Encore un one-shot. Pas très, très développé mais je voulais pas m'étendre trop non plus dessus, juste mettre en images une idée qui m'a traversé la tête ce matin (z'inquiétez pas j'ai pas eu mal). Tout a commencé par la scène du couronnement d'Aragorn.
Fandom : à votre avis ? -_-"
Pairing : Aragorn/...
Nuit de noces
Le Roi des Hommes venait de retrouver la place qui lui était dévolue. Un cycle s'achevait. Le trône du Gondor s'offrait à lui comme une jeune vierge le jour du mariage. Mais ce n'est pas cette vierge qu'il voulait. Son coeur battait encore pour la plus douce, la plus pure qu'il n'ait jamais aimé et dont il n'avait plus de nouvelles. En cette solennelle cérémonie, le vieux magicien blanc, de même que tous les sujets de la terre du milieu, les hommes particulièrement, se réjouissaient du retour de leur souverain légitime. L'arbre blanc resplendissait. La foule acclamait le roi. Les coeurs étaient en fête. Mais il ne pensait qu'à son amour. Son amour éternel. Il avait envoyé des messagers en Rivendell et attendait toujours que l'un d'eux daigne revenir avec des nouvelles, enfin ! de sa bien-aimée. Toujours rien. Il avança, sur les pas de Gandalf. Son regard croisa celui de Faramir qui tenait le bras d'Eowyn et entremêlait ses doigts à ceux d'Eomer. Aragorn se dit que peu importait l'étrangeté de cette relation, tant que le bonheur et l'amour étaient au rendez-vous. Faramir avait le droit de commencer une nouvelle vie heureuse. Il continua d'avancer. Un grand fanion se dressait devant lui. Une délégation elfique ? Peut-être apporterait-elle des nouvelles ! Peut-être même de bonnes nouvelles ? Son coeur s'emballait. Il avait terriblement peur de ce qu'on allait lui dire. Après tant d'années, son amour pour la belle était si fort, et bien plus encore ! Il s'approcha. Le tissu diaphane voletait. Hommes et elfes s'écartèrent sur son passage. Un instant, un fol espoir l'envahit, mais il se força à y renoncer. Non, son statut ne lui permettait plus de rêver. Il lui fallait redescendre sur terre, quitter les nuages de ses pensées les plus intimes et faire face à la réalité. La réalité qui apparut derrière l'étendard. Son coeur fit un bond dans sa poitrine. Il crut rêver. Il crut mourir. Des larmes embuèrent le coin de ses yeux. Aux côtés de Legolas et d'Elrond se tenait, fragile et douce, la délicate Arwen. Il s'avança dans le silence de l'assemblée. Etait-elle toujours... seraient-ils encore... ? Elle répondit à l'appel de ses bras et se réfugia contre lui dans une étreinte passionnée. Leurs bouches se retrouvèrent et Aragorn sentit enfin que tout cela était bien réel. Les lèvres contre les siennes, source de sa vie même, ne le décevraient pas. Il ne pouvait y croire. Il pensait que le bonheur sentimental lui serait refusé à jamais. La force de leur amour était comme une aura qui resplendissait sur quiconque pouvait en être touché. Le peuple était impressionné par la fougue de leur baiser. Peu protocolaire mais symbole d'un amour par delà le temps, l'espace et les différences. Le roi tremblait ; il aurait voulu hurler à quel point sa présence le rendait heureux.
Soudain, un peu trop vite, Gandalf se racla la gorge pour lui demander d'arrêter. Leurs lèvres se séparèrent. Leurs regards se croisèrent, brûlant de ne faire qu'un, comme la fusion de deux substances magiques. Arwen se dégagea avec sa pudeur habituelle et, sans un mot, prit fermement la main de son homme pour l'emmener sur les traces du magicien. Aragorn entremêla ses doigts à ceux de l'elfe. Avec elle à ses côtés il pourrait tout faire dorénavant. Ils se dirigèrent vers les quatre courageux hobbits...
