrêta soudain. Un regard en coin vers Théo qui lui tournait toujours le dos… Joey se pencha discrètement et ramassa avec toute la prudence possible une feuille manuscrite et sortit… Théo n’avait rien vu, peut-être trop en colère pour faire encore attention à ses gestes… Peut-être espérait-il trop entendre le bruit de la porte qui se ferme après son départ…


La porte se ferma et Théo releva les yeux en s’asseyant sur le sol. Enfin parti… Enfin seul… Tout seul. Il porta les mains à son visage et le couvrit… cette image encore dans sa tête… Cette silhouette se penchant vers lui et son souffle qui se coupe… la peur qui l’envahit… et pourtant… quelque chose s’était passé… quelque chose se passait en ce moment même en lui… quelque chose qu’il n’avait jamais ressentit avant… physique… un sentiment… d’envie et de frustration. Sa tête lui tournait et… l’image des lèvres de Joey se rapprochant tout doucement vers les siennes… Théo se mit à rougir, une chaleur insoutenable lui brûla les yeux, les mains, son entrejambe le titillait bizarrement… il commençait à avoir ce qu’il avait lu plusieurs fois dans les livres… la trique !!!
Théo se leva et faillit tomber à le renverse… encor levé trop vite idiot !!! Mais il se rattrapa et se dirigea vers la salle de bains. Arrivé, il examina son visage rouge devant la glace et se massa les joues, puis il porta lentement une main vers son entrejambe, le frôla légèrement… Une petite décharge de plaisir l’envahit… Que lui arrivait-il ?
Mon Dieu non ! Je suis en train de bander pour un homme qui ne vent son corps que pour de l’argent et… je sais qu’il ne veut que jouer avec moi, seulement jouer, seulement et rien d’autre, seulement me…?!!! Et pourtant je… le désirerai ? Pourquoi ? Juste parce qu’il a voulu m’embrasser ? Pourquoi merde !!! Prosper me court après depuis des mois et voilà Joey… et il me suffit de quelques minutes pour… ressentir ça ! Cette envie sexuelle ! Mais je ne peux pas ! Je n’ai pas le droit !!! C’est impossible !!!
Théo sentit ses yeux se mouiller, l’image de Joey restait gravé dans son esprit et sa trique n’en devenait que plus forte… Il se déshabilla lentement et entra dans la douche, fit coula de l’eau froide afin de sa rafraîchir les idées et posa le front contre le carrelage du mur. Il se retenait de se toucher… refusant cet éventuel plaisir… mais en serait-il encore longtemps capable ? Ca ne lui était jamais arrivé et aujourd’hui… Jamais il ne l’aurait cru. Comment faire maintenant ? Il fallait qu’il se retienne… ces pulsions sexuelles s’estomperaient bien un jour ou l’autre, c’est certain. Et néanmoins les lèvres de Joey persistaient à vouloir s’approcher… Jamais. Jamais !!!


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MessagePosté: 23 Aoû 2005 16:54 
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:bravo: Je sais pas quoi dire d'autre... si, j'espère juste que Joey arrivera à percer les défenses de Théo ! Et que l'autre Prosper ne va pas lui faire de mal...

:suite:

Cybelia.


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MessagePosté: 23 Aoû 2005 21:53 
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Mais euh... kesk'ils font ces deux-là ?
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he, moi aussi j'aime bien....c'est super quand ca prends son temps, qu'on peut heu voir le sesir qui monte qui mlonte et.....la suite

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elle s'occupe d'aviateurs...c'est pratique pour s'envoyer en l'air. ha! ha! ha!
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MessagePosté: 24 Aoû 2005 13:13 
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J'espère que vous n'allez pas vous lasser quand même, parce que je ne l'ai pas encore fini et cette histoire est assez longue ^^


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MessagePosté: 24 Aoû 2005 13:17 
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Voilà le chapitre 4: Douter

Joey sortit de la chambre, la feuille toujours à la main. Il la porta à ses yeux mais ne pu que déchiffrer que quelques mots… « Et… contre sa … peau… le vam…pire se… colla… », Il lui était quasiment impossible de lire sans ses lunettes. Non qu’il en a vraiment besoin dans la vie de tous les jours mais lire, écrire ou même regarder la télé lui paraissait comme une image floue et assez dure à débrouiller. Alors il la plia soigneusement et descendit l’escalier jusqu’au hall d’entrée. Là il entendit des rires et des exclamations dans le salon… L’une de ses voix lui était familière mais l’autre… Marianne conversait avec un homme. Joey ne se laissa pas désirer (même si on ne l’attendait pas vraiment…) et entra franco dans le salon. Marianne et le mystérieux inconnu stoppèrent net leur conversation et lui jetèrent des yeux médusés. Ils étaient tout deux assis sur le divan et se tenaient presque la main. Marianne semblait offusquée, honteuse… L’individu, lui, prenait des airs de grands hommes… Joey remarqua ses habits bien faits et ses cheveux « magnifiquement » bien plaqués sur son crâne par quelques dizaines couches de laque. Brun, les yeux noisette, ressemblant fort à ses conquêtes les plus jeunes et les plus riches et snobinardes.
- Que faîtes-vous ? Je ne vous ai pas fait demander à ce que je sache !!!Lança Marianne.
- Je sais. Je voudrais simplement les clés de votre chambre pour me reposer un peu.
Marianne se mit à rire aux éclats.
- Mais bien sûr… J’ai entièrement confiance en vous !
Joey se contenta de sourire et de secouer légèrement la tête. Il mit ses mains dans ses poches et attendit que Marianne se calme.
- Allez dormir autre part ! Ma chambre n’est ouverte qu’à moi seule.
- Ce n’est pourtant pas ce que vous sembliez penser cette nuit même.
Il se tourna vers l’inconnu.
- Puisque vous ne paraissez pas vouloir accéder à ma demande, peut-être pourrirez-vous nous présenter tout les deux.
Marianne rie de plus belle et se leva, tendant une main chaleureuse vers l’homme assit sur le divan.
- Mais avec plaisir. Prosper, je te présente Joey… heu…
- Daho, termina Joey en souriant sans toutefois quitter le dit Prosper des yeux.
Ce dernier se leva et lui serra la main. Il a de la poigne, se dit Joey, la poigne d’un dominateur. Fier… Arrogant… Voilà comment Prosper le regardait, comme un insecte. Ils faisaient la même taille mais Prosper semblait vouloir se grandir, le dépasser comme il savait qu’il le dépassait en classe, en rang… Leur main se touchait, se serrer l’un à l’autre, voulait savoir qui serait le plus apte à mette un terme à la douleur. Les yeux dans les yeux, ils se scannaient du regard… Joey ressentait un degré de perversion qui le fit presque frémir. Il en avait connu quelques uns comme lui, qui avait voulu le posséder jusqu'à ses moindres faits et gestes, jusqu’aux plus profonds recoins de son âme. Prosper le regardait, un sourire comparable au sien. Moqueur mais perfide aussi.
- Bien, dis Marianne, je vais vous laissez. Faîtes plus ample connaissance.
Elle s’approcha de Joey.
- Vous êtes invité au repas de ce soir. Et après, je voudrais que vous dormiez dans la chambre d’ami. Elle se trouve au troisième étage, en face de la chambre d’Emma. Elle vous y conduira.
Elle se tourna enfin vers Prosper qui avait fini par lâcher la main de Joey et l’avait mis à son tour dans sa poche.
- Je vais me préparer. A tout à l’heure.
Elle sort. Laissant Prosper et Joey… seuls.



