Et voici la fin !
Chapitre 5
"Moony, avant que tu dises ou fasses quoi que ce soit... rappelle-toi que je t'aime."
"N'essaie pas de m'amadouer, Padfoot !"
Remus avait encore avancé d'un pas, et Sirius avait reculé jusqu'à ce que son dos touche le mur. Toute possibilité de fuite lui était désormais coupée.
"Je peux tout t'expliquer !"
"Expliquer pourquoi tu es allé te promener alors que la moitié du pays te recherche ? Expliquer pourquoi tu as entraîné Harry et ses amis et pourquoi tu m'as éloigné sous un faux prétexte ?"
"Remus, je viens de te le dire: il y a une très bonne raison à tout ça !"
Dumbledore se leva, prêt à intervenir en faveur de Sirius, mais un coup d'oeil du lycanthrope suffit à le faire changer d'avis.
"Il ne peut pas y avoir de bonne raison ! Est-ce que vous pouvez imaginer à quel point j'étais inquiet ? Est-ce que vous vous rendez compte qu'un jour, déjà, il y a une quinzaine d'années, je suis rentré chez nous et je ne l'ai pas trouvé ? Est-ce que vous pouvez imaginer ce que j'ai pu ressentir à l'idée de l'avoir de nouveau perdu ?"
Remus ne s'était pas aperçu qu'il avait peu à peu haussé le ton. Cet éclat terminé, il ferma les yeux et porta la main à son front pour essayer de se calmer. Sirius s'éloigna enfin du mur pour avancer vers son compagnon. Sous l'oeil inquiet des trois adolescents, il le prit par les épaules et le serra très fort contre lui.
"Moony..."
"Laisse-moi, Sirius."
Il tenta de se libérer, mais sans succès.
"Tu ne peux pas tout arranger ainsi."
"Ecoute-moi, s'il te plaît", murmura l'Animagus.
Et, avant que Remus puisse dire quoi que ce soit d'autre, il posa les lèvres sur les siennes comme pour le convaincre qu'il était bien là, bien réel, qu'il était rentré.
Mais le lycanthrope le repoussa brusquement des deux mains, levant ensuite vers lui un regard chargé de douleur.
"Pourquoi ne comprends-tu pas que ce n'est pas si simple - que tu ne peux pas m'obliger à pardonner toutes tes folies juste parce que je t'aime ? Et puis ne m'embrasse pas alors que tu as pris mon apparence, c'est trop bizarre !"
"Je redeviendrai moi-même dans quelques instants", dit Sirius, dont les cheveux avaient en effet déjà commencé à reprendre leur couleur noire habituelle. "Et je ne veux pas être pardonné pour un baiser, mais seulement quand tu auras écouté ce que j'ai à te dire."
"Je t'en prie, Remus, donne-lui une chance de s'expliquer !" intervint Harry. "Si tu es encore fâché, tu pourras t'en prendre à moi aussi parce que je l'ai aidé. Mais écoute-le d'abord."
L'ancien professeur regarda longuement parrain et filleul, puis croisa de nouveau les bras et inclina légèrement la tête de côté, en position d'attente.
"Puisque tu commences à reprendre ton apparence normale, tu ferais bien d'aller te changer, sinon tu seras à l'étroit dans ma robe. Après, tu pourras parler."
Sirius le remercia d'un sourire puis courut à l'étage, non sans avoir d'abord adressé un clin d'oeil à Harry. L'adolescent laissa échapper un soupir de soulagement, mais le regard peu amène de Remus lui fit baisser la tête d'un air coupable. Il espéra ne pas se retrouver enfermé dans une pièce avec Snape et Lady Penny...
Quelques minutes s'étaient écoulées dans un profond silence quand Sirius revint, complètement retransformé et portant ses propres vêtements. Remus n'avait pas bougé d'un pouce et Sirius déglutit nerveusement à l'idée de devoir l'affronter. Il se posta en face de lui avec une petite toux embarrassée. Pendant ce temps, Lady Penny s'installait sur la rampe d'escalier avec un paquet de pop-corn à l'ectoplasme, et ses cinq maris prenaient des paris sur l'issue de la confrontation: Toldstone, Kent e McGregor avaient chacun mis en jeu deux parties de cadre sur la rupture définitive de Lupin et Black, tandis que Greensbourne et (à la grande surprise de Harry) Allard se montraient suffisamment confiants dans le triomphe romantique du véritable amour pour risquer carrément leurs toiles, qui étaient les mieux placées de toutes.
