et à Skorpan. Je peux paraitre butée mais je ne t'en tiens pas rigueur. Ta critique est constructive et détaillée. Mais j'apprends de chacune de mes erreurs. En tout cas merci de ton attention portée à ma fic.
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CHAPITRE 8 :Qui est-il ?.
Dehors, le temps changea de comportement, le vent devint plus doux et le soleil brillait de toute sa splendeur. Un été comme jamais Camelot aurait connu.
Les rayons passaient à travers la fenêtre du prince Arthur… oui le jeune prince Pendragon, car ici, dans ce nouveau monde, Uther n'était pas mort parce que la magie n'existait pas.
La Terre, mère de toutes les essences vitales, envoya Arthur Pendragon vers sa nouvelle vie pour une épreuve. Saura-t-il se souvenir de Merlin ? De celui qui ferait de lui, celui qui deviendra le roi tant attendu par Albion ?
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Allongé à plat ventre sur son lit, le jeune Pendragon émergea d'un étrange sommeil sans rêve. Quelques murmures inaudibles semblèrent attirer son attention mais en vain, il resta sourd.
De ses mains, il tira sur sa légère couverture tout en sortant un pied pour la rafraichir. Les yeux encore flous, Arthur se débattit dans ses draps lorsqu'il entendit un coup frappé à sa porte.
_ Entrez.
Un jeune homme, aussi blond que lui, pénétra dans ses appartements et le fixa de ses yeux noisette. Le prince le détailla comme s'il ne le connaissait pas mais à l'intonation de ce dernier, il crut y avoir tort quelques secondes.
Pourtant Arthur était certain d'avoir des habitudes bien plus amicales avec son valet et tout en continuant à le scruter, rien dans les gestes du jeune homme ne lui montrait un tel rapprochement.
_ Bonjour, sir. Je vous apporte votre petit déjeuner, dit le valet.
Ce dernier se mit à ouvrir les volets, faisant plisser les yeux du jeune prince qui passa ses mains sur ses paupières, il grommela :
_ Tu ne pourrais pas y aller doucement… le reste se tut au fond de sa gorge quand il croisa le regard médusé du valet.
Arthur avait soudainement l'impression d'être un étranger dans sa propre demeure.
_ Votre père désirerait vous voir dès que vous serez prêt à descendre, ajouta-t-il avant de quitter la pièce et sans un regard au prince.
Arthur se leva en se grattant le cuir chevelure et s'assit à sa table. Instinctivement, il sentait que quelque chose n'allait pas mais pensant que cela venait sûrement de sa fatigue, il finit son repas et s'habilla prestement pour retrouver son père dans la salle du trône.
Tout en se dirigeant vers sa destination, il avait l'habitude qu'une personne le suive à ses côtés mais il n'y avait personne.
Une soudaine sensation de vide s'empara de lui surtout quand il savait au fond de lui que cet homme, parce que c'était bien d'un homme qu'il s'agissait, lui était dévoué.
Au pas de cette porte, il contempla son père le cœur palpitant comme s'il ne l'avait pas revu depuis que… mais il ne se souvint plus de quel événement il faisait référence…
Il s'avança le sourire aux lèvres :
_ Bonjour père ! Mon valet m'a dit que vous souhaitiez me voir ?
Uther se tourna sur son fils, le regard noir et perplexe.
_ Pourquoi se sourire ? Efface-moi cela de ton visage ! Je suis ton roi et non ton père quand je te fais demander ! Est-ce bien claire Prince Arthur ?
La voix rauque et froide l'immobilisa sur place et à ses mots si difficilement acceptables, il resta droit affichant un visage impassible.
_ Bien, cela est mieux… et que cela ne se produise plus à l'avenir !
_ Oui, votre altesse, répondit-il, le cœur lourd, sur le même ton.
_ Il semblerait qu'un hors la loi se cacherait dans un village au nord de notre royaume. J'aimerais que tu y ailles avec tes meilleurs chevaliers et que tu l'amènes ici.
_ Quel est son crime, si cela n'est pas trop vous demander Votre Altesse ? demanda Arthur en baissant la tête.
_ Comment oses-tu ! Depuis quand me demandes-tu ce genre de requête ! dit-il en s'approchant durement vers le jeune héritier qui tout d'un coup se crispa à cette surprise.
