Kami voulait du fluff et Mapi autre chose autour de Noël, j'ai donc bricolé ce petit OS. Il semble assez nostalgique au début, mais promis, il vire au fluff
Un petit truc me dérange dans ce travail, mais après l'avoir relu et remodifié plusieurs fois je ne vois plus quoi faire d'autre alors on verra bien
En guise de cadeau de Noël (et de clin d'oeil aux merveilleuses fics de Kami), l'apparition du craquant Ewan McGregor
Bonne lecture
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Avalant d’un trait une énième coupe de champagne – il en avait perdu le compte depuis bien longtemps – Jude déprimait sec. Dès le début il avait compris que sa relation avec Robert aurait souvent tendance à lui compliquer la vie, mais il n’avait certainement pas réalisé qu’une chose aussi anodine que le réveillon de Noël prendrait ce genre d’importance. A cause de leurs familles respectives, qu’ils ne tenaient pas à sacrifier pour leur relation, voilà que lui-même était à Londres pendant que Robert restait coincé à Los Angeles avec Susan et Indio. Lui devait récupérer ses enfants le lendemain, d’où sa présence en Angleterre. Il avait bien appelé son compagnon peu auparavant, mais loin de lui remonter le moral, ce coup de fil lui avait plutôt rappelé combien sa vie était sinistre lorsqu’ils étaient séparés, non pas qu’il ait besoin qu’on le lui rappelle d’ailleurs. Pourtant Robert avait su trouver les mots justes pour le pousser à se rendre à cette soirée alors que lui-même ne le voulait plus.
Ainsi donc, fidèle à sa promesse, il était là, un sourire de circonstance mais totalement faux plaqué sur les lèvres, laissant entendre combien il s’amusait chaque fois que l’un de ses hôtes s’approchait de lui. Cruelle ironie, il appréciait toutes les personnes réunies ici et aurait en temps normal pris beaucoup de plaisir en leur compagnie, mais désormais lorsque Robert n’était pas à ses côtés, simplement se réjouir des petites choses simples de la vie lui semblait plus difficile. Qui avait dit que l’amour était une bénédiction déjà ? Un ignorant à n’en pas douter.
Il sourit lorsqu’Ewan, qui avait eu la bonne idée de passer le réveillon ici lui aussi avec femme et enfants, vint s’asseoir près de lui.
« - Arrête donc de faire la tête, le réprimanda l’Ecossais. C’est la veille de Noël bon sang ! Et puis tu le retrouveras bientôt ton Yankee. »
Jude haussa les épaules en tentant de dissimuler son agacement. Cette conversation, les deux hommes l’avaient eue bien souvent. Trop souvent. L’Anglais avait un peu l’impression de tourner en rond.
« - Et puis c’est pas comme si tu l’avais pas vu venir, reprit Ewan. On savait tous que ça finirait ainsi.
- C’est pas pour autant que ça rend les choses plus faciles, grogna Jude.
- Et moi qui pensais que tu serais content d’être là. C’est moi qui ait demandé à Sean de t’inviter, nota tristement l’aîné en détournant le regard. »
Jude constata qu’il avec dû le vexer à le rabrouer ainsi, ce qui n’était évidemment pas l’effet escompté. Il aimait Ewan et n’avait certainement pas l’intention de se le mettre à dos, aussi se forçat-il à faire un effort.
« - Merci mon grand, je suis content d’être là, dit-il avec douceur. Je sais bien que je ne suis pas toujours de bonne compagnie ces derniers temps, mais j’te promets, j’essaie de m’améliorer. »
Ewan hocha la tête, bien conscient que la situation n’étais pas simple. C’était tout Jude ça, aller se prendre la tête dans une histoire aussi compliquée alors qu’un tas de femmes auraient été prêtes à tuer pour une relation exclusive avec lui. Le pire étant probablement que depuis qu’il avait lui-même rencontré Downey, il ne comprenait que trop bien les raisons de son ami à s’être lancé là-dedans. Cet Américain de malheur faisait vivre un enfer à Jude, ce qui ne l’empêchait pas d’être terriblement attachant, et il savait en jouer le bougre. Pas étonnant que Jude lui soit si dévoué.
« - Bah, tu le disais toi-même, tu le reverras dans quelques jours, inutile donc de te mettre martel en tête, tenta-t-il donc de le réconforter. »
Jude hocha la tête avant de se fendre d’un sourire enfin sincère.
« - Quoi ? s’enquit son ami, étonné d’une telle réaction.
