Bonjour,
Comme vous le savez
(ou pas.), j'affectionne souvent faire quelques petites recherches sur le thème du slash pour ensuite les transformer en un post que je voudrais marrant/instructif/..., et c'est précisément l'idée qui m'est venue en travaillant sur la Chanson de Roland pour un exposé. Même si cela n'a rien de très excitant, c'est toujours drôle de voir qu'un texte aussi souvent étudié et décortiqué peut être interprété "à notre manière" !
Ainsi, petit historique : Citation:
la Chanson de Roland est un poème épique et chanson de geste datant du Moyen-Age. Style de littérature particulièrement apprécia, elle narre l'épopée du Chevalier Roland, noble de Bretagne, qui meurt honorablement au combat l'opposant aux impurs du Sud de l'Europe et du Nord de l'Afrique. L'histoire raconte ensuite, dans sa deuxième partie, l'incroyable vengeance de Charlemagne. Bien que des hypothèses ont été avancées, on ne connait pas l'auteur de ce texte. On dispose de quelques manuscrits, dont le plus connu est le manuscrit d'Oxford, écrit en anglo-normand. -Langue qui n'est plus disponible en LV2 au lycée, c'est triste.-
La présentation officieuse de ce texte est l'extrait particulièrement craignos que les profs de français et d'histoire aiment beaucoup donner à des élèves entre 14 et 18 ans dont l'avis est souvent celui-ci :
"C'est trop nul ! Je préfère Stéphanie Meyer, de toutes façons !"Ce qui intéressant, c'est l'amitié très
forte qui lie le Chevalier Roland et son acolyte Olivier, preux chevalier qui combat au côté de notre héros, qui est également son beau-frère et son plus fidèle ami. Extraits choisis (
traduits, l'anglo-normand manque à mon CV, j'ai préféré le hiéroglyphique.) :
Preuve #1 : || XVI : Le pacte d'amitié entre Olivier et Roland. ||
NB : Aude est la soeur d'Olivier.Citation:
Les deux chevaliers étaient allés s'asseoir l'un
près de l'autre sous un arbre à l'épais feuillage.
— « Sire Olivier, dit Roland, je vous en donne la
loyale assurance, (...) Si cela
vous agrée, j'épouserai la belle Aude. »
Olivier leva les deux mains au ciel : « (...) Sire Roland, il
n'est personne au monde que j'aime plus que
vous. C'est de bon cœur que je vous donne Aude
pour femme. (...) »
Tous deux délacent leurs casques; et de bon cœur ils se donnent un fraternel baiser,
se jurant de rester compagnons pendant toute leur vie.
Preuve #02. Deux exemples de déclarations qui interviennent entre le chapitre du
pacte d'amitié et la mort d'Olivier.
Citation:
(...) Olivier disait à son ami :
Cher Roland, je te donne Aude ma sœur pour femme
Comme gage étemel de l'amour qui nous lie. (...)
Citation:
Olivier sent qu'il est blessé à mort.
(...)
Puis il s'écrie : « A moi, Roland! A l'aide ! »
Preuve #3. La mort d'Olivier, le plus évident et le plus poignant des chapitres.
Frappé de plusieurs coups, Olivier se sent mourir. Tombé à terre, voici les derniers échanges entre les
deux amis (qui se rejoindront bien plus tôt qu'ils ne le pensent, Roland meurt en effet peu après.)
Citation:
Olivier dit :
— «Ami, dit-il, venez tout près de moi... Jour
de douleur ! Il faut nous séparer. »
Roland regarde Olivier au visage. Il est pâli,
décoloré, livide; le beau sang clair rejaillit de son
corps, et par ruisseaux va arroser la terre.
— « Dieu! dit Roland. Que faire? Je ne sais. »
Olivier : « Jamais, ami, tu n'auras ton pareil...»
Peu après, alors que la vie quitte peu à peu Olivier. Aveuglé par le sang
coulant dans ses yeux, il trouve la force de briser ce qu'il reste du
casque de son ami pour voir son visage. Roland lui assure ne pas en
être affecté :
Citation:
En tâtonnant il rencontre Roland ; frappe sur
lui et fend, jusqu'au nasal, le heaume d'or orné
de pierreries. Heureusement la tête reste sauve.
Le preux Roland à ce coup le regarde, et d'une
voix bien douce et caressante :
« Ami, dit-il, l'avez-vous fait exprès ?
Je suis Roland, celui qui tant vous aime.
Vous ne m'avez nullement défié (= blessé ). »
Enfin, la mort vient délivrer Olivier de sa souffrance :
Citation:
Et, ce disant, l'un vers l'autre ils s'inclinent.
Tel est l'amour qui joint ces deux amis. Mais
la mort vient qui va les séparer.
Olivier sent l'angoisse de la mort; son corps
froidit; plus d'ouïe, plus de vue ; et les deux yeux
lui tournent dans la tête.
Le cœur lui manque et sa tête s'incline : tout de
son long sur le sol il s'affaisse ; le voilà mort, il
n'est plus de ce monde.
Roland le pleure et gémit de douleur. Il ne
s'ouït jamais douleur plus grande.
Roland s'épanche sur la douleur que lui cause la mort
de son très cher ami avant de mourir à son tour :
Citation:
« Cher compagnon, votre valeur vous perd.
Que d'ans, de jours, nous passâmes ensemble,
sans que jamais l'un fît du mal à l'autre!
Toi mort, ami, ce m'est douleur de vivre. »
Il n'entendit sûrement jamais la dernière parole et dernière
pensée d'Olivier dans ce bas monde :
Citation:
Il prie que Dieu le mette en paradis, bénisse Charles (Charlemagne),
et puis la douce France, et puis Roland par-dessus tous les hommes.
Alors, convaincu ? Même si les mots n'avaient pas la même signification à ce temps
là que celle qu'ils ont maintenant, on peut quand même s'attendrir d'une relation aussi
forte !