Comme la foule venait de se disperser, comme la nuit tombait lentement sur les terres nouvellement en paix, Aragorn demanda à Gandalf, dans la grande salle où seuls les proches du roi festoyaient :
-Voudriez-vous, je vous en prie... nous marier, Arwen et moi ?
-Je pense que vous n'avez pas réellement besoin de cela, mon roi.
-Je voudrais qu'elle soit ma femme et ma reine. Et je voudrais que ce soit sous votre bénédiction, sauf votre respect.
Le vieil homme sourit. Il tira quelques bouffées sur sa pipe et acquiesca.
-Je ne sais pas si vous avez là une bonne idée, mais je n'ai pas le droit de me mêler de votre bonheur. Vous serez un bon roi je le sais. Faites donc venir votre aimée.
Sans comprendre ce qu'il voulait dire, le nouveau roi s'approcha du trône. Arwen l'y rejoint, étonnée.
-J'aurais préféré t'offrir une cérémonie plus grandiose mais je n'en ai pas eu le temps, s'excusa Aragorn. Dès demain Mithrandir nous quitte.
L'elfe eut une expression de surprise puis un grand sourire s'étira sur son visage lorsqu'elle comprit. Le Blanc prit place devant le trône, entre les deux amants. Dans le silence qui s'était formé il déclara :
-Voici venir des temps de paix et de prospérité. Les hommes ont un nouveau souverain. Le roi veut prendre femme. Je ne peux que cautionner leur amour. Dis-moi, Aragorn, fils d'Arathorn, veux-tu prendre cette jeune personne pour épouse ?
Le roi réprima un frisson de bonheur à cette question et, plantant ses yeux dans ceux, si doux, de son aimée, répondit :
-Oui.
-Arwen, fi... fille d'Elrond, désires-tu épouser cet homme ici présent ?
Elle releva les yeux, emplie de la puissance qui se dégageait de son seul et unique amour. Elle avait tout abandonné pour lui. Elle l'aimait, voulait vieillir avec lui.
-Je le veux.
Le serment était prononcé non plus dans leur intimité mais bel et bien proclamé au monde entier. Elle fut saisie d'un léger vertige tandis que les bras d'Aragorn, son Estel de toujours, son espoir, l'enlaçaient. Des cris de joie retentirent dans la salle. Ivre d'amour, elle répondit au baiser, tandis qu'une sourde inquiétude se réveillait en elle. Le moment tant redouté approchait, une ombre planait au-dessus de sa noce impromptue...
La soirée était bien avancée. Gimli et Legolas se chamaillaient encore joyeusement. Frodon et ses amis discutaient. Ces petites créatures tenaient décidément plutôt bien l'alcool. Aragorn se sentait à la fois soucieux de ses futures contraintes mais aussi heureux. Plus heureux que jamais. Il allait enfin pouvoir se détendre. Enfin se consacrer à lui et sa... sa femme. L'expression le transportait de joie. Il salua ses amis en demandant la permission de se retirer. On la lui accorda avec plaisir. Tout le monde comprenait aisément qu'il voudrait se retrouver seul avec sa jeune épouse. Il remercia Gandalf et s'assura qu'il serait encore là le lendemain pour prendre congé d'eux. Puis il se dirigea vers la chambre nuptiale.
Dans le couloir une vive émotion le prit. Bien sûr, il pensait à ce qu'il allait découvrir et faire découvrir à sa douce, mais il pensait surtout à leur intimité retrouvée, et plus que la perspective de goûter enfin au fruit du plaisir, il se dit que finalement le plus important était d'être à ses côtés. Dans tous les instants les plus durs de sa vie, il n'avait regretté qu'une chose : elle. Et elle était enfin là pour lui.