- Vos vêtements sont prêts. Je vous les pose sur le lit… Théo ?
Théo se regarda dans la glace. Ses cheveux étaient mouillés. Il prit une serviette sur le radiateur et se frotta vigoureusement le cuir chevelu puis reposa ses yeux sur le reflet qui lui renvoyait une image pratiquement hilarante de lui-même.
- Théo ! Pourquoi ne répondez-vous pas ? Vociféra Emma derrière la porte.
- Je sors, lui répondit-il si bas qu’il cru pendant un moment qu’elle ne lavait pas entendu. Mais un long soupir et des pas lourds sortant et s’éloignant de la chambre lui assurèrent le contraire.
Lui aussi soupira en tentant tant bien que mal de coiffer ses cheveux noirs en bataille. Mais c’était peine perdue, et ce depuis dix-sept ans. Il reposa le peigne et regarda ses mains, fines, blanches... si blanches que l’on pouvait voir les infimes petites veines violettes qui en couraient le long. Ses doigts se posèrent sur sa joue baissée, et lentement il releva les yeux vers le miroir.
Théo contempla son visage, ses yeux verts, ses joues blanches, ses lèvres minces et roses. Il se sentait presque aussi gêné que s’il avait été devant un étranger… Comme si il se voyait pour la première fois… Quelle sensation bizarre… Celle de sortir de cette enfance où l’on ne se souci pas vraiment de soi-même, de son apparence… Et de se retrouver face à son reflet comme devant la personne la plus incongrue que l’on ait pu rencontrer. D’essayer aussi de trouver une infime trace de beauté en soi… De se dire que l’on pourrait plaire à quelqu’un…
Mais il plaisait à Prosper et d’après ce qu’il avait pu en juger… c’était aussi le cas de Joey. Il était jeune, il voulait prendre conscience de son apparence, de celle qu’il renvoyait et de celle qu’il cachait à tout prix. Le prenaient-ils pour un idiot ? Parce qu’il était assez frêle et fragile, peut-être pensaient-ils qu’il était aussi un « coup » facile que l’on pouvait se permettre d’avoir ? Prosper était bien amoureux de lui… mais l’amour ne changeait pas vraiment ses manières de vivre comme il pourrait le faire sur d’autres personnes. Prosper était un homme possessif, jaloux, hautain, égoïste, méchant, irascible, violent aussi s’il n’avait pas ce qu’il voulait et d’ailleurs, il voulait tout, tout de suite, sans attente qui lui ferait perdre son temps, impatient, mégalomane…
Théo esquissa un petit sourire. La liste était longue. Non, Prosper n’était décidément pas l’homme idéal. Il pouvait aimer… bien sûr, son cœur n’est certainement pas en pierre… comme celui de Joey.
Joey… Lui, il était vraiment beau. Comment pouvait-il encore en douter. Théo en rougissait presque. Oui, il trouvait Joey physiquement à son goût… Non, non, qu’est-ce qu’il raconte !!! Joey était peut-être beau mais son cœur… il ne peut pas aimer lui !!! Comment le pourrait-il ? En passant d’un corps à l’autre sans se soucier que du nombre de pièces qu’il recevra après ses performances !
Mais comment ne peut-on pas aimer ? Aimer la chair… Voilà ce que Joey préférait… Mais aimer de cet amour éternel, idiot, ridicule, ce sentiment dont on ne parle que dans les livres… Théo pourrait-il lui aussi ressentir un tel sentiment ? Pourrait-il être réciproque ? Si c’est le cas, cela ne doit pas arriver très souvent. Juste quelques âmes dans le monde doivent bien en profiter mais… pas tout le monde. On a beau dire que « chacun a quelqu’un qui l’attend sur la Terre », peu de gens la trouve. On ne vit pas dans un monde aux réalités toutes blanches et toutes noires… Tant de gens sont malheureux, tant d’enfants n’ont jamais eu l’occasion de se poser les mêmes questions… Son histoire, à côté de la leur, ne vaut rien. Mais il se les posait ces questions qui germent à l’adolescence. Les premiers signes d’un désir certain envers un autre corps… Physiques seulement peut-être, certainement.
Théo savait, il le ressentait au plus profond de lui-même, qu’il ne résisterait pas très longtemps. Même s’il se disait que ce ne serait qu’une relation sans lendemain. Il faut bien une première fois non ? Une première fois à tout. Et tant qu’il désirait Joey… ce serait plutôt réussi…
Mais écoutez-moi ! « ce serait plutôt réussi » ! Ce mur que j’ai construit autour de moi, ces silences que mes parents m’ont obligés à renforcer… ce n’est pas pour que le nouvel amant de ma mère vienne les faire s’écrouler ! J’ai toujours voulu attendre le vrai, le grand amour pour me lancer… et pas une simple relation physique avec un homme que je connais à peine ! … Un homme rencontré il y a… HIER !!!
Théo se prit la tête entre les mains et se tira les cheveux comme pour chasser toutes ces idées qui hantaient son esprit.
Et voilà ! Si quelqu’un entre à ce moment-là, il te croira complètement fou.
Il se calma. Regardant une dernière fois son reflet dans le miroir il soupira. Puis se résigna à aller s’habiller pour… la soirée.

Joey s’avança vers le guéridon près de la fenêtre et prit une des cigarettes du paquet qui s’y trouvait posé. Derrière lui il entendit Prosper prendre une grande bouffée d’air. Attention, se dit-il, premier round.
- Vous avez demandé avant de prendre une de ces cigarettes ? demanda Prosper sur un ton faussement poli.
Joey se tourna vers lui, sortit son briquet de la poche arrière de son jean, alluma d’un geste sûr sa clope et inspira une longue bouffée qu’il soupira lentement quelques secondes après. Puis il pointa ses yeux gris sur Prosper qui le regardait de son air… enfin, vous voyez.
- C’est mon paquet, avoua enfin Joey dans un sourire moqueur.
Prosper soupira.
Et 1 pour moi, se dit Joey. Je sens que l’on ne va pas beaucoup s’aimer monsieur.
- Vous venez d’où ?
Joey écarquilla les yeux, la question avait été posé si vite qu’il n’avait compris qu’une partie.
- Pardon ?
Prosper sourit à son tour comme s’il venait de gagner une manche. Doucement mon vieux, tu vas croire maintenant que je suis inculte juste parce que tu ne sais pas articuler ?
- D’où – venez – vous - ? répéta-t-il lentement en ouvrant bien la bouche.
Très bien, je vais jouer à ton jeu.
- De la chambre de votre tante.
Prosper rie dans ses dents mais son sourire s’effaça vite lorsqu’il vit les yeux moqueur que Joey braquait sur lui. En toussant (ce qui n’était qu’un prétexte pour mettre sa main devant sa bouche et ne plus voir le regard de Joey) il s’assit sur le canapé et croisa les jambes.
- Et c’est bien là-haut ?
Oh la la, on ne va pas aller très loin comme ça… Si tant est que monsieur est envie d’y aller.
- Très bien, vous venez visiter ?
Prosper lui lança un regard offusqué !
Mais bien sûr, ne me dis pas que tu n’y a pas pensé…
- Non, dit-il presque en le criant pour que Joey sache que, et bien, c’était Non !
Ce dernier se pencha un peu en gardant sa cigarette près de sa bouche.
- Je plaisante bien entendu.
Prosper s’affala d au fons du divan et étendit ses bras sur le dossier.
- Je la savais, mais un … comment dire… un homme qui vend… enfin
Comme si tu ne te gênerais pas pour le dire.
- Prostitué ! C’est bien cela que vous cherchez ?
Mais Joey n’allait pas être vexé pour si peu. Au contraire, cela le faisait plutôt rire qu’autre chose. Ce Prosper était décidément un être de grande bourgeoisie. Le simple fait de le « traiter » de prostitué lui faisait croire qu’il lui était supérieur. Et bien si ça lui faisait plaisir, pourquoi l’en priver ?
- Oui, c’est cela. Donc…
- Donc, vous saviez que je plaisantais mais un prostitué comme moi…
- Oui, un homme de votre… rang doit chercher tout les moyens pour… vivre. Alors…
- Vous n’êtes pas mon genre désolé.
Prosper sembla encore plus offusqué. Tiens, tiens ! Quel idée d’être offusqué lorsqu’un homme vous dit que vous n’êtes pas son genre… alors comme ça monsieur Prosper, vous ne diriez pas non, non plus ? Intéressant… mais c’est définitif, vous n’êtes vraiment pas mon genre.
- Et…
La porte s’ouvrit soudain. Joey se tourna vers l’intrus, désolé de ne pouvoir continuer cette conversation si plaisante, mais fut saisit en voyant entrer… Théo ! Plus beau que jamais ! Il était vêtu de noir, ce qui faisait encore plus ressortir ses magnifiques yeux de jade et son teint si blanc… Ses cheveux étaient un peu mouillé et luisait sous la lumière du jour déclinant, il dégageait un agréable parfum de menthe… Comme il était beau ! Joey failli laisser tomber sa cigarette mais se ressaisit.
Théo avait l’air surpris de les voir tous les deux dans la même pièce.

