Sans plus attendre, voici la fameuse fic. Je ne m'attarderai pas un peu plus en préambule, mais j'ai créé cette fic parce que cette scène de la fin me paraissait plus qu'exploitable.
Voici donc, mes amies, le fin mot de l'histoire:
Je vivrais pour lui
Les tambours. Les tambours résonnaient dans la cour en un martèlement irrévocable. On prononçait l’acte d’accusation de Jack qui écoutait, une fois de plus les poings liés, sans rien dire. Il jeta un œil à Elisabeth, qui regardait la scène d’un air aussi révolté que lui. Son charme avait réussi à le sauver une fois, mais il ne sauverait plus Jack à l’heure qu’il était. Non. A présent, c’était à lui d’agir. Pendant une nuit entière il avait tout fomenté, tournant en rond dans sa chambre, indifférent au sommeil qui aurait dû le gagner. Condamné à mort… Oh non, certainement pas !
Il ignorait pourquoi ce… « maudit pirate » lui tenait tant à cœur. Il lui avait sauvé la vie, certes. Mais il y avait autre chose qu’il n’aurait pu définir. C’était comme une sympathie profonde, viscérale, intrinsèque qu’il avait développé pour lui. Il ressentait une immense reconnaissance, une compréhension, un besoin de protéger à jamais ce forban un peu loufoque. Ce vœux de sécurité, c’était le même qu’il avait eu pour Elisabeth, au début. Mais force était de constater que plus l’aventure avait avancé, plus ses soucis avaient été tournés vers Jack. Cela, Will ne le comprenait pas.
La première fois, il s’était lancé en avant sans réfléchir, guidé par les ailes de l’amour. Mais cette fois, il avait un plan. Un plan désespéré, un plan qui ne pourrait fonctionner que si tout était réglé comme du papier à musique… Mais un plan qui pourrait marcher, si Jack et lui y mettaient tout leur brio. Il avait étudié chaque détail, cherchant à mettre absolument toutes les chances disponibles de son côté. Il repassa une dernière fois les étapes dans sa tête : la potence, les marches, les remparts…
Un perroquet bleu et jaune vint soudain se percher sur un drapeau. Il le prit comme signal de départ. Le cœur battant à tout rompre, il se dirigea vers les trois personnes debout sous la voûte.
- Gouverneur Swann, Commodore… Elisabeth ?
Les deux hommes lui répondirent par un bref hochement de tête, tandis que la fille du gouverneur le regardait intensément.
- J’aurais dû vous le dire chaque jour depuis le premier jour…
Il avala sa salive.
- Je vous aime.
Mademoiselle Swann ouvrit de grands yeux tandis que les deux autres la regardaient avec un air choqué. Il repartit vivement dans la masse de gens. Les dés étaient lancés. Les tambours accélérèrent… Le perroquet s’envola de son perchoir, attirant l’attention d’Elisabeth. Il se mit soudain à fendre la foule, priant pour que la jeune femme fasse preuve d’autant de vivacité d’esprit et de ruse que d’habitude. Il dégaina son épée.
- ECARTEZ-VOUS ! hurla-t-il.
Le bourreau actionna la trappe. Sparrow tomba. Etonné de ne sentir aucune résistance, il sut qu’Elisabeth avait joué le jeu. C’était maintenant, ça marchait, ça marchait ! Il ne pouvait penser à rien d’autre que cette phrase qui criait dans sa tête. Il prit de l’élan et lança de toutes ses forces son épée dans le bois de la trappe. Jack s’y appuya tant bien que mal. La pirate semblait penser que ce qu’il était en train de tenter était encore plus fous que toutes ses propres turpitudes passées.
Il grimpa sur le plancher du gibet, résolu à défendre ce pendard jusqu’au bout. Il croisa le fer avec l’énorme bourreau et sa hache menaçante, ne ressentant aucune crainte, aucune incertitude, mais juste un feu dévorant qui embrasait tout son être et décuplait ses forces. Mais malgré cela, il fut désarmé. C’est alors que la lame de la hache rencontra la corde qui enserrait toujours le cou de Jack dans une étreinte mortelle. Il profita de l’effet de surprise pour se jeter de tout son poids sur son opposant, le jetant dans la foule en proie à l’émoi le plus total. Complètement survolté par l’adrénaline, il sauta à bas de la potence d’un leste saut périlleux.
