Pov omniscient
Salieri se réveilla avec quelques douleurs dans les muscles, d’agréables douleurs… Il venait incontestablement de passer la nuit la plus belle de son existence.
Ayant maintenant la certitude de ne plus pouvoir se passer un jour de plus de Mozart, et désirant ardemment lui avouer, il se retourna doucement pour pouvoir transmettre sa tendresse à son amant. La déception envahit son être lorsqu’il s’aperçut que le prodige avait déserté. Sans doute était-il la nouvelle victime de ses expérimentations des plaisirs charnels… C’est ce qu’il pensait amèrement alors que son cœur brisé saignait de cette fourbe trahison.
Tout ce temps avec lui n’avait été qu’un vaste jeu, une mascarade, pour que l’Autrichien parvienne à se venger de celui qui lui avait fait tant de tort. Salieri s’en voulu en repensant à la facilité avec laquelle il lui avait rendu ses baisers et ses étreintes. Le mal était fait maintenant, il ne pouvait plus rien faire pour corriger cela maintenant, mais même s’il en avait eu l’occasion, l’aurait-il vraiment fait… ? Non… certainement pas…
Humilié, le compositeur Italien se procura des vêtements propres et vierges de l’odeur de son amant pour aller se vider l’esprit en se promenant dans les alentours. Ses pas le menèrent machinalement vers un petit lac isolé et peu fréquenté. Il aimait s’y reposer, trouvant ce milieu calme et apaisant.
Les heures défilèrent, sans qu’il s’en rende vraiment compte, et bientôt il fut rejoint par une personne qu’il connaissait sous toutes les coutures. Elle posa la main sur son épaule et finit par y reposer sa tête, faisant le tour de l’Italien pour passer son bras autour de ses hanches. Salieri l’imita, se laissant bercer par la douceur du moment.
_ Je me suis inquiétée, lui reprocha Maria gentiment. Je pensais que tu ne serais pas sortit de ta chambre si rapidement après la nuit que tu as passé.
Salieri soupira, mais il ne pouvait pas vraiment cacher quelque chose à Maria. Elle était la personne la plus apte à le comprendre et la seule à qui il voudrait bien se confier.
_ Justement, c’est à cause de la nuit que j’ai passé que je suis ici. _ Tu regrettes ?s’attrista Maria choquée. _ Je ne regrettais pas avant de réaliser que j’étais tout seul dans mon lit.
Maria commença à rire doucement, ce qui étonna le compositeur officiel de Joseph II. Que lui arrivait-il ? Elle, d’habitude si bienveillante, se moquait de lui ? Gêné et vexé, l’Italien se dégagea d’elle avec l’intention de s’en aller plus loin, mais elle le retint par le poignet.
_ Oh, excuse-moi Antonio, expira-t-elle en reprenant son souffle. Mais le quiproquo est si… invraisemblable ! _ Quiproquo ?répéta Salieri interpellé. _ Je suis venue te chercher parce que Wolfgang m’a réveillée, s’affolant de ton absence. Il était allé te chercher une rose, une magnifique rose rouge, qu’il comptait t’offrir à ton réveil…
Stupide, voilà comment se sentait l’illustre compositeur de l’empereur d’Autriche. Mozart avait juste cherché à se montrer romantique, et lui s’était de suite emballé en jugeant son absence comme une désertion. Il fallait vraiment qu’il se rattrape, et surtout qu’il arrête de penser ainsi.
Il se décida à rentrer immédiatement, accompagné de Maria, car il avait des excuses à faire. C’était le premier matin qu’ils auraient dû passer ensemble, et Salieri avait l’impression d’avoir tout gâché. Une fois rentré, il monta rapidement les escaliers et ouvrit la porte doucement pour ne pas surprendre Mozart, mais il trouva ce dernier assoupi.