Arthur déglutit :
_ Je vous prie de m'en excuser, Votre Altesse, chuchota-t-il.
_ Si tu ne t'en sens pas capable, je préfère envoyer Sir Léon à ta place ! s'écria-t-il en le faisant sursauter.
_ Je…
_ Cela suffit Arthur ! En à peine quelques secondes tu viens de bafouer mon autorité et tu te permets en plus de tout cela, de me couper la parole !
Le jeune prince ne comprenait pas ce qui se passait autour de lui. Tout lui semblait irréel et pourtant, son père était bien devant lui, encore plus froid que… il avait beau fouiller sa mémoire mais là encore, ce fut le vide absolu.
_ Serais-tu malade ? interrogea le roi.
Le prince leva son regard brillant sur Uther et allait répondre quand il le devança :
_ Tu vas aller voir Gaius et qu'il t'examine ! Et ne t'avise pas à remettre un pied ici tant que tu n'auras pas repris ta conscience !
Deux gardes le saisirent par les bras et Arthur, étonné, se débattit comme un acharné.
_ Mais qu'est-ce qui vous prend ? ! Lâchez-moi ! En tentant de les éloigner de lui.
_ Arthur ! lui hurla le roi. Cesse de faire l'enfant ! Puis d'un geste de la main, il l'intima les gardes de l'amener au médecin.
_ Je vous interdis de me toucher ! cria-t-il les yeux médusés.
Arthur reçut un coup derrière la nuque et s'évanouit. Il faisait noir et rien ne semblait venir troubler ce curieux sentiment de solitude. Cependant, il se sentit bercer par une douceur exquise et dans cette profondeur il entendit :
Je lui aurais donné ma vie…
J'aurais veillé sur la sienne…La voix lui parut si familière et si pleine d'amour… Arthur la ressentit à la manière d'une caresse… une voix cristalline, douce et attirante…
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Lentement dans le lit de fortune réservé au malade, le jeune prince se réveilla difficilement. Ouvrant ses paupières avec difficulté, il vit le médecin le regarder avec inquiétude.
_ Sir, que vous arrive-t-il ? J'ai entendu le roi d'ici, ce qui ma foi est bien rare… lui dit-il.
_ Gaius… non, je… je ne sais pas… bredouilla le prince.
Le médecin lui désigna une chaise où il s'assit d'une lenteur désespérante comme s'il cherchait une réponse.
_ Sir, allez-y, expliquez-moi, lui demanda Gaius.
Arthur lui raconta son entrevue avec Uther mais dans les traits de ce visage marqué par le temps, rien ne démontrait de la stupeur ou de l'étonnement.
Il préféra se taire car au fond de lui, rien de ce qui se déroulait autour de lui ne lui paraissait claire.
_ Vous avez besoin de repos, allez-vous coucher dans la pièce du fond que je puisse garder un œil sur vous.
Le blond fixa cette porte et son cœur se mit à battre si vite que son souffle se saccada. Un frisson le traversa des pieds à la tête. Cette porte… il en était sûr, cachait la chambre de son…
Or il ne se rappelait pas. Secouant la tête, de son regard, il suivit Gaius qui l'ouvrit si doucement qu'il crut que son cœur allait s'arrêter.
Frémissant sans savoir d'où cela provenait, il pénétra dans la pièce puis le médecin s'excusa pour aller à la rencontre de ses autres patients.
Immobile, le jeune prince inspecta toute cette chambre et prit d'une subite crainte, il vacilla et s'écroula à même le sol... Il avait une sensation de déjà vu.
Allongé et recroquevillé sur lui-même, il ferma ses yeux comme s'il s'attendait à ce que les murs ou le plancher lui parlent d'une personne importante…
Caressant de sa main ce lieu imprégné de froideur, des larmes coulèrent subitement sur ses joues. Un sentiment poignant vint le poignarder si profondément qu'il hoqueta de chagrin.
Secouant la tête, cette douleur de ne pas comprendre ce qu'il ressentait, le fit tressaillir. Et cette souffrance qui s'insinuait en lui comme une peur paralysante, semblait soudainement le rendre fou.