"Alors, Sirius..." commença le lycanthrope. "Maintenant, est-ce que ça t'ennuierait de m'expliquer pourquoi tu es sorti alors que ta tête est mise à prix ? Et ne me dis pas que tu te sentais prisonnier ici parce que Lady Penny te laisse utiliser autant que tu veux ses pièces de déformation spatiale, alors tu ne manques pas vraiment de liberté."
"J'avais besoin d'une baguette."
Devant cette réponse toute simple, Remus leva les yeux au ciel, visiblement incapable de comprendre comment Sirius avait pu risquer sa vie pour quelque chose d'aussi futile.
"A quoi peut te servir une nouvelle baguette ? Tu avais celle de Lady Penny, non ? Tant que tu ne dois pas te battre ou..."
"Il fallait que j'aie une baguette bien à moi avant de te demander ce que je vais te demander..."
Sirius respira profondément et renonça à faire sa demande en privé, dans une ambiance plus romantique.
"Remus Lupin, voulez-vous m'épouser ?"
Les bras de Remus retombèrent le long de son corps et il fixa Sirius avec la bouche entrouverte, incapable d'articuler le moindre mot ou le moindre son cohérent. L'Animagus, prenant son silence pour un signe d'hésitation, se mit à bafouiller nerveusement:
"Enfin... Bien sûr, je voulais te demander si tu voulais bien m'épouser quand j'aurai été reconnu innocent et que toute cette histoire sera terminée, parce que tu ne peux pas te lier officiellement à un criminel, et je ne sais pas combien de temps il faudra encore pour que ma situation soit clarifiée, et je ne peux pas t'entraîner dans tout ça, même si en fait tu es déjà impliqué, mais en tant que mari tu pourrais être une cible plus facile, et je ne pourrais pas supporter de te voir souffrir encore - pas après tout ce que tu as déjà enduré - et..."
Harry tenta de suivre le raisonnement tortueux de son parrain, mais il n'en résultat qu'un terrible mal de tête. Il avait bien envie de lui lancer un sort de silence pour permettre à Lupin de parler à son tour.
Comme s'il avait lu dans les pensées de son filleul, Sirius se tut soudainement et baissa la tête, relevant juste un peu les yeux pour guetter la réaction de son amant. Mais tout ce qu'il remarqua fut une respiration difficile et un léger tremblement des mains.
"Remus", reprit-il, d'un ton plus calme et plus déterminé. "Quand je serai de nouveau un homme libre, tu m'épouseras ?"
"Non."
La réponse de Lupin déchira les oreilles de Harry et transperça le coeur de Sirius comme la lame d'un poignard. Dumbledore sursauta, incrédule, et Ron et Hermione se laissèrent tomber sur les marches de l'escalier. La contrariété rendit Lady Penny encore plus transparente et Sir Toldstone, Kent et McGregor se réjouirent d'avoir gagné leur pari.
"B...bien sûr", répondit Sirius.
Sa voix tremblait, mais personne ne pouvait l'en blâmer.
"Je... je ne peux pas te demander ça en plus... Tu as déjà tellement souffert à cause de moi !"
"Je ne t'épouserai pas quand tu seras libre", l'interrompit Remus, d'une voix encore plus chargée d'émotion. "Je veux t'épouser maintenant."
Les yeux de Sirius s'écarquillèrent de stupeur et il retint un instant son souffle comme s'il craignait de se réveiller d'un moment à l'autre.
"Moony..."
"Ou on se marie maintenant ou on ne se marie pas du tout. Je ne veux pas que ça recommence comme la dernière fois. Je ne le supporterais plus, Padfoot !"
Sirius avança la main pour caresser la joue de son compagnon. Mais Remus ne le laissa pas faire: il attrapa la main et déposa un baiser sur la paume, la pressant ensuite contre ses lèvres, que la tension avait rendues froides.
"Epouse-moi maintenant, Padfoot."
"Tu as pensé que tu épouserais un criminel, Moony ?"
Sirius n'arrivait pas à croire que ce dont il avait tant rêvé allait enfin devenir réalité.
