Merci beaucoup pour toutes vos reviews
!! je suis contente que ça vous plaise !
Sans plus attendre, la suite
:
Précédemment : Le jeune homme accepta de lâcher le corps de John qu’une fois arrivé devant l’ambulance et qu’un lit lui était présenté. Reculant légèrement, les mains baignées de sang, il observa les quelques infirmiers qui s’activaient autour de lui.
Alors qu’ils chargeaient le blessé à bord du véhicule, un léger gémissement le força à se rapprocher de nouveau.
« Sher… »
« John, je suis là. Faut que tu ailles à l’hôpital, on se retrouve là – bas »
Mais le docteur refusait de lâcher son bras, alors le détective se pencha à son oreille : « Accroche –toi, tu as encore des choses à me dire … »
Et les infirmiers l’embarquèrent tandis que leurs yeux refusaient de se quitter.
°o°o°
L’ambulance démarra au quart de tour, laissant Sherlock sur le carreau.
Lestrade vint se placer à ses côtés et posa une main réconfortante sur son épaule, mais le jeune homme se dégagea.
« Je n’ai pas besoin de votre pitié. »
« Oulala, même séparé de son chienchien, le taré reste exécrable ! »Et le coup partit tout seul.
Donovan se retrouva au sol, la lèvre entaillée tandis qu’un mince filet rouge s’en échappait.
« Mais vous m’avez frappé ?! »
« Pourquoi ne l’aurais – je pas fait ? »Alors qu’elle ouvrait la bouche, il poursuivit.
« Oh ! Parce que vous êtes une femme ? Mais arrêtez avec cette excuse bidon. Vous vous comportez comme la pire des garces, vous ne valez pas mieux que les hommes de votre trempe ! »Anderson aida sa collègue à se relever et se précipita vers Sherlock, les poings en avant
« Espèce d’enf … »
Mais le jeune détective sortit son arme et la pointa dans sa direction.
« Je ne suis pas d’humeur Anderson ! Comme vous aimez le dire et le répéter, séparé de John, je suis incontrôlable… »
Lestrade jugea bon d’intervenir et baissa soigneusement l’arme de Sherlock.
« Ok, on va se calmer. Donovan, allez voir les ambulanciers pour qu’ils vous désinfectent cette coupure. Anderson, accompagnez là. Quant à vous Sherlock, je vais vous conduire à l’hôpital, ça ne sert à rien que vous restiez ici ».
« Il faut l’enfermer ! » protesta la jeune femme.
« Donovan, ne poussez pas le bouchon trop loin. Sherlock manque peut – être de sang – froid, mais vos provocations n’ont pas lieu d’être. Alors ne poursuivez pas dans cette voie-là, on sait jamais ce qu’il pourrait vous arriver… » L’enquêtrice déglutit et fit demi-tour, soutenue par le médecin légiste.
Lestrade se tourna vers le détective.
« Quant à vous, va falloir vous calmer. Vous croyez que vous lui rendrez service en finissant derrière les barreaux pour tentative de meurtre ? »Sherlock ne répondit pas et se contenta de grimper dans le véhicule banalisé, quand son portable vibra.
« Il a déjà fait deux arrêts cardiaques. Etat critique. En salle d’opération. M.H »Le jeune homme serra les dents.
« Ne fais pas celui qui s’en inquiète. Va au diable Mycroft, et ne t’approche pas de John. S.H » Le jeune détective rangea avec rage son téléphone dans sa poche.
« Je crois que votre frère s’inquiète vraiment pour vous … »
« Inspecteur, ne parlez pas de ce que vous ne savez pas. Mycroft n’a de préoccupation que pour lui – même. S’il me fait surveiller c’est uniquement pour garder un tant soit peu de contrôle sur mon cerveau. Il me considère comme une bombe humaine qui entre de mauvaises mains, pourrait tout ravager. Il n’a pas un esprit compatissant, juste manipulateur et perfide. »Oui, ça résumait très bien ce qu’était son frère.
