Voilà un petit OS sur Brokeback, ça se passe après le film. J'espère que j'ai bien rendu les personnages, je suis pas très douée pour ça en général. Rien est à moi, je gagne pas d'argent avec cette fic.
Ennis se trouvait dans un petit magasin, cherchant ce qu'il pouvait s'acheter à manger avec sa maigre paie. Il avait été livrer des taureaux pour son patron, la route était longue, il dormirait probablement dans sa voiture, pour faire des économies, son patron ne lui payait pas le motel. Il saisit une boite de haricots et un visage apparut devant ses yeux. Il soupira et reposa la boite, il n'avait pas le cœur à manger ça. Il tenta de chasser l'homme qui avait pris possession de ses pensées, il savait qu'il ne devait pas le laisser s'installer parce que plus il resterait plus ce serait dur de le faire partir, mais il n'y parvint pas. En fait, il n'y était jamais vraiment parvenu depuis qu'il avait lu ce mot à l'encre rouge. Il avançait dans le rayon, perdu dans ses pensées, lorsqu'une voix familière lui fit relever brusquement la tête. C'était celle d'un client qui remerciait le caissier, normalement Ennis ne prêtait aucune attention à ce genre de paroles échangées, pourtant cette voix avait fait manquer un battement à son cœur et provoqué un frisson dans le long de son échine. Ce n'était pas possible, il avait confondu, il s'était trompé, il pensait juste un peu trop à cet homme et son esprit déformait la réalité. Il essaya de se raisonner mais échoua. La cloche de la porte retentit, ce qu'il tenait dans ses mains quelques instants plus tôt s'écrasa sur le sol en un fracas et il courut vers la sortie, ignorant les éclats de voix du responsable du magasin. Arrivé à l'extérieur, il regarda frénétiquement autour de lui, les rues étaient désertes, excepté un homme qui partait vers le sud, un chapeau noir vissé sur le crâne. Ennis sentit son cœur accélérer et il courut pour rattraper cet homme. Sa raison lui criait qu'il avait tort, que l'homme qu'il cherchait était mort, que ses espoirs était vains et qu'ils ne servaient qu'à le blesser un peu plus. Pourtant son cœur lui hurlait de courir plus vite, et ce fut lui qu'il écouta. Arrivé à la hauteur de l'homme il ralentit et posa une main sur son épaule. - Jack? L'homme se figea, mais attendit quelques instants avant de se retourner, comme s'il hésitait à décider de sa conduite, instants pendant lesquels Ennis crut que sa poitrine allait exploser. Enfin il découvrit deux yeux bleus qu'il connaissait si bien et qu'il ne pensait plus jamais revoir. - Jack! Il le serra fort contre lui. Il ne pouvait pas y croire. Il devait rêver! Pourtant la chaleur de cet être contre lui lui rappelait qu'il était bien éveillé. Il était vivant! Vivant! La joie s'empara de lui, une joie qu'il n'avait pas connue depuis bien longtemps. - Oh, bon sang, Jack! Je te croyais mort. Oh Jack! - Vas-t-en, Ennis. La joie de celui-ci retomba et ses traits se décomposèrent. Le monde qu'il avait cru revenir à la vie s'effondrait déjà. - Mais… - Vas-t-en. J'ai refait ma vie, je veux plus te voir. Son ton était froid et cassant, il ne ressemblait pas au Jack de Brokeback mountain, il ne ressemblait pas au Jack qu'Ennis avait connu. Il se retourna et continua son chemin, tandis que le blond restait planté là, incapable de faire un seul geste. Il se sentait vidé, son regard suivait cette silhouette qui s'en allait et il sentait des larmes poindre dans ses yeux, mais s'efforça de les retenir. La douleur était encore plus forte que le jour où il avait lu ce mot en rouge traçant sa propre écriture. Il était abasourdi tout autant qu'effondré. Un passant jeta sur lui un regard méfiant et il finit par trouver la force de se retourner. Au loin la silhouette avait disparu. Il se dirigea vers son pick-up, mais son chemin passa devant un bar dans lequel il pénétra.