"Tu sais ce que ça veut dire ?" insista-t-il.
"Je sais juste que je t'aime depuis vingt ans. Et c'est tout ce qui compte."
Ils ne tinrent pas plus longtemps: libérant sa main de la douce étreinte, Sirius la glissa derrière la nuque de son compagnon, tout en enlaçant de son autre bras la taille de son Moony, qu'il attira contre lui. Ils restèrent ainsi dans les bras l'un de l'autre, comme si ce contact représentait leur essence vitale.
Ron et Hermione échangèrent un geste de triomphe, Lady Penny se mit à voler comme une folle à travers la pièce; Greensbourne et Allard, heureux d'avoir gagné le pari, se jetèrent également dans les bras l'un de l'autre et Harry se tourna vers Dumbledore, levant une main avec deux doigts tendus en signe de victoire.
Oubliant complètement la présence des invités, Remus enfouit son visage dans le creux du cou de Sirius, à qui il murmura des mots qu'eux seuls pouvaient entendre et auxquels Sirius répondit par de petits baisers sur son front et sur ses cheveux. Au bout d'un moment, l'ancien professeur s'éloigna légèrement de son cher Padfoot, dont il captura les lèvres en un baiser beaucoup moins chaste qui fit ricaner Pierre Allard et laissa les autres sans voix. Sirius posa une main sur la joue de son amant et se pencha un peu pour être encore plus près de lui. Ce ne fut qu'en entendant les piaillements d'enthousiasme de Lady Penny qu'il se souvint qu'il n'était pas seul avec Moony dans leur chambre.
"Vous voyez ?" dit Harry en se tournant vers ses amis. "Je vous l'avais dit: aucune pudeur !"
"Tu n'es pas encore habitué, depuis le temps ?" demanda Dumbledore. "Moi, je les prenais toujours en 'flagrant délit' dans un couloir ou en haut d'une tour..."
Sirius et Remus s'éloignèrent immédiatement l'un de l'autre et fixèrent le directeur avec des yeux exorbités.
"Quoi ?"
"Du calme, mes enfants. Je ne vous ai jamais vus dans une situation trop compromettante - même si, à une certaine période, j'avais presque peur d'entrer dans une classe vide..."
Harry, Ron et Hermione laissèrent échapper de petits rires amusés tandis que Remus se couvrait le visage d'une main pour tenter de cacher son embarras. Sirius soupira, résigné, puis passa un bras autour des épaules de Moony et lui donna un petit baiser sur la tempe.
"Tu as compris, maintenant, pourquoi je devais absolument acheter une baguette et pourquoi j'ai demandé à tout le monde de m'aider ?"
Remus se détendit contre le corps chaud de Padfoot et acquiesça d'un petit mouvement de tête.
"C'est la même cérémonie que celle que tu avais organisée à l'époque, n'est-ce pas ?"
"Quand ça ?"
La question avait échappé à Harry. Il craignait de s'être montré indiscret, mais Sirius le rassura d'un sourire.
"Tu vois... j'avais déjà demandé à Remus de m'épouser, il y a bien longtemps... quand tu avais à peine un an..."
"C'est vrai ? Mais... je croyais que vous vous étiez éloignés, à ce moment-là... Parce que tu n'avais plus confiance en Remus..."
Lupin fixa un regard décidé sur l'homme qui se tenait à côté de lui, mais sans se libérer de son étreinte.
"Je me suis posé des questions là-dessus aussi, Padfoot... Tu avais sûrement déjà des soupçons à ce moment-là, alors pourquoi voulais-tu quand même m'épouser ?"