Aragorn entra dans sa chambre sans un bruit. Il sourit lorsqu'il vit la silhouette fine et claire de sa femme se détacher sur le fond sombre du balcon. Il avança, évita les rideaux qui flottaient au vent frais de la nuit, l'enlaça doucement par derrière. Les longs cheveux noirs effleurèrent son visage par le plus tendre des attouchements. Il frissonna. Il embrassa son oreille pointue. Comme il allait tourner autour d'elle, il vit alors les larmes glissant sur ses joues claires. Du cristal liquide se brisant sur la peau nacrée. Surpris, il lui prit le visage entre les mains, en douceur, et plongea dans son regard pur.
-Qu'est-ce que tu as ?
-Aragorn, je... je ne suis pas digne de toi.
Elle se détourna et entra dans la chambre précipitemment. Le roi la retint par le poignet mais elle se dégagea brusquement. Alors il la prit dans ses bras, la serra contre lui, désespéré par son soudain rejet :
-Arwen, tu es ce qu'il m'est arrivé de plus beau, je t'aime plus que ma vie, ne dis pas des choses pareilles. Je te l'interdis !
-Depuis tout ce temps, je t'aime. Depuis toujours. J'ai renoncé à mon éternité pour toi. Mais tu vas me haïr, et tu en as toutes les raisons, murmura-t'elle rapidement contre son torse.
-Non !
Il était perdu. Ne comprenait plus rien. Que voulait-elle ? Elle se dégagea, les yeux rougis.
-Je t'ai menti.
Aragorn eut un instant d'incompréhension. A quel propos avait-elle pu lui mentir ? Si elle l'aimait, l'avait épousé, où était le problème ?
-Je t'aime plus que tout, reprit-elle en reculant. Mais je ne suis pas du tout celle que tu crois.
Elle se dirigea vers un miroir et, de sa manche, se mit à se frotter le visage. Il ne saisissait toujours pas.
-Depuis des années tu crois me connaître parce que tu m'aimes. Mon amour pour toi n'a aucune limite. Mais le tien en a forcément une. Je suis tellement désolée.
Son amour, une limite ? Absolument pas. Pour elle il se serait donné corps et âme. Il aurait offert son royaume, sa vie, sa liberté même. Il allait parler mais elle l'interrompit.
-Pour toi je suis la plus belle, mais quand tu n'es pas là, je ne le suis pas. Aragorn, tu as le droit de m'en vouloir cependant sache que je t'aimerai toujours. Jusqu'à la fin de ma vie. Même la mort n'éteindra pas cette flamme qui brûle pour toi en moi.
-Je ne te comprend pas, Arwen. Que veux-tu dire ? demanda-t'il, nerveux. Peu importent les mensonges passés, maintenant nous sommes réunis, je ne peux pas t'en vouloir de m'avoir caché quelque chose, quoi... dis-moi... as-tu fais quelque chose de mal ? Ou peut-être n'es-tu plus pucelle ?
-Si, je le suis. Je t'ai toujours été dévouée.
-Quand bien même je n'en aurais eu que faire.
-Aragorn, souffla-t'elle d'une voix étranglée par un sanglot. Je... suis un homme.
Etouffant une exclamation de surprise et d'agacement, le nouveau roi accueillit la révélation avec perplexité. Il fronça les sourcils, se demandant s'il devait le prendre au sens littéral. Mais la voix désespérée de sa compagne avait un timbre si sincère ! Voulait-elle vraiment dire que... ? Comment pouvait-elle être un garçon ? Il lui prit l'épaule pour lui faire face. Elle venait de démaquiller son doux visage, aussi beau au naturel. Elle lâcha ses cheveux, ôtant les multiples barrettes qui les retenaient. Et, voyant que son aimé ne pouvait la croire, elle détacha le haut de sa robe, la faisant glisser jusqu'à la taille. Aragorn eut une expression de surprise en voyant le torse pâle et mince, plat, aux muscles finement dessinés. Il releva les yeux, bouleversé, et vit un elfe d'apparence jeune et gracile. Brun, les cheveux d'une soie sombre des plus délicates, les yeux bleus qu'il croyait tellement connaître, la bouche pulpeuse couleur chair, les oreilles nues de toute ornementation.