Joey… et Prosper… ensemble dans le salon ?
Théo avait ouvert la porte avec élan mais s’était soudain immobilisé… Il était inévitable qu’ils se rencontrent un jour ou l’autre mais Son regard croisa celui de Joey. Ce dernier le regardait calmement comme perdu dans ses pensées… On se demande lesquels. Mais Théo chassa cette phrase aussi vite de sa tête et lui sourit légèrement. Joey parut surpris par ce soudain élan de gentillesse puis sourit à son tour.
- Théo !!! fit soudainement une haute voix qui le fit sursauter.
Prosper s’était levé et se tenait devant lui, un rictus étrange sur les lèvres. Théo se demanda s’il s’agissait d’un sourire ou d’une grimace de jalousie face au sourire qu’il avait jeté à Joey.
- Comme je suis heureux de vous voir.
Il voulu poser sa main sur l’épaule de Théo qui se recula, faisant mine de fermer la porte.
- Moi aussi, murmura-t-il faiblement entre ses dents.
Il regarda à nouveau Joey…
- Vous dînez avec nous ce soir ?
Joey fit mine de réfléchir.
- Hummmm… Si je suis le bienvenu bien entendu…
Comme si vous alliez refuser d’assister à ces scènes de « famille » si… chiantes…, lui dit Théo par pensées. Joey scruta son regard et sourit, pendant un moment le jeune homme crut qu’il avait compris ses pensées.
- Votre mère l’a invité… Je me demande bien pourquoi d’ailleurs ! lança une voix derrière eux.
Théo se tourna vers Prosper.
- Tout simplement parce que C’EST un invité ! dit-il avec tout le calme qu’il pu.
- Un bien drôle d’invité… ironisa Prosper.
Joey rie doucement.
- Je peux tout aussi bien dîner dans la cuisine avec Emma…
Prosper sauta sur l’occasion.
- Vous pensez ? C’est un repas de famille… Je ne sais si…
- Il en est hors de question !
Théo lança un regard de reproche à Prosper qui baissa les yeux de mécontentement. Puis il se retourna vers Joey :
- Vous dînerez avec nous. Je ne vois pas pourquoi Mère vous aurez invité si elle pensait qu’il s’agissait d’un repas de famille. Et puis je pense que votre présence sera la bienvenue.
- Comme animal de foire sans doute… Comme à chaque fois que…
- Prosper !! Si cela ne vous convient pas, ne venez pas nous rejoindre !
Le jeune homme se dirigea vers la petite bibliothèque et prit l’un des livres dont elle était pourvu. Sans regarder les deux hommes, il sortit du salon.

Joey et Prosper restèrent de nouveau seuls.
- « Très cher Prosper… Si cela ne vous convient pas… ne venez pas… » répéta Joey avec un demi sourire inscrit sur le visage.
- Ne vous moquez pas de lui ! lui lança Prosper en haussant le ton
Joey prit son paquet de cigarette et se dirigea vers la porte.
- Ce n’est pas de lui que je me moque, dit-il d’une voix des plus calmes.
- Vous ne méritez pas sa clémence !
- Je le sais fort bien. Vous non plus d’ailleurs.
Prosper se tourna vers lui.
- Que voulez-vous dire ?!!!
- Comme si je n’avais pas remarquer votre manège.
Joey sortit à son tour. Laissant Prosper seul face à ses réflexions douteuses.

A suivre...


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MessagePosté: 24 Aoû 2005 17:14 
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Mais euh... kesk'ils font ces deux-là ?
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toujour tres bien ....non franchement ce n'est pas lassant

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Tu peux être sûre que je me lasserai pas de ta fic ! Au contraire, c'est tellement intéressant que si je pouvais tout lire d'une traite, je le ferai !! :D

:suite:

Cybelia.


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MessagePosté: 25 Aoû 2005 01:22 
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Et bien je continue alors :ange:

Et cette fois-ci, je vais poster deux chapitres.

Chapitre 5: Apprécier

Théo était assis sur la dernière marche du grand escalier, la tête penchée sur un livre déjà presque ouvert au milieu.
Joey s’avança prudemment, en essayant de faire le moins de bruit possible.
Ils étaient seuls, aucun bruit ne se faisait entendre d’aucune pièce, l’atmosphère ne semblait pas aussi pesante qu’il l’aurait cru en fait, elle était plutôt… calme.
Le jeune homme ne semblait pas avoir remarquer sa présence…
« Moui… Il fait semblant tout simplement. Mais ça ne sert à rien mon beau… Tu viens juste de prendre ma défense, c’est assez significatif pour me permettre de croire que tu craques « un peu » pour moi. Ou peut-être est-ce dans ta nature profonde… Nananana ! » Il esquissa un léger sourire, fixant le jeune homme immobile dont seule la lente respiration prouvait qu’il ne s’était pas transformé en statue de pierre.
« Et si je lui faisais peur ? Non ! Pas alors qu’il a failli clamser à cause de moi tout à l’heure… Je vais quand même éviter de lui faire subir ça deux fois dans la même journée. Quoi que… tu sais que tu donnes vraiment envie que l’on te saute dessus toi… »
Il ne pouvait pas voir le visage de Théo, baissé sur son livre. Le bout de son long nez aquilin était visible entre les mèches de cheveux noirs qui lui tombaient sur les yeux, ses lunettes risquaient à tout moment de glisser et de se retrouver sur les genoux de leur propriétaire.
« Qu’il est beau… J’ai rarement vu aussi craquant que lui… Pourquoi mes clients ne sont pas tous comme lui !!! Enfin, bientôt… j’en suis persuadé… »
Après ses longues pensées sur le comment attirer Théo dans ses bras… Joey se décida à faire un pas vers lui, puis deux… aucune réaction.
Il va me rendre dingue !
Le jeune homme s’assit brusquement à côté de Théo en poussant un lonononononog très long soupir. Les mains toujours emprisonnées dans les poches de son jean, le visage levé, Joey se pencha sans discrétion au-dessus de Théo, tentant de voir un peu ce que ce dernier lisait si ardemment. En proie à une certaine… envie d’énerver son monde, il commença à lire à voix bien haute :
- « Je vois présentement, interrompit la Marquise (Mmmmm), comment sont fait les habitants de Vénus. (Vénus ? C’est un bouquin d’astrologie ?) Ils ressemblent aux Mores grenadins (Ah oui, je vois tout à fait), un petit peuple noir (heureusement qu’elle précise), brûlé du soleil (on dit pas plutôt « brûlé par le soleil ? Aaaaaah nonononono… J’avais pas compris !), plein d’esprit et de feu (Mmmmmm, ça me rappelle moi quand j’étais jeune… Quoi que… encore maintenant…), toujours amoureux (Là ça m’intéresse un peu plus), faisant des vers, aimant la musique (Ca me rappelle quelqu’un…), inventant tous les jours des fêtes, des danses (Faudra que l’on me mette en contact avec eux parce que j’adorerai vivre chez eux) et des tournois (On est au Moyen Age ? Et puis, j’vois pas non plus le rapport avec Vénus…) Permettez-moi de vous dire, Madame, répliquai-je, que vous ne connaissez guère les habitants de Vénus (Ben c’est pas comme ça qu’il va réussir à la draguer !). Nos Mores grenadins…(En fait, moi je pense que…
- STOP !!!
Théo referma son livre d’une traite et se leva.
Et toc ! Réussi !
Le jeune homme remit machinalement ses lunettes en place. Il semblait éviter le regard de Joey mais ce dernier savait bien qu’il était exaspéré au point de ne plus se contenir.
-Je voulais vous faire réagir. Vous faisiez semblant de pas avoir remarquer ma présence alors…
Il haussa les épaules pour appuyer ses paroles. Le petit gars innocence était tout bonnement trop facile à reproduire.
Théo se tourna vers lui, les yeux grands ouverts. Ses cheveux n’étaient toujours pas secs et paraissaient encore plus lisses et brillants que d’habitude. L’ébène des mèches rendaient ses yeux émeraudes encore plus pétillants que d’habitude… sauf que là, on pouvait y lire de la colère et de l’étonnement… Mais au moins, il ne l’évitait plus, c’était un point de gagné !
-Il vous ai pas venu à l’esprit que je ne vous avez vraiment pas remarqué, justement ? J’étais en train de lire !
-Sur l’escalier ?
-… Oui…
Joey sourit. C’était drôle de le voir aussi décontenancé.
-Pourquoi ?
Les beaux yeux de Théo s’ouvrirent encore plus. Il serra le livre contre lui, croisant les bras par la même occasion.
-Je l’ai toujours fait… Et c’est peut-être plus calme ici qu’en haut… Et puis, pourquoi je dois me justifier ?!! Je fais ce que je veux !
-C’est sûr, mais vous m’évitiez quand même…
-…
Il baissa légèrement la tête, gêné.
Incapable de mentir. Comme c’est touchant. Continuons un peu… J’ai bien envie d’en savoir plus sur toi.
-A moins que… vous n’attendiez quelqu’un.
C’était n’importe quoi, il le savait bien… Mais il n’avait trouvé que ce moyen pour amener le sujet. Alors il observa attentivement les réactions de Théo. Celui-ci leva d’abord les yeux vers lui, aussi étonné que quelques secondes plus tôt, puis fronça les sourcils.
-Quelqu’un ? Qui donc ?
-Et bien, un certain… Prosper… par exemple…