Sirius lui donna un petit baiser sur les lèvres avant de répondre:
"C'est vrai, j'avais des soupçons - surtout que Peter avait fait du bon travail. Je t'ai déjà dit comment ça a commencé: aucun de nous n'aurait imaginé que tu puisses nous trahir volontairement. Mais comme les loup-garous sont des 'créatures maléfiques'... Voldemort règne sur les créatures maléfiques, il les soumet à sa volonté et il leur fait faire ce qu'il veut... Wormtail n'a fait qu'augmenter la crainte que James et moi avions déjà: que Voldemort parvienne à te manipuler. Et, pour nous convaincre, il a pris ton apparence avec du Polynectar et s'est arrangé pour qu'on le voie - pour qu'on te voie - fréquenter des Mangemorts... On savait qu'on ne pourrait pas briser l'emprise que Voldemort avait sur toi alors, quand on a eu l'idée du sortilège de Fidélitas, j'ai décidé de laisser mon rôle de Gardien du Secret à Peter pour pouvoir t'emmener loin de l'Angleterre et du mal qui te contrôlait. Je t'ai demandé de m'épouser dans l'intention de commencer une nouvelle vie avec toi loin de tout ça, sans pour autant cesser d'aider James et l'Ordre. En fait, Dumbledore avait besoin de quelqu'un pour organiser un rassemblement de sorciers étrangers contre notre ennemi commun, et j'ai pensé à nous proposer pour ce rôle. Mais Voldemort est arrivé avant..."
Remus serra la main que Sirius avait posée sur son épaule et continua à le regarder avec une expression encore plus émue qu'incrédule.
"Tu voulais m'épouser alors que tu croyais que je pouvais vous trahir ?"
"Et toi, tu as bien continué à m'aimer, même en me croyant responsable de la mort de nos amis, non ?"
Le lycanthrope répondit en posant les lèvres sur celles de son compagnon, et l'Animagus l'entoura de ses bras, l'emprisonnant de nouveau dans une étreinte possessive.
"Et c'est reparti !" commenta Harry, tandis que Lady Penny leur lançait sur la tête des poignées de confettis lumineux.
Dumbledore évoqua en riant le jour où le professeur McGonagall avait pleuré de désespoir après avoir découvert que Remus Lupin, son élève préféré, était tombé amoureux d'un incorrigible chahuteur comme Sirius Black.
"Pourtant, je suis certain qu'elle regrettera de ne pas avoir assisté au mariage..." conclut le directeur, toujours au sujet du professeur de Métamorphose.
"Pourquoi elle ne peut pas venir ?" demanda Ron, tout en cherchant à se débarrasser des confettis de Lady Penny, qui s'étaient révélés enduits de colle.
Sirius s'éloigna de Lupin, dont il déplaça doucement une mèche de cheveux qui lui tombait sur le front.
"Quand tu dis que tu veux m'épouser maintenant, tu veux dire maintenant tout de suite ou un jour, bientôt ?"
"A ton avis ?" répondit Remus avec un petit sourire à la fois moqueur et plein d'émotion.
Sirius lui rendit le sourire et, prenant la main de son compagnon, se tourna vers Dumbledore, une prière muette dans les yeux.
"C'est bien ce que j'avais pensé", dit le directeur en se levant. "J'avais tout prévu..."
Ce disant, il se pencha sur un sac posé à ses pieds et en tira un livre de la taille d'un agenda de poche, auquel il redonna en un instant les dimensions d'un gros volume.
"Sirius, Remus, venez en face de moi et prenez vos baguettes."
"Hein ?"
Harry, Ron et Hermione avaient eu la même réaction de stupeur.
"Vous n'avez quand même pas l'intention de vous marier maintenant ?"
"Bien sûr que si," répondit tranquillement Remus. "La dernière fois, on ne l'a pas fait assez rapidement, alors cette fois je ne veux pas prendre de risques: je veux épouser Sirius immédiatement, sinon j'ai peur qu'on ne puisse pas le faire."
"Mais vous ne pouvez pas vous marier maintenant !" s'écria Hermione. "Vous n'avez pas les vêtements qu'il faut - et nous non plus -, on n'a pas de décorations et pas de buffet, on n'a pas appelé Snape - il faut qu'on appelle Snape: je veux le voir mourir de rage !"
"Et moi je dois absolument inviter Melissa Cassidy !" couina Lady Penny, hystérique. "Il faut que son ectoplasme devienne vert de jalousie !"
"Je suis désolé", intervint Sirius, "mais on a déjà trop attendu. On n'a pas besoin de décorations ou de vêtements particuliers, et surtout pas de Snivellus. On veut se marier tout de suite, et les gens qu'on a envie d'inviter sont déjà là."