Ennis était avachi sur sa chaise, fixant une bouteille vide devant lui. Il n'arrivait pas à comprendre. Pourquoi s'était-il fait passé pour mort? Pourquoi était-il parti? Il disait avoir refait sa vie. Comment? Et pourquoi en avait-il eu besoin? Pourquoi l'avait-il repoussé ainsi? Il ne savait que trop bien les réponses à ces questions. Il avait été un idiot, il l'avait fait souffrir, il l'avait tant fait souffrir. Il n'avait pas l'habitude de s'attacher aux gens, d'éprouver quelque chose pour eux. Alors il n'avait jamais voulu s'avouer à quel point il tenait à Jack, d'autant plus parce que c'était un homme. Il n'avait pas réussi à sortir de sa tête l'image de cet homme mutilé parce qu'il avait aimé un autre homme. Il avait toujours eu peur de ce qu'on aurait pu penser de lui, il avait toujours eu l'impression de faire quelque chose de mal, et toute sa vie il avait craint le regard des autres. Ne pas se faire remarquer, c'était ce qui comptait pour lui. Pourtant il avait toujours apprécié ces rencontres, ils les avaient toujours attendues avec impatience, même s'il n'avait jamais voulu se l'avouer. Peut-être qu'au fond toutes ces peurs étaient un moyen pour lui de se cacher la vérité sur ses sentiments, de se protéger en quelque sorte. Il avait fini par comprendre ce qu'il ressentait pendant cette dispute qu'ils avaient eue, mais il n'avait pas réussi à le dire. Il n'avait jamais réussi à dire quoi que ce soit à propos de ses émotions, à personne. Il avait fini par comprendre qu'il ne se sentait entier et vivant qu'en présence de son amant, mais c'était trop tard. Et puis, il n'avait jamais vraiment compris pourquoi cet homme tenait tant à lui. Il n'était pas habitué à ce que quelqu'un s'intéresse à lui, il n'était pas habitué à ce que quelqu'un se préoccupe de lui. En fait il ne pensait pas le mériter, après tout il n'était qu'un moins que rien et ne parlait presque pas. Qu'aurait-il eu d'intéressant à dire, de toute façon? Que pouvait-il y avoir d'intéressant chez lui? Qu'est-ce qui pouvait motiver quelqu'un à souhaiter sa compagnie? Ces années de solitude l'avait fait douter que quelqu'un puisse y prendre plaisir. Alors jamais il n'avait compris et jamais il n'avait voulu accepter, peut-être parce que c'était plus facile ainsi. Ce soir-là il aurait tout donné pour pouvoir serrer à nouveau son amant dans ses bras, pouvoir à nouveau sentir son odeur, pouvoir à nouveau goûter à ses lèvres. Il en avait tant rêvé depuis l'annonce de son décès et maintenant qu'il retrouvait cet homme qui comptait tant pour lui, celui-ci lui avait à peine accordé un regard. Jamais il n'avait tant souffert. Peut-être était-ce aussi pour cela qu'il ne s'attachait jamais aux gens, pour ne pas souffrir. Une larme roula sur sa joue. Il l'effaça rapidement, pour que personne ne la voie, mais deux yeux bleus l'avaient aperçue. Jack observait l'homme blond à quelques tables de lui, lui-même assis dans un coin pour ne pas se faire remarquer. Celui qu'il observait semblait décidé à quitter le bar complètement ivre, à en juger par les nombreuses bouteilles vides posées devant lui. Jack savait qu'il le trouverait là, il l'avait vu entrer. Il s'était promis de ne pas venir, il avait fait une croix sur son passé, si rempli de douleur. Autrefois, il avait besoin de cet homme, pourtant il avait tant souffert de cette relation. A l'époque cela lui faisait si mal d'être loin de lui, mais jamais son amant ne lui avait montré qu'il tenait à lui. Certes c'était un homme renfermé, qui parlait difficilement d'autant plus s'il s'agissait de sentiments, toutefois Jack en aurait tellement eu besoin. Un jour il avait décidé de rassembler son