Titre : Intense chaleur
Fandom : Star Trek
Pairing : Kirk/Spock
Rating : G
Nombre de mots : 1498Aussi discrètement que possible James T Kirk sortit de la salle de réception pleine à craquer.
Cherchant un peu de fraicheur, il se réfugia sur l’un des balcons et manqua de s’étouffer. L’air était encore plus irrespirable dehors qu’à l’intérieur.
Une brise chaude caressa les goutes de sueur qui perlaient à son front. Après deux jours passés sur Vulcain, Jim espérait enfin s’habituer à cette canicule permanente mais ce n’était pas le cas. Le temps devenait de plus en plus difficile à supporter.
Il jeta un coup d’œil à l’intérieur à travers les portes vitrées. Toute l’assemblée d’invités semblait parfaitement à l’aise. Même l’émissaire de Sulfarate, que l’équipage de l’Enterprise avait eu pour mission d’amener sur vulcain sain et sauf pour cette cérémonie, était parfaitement dans son élément.
Il était le seul être vivant présent à souffrir de la température, le seul pauvre petit humain fragile ne supportant pas l’atmosphère étouffante de cette planète.
Ce n’était pourtant pas la première fois qu’il venait sur Vulcain mais son officier scientifique lui avait expliqué en arrivant qu’à cette époque de l’année le climat devenait plus rude, ce qui n’était certes pas gênant pour un Vulcain mais parfaitement insupportable pour lui.
Laissant son regard errer sur le paysage, Jim tenta une nouvelle fois d’inspirer. L’air brulant qui entra dans sa gorge inonda ses poumons mais ne lui apporta aucun soulagement.
Il hésita un instant à retourner à l’intérieur mais abandonna bien vite l’idée : tout y était trop solennel, trop guindé, trop cérémonieux. La manière Vulcaine de recevoir n’avait vraiment rien d’une bonne vieille fiesta humaine.
Imaginant un instant Spock au milieu d’une foule en délire dans une boite de nuit terrienne, Jim laissa échapper le peu d’air chaud qu’il avait réussi à avaler.
Spock…
Depuis leur arrivée, le Vulcain semblait presque… heureux. Il avait retrouvé son monde avec ses semblables tous aussi logiques et pragmatiques que lui. Il fallait espérer que ce retour aux sources ne lui donnerait pas l’envie de rester.
Il tenta un instant d’imaginer sa réaction si Spock venait lui annoncer qu’il ne repartait pas avec eux.
Il serra les dents. Plus il pensait à cette éventualité, plus il avait du mal à respirer. Il fallait absolument qu’il se calme, mais rester serein quand on manque d’air n’était pas une chose facile. Le col de sa tenue d’apparat se resserrait.
Il aspira un peu d’air mais pas assez, il transpirait de plus en plus. La température sembla monter d’un cran, et ses poumons lui faisaient à présent vraiment mal.
Son souffle se faisait de plus en plus court. Sa vue commençait à se brouiller, ses oreilles à siffler.
Il allait perdre connaissance quand il entendit une voix l’appeler…. Une voix tellement familière et remplie d’intensité. Il lutta un instant pour ne pas sombrer, mais tout devenait noir autour de lui. Il se mit à rêver : ça ne pouvait être qu’un rêve, les lèvres de son second sur les siennes, la bouche d’un vulcain contre celle d’un humain, ce n’était pas possible… Pas logique…
Respirer.
Enfin l’air entrait dans ses poumons déversant un délicieux flot d’oxygène dans sa gorge. Doucement les souvenirs de ce qui s’était passé lui revenaient. La chaleur, l’angoisse de voir Spock le quitter, la douleur de l’étouffement…
Avait-il rêvé la suite ? Ou l’avait-il vraiment embrassé ?
Il ouvrit les yeux. Il était allongé sur un lit dans une chambre aux couleurs neutres, un masque sur le nez. Il inspira profondément une dernière fois et l’enleva :
« Vous devez le garder encore six minutes, douze secondes, Capitaine. »
Debout près de la baie vitré, comme à son habitude Spock ne laissait paraitre aucune émotion. Rien de choquant en soi, mais Jim aurait préféré quelque chose qui aurait dit : « je vous ai embrassé, je suis fou de vous… ».
« Vous avez manqué d’oxygène pendant plus de trente secondes, Capitaine. Les médecins Vulcains vous ont prescrit une heure d’oxygénothérapie. »
Comme il continuait de le fixer sans répondre, le Commandant ajouta :
« Si vous préférez, je peux demander au Docteur McCoy de venir. »
« Non… je vais mieux. »
Jim plongea son regard dans celui de son ami un long moment, en se demandant s'il allait oser demander si son imagination lui avait joué des tours.
Après tout, tout ce qu’il risquait c’est que le vulcain trouve les humains encore plus bizarres ou qu’il se moque de cette stupide manie de s’embrasser.
