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Bon voilà, une fic un peu insolite,...
Enjoy ^^
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"Et coupez !"
Le clap venait de retentir, cette éprouvante scène de déclaration était terminée.
La plupart des personnes présentes applaudirent, les décorateurs vinrent faire quelques retouches avant que l'on change de studio puis Colin regarda Jared, rouge de passion.
Ses yeux le dévorèrent. L'aîné sourit en guise de remerciement puis s'éloigna, en direction de ses appartements. Une grande caravane contenant une loge pourtant superbe.
Jared titubait quelque peu, il avait pas mal bu avant et pensé à d'horribles choses pendant la prise de cette scène pour la crédibilité de la chose qu'il était aussi mal à l'aise que son personnage.
Lorsqu'il arriva à la porte de sa caravane, il fut suivi rapidement par de petits bruits de pas. Janice, sa maquilleuse se tenait sur ses talons.
-Hey ! Jared... on va retirer tout ça...
-Non, je... merci Janice.
Il savait qu'elle en pinçait pour lui, et au vu de la nouvelle orientation sexuelle qu'il explorait avec certains partenaires il ne voulait plus le ressentir et se sentait même de plus en plus agacé par son comportement puéril et aussi sensible. Aussi il ne trouvait pas d'autre moyen que celui de la congédier gentiment. Il se sentait vidé par cette prestation et voulait rester seul, un peu. Juste intime avec lui même, son maquillage coulant, ses fourrures insupportables de chaleur et ces bijoux pesants. La frêle artiste fit une moue légérement boudeuse, alors qu'il passait une main réconfortante sur son omoplate. Il sourit et elle s'éloigna, comprenant qu'il fallait le laisser seul. Il posa sa main sur la poignée de la porte, il regarda à droite et à gauche, espérant que personne ne se jetterait sur lui dans les minutes qui allaient suivre.Un frisson lui parcourut l'échine et un instant il lui sembla que le temps se figeait, que les mouvements des décorateurs qui allaient et venaient au loin se faisaient lents et las, ses paupières se fermèrent un moment; puis lorsqu'il se sentit d'aplomb, il ouvrit cette porte avec la clé qu'il était seul à posséder, et pénétra dans la pièce unique, prenant soin de s'enfermer dans cette même caravane. Il cogna son front contre la porte en soupirant, comme se sentant soulagé d'en avoir fini avec cette dure journée. La nuit était fraîche dehors et il sentait son nez rougir par le brutal changement de température qui s'opérait dans la pièce, une chaleur iréelle et paisible, qui donnait envie d'être nu et de se prélasser dans un de ces bains aux huiles dont il appréciait plus que quiconque les bienfaits. Il eut une soudaine envie de miel, de raisins mûrs, de femmes, d'hommes, de soie et de pierreries, de vin et de montagnes ... qu'il ne sut s'expliquer. Il donna une impulsion sur la porte comme pour vérifier sa solidité, se donnant ainsi le peu de courage dont il avait besoin pour se changer, mettre le costume dans la blouse prévue à cet effet, boire un peu, manger quelque chose, se démaquiller, téléphoner à son frère, à sa mère, et se préparer pour sortir avec ses collègues le soir même. Tant de choses à faire, il ne s'en sentait vraiment pas le courage, mais il allait bien falloir se bouger un peu. Il avanca machinalement vers sa coiffeuse et s'y assit, comme si son corps connaissait le chemin sans qu'il ne lui intime d'aller où que ce soit. Il ôta le châle de fourrure qu'il adorait et entreprit de le poser plus loin, lorsque ce fut chose faite, une voix lointaine mais dans la présente pièce lui remit instantanément les idées en place.
-Il n'y a pas beaucoup d'étoiles ce soir.
La voix était suave, et sage, teintée d'un accent indiscible et imprégnée de charisme.
-Hein ? Qui... Quoi ? Comment êtes vous... qui êtes vous ? Que faites-vous ici ? Qui vous a laissé entrer.. ?
Mille questions banales et stupides voulurent sortir de la bouche de l'interprète lorsque seulement quelques unes purent être audibles de façon distincte et claire. La vision qu'il avait sous les yeux lui fit maintes fois cligner des yeux pour confirmer ce qu'ils voyaient, tant la situation était improbable. Tout d'abord il fut choqué par le manque de sécurité qui planait sur ce tournage, plusieurs figurants s'étaient déjà blessés par la faute de quelques stagiaires, mais là une personne avait pénétré dans la loge d'une personne du casting, chose grave, car ces lieux se devaient d'être protégés et non-nominatifs, pour justement éviter les débordements d'hystériques ; ce qui d'après Jared, devait convenir pour qualifier cette personne qui trônait, assis de façon majestueuse sur son sofa en nubuck à 6540$.