courage et de mettre fin à tout cela, il n'en avait jamais eu la force auparavant, mais ce jour-là il en avait eu assez d'être détruit par cet amour. Il avait trouvé un cadavre battu et défiguré et l'avait amené près de sa voiture pour qu'on le croie mort, puis il avait fui. L'homme sourit amèrement en se souvenant à quel point il s'était senti fort ce jour-là, pourtant il comprenait à présent que s'il avait réellement était fort, il aurait réussi à quitter Ennis plutôt que de disparaître. Il avait oublié son amant d'autrefois, il avait tout fait pour, en tout cas le croyait-il jusqu'à ce jour. Il s'était reconstruit une vie et avait soigneusement formé une carapace autour de son sœur pour ne plus souffrir. Il croyait avoir réussi à surmonter tout cela, à vivre à nouveau. Pourtant quand il avait entendu cette voix il avait sentit son cœur s'affoler, quand il avait vu ces yeux il s'était senti défaillir. Il avait été froid, il ne voulait pas que tout cela recommence, c'était trop dur, cela faisait trop mal. Il aurait tout fait pour cet homme, mais lui n'avait jamais rien fait pour lui. Il s'était senti mourir chaque seconde passée loin de son amant et lui ne semblait jamais rien ressentir. Il savait cela ne changerait pas, alors il était parti. Il avait pensé qu'en quittant tout ce qu'il connaissait il pourrait se recréer une vie et être heureux à nouveau. Il pensait y être parvenu, jusqu'à ce que cette main se pose sur son épaule. Il s'était alors rendu compte à quel point il se sentait vide sans son amant, à quel point il avait besoin de lui, à quel point il l'aimait. Il s'était juré de ne pas le suivre, mais il n'avait pas pu se contrôler. Ses sentiments n'avaient pas disparu, ils étaient seulement enfouis au plus profond de lui, ne demandant qu'à refaire surface. Il avait suffit d'un geste pour qu'ils reviennent, plus forts que jamais. Il entendit son amant jurer en fouillant dans ses poches puis se lever pour sortir du bar. Il tituba après son rapide changement de position puis marcha normalement, il n'avait probablement pas assez d'argent pour se saouler complètement. Jack se leva et le suivit. Sa raison lui criait qu'il avait tort, qu'il allait souffrir comme avant et plus encore, mais il ne pouvait pas l'écouter. Il vit son ami monter dans son pick-up et mettre en route le moteur. - Tu vas te tuer si tu conduis dans ton état. Surpris, Ennis posa son regard sur lui, mais Jack ne put rien y lire. - Qu'est-ce que ça peut te faire? Les yeux bleus se remplirent de larmes. Il donna un coup de poing dans la portière et s'éloigna d'un pas lourd. Comment avait-il pu penser que cela se passerait différemment. Il avait cru que sa froideur avait blessé son ami, il avait cru que celui-ci ressentait quelque chose pour lui. Il avait tellement tort, cet homme-là semblait savoir que le torturer. Ennis jura. Il avait tout fichu en l'air. Comme d'habitude. Il avait pourtant tellement rêvé de revoir cet homme, ce visage avait tant hanté ses pensées. Le voilà qui revenait à la vie et tout ce qu'il trouvait à faire, c'était de le blesser une fois de plus. Pourquoi n'arrivait-il pas à montrer tout ce qu'il ressentait pour cet homme? Pourquoi ne pouvait-il pas lui montrer combien il lui avait manqué, combien il avait souffert sans lui? Ces quelques mots qu'il n'avait jamais prononcés, ceux qui étaient si difficile pour lui d'articuler, qui exprimaient quelque chose qu'il n'avait jamais ressenti, qui d'autre que Jack méritait qu'il fasse cet effort? A chaque seconde depuis ce mot en rouge sur la carte, il s'en était voulu de ne pas lui avoir dit, et maintenant qu'il avait l'occasion de le faire, il n'avait été capable