Voici un One Shot écrit il y a quelques mois maintenant, en espérant que ça vous plaira.
La Chambre n°18
Le réveil indiquait deux heures du matin, mais personne ne poserait les yeux dessus cette fois-ci. Savoir l'heure qu'il était était devenu quelque chose d'inutile. Le temps n'était plus un ennemi maintenant. Dehors, une pluie qui ne voulait pas cesser de tomber, frappait contre les fenêtres, comme pour couvrir ce spectacle hideux, afin que personne n'en prenne conscience.
Tous seraient contre ce qui s'était déroulé ici et n'hésiteraient pas à les condamner, alors que la nature quand à elle, semblait vouloir aider. Comme nanti d'une volonté propre, la pluie n'avait cessé de s'écraser sur la terre, encore et encore, de manière à créer un infranchissable rideau, afin que personne ne puisse savoir, afin que personne ne puisse voir. La pluie les protégeais jusqu'au total épuisement de ses forces.
Elle le fera tout le long de la nuit, comme elle l'a fait depuis la veille. Elle veillera sur eux, telle une mère protégeant son enfant adoré, et malgré tout ce qu'il pourrait faire, elle l'aimera et le protègera, toujours et encore, envers et contre tous. Même s'il fallait pour cela, affronter le monde entier. Si elle les laissait tomber, tout s'écroulerait certainement autour d'eux.
Pour ce, la pluie devait continuer de tomber, inlassablement, tout le long de cette nuit si noire. Les murs qui les entouraient semblaient si fragiles, qu'ils ne semblaient ne pas y être à l'abri. Rien qui ne vienne des autres humains ne pourra les protéger. Rien ne pourra même les comprendre, ils le savaient très bien. Ces draps non plus, n'aideraient pas à cacher la réalité.
Une trop triste et peu glorieuse vérité.
Alors ils resterons cachés derrière ces rideaux de pluie, et dans les draps de la nuit sombre. Ils resterons cachés jusqu'à ce qu'on découvre la vérité. Elle finira par éclater, jamais ils ne pourront cacher une telle chose bien longtemps. Les doigts entrelacés, comme symbole d'une promesse commune, celle d'un silence. Il ne pouvait n'y avoir d'autre promesse que celle-ci. Ce bien triste accord ne devrait pas exister et n'était pas fait pour durer.
Et pourtant, même cette pluie battante ne saura cacher éternellement la vérité. Mais pour l'instant, ils étaient en sécurité. Rien d'autre ne comptait que l'un et l'autre. Le reste n'était plus important, il n'existait plus à ce moment. Loins étaient les regards qui se braqueront tôt ou tard sur eux. Mais qu'importe. Même si ce moment n'était qu'un simple répit dans la guerre, perdue d'avance, alors c'était le plus beau répit qui ait jamais pu exister.
Le monde extérieur n'était devenu qu'un lointain rêve, quelque chose de flou, inventé lors d'un moment de pure folie. Comment pouvait-on être assez dérangé pour imaginer un seul instant qu'un monde pareil existait quelque part? Il fallait être totalement fou pour cela. Un tel monde, ça ne peut pas exister. Un monde dans lequel ils n'avaient pas leur place, ça n'était pas possible. Ils ne faisaient plus partie de ceux qui n'hésiterons pas à juger la chose la plus normale au monde. Ce genre de personne n'existait plus dans leur monde.
Cette chambre était dorénavant leur monde à eux, qu'ils auront créé pour et par eux seuls. Un endroit ou les désirs trop longtemps refoulés feraient surface, avec une force incroyable ou le mot interdit n'aurait plus lieu d'être. Ce mot n'aurait jamais du exister d'ailleurs. Des désirs compris, car ressentis par tous mais avoués par peux. Quelque chose qui nous dépassera toujours et que les hommes ne peuvent juger malgré tout ce qu'ils peuvent bien en dire.
N'ont-ils jamais ressenti tel sentiment? Eux les ont justement trop bien ressenti cette fois. Une seule et dernière fois avant que le rideau ne tombe.
N'avaient-ils pas le droit de vivre pleinement cet amour, juste une fois, rien qu'une dernière fois dans leur vie? Toutes ces larmes, ces cris et ces blessures valaient-elles cet unique moment? Oui, l'espace d'un instant, toute douleur fut totalement oubliée et rien n'avait plus d'importance. Par ce qu'ils en ont souffert, et qu'ils auraient dû en souffrir encore et encore, à jamais. Il était hors de question de vivre dans une telle douleur.