Salieri fut attendri par la vision de Mozart endormi une nouvelle fois. Ce qui changeait cette fois, c’était qu’il serrait avec force son oreiller contre lui, son nez fourré dedans, et que ses joues étaient encore lacérées des sillons salés témoignant du passage de larmes. La rose trônait à la place à laquelle avait dormit l’Italien la nuit passée. Emu, il s’approcha sans bruit de la majestueuse fleur qu’il huma avec délectation. Ses pétales étaient douces comme la peau du prodige qui l’avait accompagné durant la nuit et sa couleur incarnait à la perfection la passion qui les avait habités.
Peu désireux d’abimer ce trésor précieux, Salieri la posa sur son secrétaire, par-dessus ses plus récentes partitions. Il hésita ensuite entre réveiller le prodige pour le rassurer ou le rejoindre au lit. Peiné de le savoir tourmenté, il le laissa se reposer plus longtemps et se dépouilla de ses vêtements pour aller remplacer l’oreiller que l’Autrichien tenait contre lui. La tâche ne fut pas aisée puisque le jeune compositeur s’accrochait au coussin comme si sa vie en dépendait, mais Salieri finit par triompher lorsque Mozart reconnu l’odeur tant aimée et accepta l’échange sans même se réveiller.
Même s’il aimait la vision de cet ange endormi, les paupières de Salieri se firent lourdes et il rejoignit son aimé au pays des songes.
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Pov Mozart
Le soleil était à peine levé lorsque je me réveillai, engourdi par l’étreinte passionnée de la nuit passée et envouté par l’odeur de mon Antonio. Ce dernier dormait encore profondément, mais je n’avais plus envie de dormir et je n’avais pas le cœur de le réveiller pour assouvir mes désirs égoïstes de m’accaparer son corps svelte. Après un court moment de délibération, je décidai de lui apporter une preuve de mon amour, et de ma gratitude pour avoir abaissé sa carapace pour moi. Me revint alors en tête la rose rouge sang que je cultivai soigneusement dans mon jardin.
M’extrayant délicatement du lit, je gravai l’image de mon amant endormi et dénudé avant de me faufiler hors de la chambre, complètement vêtu et entouré de son odeur divine. Je ne profitai pas beaucoup de l’air frais et du splendide tableau de Vienne sous les feux du ciel orangé, bien trop pressé de retrouver mon Antonio que je venais tout juste de quitter. Courant à travers la ville, j’arrivais chez moi haletant et me dirigeais vers mon jardin. La rose était bien là, encore embrassée par la rosée matinale. Il découlait d’elle une aura de sensualité et de passion que je voulais transmettre à mon aimé, j’espérai juste qu’il serait réceptif à mon présent.
J’étais tellement excité à l’idée de le connaître en privée, de découvrir ses petites manies et ses points faibles… Décidant que j’avais perdu suffisamment de temps, je sectionnai avec précision la rose et parcourais la ville dans le sens inverse, ralentissant l’allure pour ne pas risquer de l’abimer. Seulement, une fois arrivé chez l’élu de mon cœur, horreur, Antonio n’était plus dans son lit ! Je ne comprenais pas. Nous nous étions mutuellement offert l’un à l’autre hier soir, laissant une signature indélébile, une marque de propriété sur nos corps lors de notre étreinte.
Reposant délicatement la rose sur son oreiller, je me précipitais dans la chambre de Maria, la réveillant assez brusquement.
_ Maria ! C’est Antonio ! Il… il… il…, bafouillais-je au milieu de mon affolement. _ Il se sent mal ?s’inquiéta Maria brusquement éveillée. Il faut aller chercher le docteur ? _ Non, il… Je ne sais pas où il est…, avouais-je en me laissant tomber à genoux. _ Comment ça… ?s’étonna Maria en se levant. _ Quand je suis revenu il n’était plus là… _ Revenu ? Tu étais où ? _ Partis lui cueillir une rose, marmonnais-je gêné.
Maria me sourit tendrement et se rendit dans la chambre d’Antonio, parcourant la salle du regard pour vérifier qu’il n’avait pas laissé de mot derrière lui.
