bon ben finalement ce n'est pas le dernier
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Le soir venu, Wolfgang faisait les cent pas dans les coulisses de l'opéra Garnier, écartant parfois le rideau pour scruter la salle. Lorenzo, lassé de le suivre avait fini par s'asseoir à même le sol, partitions et livret en mains. Rien que le fait de voir Wolfgang arpenter les coulisses de long en large le fatiguait.
– Wolfgang calmez vous un peu, vous êtes encore plus excité que vos chanteurs. Allez donc vous préparez, il sera bientôt temps pour vous de gagner l'orchestre.
Avant de regagner sa loge de mauvaise grâce afin de s'habiller décemment, Mozart jeta une ultime fois un œil derrière le rideau. Il y avait encore quelques sièges vacants au premier rang. Tout à coup ses yeux se posèrent sur un petit homme à la tenue aux couleurs aussi criardes que ridicules. Rosenberg ! Qu'est-ce que ce misérable petit rat faisait ici ?! Mais... si ce sale petit crétin était présent... Antonio et Franz-Xaver... Il jeta un œil côté jardin, et un immense sourire étira ses lèvres. Le jeune Xaver dans un beau costume trois pièces de luxe vint tranquillement s'asseoir aux côtés de leur agent, sans jamais lui adresser le moindre regard. Puis suivit Antonio, l'air vraiment mal à l'aise, dans ce lieu loin de son élément. Wolfgang prit le temps de le détailler alors qu'il s'installait à côté de son « petit frère ». Rasé de près, ses longs cheveux sur les épaules, il portait une chemise noire italienne qui modelait ses formes agréables à merveille, bien qu'il se sente étriqué dedans. A son cou pendait une fine chaîne en argent qui brillait à cause de l'éclairage. En bas, il était vêtu d'un pantalon de costume que Mozart soupçonna aussi d'être de fabrication italienne, ainsi que de magnifiques chaussures en cuir qui devaient coûter plus cher que ce que Wolfgang gagnait en trois mois. Il vit Xaver murmurer quelque chose à l'oreille du magnifique chanteur qui releva les yeux et croisa les siens. Cependant, le visage de Salieri resta impassible. Alors, Xaver lui donna un grand coup de coude dans les côtes, et Antonio tacha de transformer son rictus de douleur en un semblant de sourire. Cela fit rire Mozart, qui lui fit un clin d'œil avait de filer dans sa loge, gai comme un pinson.
Quelques minutes plus tard, dans ce qu'il se plaisait à appeler sa tenue d'apparat, Wolfgang se présenta devant le public, qu'il salua modestement. Ses yeux accrochèrent une nouvelle fois ceux, noisette, d'Antonio qui les les baissa vite, gêné de toute cette attention devant ce public de gens sérieux. Wolfgang se tourna ensuite vers les musiciens, et d'un habile coup de baguette les enjoignit à entamer les premières notes de l'ouverture alors que le rideau se levait sur une scène de sérail.
Antonio qui n'avait jamais assisté à un opéra auparavant fut saisit à la gorge. Il n'était pas de mauvaise. Il reconnaissait volontiers la beauté de la musique. Mais lui qui se croyait bon compositeur se trouva à cet instant ridicule. Comment ces mélodies divines pouvaient-elles prendre vie dans la tête de Wolfgang ? Comment pouvait-on créer de mélodies si parfaites ? Alors que l'une des cantatrices entamait un aria magnifique, Antonio pencha la tête pour masquer ses larmes à Xaver et Rosenberg qui l'observaient, étonnés. Jamais il n'avait été si touché par de la musique. Il accueillit l'entracte avec joie pour prendre se temps de se recomposer. Mais c'était sans compter sur Wolfgang qui leur fit signe de le rejoindre en coulisse. Cependant quand Rosenberg voulut les suivre, Da Ponte vola au secours de Mozart et emmena le vil agent discuter musique à l'écart. Wolfgang eut un léger sourire, il lui revaudrait ça.
Mozart entraina ses deux invités dans sa loge pour être à l'abri des regards. Ils s'assirent autour d'une petite table et Wolfgang leur servit un verre.
– Alors ? Comment avez-vous trouvé le premier acte ? Demanda-t-il, enthousiaste.
– C'était magnifique, s'extasia Xaver. Oh mince ! Fichu portable.
Il s'excusa et sortit. Wolfgang le soupçonna de vouloir le laisser seul avec Antonio et lui en fut reconnaissant.
– Antonio, je t'ai vu pleurer, tu sais, dit-il une fois seul avec l'homme qui commençait à le rendre fou d'amour.
Se prêtant pour une fois au jeu du tutoiement, Salieri répondit froidement.
– Ah parce que tu as des yeux dans le dos ?
Wolfgang ignora la pique et vint prendre place à côte de lui, avec une envie irrésistible de glisser ses doigts dans ses soyeux cheveux bruns.
– C'est la première fois pas vrai ? Parfois ma musique arrive à émouvoir les personnes sensibles.
– Quelle prétention !
– Ce n'est pas une faiblesse d'être ému Antonio. Viens là, dit-il en lui prenant la main.
Ne sachant que faire, il se contenta d'obéir. Wolfgang le traina devant son clavier et le fit s'asseoir à côté de lui.
– J'ai composé ça en pensant à toi il y a quelques heures. J'aimerais savoir ce que tu en penses.
Muet, Antonio observa les doigts de Wolfgang virevolter en tous sens sur les touches du synthé pour à nouveau créer une mélodie pure et parfaite, une mélodie transpirant la passion et... l'amour ? Il soupira, ferma les yeux et s'autorisa à se laisser porter par cette musique bénie des dieux. Il n'arrivait pas à croire qu'il ait inspiré ce chef-d'œuvre à Mozart. Il ne pouvait pas être une muse, il était froid, désagréable, prétentieux... Comment pouvait-il inspirer tant de choses à ce musicien naïf et adorable ? Adorable... Il l'avait pensé. Mon dieu mon pauvre Antonio t'es tombé bien bas... Quoi qu'il faut avouer qu'il n'est pas vraiment pas mal... La ferme ! …. Et puis il n'a pas caché son attirance pour toi un seul instant, ce n'est pas un fan, il n'est pas intéressé par ton prestige... J'ai dit la ferme !! Excédé par ce débat interne avec sa conscience, il posa sa tête sur l'épaule de Wolfgang alors que celui-ci faisait résonner la note finale.
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