« Alors ne venez pas me faire une leçon de morale sur la famille plus importante que tout le reste. En temps normal je ne l’aurais pas écouté, et encore moins aujourd’hui. »Lestrade comprit qu’il ne valait mieux pas insister.
Quand la voiture se gara sur le côté, l’inspecteur et le détective en sortirent précipitamment. Son long manteau flottant derrière lui, Sherlock se dirigea vers l’accueil.
« John Watson. Où est – il ? »La secrétaire - une jeune femme brune d’environ 30 ans avec de petites lunettes rondes - leva la tête vers lui.
« Bonjour à vous aussi monsieur. Vous êtes ? »
« Sherlock Holmes. Où est John Watson ? »
« Qui ça ? »« Bon sang ! John Watson ! On vous l’a emmené il y a très exactement 30 minutes ! »Lestrade avisa très vite que les nerfs du détective n’allaient pas tarder à lâcher.
Il s’avança à son tour et prit les choses en main.
« Inspecteur Lestrade, Scotland Yard. Ecoutez mademoiselle, il y a 30 minutes on vous a amené un patient du nom de John Watson. Une plaie par balle à l’abdomen. Il avait perdu beaucoup de sang… »La jeune femme pianota sur son ordinateur avant d’à nouveau lever les yeux vers eux.
« Oui, c’est exact. Il est bien dans notre service. Il est en salle d’opération. Porte 33 ». Lestrade la remercia et allait gagner les portes qui menaient aux salles d’opérations, quand elle objecta.
« Je suis désolée monsieur, seuls les proches et les membres de la famille sont autorisés à pénétrer cette salle ».Sherlock lui lança un regard méprisant.
« Et où est le problème ? »
« Vous êtes de sa famille ? »
« On va dire ça … »La jeune femme fronça les sourcils, complètement perdue.
« Vous l’êtes ou pas ? »Les yeux de Sherlock s’assombrirent de nouveau et il s’approcha d’elle, menaçant.
« Il faut vous faire un dessin ?! »La secrétaire ouvrit de grands yeux, semblant lire entre les lignes, et leur ouvrit les portes.
« Peu importe. C’est bon vous pouvez y aller ».Lestrade revint sur ses pas.
« Merci mademoiselle ». Quand ils pénétrèrent dans cette salle, un médecin vint à leur rencontre.
« Vous êtes de sa famille ? »
« Si nous sommes ici, c’est à supposer que oui »Sherlock était toujours sur la défensive. Lestrade ne l’avait jamais vu comme ça.
« Bien docteur, nous vous écoutons. » répondit l’inspecteur.
« Votre ami est dans état critique. Nous sommes parvenus à retirer la balle aux prix de nombreux efforts mais il a perdu énormément de sang. Deux arrêts cardiaques sont survenus au cours de l’opération mais nous avons réussi à le réanimer. La balle était une chevrotine*, les dégâts sont donc considérables bien qu’aucun organe n’ait été touché. Je ne puis pas me prononcer pour le moment. Monsieur Watson est toujours sur la table d’opération et nous tentons de refermer sa blessure. Les prochaines heures seront déterminantes. »Sherlock joignit ses deux mains et les plaça devant sa bouche.
Lestrade se passa une main sur son visage.
« Ok, merci docteur ».
« Écoutez, installez – vous dans la salle d’attente, dès qu’il y a du nouveau, je vous fais prévenir ».
« Très bien »Sherlock s’était déjà éloigné. Posant sa veste sur une chaise, il se posta devant les portes du bloc et resta là, sans bouger.
Lestrade soupira, prit un café et décida de s’asseoir.
La porte de l’accueil s’ouvrit de nouveau et une Madame Hudson affolée s’y engouffra. Elle s’approcha directement de l’inspecteur, des traces de larmes encore visibles sur ses joues ridées.
