Titre: Neige sur Londres Fandom: Sherlock Holmes Pairing: Holmes/Watson Rating: G Nb de mots: 1079
ooOoo Paressant devant le feu de cheminée qui diffusait dans la pièce une agréable chaleur, Watson se sentait bien. La veille, le premier jour de l’année, la neige avait commencé à tomber à gros flocons sur Londres pour ne s’arrêter que quelques heures plus tôt, plongeant la ville sous un épais manteau blanc. Les transports s’en trouvaient passablement compromis et le froid était plus mordant que jamais pour les quelques promeneurs téméraires, mais le médecin pour sa part n’en avait cure. L’hiver était sans conteste sa saison favorite, même si elle lui offrait du même coup davantage de travail que le reste de l’année, et il n’aimait rien de mieux que marcher dans la neige, soigneusement emmitouflé dans son manteau. Il attendait d’ailleurs sa promenade quotidienne avec la plus grande impatience, guettant le retour de Holmes, qui était sorti une heure plus tôt pour régler une affaire urgente selon ses propres dires. Refermant le livre que le même Holmes lui avait offert pour Noël, Watson consulta une nouvelle fois sa montre en soupirant. Le soleil se coucherait dans moins d’une heure, ce qui risquait de compromettre leur sortie si son compagnon ne revenait pas rapidement. Mais s’il était allé à Scotland Yard ou consulter quelque archive, le détective risquait d’en avoir pour longtemps. Se faisant la réflexion subite qu’après tout ils n’étaient pas toujours obligés de tout faire ensemble, Watson décida de sortir seul. Quittant son fauteuil, il alla jusqu’à sa chambre pour passer des vêtements plus chauds et récupérer sa canne, dont il aimait à se défaire dans ses appartements. Pourtant, sur la chaise où il les avait laissés la veille, il n’y avait nul trace de ses affaires. Pestant contre le manque de soin avec lequel Holmes traitait tant ses propres biens que ceux de son entourage, Watson se lança à la recherche de son manteau pour constater finalement après avoir fait le tour complet du meublé qu’il n'était pas le seul à avoir disparu. Encore un tour de la part de Holmes à n’en pas douter. Peut-être s’était-il donné la peine de cacher ses affaires pour s’assurer que le médecin n’irait pas se promener sans lui. C’était bien son genre. Dépité, Watson alla s’appuyer à la fenêtre du salon, ne pouvant s’empêcher de se demander comment, après tout ce temps, il trouvait encore la force de partager sa vie avec le détective. Cela dépassait tout bonnement l’entendement. Soudain, il remarqua quelque chose qui le pétrifia sur le trottoir devant la maison. Non, il n’avait quand même pas fait cela ! pensa-t-il avant de quitter la pièce aussi rapidement que le lui permettait sa jambe blessée. « - Holmes, vous n’avez pas osé ! s’écria-t-il en arrivant à l’extérieur. » Délaissant son chef-d’œuvre, l’interpellé releva la tête et adressa un sourire à son ami. « - Plutôt réussi, n’est-ce pas ? lança-t-il gaiement. » Secouant brièvement la tête pour tenter de remettre de l’ordre dans ses idées, Watson jeta un bref coup d’œil au bonhomme de neige sur lequel Sherlock travaillait jusque-là. Belle œuvre au demeurant, mais ce n’était pas ce détail qui avait en premier lieu attiré l’attention du médecin. Alors que les accessoires utilisés pour parachever le tout en revanche… Son manteau, son chapeau, sa canne, son écharpe et… bon sang, même sa pipe. Le bonhomme de neige semblait sorti tout droit de sa penderie. Et Holmes de sourire comme un bienheureux, sans même remarquer qu’il avait une nouvelle fois commis un impair. « - Holmes… mes affaires ! gémit le médecin. » Il ne vit même pas l’intérêt de s’énerver, à part le faire lui-même se sentir mal, ce genre de chose n’avait jamais le moindre effet. Et le sourire enjôleur que lui lança Holmes le réconforta dans cette idée. « - Oui, je sais ce que vous allez dire, récita le détective. Encore une preuve de mon manque flagrant de civilité et de respect envers vous. » Watson ne put retenir un sourire malgré les circonstances. Ainsi il ne parlait pas pour rien lors de ses leçons de morale, son ami ayant effectivement retenu mot pour mot ses reproches récurrents. Ensuite, que ces même paroles aient une quelconque incidence sur ses actes était une autre histoire… « - Mais cette fois j’ai une bonne excuse, reprit tranquillement Holmes. - Vraiment ? Je serais curieux de l’entendre. - Regardez ce bonhomme de neige. Avec ses accessoires, il me fait penser à vous à bien des égards. Il en est donc d’autant plus attractif. » Et allons donc, encore une basse flatterie pour s’éviter d’affronter les conséquences de ses actions. Holmes était décidément très fort à ce jeu-là. A juste titre puisque Watson, touché, baissa les yeux, ne trouvant pour le coup plus rien à dire. « - Alors, que pensez-vous de mon travail ? reprit Holmes, bien décidé à profiter de son avantage. - Il est parfait, marmonna Watson. Mais pourquoi vous prêter à ce genre de choses tellement quelconques pour un homme d’habitude plus enclin à critiquer les mœurs des petites gens ? - Voyez cela comme une expérience, répondit nonchalamment le détective. Tous les ans je vois des gens se prêter à ce genre d’activités pour le moins inutiles et je voulais savoir ce qu’ils pouvaient bien éprouver. - Et ? - La nature humaine reste un mystère pour moi, parce que ce genre de choses reste… eh bien oui, totalement inutile. Une perte de temps. » Watson sourit en secouant la tête. Oui, c’était bien Holmes, incapable de trouver un quelconque intérêt à un bonheur simple de ce genre. Bien souvent, le médecin ne pouvait s’empêcher de se faire la réflexion qu’il n'aurait pas voulue de l’enfance de son compagnon dans ces circonstances. « - Oh Watson, pour vos affaires ne vous en faites pas. Il finira par fondre de toute façon. - Et en attendant ? Comment ferais-je pour sortir sans être transi de froid ? - Eh bien si cela devait arriver, je vous réchaufferai, répondit Holmes avec un sourire qui se voulait prometteur. Vous n'avez jamais caché combien j'étais doué à cela ce me semble. » Watson considéra un instant sa proposition avant d’éclater d’un rire franc. « - A la réflexion, je suis transi de froid, dit-il malicieusement, ne doutant pas de la portée de ses mots. » Le sourire de Holmes s’agrandit davantage tandis qu’il tendait la main vers l’autre homme. « - Alors rentrons ! Chose promise, chose due après tout, lança-t-il gaiement. » THE END.
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