"Allez, Harry", dit Pierre depuis son cadre. "Pourquoi faudrait-il qu'ils subissent encore une attente supplémentaire ? Va donc chercher un coussin sur le canapé du salon et apporte-le à Monsieur Dumbledore." (*)
"Vous êtes bien accommodant, subitement, Monsieur Allard !" (*), remarqua Hermione sans cacher sa satisfaction. "Le mérite en reviendrait-il à Mister Greensbourne ?"
Les deux portraits rougirent fortement et nièrent en choeur, mais Hermione continua à les regarder avec l'air de quelqu'un qui en sait long et, contre toute attente, renonça à émettre de nouvelles objections au mariage immédiat de Black et Lupin.
"Alors, Harry ?" intervint Dumbledore. "Tu veux bien aller chercher ce coussin avant que nos deux futurs époux deviennent fous de nervosité ?"
L'adolescent remarqua qu'en effet, les mains de Sirius et Remus étaient serrées convulsivement l'une dans l'autre, témoignant de la tension due à l'attente. Il sourit et échangea un long regard entendu avec Lady Penny avant de sortir de la pièce pour se rendre au salon.
Quand il revint avec le coussin, il constata que le fantôme avait fait exactement ce à quoi il s'attendait: la salle était maintenant décorée de fils et de fleurs d'or qui pendaient du plafond, et des lumières tamisées créaient une agréable atmosphère d'intimité.
"Je n'ai pas pu faire grand-chose, avec juste quelques secondes de délai, mais tout de même, ce n'est pas mal... " déclara Lady Penny d'un air satisfait. "II ne sera pas dit que mes petits protégés n'auront pas eu de vraie cérémonie de mariage !"
"Merci, Lady Penny", dit Remus, dont le visage pâle trahissait la nervosité et l'émotion du moment. "Et merci à toi aussi, Harry."
"J'aurais bien voulu organiser une cérémonie encore plus belle que celle que vous aviez prévue la première fois", répondit l'adolescent. "Je sais bien que ce ne sera pas possible, mais au moins Lady Penny a créé une ambiance plus appropriée."
"Ce sera la plus belle cérémonie dont on puisse rêver", assura Sirius en posant une main dans les cheveux de son filleul. "Parce que tu es ici avec nous, et c'est tout ce qui compte."
"Il vaudrait mieux commencer, maintenant", annonça Dumbledore, et Harry s'éloigna un peu du couple tandis qu'il poursuivait: "Posez vos baguettes sur le coussin, parallèles l'une à l'autre."
Sirius et Remus s'exécutèrent, sans dénouer leurs mains toujours entrelacées, puis le directeur ouvrit le livre qu'il avait apporté et, agitant sa baguette devant les pages, se mit à lire:
"Moi, Albus Dumbledore, directeur de Poudlard, déclare qu'aujourd'hui ont comparu devant moi Sirius Black et Remus Lupin, dans le but d'être unis par les liens du mariage. Les deux époux sont conscients des droits et devoirs liés à leur union, conformément au décret magique numéro 55-6, et de la clause selon laquelle, au cas où leurs baguettes n'accepteraient pas l'échange, le rite ne pourrait pas être répété. Nous pouvons maintenant commencer la cérémonie: Remus, prends ta baguette et donne-la à Sirius, sachant que par ce geste tu lui offriras une partie de ton âme."
Remus tendit la main vers sa baguette, qu'il prit avec décision. Puis il la posa doucement dans la paume ouverte de son compagnon.
"Je t'ai déjà donné mon coeur et mon âme il y a vingt ans. Maintenant je te demande de les accepter de nouveau."
Sirius serra entre ses doigts la baguette de Moony et, à l'instant même, la pointe parut exploser en une gerbe d'étincelles rouges qui se répandirent dans toute la pièce, créant de magnifiques effets de lumière et de couleur sur les décorations et les vêtements.
"La baguette a accepté l'échange, et l'âme de Remus appartient désormais à Sirius. Sirius, prends ta baguette et donne-la à Remus."
L'Animagus répéta les gestes de son compagnon, puis prit une profonde inspiration avant d'exprimer ses voeux.
"Si je racontais autour de moi que j'ai rencontré l'amour de ma vie à l'âge de onze ans, personne ne me croirait. J'ai dû attendre d'avoir seize ans pour m'en rendre compte, mais aujourd'hui encore je peux dire avec certitude que je t'ai donné tout de moi-même avec ce premier baiser. Et pendant tout ce temps, après tout ce qui nous est arrivé, mon coeur ne s'est jamais éloigné de toi. J'ai survécu parce que ma vie t'appartenait. Et maintenant, officiellement, je te la confie à nouveau."