- Rien, je me disais juste… ben que j’avais pas vraiment de raison de me plaindre. J’ai un homme vraiment bien dans ma vie et l’originalité de notre situation me laisse en plus pas mal de temps libre pour penser à moi. C’est une situation rêvée, d’autant que Robert me fait totalement confiance quand on est séparés… »
A l’évocation de ce dernier détail, les deux hommes ne purent s’empêcher de rire en songeant à la même chose. Effectivement, du temps où Jude fréquentait encore Sienna, ils devaient systématiquement batailler pour passer du temps ensemble tant la jeune femme était jalouse de toutes les personnes gravitant autour de son compagnon.
« - Elle me faisait une scène chaque fois qu’elle savait que je t’avais vu, commenta Jude d’une voix lointaine. En même temps c’est de ma faute, j’aurais jamais dû lui avouer qu’à l’époque où on était colocataires j’avais craqué pour toi. J’avais beau lui répéter que toi tu ne mangeais pas de ce pain-là, pour mon plus grand déplaisir à l’époque, elle ne voulait pas comprendre.
- Résultat, tu l’as quittée pour la seule personne dont elle ne s’est pas méfiée, s’amusa Ewan.
- Ça c’est l’effet Robert. Je sais pas comment il fait, mais personne ne se méfie jamais de lui. »
L’Ecossais hochait la tête au moment où le Père Noël entra dans la pièce alors que les cris joyeux des enfants éclataient un peu partout.
« - Ah, les choses sérieuses commencent, s’amusa Ewan.
- Décidément, Sean a vraiment fait les choses en grand.
- Ben tu le connais.
- Et qui est sous ce déguisement ?
- Aucune idée. Bon, il faut que j’aille rejoindre ma petite famille avant le début de la distribution des cadeaux sinon ils ne me le pardonneront pas. Ça va aller toi ?
- Mais oui, t’inquiète. File profiter des enfants. »
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Et tandis que tous les enfants se pressaient autour du Père Noël, réclamant à grands cris leurs cadeaux, Jude reprit ce qu’il faisait avant l’interruption de son meilleur ami, tenter de noyer sa solitude dans le champagne. Il n’avait nulle intention de friser le coma éthylique et ne voulait certainement pas d’une gueule de bois le lendemain, mais chaque fois qu’il se promettait qu’il s’agissait de son dernier verre, la tentation était ensuite trop grande. Il n’avait jamais eu aucune volonté, et quand son moral n’était pas au beau fixe, c’était encore pire.
Perdu dans ses pensées, il ne vit pas le Père Noël s’approcher de lui et ne remarqua sa présence à côté de sa table que lorsqu’un petit paquet fit son apparition devant lui.
« - Joyeux Noël, dit la voix excessivement grave et sans nul doute déguisée de son interlocuteur. »
Mais tandis que Jude levait les yeux vers lui, il lui tournait déjà le dos. Haussant les épaules, l’Anglais reporta finalement son attention sur le présent élégamment emballé. Etrange que quelqu’un ici ait pensé à lui, il y avait bien longtemps qu’Ewan et lui ne se faisaient plus de cadeaux, et il n’était pas si proche des autres convives. Poussé par la curiosité, il déchira rapidement le papier puis ouvrit la boîte en velours qu’il trouva dedans.
Découvrant une paire de menottes, il rougit violemment avant de refermer vivement le couvercle de la boîte, jetant de brefs coups d’œil autour de lui pour vérifier que personne n’avait rien remarqué. Rassuré sur ce point, il se permit de secouer la tête en souriant. Lui qui s’était interrogé sur l’auteur de ce cadeau, il avait finalement sa réponse. C’était de Robert tout craché. Touché que son compagnon ait eu ce genre d’attentions pour lui, même si le cadeau en lui-même était d’un goût plutôt douteux, son sourire grandit davantage tandis qu’il ouvrait l’enveloppe qui avait été au préalable accrochée sur le couvercle. Comme il le soupçonnait, il reconnu immédiatement l’écriture de son compagnon sur la carte.
Voilà de quoi rendre nos futures nuits à deux bien plus excitantes. Rassure-toi néanmoins, le vrai cadeau arrivera bientôt
Je t’aime
Robert Yep, du Robert tout craché. Mais cette attention remonta clairement le moral de l’Anglais. Comme toujours son homme débordait de ce genre d’égards, la meilleure façon pour tous les deux qu’il avait trouvée pour faire passer les inévitables séparations plus faciles.
Caressant du bout des doigts la carte, Jude leva les yeux vers l’inconnu déguisé, qui était déjà à l’autre bout de la pièce et ne put s’empêcher de lui voir une ressemblance avec son compagnon, tant dans son attitude que sa silhouette. A croire qu’il était plus en manque qu’il ne l’avait pensé, se reprocha-t-il en riant doucement.
