Narcicia a écrit:
sinon je ne comprends pas quel sont les sentiments de Mélanie ... je la vois bien en amoureuse déçut mais rester amie avec "l'élus de son coeur" malgrès le fait qu'elle ne puisse le combler ... ou est-ce juste une amie très proche et sincere
Je la vois en amie sincère effectivement un peu entichée du peintre mais malgré tout d'une affection très fraternelle
Allez, un petit chapitre plus calme
9Il reprit conscience avec les poumons en feu et un affreux goût salé au fond de sa gorge. Il cligna des yeux à plusieurs reprises pour parvenir à fixer son regard sur un environnement très flou et la première image qui s'imposa à lui se matérialisa sous la forme de deux iris d'un bleu profond nuancé de légers pigments gris clair sous de longs cils blonds. Ce regard à lui seul semblait pouvoir le réchauffer tant il était intense.
- Tu n'es qu'un idiot, gronda la voix douce du peintre.
Angel s'étira, il était trempé et inconfortablement étendu sur le sable de la plage. Au-dessus de lui, le visage de James, les cheveux ruisselants plaqués sur son front, les yeux verrouillés dans les siens. Leurs lèvres à tous les deux étaient bleuies par le froid.
- Qu'est-ce qu'il s'est passé ? souffla-t-il dans un premier effort.
- Tu ne sais vraiment pas nager ?
Le jeune homme fit non de la tête.
- C'était vraiment stupide, alors...
- Pas plus que ce que toi tu voulais faire...
- Mais tu aurais pu y rester !
- Non, tu étais là...
Le blond se tut un instant, pris au dépourvu par l'assurance de son jeune ami. Étonné de son ardeur aussi. Certes, l'attraction entre eux avait été évidente dès le premier jour mais pas au point qu'elle se dévoile si vite, avec tant d'effusion dans les mots.
Avec tant de certitudes...
- Tu as confiance en moi à ce point-là?
Un sourire se forma sur les lèvres gercées par le sel du brun qui valut pour une réponse. Les traits de l'artiste s'adoucirent légèrement.
- Angel... l’attachement est une absurdité, une incitation à la douleur...
- Alors, je veux souffrir. Je préfère ça qu'être
libre sans toi.
James haussa les yeux au ciel mais en réalité, il était vaincu. Comment ne pouvait-il pas l'être quand ces yeux incandescents posés sur lui brillaient de tant d'affection et de candeur ? Il posa ses mains sur les joues du jeune homme toujours allongé sur le sable et caressa doucement sa peau glacée puis il se pencha vers lui et l'embrassa. Un baiser chaste qui avait le goût du sel. De l'eau de mer. Mais aussi des larmes que, pour une fois, le peintre ne sut pas retenir.
Pour Angel, c'était aussi une chaleur apaisante irradiant lentement jusqu'à sa poitrine contractée par le froid et la peur. Il sourit contre les lèvres de l'artiste et murmura avec une pointe d'ironie qui contrastait avec ce qu'il ressentait en cet instant mais qui dénotait d'une envie farouche de ne pas se sentir vulnérable :
- Un baiser sur le sable d'une plage au clair de lune, avoue que c'est un cliché de peintre terriblement désuet !
Il entendit un rire clair et cristallin qui lui réchauffa le cœur.
- J'adore les clichés !
Angel aurait voulu rester là, entre les bras de cet homme si mystérieux qui cachait ses cicatrices sous un sourire si bienveillant qu'il aurait fallu être devin pour en soupçonner l'existence. Peut-être que les années qui les séparaient avaient réussi à forger ce don de détachement dont lui-même était incapable. Il frissonna malgré lui, rappelant à l'autre homme l'urgence de bouger.
Le blond se redressa le premier et lui tendit la main pour l'aider à se relever.
- Viens, il faut te sécher, ça devient une habitude.
Le plus jeune se laissa faire, presqu'incapable de commander à ses muscles tétanisés par le froid, il se laissa enlacer par les bras puissants de James qui vinrent le soutenir comme s'il s'agissait de deux barres d'acier.