Cette pièce appartenait déjà à quelqu'un… pas au médecin mais à… le nom était au bout de sa langue mais il ne le trouva pas. Il se laissa s'endormir parce qu'ici, il n'avait pas sa place.
Le cœur brisé par cette sensation de ne pas exister, Arthur s'abandonna au plancher.
Dans un songe, il voyait le corps frêle d'un jeune homme à ses côtés sans visage. Il tenta de le toucher mais il le fuyait. Arthur était seul… face à un regret qu'il ne saisissait pas.
Il voulait croire en quelque chose de bien plus grand que lui… Alors telle une prière, ses larmes se glissèrent entre les barres du plancher et dans cette solitude étrange et bouleversante, il murmura :
_ Pardonne-moi…
A qui devait-il s'excuser ? Et pour quelle raison le devait-il ? Lentement, un sommeil profond l'emporta encore plus loin dans cette noirceur. Arthur s'y sentait bien malgré le néant qui y régnait.
Il savait qu'il n'était pas seul car une vérité se cachait lui soufflant tendrement :
Je l'aurais suivi où qu'il aille…
J'aurais traversé des royaumes pour lui…Il ne voulait pas se réveiller mais il sentit des secousses sur son épaule, le forçant à ouvrir les yeux. Tournant son regard, un sourire s'afficha sur son visage :
_ Sir, entendit-il de la belle voix de la servante.
_ Gwen…
_ Levez-vous ! Le roi arrive afin de connaitre votre état ! S'exclama-t-elle avec une lueur de crainte dans ses yeux. Allongez-vous sur le lit, vite !
Arthur se dépêcha et se mit sous la couverture.
_ Fermez les yeux et faites comme si vous dormiez, lui dit-elle en passant un mouchoir sur son visage où des traces de larmes se dessinaient encore.
Arthur fit ce qu'elle lui demanda et il put entendre la voix dure du roi :
_ Quand il reviendra à lui, dites-lui de venir me voir.
_ Bien sir, répondit la servante.
Après quelques minutes de silence couvert de respirations lourdes de Guenièvre, elle finit par lui dire :
_ C'est bon sir, il est parti.
Arthur la fixa et la remercia quand il s'aperçut qu'elle le regardait avec curiosité.
_ Que se passe-t-il Gwen ?
_ C'est que… vous ne m'appelez jamais par mon prénom et encore moins par… bredouilla-t-elle en se sentant honteuse.
Le jeune héritier se sentait perdu mais osa tout de même poser une question :
_ Alors pourquoi as-tu pris la peine de m'aider ?
_ Sir, J'ai promis à Dame Morgana de veiller sur vous pendant qu'elle se rendait à la tombe de son père…
Une immense déception le prit sur le torse, le comprimant douloureusement.
_ A qui appartient cette chambre ? Enfin je veux dire, il y a bien quelqu'un qui dors ici à part Gaius ?
_ Non, sir…
Arthur n'assimilait rien de ce qui ne ressemblait pas du tout au royaume qu'il connaissait, de ce qu'il en déduisait. Il était pourtant persuadé qu'une personne qu'il devait connaitre vivait en ce lieu.
Qui était-il ? Il se voyait encore debout à cette porte à la pousser plusieurs fois, à hurler après cette personne, à discuter avec elle…
Lamentablement, il leva son regard sur la jeune fille :
_ Qui suis-je ? murmura-t-il le regard dans le vague.
_ Vous êtes le futur…
_ Non ! Je veux dire… sommes-nous proches ?
A ces mots, la servante sursauta comme s'il venait de l'offenser. Pour toute réponse, elle secoua la tête en rougissant.
_ Hier à l'entrainement, je pense que Sir Lancelot a dû vous frapper trop fort, finit-elle par lui dire en grimaçant.
_ Lancelot ?...
_ Oui, répondit-elle.
_ Pouvez-vous le faire venir, s'il vous plait ? demanda-t-il.
_ Non, il est parti avec Sir Léon et Sir Perceval à la recherche d'un hors la loi… répondant au nom de Gauvain, il me semble.
_ Gauvain… souffla Arthur comme pour lui-même …
A ce moment une voix dans sa tête lui disait de ne croire que ce en quoi il avait foi mais surtout d'écouter son cœur.