Remus étreignit la baguette de Sirius d'une main tremblante et, tout en fermant des yeux soudain humides, y posa un baiser éperdument possessif.
"Je t'aime, Sirius", murmura-t-il.
Aussitôt, la baguette inonda le hall d'une lumière chaude et dorée qui atténua la couleur des décorations mais accentua celle des étincelles rouges qui flottaient toujours à travers la pièce.
"La baguette a accepté l'échange et l'âme de Sirius appartient désormais à Remus."
Avant même que Dumbledore termine de parler, Sirius attira Remus à lui et l'embrassa passionnément tandis que la lumière rouge et dorée les entourait comme si elle voulait les étreindre et les bénir. Harry, Ron et Hermione applaudirent, Lady Penny fit sonner des trompettes festives et même les tableaux sur les murs exprimèrent à haute voix leurs félicitations.
Dumbledore secoua la tête en souriant, puis toussa légèrement pour réclamer l'attention.
"Je comprends que vous soyez impatients, mais la cérémonie n'est pas encore terminée..."
Sirius et Remus mirent fin à leur baiser mais restèrent enlacés, chacun serrant toujours dans son poing la baguette de l'autre.
"Maintenant, rapprochez les pointes - comme ça... Et prononcez la formule 'Connubio'."
"Connubio !" répétèrent les deux hommes, et leurs baguettes émirent de longs rayons de lumière blanche qui se mêlèrent étroitement avant de disparaître peu à peu.
"Vous êtes maintenant officiellement et légalement mariés. Toutes mes félicitations, mes enfants."
"Eh ben alors ?" se plaignit Sirius. "Pas de 'Vous pouvez embrasser le marié' ?"
Dumbledore rit en serrant la main au couple, et Harry secoua la tête avec un petit éclat de rire, désormais résigné à l'idée qu'aucun des deux n'allait garder les mains éloignées de l'autre pendant très longtemps.
"Il ne nous reste plus que quelques petites formalités à accomplir", reprit le directeur en tournant une page de son livre. "J'avais pensé à mettre Black comme premier nom Qu'en dites-vous ?"
"Je préférerais éviter", répondit immédiatement Sirius, les sourcils froncés. "D'abord, je ne veux pas que Remus porte le nom de quelqu'un qui est encore considéré comme un criminel, et puis je voudrais couper le dernier lien qui m'attache à cette famille."
"Permettez-moi de vous donner un conseil différent", dit Dumbledore. "Justement parce que tu es encore recherché. Remus pourra demander la garde légale de Harry parce qu'il est ton mari, et ce sera plus simple s'il se présente en temps que Remus Black plutôt que Remus Lupin. Deuxièmement, Remus Black pourra accéder à ton compte chez Gringotts. Bien que tes parents t'aient déshérité, tu es leur seul fils encore en vie, donc leur fortune te revient quand même. Étant donné que, pour des raisons évidentes, tu ne peux pas encore profiter de cet argent, Remus Black est la seule personne qui en aura légalement le droit. Il est donc important que ce soit lui qui prenne ton nom, plutôt que le contraire."
"Mais le professeur Lupin pourra vraiment faire tout ça ?" demanda Hermione. "Ce n'est pas en contradiction avec ce stupide décret qui limite les droits des loups-garous ?"
"Raison de plus pour qu'il devienne Remus Black", expliqua Dumbledore en ajustant ses lunettes. "Il n'agira pas en personne ou pour défendre des droits personnels, mais en tant que mari de Sirius Black. Et il n'est fait aucune mention de cela dans la loi restrictive. De plus, dans le cas de la garde de Harry, nous nous y prendrons de manière à ce que ce soit Harry qui demande à aller vivre avec le mari de son parrain. Notre constitution accorde ce droit à un adolescent de 16 ans. Harry pourrait demander à être confié à un Géant, à un Centaure, à un Moldu ou même à un Ogre sans qu'on puisse l'en empêcher parce que, à 16 ans, un sorcier est entièrement libre de choisir."
