Envie d'une petite fic qui change sur le couple Jamie Lannister / Jon Snow de Game of Throne
Pas trop sûre que ça plaira, mais bon, on va essayer quand même
Saison 5, se situe avant la scène finale.
Le Loup et le lionCersei ressemblait de moins en moins à celle qu'elle était autrefois. Chaque jour, elle semblait plus dure, plus froide, moins accessible. Et Jaime savait pourquoi. Elle avait peur. Peur pour ses enfants sur lesquels elle veillait comme une louve blessée. Pour les protéger, elle n'avait aucune limite, aucune compassion. Et lui... Eh bien , il exécutait ses moindres caprices sans chercher à la contrarier, conscient qu'elle ne pouvait pas entendre raison.
Joffrey était mort. Et Tommen paraissait si tendre. Si fragile... Il en avait conscience lui aussi. Mais pouvait-on lutter contre le destin ? Parfois il semblait à Cersei que Jaime avait baissé les armes. Et, de fait, le Régicide qu'il était faisait preuve d'un cynisme confinant au fatalisme. Il n'avait plus vraiment foi en quoi que ce soit... Ses pas ne le menaient pas vers Port Real. Il avait besoin de souffler un peu. Mais surtout. il avait échoué. Comment reparaître devant elle avec Myrcella entre la vie et la mort ? A quoi rimait tout ça? Il se sentait vide, las, amer. Régicide apatride. Il décida naturellement de s'enfoncer vers les terres du Nord, pour aller voir le Mur. A tort ou à raison, il se faisait une idée de ce lieu comme celui d'un lieu cathartique, où se ressourcer et réfléchir. Une sorte de bout du monde. Et il n'avait pas imaginé un seul instant que le Lord Commander de la garde de nuit qui régnait par delà ces terres était la dernière personne qu'il pensait retrouver là.
Sitôt entré dans la cité, leurs regards se croisèrent à distance.
Jon Snow, le fils illégitime du Nord. Face à lui,
Jaime Lannister, membre de la garde royale.
Le corbeau détourna les yeux le premier pendant que le second se demandait s'il devait craindre pour sa vie. Il était l'ennemi juré des Stark, inutile de se voiler la face. Il avait poussé le jeune Brandon du haut d'un mur, participé à la chute de leur père et il se trouvait à la merci d'un des derniers descendants de la famille encore en vie, dans un lieu isolé, sans appui autre que le mercenaire qui l'accompagnait.
- Vous n'êtes pas le bienvenu ici,
Régicide, déclara enfin le maître des lieux en s'approchant de lui.
Jamie sourit.
Évidemment qu'il ne l'était pas. Mais comment pouvait-il savoir ? Un sourire acide, face à l'ironie du sort qui le renvoyait devant ses fautes.
- Que venez-vous faire ici ? reformula l'autre, plantant ses yeux d'un noir intense dans les siens.
- Fuir.
- Fuir ?
Ils se turent un instant, se jaugeant sans urgence. Jaime avait beaucoup changé depuis leur dernière rencontre. Pas seulement sa main. Ou sa coupe de cheveux. Mais une attitude générale. Il semblait moins flamboyant aussi. Plus désabusé peut-être. C'est ce qu'il parut à Jon lorsque son invité de fortune partit dans un rire sans joie.
- Que craignez-vous
Lord Snow ? Il accentua volontairement le nom avec une note de condescendance, marque de fabrique Lannister. Il crut entendre son propre père en s'entendant parler de la sorte et se radoucit légèrement.
- Que craignez-vous de moi, je ne suis plus aussi adroit qu'autrefois.
Il montra ostentatoirement sa main métallique. Mais le bâtard du Nord ne s'en laissa pas découdre :
- Votre principale arme a toujours été le verbe, et je m'en défierai tout autant aujourd'hui qu'hier.
Sur ce, il fit une légère révérence et indiqua à deux jeunes recrues qu'il fallait accompagner Lord Lannister dans ses quartiers. Ce répit parut de courte durée à Jaime qui se méfiait de tous même si, d'une certaine manière, il devait reconnaître que les Stark avaient toujours brillé par leur intégrité sans failles.
Quelle blague que l'intégrité dans un monde comme le leur ! Mais après tout, peut-être... Peut-être Snow pouvait-il pardonner ? Tyrion aimait bien le Bâtard, mais Tyrion avait toujours eu un faible pour les laissés pour compte... Et puis, lui n'était pas son frère, même s'il se trouvait d'un cynisme presque égal à celui du Gnôme ces derniers temps.
Il regarda un instant le Lord Commandeur qui tournait les talons. Aussi brun qu'il était blond; Aussi droit qu'il était corrompu. Oui, il pouvait comprendre que son frère ait de l'estime pour ce Stark-là.
*****
Le soir venu, il ne trouva pas le sommeil. Depuis longtemps, ses nuits étaient peuplées du visage tourmenté de Cersei, de Myrcella qu'il avait été incapable de protéger... Et s'il fermait les yeux trop longtemps, il lui semblait qu'un corbeau fondait sur lui armé d'une dague. Il respira, se demanda encore ce qu'il était venu chercher ici, si loin des siens. Il attrapa une cape et sortit de sa chambre pour se diriger vers les remparts du Mur.