_ Il est certainement allé visiter Haydn, prétexta-t-elle penaude. J’ai entendu dire qu’il était en ville, il en à sûrement profité.
Haydn ! Il ne manquait plus que lui ! Ce bougre ne m’avait jamais aimé, c’était à cause de lui que mon Antonio ne pouvait pas me voir en peinture les premiers temps.
_ Il faut que j’aille le chercher !décidais-je en me relevant. _ Wolfgang, soupira Maria réprobatrice. Tu sais aussi bien que moi que c’est une mauvaise idée. Antonio est grand, il sait que tout ce que dit Haydn n’est pas forcément vrai. _ Il va le monter contre moi ! _ Va te reposer Wolfgang, me conseilla-t-elle avec la douceur d’une mère. Je vais aller le chercher, c’est plus prudent.
Je hochai tristement la tête et obéissais, récupérant l’oreiller d’Antonio pour respirer pleinement son odeur. J’avais tellement peur de le perdre… Les larmes dévalèrent mes joues et Morphée me tira dans la tourmente en m’envoyant des cauchemars mettant en scène Antonio qui me renierait…
XxXxXxXxXxXxX
Je ne me sentais pas vraiment reposé lorsque je me réveillais, mais j’avais l’impression que l’odeur d’Antonio était plus forte qu’avant. Ouvrant doucement les yeux, je fus confronté au magnifique visage de celui que j’aimais. Mon Tonio dormait paisiblement, ses bras autour de moi. J’avais l’impression de nager en plein rêve. Lorsque je m’étais assoupi il n’était pas là, et maintenant il était à nouveau nu dans mes bras. C’était le paradis !
J’aperçu la rose posée sur son secrétaire et me défaisais doucement de son étreinte chaude, récoltant de faibles grognements de mécontentement de sa part. Souriant à sa réaction, je retirai rapidement ma chemise et récupérai la rose rouge avant de revenir près de mon amant, me couchant sur le ventre pour pouvoir mieux l’admirer. Le manque que j’avais provoqué en désertant ses bras l’amena finalement à se réveiller.
Ses paupières battirent paresseusement avant de me dévoiler ses magnifiques yeux. Il caressa ma joue avec un sourire tendre. Aux anges, je m’approchai de lui et l’embrassai avec amour. Mon aimé me tint plus fermement en m’encadrant le visage de ses mains alors que je passais mes bras autour de son corps svelte. Les soupirs de plaisir se multiplièrent des deux côtés et nous fûmes rapidement à bout de souffle.
Mon Tonio passa ses doigts dans mes cheveux, me regardant avec une évidente tendresse. Le moment était idéal pour lui ouvrir mon cœur, j’étais certain que mes sentiments étaient réciproques désormais. Je me penchai pour attraper la rose et lui tendais avec un sourire aimant.
_ Pour toi, mon Tonio. _ Merci, mon Wolfgang, me répondit mon aimé avec un sourire amusé.
Il accepta ma rose avec un regard pétillant et m’attira à lui pour un nouveau baiser. Si ça n’avait tenu qu’à lui, il aurait bien continué ainsi plus longtemps, voire même aller plus loin, mais je mis fin au baiser pour mettre mon cœur à ses pieds.
_ Je t’aime Antonio, lui avouais-je sans détours. Tu es ma seule source d’inspiration, je ne compose que pour toi, je ne pense qu’à toi, et je voudrais être tout le temps avec toi.
Mon amant m’adressa un sourire tendre, enroulant son index autour d’une de mes mèches folles. Je commençai à avoir peur qu’il ne réponde pas à mes sentiments quand il ouvrit enfin la bouche, prenant visiblement plaisir à me laisser mariner. _ Même si j’ai eu beaucoup de mal à te supporter les premiers temps, même si j’ai eu besoin de pas mal de temps pour comprendre ton tempérament excentrique, et même si j’ai pris beaucoup de temps pour assumer ces sentiments, je t’aime aussi Wolfgang Amadeus Mozart, plus que je n’ai jamais aimé dans ma vie.