Sparrow, à présent libéré de ses liens, lui lança une corde. Ils se mirent alors à courir côte à côte et renversèrent plusieurs gardes qui tentaient de les intercepter. Se serrant derrière une colonne, ils en assommèrent deux autres. Après s’être débarrassé des gêneurs les plus proches, il roulèrent tous deux sur le sol de pierre. Il sentait à ce moment-là une coordination et une harmonie qu’il n’avait jamais éprouvé avec un autre être. Il lui semblait que leurs corps et leurs âmes étaient connectés et guidés par la même essence. Une exaltation merveilleuse l’animait tout entier. Les remparts, ils y étaient presque ! Il avait réussi ! Il avait…
Sans qu’il sur comment, ils se retrouvèrent soudain encerclés par des hommes. Il sentait à présent les battements de son cœur s’emballer, menaçant de l’étouffer, de faire exploser sa poitrine… Il ne pensait plus qu’à une chose : protéger Jack. Son bras se tendit dans un geste désespéré, il tournèrent sur eux-mêmes, cherchant une issue qui n’était nulle part. A la place, il découvrit le Commodore qui s’avançait vers lui, un air dur sur le visage.
- Je me doutais bien que nous aurions à souffrir une tentative d’évasion… Mais pas de votre part.
Derrière lui, le gouverneur ajouta :
- De retour à Port Royal, je vous ai accordé ma clémence ! Et c’est ainsi que vous me remercier… en vous associant à cet homme..?
Il éprouva tout à coup une haine sans borne pour ce vieillard empâté qui osait prononcer les mots « cet homme » d’un ton aussi répugné et méprisant pour qualifier le Capitaine Jack Sparrow.
- C’EST UN PIRATE ! s’exclama le gouverneur d’une voix colérique.
- Et un homme de bien ! répliqua-t-il avec aplomb.
Il y eut un silence.
- Si aujourd’hui, au lieu d’une seule, le bourreau reçoit deux paires de bottes grâce à moi, qu’il en soit ainsi ! Au moins je mourrai la conscience tranquille… Déclara-t-il la tête haute.
- Vous oubliez votre place, Turner… dit le Commodore d’un ton autoritaire qui ne souffrait nul réplique.
Cependant, il le regarda dans les yeux de ses grands iris marrons qui ne recelaient nulle fourberie et répondit.
- Elle est ici… entre vous et Jack.
Son interlocuteur continua de le fixer de ses petits yeux impitoyables. Son cœur, loin d’avoir ralenti, cognait plus fort encore en lui. Mais il restait droit, faisant face au Commodore, déterminé à rester ainsi jusqu’à ce qu’on libère son ami, ou qu’on le criblât de lames. Une voix décidée s’éleva soudain.
- Comme la mienne !
Elisabeth se plaça à ses côtés, protégeant le pirate. Il lui en fut reconnaissant. Elle venait troubler cette cohésion de leurs deux âmes, mais il savait que son attitude pèserait lourd dans la balance. Son cœur se calma progressivement. Et en effet, les soldats furent sommés de baisser leurs armes. Le Commodore parut tout à coup déstabilisé.
- Elisabeth… C’est donc vers cet homme que balance votre cœur ?
- En effet, répondit la jeune femme en le fixant avec détermination.
Derrière lui, Jack eut un regard indéfinissable. Comme une sorte d’immense innocence triste, une faiblesse soudain dévoilée dans le dos.
Et puis brusquement, en voyant le perroquet prendre son envol, son expression changea du tout au tout, se muant en cette lueur rusée coutumière. Sa voix s’éleva sur son ton narquois habituel.
- Bien… Et bien tout cela me semble… fort plaisant ! Je crois qu’on a fait des progrès spectaculaires, hein ? Spirituels… Oecuméniques… Grammaticaux…
Il s’adressa ensuite au Commodore de sa voix rendue rugueuse par l’excès de Rhum.
- Et je veux que tu saches que je t’ai toujours soutenu, l’ami….
Il le regarda à son tour aux fond des yeux.
- C’est pas des blagues…
Il fit mine de s’éloigner mais s’arrêta pour lancer à Elisabeth :
- Ca n’aurait jamais marché entre nous, chérie… et j’en suis désolé.
Il se remit à nouveau en route mais se retourna une ultime fois.
- Will…
William fit volte-face, attendant quelque chose, n’importe quoi…
- Le chapeau… magnifique !
Il sourit en le voyant se diriger vers les remparts. Ce bon vieux Jack… Toujours là, et toujours le même.
- Mes amis ! Que ce jour reste dans vos mémoires… comme celui où vous avez failli…
Le pirate chut en-bas de la muraille. Il se précipita en avant, scruta anxieusement les flots tourmentés… Jack était toujours là. Et soudain quelqu’un cria :
- NAVIRE EN VUE !
Le Black Pearl. Le capitaine Jack Sparrow était sauvé. Il avait réussi. Il lui avait sauvé la vie, et c’était tout ce qui comptait. Une joie intense le submergea, une émotion qu’il n’avait jamais connue auparavant. Il avait rendu ce vieil oiseau de mer blessé à sa nature. C’était sans doute cela, le bonheur.
A présent, il devait assumer les conséquences de ses actes. Il était un homme honnête, et le problème avec les gens honnêtes c’est qu’on ne peut jamais prévoir à quel moment il font un truc incroyablement… stupide.
_________________ La Halfeline
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Le sachet de thé c'est la santé!
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