Convergence des parallèles.
Disclaimer : Les X Men appartiennent à Marvel et à Bryan Singer pour le cinéma.
Pairing : Charles Xavier/ Magneto.
Rating : PG
Notes : Ante movies, quelques références au comic verse. Leur première rencontre aurait pu avoir lieu comme ça, pourquoi pas.Pré slash
Italique : histoire d’Erik
Normal : histoire de Charles.
Italique en gras : rapports télépathiques.
Le jeune homme ne payait pas de mine. Il était mince, pas frêle mais simplement mince et longiligne. Beau mais inaccessible. Son attitude tenait naturellement à distance. Il ressemblait à un sage. Cela venait de sa calvitie totale précoce et surtout de ses yeux. Des yeux qui en avaient un peu trop vu. Charles Xavier avait perdu son père trop jeune. Sa mère, fragile et influençable était tombée sous la coupe et les coups de Kurt Marko. Pendant que sa mère plongeait dans l’alcool pour fuir une réalité qu’elle ne maîtrisait plus ; son fils découvrait autre chose. Il était différent des autres. Les autres garçons de son âge ne savaient pas lire dans les esprits. C’était simple alors d’avoir les meilleures notes et d’échapper aux coups de son demi-frère.
Le jeune homme était mince, de la minceur de quelqu’un qui ne mange pas tous les jours à sa faim. Il était beau, les femmes se retournaient sur son passage, quelques hommes aussi. S’il l’avait voulu, il aurait pu gagner sa vie bien mieux qu’il ne le faisait aujourd’hui. Ce qui troublait ceux qui le croisaient c’était son regard. Des yeux de vieillard. Des yeux d’un bleu très pâle comme lavé à grande eau. Le regard de quelqu’un qui a vu trop de choses, des choses que personne ne devrait jamais voir. Erik Lehnsherr avait perdu ses parents, trop jeune, dans l’enfer des camps. Sa différence l’avait sauvé en quelque sorte. Dans les mois qui avaient suivi, il pensa mille fois qu’il aurait mieux valu accompagner ses parents dans les chambres à gaz. Le « Docteur » et ses expériences, ses seringues et ses scalpels. Le « Docteur » qui venait aussi la nuit en l’appelant Mein reizendes kleines Monstrum(1). Il avait appris à ne plus crier et à ne plus pleurer, ni le jour, ni la nuit. A devenir dur, dur et froid comme du métal.Aujourd’hui, il avait dix-neuf ans et il était seul au monde. Sa mère avait rejoint son père, détruite par l’alcool, son beau-père avait quitté la maison ne pouvant espérer mettre la main sur la fortune des Xavier et son demi-frère moisissait dans une école militaire qui tenait plutôt du centre de redressement. Il écoutait le silence de la grande maison. Il était seul au monde, unique au monde et terrifié de ce qu’il pouvait faire aux autres même sans le faire exprès. Qu’était-il donc ? Un monstre, un extraterrestre ? Une erreur de la nature ?
Aujourd’hui il avait vingt et un an. Il était dans ce pays depuis six années. Ce pays de la liberté, de la tolérance et de l’harmonie. Quelle foutue blague. Les hommes étaient bien partout les mêmes. Malheur à celui qui était différent ou plus faible. Lui, était fort, sa différence le rendait fort. Il faisait bien attention à ce que personne ne remarque cette différence parce que de chasseur il serait redevenu proie. Il menait une vie épouvantablement monotone. Il se levait tôt le matin pour aller travailler sur les docks, c’était facile pour lui de décharger les bateaux. On se battait presque pour être dans son équipe. Il rentrait ensuite chez lui dans le quartier le plus pauvre de la ville. Il ne craignait rien ni personne. Il ne voulait rien, de personne.Il sortait toujours le soir, à pieds pour se perdre dans la ville. Il marchait droit devant lui sans regarder les gens.
Un soir, ses pas le menèrent loin des beaux quartiers. Il était resté cloitré pendant trois jours de pluie dans sa grande maison silencieuse. Il avait besoin de sentir l’air de la ville, un air encore chargé de pluie et d’humidité. Il avait envie du contact humain de la ville. Toutes ses pensées, ses désirs, ses gouts et ses dégouts formaient un brouillard dans son cerveau. Il laissait passer tout sans s’arrêter sur rien. Il observait le monde sans trop l’approcher. Toutes ces vies, toutes ces rues…
Ce soir là, il quitta son travail un peu plus tôt que d’habitude. Il avait échangé son tour avec Murray Kelly qui voulait rester avec sa femme qui allait accoucher. Il venait donc de travailler dix-neuf heures d’affilée. Son chef l’avait renvoyé se coucher, ne voulant pas risquer un accident et de perdre un aussi bon élément.Les rues changeaient autour de lui. Moins de lumières, moins de magasins, plus d’ordures sur les trottoirs et plus de visages désagréables. Il marchait tout droit les mains dans les poches. Seul, prisonnier de ses noires pensées, sans espoir finalement. Il espérait même que quelqu’un l’attaquerait pour se défouler, pour faire quelque chose au lieu d’être ce rien marchant droit devant lui, n’espérant rien de la vie.