Mon cœur battait à tout rompre alors que des larmes de bonheur s’échappaient de mes yeux. Mon amant sourit en voyant mon émoi et passa ses pouces sur mes joues pour effacer les perles salées qui y roulaient, profitant ensuite de son emprise sur mon visage pour m’embrasser avec amour. Nos langues s’entrelacèrent pendant quelques minutes, poursuivant nos silencieuses déclarations d’amour, puis je reposai ma tête contre son épaule pour pouvoir le regarder.
_ C’est comme ça que nous aurions dû nous réveiller, commentais-je tout en nouant mes doigts aux siens. _ C’est vrai, approuva mon aimé. Mais tous nos déboires sont la conséquence de vastes quiproquos qui nous ont menés ici, alors pourquoi changer les vieilles habitudes ? _ Moi j’ai envie de changer les mauvaises habitudes que nous avons prises. Je n’ai pas envie que nous passions notre temps à nous disputer, il y a tellement plus agréable à faire… _ Comme ?joua mon Tonio. _ Tu veux que je te montre ?proposais-je. _ Je n’attends que ça, me provoqua-t-il.
Et ce fut repartit pour un tour. Nous expérimentâmes une nouvelle fois les plaisirs charnels ensemble, nous comblant mutuellement.
XxXxXxXxXxXxX
Il s’était passé une semaine depuis notre première nuit ensemble. Maria ne s’était jamais plainte du bruit que nous faisions dans la chambre de mon amant, elle nous maternait même avec une affection non équivoque. Nos activités s’étaient diversifiées, évidemment. En plus de passer une partie de notre temps libre à composer ensemble –que ce soit avec un piano ou juste nos cordes vocales dans l’intimité de sa chambre-, il nous arrivait assez souvent de lire, de nous balader ou d’aller apprécier des pièces de théâtre tous les deux. En résumé, nous filions le parfait bonheur. Il y avait déjà un moment que je ne m’étais plus rendu chez moi, préférant de loin dormir dans les bras de mon compagnon.
Aujourd’hui nous devions présenter notre plus récent ouvrage à l’empereur Joseph II. Je n’étais pas particulièrement tendu, mais mon compagnon semblait l’être. Malgré mes tentatives pour le détendre, mes baisers volés et mes étreintes forcés –ce qui faisait bien rire Maria d’ailleurs-, mon amant n’arrivait toujours pas réussis à oublier à lui faire oublier ses angoisses.
Le majordome de mon aimé fit atteler la berline et nous montâmes tous trois.
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La fête battait à son plein au palais de l’empereur Joseph II. Ce dernier avait une fois de plus adoré nos travaux, allant jusqu’à en redemander. Pour le moment nous n’avions joué que nos compositions séparées, mais nous allions interpréter celles en collaboration un peu plus tard.
Les femmes me tournaient autour, ce qui commençait à m’énerver, alors j’invitai ma douce Maria à danser une valse avec moi.
Toujours partante pour une danse, l’amie d’enfance de mon compagnon accepta prestement. Je l’entrainai au milieu de la salle de bal et commençai à la faire virevolter avec moi. Sans que nous y fassions vraiment attention, une, puis deux, puis trois, et enfin quatre valses s’enchainèrent. Un autre danseur finit par me ravir l’exquise présence de Maria, donc je me retournais vers celui que j’aimais pour découvrir qu’un trio de femmes usait de leurs charmes pour l’attirer dans les filets de la concupiscence.