"Je crois que c'est un raisonnement censé, Padfoot", estima Remus en se tournant vers son compagnon.
"D'accord, faisons comme ça", accepta Sirius. "Mais cet argent n'a pas la moindre importance pour moi. Je veux seulement que Harry nous soit confié et que Remus puisse contourner ce fichu décret... Quand même, j'aimerais bien que le nom de Lupin reste aussi."
"Ne t'inquiète pas", le rassura Dumbledore en leur indiquant une page du livre. "Les deux noms apparaîtront sur les documents officiels. Il ne vous reste plus qu'à signer ici et ce sera terminé."
Ils agitèrent leurs baguettes pour signer, puis Dumbledore fit à nouveau rétrécir le volume, qu'il rangea dans son sac, tandis que Lady Penny offrait à une Hermione ravie les fleurs dorées qui avaient servi à la décoration.
"Y a quand même un truc qui m'échappe", dit Ron, qui était resté silencieux jusqu'à ce moment. "Sirius a le droit de se marier alors qu'il est recherché ? Le professeur Lupin et vous ne serez pas accusés de complicité parce que vous l'avez vu et que vous ne l'avez pas dénoncé ?"
Harry pâlit très visiblement en entendant cela, mais Dumbledore lui posa une main sur l'épaule et s'empressa de le rassurer:
"Il n'y a pas de problème. Les personnes recherchées ne peuvent pas être arrêtées quand elles se marient ou déclarent la naissance d'un enfant. Dans ces deux cas, l'autorité qui célèbre le mariage ou procède à l'enregistrement n'est pas tenu à la délation, pas plus que quand la personne recherchée accomplit un acte relatif à l'éducation de ses enfants ou pupilles. Tu te souviens qu'à la fin de ta troisième année j'ai accepté le formulaire d'autorisation de visite à Pré-au-Lard que Sirius avait signé ? La famille est une valeur prédominante dans la société sorcière, et ce droit est accordé même aux personnes les plus dangereuses, dans l'espoir d'un revirement et d'une réinsertion. En fait, Fudge n'est pas très d'accord avec ça, mais il ne peut pas changer la Constitution des Sorciers."
"Heureusement !" s'exclama Harry avec un soupir de soulagement. "J'ai déjà eu assez de surprises pour aujourd'hui. Je n'en aurais pas supporté une de plus."
"De quoi parles-tu ?" lui demanda Remus, et l'adolescent pâlit pour la seconde fois en quelques instants.
"Ne t'inquiète pas, Harry", dit Sirius en souriant. "J'avais l'intention de le lui dire plus tard, de toute façon."
"De me dire quoi ?"
Il y avait de l'inquiétude dans la voix de Remus, mais son nouveau mari le rassura d'un léger baiser sur les lèvres.
"Rien de grave, mon amour. Quand on est allés à Koder, on a rencontré quelqu'un qui te connaît et nous a invités à prendre le thé."
Remus regarda son compagnon d'un air interrogateur jusqu'à ce qu'un éclair de compréhension s'allume dans ses yeux.
"Conis n'a pas remarqué que je n'étais pas vraiment toi", reprit Sirius. "Mais elle a été très contente de rencontrer Harry et elle nous a raconté toute votre histoire."
"Je suis désolé, Padfoot. J'ai croisé Conis, Julius et le petit Remi il y a deux mois, mais je ne t'ai rien dit parce que Julius m'aidait à préparer une surprise pour toi. Si je t'avais parlé d'eux - et surtout du travail de Julius - tu aurais pu penser aussi à ce à quoi j'ai pensé, et je ne voulais surtout pas que ça arrive. Je voulais que ce soit une vraie surprise pour toi, et il a fallu un peu de temps pour l'amener de notre ancienne maison jusqu'ici, puis pour la réparer et vérifier son bon fonctionnement. C'est pour ça que je ne t'en ai pas parlé avant. Je voulais absolument qu'elle soit prête pour aujourd'hui. Elle est dans l'abri de jardin; et..."
"Chchchttt !" l'interrompit Sirius, le faisant taire en lui posant doucement un doigt sur les lèvres. "Tout va bien, tu n'as pas à t'excuser. Tout ce qui compte pour moi est que tu te sois souvenu, pour aujourd'hui..."
