Bon, dommage, je n'aurai pas réussi à tout boucler avant le réveillon... cette partie est l'avant-dernière. Bonne lecture. Et merci pour vos reviews. Chapitre 19À ces mots, Johnny se sentit fondre comme beurre au soleil. Avait-il bien entendu ? Evan venait-il de lui dire qu’il l’aimait ?
Les jambes de Johnny se mirent à trembler. Jamais il ne s’était senti aussi ému de toute sa vie. Pas même lorsqu’il avait acheté son premier sac Vuitton. Il s’en souvenait comme hier. En rentrant, il avait caché le sac sous son lit, honteux d’avoir englouti ses primes dans quelque chose d'aussi futile. Patti, qui avait fini par trouver l'objet du délit, l’avait tancé.
« Qu’est-ce qu’il faudrait que je fasse ? » répéta Evan en lui caressant tendrement la joue.
Johnny rougit comme une jouvencelle, et ne répondit rien.
Sa conscience était toute perturbée.
Serait-il possible qu’Evan soit celui qu’il attendait ? Le prince charmant dont il rêvait, depuis le temps où il n'était encore qu'un petit garçon qui se déguisait avec les robes de Maman ?
« Johnny… », appelait Evan.
Se ressaisissant, Johnny lui répondit :
« Ben, je sais pas, moi… Roule-moi une pelle. »
Un dixième de seconde plus tard, Johnny était étendu de tout son long sur le lit, au milieu des roses éparses, et Evan, en surplomb, le couvrait de baisers.
« Qu'est-ce qu'il embrasse bien! », pensa Johnny.
Cela lui rappelait furieusement la scène du réveil de Blanche-Neige.
Sauf qu’Evan n’avait ni cape bleue, ni chapeau à panache. Et qu’il était loin d’être aussi chaste que la créature imaginée par Walt Disney – la façon dont le bassin d'Evan se frottait au sien ne laissait pas trop de place à l’imagination...
Leur baiser se prolongea au-delà du raisonnable. Et les mains d’Evan, longtemps cantonnées au torse de Johnny, commencèrent à s’aventurer en dessous de sa ceinture…
Les choses auraient pu très mal tourner si le regard sévère du nounours Chanel ne leur avait pas enjoint d’en rester là.
Et puis Evan avait la dalle. Quant à Johnny, il se sentait d’humeur fleur bleue.
Bref, ils se relevèrent.
Johnny rajusta les vêtements d’Evan, et Evan en fit de même avec les siens.
« Je crois que moi aussi…, murmura Johnny.
– Toi aussi, quoi ?
– Je crois que j’ai des sentiments pour toi, précisa candidement Johnny.
– Tu crois ? le titilla Evan.
– Cela fait si longtemps que… je ne suis pas sûr de me souvenir de l’effet que ça fait.
– Alors il va falloir que je te rafraîchisse la mémoire », susurra Evan en déposant un baiser au coin de sa bouche.
Johnny enfila une veste noire, s’emmitoufla dans un manteau de fourrure, et ils partirent pour Mari Vanna, dans le 4X4 d’Evan.
*
Evan balayait des yeux la salle du restaurant.
Les lustres de cristal, les murs passés au badigeon de chaux et le mobilier louis XVI en chêne cérusé, ce n’était pas vraiment son truc. Mais il se força tout de même à dire :
« Sympa, le cadre. Un peu chargé, mais sympa.
– Ah, euh, tu trouves ? demanda Johnny, flatté. Je suis content que ça te plaise… J’adore tout ce qui est russe, tu sais… »
Il rit bêtement. Puis il déplia la carte. Hélas, dans l’état où il se trouvait, il lui était impossible de lire quelque chose d’aussi long et compliqué. Aussi se rangea-t-il à la suggestion du serveur, qui lui conseillait le menu du jour.
« La même chose », lança laconiquement Evan.
Ce soir, le contenu de son assiette était vraiment le cadet de ses soucis.
À peine le serveur s’était-il éclipsé avec les commandes que la main d’Evan se posa sur celle de Johnny :
« Tu viens souvent ici ? » lui demanda-t-il en prenant une belle voix grave.
Son pouce glissait sensuellement sur les phalanges de Johnny.
« Ça doit faire la vingtième fois, balbutia celui-ci, gêné par le manque de discrétion de son compagnon. J’aime beaucoup cet endroit, son atmosphère… tu as vu la grande crédence, avec toutes ces vieilles assiettes ? Et le poêle en fonte, là-bas, devant le mur en briques ? J’ai l’impression d’être à Saint-Pétersbourg. Je ne rate jamais l’occasion de faire découvrir cette adresse aux gens que je connais. J’y ai emmené Tara, mon frère Boz, Paris et aussi… »
Johnny n’acheva pas. Emporté par son élan, il allait dire : « mon ex. »
Une liaison de quelques semaines, qu’il avait entretenue l’année dernière. Pas le genre de chose dont il était fier. Même si le garçon en question était plutôt sexy.
