Mon propos ici n’est pas de lancer ou relancer un débat dont on a déjà beaucoup parlé. Comme pour la sexualité, j’estime que tout ce qui relève du choix d’un adulte consentant, responsable et éclairé ne regarde que lui. En tant qu’être humain et que femme, je veux seulement m’élever contre l’obscurantisme, la tyrannie et l’intégrisme, d’où qu’ils viennent et quelles que soient les formes qu’ils prennent.
Ce texte m’a été inspiré par un diaporama que j’ai reçu.
LA PRISON DE TOILE
Dans ta lourde prison de toile Tu n’as pas accès à ce monde, Et pour toi la nuit est profonde Que n’éclaire pas une étoile.
Au travers de l’étroite grille Qui limite ton horizon, Tu ne peux pas voir les saisons, Dans le gris ta vie s’éparpille.
Quel destin cruel est le tien, Toi qui n’a ni voix, ni visage, O toi que les hommes saccagent Au nom de ce qu’ils nomment bien !
Es-tu même encore une femme, Ou bien juste une ombre qui passe, Juste un fantôme qui s’efface, Toi qu’on piétine jusqu’à l’âme ?
Parce que rien que naître fille Est la pir’ des malédictions, Il te faut subir l’oppression, Accepter que l’on t’embastille.
Pour un regard entraperçu C’est la mort qui peut de chercher, Tu désapprends à regarder, Par ta fenêtre de tissu.
Ni dans’, ni chant, ni rir’, ni joie, Juste les corvées, les soucis, C’est une vie qui n’est pas vie Que de n’avoir jamais le choix !
Exclue même de l’existence, Terrassée par les préjugés, Condamnée avant d’être née A la misère et l’ignorance.
Le droit d’enfanter puis mourir, Souvent mourir en enfantant, Sans même avoir vécu vraiment, Voilà quel est ton avenir.
Tes filles seront comme toi, Opprimées, spectres anonymes, Comme toi seront des victimes, Juste des devoirs, pas de droit !
Tes fils à leur tour deviendront Sans doute eux aussi des bourreaux, Qui ignoreront tous tes maux, Ou bien qui les justifieront.
Pour te dénier le droit de vie, Ces hommes, faut-il qu’ils aient peur Que tu leur sois si supérieure Qu’ils se sentiraient bien petits
Si un beau jour tombaient les voiles Et qu’ils voient au fond de tes yeux, L’immensité d’un ardent feu, Qui les brûl’rait jusqu’à la moelle ?
C’est cela sans doute qu’ils craignent, Et c’est pourquoi, jour après jour, Le carcan sur toi est plus lourd, Pendant que toujours ton cœur saigne.
A défaut d’être sœurs de sang, Sans doute es-tu ma sœur de rêve, Toi qui encor’ aujourd’hui crève Aux mains de ces fous talibans.
Parce que ce qui nous sépare Ce n’est pas notre religion, Ni d’autres lieux, d’autres raisons, Notre culture ou notre histoire.
Ce n’est pas même un idéal, Qui fait entre nous différence, Nos vies sans moindre ressemblance : C’est juste l’épaisseur d’un voile.
_________________ by Christie L'important n'est pas ce qu'on fait de nous, mais ce que nous faisons nous-même de ce qu'on a fait de nous (JP Sartre) Nous sommes tous dans le caniveau, mais certains d'entre nous regardent les étoiles (O. Wilde) Un artiste n'est jamais morbide. L'artiste peut tout exprimer (O. Wilde)
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