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mumu71 : coucou toi, merci pour ta review, je vais me botter les fesses pour essayer de terminer aussi celle-ci. J'ai vu que tu avais vadrouillé dans les galeries tennis du forum, c'est comme ça que je m'y suis mise, je n'y avais jamais pensé avant
Chap 4Le moins que l'on puisse dire c'est que Carlos Moya ne s'attendait absolument pas à tomber sur Roger Federer en ouvrant sa porte d'entrée. L
a porte de sa résidence secondaire, en Espagne, à des kilomètres du lieu où résidait le suisse. Il resta interdit un long moment pour être bien sûr d'identifier son visiteur.
Roger n'était pas tellement plus à l'aise sous ce regard perçant. L'espagnol se tenait devant lui avec une réelle prestance, torse nu, les cheveux mi-longs presqu'aux épaules, tellement étonné de le voir ici qu'il n'avait encore fait aucun signe d'invitation pour le laisser entrer. Les yeux de Roger le détaillèrent encore une seconde puis glissèrent dans l'embrasure de la porte pour tomber sur le regard caramel de Rafael, assis sur le canapé, juste habillé d'un short Nike bleu.
- Roger ?
C'était Rafa qui avait parlé le premier. Carlos se retourna vers lui, sembla enfin réaliser la situation, puis reporta son regard à nouveau sur le suisse.
- Entre.
- Je...
Le Bâlois hésita sentant comme une sensation désagréable au fond de sa poitrine, quelque chose d'amer qu'il n'avait pas ressenti depuis bien des années.
La jalousie... mais il n'eut pas le loisir de s'imaginer quoique ce soit sur les deux hommes qui l'accueillaient à moitié nus, que Moya posa une main ferme sur son bras, murmurant dans un anglais teinté de son accent ibérique :
- Ne te fais pas de films et entre, il t'attendait.
Il adressa ensuite un signe à Rafael et claqua la porte derrière lui, les laissant seuls face à face dans un silence un peu oppressant. L'espagnol se leva prestement, lâchant la télécommande de la PS3 qu'il tenait entre les mains (et rassurant au passage le suisse sur sa manière d'occuper son temps chez son ami), il enfila une chemise qu'il boutonna tout aussi rapidement et proposa un café au nouvel arrivant.
Roger refusa de la tête et s'avança légèrement, donnant tout loisir à l'autre homme de l'observer à son tour. Il portait une chemise blanche en lin Armani légèrement froissée sur un pantalon noir à la ligne absolument parfaite. Les cheveux un rien en bataille. Une mise générale élégante mais un peu moins soignée que d'ordinaire. Suffisamment en tout cas pour que le majorquin fronce un sourcil en demandant :
- Tu... tu as bu ?
- Je me suis posé pas mal de questions depuis ton départ, esquiva le champion suisse.
Rafael fut surpris de sentir son malaise, il demanda de but en blanc :
- Pourquoi es-tu ici ?
- Je ne suis pas à la meilleure période de ma vie, en ce moment, entama-t-il toujours sans réellement répondre.
- Tu te reprendras, Rogelio, tu y parviens toujours.
L'emploi de ce diminutif affectueux que seul Rafa avait coutume d'utiliser rasséréna légèrement le champion suisse, il poursuivit, le regard un peu fuyant :
- Pas si tu n'es pas sur le court en face de moi. Jouer contre toi, ça me motive.
- C'est vrai pour moi aussi.
- Alors pourquoi es-tu parti ?
L'enfant de Manacor parut chercher ses mots dans un anglais qui ne lui permettait jamais vraiment d'exprimer correctement sa pensée.
- Je croyais que ce serait plus... facile pour toi.
- Rafa, comment as-tu pu croire que je parlais sérieusement ?
- De toute façon, avec mon genou, je...
- 30 matchs, Rafa. On a joué 30 matchs l'un contre l'autre.
- J'en ai gagné 20...
- Mais perdre contre toi, ça n'a pas d'importance, c'était nos plus belles parties. Les victoires, comme les défaites.