"Comment aurais-je pu oublier ? Ça fait vingt ans, Padfoot... mais on n'en a même pas passé la moitié ensemble !"
"Chchchttt !" répéta Sirius en serrant Remus dans ses bras et en posant la tête sur son épaule. "On sera ensemble pendant les vingt prochaines années, et encore après. Je ne laisserai plus personne t'arracher à moi - pas maintenant que tu es légalement mon mari. Alors, à partir de maintenant, on ne pense plus qu'à nous, d'accord ?"
Remus lui caressa les cheveux, posa un baiser dessus puis lui prit le visage entre les mains et appuya sur front contre le sien.
"D'accord", dit-il dans un souffle.
Et il cella cette promesse en capturant les lèvres de son compagnon.
"Les enfants, il vaudrait mieux qu'on s'en aille !" proposa Dumbledore. "Les jeunes mariés veulent qu'on les laisse seuls, maintenant. Ils nous le font comprendre par tous les moyens..."
"La nuit de noces se doit d'être spéciale", décréta Hermione, observant à la dérobée les portraits de Greensbourne et Allard qui semblaient s'efforcer d'éviter que leurs regards se croisent.
"Au moins, ils ont un endroit plus confortable que la Cabane Hurl..." commenta Ron avant de se taire subitement, se rendant compte de la gaffe monumentale qu'il venait de commettre.
Remus s'écarta lentement de Sirius et plissa les yeux jusqu'à ce qu'ils ne soient plus que deux minces fentes.
"Padfoot ?"
"Euh..."
L'Animagus déglutit nerveusement.
"Ça m'a échappé en cours de conversation, Moony, et ils étaient là, alors ils ont entendu... Je ne suis pas entré dans les détails, je te le jure !"
"C'est vrai, Remus, on ne sait rien de plus..." intervint Harry avec empressement. "Et puis ce n'est pas comme quand il prenait ton apparence pour aller dans la salle de bain et..."
Il se plaqua une main sur la bouche, mais cela n'empêcha évidemment pas son ancien professeur d'entendre distinctement ce qu'il venait de dire.
"Tu te transformais en moi et tu t'enfermais dans la salle de bain ?"
L'expression qui apparut sur le visage du lycanthrope fit taire tout le monde, y compris Lady Penny qui était en train d'élaborer un plan pour neutraliser le sort anti-spectre posé par Sirius et Remus sur les murs de leur chambre.
"Moony, rappelle-toi que, quoi que j'aie pu faire, je l'ai fait parce que je t'aime !"
"Je t'aime aussi, Padfoot", répondit tranquillement Remus.
Et, sans ajouter un mot, il sortit de sa poche un collier qu'il passa autour du cou d'un Sirius de plus en plus abattu.
"Je suppose que notre nuit de noces est annulée..."
"Mhhh... Non, seulement reportée de quelques heures..." répondit le lycanthrope en lui embrassant le lobe de l'oreille d'une manière qui fit rougir Sirius et ricaner Harry et Ron.
Remus sourit, puis transforma une chaise et un vase en un sceau et un balai-serpillère qu'il tendit aux deux garçons.
"Buck est dans la cave. Il faudrait qu'elle soit lavée et débarrassée d'éventuelles petites saletés..."
"QUOI ?"
"Une objection, Harry ?"
Remus sourit de nouveau et l'adolescent ne put qu'échanger un coup d'oeil résigné avec Ron et Sirius. Hermione les ignora et s'approcha des tableaux de Mister Greensbourne et Monsieur Allard (°), toute à sa "croisade de l'amour". Dumbledore, quant à lui, s'esquiva rapidement en déclarant que les trois élèves pouvaient très bien regagner l'école plus tard que prévu.
Harry prit le balai en pensant que, tous comptes faits, il s'en sortait mieux qu'il ne l'avait craint, puisque Remus aurait pu décider de l'enfermer avec Lady Penny, qui déclarait maintenant vouloir épouser son cher Sev au cours d'une cérémonie aussi belle que celle des nouveaux époux Black.
Avec un soupir résigné, l'adolescent mit le balai sur son épaule et, suivit de Ron, ouvrit la porte de la cave.
"Espérons que Buck n'a pas mangé trop de croquants aujourd'hui..."
FIN
- - -
(°) Monsieur - En français dans le texte.
|