-Mais... mais comment... euh, pourquoi as-tu...
Comme Arwen allait se détourner, Aragorn lui prit le menton entre deux doigts.
-Pourquoi m'as-tu caché ça ? demanda-t'il calmement mais fermement.
-Parce que je t'aimais. Parce que dès le premier regard je t'ai aimé. Je voulais être à toi. J'ai perdu la tête. Je me suis dit qu'avec mes traits féminins je ferais illusion. C'est ce qui s'est passé. Plus le temps passait, plus j'étais fou de toi. Et toi tu ne me demandais rien. Tu m'aimais sans réclamer mon corps. J'ai pris l'habitude de jouer ce double jeu. T'épouser est un rêve qui se réalise. Je savais qu'un jour je devrais faire face à cet obstacle. Je savais que notre amour aurait une fin tragique.
Des larmes silencieuses zébraient ses joues. Aragorn recula d'un pas, ne sachant plus vraiment où il en était. Depuis tout ce temps...
-Qui était au courant ?
-Les elfes m'ont toujours pris pour un travesti. Ils pensaient que je faisais cela juste parce que ça me plaisait. Et que tu le savais. Mon père aussi. Seul Mithrandil...
-Il savait ? Voilà pourquoi des paroles tellement sybillines cet après-midi...
-Je l'avais supplié de ne rien te dire.
-Et toi, qu'aimes-tu ?
-Etre homme. J'aurais aimé être homme avec toi. Mais je me doute que tu n'es pas de ce genre-là.
Aragorn avait mené bien des combats, eut des choix difficiles à prendre, fait face à l'inimaginable mais là il se sentait dépassé. Ce n'était pas du tout ce qu'il aurait cru. Il s'assit sur le lit, la tête entre les mains.
-Peux-tu t'habiller en homme, s'il te plaît ?
Arwen s'exécuta, faisant entrevoir son corps fin mais pourvu de tous les attributs de la virilité. Il enfila des habits de son mari rangés dans une armoire.Les deux regards bleus se croisèrent.
-Voilà, murmura-t'il simplement en écartant les bras.
Puis, venant vers le lit :
-Tu m'as donné beaucoup de bonheur, Estel. Tu as fait battre mon coeur pendant ces années. Tu peux me répudier à présent, je le comprend.
Aragorn se leva et fixa son époux de son regard ciel d'été. Il lui caressa la joue.
-Ne dis pas de bêtises, tu es toujours le même.
Et il l'embrassa passionnément. Arwen, heureux et surpris d'une réaction qu'il n'espérait même plus, passa ses bras autour du cou de son homme. Leur étreinte se fit plus intense, le baiser plus pressé. Leurs lèvres s'entrouvrirent, leurs langues se retrouvèrent. Le nouveau roi et étrange amoureux glissa ses doigts dans les cheveux de jai. C'était son amour malgré tout. Arwen resterait toujours Arwen. Même s'il se vêtait maintenant comme lui. Leurs vieux serments étaient éternels. Un frisson le parcourut lorsque, sans se défaire du baiser, l'elfe caressa doucement, très légèrement son dos.
Aragorn l'allongea sur le lit avec la douceur d'un jeune époux, le déshabilla lentement. Le rideau se ferme sur une nuit brûlante où il fit l'amour à son amant pendant des heures et des heures, jusqu'à ce que, le soleil se levant déjà, repoussant l'obscurité complice, ait surpris leurs derniers cris de plaisir, leurs "je t'aime" hurlés mués en gémissements douloureux, leurs larmes de jouissance pure, et éclaire leurs corps nus, épuisés, entremêlés goûtant au repos salvateur.
Fin "That's all folks"
qui a dit "perverse" ? j'ai entendu hein !