C'est encore court et ça je m'en aperçois en publiant le texte car sous Word ça fait bien plus long.
Bonne lecture quand même !
Chapitre IIIStefan avait prit un soin particulier à se vêtir. Il arborait un joli costume gris clair et une chemise blanche. Il avait opté pour une cravate très fine de couleur noire. Bien qu'ayant quarante neuf ans, il était toujours très séduisant. Il avait gardé une allure élancée, ce qui n'était pas le cas de la plupart des joueurs à la retraite. La plupart prenait du poids ayant renoncé à toute activité sportive. Lui continuait de s'entraîner deux fois par semaine et s'était astreint à conserver une hygiène de vie irréprochable.
Le trajet depuis son hôtel jusqu'à Covent Garden lui semblait durer une éternité. Il ne tenait pas en place. Il avait pourtant déjà connu des situations difficiles tout au long de sa vie.
En 1989, alors qu'il affrontait Patrick McEnroe, le frère de John, en demi-finale de l'US Open Junior, l'une de ses balles avait frappé de plein fouet un juge de ligne, Dick Werthein. Cherchant à éviter la balle d'un premier service de Stefan, il avait été touché à l'aine et était tombé à terre en heurtant le sol en ciment. La panique avait envahi le cours quand les spectateurs s'étaient aperçu qu'il était inconscient. Malheureusement, il ne s'était jamais réveillé et était décédé cinq jours plus tard d'un hématome sous-dural. Stefan avait dix-sept ans à l'époque et cet événement l'avait marqué à jamais.
La famille de l'arbitre avait poursuivi l'organisation en justice et avait obtenu plus de deux millions de dollars d'indemnités.
Bien qu'ayant remporté le tournoi, Stefan avait fortement pensé mettre un terme à sa carrière. S'il ne l'avait pas fait, il avait néanmoins gardé ce traumatisme tout au long de sa carrière. Si on le décrivait volontiers comme un être taciturne, sur les courts de tennis comme en dehors, il en connaissait parfaitement les raisons et acceptait d'en porter le fardeau. Il avait tué un homme ! Ce n'était pas un fait anodin.
Stefan chassa cet éprouvant souvenir de ses pensées. Il n'était plus question de s'appesantir sur un événement passé, aussi douloureux soit-il. Il s'agissait de vivre l'instant présent. La vie de Stefan avait trop souvent été gouvernée par ses peurs et ses angoisses, et ça il ne le voulait plus. Désormais il voulait affronter les situations et ne plus les fuir.
A son arrivée, la soirée battait déjà son plein. Il était volontairement parti un peu plus tard de son hôtel. Son impatience était si grande, qu'il n'aurait pas supporté de voir arriver les invités au compte goutte. Il préférait arriver et que tous soient déjà là.
Il régla le chauffeur de taxi. Un portier s'avança pour lui ouvrir la portière et Stefan descendit de voiture. L'hôtel de Savoy avait été choisi pour accueillir l'événement. Les instances du tennis souhaitaient offrir un soirée d'adieu inoubliable à Lleyton Hewitt et c'est tout naturellement que leur choix s'était porté sur cet hôtel de luxe, véritable institution à Londres.
L'établissement avait accueilli les plus grands de ce monde. Bien que datant de 1889, il avait traversé les décennies, se réinventant pour offrir un décor alliant parfaitement le style Edouardien et Art Déco, réconciliant ainsi le glamour d'autrefois et le confort d'aujourd'hui.
Stefan entra dans l'hôtel. Une hôtesse le salua et l'invita à le suivre. Ils traversèrent plusieurs salles plus somptueuses les unes que les autres puis arrivèrent devant la mythique salle de réception Lancaster. C'était une salle somptueuse réservée aux soirées les plus prestigieuses. L'hôtesse le quitta en lui souhaitant une bonne soirée.
Comme il s'y attendait, une assemblée de plus de trois cent personnes allait et venait, discutant et riant. Il repéra immédiatement Lleyton et se dirigea vers lui. Stefan le félicita pour sa longue et prolifique carrière. Ils échangèrent quelques banalités puis Lleyton fut accaparé par d'autres invités. Stefan en profita pour s'éclipser.
Il regarda autour de lui et se mit à observer les convives. Des petits groupes s'étaient formés et les discutions et civilités allaient bon train. Stefan avait beau scruter les invités, le visage de la personne tant désirée faisait défaut. Stefan commençait à se morfondre. Plus le temps passait, plus son inquiétude augmentait. Sa volonté d'avouer ses sentiments diminuait progressivement.
Il se mit à nouveau douter. Depuis toutes ces années, comment pouvait-il encore espérer ? Fallait-il être assez candide pour imaginer un futur à une histoire, qui n'avait jamais commencé ? Stefan se senti tout d'un coup misérable. Il pivota et prit la direction de la sortie. Sa décision était prise, il allait rentrer et arrêter cette ridicule mascarade. Il ricana. Quelle folie s'était-il apprêter à faire ? Il n'osait y penser à présent. Heureusement il avait retrouvé la raison à temps. Il aurait été la risée du circuit, si tant est que quelqu'un l'eut su.
Tout à ses réflexions, Stefan se hâtait vers la sortie, contournant aussi vite que possible les tables et les invités. Il ne vit pas la personne devant lui et buta contre elle. Elle se trouva déséquilibrée et le verre qu'elle tenait se fracassa par-terre. Stefan se retourna pour s'excuser. Deux yeux le fixaient intensément.
- Bonsoir, Stefan.
- Bonsoir, Michael.
Photos de l'hôtel de Savoy.