que de le blesser. Il jura à nouveau et courut pour rattraper son ami. Il l'appela mais celui-ci ne s'arrêta pas avant de sentir une main sur son épaule. - Jack! - Quoi, Ennis? Tu es venu me dire que tu veux retourner à la pêche une fois de temps en temps et me laisser crever d'amour pour toi le reste du temps? - Je… Je… Je t'aime, Jack, lui souffla-t-il à l'oreille. Celui-ci se figea, il sentait les larmes lui monter aux yeux. - Tu… veux bien répéter ça? - Je t'aime. Tu m'as… terriblement manqué. Je te demande pardon. Jack sentit une vague de chaleur emplir tout son être et son cœur s'envoler. Jamais il n'avait pensé entendre cette voix prononcer ces mots. S'il n'avait pas senti ce souffle chaud sur sa nuque, il aurait cru se trouver dans un rêve. Un sourire éclaira son visage et il se jeta dans les bras de son ami. - Ennis! Il commença à caresser sa joue, puis se rendit compte de l'endroit où ils se trouvaient. Il ordonna à son amant de le suivre et courut à travers les ruelles, laissant éclater un rire qu'il ne pouvait plus retenir tant il était heureux. Une fois arrivé chez lui, il plaqua le blond contre le mur et l'embrassa comme si c'était si sa vie en dépendait.
Jack se réveilla en sentant la tête de son amant endormi posée sur son torse. Il était perdu dans ses pensées. La veille il avait été le plus heureux des hommes et pourtant ce matin-là, il doutait. La veille il avait tout oublié, comme si ces quelques mots allaient tout changer, cependant il ne se rappelait que trop bien de toutes les déceptions que cet homme lui avait causées et il en sentait une nouvelle approcher. Rien n'allait changer, ils se verraient toujours aussi peu et il souffrirait toujours autant le reste du temps, complètement seul. Une larme roula sur sa joue. Il aurait tant voulu être heureux, vivre avec l'homme qu'il aimait, se réveiller chaque jour dans ses bras, l'embrasser quand il le désirait, ne faire qu'un avec lui autant qu'il le souhaitait, sentir sa présence chaque seconde de sa vie. Mais cela n'arriverait jamais, Ennis avait trop honte, il avait trop peur. Peut-être avait-il raison, mais Jack ne supportait pas de le voir si peu. Et si cela recommençait, il n'était pas sûr d'y survivre. Il sentit son amant émerger doucement du sommeil, le tirant de ses pensées. Un regard brun se posa sur lui, qui se troubla en percevant sa tristesse. Ennis essuya tendrement le sillon qu'avait laissé la larme sur la joue de Jack. Il avait compris, il savait qu'ils ne pouvaient pas recommencer comme auparavant. Il savait que son amant ne le supporterait pas, en réalité il doutait de pouvoir le supporter lui-même. Il avait commis la plus grande erreur de sa vie en refusant la proposition que lui avait faite son amant autrefois, il le savait. Pourtant il avait peur, peur de ce que les gens penseraient, peur de leurs regards, peur de ce qui pourrait leur arriver. L'image d'un homme mutilé refit surface dans son esprit, mais il la chassa. Il captura le regard de son amant et comprit qu'il ne voulait plus jamais le perdre. Il préférait mourir roué de coups plutôt que quitter cet homme. Il ne voulait plus jamais le laisser partir. - Que dirais-tu… d'avoir un ranch tous les deux? chuchota-t-il. Un regard bleu empli de surprise, puis de joie se posa sur lui et son amant s'empara de ses lèvres. - Oh Ennis, je t'aime tellement!
Fin
Hum... Je sais... J'ai pas pu m'en empêcher, je supporte pas la fin de ce film. J'espère que c'est à peu près crédible et que ça vous a plu.
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Dernière édition par bethan le 24 Oct 2010 17:35, édité 1 fois.
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