PAS POUR MOI.
Disclaimer : les personnages et l’univers d’Harry Potter appartiennent à JK Rowling, pas à moi. Je ne gagne rien à écrire cette histoire.
Rating : PG-13
Genre : Angst. Slash,one-shot. POV de Séverus Snape.
Résumé : Le soir de la dernière bataille. Severus fait le bilan de sa vie et contemple ce qu’il ne pourra jamais avoir.
La tour nord est en feu, un des murs des cuisines s’est écroulé. Partout c’est la même plainte, celle des blessés. Miraculeusement pas de morts dans notre camp. Par contre de l’autre côté, j’enjambe sans vraiment y prêter attention le cadavre encore fumant de Bellatrix Lestrange. Si je me laissais aller à de la mansuétude j’accorderais cent points à Neville Longbottom, pour sa parfaite utilisation du sort de combustion. Le pauvre garçon, dans son état de nerf, cela pourrait bien l’achever. Il est assis sur le gazon gelé du mois de janvier, à même le sol, sans se soucier des autres, la tête dans la main. Peut-être pleure-t-il d’être devenu un meurtrier. Cela lui passera, ou pas, que m’importe. Je me détourne du charmant spectacle qu’il offre, tandis que Miss Bones lui caresse gentiment les cheveux. Les héros fatigués ont besoin de tendresse. Tout cela n’est pas pour moi.
Peu m’importe la santé de Longbottom, celle de l’encombrante tribu de rouquins, dont la plus jeune représentante à capturé le cœur de Draco Malfoy. Je suis fier de cet enfant rebelle qui a osé lever sa baguette contre son père, contre la tradition et son éducation. Où est-il d’ailleurs ? Albus m’a assuré qu’aucun mort n’était à déplorer. Ah ! Le voilà, discutant aux milieux des serres de Chourave ravagées par le souffle des dragons. A ses côtés, Ginevra Weasley, Hermione Granger et Pansy Parkinson qui boitille au milieu de l’amas végétal carbonisé. Sait-elle, la petite serpentard, que c’est sa capacité à entendre les dragons qui a épargné tant de vies innocentes. Que pouvais-je faire en pleine nuit, face à une furie hurlant dans les couloirs que les dragons arrivaient pour incendier l’école, que leurs cavaliers venaient pour commettre un massacre. Quand enfin ils apparurent dans le ciel, monstres d’écailles menés par de noirs cavaliers nous étions prêts. Trois jours de combats acharnés, équilibrés grâce à toi Pansy. Salazar serait fier de toi.
Je vous laisse jeunes gens au récit de votre bataille. Bientôt les journaux s’arracheront vos histoires, ils chanteront à cœur de pages et de photos, le courage de Longbottom vengeur de sa famille torturée, la grandeur de Draco, la sagesse de Granger ou les capacités si particulières de Pansy. Ils célèbreront surtout la victoire de l’ange aux yeux d’émeraude, le Garçon qui a survécu deux fois. Mais vous ne m’importez guère. Reprenez votre vie, avancez.
Ce n’est pas pour moi. L’avenir n’existe pas pour moi. Où est-il ?
Où se cache le héros de toute cette histoire qui occupe tous les esprits depuis plus de vingt ans ? Fichues décennies. Je reprends le chemin du château. Le feu couve encore à certains endroits, les elfes apparaissent partout pour éteindre les brandons grésillant sous les cendres. Au pied du grand escalier à moitié détruit, agenouillés, enchaînés magiquement, mes anciens condisciples ou plutôt ceux qui sont encore vivants. Dolohov plus couvert de cicatrices que Maugrey, Mulciber et Roockwood, Nott père et fils pauvre Théodore je n’ai pas su le ramener dans le droit chemin, Avery geignard et Lucius toujours méprisant, seul le baiser du détraqueur aura raison d’un tel homme. Enfin, un peu à l’écart, un déplaisant manchot se tortille en couinant sous la botte que Lupin a posé sur sa gorge. Le loup-garou le couve d’un regard sanglant et meurtrier. Je doute sincèrement que le rat arrive vivant à Azkaban. Il serait déjà mort si l’autre malade était là.
Mais où est-il ? Où sont-ils ?
Je monte avec précaution l’escalier maltraité, direction la Tour de Gryffondor, toujours debout, intacte. Tout un symbole. Au premier étage, les sœurs Delacour jettent dans un parfait ensemble par dessus la rambarde, les cadavres des frères Lestrange qui auraient mieux fait de ne pas défier des veelas. Leurs traits sont à nouveau purs et parfaits, mais à l’intérieur dorment des monstres. Pas étonnant finalement que cette Fleur partage la couche de Lupin ? Qui se ressemblent, s’assemblent. C’est bien le proverbe.
