Au conditionnel.
- Les personnages appartiennent à la série Torchwood, je ne tire aucun bénéfice sur cette histoire.
- Cette histoire est le cadeau d'anniversaire d'Aragone, donc merci de m'avoir donné la permission de la poster ici
- Note : C'est ma première songfic j'espère qu'elle vous plaira et la chanson est de Matmatah, j'ai simplement changé le dernier refrain.
Un claquement de porte en pleine nuit ... Voilà le seul moyen que Jack avait trouvé pour clore cette énième dispute. Il était tellement las de cela, de lui aussi. Ianto avait mille raisons de lui en vouloir : ses non-dits jalonnaient leur histoire. Il ne demandait pas la lune pourtant ! Il se mit à sourire ... La lune, il lui aurait offert volontiers. C'était dans ses cordes, mais parler de ses sentiments... .
Et maintenant, il erre dans les rues de Cardiff. Des rires l'arrêtent devant la devanture d'un Pub. Son regard balaye la salle ; au fond se trouve un couple d'un certain âge. Ils se tiennent tranquillement par la main ; leurs attitudes, leurs regards ne trompent pas, leur amour est éclatant. Par le jeu de certaines lumières, il voit son reflet dans la vitre. Personne n'est à côté de lui, seul, comme le sombre crétin qu'il est. On est loin de la vision qu'il se faisait de cette soirée et encore plus de cette nuit.
J'ai passé tant de nuits à briller sous mille soleils
A butiner les fleurs de ma bohème
Et pour rien au monde, je n'changerai le goût de ce miel
Mais voilà, vous me posez un sérieux problème
Au début, en te voyant travailler au sein de Torchwood, je n'ai vu qu'une possible aventure d'un soir. Mais j'ai très vite compris ma méprise ... avec toi mes vagabondages nocturnes allaient prendre fin. Tu n'accepterais pas que je m'abandonne dans d'autres bras. Oh bien sûr tu ne me l'as pas dit, tu es bien plus subtile que cela: il t'a suffi d'un regard pour m'enchaîner. Oh ne t'inquiète pas : j'étais loin d'être réticent à cette idée. Je savais pertinemment que cette situation allait être réciproque, que la fidélité serait la pierre angulaire de notre couple.
Non pas que tu aies changé la couleur de mon ciel
Mais les choses aujourd'hui ne sont plus les mêmes
Et c'est non sans regret que j'ai eu vent de la nouvelle.
J'arrive encore à me mentir, je crois que chez moi c'est devenu pathologique. Je me berce de douce illusion en songeant que tu ne m'étais pas indispensable. Je pouvais encore me leurrer que se soit la vérité jusqu'au jour où j'ai découvert ta trahison et ton amour éperdu pour cette femme. Tout était fini, le voile de l'illusion déchiré. Et pendant cette période la jalousie consumait mon corps. Mon désir s'était transformé sans m'en rendre compte en amour. Oui j'aurai tout fait pour que l'espace d'un instant tu m'aimes comme elle, cet amour inconditionnel qui brûlait dans tes yeux. Il aurait fallu te parler, te raconter certaines choses sur moi et sur mon passé. Mais je n'ai pas pu ou voulu. Alors, pour ne pas perdre complètement la face, j'ai continué mon petit jeu en me répétant sans cesse :
Une information à mettre au conditionnel,
Mais il semblerait bien que je vous aime.
Depuis le jour de la découverte de ta trahison, je n'ai cessé de lutter contre mon cœur, contre ce sentiment qui m'attachait irrémédiablement à toi, qui me poussait à revenir tous les soirs pour te montrer que je ne passais pas mes nuits dans d'autres bras alors que toi tu me refusais les tiens. Ma raison me dictait de fuir, mais pour une fois mon cœur l'a emporté sur tout le reste. C'est la première fois depuis des années qu'il rebattait pour quelqu'un. Cela a été d'une violence extrême, cette douleur exquise qui vous ramène à la vie, qui fait couler un peu plus vite le sang dans vos veines, qui vous donne le vertige alors que vous êtes couchés. Malgré tout ça j'ai continué à ne pas croire...