Les mains jointes, ils avaient pris cette décision. Ils l'avaient fait. Ensemble. Les yeux verts regardaient encore faiblement cette paire de saphirs, qui doucement, se fermaient. Du bout du doigt, il dessinait des arabesques dans la paume de sa main. Il sentait que ses yeux se fermaient à leur tour. Mais il ne cherchait pas à luter et prit sa main. Jamais il n'avait ressenti tel bonheur. En ce moment même, il était certain que personne au monde n'a pu être aussi heureux qu'il l'était maintenant. Les yeux bleus s'étaient fermés maintenant, la respiration lente. Il eu un dernier sourire avant de laisser ses paupières se fermer à leur tour. Ils n'avaient pas peur non. Ils étaient seulement heureux. Alors ils allaient faire durer ce bonheur éternellement.
Oui, toute cette douleur ressentie était tellement loin maintenant. Jamais il n'aura à subir leurs regards accusateurs. Rien ne lui importait plus maintenant. Peu importe ce qu'ils en diront, peu importe combien de temps ils pourront les juger, tout cela leur était bien égal dorénavant. Qu'importe les pleurs ou les accusations. Qui étaient-ils pour les juger, sauraient-ils jamais combien ils ont souffert? Qu'importe, cela n'était plus leur problème dorénavant. Ils les laisseraient parler et écrire sur eux autant qu'ils le voudront, autant qu'il y aura à raconter. Ça devait arriver de toute façon.
Mais pour le moment, qu'on les laisse à cet instant unique. Qu'on les laisse ainsi. Oh si on ne pouvait même jamais les trouver, les laisser ainsi éternellement, quel bonheur. Mais ils étaient là, ensemble, seuls. Les yeux clos, mains jointes et un sourire paisible aux lèvres. Le monde des fous n'existait plus maintenant.
Qu'importe, tant que la pluie tombera encore, tout ira bien.
Que cette pluie leur laisse ces instants, seuls.
C'était plus que vital maintenant.
Pour eux.
Quelques Extraits d'Articles du 25novembre
FAITS MORBIDES DANS UNE CHAMBRE D'HOTEL
Ce matin à 10h dans la chambre numéro 18, la femme de ménage ne pensait certainement pas faire une telle découverte en entrant! En effet cette chambre fut le théâtre d'un bien horrible spectacle. Les cadavres de deux jeunes hommes furent découverts sous les draps ce matin même. L'un était professeur de littérature, Matthieu Hill âgé de 35 ans, bien connu de ses élèves pour être quelqu'un de très sympathique et qui aimait son métier. Le second jeune homme quand à lui, Lawrence Blow, tout juste 17 ans, se trouvait être l'un de ces élèves. Selon la police, ils entretenaient une liaison secrète et se seraient donnés la mort la nuit dernière en avalant du poison, retrouvé sur la table de chevet. Les parents du jeune homme ont étés aperçus à l'entrée de l'hôtel ce matin après que la police les aient alertés. Ils se sont dit choqués par ce qui est arrivé, et n'avaient rien remarqué d'anormal dans le comportement de leur fils, en cours ou à la maison. Mais alors qu'est ce qui a bien pu prendre les deux personne pour faire une telle chose?
LA REVOLTE DES MERES
Après la découverte morbide de la chambre 18, c'est la révolte des parents d'élève qui se fait savoir. Le ministère a affirmé pour rassurer les mères de nos têtes blondes qu'une telle chose ne se reproduira plus jamais. Les mesures prises en cas de découverte d'une liaison plus poussée qu'une simple relation de professeur à élève ont été renforcées.
Y AURAIT IL EU VIOL?
C'est la question que tout le monde se pose. Est ce que le jeune Lawrence n'aurait pas eu le choix que de céder aux avances de son professeur? Selon les expertises il n'y aurait pas de trace de lutte et le jeune homme, bien que mineur aurait été consentant. Selon la loi, si une telle chose avait été découverte, le professeur aurait été immédiatement demi de ses fonctions. Or il nous est impossible de leur faire un quelconque procès étant donné que les deux amants se sont donnés la mort.
QUE S'EST IL REELEMENT PASSE DANS LA CHAMBRE 18?
Une fois la nouvelle assimilée, nous sommes tous en droit de nous poser certaines questions quand à la relation qu'entretenait les deux hommes. Depuis quand entretenaient-ils cette relation? Lawrence Blow aurait-il subi des menaces de la part de son professeur? Nous avons interrogé les camarades de classe du jeune homme, aucun n'était au courant de quoi que ce soit, et personne n'avait remarqué un quelconque changement de comportement entre les deux personnes, qui se côtoyaient depuis l'entrée au lycée du jeune homme. Y'avait il de l'amour au final la dedans? Quoi qu'il en soit, nous pourrons dire ce que nous voudrons, nous ne connaîtrons jamais le mot de la fin.