Ca y est, j'ai enfin trouvé un nom à cette maudite fic LOTR dont je vous ai envoye les deux premières parties. Donc, c'est la suite... de la 2e et euh... ben je sais pas quoi rajouter donc je vous laisse lire
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Belegorn avait déjà un an. Ses parents avaient invité pour l’occasion les Rois et Reines des autres royaumes ainsi que tous leurs amis. Une grande fête avait été donnée au palais mais aussi à l’extérieur, Poledra avait tenu à ce que le peuple participe à l’évènement. Le mariage d’Aragorn et Pol, célébré quelques mois plus tôt, avait été grandiose et le peuple du Gondor ne pouvait que se féliciter du choix de leur Roi. La Reine était juste et bonne. Il n’était pas rare de la voir au village, dispensant des soins aux plus démunis, au grand dam des conseillers de son époux. L’hiver avait été rude à cause de la guerre car les semences n’avaient pu être faites à temps. Poledra s’en était inquiétée et avait longuement discuté avec Aragorn des mesures à prendre. Ce dernier avait été séduit par l’idée de sa femme qui lui avait proposé de rationner les quantités de nourriture servis à la cour pour en faire profiter les villageois. C’était ces choses et aussi bien d’autres qui avaient fait que la Reine du Gondor était aimée et respectée par son peuple, ce qui n’était pas le cas de certains conseillers et nobles. Aragorn le savait, Poledra aussi mais elle n’en avait cure. Les intrigues à la cour étaient monnaie courante et elle avait assez « d’espions » pour en connaître les moindres détails qu’elle partageait chaque soir avec son époux. Ce qui les amusait le plus était les rumeurs la traitant de sorcière. Nul ne savait, à l’exception d’Aragorn, Gandalf et Legolas, que tel était le cas mais elle utilisait peu ses pouvoirs et jamais en public. Aragorn, au début quelque peu effrayé de la voir s’entretenir avec oiseaux, insectes et autres animaux qu’elle appelait « ses chers espions », prenait maintenant plaisir à l’entendre discourir dans un langage qu’il ne connaissait point. La seule chose qui le contrariait était lorsqu’il s’éveillait en pleine nuit et que Pol n’était plus à ses côtés. Cela arrivait de plus en plus rarement et elle arrivait toujours quelques minutes après son réveil. Il voyait alors une chouette d’un blanc immaculé se poser au pied du lit et reprendre lentement forme humaine. S’il s’était fait à la métamorphose, il ne pouvait s’empêcher de penser qu’un prédateur pourrait la blesser ou pire encore. Elle avait tenté de le rassurer lorsqu’ils avaient fait route vers Erat, accompagné de leur fils et de Gandalf.
Le voyage avait été assez long car, d’un commun accord, Poledra et le sorcier avaient évité de faire de la magie pour accélérer le cours du temps. Aragorn avait été ravi de cette occasion de retrouver, même si cela n’était que brièvement, son ancienne vie de rôdeur. Il avait aimé chevaucher Brego, son fidèle destrier, sentir la chaleur du soleil sur son visage, entendre les gazouillements de son fils et la voix mélodieuse de sa femme parler aux oiseaux qui venaient la saluer. Il apprit de nombreuses choses durant ce voyage concernant cette dernière et Gandalf. Le sorcier lui raconta la création de l’ordre dont il faisait parti avec Saroumane, Garion, Garath et Eorgwen, père de Pol. Les années qu’il avait passé à voyager avec ses frères à la recherche des prophéties, leurs longues discussions, certaines pouvant durer plusieurs semaines, concernant l’interprétation de celles-ci, tout ce qui était leur vie avant le jour fatidique où l’anneau de pouvoir était réapparu. Poledra narra l’arrivée de sa mère, Phedyra, qui avait été confié à Garath par un mystérieux voyageur. Il était très vite apparu aux sorciers que l’enfant avait des pouvoirs et deviendrait l’une des leurs. Seul Saroumane avait vu l’arrivée de la petite d’un mauvais œil mais il n’était pas encore le gardien de leur ordre et n’avait rien pu faire pour empêcher Phedyra de s’installer dans la tour de Garath. Ce dernier, avait raconté Gandalf, l’avait regretté à l’adolescence de la jeune femme qui avait un goût prononcé pour la propreté, contrairement à Garath, et le sommait de se laver régulièrement et de ranger le fouillis de sa tour. Gandalf sourit en se remémorant les quelques soirées qu’avait passé son frère dans sa propre tour, qu’il partageait alors avec Saroumane, à se plaindre de Phedyra.
