- Monsieur... Vous m'avez chargé hier de vous rappeler votre rendez vous à l'opéra ce matin.
Un rêve... C'était un rêve...
Antonio remercia sa femme de chambre et s'assit sur le rebord de son lit. La tête baissé, il fermait les yeux, songeait. Les scènes courraient dans sa tête, s'emmêlaient sans jamais se dénouer sur une explication convenable. Il ne savait plus distinguer la limite entre son rêve et la réalité, c'était troublant. Il n'avait aucune idée du moment où il s'était endormit. Ses sentiments défilaient, le trompaient, le trahissaient. De l'attirance, de l'amour, de l'envie, du désir, de l'excitation, de la tendresse, de l'adoration, c'était toutes ces choses à la fois qui restait gravé dans son corps et dans sa mémoire. L'évocation du baiser lui fit mal, il eu l'impression qu'on lui serrait le cœur pour en faire sortir un liquide acide, qui rongeait son estomac et donnait à tout ses muscles des picotements désagréables. Il ne pouvait être amoureux d'un homme, de Mozart, c'était insensé, impossible, inimaginable, immoral, contre tout ses principes et surtout contre tout ce qu'il était. Cette hypothèse – car c'était simplement une hypothèse, était tellement contradictoire avec son existence, son être entier, qu'il ne pouvait aisément pas l'accepter. Il fallait chasser cette idée, l'ensevelir sous des dizaines d'autres sentiments. Il lui fallait des émotions fortes.
Furieux, mais sans bouger autre chose que son bras, il frappa violemment le montant de son lit de bois blanc de son poing. Celui ci émit un bruit sec et fort. Il resta un moment le poing contre le bois froid avant de finalement se décider à sortir. Il devait agir.