Théo afficha l’ébauche d’un sourire puis, lentement porta sa main à son visage et se mit à rire aux éclats.
C’est pas vrai… Joey était en train de penser que lui… Que lui était amoureux de… Prosper ? Cet idiot ?!!! C’était incroyable ! Quand avait-il laissé paraître le moindre attachement à l’égard de son cousin devant Joey ? Non ! C’était vraiment trop drôle.
Il ne pouvait plus contenir ses rires. La seule pensée que Joey puisse croire qu’il désirait… ce modèle de machisme et de sadisme même le faisait mourir de rire.
Il se tint difficilement le ventre et s’approcha une fois encore des escaliers pour s’asseoir près de Joey. A une distance raisonnable quand même, il faut le préciser.
Joey, quant à lui, ne bougeait plus. Il semblait éberlué, les yeux ronds, la bouche entrouverte… Sa tête était aussi drôle que ce qu’il venait d’insinuer.
-Arrêtez… réussit tant bien que mal à murmurer Théo entre deux rires.
Joey secoua la tête d’incompréhension.
-Arrêter quoi ?
-Arrêtez… de faire cette tête-là.
Il lui sourit pour faire comprendre que ce n’était pas un reproche.
Joey écarquilla les yeux… puis sourit à son tour.
-Qu’y a-t-il de si drôle ?
Théo se calma peu à peu et mit sa tête entre ses genoux pour reprendre son souffle. Quand il se fut passablement apaisé il releva le visage et lança un regard en coin à Joey.
-Je n’attendais pas Prosper.
-Ca… Je crois que je l’avais compris.
-Et il ne me viendrait pas à l’idée non plus de l’attendre un jour.
Il vit Joey s’appuyer sur ses mains et se rapprocher de lui. Oh non. C’est reparti. Peut-être que, en fin de compte, il aurait du s’inventer une mini relation avec son cousin ! Joey ne tenterait plus rien… Mais quelle idée stupide !!! Plutôt céder aux avances de ce manipulateur de service ! Et puis, il n’avait pas l’air d’avoir de drôles de pensées derrière la tête cette fois-ci… Même, Joey semblait terriblement sérieux… Il le fixait de ses grands yeux gris… si… beaux… D’ailleurs, à bien y réfléchir, sa présence n’était pas si désagré… Quoi ?!!!
Théo détourna le regard.
Joey l’attirait, c’était certain, mais il faut qu’il arrête sur le champ. Ce n’est qu’un piège, rien de plus ! Il peut pas se permettre de…
-Lui vous attendrait bien à ce qu’il me semble.
Hein ?
-Comment cela ?
-Ca n’a rien de trompeur, il voudrait bien être un peu plus que… cousin avec vous.
Il ressortit de sa poche son paquet de cigarette et comme à son habitude en alluma une. Les bras posés sur les genoux, le regard fixant un point inconnu droit devant lui… Théo ne pouvait plus détacher ses yeux de ce corps si parfaitement beau… Pas étonnant qu’il s’en serve pour gagner son pain.
-Dîtes moi, il vous a déjà fait des avances ?
Le jeune homme ramena ses genoux sous son menton et s’y soutint.
-Oui. Il n’arrête pas de m’en faire.
-Comment s’y prend-il ?
-Mmmmm… La plupart du temps il essaie de m’embrasser.
Silence.
Tient, serait-il en train de croire que je le vise ?
Yeux fixes, petite moue des lèvres…, aucune réflexion… Oui, il le croit en effet !
Sourire discret.
-Et ça vous fait quelque chose ?
Théo fit mine de réfléchir, posa la tête sur ses genoux en serrant un peu plus ses bras autour de ses jambes. Il lança un regard malicieux à Joey qui avait tourné la tête vers lui.
-Qu’est-ce que cela devrait me faire au juste ?
Joey continua à le fixer pensivement pendant quelques secondes puis sourit son tour. Leurs regards, cette fois-ci, étaient plongés l’un dans l’autre. Théo ne voulait pas le détourner, et moins par souci de montrer sa gêne et sa timidité que de perdre l’image qu’il avait sous les yeux. Ces autres yeux… Aux reflets métalliques qui, de part leur couleur, auraient dû être si froids, si… dénoués de tous sentiments… et pourtant… Ils brillaient !
-Vu le style du personnage, à mon avis, il ne devrait pas vous faire grand-chose…
-Bien… Il se pourrait qu’il se passe la même chose…
-… qu’avec moi ?
Théo détourna le visage. Il le baissa presque…
-Que se passe-t-il… avec moi ? entendit-il.
Le jeune homme tendit les jambes sans lever les yeux. Il ne voulait, ne pouvait dire la vérité. Ce serait trop… dangereux. Bien qu’il ne pouvait plus se le cacher à lui-même il ne pouvait se résoudre à l’avouer. Il était bel et bien attirer par ces yeux, par ce corps, par ces mains longues et robustes, par ces bras puissants… Il l’était… physiquement il ne lui était plus possible de le nier, l’épisode de la douche lui avait bien prouver non ? Et pourtant, ce genre de sentiments n’est rien. Ca passe, ça s’efface et s’évanouit pour ne plus être qu’un souvenir, un… regret. Mais il s’en foutait. Il ne pouvait pas… Car ce n’était pas ce qu’il recherchait.
-Rien.
Il ne pouvait voir Joey, mais le simple froissement de ses vêtements contre ses mains lorsqu’il se leva lentement était une torture. Car il pouvait sentir la gêne, la frustration aussi… peut-être… La tension. Non ! Pourquoi ne pas simplement parler ? Pourquoi toujours tout ramener à ça ? Ne pense-t-il qu’à ça ? En est-il obsédé au point de se rabaisser au niveau de Prosper ? A ne vouloir que… coucher ! C’est pas vrai ! Il ne voulait que parler pour l’instant ! Accorde moi ça, je t’en prie ! Laisse moi le temps de… comprendre… tu peux me les offrir, ces précieuses minutes. Que l’on soient seuls, avec les mots pour seuls compagnons, ce serait tellement plus simple dans ce cas… Merde, je demande pas grand chose… Joey ! Ne t’en va pas !
-Il ne se passe rien entre Prosper et moi.
Théo, la tête baissée, sentit facilement ses yeux se reposer sur lui.
-Non, il ne se passera jamais rien entre lui et moi, parce qu’il… il ne m’attire pas.
Il entendit un soupir. Joey se rassit près de lui.
Des secondes… interminables de silence. A s’en arracher les cheveux tant ce silence pouvait être terriblement pesant.
-Il vous importune.
Théo sursauta au son de sa voix. Elle avait percée le silence si brutalement qu’elle lui avait semblé rude et froide… Etait-ce qu’une impression ? Il leva une nouvelle fois la tête vers Joey et fut surpris de croiser son regard. Il était doux, tendre… Comme s’il avait voulu effacer toute cette tension qui leur pesait dessus depuis de trop longues minutes.
-Non, je l’évite. Et puis il a beaucoup trop peur que l’on découvre qu’il est homo pour me courir après dans toute la maison.
Joey rit.
-Oui, il est surtout beaucoup trop lâche, murmura-t-il.
-Ce n’est pas le pire.
-Comment ça ?
-Il est sadique.
-Quoi ? Sadique ? C’est-à-dire… Il aime les choses… heu…
-Il aime surtout les fouets.
Théo rit gentiment de la tête interloquée de Joey.
-Comment… le savez-vous ? Aaaaaaaaaaaaah ! En fait…
Joey se pencha légèrement vers le jeune homme, le regard malin.
-En fait… voyant que vous aimiez ce genre d’objets… lui… fou de vous comme il est…
-Ca va pas non !
-Mmmmmmmmm…
-Je l’ai surpris, une nuit, dans le salon…
Intéressé, l’obsédé (comme le nomme dans ces cas là Théo) s’appuya sur une main pour rester au plus près du visage du jeune homme.
-Et… alors ?
-Alors ? Il était en train de… seul… enfin…
-De se branler ?!!!
Théo flanqua un léger coup de main sur l’épaule de Joey qui s’en amusa plus qu’autre chose bien entendu.
-Pas si fort !
-Et… donc ? l’incita-t-il
-Et… il avait le fouet enroulé autour de la taille… il se servait du manche pour se caresser…
-Et vous regardez ça vous ?!!!
Les yeux coquins de Joey n’échappèrent pas à Théo qui soupira bruyamment et rentra la tête dans les épaules.
-J’lai vu pendant cinq secondes.
-Drôlement détaillé la description en tout cas.
-Cet idiot avait allumé la lumière, même en cinq secondes on peut voir beaucoup de choses.
Joey fit un grananananand sourire… et ne s’en départit plus. Il fixait Théo avec de petits yeux étrécis et… pas vicieux quand même ?…
-Quoi ?
Il commençait à s’inquiéter, Joey était plutôt près, il lui suffirait de traverser peu d’espace pour… Joey commença à murmurer :
-Je…
-Joeyeyeyeyeyeyeyeyeyeyeyey !
La magnifique Marianne, habillée d’une somptueuse robe bleue ciel qui contrastait superbement avec le vert pâle de son châle, se présenta au haut des escaliers, la main levée comme une « dame » qui voudrait qu’un bel homme l’invite à danser.
Oh non !!!!!!! Le clown est de retouououour !!!! Théo cacha du mieux qu’il pu sa déception. Car c’est bien cela que il ressentait. De la… déception. De ne pas savoir ce qu’il voulait lui dire ? De ne pas pouvoir lui répondre ?
Les deux hommes (toujours assis au bas des marches) se retournèrent.
-Que faites-vous là assis comme un mendiant ? Venez plutôt m’accompagner jusqu’à la salle à manger pour le dîner.
Joey soupira discrètement, ce qui ne manqua pas d’étonner Théo, puis ce tourna vers ce dernier, le gratifiant d’un sourire des plus charmeur.
-Le devoir m’appelle.
Furtivement, il fit glisser un doigt sur la main de Théo avant de se lever et de gravir les marches vers la femme qui s’impatientait en tapant du pied et en râlant.
Théo resta quelques secondes immobiles, regardant dans le vide, le contact de la peau de Joey lui laissant un trait de souvenir brûlant et doux sur la main.