« Je suis venue dès que j’ai su »Lestrade hocha la tête et l’invita à s’asseoir à ses côtés.
« Comment va le petit ? » s’empressa – t – elle de demander.
« Ils n’ont pas l’air très optimistes. Son état est critique »Une moue horrifiée traversa les traits de la vieille femme.
Elle affectionnait ses deux colocataires comme s’ils étaient ses propres enfants. Étant veuve depuis bien longtemps, elle n’avait jamais eu l’occasion de pouponner. Ces deux jeunes hommes étaient pour elle des cadeaux du ciel.
Tournant le visage vers le détective immobile face à ces portes vitrées, elle secoua la tête.
« Et comment va Sherlock ? »
« Je pense être loin de la vérité en disant : … mal. »Leurs yeux se posèrent sur la forme longiligne de leur ami.
« Je ne l’avais jamais vu comme ça …»
« Moi non plus, et ça m’inquiète… » Avoua la logeuse.
Les mains dans les poches, les yeux rivés sur les deux portes battantes où avait pénétré le chirurgien, Sherlock pensait.
Une vague de souvenirs déferlait sur lui : des bribes de phrases, des embryons de gestes, des situations.
Sa vie en définitive.
Non. Leur vie.
« Alors c’est tout ? On vient de se rencontrer et on va visiter un appart … Nous ne savons rien l’un de l’autre ».
« Il y a une autre chambre au premier, si vous avez besoin de deux chambres naturellement. »
« Je me considère comme marié à mon travail ».
« Oh non, je dis juste que TOUT me va… »
« Je serai perdu sans mon blogueur »
« J'ai appris de source bien informée que je n’en ai pas, de cœur » « Mais nous savons l’un et l’autre que ce n’est pas tout à fait vrai… »
« Je suis content que personne n’ait vu ça … Toi, en train de m’arracher mes fringues dans la pénombre d’une piscine, ça pourrait faire jazzer ! »
Il sentit ses nerfs se tendre davantage et de rage, donna un violent coup de poing dans le mur à sa droite.
Sous la surprise, Madame Hudson poussa un petit cri.
« Sherlock ! »Pendant un instant le jeune homme contempla sa main ensanglantée, tandis que Lestrade se levait pour lui porter secours. Mais d’un geste rapide, il le repoussa.
« Ca va ! J’ai … j’ai besoin d’une cigarette ! »Avec grâce il récupéra son manteau et passa les portes de l’hôpital pour rejoindre l’extérieur, dérobant au passage une cigarette à une infirmière.
Tirant une bouffée, il sortit son téléphone de sa poche quand celui-ci vibra.
« Tu ne devrais pas recommencer. M.H »
« Ne me cherche pas Mycroft. »
« Sérieusement Sherlock, c’est mauvais pour ta santé. M.H » Le jeune homme regarda son cellulaire, qu’est – ce qu’il pouvait en avoir à faire de sa santé ?
Décidant que cette comédie avait assez duré, il éteignit son portable et le rangea dans sa poche.
Et comme par défi, Sherlock tira de nouveau une bouffée de nicotine.
Son cerveau ressassait les mots qu’il avait entendu :
« Chevrotine », « état critique », « plaie », « arrêt cardiaque », « réanimer ». Ces mots ne l’avaient jamais autant touché qu’aujourd’hui. Leur impact avait quelque chose de destructeur.
Moriarty avait appuyé là où ça faisait mal.
Il avait profité de son orgueil et de sa passion pour les énigmes pour s’en prendre à la seule personne qui constituait son équilibre.
John n’y était pour rien dans cette histoire, et pourtant c’est lui qui en payait le prix fort.
Sa faute ?
Être la faiblesse de Sherlock Holmes.
C’est tout.
Le jeune homme écrasa sa cigarette et se mit à contempler les nuages. Le ciel était gris, l’air était frais. Toute la ville semblait retenir son souffle.
Si John ne survivait pas, qu’est – ce qu’il deviendrait ?