_ Qu'a-t-il fait ? demanda-t-il.
_ Il a bu à la taverne sans rien régler tout en se battant contre des gardes ? lui répondit-elle encore plus étonné. Mais vous y étiez et vous ne vous en souvenez pas ?
_ Non… il faut croire que Lancelot m'a bien assommé, dit-il pour détendre cette atmosphère lourde de questions.
Après quelques minutes de silence, elle l'accompagna jusqu'à la chambre du roi et l'abandonna sur place. Arthur avait toujours cette sensation de vide comme s'il lui manquait quelque chose ou quelqu'un…
Prenant une bonne respiration, Arthur frappa et entra quand il entendit la voix de son père.
_ Les chevaliers n'ont pas pu appréhender la bonne personne mais ils ont eu son compagnon alors pour te rattraper de ton insolence de ce matin, tu vas l'interroger jusqu'à ce qu'il te dise où se trouve cet hors la loi !
Le jeune prince hocha seulement la tête et descendit au cachot. En s'approchant des cellules, il reconnut la voix de Lancelot résonner aux travers les parois du château.
_ Tu vas me dire où se trouve ton compagnon !
Un cri se fit entendre… un cri qui déchira le cœur d'Arthur le faisant frémir de tout son corps. Une intonation qu'il aurait reconnu entre mille. Les mains moites et le front en sueur, il courut et arriva devant Lancelot qui lui cachait l'identité du prisonnier.
_ Il est tout à vous Sir ! Et pour toute l'après-midi… après… se sera sa mise à mort, lui dit d'un sourire narquois aux coins des lèvres.
Le jeune Pendragon le suivit du regard, tremblant devant ce visage qui n'était empreinte de méchanceté… non, ce ne pouvait être son chevalier… et quand enfin, il leva son regard, sa poitrine se comprima atrocement.
Un jeune homme brun était avachi sur le sol, les lèvres ensanglantées et le haut déchiré. Il n'arrivait plus à détacher ses yeux de ce corps mince et le cœur palpitant comme jamais, il s'agenouilla.
Tel un poignard, le regard noir que lui lança le jeune homme, lui fit l'effet d'une torture. Le prisonnier recula jusqu'aux murs et lui hurla :
_ Je ne vous dirais pas où se trouve mon ami !
Quelque chose semblait briser le jeune prince. Il se souvint de ses traits, habituellement doux et serein, il avala difficilement sa salive sans écouter les paroles de celui-ci.
Il y avait dans le regard du plus jeune une lueur qui l'attrista et suivant seulement son instinct, il s'approcha encore plus de lui. Frissonnant, il posa sa main tremblante sur la joue chaude de celui-ci et murmura comme pour lui-même :
_ Pardonne-moi…
Des larmes…
Des larmes de regrets dévalèrent parce qu'il était l'homme qu'il devait libérer. Arthur effaça de ses doigts les traces de sang des coins des lèvres rougis dû par la douleur des coups.
Il avait l'impression qu'aucun des deux n'avait leurs places dans ce royaume et même si le prisonnier le regardait avec incompréhension, il continuait à avoir une foi… cette foi dont il ne connaissait pas la source.
_ Ne faites pas comme si vous me connaissiez ! Je haie les gens de votre espèce ! Si pathétique et si ignorant ! Vous ne méritez même pas le respect du peuple ! entendit-il de cette voix qui lui était familière…
Arthur ne prêta nullement à ses paroles parce qu'il savait que ce n'était pas envers lui alors il lui tendit la clé du cachot et une petite lame. Devant le regard médusé du brun, ce dernier lui dit sur le même ton :
_ Je ne suis pas un fuyard ! Je peux paraitre idiot mais jamais je ne vous ferais ce plaisir et…
Le reste mourut dans sa gorge parce qu'Arthur le prit dans ses bras et lui chuchota :
_ Non, tu n'es pas comme ça… je le sais Merlin…
Le prénom qui franchit de ses lèvres le fit souffrir… un nom qu'il avait vainement cherché toute la journée. Gardant toujours le brun tout contre lui, il continua :
_ Je t'ai tué… et je ne veux pas être celui qui te tuerait une nouvelle fois… alors si tu peux t'enfuir, fais-le…
_ Je ne vous connais pas… lui rétorqua plus calmement Merlin.
