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Le mal de tête le réveilla. Un énorme tambour jouait dans sa tête et ça ne s’améliora pas quand il essaya d'ouvrir les yeux. Le cerveau dans le brouillard, il cligna plusieurs fois des yeux essayant de comprendre où il était exactement. Il essaya de se redresser mais son bras était coincé sous le poids lourd qu’il identifiait maintenant comme Danny. Le soulagement de le voir en apparente bonne santé et surtout proche de lui fut de courte durée car Danny, qui se réveillait lentement aussi, s'éloigna brusquement, tirant sur le poignet gauche de Steve lui envoyant une décharge de douleur.
- Qu'est-ce que ...?
Danny s'éloigna de nouveau, n’y voyant rien dans l’obscurité de la pièce et finit par être ramené vers Steve. Le brun put entendre la panique dans la voix de Danny
- Putain, qu’est-ce qu’il…
Steve dont la vision s’était grandement amélioré, enveloppa son bras droit, celui qui est libre de bouger, autour du corps de Danny, le tenant contre le sien.
- Danno, calme-toi une seconde.
Miraculeusement, Danny le fit sans hésitation. Steve sentit Danny reprendre son souffle alors qu'il s'affaissait contre lui. Steve baissa les yeux, les yeux se fixant sur la pièce sombre. Les menottes scintillaient grâce au rayon de lumière qui traversait l’obscurité depuis le plafond alors qu'il bougeait son poignet.
- Ce sont tes menottes, dit Steve en levant légèrement son bras, entrainant Danny avec lui.
- Ouais ..., répondit simplement Danny, et les deux regardent leurs bras joints, chacun le poignet gauche enserré pendant quelques instants, Danny se reposant toujours contre Steve, le dos contre sa poitrine.
Le silence se brisa après quelques instants lorsque Danny se redressa, sa main gauche tendue pour ne pas entraîner Steve.
- Qu'est-ce qui s'est passé ? questionna Danny, les yeux scrutant frénétiquement leur nouvel environnement. Où sommes-nous ?
- Ils sont arrivés par derrière, on s’est fait avoir comme des débutants.
Steve scanna lui aussi la pièce du regard. Une petite pièce, étroite, porte en métal et aucune fenêtre. Le rayon de lumière provenait du plafond en mauvais état. Il remarqua également qu'aucun d'eux ne portait plus de chaussures, de ceintures ou de montres. Pas d’arme ou de badges non plus.
Steve se leva également finalement et commença à marcher vers la porte. Danny le suivit sans même tirer sur les menottes et Steve aurait été étonné de leur parfaite synchronisation s'il n'avait pas été si occupé à essayer de trouver un moyen de sortir de là.
Par acquis de conscience, il essaya d’ouvrir la porte, pas surpris de constater qu'elle ne bougea pas d’un millimètre. Steve se frotta les yeux avec sa main libre, essayant de remettre les pièces ensembles.
- Pour une fois que je t’avais convaincu d’attendre des renforts, maugréa Danny. C’était un taser, me semble-t-il. Ça doit expliquer mon impression d’avoir des picotements partout dans le corps.
Steve hocha la tête et passa sa main dans ses cheveux en se frottant l'arrière de la tête.
- Je pense que ma tête a rencontré un peu trop fortement le bitume en m’écroulant.
- Merde, réagit Danny tournant rapidement Steve vers lui alors qu’il commençait à vérifier l’endroit que son coéquipier frottait il y avait une seconde. Ça te fait mal ?
- Danny, je vais bien, lui assura-t-il.
- T’es nauséeux ? Etourdi ?
Les doigts de Danny glissèrent jusqu'à la nuque de Steve avant de lâcher prise. Ce geste donna un petit frisson dans la colonne vertébrale de Steve. Il espéra que son ami ne l’avait pas remarqué
- Sais-tu en quelle année nous sommes ?
- Danny, grogna Steve. Je n’ai pas de commotion cérébrale.
- Bien évidemment, puisque tu es invincible.
- Parce que je peux reconnaitre une commotion cérébrale quand j’en ai une, Danny. Et ce n’est pas ça. Je viens bien.
Steve lui offrit un sourire qui se voulait rassurant.
- Très bien, soupira Danny, un peu tranquillisé ou qui fit semblant de l’être.
Il regarda autour de lui, comme si une issue était apparue miraculeusement à la dernière minute.
- Merde, jura Danny et il leva les mains pour lancer une bonne diatribe tirant à nouveau sur les menottes.
- Tu peux arrêter de parler avec les mains s’il te plait. On va s’arracher la peau si tu continues à tirer comme ça.
Il serra sa main dans celle de Danny.
- Ca va être romantique.
Avant que Danny ne puisse commenter, il le tira vers le mur opposé pour étudier l’endroit.
- La composition des murs est étrange, on dirait que c’est assez fin, remarqua Steve en tapant du pied dans le bas du mur.