Rangeant finalement le cadeau dans la poche de sa veste, il se leva et se dirigea vers la sortie. Le temps était certes plus que glacial, mais il avait besoin d’une cigarette. Il ne fumait que rarement, mais quand il en avait envie, rien ne pouvait l’en détourner.
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Glissant une cigarette entre ses lèvres, il joua un moment avec le briquet qu’il avait "emprunté" quelques semaines plus tôt à Robert. Il avait développé ces habitudes cleptomanes depuis le début de sa relation avec l’Américain, trouvant du réconfort dans ces objets de la vie quotidienne lorsqu’il était seul. Robert aurait très certainement parlé de fétichisme, mais fort heureusement il semblait ne s’être rendu compte de rien, avantage qui évitait ainsi au cadet une explication sans aucun doute humiliante, comme chaque fois qu’il devait défendre l’un de ses travers.
Se décidant finalement à actionner le briquet, il allumait sa cigarette lorsqu’il remarqua le père Noël qui venait à sa rencontre. C’était bien sa veine, pensa-t-il en soupirant. Lui qui était sorti pour se retrouver un peu seul n’avait pas particulièrement envie d’entretenir la conversation avec un parfait inconnu. Il fit donc comme s’il n’avait pas remarqué sa présence, se contentant de fumer tranquillement jusqu’à ce que l’autre homme ne vienne se planter tout près de lui, l’obligeant à lever les yeux sur lui. Croisant le regard de l’importun, Jude ravala de même coup le ton rogue qu’il s’apprêtait à utiliser. Ce regard, il le connaissait. Ou alors il était définitivement plus en manque qu’il ne l’avait craint jusque-là.
« - Robert ? tenta-t-il tout de même d’une voix mal assurée. »
L’interpellé se fendit d’un grand sourire, reconnaissable entre tous malgré cette fausse barbe blanche qui lui mangeait une bonne partie du visage. ?
« - Eh bien tu as mis le temps, s’amusa-t-il. Je dois me vexer que tu n’aies pas réagi plus tôt ?
- Mais enfin, tu…, bafouilla Jude, encore abasourdi. Robert… tu ne devais pas être à Los Angeles ? Qu’est-ce que tu fais là ?
- J’ai appelé Ewan hier avant de prendre l’avion pour venir ici. Je voulais te faire une surprise et c’est lui qui a eu cette idée.
- Alors il était au courant ? marmonna l’Anglais. Quel petit c…
- On pensait tous les deux que tu apprécierais l’idée, l’interrompit Robert, hilare.
- J’apprécie. J’apprécie vraiment, souffla Jude en se rapprochant de lui. Mais… Susan ? Elle sait que tu es là ?
- Bien sûr. Mieux valait que je la prévienne, mon absence au moment d’ouvrir les cadeaux l’aurait interpellé tu ne crois pas ?
- Arrête de dire des bêtises. Je croyais que tu restais avec elle…
- Je devais, mais tu me manquais trop. Elle l’a compris tu sais. Elle est plus maligne que moi, elle se doutait bien que ça se passerait comme ça.
- Et Indio ?
- Oh tu sais, depuis qu’il a une petite-ami il est beaucoup plus conciliant concernant mes propres amours. Je suis à toi pour les douze prochaines heures.
- Je vois que tu as réponse à tout, constata le cadet avec amusement.
- Presque tout. Il me manque la réponse à la question la plus essentielle. Jude, continua-t-il en prenant une voix ridiculement sérieuse, est-ce que tu acceptes de passer la nuit avec le père Noël ? »
L’interpellé prit un instant pour jouer du bout des doigts avec les gros boutons dorés du costume de son compagnon avant de lui adresser un regard coquin.
« - Y a un truc qu’il faut que tu saches sur moi Bobby, abuser du père Noël au préalable menotté à mon lit est mon plus vieux fantasme.
- Hum, je passerais évidemment sur le côté totalement pervers de ce fantasme et me contenterais donc de me féliciter de t’avoir offert ce joujou.
- Ensuite je te féliciterai à mon tour, murmura Jude tout contre ses lèvres avant d’en prendre possession. »
Puis sans perdre un instant il serra la main de l’Américain dans la sienne et l’entraîna à sa suite dans la nuit froide. Il n’habitait qu’à quelques rues d’ici et entendait bien perdre le moins de temps possible.
« - Tu sais Bob, croire au père Noël, c’est pas si mal finalement, lança-t-il joyeusement. »
THE END.