Attention, gros n'importe quoi à l'horizon
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La rancœur mise de côté, Wolfgang Amadeus Mozart et Antonio Salieri avaient appris à leur dépens qu'il n'y avait qu'un pas de la haine à l'amour. Le musicien de la cour, dans un rare moment de faiblesse avait laissé Mozart tatouer toutes ses luxures sur ses si précieuses dorures. Et vu qu'un tatouage était permanent, celui-ci ne faisait pas exception à la règle et cet énergumène qu'on surnommait l'aimé des dieux squattait régulièrement son lui, et tous deux composaient les plus belles symphonies des corps que l'on eut jamais écrites. Salieri ne l'aurait jamais avoué, même sous la torture, mais il s'y était sacrément attaché à son énergumène. En tout cas, il savait que c'était réciproque car Wolfgang le bassinait sans cesse avec toute sa guimauve. Des « je t'aime mon amour », des « mon ange », des « mon Tonio que j'aime très fort », ah ça oui, des la guimauve il y avait droit tous les jours. Il ne doutait plus du tout de l'attachement de Mozart à son égard. En revanche, il y avait une chose qu'Antonio appréciait, c'était un peu de romantisme après des ébats passionnés. Mais ça, ce n'était pas vraiment le fort du petit singe savant. Atteignant la jouissance ultime, Salieri se laissa tomber dans les bras de son génie d'autrichien, qui l'embrassa amoureusement. Ils restèrent front contre front un long moment, complètement silencieux, mais l'italien avait bien remarqué que son amant voulait dire quelque chose. Il voyait presque les rouages de son cerveau s'activer.
- Qu'y a-t-il Wolfgang ? Demanda-t-il.
- Je viens d'avoir une idée.
Antonio se redressa et soupira. Le romantisme n'était pas encore pour ce soir.
- Je t'écoute.
- Cela sera quelque chose de nouveau, du jamais vu. Un opéra unique avec de la musique unique. De la musique qui fasse danser les gens. Comment pourrais-je appeler ceci ?
- De la valse ? Proposa Salieri dubitatif.
- Non, quelque chose de nouveau Antonio ! S'exclama Mozart passionné. Il me faut un nom exotique. Du Ra... Du Re... Du Ro... DU ROCK !!!! Je vais appeler cela du rock ! Antonio mon amour, je vais devenir encore plus célèbre et créer le premier Opéra Rock de l'histoire !
Assommé par la bêtise de son homme, Antonio se laissa tomber sur son oreiller, et l'écouta délirer pensivement sur son Opéra Rock. « On aura tout vu », songea l'italien. « Et il croît que l'Empereur autorisera une telle ineptie ».
- Tu m'écoutes mon amour ?
- Hum Hum.
- Et il y aura 7 chanteurs, des tonnes de comédiens et 60 danseurs.
- Hein ? Mais tu es fou ? Wolfgang, ce sont là trop de nouveautés. Et le livret ? As-tu un livret au moins ?
- Pas besoin, il est dans ma citrouille, sourit-il en posant un doigt sur sa tempe.
- Ah parce-que maintenant Monsieur le génie écrit des livrets, le railla Antonio.
- Oui, parce-que ce livret là sera un livret sur ma vie. Mon opéra s'intitulera, « Mozart l'Opéra Rock », le destin d'un génie.
Le musicien de la cour leva les yeux au ciel.
- N'importe quoi.
- Ben quoi ? Demanda Wolfgang en l'embrassant. Elle intéressante ma vie.
- Sans vouloir te vexer, pas assez pour intéresser le grand publique. T'as des idées stupides parfois.
- Tu verras ! Un jour quelqu'un créera un opéra sur ma vie ! Se borna l'autrichien.
- C'est ça. Viens plutôt dormir dans mes bras au lieu de dire des inepties.
Convaincu qu'il avait raison, Wolfgang s'endormit dans les bras de son italien, rêvant d'un opéra où son personnage était interprété par italien et son homme joué par un français.
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