« Et aussi ? interrogea Evan, qui avait décelé son malaise.
– Il y a quelques années, j’ai fêté le nouvel an ici, esquiva Johnny. C’était super...
– Tu y as emmené un de tes mecs ? »
Johnny garda la bouche cousue.
« Tu peux me le dire, le taquina Evan. Je me doute bien que tu n’es pas une oie blanche.
– Là n’est pas le problème, bredouilla Johnny.
– C'était ton premier amour, le gars avec lequel tu es resté soi-disant deux ans ? insista Evan. Celui que tu as attendu patiemment avec ton pistolet à colle ? »
Johnny vira à l’écarlate. Il ignorait qu’Evan était au courant des détails de sa vie sentimentale… même s’il s’était plusieurs fois épanché dans la presse à ce sujet.
Il retira sa main de celle d’Evan.
« Je n’ai pas vraiment envie de parler de lui », bégaya-t-il, le regard fuyant.
Un ange passa.
« De toute manière, ajouta tristement Johnny, nous n’étions déjà plus ensemble quand j’ai découvert ce restaurant.
– Alors comme ça, c’est vrai, il t’a largué ? »
Le tact n’était décidément pas le fort d’Evan. Mais Johnny commençait à le connaître suffisamment pour ne pas s’en formaliser :
« J’ai morflé, se contenta-t-il de répondre. Surtout que notre histoire s'est terminée quelques jours avant les championnats… tu sais, l’année où je patinais sur cette musique un peu naze… ça s’appelait comment, déjà ?… Child of Nazareth…
– Le programme où t’étais sapé comme une icône gothique avec des fausses chaînes aux poignets et un haut tout transparent en voile noir ?
– Mouais, c’était pas une réussite, concéda Johnny. Mais je préférais quand même ce costume à sa première version, façon éleveur de chèvres baba cool.
– C’est l’année où je t’ai battu pour la première fois ! s’exclama Evan, à qui la mémoire revenait par bribes.
– Et celle où j’ai pleuré toutes les larmes de mon corps dans le kiss and cry… ça avait l’air de bien te faire marrer, d’ailleurs. Tu faisais coucou à la caméra…
– J’étais tellement content d’avoir gagné, se justifia Evan, un peu penaud. Je me demandais pourquoi tu te mettais dans des états pareils…
– J’avais chuté dans mon programme long, et mon mec m’avait plaqué. Deux bonnes raisons de pleurer, non ? » répliqua Johnny avec un peu de sécheresse.
Soudain, toute l’histoire de sa rivalité avec Evan se déroula devant lui : les coups bas, les perfidies en salle de presse, le jour où il avait trouvé ses patins sabotés dans le vestiaire…
Son regard s’obscurcit.
« Ne parlons plus du passé, chuchota Evan, en plongeant ses yeux dans les siens. On a tous les deux des choses à se faire pardonner, n’est-ce pas ?
– Surtout toi…, grinça Johnny, oubliant un peu vite la fois où il avait renversé un gobelet de café sur le costume flambant neuf d’Evan.
– Tu veux que je te fasse une sélection de toutes les vacheries que tu as dites sur moi ? »
Johnny haussa les épaules :
« Ben quoi ? lâcha-t-il, moqueur. Tout le monde le sait que tu patines avec un balai dans le cul ! »
L’arrivée de leurs entrées fit heureusement diversion.
Tandis qu’Evan engloutissait sans sourciller le contenu de son assiette, son regard, qui vagabondait au-dessus de l’épaule de Johnny, rencontra le visage d’une jeune femme blonde, très belle, qui venait de prendre place quelques tables plus loin.
Elle portait une élégante robe cocktail et un magnifique bracelet en diamants étincelait à son poignet.
« Je connais cette fille, lâcha Evan.
– Hein ?
– Retourne-toi discrètement… Là, la grande blonde, à droite… tu la reconnais ? »
Johnny, qui adorait les potins, se tordit le cou pour regarder :
« C’est la nana qui joue dans
Avatar III !!! s’exclama-t-il.
– Et elle n’est pas toute seule, fit remarquer Evan à voix basse.
– La tronche de ce mec me dit quelque chose…, souffla Johnny, qui frôlait le torticolis. C’est un chanteur, nan ? Ou un acteur ? En tout cas, il est trooop sexy !!!
– Arrête de le fixer comme ça, l’interrompit Evan, chagrin. Tu vas le mettre mal à l’aise. »
Mais, tout à ses conjectures sur l’identité de l’inconnu, Johnny ne détournait pas le regard.