Il devait avoir l’air trop pensif ou alors Spock le connaissait trop bien :
« Êtes-vous soucieux Capitaine ? »
« Pas du tout. »
« Pourtant vos sourcils sont froncés et vos lèvres pincées, signes d’un stress évident. »
Nier ou avouer ? Incapable de résister aux yeux d’ambre de son second, il avoua :
« Oui il y a en effet quelque chose qui me… Perturbe. »
« De quoi s’agit-il ? »
Le plus important était de bien choisir les mots :
« J’ai eu… Quand j’ai perdu connaissance il m’a semblé… Enfin c’était probablement dû au manque d’oxygène… »
« Je ne peux répondre à une question que vous ne posez pas, Capitaine. »
« Est-ce que vous m’avez embrassé ? »
Le vulcain haussa un sourcil :
« Si par embrasser vous parlez de cette habitude humaine totalement inutile et étrange la réponse est non. Il fallait vous insuffler de l’air le plus rapidement possible. Le plus logique dans ce cas était d’appliquer une méthode humaine certes archaïque mais efficace. »
Le regard d’incompréhension qu’il jeta à son second lui fit ajouter :
« Le bouche à bouche Capitaine. »
Plus que déçu, Jim laissa échapper un :
« Oh »
« Vous semblez dépité. »
Avalant difficilement sa salive, il répondit :
« Pas du tout. »
« Ceci n’a pas l’air très convaincant. »
Les mains dans le dos, les sourcils froncés, Spock s’approcha du lit :
« Je ne comprends pas la réponse que vous attendiez Capitaine. »
Jim ne pouvait pas décemment lui expliquer qu’un instant il avait espéré qu’il l’ait vraiment embrassé.
Il se leva vivement du lit et avec assurance lui ordonna :
« Oubliez ça tout va bien à présent ! Où en est la fête ? »
Leur regard se croisèrent un instant, faisant s’envoler ses belles résolutions. Sa gorge se noua et cette fois la chaleur n’était vraiment pas en cause. Il fit quelques pas s’approchant un peu plus de son ami. Plus il y pensait, plus il trouvait l’extraterrestre attirant. Son élégance, cette force qui émanait de lui… et tellement d’autres choses.
Pour la première fois de sa vie, Jim souhaita être vulcain. Les émotions qui l’assaillaient depuis quelque temps était bien trop lourdes à porter.
Mu par une envie soudaine et incontrôlable sa main vint se poser sur la joue de Spock.
Raide comme un piquet, celui-ci ne bougea pas d’un millimètre. Il se contentait de le fixer sans vraiment comprendre les raisons de son geste. Jim savait qu’il devait retirer ses doigts, que ce n’était ni convenable ni acceptable mais il en était incapable. Pas plus que ce qu’il avait envie de faire à cette instant, ce qu’il s’apprêtait à faire…
Il pourrait prétendre avoir été possédé un instant par un alien ou une entité quelque conque. Il se jeta sur les lèvres de son second qui, choqué, n'osa pas bouger.
Ses lèvres étaient d’une douceur incroyable, chaudes et charnues. Savoir qu’il était le premier à poser sa bouche sur celle du vulcain emplissait le capitaine d’une fierté incroyable.
Il aurait pu rester ainsi indéfiniment mais l’absence de réaction de son ami le fit revenir sur terre. Honteux il s’éloigna d’un pas et attendit :
« Votre comportement est étrange, Capitaine. »
« Très étrange, mais tellement… »
Il n’eut pas le temps de finir sa phrase :
« Êtes-vous sur d’aller bien ? Je vais appeler le Docteur McCoy pour qu’il vous examine. »
Alors qu’il réfléchissait à la manière d’annoncer à Bones qu’il avait embrassé son second et qu’il avait très envie de recommencer, le vulcain saisit son communicateur :
« Entreprise ici Spock répondez. »
Ce n’était vraiment pas une bonne idée, Jim posa sa main sur le bras de son ami et lui prit l’objet pour couper la liaison :
« Je plaisantais, Commandant, l’humour humain… »
Pas vraiment convaincu, l’alien le fixait. Persuadé de s’enfoncer un peu plus, il ajouta :
« Après tout vous ne pouviez pas passer toute votre longue vie sans jamais avoir embrassé personne. »
« Ce fut une expérimentation étrange mais pas aussi désagréable que je le croyais. »
Jim dut retenir un sourire béat, le communicateur bipa :
« Monsieur Spock vous vouliez nous joindre ? »
« Scotty deux à téléporter. »
Juste avant de disparaître, le capitaine lança un regard à son second et fut quasiment certain de l’avoir surpris en train de sourire.
Cette soirée avait peut-être mal commencé mais elle avait fini à la perfection.
Fin.