Arthur ferma ses yeux. Sa mémoire lui jouait surement un tour mais son cœur ne se trompait pas de cible. Merlin ne devait pas mourir alors il fera ce qu'il faudra pour l'aider.
_ Dans cette vie peut-être… mais dans une autre, j'ai été lâche et…
Le jeune Pendragon recula son visage défait et contempla celui de Merlin. Ses yeux bleus étaient remplis de vie, d'une étincelle vibrante comme si elle pouvait éclairer et apaiser sa peine…
_ Ne vois pas en moi le reflet du roi Uther, je ne serais jamais comme lui…
Pour la première fois, Merlin lui sourit et lui répondit vaillamment :
_ Alors je vous souhaite de devenir le roi que tous attendent… un homme bon. Vous me semblez bien meilleur que lui… mais je ne tenterais pas d'évasion.
Arthur se détacha de lui et durement, il lui cria presque :
_ Je t'en prie ! Ne gâche pas ta vie pour un autre !
_ Je ne la gâche pas ! Gauvain est mon compagnon et jamais je ne le trahirai ! lui répondit gravement le brun la rage au ventre.
Arthur le dévisagea parce qu'il ne comprenait pas l'utilisation de ce terme et comme si Merlin avait compris :
_ Gauvain est mon amant ! Et votre royaume ne tolère pas ce genre d'amour et c'est pour cela que votre roi veut l'abattre !
Le prisonnier osa ricaner en voyant le regard dont il n'arrivait pas à déchiffrer.
_ Alors je la bannirais des lois ! répondit le blond.
_ Hélas, sir, je ne serais plus là pour en jouir… dit-il en se levant.
Le prince fit de même et fixa intensément Merlin. Il n'était peut-être pas son Merlin mais cette annonce était reçu par son âme comme une trahison…
Le blond sembla recevoir de multitude de coup de poignard sur tout le corps… seulement, il ne savait pas pour quelle raison il la ressentait ainsi.
_ Votre silence est tout à votre honneur, sir. Je suis certain que vous ferez aussi bien que votre père !
Ces paroles le blessèrent tellement qu'il était tenté de le gifler, mais il ne fit rien. Il se contenta de le contempler et en sortant il lui murmura :
_ Tu vivras tant que je serais en vie…
Tournant des talons, il referma la cellule et sursauta quand Merlin posa une main sur l'une des siennes. Un frisson le traversa des pieds à la tête et il vacilla tout en se tenant au barreau.
Les paupières closes et le front collé aux barres, il entendit encore des mots :
J'aurais traversé des royaumes pour lui…
Je lui aurais prouvé que la magie est douce…
Je lui aurais expliqué que la mienne vient de lui…Il sourit au jeune brun car cette étincelle dans ses yeux était sa force. Alors sans un mot, ils entremêlèrent leurs doigts ce qui eut l'effet de faire frémir Arthur.
La chaleur que dégageait Merlin était d'une douceur extraordinaire, enveloppante et envoutante. Sur un dernier regard, il le quitta tout en sachant qu'il allait mentir à son roi… à son père.
Marchant lentement, son cœur était soulagé parce qu'il savait ce qu'il devait faire…
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_ T'a-t-il dit où se trouver son ami ? Tonna son père quand Arthur pénétra dans la salle du trône.
_ Non, Votre altesse.
Uther se leva de son siège et dévisagea l'héritier d'un œil critique.
_ Je t'ai connu bien plus coriace que cela ! Ce prisonnier mérite d'être écartelé !
Arthur tressaillit en entendant ces mots. Debout devant son père, il serra ses poings le long de son corps, tremblant, il hurla :
_ Non ! Vous ne ferez jamais cette torture à cet homme, ni même à un autre !
_ Comment oses-tu me défier ? ! cria son père.
_ Quel genre de souverain montrez-vous au peuple ? Souhaitez-vous les effrayer de la sorte ?
Uther se mit à ricaner et répondit si rudement que le jeune Pendragon ne le reconnaissait pas.
_ Bien dans ce cas qu'on installe un poteau ! Il mourra sous les jets de lame !