A suivre...


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MessagePosté: 25 Aoû 2005 01:25 
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Le slash, kesako ?
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Et voici le Chapitre 6: Avancer

Se laisser tenter… Oui, il aurait pu se laisser tenter par les quelques feuilles de salade éparpillées qui restaient dans son assiette et semblaient lui faire les yeux doux.
C’est sûr qu’il aurait très bien pu céder à leur charme presque irrésistible mais voilà…. Les seuls yeux doux que Joey aurait bien aimé voir n’étaient pas ceux de la laitue verte, mais bel et bien ceux d’un certain jeune homme assis en face de lui qui ne paraissait pas appartenir à ce monde tant son visage restait désespérement baissé vers ses genoux.
Alors il gardait lui aussi les yeux baissés sur son assiette à ruminer comme jamais il ne l’avait fait auparavant.
« C’est pas croyable, se dit-il intérieurement, ce qu’il peut être beau quand il sourit… » Car c’était bien de cela qu’il s’agissait. De drôles de pensées trainaient sans cesse dans son esprit depuis ce fameux moment, ce fou rire incontrolable, ce son irrésistible… Théo avait rit en sa présence… et même ! Il avait rit grâce à lui !!! Et il lui avait parlé aussi, il lui avait confié certains petits secrets connus de lui seul, comme q’il avait été en présence d’un ami…
Un ami.
Mais Joey savait bien qu’il ne voulait pas être son ami. Il voulait plus. Plus de cet être si mystèrieux, si énigmatique, si fascinant qui ne semblait en rien vouloir particper à la conversation animant Marianne et Prosper.
Il voulait le connaître dans les moindres détails maintenant qu’il lui avait laisser voir un aussi beau sourire, une part de lui même qu’il devait cacher sans cesse et ne garder que pour les vrais moments de joie… comme tout à l’heure…
Joey leva une nouvelle fois les yeux vers lui et ne fut pas surpris de ne voir qu’une tête baissée et immobile.
Il fait la gueule ? Et il veut le crier à la terre entière ?
Et bien tout le monde avait l’air de s’en foutre royalement.
Joey s’appuya sur ses coudes et se prit le menton entre ses ses poings. Il ne pouvait pas nier que Théo lui faisait un effet sans précédent. Chaque fois qu’il avait la chance de voir ses lèvres esquisser un sourire il sentait son cœur faire un bond dans sa poitrine. Il était vraiment d’une beauté époustouflante… Surtout avec ces yeux coquins qu’ils affichaient quand il voulait mener la danse. Joey aimait ça de plus en plus et il lui tardait de pouvoir enfin goûter à cette peau douce et tentante. Le simple frôlement de son doigt sur le dos de sa main avait été un supplice. Son parfum si proche une torture. Physiquement, tout ses sens le tournait vers le jeune homme devant lui. Et son pied le chatouillait dangereusement… se glisser un peu plus loin… aller à la rencontre de sa jambe… remonter lentement…
Joey arrêta brusquement le cours de ses pensées, alerté par une bosse qui se formait peu à peu dans le creux de on pantalon.
Quel idiot ! Tu te laisses aller ! Tu peux quand même te contrôler non ?!!! C’est pourtant pas la première fois que tu rencontres une victime aussi excitante !
N’importe quoi.
Il frotta son visage de ses mains.
Mais les images persistaient… Ses yeux émeraudes, ses lèvres roses, sa nuque frêle, ses épaules, son torse, sa taille, ses cuisses encore intouchés… mais pas intouchable… Non, mon cœur… Tu n’es pas intouchable. Et même si pour cela je dois te mettre en confiance et tout te dévoiler de moi, parler des heures et veiller sans cesse à ne pas perdre le contrôle de mes pulsions… Je t’aurai. Je te veux. Je te veux plus que tout. Je veux te toucher, te donner du plaisir… et ça je le ferai gratuitement, rassures toi. Oh, j’ai tellement envie d’entendre tes lèvres laisser échapper un gémissement de pur plaisir, de pure jouissance…
Joey se ressaisit soudain.
C’est pas vrai ! Pas ici ! Même si le dîner est presque terminé…
Il releva la tête et ouvrit de grands yeux étonnés. Théo avait fait de même et regardait d’un regard vide la bibliothèque à sa gauche. Il devait vraiment s’ennuyer et pourtant… ce n’était pas le cas de tout le monde ici. Entre Marianne et Prosper qui disctutaient boutique et Joey qui ne pouvait s’empêcher d’admirer une fois de plus le visage tant rechercher depuis le dévut du dîner…
Comme à chaque fois, sa beauté le touchait en plein cœur. Comme à chaque fois, sa seule véritable envie était de réduire à néant les quelques centimètres qui les séparaient et de goûter la saveur de ses lèvres.
Ce que Prosper… voulait aussi. Joey l’avait bien compris quand ils s’étaient retrouvés tous les trois dans la même pièce. Les yeux de merlan fris qu’il lui avait lancé ne trompait personne. Mais voilà, Théo le repoussait sans ménagement.
Joey sourit en voyanht Prosper tourner de temps à autres de petits yeux désireux vers Théo.
Qui de nous deux à le plus de chance ?
Mmmm, Théo lui avait bien mis les choses au clair, rien ne pouvait se passer entre lui et son cousin… Il ne l’attirait pas.
Le jeune homme sursauta soudain.
Mais… Il n’avait rien dit pour lui alors… Il ne lui avait pas dit qu’il ne pourrait « rien se passer » entre eux… Il ne lui avait pas dit que Joey… ne l’attirait pas… Il n’avait tout simplement pas répondu à sa question…
Intéressant…
Théo avait rebaissé les yeux vers ses genoux.
Mais que faisait-il à la fin ! Il boude ou quoi ?!! Si seulement il pouvait parler un peu que l’on entende sa voix claire… Que je puisse l’entendre moi. Parce que je peux l’entendre, ta voix, Théo. Mieux ! Je peux l’écouter. Pas comme eux.
En y réflichissant bien, Joey avait plus qu’apprécier cette conversation qu’ils avaient eu quelques heures plus tôt, ça avait était si… vivant… Et Théo avait l’air si heureux.
Une chaleur étrange l’envahit soudain, comme si quelques chose le brûlait de l’intérieur…