Un peu plus loin, près de la maison du peintre, l'ombre d'une jeune femme était apparue qui arracha un sourire léger au maître des lieux. Entièrement dégrisé, rappelé ainsi à la réalité, il comprenait qu'il y avait des personnes pour qui il comptait.
Lorsqu'il arriva au niveau de Mélanie, Angel toujours soutenu par le peintre, dormait quasiment, ses jambes ne fonctionnant que par pur réflexe.
James salua son amie d'un simple mouvement du visage qui semblait aussi bien valoir pour un "
merci" que pour un "j
e suis désolé". Elle lui renvoya un regard courroucé qui promettait au peintre un sale quart d'heures d'explications avec elle, dès qu'il se serait délesté de son fardeau. Mais sous la colère de la jeune femme, il y avait aussi du soulagement et de la tendresse que James sut parfaitement lire.
Il allongea Angel dans son lit, le déshabilla et le frictionna avec une épaisse serviette. Une fois qu'il s'acquitta de ces premiers réflexes de survie, il fila prendre une douche chaude qui acheva de lui remettre les idées en place. Il alla embrasser Mélanie en baillant, remettant à plus tard le temps de parler. Enfin, il enfila une épaisse chemise à carreaux et se glissa dans le lit, tout contre le jeune homme profondément assoupi afin de réchauffer son corps toujours glacé.
La nuit fut courte.
Au matin, Mélanie s'affaira en cuisine, préparant le petit déjeuner avec les moyens du bord. Une odeur réconfortante de café chaud et d'œufs au plat embaumait la maison. Dehors, le vent s'était calmé et les fiers rayons du soleils pointaient déjà derrière les stores de la fenêtre. Au loin, le murmure doux de la mer et le chant des mouettes achevaient de donner un air de vacances à ce petit coin reculé à quelques heures de Paris.
- Debout les garçons ! clama-t-elle comme si elle était chez elle et que la nuit précédente n'était plus qu'un lointain souvenir.
Angel parut le premier sur le pas de la chambre, complètement décoiffé, entièrement nu et s'étirant sans aucune gène... Cela lui valut un oreiller en pleine figure suivi d'un cri d'indignation de la part de la jeune femme.
- Enfile un pantalon immédiatement, malotrus !
Il grommela pour la forme et repartit vers la chambre sans se presser, pendant que Mélanie continuait de râler. Derrière elle, elle reconnut le rire franc de James et se retourna. Le peintre sortait juste de la salle de bain, vêtu d'un jean ayant trop vécu et d'une chemise à carreaux bleus ouverte sur son torse. Il se séchait les cheveux en lui souriant avec douceur. On pouvait sentir un léger malaise qui menaçait de s'installer entre eux, aussi prit-il les devants en conservant un ton badin.
- Je crois qu'il n'est pas du matin.
Elle se mit à rire à son tour et lui fit un clin d'œil. Elle ajouta :
- Jolie paire de fesses, sinon...
- Hey, je vous signale que je vous entends! lança une voix énervée depuis la chambre.
Les deux amis rirent à nouveau, probablement un plus fort que la situation ne l'exigeait mais il y avait un indicible besoin d'exorciser toute la tension de la veille... Puis, James se mit face à elle, le regard un peu fuyant.
- Je suis désolé...
- Je sais.
Elle le serra dans ses bras assez fort pour être sûre qu'il était bien là. Vivant. Il l'enlaça tendrement reposant son menton sur son épaule, enroulant ses doigts dans les boucles brunes de son amie...
- Je ne voulais pas t'inquiéter, ni te faire pleurer, c'est juste...
- Chuttt, je sais, ça n'a plus d'importance à présent.
- Je suis désolé, répéta-t-il.
- Ne me refais plus jamais ça.
Il embrassa ses cheveux et releva la tête pour apercevoir Angel dans l'embrasure de la porte qui les observait silencieusement.
A suivre