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Pov omniscient
Salieri observait la cour se repaître en hypocrisies, son habituel masque de froideur remit en place, mais il devait avouer qu’il avait bien du mal à le conserver avec les singeries que Mozart faisait pour retrouver l’amant chaleureux et profondément humain duquel il ne pouvait plus se passer. Sans Maria, il aurait eu un mal monstrueux à s’émanciper de cette carapace destinée à la cour, mais son amie d’enfance l’avait connu à son plus jeune âge et c’était certainement grâce à ça qu’il avait réussi à s’ouvrir à Mozart. L’Italien songeait souvent au moment où elle avait frôlé la mort. Jamais il n’aurait pardonné Mozart pour ça, et il ne pouvait qu’en être plus reconnaissant à son amie d’être si forte car c'était grâce à elle qu'il connaissait le bonheur le plus absolu maintenant.
Regardant avec une tendresse dissimulée son compagnon faire danser sa douce Maria, Salieri n’aperçut pas les trois mégères rodant autour de lui s’approcher et il fut bientôt prit au piège de leurs niaiseries. Exaspéré, Salieri leur offrit le regard le plus noir de son répertoire mais les greluches ne cessèrent pas de pouffer d’une façon qui se voulait séduisante. Il s’apprêtait à les repousser sans la moindre délicatesse lorsqu’une voix forte et colérique s’éleva dans la salle de bal.
_ Non mais vous vous sentez bien ?tempéra Mozart en écartant violemment les trois cruches. N’avez-vous dont aucune notion du respect ?
Toute la cour se retourna vers le couple de compositeurs, dévorant avidement la scène. L’empereur lui-même se déplaça, voulant à tout prix éviter de perdre les musiciens qu’il chérissait tant. Salieri ne savait pas comment réagir alors que Mozart tentait vainement de réprimer sa colère, foudroyant les trois femmes ayant osé se frotter à son amant.
_ Voyons Mozart, mais que vous arrive-t-il ?s’étonna l’empereur qui ne l’avait jamais vu si énervé. _ Ces femmes n’ont aucune pudeur !accusa-t-il. Elle se frotte à Antonio telles des filles de joie ! _ Wolfgang, tenta de le modérer Salieri à voix basse.
L’Italien savait qu’il devait arrêter son compagnon avant qu’il n’en dise trop, mais comment faire quand tous ces gens scrutaient le moindre échange ?
_ Mais… enfin, je… Salieri n’est pas votre compagnon, essaya l’empereur surpris. Il n’y a là nul motif d’une telle crise de jalousie. _ Et s’il l’était ?le défia Mozart. Stopperaient-elles leurs avances indécentes ?
Il jouait avec le feu, et tout ce que Salieri pouvait espérer était qu’il saurait s’arrêter à temps.
_ Est-ce le cas ?l’interrogea Joseph II avec curiosité. _ Oui, c’est le cas, annonça fièrement l’Autrichien.
Et voilà… Il était allé trop loin… Les courtisans riaient tous de la tirade de Mozart, n’accordant nul crédit à son aveu. L’empereur quant à lui semblait assez sonné, mais l’avis des courtisans l’indifférait alors il remonta à la source.
_ Salieri, mon ami, pouvez-vous me confirmer les propos de votre confrère ?
Salieri réfléchit à toute vitesse. S’il répondait non, ce serait renier l’amour de Mozart devant tous ces gens insignifiants pour lui et le perdre définitivement, mais s’il répondait oui il se confronterait au jugement de l’empereur et n’arrivait pas à déterminer quel serait son opinion pour cette relation plutôt inhabituelle. Il aperçut Maria et lut dans ses yeux que seul son cœur importait, et son cœur avait depuis bien longtemps choisit Mozart. Prenant la main de son amant, il la serra tout en croisant le regard de l’empereur.
_ Mozart dit vrai, assura-t-il sans crainte.
Rien que le sourire béat de son amant à ses paroles était une récompense pour Salieri. Les courtisans ne virent pas cela du même œil. L’un deux alla jusqu’à sniffer dédaigneusement pour faire entendre à tous sa désapprobation.
_ Eh bien, c’est pour le moins étonnant, admit l’empereur confus. Mais quel mal y a-t-il là ? Dîtes-moi mon ami, les plaisirs charnels sont-ils plus puissants chez votre homologue ?