_ Non ! hurla Arthur dont le corps tremblait.
Il chercha au fond de lui cette lueur d'espérance, parce que ce n'était pas son père, ni même ses amis qui l'entouraient… il trouvait que sa vie actuelle n'avait aucun sens.
Il ne pourrait jamais, en tant que futur souverain se permettre de châtier une personne pour un autre. Quel genre de roi serait-il en appliquant des lois qui ne devaient pas exister à ses yeux ?
Les gens avaient leur propre caractère et de leur colère, ils pouvaient se dévoiler encore plus odieux, voire ignoble. Comment son père pouvait assassiner sans aucun scrupule ?
Combien d'homme et de femme devaient payer pour des crimes qui n'avaient pas commis ?
Honteusement, il fusilla de son regard sombre son père… qui à ses yeux n'en était pas un. Uther ne méritait pas de l'avoir.
_ Dehors ! Tu me fais honte ! Hors de ma vue ! Grinça le roi en lui indiquant la porte.
Deux gardes le jetèrent hors de la pièce et il profita de cet instant pour retrouver le prisonnier. Arthur réussit à passer avec soulagement sans être vu. Quand il apparut devant la cellule, il aperçut le brun contempler le ciel de la petite ouverture.
_ Merlin ? murmura-t-il doucement.
_ Sir ?
Cette voix, il aurait voulu l'entendre encore et encore… rien que pour le plaisir de l'écouter… Péniblement, en pinçant sa lèvre inferieur, il lui demanda d'une voix inquiète :
_ Qu'as-tu décidé ?
_ Pourquoi faites-vous cela ?
Le blond ne voyait que de l'étonnement dans son regard et il lui dit :
_ Ne m'as-tu pas écouté tout à l'heure ?
_ Bien sûr que oui. Mais j'aimerais savoir ce qui vous pousse à agir ainsi et même si pour vous, je serais un devoir … j'aimerais seulement en saisir le sens…
Arthur ne put lui répondre quand il sentit un coup derrière la tête. Lancelot venait chercher le prisonnier pour l'attacher au poteau pour subir la sentence.
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Arthur se réveilla avec un mal de tête. La main sur la nuque, il malaxa doucement sa blessure.
_ Comment avez-vous osé tenter de faire évader le prisonnier ? entendit-il de la voix de Lancelot.
Le blond déglutit et en réfléchissant, jamais cet homme ne lui aurait été déloyal, jamais il n'aurait ainsi envers lui… à cet instant, le chevalier n'était plus son ami.
Voyant que Lancelot s'approchait dangereusement des barreaux, Arthur tira brutalement sur la ceinture de celui-ci, le faisant durement cogner la tête contre la cellule.
Il se saisit de la clé quand soudain il pouvait entendre les cris des villageois. Le corps chancelant et tremblant devant ces gémissements stridents qui réclamaient un spectacle, il s'activa encore plus vite et enferma le chevalier.
Arthur courait aussi vite que ses pas le supportaient. Arrivé dehors, il se figea devant la scène qui se déroulait devant lui. Merlin était attaché à un poteau, la tête haute et d'où il était, il pouvait lire de la peur dans son regard.
Un frisson encore plus glacial le parcourut le faisant encore davantage frémir par cette peur paralysante. Elle s'enfonça encore plus quand il entendit le roi ordonner de lancer les lames.
Le visage décomposé, le jeune Pendragon se contenta de hurler un
« Non » qui sembla porter tellement de haine et de colère, que cela attira le regard bleu du brun sur lui. Arthur le fixa et se mit à rejoindre aussi rapidement que possible Merlin.
Il ne voulait pas lâcher de ses yeux la personne qui ne devait pas mourir encore une fois, alors même si une douleur lui parvint de son épaule, Arthur se jeta sur le corps de brun.
Puis lentement, il s'agrippa de ses mains tremblantes, à la tunique déchirée du prisonnier qui continuait à le regarder de ses yeux maintenant humides. Le jeune prince ne céda pas malgré que son dos réceptionna plusieurs lames.
_ Arthur ! hurla soudainement Merlin qui se détacha les mains grâce au poignard que lui avait donné le blond.
