ok, la suite a mis carrément plus de temps que prévu, mais elle a le mérite d'être là
bonne lecture
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Danny vint le récupérer le lendemain matin pile à l’heure pour aller chez son avocat. Aucun mot superflu ne fut prononcé dans la voiture. Danny était déjà concentré pour le prochain rendez-vous. Steve lui n'avait pas bien dormi, l'excellente idée de la veille ne lui paraissait plus si merveilleuse. La peur de souffrir mais également de perdre Danny l'avait tiraillé toute la nuit. Il ne pouvait pas obliger Danny à ressentir les mêmes choses que lui, sa précipitation le perdra un jour. Il avait réussi à être en paix avec ses sentiments et voici qu'il se lance sans réfléchir à faire passer l'homme dont il est amoureux pour son petit ami stable. Danny conduisait à sa gauche, il ne l'avait pas laissé prendre le volant et Steve n'avait pas objecté. Le blond voulait très probablement garder un semblant de contrôle.
- Bien, messieurs, je suis content que nous puissions nous voir avant la reprise de l'audience. Il me paraît essentiel que nous puissions parler franchement de la procédure de garde de grâce sans rien omettre.
- J'ai bien compris, Maître, nous avons bien compris, offrit Danny qui n'avait qu'une seule envie, s'enfuir.
- Je connais déjà la vie de monsieur Williams, son seul problème, entre guillemets entendons-nous bien, est son absence de logement fixe et décent. Vous êtes passé d'appartement en appartement ces dernières années, nous en avions déjà parlé lors de nos précédentes entrevues.
- Vous savez bien que je n'ai pas réussi à trouver une location à un prix convenable. Il faut soit être milliardaire ou héritier dans cette île !
Danny se tut immédiatement, pensant à comment Steve avait hérité de la maison. L'assassinat de son père n'était peut-être pas la meilleure façon de devenir propriétaire.
- Bref, je n'ai effectivement pas trouvé de logement parfait, mais ils étaient presque tous complètement acceptables pour recevoir Grâce, je ne savais pas qu'il faut être milliardaire pour être un bon père, s'agaça-t-il.
- Nous présenterons tous ces points au juge bien évidemment. Mais vous aviez également présenté le domicile de monsieur McGarrett comme un endroit privilégié pour passer vos week-ends. Maintenant que la raison est connue de tous, nous pouvons revenir sur ce point.
Sa dernière phrase avait été ponctué d'un petit sourire attendri et complice. Définitivement leur premier fan l'avocat.
- Danny et Grâce viennent effectivement presque tous leur week-end chez moi, j'ai de la place, plusieurs chambres, l'accès à la plage et surtout j'en ai l'envie. J'aime les avoir à la maison avec moi, ils rompent ma solitude. J'aime Grâce comme si elle était ma propre fille ou nièce si le terme ne vous convient pas. Elle m’appelle Oncle Steve et j'espère vraiment qu'elle le fait par envie et parce qu'elle ressent le même lien que moi. Dès notre rencontre à un match de football…
- Que l’on ne mentionnera peut-être pas vu l'issue, le coupa Danny.
- Depuis ce jour-là, j'ai toujours ressenti l'envie et le besoin de protéger Grâce ainsi que Danny. Ils sont importants pour moi, très importants. Je ferai tout pour eux, et Danny sait qu’avec moi, tout n’est pas un mot en l'air.
Danny s'était retourné vers son partenaire, surpris et quelque peu ému. Steve ne parlait rarement plus de deux phrases d’affilée et encore plus rarement pour une déclaration. Toutefois il ne doutait absolument pas de sa sincérité, il suffisait de le voir quelques minutes avec Grâce pour savoir qu'il l'aimait réellement.
- Justement monsieur McGarrett, c'est bien de votre réputation et de vos aventures dont il va être question. Vous êtes connu sur île, positivement connu bien sûr, pour les succès de votre équipe, toutefois tout le monde connaît également votre côté aventurier et comment dirais-je impulsif.
- Vous voulez dire qu'il est du genre à sauter d'un immeuble sans parachute ?
- C'est vous le dites, monsieur Williams mais oui quelque chose comme ça.
- Alors oui, c'est bien Steve ça, confirma-t-il en tapant le brun sur l'épaule.
- Vous comprendrez que cela peut poser problème à la Cour.
- Maître, je n'ai jamais mis en danger de quelque nature que ce soit et croyez que si c'était le cas, Danny serait parti depuis longtemps. Plus jamais il ne m’aurait laissé approcher Grâce. Sa fille est sa priorité numéro 1, plaida Steve sortant de son silence.
Il n'osait pas trop parler, de peur de contrarier Danny ou d'aggraver son dossier encore plus.
- Je n’en doute pas monsieur Garrett, mais il faut que je trouve un angle d'approche ou du bien de défense si l'avocat de madame Edwards venait sur terrain.
- C'est votre travail. Steve n'a pas à se justifier sur sa façon d'être ou son travail.
- Je ne demandais pas à votre compagnon de se justifier. J'ai besoin de le connaître pour pouvoir travailler au mieux. Je suis votre avocat monsieur Williams mais aussi le sien par extension. Passons à autre chose voulez-vous, racontez-moi.
L'homme de loi s'était adossé à son siège, d'une posture plus détendue et observait Steve.
- Tout ?
- Tout. Comment. Pourquoi. Qui. Quand. Vos intentions. Vos espoirs. Grâce. Daniel. Tout.
Steve se tendit, jeta un coup d’œil à Danny. Celui-ci souriant lui fit passa la main sur la cuisse, le rassurant et l'incitant à y aller. La communication non-verbale entre les 2 coéquipiers ravit leur interlocuteur. Il avait rarement vu deux personnes aussi connectées.