L’Italien était un peu gêné de devoir évoquer sa relation physique avec son amant, surtout devant autant de personne, mais l’empereur ne semblant pas fâché il allait essayer que la situation reste ainsi.
_ Ce n’est pas une question de plaisirs charnels, hésita le compositeur Italien. Si je n’aimais pas Wolfgang autant je n’aurais jamais tenté cette expérience. C’est vraiment différent, et unique… Je ne peux pas vous le décrire votre majesté puisqu’il n’y a tout simplement pas de mots. _ Je vois. Dans ce cas… Monsieur le comte Virion ?appela l’empereur.
Le courtisan qui avait fait part de son dégoût à l’assemblée de façon peu subtile s’approcha.
_ Oui votre majesté sérénissime ?s’inclina hypocritement l’insignifiant personnage. Que puis-je faire pour vous ? _ Vous allez goûter aux plaisirs masculins pour m’en faire un rapport. Vous qui semblez si passionné par le sujet, voilà une occupation qui vous conviendra parfaitement. N’étant pas amoureux du comte Rosenberg que je sache, c’est avec lui que vous expérimenterez cela, ainsi vous pourrez me donner un point de vu objectif, décida-t-il. _ Mais, votre majesté…, bafouilla le courtisan. _ Vous osez discuter mes ordres ?tonna l’empereur. _ Bien sûr que non, tout sera fait selon votre volonté votre majesté. _ Fort bien. Maintenant venez donc nous faire profiter de votre travail en collaboration mes chers amis, les invita l’empereur.
Emballé par l’approbation de l’empereur, Mozart sauta dans les bras de son amant, l’embrassa amoureusement et l’entraina avec lui vers le banc du piano. Maria les rejoignit pour chanter les paroles qu’ils avaient tous trois posées sur les partitions des deux compositeurs. Les deux amants se laissèrent emporter par la musique, ne revenant à la réalité que lorsque l’auditoire applaudit leur travail. L’empereur laissa même s’échapper une larme d’émotion, et il n’était pas le seul, mais la seule qui emportait pour Salieri fut celle qui roula sur la joue de son aimé. Mozart était heureux, et c’était tout ce qui l’importait en cet instant.
Minuit avait depuis bien longtemps sonné lorsque les trois amis montèrent une nouvelle fois dans la berline. Maria était exténuée mais les deux amants semblaient avoir des projets pour leur retour. Malgré la pudeur de Salieri qui n’avait pas trop envie de mettre mal à l’aise son amie d’enfance, l’Italien se laissa emporter par la fougue de son aimé, l’embrassant à en perdre haleine pendant tout le trajet et comblant ainsi son compagnon qui avait travaillé dur pour en arriver là. Si ça n’avait tenu qu’à Mozart, ils auraient déjà commencé à se déshabiller dans le hall d’entrée, mais Salieri avait envie de jouer avec lui, le frustrant en ralentissant la cadence à dessein. Une fois les portes de la chambre refermées, Salieri se tourna vers son compagnon avec un air de prédateur.
_ Alors comme ça tu es jaloux mon Wolfgang ?s’amusa-t-il. _ Je ne suis pas jaloux, marmonna ce dernier boudeur. _ Oh vraiment ? J’avais pourtant bien cru comprendre cela. Moi qui me faisais une joie de voir que tu n’avais pas peur de marquer ton territoire, je suis déçu maintenant…, joua-t-il en feintant la tristesse. _ Bon d’accord ! Peut-être un peu jaloux, admit Mozart. _ Rien qu’un peu ?le nargua Salieri. _ Rooh ! Tais-toi et embrasses-moi plutôt !
L’Italien rit doucement et cessa de torturer son amant pour la soirée. Il avait des plans bien plus agréables à accomplir et il ne voulait pas froisser celui qu’il aimait. Contrairement à la tension qui avait régi la soirée, leurs ébats furent tendres et lents et ils en apprécièrent la moindre seconde.
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