Il quitta les docks contourna les hangars remplis de marchandises venant du monde entier pour prendre la direction de son meublé. Il passa par l’épicerie que tenait le vieux Jacob. La première fois qu’il était venu s’y ravitailler le vieil homme avait remarqué son tatouage, même s’il avait très rapidement rabaissé sa manche. Depuis, il y avait toujours une friandise en plus dans son sac, un fruit, un gâteau, n’importe quoi, comme si Jacob voulait s’excuser de n’avoir pas lui aussi subi ça. Il remonta quatre à quatre l’escalier pour arriver chez lui. Il faisait chaud et moite ça sentait encore le moisi. Il savait qu’il avait encore deux mois avant de pouvoir déménager. Il alla à la fenêtre, la força à s’ouvrir en grand d’un claquement de doigts et passa sur l’escalier d’incendie. C’était totalement interdit mais tout le monde le faisait. Ca puait autant dehors mais au moins il sentait le vent sur son visage. Il ouvrit une bouteille de soda et laissa ses pensées dériver.Le type le heurta en le dépassant, d’une bourrade bien sentie, il l’envoya valser sur le bitume. Charles lut dans son esprit son envie, sa haine pour ce qu’il représentait, un sale riche bien propre sur lui qui vient le narguer dans son quartier. Un intrus sur son territoire. Il prit la poudre d’escampette en emportant le portefeuille de Charles. Il se releva sans peine et se mit à courir, sentant l’adrénaline monter en lui. Qu’avait-il à perdre à part la vie ?
Son voleur l’attendait dans une impasse puante avec quelques amis décidés à s’amuser. Charles fit face. Ils étaient quatre. Ils étaient jeunes mais déjà des professionnels dans leur partie. Le vol à l’arrachée et le passage à tabac. Charles sentit leur joie d’avoir trouvé une affaire facile comme lui pour égayer leur soirée.
-Qu’es’ ce tu viens faire là joli monsieur ? T’as perdu ton chemin ?
-Non juste mon porte feuille, je pense que vous pouvez m’aider à le retrouver.
-Mais j’ rêve, y m’traite de voleur ce blanc bec, rugit le plus vieux avant d’attaquer.
Il reçut un coup, puis deux, puis trois avant de plonger dans l’esprit d’un gamin aux yeux verts et méchants, y instillant des images de pure terreur. Le gosse recula en tremblant. Il se concentra ensuite sur le second, un métis avec une large cicatrice sur la joue gauche, il plongea, vrilla et retourna le poing massif vers le troisième assaillant. Difficile de contrôler deux esprits à la fois, difficile de faire attention au quatrième qui en profita pour sortir un flingue.
La bande de Jeremy Strand était encore de sortie. De la vermine qui ne s’attaquait qu’aux petites vieilles ou aux égarés. Avec lui ils n’avaient jamais osé, le cousin de Strand travaillait avec lui, le morveux devait savoir qu’il était plus costaud qu’il ne le paraissait. Le type chauve n’avait pas une chance, il aurait du s’enfuir mais au contraire il semblait chercher l’affrontement. N’importe quoi, il porta une nouvelle fois la bouteille à sa bouche. Qu’est-ce… Le gamin reculait se tenant la tête en hurlant de terreur et l’autre attaquait Strand. Il posa sa bouteille le temps de voir Denkins sortir une arme. Instinctivement, il décida d’intervenir avant qu’il y ait un mort et que les flics débarquent mais surtout parce qu’ils l’avaient traité de monstre. Il tendit la main.Trop tard, Charles sentit le pistolet pointé sur sa tempe, L’autre se mit à rire. On va te faire la peau sale monstre, lui hurla-t-il en armant le pistolet. Le coup ne vint jamais. Le pistolet flottait à un mètre au dessus de lui. Ses agresseurs s’enfuirent en hurlant. Qu’avait-il fait encore ?
Il leva les yeux vers l’escalier métallique de secours qui longeait la façade lépreuse. Un jeune homme se tenait debout sur l’une des passerelles. Non, en fait il flottait légèrement au dessus, d’un revers de main il envoya valser le pistolet au fond de la ruelle.
L’escalier se tordit sur lui-même comme un gros serpent et le garçon descendit pour venir à sa rencontre. Il était mince avec des cheveux noirs, grand et paraissait incroyablement sûr de lui.
-C’est vous qui avez fait… ça ?
-Ja… Oui, c’est moi, répondit son sauveur avec un fort accent germanique.
-Incroyable.
-Qu’est-ce que tu fais, dans ma tête ? Qui es-tu ?
-Je suis comme toi. Tu es comme… moi. C’est merveilleux… -Comment t’appelles-tu ?
Erik sentit un incroyable sentiment de bonheur et de soulagement émaner de l’homme face à lui. Un intense sentiment d’euphorie. La joie de la découverte de ne plus se savoir seul en ce monde. Il n’était pas loin de ressentir la même chose. Il tendit la main, confiant envers un autre être humain pour la première fois depuis très longtemps.-Erik et toi ? lui demanda le propriétaire des yeux les plus incroyables qu’il eut jamais vu.
-Charles, répondit-il prenant la main tendue.
A cet instant, Charles Francis Xavier retrouva son sourire et espéra à nouveau en la vie. Il avait bien fait de sortir de sa retraite.
A cet instant Erik Magnus Lehnsherr sut qu’il avait bien fait de venir dans ce pays si plein de promesses et d’espoir.FIN.
(1)Mon adorable petit monstre.