Joey voulait l’entendre, savoir à quoi il était en train de penser, seul dans son coin. Il voulait savoir ce qu’il faisait, savoir pourquoi il ne parlait pas, pourquoi il avait si peur de l’extèrieur, pourquoi il avait si peur de s’attacher à quelqu’un… Il voulait tout savoir de lui. Tout sur tout. Tout comprendre, tout toucher, tout posséder… Oui, tout posséder. Comme il avait posséder beaucoup d’autres personnes avant, il voulait le posséder lui ! Ce gamin à sui il voulait apprendre les plus secrets désire du corps. Mais pour cela, Théo devait y donner du sien, et lui montrer qu’il le désirait aussi.
Il voulait… le connaître dans les moindres détails.
Joey fouilla dans une des poches de son jean et en sortit un petit stylo bic bleu qui ne le quittait pratiquement jamais. Il posa ensuite discrètement la serviette en papier dont il ne s’était pas servi sur sa jambe et se mit à écrire en vitesse. De toute façon, ils sont bien trop occupés à s’échanger leurs idées sur la couleur inhabituelle de l’horloge dans le coin de la salle à manger pour s’intéresser à ce qu’il faisait.
Ayant fini d’écrire les quelques mots qu’il avait dans la tête, Joey glissa sa fourchette vers le bord de la table et le fit tomber au sol.
Bien, personne ne s’est rendu compte qu’elle était tombée… A quoi bon jouer la comédie alors !!!
Mais bon, mesure de précaution oblige.
Il se leva alors et s’agenouilla afin d’avoir la tête sous la table, prétextant être à la recherche de sa fourchette perdue, et put enfin lever le voile sur le plus grand mystère qui lui trottait l’esprit depuis plus de deux heures.
Là, sur les genoux de Théo qu’il voyait très bien, trônait un livre grand ouvert.
« Ah d’accord ! »
Joey esquissa un sourire. Toujours plongé dans son petit monde d’illusion. Comme il avait envie de l’y en sortir !
Alors il tendit le bras…

Théo sursauta, une main venait d’apparaître de dessous la table et déposa une serviette pliée sur le livre qu’il était en train de lire. Par pur réflexe il prit la serviette dans sa main et releva les yeux.
Joey sortit la tête et se rassit innocemment sur sa chaise en le regardant de ses yeux gris métalliques pétillants. Il secoua sa fourchette et la planta dans une feuille de salade qu’il savoura avec un sourire amusé, toujours en le fixant.
Théo n’était… plus tellement surpris.
Seulement, ce dîner était un véritable supplice pour lui. Entre sa mère et son cousin ne l’intéressait pas car il savait très bien que quoi qu’il dirait, ça ne les intéresserait pas non plus !
Alors il se taisait. Et il attendait. Ne lisant pas vraiment non plus… pensant la plupart du temps… gardant encore la trace invisible du doigt du Joey courant sur sa main, sa chaleur, cette brûlure… Théo ne voulait plus y penser et pourtant, il avait tant aimé leur conversation. Naturelle et spontanée… Si drôle aussi… Il s’était senti bien.
Et voilà qu’il se retrouvait là, à replonger une fois de plus le regard dans celui de l’homme en face de lui, cherchant une réponse. Pourquoi avait-il une serviette dans la main ?
Théo vit Joey secouer la tête de désespoir et sourire en montrant d’un geste discret de la tête la serviette de Marianne près de lui. Puis il fit le geste d’ouvrir quelque chose avec ses mains.
D’accord… Comme s’est mignon, se dit Théo ironiquement.
Il baissa alors les yeux sur la seviette qu’il ouvrit doucement sous la table. Puis… il lut… et… jeta un regard sidéré vers Joey, tout ce qui pouvait exprimer le fond de sa pensée…
« Quoi ?!!! »

Joey avait prévu cette réaction, tout comme il avait aussi prévu sa conséquence. Théo lui lançait des éclairs de rage, de colère, d’incompréhension aussi.
Et oui… Je vais le faire mon cœur…
-Théo, que pensez-vous de cela. Votre mère souhaiterait héberger pendant quelques temps Monsieur L. Seulement, il a en sa possession quelques domestiques qui ne m’inspirent pas confiance et…
-Tu veux qu’il revienne ?!!
Théo était tourné vers sa mère et lui avait parlé d’une manière sèche et dure, empreinte d’une colère que Joey ne lui connaissait pas. Il y avait de l’orage dans l’air.
Marianne regarda son fils d’un air dédaigneux, comme s’il ne s’était s’agit que d’un être sans importance aucune et sans valeur, comme si ils se parlaient pour la première fois. Joey fut impressionné par ce regard d’indifférence qui ne devait pas exister normalement entre une mère et sa progéniture.
Tu parles, elle avait oublié son prénom… Pas étonnant qu’elle le traite de ce manière. Joey regarda alors Théo et vit ses mains trembler légèrement.
Ses mains tramblaient ?!!!
-Réponds ! dit soudain le jeune homme.
Sa voix aussi trahissait la peur qu’il semblait éprouver. De la peur et de la colère.
Marianne retourna à son assiette et se contenta de dire :
-Qu’est-ce que cela peut bien vous faire. Votre présence n’est en rien la bienvenue ici. Et je vous prie de ne pas me tutoyer, je ne suis pas votre…
-…mère, finit Théo, le visage baissé.
Joey ne pouvait rien faire et pourtant… Il le sentait trop bien, sans qu’il le voie, sans qu’il ait à se pencher, sans qu’il ait à s’en assurer, il savait. Théo pleurait. Et seul lui… semblait s’en rendre compte.
Prosper leva une main au ciel et secoua la tête.
-Voyons Théo. Monsieur L. est un homme honorable et présentable. C’est un honneur de le recevoir dans notre maison et je suis sûr que vous vous entendrez très bien avec lui.
Théo ne répondit pas.
-Bien, reprit Propser, je vous disais que…
Joey aurait voulu lui parler à ce moment là, il aurait tout donné pour… pour voir son visage… pour le toucher… dans le seul but de sécher ses larmes qu’il voyait s’écraser sur la nappe. Il se rendit alors compte que le jeune homme respirait difficilement. Et si il refaisait une crise d’asthme ? Quelqu’un s’en inquiétait-il ? Qui y faisait attention ? Personne ne semblait prêter de véritable attention à cet être qui venait de dire clairement qu’il regnait sa mère et qui pleurait… pleurait silencieusement.
Ce silence… Joey le trouvait trop insupportable !
-Théo, murmura-t-il à son adresse. Théo, est-ce que ça va ?
Joey ne s’attendait pas vraiment à ce qu’il lui réponde et pourtant, le jeune homme leva les yeux vers lui, des pupilles brillantes de pleurs, étincellantes… Il le contempla, sans un mot, et l’étonnement se lisait sur son visage autant que la fatigue.

