Alors euh... Très sincèrement, je ne sais pas d'où sort cette fic. Tout ce que je peux dire c'est que suite à une conversation, il est apparu clair que ni Fili ni Kili ne semblent intéressés par les pierres précieuses, du moins pas comme les autres Nains. Trois jours plus tard, mon cerveau a fait la connexion et hop ! Voilà ce qui en a résulté ! (Oui, chacun son rythme) C'est court et ça a été écrit très rapidement.
Kili n'est pas schizo ou mentalement instable, je tenais à le préciser.
Les personnages utilisés ne m'appartiennent pas. Ils sont les joujous attitrés de Sir Tolkien et Peter Jackson & co. Je ne fais que les emprunter mais je ne garantis pas de les rendre entiers.
Bonne lecture.
Avidité
Les Nains étaient une race vénale et matérialiste, c'était un fait avéré. Chacun possédait un amour inconditionnel pour les métaux précieux, les joyaux, les trésors en tout genre et les objets de valeur en général. C'était inscrit dans leur code génétique et aucun n'y faisait exception, surtout pas la lignée de Durin qui portait cette fascination comme un fardeau depuis des générations. Pour les descendants du grand guerrier, cela s'était transformé en malédiction qu'ils ne pouvaient combattre. Lorsqu'ils étaient confrontés à d'importantes richesses, ils perdaient tout sens commun et se laissaient emporter par leur désir de l'or qui se transformait en maladie de l'esprit, une fièvre qu'ils étaient incapables de contenir et qui les contrôlait entièrement. C'était le cas de Durin lui-même, de Thror puis de Thrain et même de Thorin. Il était donc normal que les neveux de ce dernier en héritent or les deux princes n'avaient jamais montré de signes confirmant cette thèse. Il leur arrivait de convoiter un bijou ou une gemme bien taillée mais leurs yeux ne s'illuminaient pas sous l'effet de la passion, ils ne brûlaient pas d'un feu terrassant toute pensée rationnelle à la vue d'un quelconque trésor. Ils savaient rester cohérents et maîtres d'eux-mêmes et pour cela, Thorin remerciait Mahal chaque jour. De savoir que les fils de sa sœur avaient été épargnés de ce terrible fléau soulageait sa conscience. Il pouvait déjà sentir que l'affliction qui avait emporté son père s'était réveillée en lui et qu'il ne parviendrait pas à la maîtriser une fois à Erebor. Dès qu'il songeait à l'Arkenstone, ses doigts lui démangeaient tant il languissait de la saisir, son cœur s'emballait à l'idée de la posséder. Le roi déchu se savait condamné mais il priait constamment que ses neveux ne souffrent jamais de ce mal.
Ce qu'il ignorait, c'était qu'il en était de même pour ses héritiers. Ils avaient été atteints il y a longtemps de cela et rien ne pouvait les guérir, tout comme leurs pères. Le plus malade des deux était le plus jeune, l'innocent Kili. Qui aurait pu se douter que derrière ce sourire éblouissant et ces yeux malicieux se cachait un être cupide qui gardait ses trésors plus jalousement qu'un dragon ? Le seul à s'en douter était son frère mais cela venait du fait qu'ils passaient leur temps ensemble.
Le benjamin de la famille était quelqu'un de fondamentalement gentil et enjoué, toujours prêt à plaisanter mais il recelait une part d'obscurité en lui, plus sombre que les couloirs d'Ered Luin la nuit. Sa fascination tournait autour de l'or, ce métal précieux et adoré de tous. Pour l'archer, il avait une signification toute particulière et représentait plus qu'une simple décoration. Le voir le mettait en joie, le toucher faisait courir l'adrénaline dans ses veines mais ce qui lui faisait tourner la tête était de savoir qu'il le possédait entièrement et que personne ne pouvait y accéder. Il en avait en effet un morceau imposant et pour lui, c'était le plus beau au monde.