Il était assis mais paraissait grand. Le port altier et un regard aussi brûlant que du feu. Des cheveux clairs contrastaient avec sa peau légèrement basanée, les avant-bras mutilés mais d'une apparente et infinie douceur. Ses lèvres aussi paraissaient douces, et ses yeux, verts, peut-être lagon, le fixaient sereinement. Il ne semblait pas alarmé par le comportement affolé de son interlocuteur. Il sourit, comme comprenant, anticipant même ce mouvement de panique. Sa tenue était celle d'un guerrier antique et était composée de tissus aux couleurs chaudes et de plaques de métal clouté aux gravures magnifiques. Le style général rappella à l'acteur le style d'accoutrement qu'on leur demandait de porter pour les scènes de bataille. Il reconnut que le déguisement était bien fait, et que cela paraissait être très coûteux vu les étoffes et matériaux utilisés. Tout un tas de suppositions lui virent en tête mais l'autre ne semblait pas agressif, et restait planté là sans le moindre signe de nuisance. Jared s'assit de nouveau sur sa chaise, fixa l'autre, l'interrogeant de ses grands yeux azur cernés de khôl et souillés de larmes.
-Bien je sais pas qui vous a laissé entrer... ni même qui vous êtes... et si vous avez...
-Hephaestion Amytaros, fit l'homme d'une voix calme, et de sa plus belle prononciation hellénistique.* Et je suis entré seul.
Jared savait lui aussi prononcer ce nom de façon correcte, l'historien l'y avait amené quelque peu, et finalement ça avait seulement enrichi sa culture personnelle, et non son interprétation. Il ne disait pas une foutue ligne de grec ancien dans ce film. Alors à quoi bon ? Mais la justesse de l'accent, meilleure que le sien surprit l'acteur.
-Vous êtes doué... bravo vous avez étudié où ? Harvard ? Pringston ? Yale ?
-J'ai gagné en érudition grâce à Aristote sur les hautes plaines de Pella, lors des longs printemps gorgés d'amertume hivernale... mais mes passes d'armes je...
-Ouais... je vois . Acteur paumé c'est ça ? Je... je suis désolé, je vais pas te virer à grands coups de pompes parce que je ne suis pas un abruti... tu veux un truc ? Un café ? Tiens j'ai des cookies ou même du chop suey, j'y ai pas touché... je te le fais réchauffer ?
-Mortel.
-Hein ?
-Mortel, homme fait de chair et d'amour, écoute donc.
-Arrête ça va, j'aime beaucoup ton costume et tout ton... enfin ton style quoi, non c'est vrai, tu dégages quelque chose mais là je suis claqué, alors on peut bouffer un morceau ensemble, papoter un peu mais j'ai des gens à voir et des tas de trucs à faire je t'assure...
-Ils ne t'attendent pas.
Le fait que le prétendu ancêtre soit aussi énigmatique agaçait le jeune homme plus que dubitatif.
Ce guignol déguisé avec de vieilles breloques donnait à Jared une irrésistible envie de rire avant de le congédier. Il trouvait ce jeu d'acteur pathétique à souhait pour ainsi dire, et ne l'écouta que trop peu.
-Mais de quoi tu parles bon sang...
-Je ne sais à quel projet obscur tu te livres, j'ai juste senti ton être.
-Arrête mec franchement... t'es encore plus déchiré que moi .. tu l'as volé sur le plateau ton costume ? Jenny elle va gueuler encore ..
Le général regarda l'acteur dans les yeux, intimant de ses prunelles de braise le silence respectueux qui lui était dû, et en cette fraction d'éternité, Jared comprit, lui qui s'était levé pour attraper une dosette de café se laissa tomber, assis, au sol, la bouche entrouverte, les larmes aux yeux, comme transcendé.
-Mais ..
-Après la mort, il n'y a rien. Il est trop dur de penser ou de se souvenir, mais lorsque les autres le font pour vous, alors il est plus facile d'être, ou de continuer à perdurer dans quelque éther que ce soit.
-Mais vous .. comment ?
-J'ai continué à exister pour certains, d'une façon ou d'une autre, et auparavant personne n'a montré autant d'intêret pour moi que toi.
-C'est un film juste .. un ..
-Je ne sais ce qu'est cela, je n'ai qu'une emprise empathique sur les évènements, je viens à toi par cette manifestation, pour que tu insufles plus avant un peu de ce que j'étais réellement, sans but précis sinon que l'on sache, vraiment ce qu'il advenait des gens de ma caste, mes contemporains, jadis.