La vie perdrait tout son sens. Il retomberait dans son quotidien d’agonie, fait de drogue, d’ennui, et de solitude.
Non ce n’était pas envisageable.
Pourquoi ?
Tout simplement parce qu’il n’était plus rien sans lui.
Limpide. Élémentaire. Triste vérité.
Lançant un regard méprisant à ce Londres dont il se sentait exclu, il se décida à rentrer.
Madame Hudson s’était assoupie contre l’épaule de Lestrade.
Cette vieille femme qui se rapprochait le plus de ce qu’on pouvait appeler une mère.
Elle, sa famille, son soutien.
Arriverait – elle à surmonter la perte d’un de ses protégés ?
Possible.
Et Lestrade ?
Sans aucun doute.
Sherlock était même persuadé qu’à Scotland Yard, Anderson et Donovan organiseraient une fête pour cette occasion. Pas parce que John Watson n’aurait pas survécu. Non, ils l’aimaient bien après tout. Mais juste parce que ça aurait touché Sherlock en plein cœur.
Ils tiendraient enfin leur vengeance, et le grand psychopathe de détective serait brisé à tout jamais.
Sherlock ôta son manteau au moment où les portes du bloc s’ouvraient. Madame Hudson se réveilla et le médecin vint à leur rencontre.
« L’opération est terminée, nous sommes parvenus à extraire la balle et à cotiser la plaie. Il est sous transfusion sanguine en salle de réveil. Il n’est pas encore tiré d’affaire mais nous avons fait tout ce qui était en notre pouvoir. Maintenant tout dépend de lui. Il ne reste qu’à attendre … »La vieille femme s’accrocha aux bras de l’inspecteur, une lueur de panique dans les yeux.
Lestrade sembla accuser le coup. Seul Sherlock restait de marbre.
D’une voix froide et distante, il demanda :
« Je peux le voir ? ». « Votre ami n’est pas encore réveillé. Il vaudrait peut – être mieux attendre qu’il le soit … »
« Je veux le voir… »Depuis quand un patient était en droit d’exiger quelque chose ?
Mais le regard sombre et sans lueur du jeune homme dissuada le médecin de protester.
Lestrade intervint à son tour :
« Vous pouvez faire une exception docteur ? »Le médecin dévisagea cette drôle de petite famille.
« Bien, de toute façon ça ne peut que lui faire du bien. Par contre, un à la fois ».L’inspecteur inclina la tête :
« Pas de soucis, nous attendrons ici jusqu’à ce que les visites soient autorisées. »« Veuillez me suivre jeune homme. »Sans un mot, Sherlock récupéra son manteau et suivit le médecin. Dans le couloir, l’homme engagea la conversation avec douceur.
« C’est votre frère ? »
« Non. Un me suffit amplement. »
« Un cousin peut – être ? »
« Je n’ai pas de famille ».
« Alors qu’est – ce que vous faites ici ? »Sherlock fut surpris par la question sans détour.
« Ça ne vous regarde pas je crois ». Le médecin ne répondit rien, mais sembla méditer.
« Vous vous donnez beaucoup de mal pour un simple ami alors … »
« Je ne suis pas sûr que toutes ces questions soient dans vos compétences, docteur. »
« Je m’interroge, c’est tout … » Sherlock baissa la tête.
« Je veille sur lui. »Le médecin ouvrit la porte de la chambre et s’écarta pour le laisser entrer.
« Alors votre ami a de la chance de vous avoir ».
« Non. »Sherlock passa devant le médecin et pénétra dans la salle.
« C’est moi qui en ai ».
Et les portes se refermèrent sur lui.
°o°o°
°A suivre°
Note :
*une chevrotine : pour ceux qui ne connaissent pas vraiment, en fait c'est une balle qui, quand elle entre en contact avec une surface dure, explose en une multitude de projectiles.
Voilà
(La suite, demain !
bonne nuit !
)