Et même si la rumeur se fait de plus en plus belle
Et qu'elle crie sous mon toit que vous êtes une crème
S'il devient évident que vous semblez être celui
J'ai le cœur enchaîné à mon vieux théorème
C'est à mon grand regret que je n'peux que vous l'énoncer comme tel.
J'ai toujours cru que le couple était un carcan, une prison, et pour éviter de tomber dans ce piège, je m'étais forgé une carapace, une barrière infranchissable. Mais toi tu ne t'es pas arrêté au premier obstacle : tu as fait preuve d'une détermination sans faille. Tu as su user jour après jour ma chère liberté, te rendant indispensable au travail et ensuite, dans ma vie. Mon existence a été transformée par ta venue : chaque jour à tes côtés me rendait meilleur, car j'aimais voir dans ton regard cette admiration et pour cela j'étais prêt à faire n'importe quoi. Tout ceci s'est fait sans que je m'en aperçoive et pourtant je n'arrive toujours pas à m'enlever ce refrain de la tête :
Une information à mettre au conditionnel,
Mais il semblerait bien que je vous aime.
Je rentre enfin au Hub. Il ne m'a jamais paru aussi froid que cette nuit. Le silence des lieux me renvoie à ma propre solitude, mais ma bêtise me crie que je suis libre. Voilà une bien maigre consolation : libre de quoi ? Finalement la liberté quand elle est vécue seule n'en vaut pas la peine. Je soupire de résignation et je m'oblige à aller me coucher. Demain sera un autre jour et j'ai des excuses à faire. En descendant l'échelle qui me mène à ma chambre mon regard se porte directement sur toi, couché sur mon lit, portant encore ton costume de la journée. Je ne peux que sourire à cette vue. Tu es venu ici alors que rien ne l'obligeait à le faire. Tu as l'air si serein malgré la dispute que nous avons eue quelques heures plus tôt.
Faut-il que je songe enfin à me brûler les ailes ?
Ne croyez surtout pas que j'en ai la flemme
C'est sans doute par crainte que je chasse le naturel
Mais il tombe dans vos bras.
C'est commun, les mortels
Bientôt je serai prêt, je serai l'homme le plus formel.
Oui je t'assure qu'un jour je deviendrai le compagnon idéal, celui que tu as toujours rêvé d'avoir à tes côtés, l'homme sur lequel tu pourras te reposer. Mais peut-être que tu ne m'attendras pas aussi longtemps, j'ai déjà bien entamé ton capital patience. Ta vie s'égrène à une vitesse folle et moi, tout immortel que je suis, je n'appréhende plus le temps qui passe comme une course. Soudain, le pire se joue devant mes yeux : toi me quittant d'avoir trop attendu. Je ne peux pas te perdre à cause de ma lâcheté. Mon cœur se comprime rien qu'à l'évocation de ce moment où je te verrai partir. Il semblerait bien que ce temps-là soit venu de déposer les armes, de mettre enfin cette phrase au présent et de troquer ma liberté contre une prison d'amour. Je me penche pour te murmurer :
Une information à mettre au présent,
Mais il semble bien que je t'aime.
Aussitôt, Jack sent un bras s'enrouler autour de ses hanches pour l'attirer vers l'homme qu'il croyait endormi. Il cède bien volontiers, ne cherchant nullement à se soustraire de cette étreinte. Son visage n'est plus qu'à quelques centimètres du sien. Il ne peut que se noyer dans son regard qui l'implore de lui répéter son aveu droit dans les yeux. Il esquisse un sourire avant de prononcer :
- Je t'aime Ianto Jones.
Il dépose ses lèvres sur les siennes pour sceller de la plus tendre dès façon sa déclaration.
FIN.