Pourquoi s’inquiétait-il pour lui ? Pourquoi lui demandait-il s’il allait bien ? Pourquoi faisait-il ce que les autres ne faisaient pas ? Joey… Pourquoi es-tu comme ça ? Si… imprévisible.
Théo n’arrivait plus à réfléchir clairement. Il n’avait qu’une véritable envie, s’enfuir, s’enterrer, disparaître six pied sous terre pour que plus jamais personne ne le retrouve, pour que plus jamais personne ne cherche à lui imposer sa vie. Il voulait disparaître pour de vrai. Donner enfin une raison à ces « autres » de s’en foutre complètement de lui. C’est tout.
Il voulait dormir.
Quelque chose toucha sa jambe… Quelque chose de chaud glissa…
Il baissa les yeux.
La main de Prosper rampait sur sa jambe, la serrait, la… touchait…
Théo la frappa violemment, se leva et sans un seul regard sortit de la pièce en trombes.

Joey vit le regard de Théo changer et se baisser vers ses genoux. Il sembla alors se crisper et donna un violent coup sur quelque chose d’encore inconnu avant de se lever et de sortir. Il suivit la scène sans un geste, sans un mot… Seul Prosper émit un faible cri de douleur et Joey comprit. Ce salaud l’avait touché… alors qu’il était si désespéré… Et même, ce salaud l’avait touché tout cours…
Joey se ressaisit. Idiot, toi aussi t’as faillit faire la même chose… Mais enfin, Prosper l’avait quand même touché… !!! Joey secoua la tête et grogna légèrement de mécontentement avant de se lever à son tour dans le but de suivre Théo. Pourquoi le laisserait-il seul ? Et pourquoi serait-il toujours seul ? Pas dans ce genre de moment !
Marianne lui agrippa soudain le bras.
-Où allez-vous donc, demanda-t-elle d’une voix mielleuse.
Joey chercha une excuse…
-Hum, aux toilettes bien sûr.
La dédaigneuse aux allures de clown ambulant sourit sans retenue.
-Voyons, nous avons presque fini. Restez avec nous encore deux minutes et après… je pense que moi aussi je souhaiterai me soulager quelque peu…
Joey aller insister quand Marianne lui fit comprendre qu’elle ne s’acquitterait pas de ses services très longtemps s’il ne jouait pas le jeu.
Alors, à contre-cœur, il resta.

Vous croyez que je devrais aller me cacher ? Vous croyez que la meilleure solution à toute cette histoire est de m’enfermer dans ma chambre et de n’en sortir que lorsque… Enfin… C’est-à-dire jamais ?!!!
Théo monta les marches quatre à quatre. Sans se retourner.
Et si je devais m’enfuir… Ou irais-je ? Je n’ai aucun ami. Personne à qui me confier à part ce trou merde dans le plancher… désespérement silencieux… désespérement sourd. Il s sont tous sourds de toute façon !
Le couloir était plongé dans l’obscurité. Mais il ne voulait pas allumer la lumière alors que celle de son cœur restait éternellement faible.
Croyez-vous… qu’un jour… je saurai ? Un de ces jours où le soleil brille toujours un peu plus que les autres fois. Un de ces putains de jours où aucune larme ne vient pleuvoir. Oui, si tant est qu’il arrive, ce jour, pourra-t-il m’ouvrir les yeux sur mon but ? Ce fameux but dont il paraît que chaque être est pourvu… Saurai-je alors quel est le mien ? Pourquoi suis-je naît ? Que dois-je faire ? Tant de gens doivent se poser les mêmes questions que moi. Ils doivent même avoir beaucoup plus de raison que moi de le faire avec mes états d’âme à deux balles… Mais n’ai-je pas le droit, moi aussi, de me demander pourquoi je ne sers à rien dans ce monde ?
Théo ralentit lentement le pas et finit par s’arrêter devant la porte close de sa chambre. Il n’avait plus la force de l’ouvrir, sachant très bien que ce que cela voulait dire… Il continuer à fuir devant eux. Sa mère, son père, son cousin,… et cet homme dont sa main ne semblait pas vouloir laisser tomber la serviette chiffonnait sur laquelle restait graver les quelques mots qu’il avait oublié un moment… Il fuyait aussi devant Joey alors qu’au fond, il devait bien l’admettre, il voulait le connaître un petit peu plus.
Et merde ! J’ai pas envie de me prendre la tête avec tout ça ce soir…
Le jeune homme s’adossa au mur et glissa doucement sur le sol. Il croisa les bras et ramena ses genoux sous son menton.
Ecrire. Ca serait peut-être une bonne solution non ? Ca le calmerait sûrement et ça lui permettrait aussi d’oublier ce que venait de lui dire sa mère. Mais pour combien de temps ?
Plus rien ne semblait le faire sourire… Il en avait marre !!!
Théo se cacha le visage, sentant les larmes menacer une fois de plus ses beaux yeux.