En parallèle, le roi stoppa les lancées quand il s'aperçut trop tard que son fils s'interposait entre les armes et le prisonnier.
Merlin prit Arthur dans ses bras et même si pour le jeune prince, le brun n'était pas son ami dans cette vie, il aurait eu la chance de le sauver… Le sauver, ne serait-ce qu'une fois…
Arthur pouvait sentir l'odeur de son propre sang qui le quittait inévitablement de son corps… tout comme sa vie. Seule la chaleur de Merlin avait le pouvoir de le calmer, comme à chaque fois s'avoua enfin le blond.
Son cœur ne battait que pour lui et n'avait seulement palpité parce que c'était son ami.
_ Pourquoi avez-vous fait cela ? ! Pourquoi Arthur ? ! comprit-il de la bouche tremblotante du brun.
Avec difficulté, il tenta de garder les paupières ouvertes sur Merlin mais déjà le froid le gagnait de toute part.
Il n'entendait plus rien autour de lui… seule la brise le caressait de ses airs doux, alors fermant enfin ses yeux il finit par tout entendre… cette mélodie qui avait appartenu à son ami… à Merlin…
Je lui aurais donné ma vie…
J'aurais veillé sur la sienne…
Je l'aurais suivi où qu'il aille…
J'aurais traversé des royaumes pour lui…
Je lui aurais prouvé que la magie est douce…
Je lui aurais expliqué que la mienne vient de lui…
Et j'aurais fini un jour par lui dire…
Je t'aime Arthur…
Mais cela n'arrivera jamais….Et dans un ultime effort, il laissa échapper dans un souffle :
_ Je t'aime…
Arthur ne sentait plus les mains qui le serraient mais des larmes tombèrent sur son visage et telle une récompense, son corps ne lui appartenait plus. Il était libéré…
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Le jeune roi avait enfin trouvé son chemin, cette vérité qui éclatera aux yeux de tous mais surtout envers Merlin.
De retour à cet instant où Arthur frappait durement cette paroi, le monde était encore plongé dans l'immobilité, laissant au jeune Pendragon seul face à ce silence.
Il réalisa que cette épreuve avait été une torture or il avait finalement compris la raison de son désir à le garder si près de lui.
De son regard rougis et remplis de larmes, il l'aimait de toutes ses forces et lorsque la barrière s'effaça, le temps reprit à ce moment.
Courant jusqu'au bord de l'étendu où le lac commençait à absorber Merlin, Arthur ne voyait plus que sa tête et se jetant dans cette eau froide, il tenta de rejoindre son ami. La peur le saisissant, il hurla de tout son cœur :
_ Ne m'abandonne pas Merlin ! Je t'aime ! Tu m'entends !
Merlin n'était plus à la surface et terrifié, il plongea à l'endroit d'où se tenait le brun.
Au fond du lac, il faisait trop sombre pour discerner son corps. Alors ressortant son visage, il jura énergiquement le nom de celui qu'il chérissait.
Rage et terreur étaient mêlées dans un hurlement et semblable à un appel, la nature entière s'unit à lui pour l'assister dans sa recherche.
Les nuages s'écartèrent prestement pour laisser au soleil éclairer de ses rayons lumineux le fond du lac.
Ainsi en piquant une tête, le roi put facilement trouver Merlin et dans ses frayeurs les plus profondes, il réussit à hisser le brun hors de l'eau.
Rapidement, à genoux, il souleva le torse de Merlin et l'approcha tout contre lui. Le visage mêlé de larmes et d'eau du lac, Arthur inclina son oreille vers la bouche de Merlin d'où un faible souffle se faisait sentir contre sa joue.
_ S'il te plait Merlin, revient… ne me laisse pas…disait-il en frictionnant le corps pâle de son ami.
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La Terre continuait à espérer pendant que Kilgarah descendait en direction du jeune roi. Le vent semblait le porter avec douceur et cette bête mystique posa lourdement ses pattes sur le sol encore humide des larmes éternelles.
La brise aussi était plus calme, voire même inexistante à ce moment. Les arbres ne bougeaient plus… Tous attendaient la réponse du grand dragon. Cependant le regard luisant de celui-ci paraissait attendre encore une dernière réponse qui viendrait du lac.
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A suivre