Décrire les sensations qu'il ressentait lorsque ses doigts l'effleuraient était presque impossible, rien que d'y penser un frisson de plaisir le parcourait. Bien sûr, tout éclat de ce métal ne pouvait convenir, il fallait que des conditions précises soient respectées. Tout d'abord, il fallait qu'il soit absolument pur, vide de tout défaut pour que sa beauté soit complète. Rien ne devait le corrompre ou nuire à sa magnificence.
Ensuite, pour que son trésor soit parfait, il était impératif qu'il soit à l'état liquide. Lorsque les filaments glissaient entre ses mains ou caressaient sa peau, le cerveau de Kili s'embrumait et il perdait pied. La douceur satinée qu'ils procuraient lorsqu'ils entraient en contact avec son corps était tout simplement divine. L'archer adorait tout particulièrement lorsque les rayons du Soleil dansaient dessus et le faisaient scintiller, dans ces moments-là, son or brillait de mille feux et resplendissait plus que toute autre lumière. Il était aussi magnifique réparti sur du blanc en de longs traits, invitant le brun à s'approcher pour le caresser.
C'était d'ailleurs ce dernier point qui comptait le plus : personne au monde n'avait le droit de le toucher. C'était un crime qu'il se ferait un plaisir de châtier. Il était le seul et l'unique à pouvoir le faire et si un inconscient s'y risquait, il y perdrait bien plus que ses mains impures. Cet or lui appartenait entièrement et il n'accepterait pas que qui que ce soit essaye de lui voler. Le simple fait d'y songer était de trop. Pendant toutes ces années il avait conservé son trésor loin de toute souillure et il continuerait jusqu'à sa mort.
Fili lui disait souvent qu'il en faisait trop, qu'il devait se calmer mais il en était incapable. Cet or était la chose la plus précieuse qu'il détenait et il craignait de la perdre un jour. Si cela devait arriver, il en mourrait. Ce n'était pas juste une fascination, il représentait toute sa vie et il ne se voyait pas survivre sans lui. Malheureusement, il ne pouvait pas l'enfermer dans une pièce dont lui seul connaîtrait l'accès. Il y avait songé une fois mais s'était rendu à l'évidence que cela ne fonctionnerait pas, il serait dévasté de voir son bien le plus précieux se détériorer à petit feu et perdre de son éclat car ce dernier avait besoin de lumière et d'espace pour vivre, chose que Kili se refusait à lui interdire. Il n'était pas fou, juste prévenant et possessif.
Au moins dans cette quête, il savait qu'on ne risquait pas de le lui voler. Oui, il n'avait pu se résigner à se séparer de son trésor aussi longtemps et l'avait emmené avec lui, ou plutôt, son avis n'avait pas été consulté. Cela dit, il ne se passait pas une minute sans qu'il ne regarde son or, connaissant les dangers qui les entouraient et qui pourraient lui arracher définitivement son cœur à tout instant.
Des fois, il se rendait compte à quel point il était atteint par la maladie de sa famille et prenait peur. Il redoutait de devenir violent et trop envahissant mais un simple sourire accompagné d'un regard attendri le rassurait. Il vouait un véritable culte à l'or et reconnaissait en être obnubilé mais ce n'était pas lui qui avait commencé. Après tout, c'était son grand frère qui lui avait tout appris, il avait marché dans ses pas et fait exactement comme lui. Le jaune doré avait toujours été sa couleur préférée mais cela avait évolué en obsession lorsque Fili lui avait fait part de son plus grand secret : son amour profond pour le grenat, en particulier à l'état brut.
Il ne put s'empêcher de sourire quand ses yeux croisèrent deux gemmes azur qui lui transmirent silencieusement toute l'affection que leur possesseur ressentait pour lui. Il admira les rayons du Soleil jouer dans les longues mèches dorées qu'il adorait plus que tout et observa ces dernières danser au vent.
Oui, Kili était fasciné par l'or et savait qu'il n'y avait pas d'issue pour lui mais cela lui importait peu puisque son trésor l'avait aussi choisi comme richesse ultime et le traitait de la même manière.
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“It is easier to forgive an enemy than to forgive a friend.”
William Blake