Lorsque le soir allait bientôt tomber, ils faisaient halte dans un endroit calme. Tandis que Gandalf et Aragorn préparait leur campement pour la nuit, Poledra allait chasser en revêtant la forme d’une louve argentée. C’était un des moments de la journée qu’elle préférait. Un puissant sentiment de liberté parcourait ses veines quand elle foulait le sol de ses pattes. Son odorat, plus aiguisé que ne l’était celui d’un simple mortel, lui permettait de débusquer facilement des proies. Elle ramenait ensuite le produit de sa chasse au campement et se chargeait de la cuisine tandis que Gandalf et Aragorn fumaient au coin du feu, le Roi ayant un œil sur son fils qui s’assoupissait souvent avant le repas. Il savait, bien sûr, que les lapins et autres animaux qu’elle ramenait n’avaient pas été tué de manière « naturelle » mais ne dit jamais le moindre mot à ce sujet. Après le repas, ils s’allongeaient généralement autour du feu et ne mettaient guère de temps à s’endormir. Gandalf et Belegorn d’un coté (le vieux sorcier ne leur avait guère laissé le choix), Aragorn et Poledra de l’autre. Ils appréciaient ces courts moments d’intimité qu’ils passaient dans les bras l’un de l’autre, échangeant quelques baisers mais profitant surtout du bonheur d’être ensemble.
Au bout d’un certain temps, ils gravirent la dernière colline derrière laquelle se nichait la vallée d’Erat. Ce fut d’un cœur lourd que Gandalf et Poledra constatèrent les ravages de l’attaque de Saroumane. Il n’y avait plus que deux tours qui se dressaient au centre de la vallée, celle de Garath et celle de Gandalf. Leur peine fut quelque peu assourdit quand ils découvrirent les derniers membres de leur ordre venir à leur rencontre.
— Je vous avais dit qu’ils reviendraient, fit Garath avec fierté. Ne vous l’avais-je pas dit ?
— Au moins dix fois par jour, soupira Garion en levant les yeux au ciel.
— Mes chers frères, déclara Gandalf en descendant de son fidèle Méharas.
— Enfin nous voilà réunis, s’écria Garath en le prenant dans ses bras.
Poledra suivit la scène avec attendrissement. Les deux sorciers n’avaient pas changé depuis son départ. Elle n’attendait qu’une chose, qu’il vienne les rejoindre mais son attente se transforma en chagrin quand elle comprit que cela ne serait pas le cas. Aragorn était descendu de cheval et observait les retrouvailles avec attention, son fils lové dans ses bras.
— Ma chère enfant, l’accueillit Garath avec chaleur, quel bonheur de vous voir saine et sauve.
— Mon oncle, répondit Pol avec un pincement au cœur.
— Nous avons essayé, Poledra, je t’assure que nous avons essayé mais…
— Où est-il ? S’enquit la sorcière en contenant avec peine ses larmes.
— Nous l’avons enterré avec les autres, expliqua Garion, au pied du grand arbre. Là où il aimait à se réfugier pour penser.
Sans même un regard pour son fils ou son mari, Poledra se dirigea vers l’endroit indiqué. Aragorn, toujours immobile près des chevaux, tentait vainement de comprendre ce qu’il se passait.
— Ainsi le voilà, reprit Garath en posant ses yeux d’un bleu si clair qu’ils paraissaient presque transparents sur le Roi du Gondor.
— C’est bien lui, ne voyez-vous pas son allure et ne lisez-vous pas l’héritage d’Isildur dans ses yeux céruléens ? Demanda Garion avec un sourire amusé.
Il semble inquiet, reprit-il mentalement en s’adressant à Gandalf.
—
[i]Il n’est pas très versé dans l’art de la magie, rétorqua ce dernier.