Jared ferma les yeux encore et ne put s'empêcher d'imaginer l'homme dans un contexte de mannequinat, pour un matériel promotionnel de Calvin Klein ou autre, il trouva cela profondément stupide et posa une main sur le poignet parfait de celui qui s'était penché pour mieux capter son attention. Il se souriaient. Hephaistion le considéra longuement.
-Tu m'incarnes dans cette fresque .. c'est cela ?
-Oui je .. c'est de la comédie ..
-J'aime le théâtre.
-Oui, voilà c'est de la mise en scène, un rôle.
-Alexandre ..
-Colin ..
-Colin ?
-Je suis Jared, et celui qui incarne Alexandre se nomme Colin.
-Colin..
-Oui ..
-Jared ..
-Oui, c'est moi.
-Que d'étranges nominations..
-Euhh ..
Le général déconcerta Jared de par son acessibilité, sa sagesse, le fait qu'il prenne le temps de peser chacun de ses mots, constamment.
-La vie est belle .. Jared.
-Pfff...
-Je te l'assure.
Le militaire recula son poignet de la paume de l'acteur et y plaça sa main, entremêlant ses doigts à ceux de Jared de façon sincère et pleine d'amour.
-Vous... paraissez ..
-Je ne paraîs pas, ami. Je suis parce que vous me faites exister, je subsiste grâce à votre souvenir, votre art et vos êtres. Vous êtes sincères et croyez en ce que j'ai pu être ou devenir, alors simplement je viens t'en remercier, c'est bien faible pour obtenir en retour une quelque procuration .. une vie, plus douce sûrement.
Hephaestion sourit, doucement, et se leva. A cet instant il lâcha la main de Jared, le regardant toujours dans les yeux, et il sembla à l'acteur que son armure se décomposait, tombait lentement en lambeau sur le sol, cette vision fut altérée car il ne fixa que son regard. Lorsque le général lui montra ses paumes tendues, ouvertes, prêtes à l'accueillir, il les prit et se hissa jusqu'à lui. Il était plus grand, plus charpenté une fois debout, et Jared le regardait avec admiration ; son armure avait effectivement laissé place à une magnifique toge de lin immaculé brodée de soie blanche également.
-Je suis honoré de tout ça .. je veux dire ..
-Ne dis rien. Je sais que tu a compris, ainsi ma vie s'achève.
-Mais non ... pourquoi ? Non ..
-Je suis comblé d'avoir serré la main d'un frère.
-Hephaestion .. mais j'ai .. je enfin non ! J'ai tant de chose à dire à demander, à savoir, je veux tout savoir ..
Le chiliarque eut un petit rire amusé.
-Je te comprend, et tu me bouleverses.
-C'est trop court ..
-Je veillerai. Sache juste que je suis né, que j'ai aimé, combattu, aimé et que j'en suis mort.
Jared ferma les yeux, une seconde, cherchant les mains du général des siennes, il les trouva et s'attira contre lui, l'étoffe de la toge était douce et si le paradis avait une odeur ce devait être celle là.
-Oh .. Hephaistion..
-Jared..
Il sentit les lèvres suaves déposer un baiser sur le coin de sa bouche et sa douleur fut insoutenable lorsqu'il les sentit s'en retirer.
-Mhh ? Non .. non ..
-Jared ..
-Hephaestion !
-Jared ... JARED !! Debout !!
Lorsque l'acteur ouvrit les yeux il était au sol les yeux embrumés et la toge souillée de larmes et de khôl dans les mains, la serrant contre lui, comme le plus grand des trésors.
-Jared ! J'y crois pas ! T'es pas prêt ! T'abuses... Jonathan et Gary attendent dehors, magne toi hein ..
-Hein ? quoi .. ?
-Mais qu'est ce que t'as cuvé encore ?
-Euhh ...
-J'attend dehors ..
-Qu'est-ce que .. ? Colin .. me laisse pas !
-Jared, je te laisse te préparer, j'attend devant .. faut que je te parle à propos d'hier .. je crois que je m'en remettrai pas .. j'en veux encore ... plus.
-Oui je ..
-Je t'attend devant.
Alors Colin laissa Jared au sol avec son bout de paradis dans les bras, allant l'attendre dehors comme convenu. Jared ne sortit pas ce soir là.
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*se prononce en grec de la façon suivante : "éfa-hés-tionne" et s'écrit de la sorte : Hφαιστίων.
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Fondatrice du CQOPC
Dernière édition par thoseyes le 25 Juil 2007 02:33, édité 1 fois.
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Magnifique !!!
(I live you)
cette fic est magnifique et terrible !
!!!