Steve se gratta le front, incertain. Le sourire de Danny, le premier vraiment détendu depuis ce matin l'apaisa. Steve étouffa un rire.
- J’ai rencontré Danny dans le garage chez moi, chez mon père à l'époque. Mon père venait d'être assassiné et Danny était le policier en charge de l'enquête. On avait chacun un flingue à la main. Danny a refusé de reculer. On a décidé de faire équipe.
Danny toussa ostensiblement à ses derniers mots, Steve choisit de l'ignorer, il était lancé et éprouvait le besoin de parler finalement. Peut-être qu'après toutes ses années, il avait besoin de le dire à son partenaire.
- Puis Danny s’est fait tirer dessus. Il m’a frappé. J'ai été intrigué. Ce qui m’intriguait c’était le respect et l’admiration que j'ai immédiatement ressenti pour cet homme. J’ai alors su que je ne pouvais pas le laisser partir. J’ai appelé le Gouverneur pour qu’il soit mon partenaire au Five-0. C'est une décision que je n’ai jamais regrettée. Le temps a fait le reste, je ne pensais jamais devenir aussi proche de quelqu'un que de Danny. Il me connaît mieux que quiconque.
Clignant des yeux pour chasser l'embarras, Steve se tut un moment.
- Monsieur McGarrett, sachez que je n'utiliserai pas ce qui est dit ici pour une déclaration devant le juge. Mais vous comprendrez que j'ai besoin de vous connaître pour pouvoir vous défendre et empêcher la remise en question du droit de garde.
Steve hocha positivement de la tête, sans oser regarder Danny à ses côtés. Lequel ne bougeait plus un cil, complètement saisi par les paroles de son patron.
- Jamais dans ma vie, je n’aurais pensé que nous serions si proches, j'ai eu beaucoup de compagnons d’armes pour lesquels j’avais une confiance aveugle, cependant ce que je ressens pour Danny dépasse la confiance, je ne pensais pas qu’il en viendrait à signifier tant, mais c’est ainsi et je ne peux plus imaginer ne pas l’avoir à mes côtés.
Prononcer ces mots à hautes voix le libérait profondément. Lui le Navy Seal qui ne permettait à personne d’être trop proche. Danny, mais aussi Kono et Chin avaient chamboulé sa vie.
Le silence du bureau était assourdissant. Danny gigota sur son fauteuil mal à l'aise.
- Et ben, quand tu commences à parler babe, dit-il. Maître, je pense que vous avez eu la plus longue prise de parole de Steve depuis très longtemps.
Le brun ne regrettait pas ce qu'il venait de déclarer mais aurait aimé quitter la pièce. Ce n'était pas encore pour tout de suite, l'avocat demandait à Danny de commenter ce qui venait d'être dit. A vrai dire, l'homme de loi n'avait pas besoin de plus pour comprendre leur relation, la vérité et la sincérité de l'amour qu'il venait d'observer dans les yeux du patron du Five-0 lors qu’il parlait ou osait jeter un œil vers son conjoint valait bien plus qu’un long discours. Il se fit la promesse de gagner auprès du juge.
- Monsieur Williams, je pense que c'est à vous de m'expliquer en quoi la présence de Steve à vos côtés peut-être un plus pour la garde de grâce, comment contrer les arguments de la côté adverse.
- Euh, que dire, Steve en a déjà tellement dit hein, rit Danny pour cacher son embarras. C'est certain que la rencontre avec Steve a été déterminante, la vie est devenue plus facile, plus agréable. Je me plains moins d’Hawaï, de la plage, des ananas.
Il réfléchit encore.
- Au lieu de rester dans mon appartement avec Grâce les week-ends, nous visitons maintenant l'île, ce qui la ravit. Steve vient très souvent avec nous. Peut-être que j’étais même plus détendu avec Rachel, sur les questions de garde j’veux dire. Steve doit m’apaiser, plus qu’une fois dans la discussion devenait houleuse entre elle et moi, je vois Steve lever un côté de sourcil ou tousser discrètement, j’arrive à me calmer, à relativiser. Avec tout ce qu’il m’a déjà fait subir au travail, je suis obligé de relativiser. Malgré les flagrantes différences entre nous, ou peut-être à cause d’elles, je ne peux plus imaginer meilleure personne pour moi. Et même très certainement que je ne trouverai jamais meilleure personne pour Grâce et moi.
Steve essayait de ne pas oublier que Danny devait jouer leur relation devant son avocat, il essayait de ne pas laisser son cœur s’emballer inutilement.
L’homme de loi conclut l’entretien en les remerciant et leur assurant que tout serait fait au mieux, qu’il leur donnerait des nouvelles très vite.
A la sortie du cabinet, aucun des deux hommes n’avait prononcé mot. Danny, comme dans le bureau, s’obligea à essayer d’alléger la situation par une pirouette.
- Bah dites donc, tu t’en es carrément bien sorti. T’étais hyper dedans, on dirait que t’avais fait toute ta vie.
Steve lui jeta un regard désabusé et triste qui le surprit. Son ton fut de même.
- Je n’ai pas menti sur un seul mot. Ecoute là, je ne rentre pas avec toi, on se voit demain au bureau, envie de marcher un peu. Pas de souci hein mec.
Il ne lui laissa pas le temps de répondre et s’éloigna à grand pas. Il avait vraiment besoin de marcher, de courir et très probablement d’un sac de frappe.
Danny stupéfait, se sentit ensuite curieusement heureux quand il remarqua que pas une seule fois lui non plus n’avait menti lors de l'entretien. Tout était vrai.
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