Rafael sourit.
Yes. Des matchs à jamais gravés dans les annales du tennis. Le temps sembla s'étirer un instant dans la nostalgie des souvenirs, puis finalement :
- Tu me manques, Rafa.
Et pas seulement sur un terrain, s'abstint-il d'ajouter.
Les yeux du plus jeune se teintèrent d'une lueur plus profonde, Roger eut l'impression d'avoir cessé de respirer, happé par l'intensité de son regard. Il n'y avait guère de doutes sur ce qu'il lisait dans les prunelles sombres de Rafael et tout son corps semblait réagir à cet appel silencieux. Un désir irrépressible, le besoin de le toucher et en même temps une peur insondable de l'inconnu.
Un portable sonna les faisant sursauter.
Mirka.- Je dois y aller, je... j'espère te voir sur les courts.
Roger sortit presque comme un fugitif, trop vite, mais Rafael fut immédiatement sur ses talons, le rattrapant sur le seuil de la porte :
- Attends !
Le contact de la main de Rafa sur son bras le fit frissonner un instant, il le regarda incertain. L'espagnol chercha à nouveau les mots qui pourraient exprimer au mieux ce qu'il voulait dire, il osa :
- Si tu es venu pour... une autre raison, parce que tu... veux quelque chose... c'est... enfin, je serais d'accord...
Le suisse eut un rire nerveux. Se sentant incroyablement gêné. Mais il était si prêt de lui. Si prêt... Il posa ses mains sur son visage et l'embrassa sans douceur, avec tout ce désir brut refoulé depuis tant de temps, trop de temps. Et en une seconde, sans réellement comprendre ce qu'il se passait, ils se retrouvèrent enlacés l'un contre l'autre, pressés contre le mur, les mains s'insinuant sous les chemises en quête désespérée de contacts.
Rafa frémit à la sensation des paumes fraîches de l'autre homme contre sa peau chaude, il glissa les siennes contre son dos, sur la courbe de la colonne vertébrale. Au premier gémissement, le baiser se fit plus profond. Roger se sentait brûler de l'intérieur au contact de la chaleur du corps de Rafa sous ses mains, de ses lèvres tièdes qui avaient un indéfinissable goût d'été, dont on ne pouvait se rassasier. Il eut l'impression de perdre pied, de découvrir mille terminaisons nerveuses dans son corps jusque là inconnues. Il leur était simplement impossible de se détacher, ignorant du monde extérieur, juste ensemble dans leur bulle, incapables de se concentrer sur autre chose que ce besoin presqu'animal de se découvrir, de s'apprivoiser.
Dans un effort, Rafael s'écarta pourtant, reprenant son souffle, il murmura de façon entrecoupée :
- On est...dans la rue.
- Oh, je...
Roger se mordit la lèvre presque jusqu'au sang.
Un lieu public... La panique eut un instant raison de sa transe passagère, le portable vibra à nouveau dans sa poche.
Mirka toujours...Même s'ils avaient le feu aux joues, que leur désir s'était fait presque douloureux, l'instant était passé, Rafael le savait. Roger ne reviendrait pas à l'intérieur. Il avait pourtant tant de choses à lui dire, à lui
faire... Alors, il accrocha sa main au col de sa chemise et souffla du bout des lèvres :
- Je t'aime Rogelio, je t'ai toujours aimé.
Il n'attendit pas de réponse, il la connaissait déjà, elle était dans ce portable qui sonnait dans sa poche, dans cette alliance à son doigt et dans son regard effrayé qui cherchait dans la rue si quelqu'un avait pu être témoin de la scène.
Presque douloureusement, Rafael amorça un mouvement de retrait vers la porte d'entrée de la résidence de Carlos. Ils sentirent tous les deux le manque de l'autre les envahir comme si leur corps et leur cœur se déchiraient en s'éloignant l'un de l'autre.
- On se voit à l'US open. Entraîne-toi... Tu peux toujours être un phoenix, si tu le veux...
Roger trouva juste en lui la force d'acquiescer.
A suivre