- C'est haut, n'est-ce pas ?
Il tourna la tête vers celui qui parlait et le vit,
lui. Mais pas comme la veille. Il paraissait fatigué, les traits tirés, presque aussi las qu'il l'était lui-même. Rien d'étonnant après tout. Il avait perdu un père et un frère et puis, il n'avait pas de nom, et enfin, dieu seul savait ce que c'était de vivre ici dans l'obscurité, vouant sa vie à la garde de nuit.
- Je pensais...
- Vous n'êtes pas mon ennemi.
Un temps d'arrêt, une demi-hésitation.
- J'ai poussé votre frère du haut de ce mur, à Westeros.
Il vit ses poings se crisper même si son visage ne parut afficher aucune émotion particulière.
- Bran suit son destin. Je ne l'ai pas vu depuis si longtemps mais il m'apparaît tous les soirs dans mes rêves.
Un hurlement animal retentit du lointain, dans la nuit et il parut au plus âgé des Lannister qu'une ombre blanche se déplaçait là-bas quelque part au pied du mur.
Le loup albinos.- J'ai blessé votre père et mon... neveu l'a fait décapiter.
Il sentit qu'il avait touché un point plus sensible. Autant crever l'abcès... Il n'était pas vraiment fier de ses actes mais il ne les regrettait pas non plus, il avait agi en fonction de ses intérêts et de la place qu'il occupait.
- Vous voulez soulager votre conscience,
Régicide, ou bien êtes-vous venu ici chercher un juste châtiment pour vos crimes ?
Il n'aimait décidément pas ce qualificatif, il ne s'habituait pas à tout le mépris qu'il contenait. Il regarda le pommeau de l'épée du lord Commander, elle brillait d'un reflet particulier.
Une épée en acier Valyrien... Son cynisme et sa provocation avaient des limites. Il tenait à la vie.
- Non. je voulais être sûr que vous le sachiez et que personne ne vienne vous l'apprendre pendant mon séjour.
- Je le sais.
La phrase était froide, mais le regard noir, toujours perdu dans le vague.
- Qui est votre ennemi alors ?
- Nos ennemis sont si puissants et si nombreux qu'il nous faut prendre sur nos émotions pour rester unis face à eux. Toutes les fines lames de chaque royaume nous seront utiles, fussent-elles brandies par des hommes sans aucune morale...
- Les marcheurs blancs... Alors c'est donc vrai ce qui se raconte ?
Jon Snow hocha la tête et Jaime se trouva soudainement sans voix. La détermination donnait un charisme particulier à ce visage pâle encadré de cheveux d'un noir opaque. Le port altier, la prestance de cet homme lui apparurent dans toute leur réalité.
- Qui voulez-vous sauver ?
Jon sembla égaré devant cette question, il regarda son hôte comme s'il le voyait pour la première fois et si l'heure n'avait pas été aussi grave, il aura ri de leur duo improbable tout en haut de ce mur.
- Je suis ce que je suis, Jon Snow, peut-être un traître et un homme sans morale pour vous mais tout ce que j'ai fait, je l'ai fait pour elle. Parce que je l'aimais. Parce que si je dois me battre contre un ennemi si puissant que vous semblez le dire, je le ferai encore pour elle. Pour la sauver. Sinon, rien d'autre n'aurait de sens... Alors vous qui n'avez pas de racine, pour qui vous battrez-vous ?
Il ne s'interrogea pas sur son emploi du passé pour parler de sa sœur. Soudainement, il se trouvait suspendu à ses lèvres, intrigué de savoir ce qui faisait avancer un homme si loin des siens, si seul aux confins du monde.
- Personne, souffla le brun.
Il eut une pensée pour la malheureuse Ygritte, se faisant la réflexion en lui-même qu'il ne l'avait pas aimé autant que ce fichu Lannister avait aimé celle dont il parlait avec tant d'emphase. Il reprit quand même :
- Mais je ne voudrais pas quitter ce monde sans savoir qui je suis.
- Qu'est-ce que ça changerait ?
- Peut-être rien. Je croyais que la famille était sacrée chez les Lannister, que vous pouviez comprendre cela.
- C'était vrai avant que mon frère ne tue mon père.
Jon sourit légèrement. Le cynisme de l'autre homme avait quelque chose d'authentique qui lui plaisait malgré tout le ressentiment qu'il pouvait avoir contre lui. Jaime, lui, n'avait plus envie de faire semblant, plus vraiment envie de se battre contre des moulins à vent. La, en haut de ce mur immense, dans le froid du Nord, au bout de nulle-part, tout ce qui l'avait toujours guidé lui parut vain.
- Je n'ai pas peur de mourir, je vois parfois cela comme une délivrance.
- C'est la peur qui donne l'impression de se sentir vivant, pourtant...
- Il y a d'autres moyens de se sentir vivant,
Jon.
A l'intonation particulière qu'il décela chez son interlocuteur, Jon Snow resta interdit un instant, tournant son visage vers l'autre homme, pas tellement certain de bien interpréter le regard perçant et intense qui lui faisait face.
A suivre