Minerva houspille des gamins de première année qui viennent se repaître du carnage, abominables petits voyeurs, toutes maisons confondues. La Grosse Dame en rose a fui son cadre, comme beaucoup d’autres. Le feu est leur pire ennemi.
Moi, je rêve d’un feu qui m’est interdit. De l’incendie qui brûle au fond de deux prunelles vertes, deux émeraudes jumelles qui ne m’ont jamais montré autre chose que froideur, dégoût et mépris. Et même de la haine, quand il me rendait responsable de sa disparition. La tour de gryffondor, le territoire ennemi, leur territoire. Le dernier étage, le dortoir vide des garçons de septième année. Il n’est pas vide. Ils sont là, enlacés, regardant par la fenêtre le cadavre enfin froid du Seigneur des Ténèbres, les bras en croix au milieu de la cour d’entrée. Quelle fin minable pour un si grand sorcier.
Je n’ose pas entrer, ce serait pire qu’une profanation. Je ne peux rien faire, seulement regarder l’être que j’ai toujours haï tenant dans ses bras l’homme dont je suis tombé amoureux. Mais l’amour d’Harry Potter n’est pas pour Severus Snape.
Oh, Harry….Je le hais encore plus, je sais que les battements de ton cœur sont pour lui et tous tes sourires. Se rend-t-il compte cet imbécile, cet arrogant connard, de la chance qu’il a. Tu lui as tout donné, pour lui tu as tout osé, tout bravé dès votre première rencontre. Les lois des hommes, du temps, puis celles des dieux, en le rappelant à toi au soir de Samain, quand s’ouvre le Voile entre les mondes.
Tous y ont vu la force de ton amour pour lui, mais ils n’y ont vu que l’amour d’un filleul pour son parrain. Pas moi. Je savais, je vous avais vu Place Grimmaud, sa main s’égarant sous ton t-shirt touchant ta peau si lisse. Cette main revient dans tous mes cauchemars. Et tes gémissements, Harry. Je suis resté là à t’écouter gémir de plaisir sous les mains d’un autre. Ensuite j’ai du partir. Est-ce arrivé ce jour là, cette nuit là ? L’as-tu laissé, te prendre, lui as-tu offert tes quinze ans et ton innocence ? C’est lui le profanateur dans l’histoire. Tu ne serais pas d’accord, bien évidemment, puisque tu l’aimes. Encore une fois, je suis dans l’ombre et je vous regarde enlacés, nimbés de la froide lumière de l’hiver. Je sais que je dois partir et arrêter, mais je ne peux pas. Je ne peux pas m’empêcher de le regarder glisser encore une fois ses mains sur ta peau. Tes vêtements tombent sur le sol, tu es si beau, si parfait. Mon ange aux yeux verts, les yeux du diable. Je ne veux pas voir tes mains impatientes sur lui, tes lèvres qui capturent les siennes avec toute la violence qui dort au fond de toi. Vos gémissements mêlés me retournent l’estomac, j’ai mal à en crever, à en vomir. N’importe qui pourrait entrer, vous vous en moquez. Ce spectacle de vos deux corps nus, enfiévrés sur le sang et l’or du couvre-lit, vos serments, vos mots d’amour, cette chaleur, cette moiteur qui imprègne la pièce de l’odeur du sexe, tout cela me révulse.
Tout cela n’est pas pour moi. Je suis reparti, parfaitement maître de moi-même en apparence. Je n’ai pas pu rester caché pour le voir, te prendre, voir ton corps se tordre de plaisir sous le sien. Ne pas regarder, ses mains remonter le long de tes cuisses dorées, ses mains de maraudeur qui te touchent et sa bouche qui suit le même chemin. Je hais sa bouche qui connaît ta saveur, combien de fois t’a-t-elle goûté Harry ? Je hais ses yeux qui te contemplent à présent, étendu sur ce lit, nu, offert, affolant et affolé, dans l’attente de ses caresses. Tu l’appelles de tout ton être, de la voix, de tes mains qui agrippent sa chevelure ; et lui, à qui tout est dû, vient te ravir.
Je n’ai pas pu, c’était trop, mon imagination est déjà bien assez cruelle sans que la réalité vienne, s’en mêler. Je retourne vers le champ de bataille de l’école. Je le traverse pour retrouver mes cachots. Tout en bas, dans le noir et la solitude, pour oublier, que tout la-haut, à l’opposé parfait de ce lieu, dans la tour du griffon qui touche au ciel, l’homme de mes rêves crie de plaisir dans les bras d’un autre que moi, entre les bras de celui qu’il aime et qu’il aimera toujours. Qu’il ne m’aimera jamais et ne saura jamais rien. Je laisse couler une seule larme, je peux me permettre au moins cela, non ?
Pendant que la goutte d’eau coule sur ma joue, toi Harry, toi mon petit ange, toi mon héros au cœur vaillant, tu fais l’amour avec Sirius Black. FIN
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