Marianne lui prit le br as et le tira vers l’escalier.
-Allons, viens mon beau… Je me sens d’une humeur très coquine ce soir.
Joey mit ses mains dans les poches et se laissa emporter. Marianne le tirait par le bras et passait régulièrement sa langue sur sa lèvre supérieure… peut-être dans le but de l’exciter… Enfin, si elle le croyait c’était bien le prinicipal non ? Après tout, cétait son boulot, et ilo pouvait bien de temps à autres céder aux quelques petits caprices de ses clients… Mais ce soir-là, alors qu’ils montaient les escaliers qui menaient aux chambres du premier, Joey ne se sentait pas vraiment le cœur à faire des galipettes dans les bras de la bonne femme qui avait pas plus de goût et de charme qu’un orang outan. (Avec les bras aux dessus de la tête et les cris qu’elle pouvait émettre lors de leurs ébas il n’y avait pas beaucoup de différence). Une autre pensée ne cessait de lui triturer les entrailles et de lui serrer le cœur. Il aimait bien Théo. Cétait assez drôle de parler avec lui et de le regarder rougir pour un rien. Seulement, c’était autant embêtant de le voir ainsi.
-Arrête de penser comme ça… Tu ne t’occupes plus de moi dans ces cas-là et je me sens toute seule…
Marianne passa un bras possessif autour de la taille de Joey et enfouit sa main dans la pantalon, caressant farouchement une fesse ferme et douce. Joey ne fit rien pour l’en empêcait et il ne voyait d’ailleurs pas pourquoi il le ferait. Elle aimait, c’était ce qui comptait le plus.
Mais ilo gardait ses mains désespérement chachées dans les poches de son jean. Marianne commença à devenir quelque peu impatiente et, arrivé au haut des escaliers, elle fit glisser sa main vers le sexe de Joey. Ce dernier sentit une langue maladroite lécher son oreille…
-Je n’ai pas envie d’attendre plus, murmura Marianne en commençant à dégrafer le pantalon de son autre main.
Mais Joey n’était pas… ou plus de cet avis. Car, même si en temps normal il n’aurait pas était contre l’idée de le faire à même le tapis si sa paye s’en révélait plus lourde, il pouvait distonguer une forme recroquevillée contre le mur dans l’obscurité du couloir. Il n’eu aucun mal à le reconnaître. Ses bras entourant et serrant ses genous, son visage caché… Immobile…
Joey repoussa délicatement Marianne et lui montra d’une main la silhouette presque invisible. La bonne femme se retourna en marmonnant quelques phrases de mécontentement et resta pendant une ou deux secondes à fixer le couloir. Puis, elle haussa les épaules et souffla.
-C’est à cause de lui que tu te refuses ? Lui dit-elle.
Joey ne répondit pas.
-Il ne sert à rien… En voilà bien la preuve. Toujours à chialer dans son coin. J’ai bien du mal à croire qu’un être aussi inutile puisse être sorti de mon ventre… Bouh, rien que d’y penser… Cette douleur… Il a failli me tuer d’ailleurs !
Que pouvait-il répondre.
-Viens mon beau… Il ne nous dérangera pas, ne t’inquiètes donc pas. Il s’est se faire très discret.
Elle lui reprit le bras d’une main ferme et s’aventura dans le couloir d’un pas décidé.
Théo ne bougea pas lorsqu’ils passèrent devant lui. Les avait-il remarqué ? Entendu ? Senti… Joey détourna les yeux… non. Il baissa les yeux vers ses pieds. Ces pauvres baskets pourries qu’il aimait tant et qu’il gardait avec lui depuis tant d’années. Ces pieds… Ses pieds étaient beaucoup plus intéressants !!!
Et Marianne continuait de la tirer vers sa chambre. « Il sait se faire très discret… Il est inutile… toujours à chialer… ». Ces mots se répétaient dans son crane telle une musique sourde et incessante qui l’empêchait d’entendre quoi que ce soit d’autre. Inutile… Théo ? Cette forme qui gisait dans un coin du couloir, dans le noir, seule… était inutile ? Elle le semblait tellement…
Ils passèrent donc devant l’objet de toutes ces questions et arrivèrent à quelques mètres de là devant la porte de la chambre de Marianne. Une porte qui, Joey en était sûr, le mènerait tout droit vers la fin de l’histoire. Celle qui commençait à s’écrire entre lui et l’ « inutile de la maison » . Il resta là, abandonnant la vision passionnante de ses pieds pour une autre tout à fait différente mais tellement plus fascinante, la simple planche de bois vernis qui semblait le narguer dangereusement.
Ce n’était pas ce qu’il voulait. Depuis le début il s’était fixé un but dans cette baraque ! Et il n’avait jamais perdu ! Jamais il n’avait… perdu un de ces stupides paris…
Marianne posa une main sur le bec-de-canne et commença à le baisser. Mais elle suspendit son geste et se tourna vers Joey, un sourire idiot aux lèvres (qu’elle voulait pourtant le plus séduisant possible…). Elle attrapa Joey par la taille et le serra contre elle. Se hissant sur le pointes des pieds elle ouvrit la bouche et entreprit de continuer ce qu’elle avait débuter quelques minutes plus tôt…
… Joey posa une main sur ses lèvres et la repoussa.
Marianne retomba sur ses pieds et voulut protester mais les yeux de Joey étaient si froids qu’elle se sentit brusquement incappable deprononcer le moindre mot.
Le jeune homme se pencha vers elle :
-Attendez-moi là ma douce et je vous promet de vous offrir la nuit la plus mémorable de votre vie.
Joey abandonna une Marianne abasourdie qui suivait le moindre de ses mouvements et s’approcha de la silhouette frêle recroquevillée contre le mur à seulement quelques mètres d’eux.
Il s’agenouilla devant lui, une main se posa doucement sur son bras et l’autre vint s’enfouir dans les cheveux ébènes d’une douceur incomparable. Il sentit le corps sursauter légèrement à ce contact et redoubla de douceur.
Sans un mot, il glissa sa main à travers les mèches et entra au contact de sa joue, puis sous le menton qu’il releva… l’obligeant alors alors à lui faire face.
Théo ne le regarda pas en face. Ses yeux en plus d’être indéfiniment cachés derrière les verres de ses lunettes étaient étrécis, comme s’ils étaient fermés. Mais il n’en fallut pas plus pour remarquer les traces à peine séchées des larmes qui rougissaient ces yeux perdus. Joey esquissa un sourire en passant ses doigts sur ses joues… puis en éfleurant une paupière qui s’ouvrit brusquement, dévoilant une pupille terriblement brillante et étonnée.
Passer devant lui… Sans un regard… S’embrasser, se toucher… alors qu’il est là… Sans un mot doux… sans un mot de réconfort…
Mais Joey n’était vraiment pas doué pour ce genre de chose. Réconforter les gens ? Non mais quelle idée ! L’avait-on réconforté lui quand il pleurait ?
Mais ces yeux… Comment faisait-il pour ne pas l’embrasser là, maintenant… Mmmmmmm, l’envie était vraiment trop tentante. Non, patience, il ne s’agit que d’une question de patience et rien de plus. Il devrait attendre. Le plus important… était de gagner sa confiance non ? Enfin, c’est ce qu’il pensait alors qu’il se retrouvait ridiculement agenouillé par terre à tenter de faire passer un infime sentiment de réconfort dans le regard qu’il lançait au jeune homme…
Les lèvres de Théo bougèrent un peu et il ne lui fallut pas grand chose pour comprendre, son nom se dessinait sur les lèvres du jeune homme en un exquis murmure qui aurait presque paru plus que sensuel dans une autre situation… Une invitation… Mais il n’en était foutrement rien ! Quel dommage se dit Joey.
Mais qu’est-ce qu’il était en train de penser là ! Idiot ! Il est en train de déprimer dans son coin et toi tu penses encore au sexe ?!!!
Irrécupérable ! On ne pourra vraiment pas me refaire.
Joey approcha un peu plus son visage de celui de Théo qui écarquilla alors les yeux. Il lui murmura :
-Je viendrai… tout à l’heure. D’accord ?
Pourquoi lui demandait son avis ?!!! Il savait très que Théo refuserait ! Mais ça fait un peu plus poli de demander l’autorisation même si on sait très bien qu’on ne la suivra pas…
Ce fut au tour de Joey d’ouvrir de grands yeux lorsque Théo secoua légèrement la tête en un signe d’approbation. Savait-il seulement ce qu’il faisait ? Il lui permettait de venir…
Idiot fini !!! Il te permet de venir le voir certainement pas pour que tu lui sautes dessus ! Il n’y penses même pas j’en suis sûr…
-Joey ! Je crois avoir assez attendu.
La voix de Marianne le ramena brusquement à la réalité. Le devoir l’appellait… Mais il se surprit à n’avoir aucune envie de quitter Théo des yeux… Si ça se trouve, il l’accepte seulement par ce qu’il est plus que désespéré et qu’il a peur de faire une bêtise !
Joey secoua un peu la tête pour repousser ces idées ridicules qui néanmoins le tracassaient plus qu’à l’ordinaire. Il se tourna à nouveau vers Théo qui ne détachait pas son regard rouge de lui. Il lui sourit une nouvelle fois et l’obligea à pencher la tête vers lui. Le plus délicatement possible il déposa le bout de ses lèvres sur le front du jeune homme et se leva enfin.
Sans le regarder une dernière fois il entra dans la chambre avec Marianne.

A suivre…


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MessagePosté: 25 Aoû 2005 16:21 
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Inscription: 17 Jan 2004 13:57
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Localisation: ♫ J'ai longtemps cherché un paradis sur Terre... ♫
Ouf... je viens de me rendre compte que j'ai presque retenu mon souffle en lisant tes deux chapitres !! C'est vraiment palpitant !!

:suite:

Cybelia.


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