— Et voici l’enfant de la prophétie, mi-guerrier, mi-sorcier, qui gardera le monde loin du chaos et du mal durant les siècles à venir, récita Garath d’une voix émue.
— Excusez la grossièreté de mes frères, déclara Gandalf en s’adressant à Aragorn, je crains que l’isolement de ces dernières années ne leur ait… comment dire cela sans les vexer…
— Nous n’avons pas perdu la tête, si c’est cela que tu cherches à dire, vieux bouc ! Assura Garath en plantant son bâton avec tellement de force dans le sol qu’il eut un peu de mal à le récupérer.
— Pouvons-nous voir l’enfant ? S’enquit Garion d’une voix douce en s’approchant d’Aragorn.
Ce dernier consulta Gandalf du regard avant de consentir à laisser son fils entre les mains du sorcier. Il observa chaque mouvement de Garion tandis qu’il montrait Belegorn, qui s’était réveillé entre temps, à Garath.
— Merveilleux… merveilleux, répéta plusieurs fois le vieux sorcier.
Aragorn fut sur le point d’intervenir quand il vit Belegorn s’élever lentement au milieu du cercle que formait Garion, Garath et Gandalf. Sans une incursion de ce dernier dans son esprit – chose qu’il détestait au plus au point mais qu’il permettait néanmoins à sa femme quand il avait besoin de lui parler et qu’ils étaient trop entourés pour le faire de vive voix – lui demandant de n’en rien faire car l’enfant était en sécurité, baigné de leurs magies. Il rajouta que cette étape n’était que le prélude au baptême de Belegorn qui aurait lieu le lendemain. Gandalf lui conseilla d’aller à la recherche de sa femme et de ne s’inquiéter de rien. A contrecœur, mais aussi parce qu’il s’inquiétait pour cette dernière, Aragorn suivit son conseil.
Il contourna la haute tour derrière laquelle Poledra avait disparu et vit un arbre immense au sommet d’une petite colline. Le tronc en était si large qu’il fallait quatre hommes pour en faire le tour. Ses lourdes branches cachaient le soleil déjà haut dans le ciel et semblaient se mouvoir alors qu’il n’y avait pas une once de vent. Au fur à mesure que ces pas le rapprochait de l’arbre, il lui sembla entendre un chant dans une langue inconnue. Il s’arrêta et se laissa bercer quelques instants par la mélopée dont il découvrit bientôt la source. Sur les plus basses branches de l’arbre se nichaient d’innombrables oiseaux et leurs pépiements se mêlaient à la voix claire et triste de Poledra, rendant un ainsi un dernier hommage à Eorgwen. Aragorn partagea l’affliction de sa femme, il la ressentait presque dans chaque fibre de son corps, et cela ne prit fin que lorsque le chant cessa. Pol s’agenouilla alors devant la tombe fraîchement creusée et laissa ses larmes couler sur la terre. S’il ne l’avait vu de ses propres yeux, le Roi du Gondor ne l’aurait cru. Chaque larme se transforma, au contact de la terre, en une magnifique fleur d’un bleu éclatant qu’il n’avait jamais vu. La tombe fut bientôt presque recouverte, ainsi que l’étaient les tombes voisines. Poledra se releva et eut un dernier regard pour la dernière demeure de son père. Oui, il avait toujours aimé cet endroit, il lui avait appris tellement de choses à l’ombre de leur arbre. Elle se retourna pour aller rejoindre les derniers membres de l’ordre et sa famille et se figea en découvrant son mari à quelques pas. A son air grave, Pol comprit qu’il était là depuis quelques temps et qu’il n’avait pas voulu la déranger. Elle le rejoignit rapidement et ils restèrent un moment à se contempler sans mot dire.
— C’était magnifique, déclara finalement Aragorn au bout d’un certain temps.
— Il aurait mérité mieux. A la mort de ma mère…
Elle s’arrêta soudain, songeant qu’elle était désormais orpheline. D’un geste lent et tendre, son mari caressa sa joue, essuyant de son pouce une larme qui s’était échappée par mégarde. Poledra se jeta dans ses bras, enfouissant sa tête dans le cou d’Aragorn qui la tint serré contre lui en lui murmurant des mots apaisants.
