Chapitre 57 : On reste ensemble !
Chez les Barton, le mois de juin se terminait, il faisait un temps magnifique. Depuis quelques jours Steve et Buck parlaient de partir. Sam était venu leur rendre visite, il comptait leur faire visiter plusieurs appartements sur Brooklyn. Sam attendait qu’ils se décident à partir pour rentrer avec eux à New-York. Laura et les enfants étaient tristes : ils avaient envie de garder les deux hommes avec eux. Ce dimanche matin, de bonne heure, Clint et sa femme allèrent frapper à la porte des deux hommes.
- On peut vous parler ? Demanda Clint.
Dans la chambre, Steve se réveilla en marmonnant :
- Pourquoi ? qu’est ce qui se passe ?
- Laura et moi on a un truc important à vous dire.
Buck émergeait lentement, il se redressa, s’assit près de Steve. Celui-ci répondit :
- Oui, vous pouvez entrer.
Les Barton vinrent s’asseoir sur le lit. Clint plaisanta :
- Faites pas cette tête là, on ne va pas vous faire cuire à la broche !
Steve haussa les épaules en bougonnant :
- On dormait, nous, vous avez vu l’heure ?!
- On ne pouvait pas attendre, fallait qu’on vous parle.
Buck s’étira.
- Bon, dîtes-nous tout.
Ce fut Laura qui commença.
- On a eu une idée avec les enfants et Clint, parce qu’on voudrait que vous ne partiez pas.
Steve observa :
- On ne peut pas squatter chez vous éternellement, vous le savez bien.
- Justement, fit Clint, on a pensé à ça, aussi. Sam a visité des appartements à Brooklyn qui coûtent les yeux de la tête, je vous ai vu faire la grimace !
- On se débrouillera, assura Steve.
- Vous voulez vraiment vivre à Brooklyn ?
Buck répondit :
- Ça me disait bien…
- Dans ce cas, tant pis, soupira Clint.
Buck, curieux, poursuivit :
- Dîtes-nous quand même votre idée, ça m’intéresse.
Clint reprit :
- Laura et moi on pensait au terrain de l’autre côté de la grange… il est constructible, bien situé, tranquille. Si ça vous dit, on vous en fait cadeau.
- Le terrain où vous tirez à l’arc et jouez avec les enfants ? s’étonna Steve.
- Il y a de la place ailleurs ! Les enfants sont d’accord. Vous pourrez y construire votre maison…
Les deux hommes se regardèrent. L’idée était tentante, l’un comme l’autre n’avait guère envie de partir. Ils traînaient de la semelle et seul le fait de se sentir comme deux intrus chez les Barton les faisait se décider s’en aller. Ce fut Steve qui remarqua :
- Buck et moi, on n’est pas charpentier, je me vois mal en train de construire une maison…
Clint sourit :
- Je connais une très bonne entreprise à Grand Valley, c’est pas un problème, ils nous donnerons un bon coup de main… si ça vous dit, bien sûr…
Steve hésitait. Buck était tenté, pourtant il constata :
- Ça ne vous embêterait pas d’avoir des voisins comme nous ?
Laura répliqua :
- On serait ravi ! Personne ici n’a envie que vous partiez ! c’est juste que vous avez besoin de votre « chez vous » !
Buck échangea un regard avec Steve. Celui-ci décréta :
- C’est toi qui décide.
- C’est tentant, j’aime être ici…
- Moi aussi, assura son compagnon.
Clint tapa sur l’épaule de Steve.
- Bah ! Dîtes oui alors !
- Sam va être déçu…
- Pourquoi ? Il comptait partager votre appartement ?
Steve secoua la tête.
- Non, évidemment, mais on lui a fait visiter des appartements en pure perte, il ne va pas être content…
- On a le droit de changer d’avis ! Et puis, Laura et moi on ne vous propose ça qu’aujourd’hui, vous ne pouviez pas y avoir penser avant, c’est pas votre faute !
Buck expliqua.
- Je comptais aller vivre en ville, parce que j’y avais des souvenirs… mais maintenant, j’ai des souvenirs ici… J’aime la campagne… et votre compagnie…
Steve n’hésita plus, si Buck en avait envie, ça simplifiait tout, il décida :
- On est d’accord, je parlerais à Sam, il comprendra.
Il referma sa main sur l’épaule de Clint en ajoutant :
- Vous êtes des amis précieux… j’avais décidé d’aller travailler pour une agence de pub à Brooklyn, c’était loin de m’enchanter, mais il fallait payer le loyer… ici, je pourrais peut-être trouver un travail plus honorable…
- Je te trouverais ça, promit Clint, je connais du monde dans le coin. Il faudrait juste de quoi commencer les travaux. Laura et moi on peut vous aider…
Steve l’interrompit.
- Pas besoin, j’ai un peu d’argent de côté, Buck et moi on se débrouillera, vous avez été assez généreux comme ça… On ne sait déjà pas comment vous remercier…
Laura fronça les sourcils.
- Vous rigolez là ! Tous les jours, je regarde Lila en me disant qu’elle est là grâce à Bucky ! Vous offrir ce terrain, c’est le moins qu’on puisse faire !
- Elle a raison, ajouta Clint.
Buck jeta ses bras autour du cou de Laura.
- Merci, au fond, je n’avais pas envie de retourner à New-York. »
Clint et Laura étaient ravis, les enfants le seraient aussi.
Ils l’annoncèrent à midi, en se retrouvant tous à table. Nathaniel lança sa serviette en l’air et la réceptionna sur le nez, il décida :
- Moi ! Je vous aiderai à faire votre maison.
Cooper répliqua :
- Toi, tu feras comme nous, en septembre, tu rentres à l’école !
- Non, je veux pas !
- T’as pas le choix, c’est comme ça !
Le gamin rétorqua :
- Je sais lire, les autres de mon âge y savent pas ! Alors pourquoi j’irai avec eux !
Sa mère répondit :
- Parce que je veux que tu joues avec des enfants de ton âge.
Nathaniel bouda. Buck dit doucement.
- Tous les enfants vont à l’école… tu sais si Steve et moi on reste ici, t’auras tout le temps de nous voir, le soir et les jours où il n’y a pas d’école, faut pas t’en faire pour ça.
Nathaniel se serra contre le bras d’acier, il tira la langue à son frère qui n’en fit pas cas. Ce fut Sam qui prit la parole pour bougonner :
- Tout ce mal pour trouver des appartements libres dans Greenpoint et ses deux là changent d’avis !
- C’est notre faute, dit Laura, on leur propose ça qu’aujourd’hui…
- Oh ! c’est pas grave ! Assura Sam, moi, y’en a un qui me botte un appart ! Et une petite voisine charmante en plus !
Nathaniel s’empressa de poser sa question habituelle :
- Tu vas te marier ?
- Eh ! Deux minutes papillon ! Je ne l’ai vue que deux fois !
Clint demanda :
- Tu comptes le prendre ?
- Et comment ! Si ces deux crétins n’en veulent pas, je le prends ! Une petite perle et pas si cher pour un coin comme Brooklyn !
- Et bien, tout le monde est content, alors, conclut Laura.
- Oui, affirma Nathaniel, ça ne me plaît pas d’aller à l’école, mais je suis content, parce que Buck et Steve y resteront avec nous ! Moi, je ne voulais pas qu’ils retournent à New-York !
Son père lui montra son assiette.
- Tais-toi un peu, la pipelette, et mange ta purée. »
Le gamin obtempéra en enfournant une grande cuillerée de tubercules écrasés. Steve fit un baiser sur la tempe de Buck : il était satisfait de le voir heureux...