- Malgré tout, nous ne pourrons pas le détruire à coup de pied, Super Seal. Et je suppose que vous n’avez pas de grenade dans votre poche.
- Ils nous ont pris nos chaussures et nos armes, Danno, grogne Steve, tu penses vraiment qu’ils me laisseraient le contenu de mes poches ?
- Tu…, Danny hésita une seconde. Tu n’as pas vraiment de grenade dans tes poches, n’est-ce pas ?
Steve lui répondit simplement par un sourire.
- Viens. Donne-moi un coup de main. On va essayer la porte.
Leurs mouvements étaient limités par les menottes, jusqu’à ce que Steve soulève son bras gauche pour permettre à Danny de se pousser entre Steve et la porte.
- Je dois te dire, bébé, commença Danny, les épaules maintenant pressées contre la poitrine de Steve alors que les bras de Steve le soutenaient. Si c'est ton idée de romance, je comprends pourquoi tu es encore célibataire.
Steve renifla et résista à l'envie de dire quelque chose de vraiment stupide, et dit plutôt :
- Quoi? Chaque bonne date ne commence-t-elle pas par un petit enlèvement et une paire de menottes ?
- D'habitude, je garde les menottes quand la soirée se passe vraiment bien, se plaint Danny, puis regarda par-dessus son épaule pour faire un clin d'œil à Steve ce qui lui rendit la bouche sèche.
Steve était sur le point de dire quelque chose lorsque la pièce commença à bouger.
- Putain, tremblement de terre !
- Non, j’crois pas.
- Alors tu m’expliques pourquoi tout le sol bouge sous nos pieds.
La secousse se calma puis se stabilisa dans un doux ronronnement.
- On est sur un bateau, réalisa le blond.
- Qui vient de démarrer. On part en mer.
Ils se regardèrent, chacun comprenant que cette nouvelle n’était pas excellente pour eux.
- Pas besoin de préciser que là on doit vraiment se concentrer sur un plan de secours ?
- Chin et Kono ne peuvent pas savoir où nous sommes. Nous ne pouvons compter que sur nous.
- Notre fenêtre de sortie est lorsqu’ils ouvriront la porte.
- Tu veux dire avant qu’ils nous descendent et nous jettent à la mer. J’suis d’accord.
- Sans arme et sans savoir combien ils sont, impossible de penser avoir le dessus.
- Tu préconises quoi ?
- Il faut que nous puissions atteindre le bord de notre plein gré.
- Nager ?! Tu plaisantes, j’espère ? Avec ces menottes et si loin de la côté ?
- Si t’as une autre idée, vas-y hein ! s’énerva Steve. Et pour les menottes, je gère. Le seul paramètre qu’on ne maitrise pas vraiment et le fait qu’ils ouvrent la porte avant qu’on soit en plein milieu de l’Océan Pacifique.
Steve fit un mouvement pour pouvoir atteindre sa main gauche avec sa main droite et d’un geste sec et sans hésitation il déboita son pouce, tira sur sa menotte, s’arracha de la peau et ne put au final s’empêcher de pousser un petit cri de douleur.
- Qu’est-ce qu’il y a ? Qu’est-ce qu’il est arrivé ? Oh merde Steven, qu’est-ce que t’as foutu !
- Pas de trousse de secours dans tes poches, j’imagine, murmura Steve, ne s’attendant pas à une réponse.
Steve inspira brusquement alors que les doigts de Danny sondent sa main, et il ferme les yeux et essaie de respirer à travers la douleur. C’est le son de la déchirure du bas de la chemise de Danny lui fait rouvrir les yeux.
- Qu’est-ce que tu fous ?
- J’essaie de te bloquer le pouce dans l’axe de ta main, histoire qu’à la fin de toute cette merde, tu puisses encore t’en servir.
Ils furent silencieux pendant de longues minutes, la douleur dans la main de Steve s'enflammant de temps en temps tandis qu’il essayait de concentrer son attention ailleurs.
Et puis la porte s'ouvrit et trois hommes entrèrent dans la pièce. Comme un seul homme Danny et Steve se précipitèrent vers eux, ignorant leur arme, préférant l’effet de surprise, quelques coups, une bousculade. Ils se retrouvèrent dans le couloir, Steve attrapa de sa main valide celle de Danny toujours entourée de la paire de menotte se balançant dans le vide. Il croyait reconnaitre le modèle de bateau et voulait l’entrainer le plus rapidement vers le pont. Il pouvait entendre les menottes tinter.
- Par-là Danny, on approche, l’encouragea-t-il alors qu’ils entendaient derrière eux les hommes armés, des coups de feu sifflant autour d’eux.
Sur le pont, à la vue de l’eau, Steve sentit un mouvement de recul de Danny, il n’hésita pas une seule seconde, raffermit la prise sur sa main et l’entraina par-dessus bord.
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