Aussi Evan le rappela-t-il à l’ordre d’un coup de pied. En vain.
« Johnny…, se mit à appeler Evan. Johnnyyy… tsss… »
Johnny semblait complètement hypnotisé par le mystérieux compagnon de l’actrice.
Très bien, se dit Evan avec un rictus dépité.
Puisque Johnny persistait à l’ignorer, il lui fallait employer les grands moyens.
Retirant l’une de ses chaussures, Evan entreprit d’agacer Johnny avec ses orteils. Il commença par lui caresser les genoux, avant de s’attaquer à une autre partie de son anatomie, bien plus sensible.
Johnny n’était pas indifférent à son petit manège, car non seulement il arrêta de regarder le bel inconnu, mais en plus ses joues se mirent à rosir :
« Evan…, soupira-t-il, émoustillé. Tu n’as pas honte ?
– Bah, avec la nappe, on ne voit rien. »
*
Johnny et Evan passèrent le reste de la soirée à s’asticoter sous la table, tant et si bien qu'ils devinrent fort moites.
Evan se resservit un verre d'eau.
« Evaaan..., susurra Johnny, du bout des lèvres, en laissant traîner sa voix.
– Mouiurmf ?
– J’ai teeellement envie de toi »
En entendant cela, le malheureux Evan atteignit le point d’ébullition.
Il se dépêcha de régler et ils s’éclipsèrent en empruntant la sortie de service.
Ce qu’ils ignoraient tous deux, c’est que l’actrice et son amant les avaient précédés dans l’étroit couloir qui débouchait sur une ruelle, à l’abri des regards.
Si bien que quand Johnny et Evan, main dans la main, franchirent la porte, ils se retrouvèrent, comme les deux vedettes, cernés par les paparazzis.
« Merde ! » jura Johnny.
Les paparazzis faisaient le pied de grue derrière le restaurant depuis une bonne heure. C’est pourquoi, dès qu’ils avaient vu paraître le couple qu’ils attendaient, ils s'étaient déchaînés.
Les flashs crépitaient sans interruption autour de l’actrice et de son compagnon.
Tout en marchant vers leur luxueux véhicule, garé un peu plus loin, ceux-ci tentaient maladroitement de dissimuler leur visage :
« Je te l’avais dit qu’on aurait dû prendre un garde du corps ! » pestait le jeune homme.
Quelques photographes firent obstruction :
« Un cliché, allez, soyez sympa, juste un cliché et on vous laisse tranquille ! »
Comme les deux vedettes ne paraissaient pas disposés à se prêter au jeu, l’un des paparazzis bouscula l’actrice tandis qu’un autre la photographiait.
Il y eut un début de rixe et un appareil photo se fracassa contre le bitume.
Finalement, les deux vedettes s’engouffrèrent dans leur voiture, qui démarra en trombe.
C’est alors que les photographes se retournèrent vers Johnny et Evan, qui étaient prudemment restés devant la sortie.
À l’expression de surprise qui passa sur le visage de quelques-uns, Johnny devina qu’on les avait reconnus.
Il hésita : devait-il s’enfuir ou bien prendre la pose ?
Déjà les paparazzis dirigeaient leurs objectifs vers eux, prêts à les mitrailler.
Prenant soudain conscience que sa main était restée dans celle d’Evan, Johnny voulut la retirer, mais les doigts de son compagnon la retint fermement.
« Ils vont nous prendre en photo ! chuchota Johnny, paniqué, en tirant de toutes ses forces sur son bras. Lâche-moi la m... ! »
Trop tard : les flashs les aveuglèrent.
« Vers moi, Johnny ! criait l’un des paparazzis.
– Là, là ! hurlait un autre.
– Ici, ici ! », s’égosillait un troisième.
Et ils mitraillaient de plus belle.
« Oh nooon », gémit Johnny.
Une jeune fille, qui s’était faufilée dans la foule, lui demanda un autographe, qu'il signa en geignant.
Étrangement, au milieu de toute cette agitation, Evan semblait très calme.
« C'est pas possible », se lamentait Johnny, qui se voyait déjà à la une du blog de Perez Hilton – cette langue de pute n’allait pas rater un scoop pareil.
Il aurait dû se repoudrer avant de sortir.
« Qu’est-ce que ça peut faire qu’on nous voit ensemble ? bougonna Evan.
– Mais euh, mais euh..., protestait Johnny. Maintenant tout le monde va savoir que… !
– Ça m’épargnera un coming-out, analysa Evan, pragmatique. Allez, fais risette, darling. »
Il prit Johnny par le cou. Et sous une avalanche de flashs, il l’embrassa.
A suivre...