— Viens avec moi, murmura Pol en relevant la tête pour croiser le regard bienveillant d’Aragorn. Belegorn ne craint rien avec eux, rajouta-t-elle avant qu’il ne formule sa crainte.
Elle lui prit la main et le conduisit au-delà de l’arbre. Ils descendirent la colline et entrèrent dans une forêt accueillante. Aragorn entendit le grondement de la cascade bien avant de la voir. Poledra se dirigeait sans faillir vers celle-ci et il songea qu’elle avait dû y venir un nombre incalculable de fois. Ils débouchèrent enfin sur une clairière. Au fond de celle-ci, la cascade retombait, en jets scintillants à la lumière du soleil, dans un lac aux contours parfaits. Une multitude de fleurs l’entouraient, ils virent une biche et son petit gambader non loin d’eux après avoir rassasié leur soif dans l’eau claire. Aragorn, tout à ce spectacle, n’avait pas remarqué que sa femme s’était déshabillée et était entrée dans l’eau. Il ne put empêcher un sourire d’orner ses lèvres quand elle se retourna pour lui parler. Ses longs cheveux roux cachaient une partie de sa nudité telle une déesse sortant des eaux pour venir séduire un simple mortel. Elle était si belle qu’il grava cette image dans sa mémoire pour ne jamais oublier ce moment.
— Rejoins-moi, dit-elle en elfique avant de plonger dans l’eau claire et pure du lac.
Son esprit lui disait qu’il n’était pas convenable de se baigner alors que leur fils était aux prises avec trois sorciers mais son corps, lui, réagissait avec toujours autant de passion face aux attraits de sa femme. Inquiet de ne pas la voir réapparaître, il se dévêtit rapidement et entra dans l’eau qu’il trouva délicieuse. Il regarda de tous côtés dans l’espoir de voir Poledra mais seul la quiétude du lac l’entourait.
— Ne me dis pas que tu peux te transformer en poisson, grommela le Roi dans sa barbe.
— Je le peux pourtant, fit une voix derrière lui.
Il se retourna vivement et vit l’objet de son désir s’approcher et se coller contre lui avant de l’embrasser avec douceur. Il répondit à son baiser avec ardeur, explorant la bouche de Pol avant de laisser ses lèvres errer sur le visage de sa femme qui poussa un gémissement de plaisir quand il lécha l’un de ses mamelons. Elle le repoussa lentement et lui fit signe de la suivre. Poledra passa sous la cascade et s’allongea sur la pierre plate et fraîche qui lui servait habituellement de refuge. Aragorn la rejoignit et reprit ses caresses, incapable de résister à son besoin de la posséder, de s’unir une nouvelle fois à elle. Pol avait la même envie. Un besoin impérieux de se retrouver dans les bras de son amant, de perdre pied sous ses baisers et d’oublier, momentanément, la perte cruelle qu’elle venait de subir. Ils firent l’amour lentement, tendrement, s’imprégnant chacun de l’odeur et du goût de l’autre qu’ils connaissaient mais retrouvaient avec le même bonheur évident. La jouissance les laissa haletants dans les bras l’un de l’autre, Aragorn posa sa tête sur la poitrine de sa femme et ferma les yeux. La clameur de la cascade, les battements de cœur de Pol et l’odeur vivace des bois environnants firent de ce moment l’un des plus particuliers de ceux qu’il avait partagé avec son épouse.
— Je t’aime, murmura Poledra au creux de son oreille.
— J’aimerais trouver un mot plus fort pour exprimer mes sentiments, déclara Aragorn après l’avoir contemplée un long moment, mais je crains qu’il n’y en ait aucun, dans aucune langue que nous connaissions, pour cela. Si je le pouvais, j’aimerai l’inventer pour toi, Pol.
— Te connaissant, répondit la Reine émue, je suis certaine que tu le trouveras un jour.
— En attendant, fit-il en elfique avec un sourire, je ne peux te dire que cela : Je t’aime.
Elle lui rendit son sourire et après un dernier baiser, ils retournèrent sur la berge. Ils s’habillèrent rapidement et retournèrent retrouver leur fils.
A suivre...[/i]