Suite et fin ! Merci à tout le monde pour les reviews !
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- Mozart..., murmura Salieri pour lui même.
Qu'est-ce que l'élu des dieux faisait dans un endroit pareil ? Finalement il se dirigea vers la table ou était assis le plus grand génie de tous les temps et s'assit devant lui. Le fils de Leopold ne releva même pas la tête. Il ne voulait pas qu'on le dérange. On ne pouvait même plus se morfondre tranquillement maintenant.
- Dégagez, marmonna Wolfgang.
Salieri l'ignora et décida de parler. L'autrichien ne savait pas qui il avait devant lui.
- J'étais à la représentation de Don Giovanni ce soir.
- Génial, grogna le plus jeune la tête toujours dans les mains.
- Votre opéra était un chef-d'œuvre. Votre musique semblait venir d'un autre monde tant elle était parfaite. Du monde des dieux peut-être...
Le musicien italien n'en revenait pas. Ça y'est, il l'avait dit. Il avait fait un compliment à son plus grand rival. Il secoua la tête. Que lui arrivait-il ?
- Merci, finit par répondre Mozart. Si seulement LUI pouvait m'avoir dit ça, si seulement... Je me sens minable.
Le grand Wolfgang Amadeus Mozart se sentait minable ? Impossible ! Lui qui était si sûr de lui.
- Si je peux me permettre, demanda Antonio, qui est ce LUI ? Il faudrait être stupide pour ne pas reconnaître votre talent.
Le protégé de Lorenzo Da Ponte décida de s'ouvrir à cet étranger, cependant, il ne le regardait toujours pas. Ce soir, il avait perdu toute confiance en lui. Il avait tout donné sur cet opéra pour qu'il soit parfait, et Salieri faisait son dédaigneux, il ne lui avait pas fait la moindre critique...
- Ce lui, se confia le plus jeune, ce lui c'est Antonio Salieri, le musicien officiel de la cour de l'Empereur comme il se plait tant à le rappeler.
Le musicien de Joseph II perçut un léger sourire se former sur les lèvres de Mozart. Son cœur de glace se réchauffa quelque peu à l'idée d'en être la cause.
- Salieri, continua le prodige, ne me fait jamais le moindre compliment. Je ne suis même pas fichu de gagner son respect. Il a beau être méchant avec moi, je l'aime bien vous savez. C'est un grand musicien.
L'intéressé était plus heureux que jamais. Mozart l'aimait bien ? Mozart le considérait comme un grand musicien ? Jamais il n'en avait espéré tant. Finalement Antonio décida de prendre la parole.
- Ce n'est pas le respect de Salieri que vous devez gagner, vous l'avez déjà. Celui que vous devez gagner, c'est le respect des puissants de ce monde. C'est grâce à eux que vous entrerez dans la postérité, pas grâce à moi.
L'italien savait qu'il s'était trahi en disant « moi », mais c'était volontaire. Wolfgang releva la tête, un air passablement choqué sur le visage.
- Salieri c'est vous ?
- Je ne sais pas, vous croyez ?
Le musicien de la cour essayait de masquer sa gêne par de l'humour. On aura tout vu. Salieri faire de l'humour... Mais il était fier de lui car les yeux de son vis-à-vis brillaient d'un éclat nouveau. Un éclat qui le troubla terriblement.
- alors vous avez réellement apprécié mon opéra ?
- Ne me le faites pas répéter Mozart.
Ce dernier ne put s'empêcher de rire.
- Pourquoi ? Demanda le cadet.
- Pourquoi quoi ?
- Ces compliments... Me dire que j'ai votre respect. Pourquoi ?
- Parce-que c'est la vérité Mozart. Mais si vous répétez ce que je viens de vous à dire à quelqu'un, je me verrai dans l'obligation de vous tuer, plaisanta l'aîné.
- Vous êtes étonnant. Je vais retenter ma chance. Accepteriez-vous une promenade à mes côtés ?
- Oui, j'accepte.
Mozart ne put s'empêcher d'émettre un petit cri de joie.
- Si vous saviez comme je suis content Salieri, pour un peu je vous embrasserai.
- Qu'est-ce qui vous retient ?
Salieri se maudit intérieurement. Ses paroles avaient été plus rapides que sa pensée. Il ferma les yeux en grimaçant, prêt à recevoir un coup de poing ou du moins à recevoir la fureur de son vis-à-vis. Mais ce qui se passa ensuite le troubla profondément. Il sentit de long doigts fins se glisser sous son menton et relever son visage. Il se risqua à ouvrir les yeux, pour immédiatement se plonger dans les orbes marrons de Mozart.
- Ce qui m'en empêche ? Souffla l'autrichien. Ce qui m'empêche de vous embrasser c'est tous ces gens autour. Je ne me permettrai pas de ruiner votre réputation. On sort ?
- Ta.
- Hein ?
- Ta réputation. Je veux que tu me tutoies et que tu m'appelles Antonio.
- Alors ça sera pareil pour moi, mais tu m'appelles Wolfgang. Allez, viens.
Wolfgang se leva rapidement, attrapa la main d'Antonio et l'entraîna dehors. Une fois à l'air libre, ils marchèrent le long du Danube, à l'écart des maintenant rares passants. Ils ne parlaient pas, ce qui ne ressemblait pas à Mozart, ne put s'empêcher de remarquer l'aîné.
- Wolfgang, ça ne va pas ?
- Si. Pourquoi ?
- Tu es bien silencieux.
- Je réfléchissais.
- A quoi ?
- Est-ce que tu m'aurais laissé t'embrasser tout à l'heure si je l'avais vraiment fait ?
- Oui, probablement, avoua le musicien italien.
- Je peux ?
- Quoi ?
- T'embrasser ?
- Oui.
Jamais Antonio Salieri n'avait été aussi sincère. Il laissa le jeune autrichien s'approcher timidement de lui, et nouer ses doigts avec les siens. Mozart porta à ses lèvres les doigts de pianiste de l'italien et les baisa longuement. Il voulait faire ça dans les règles de l'art et ne pas brusquer le musicien de la cour. S'appeler Wolfgang Amadeus Mozart était loin d'être synonyme de prévenance, mais pour LUI, il faisait un effort. Il releva les visage, et l'approcha doucement de celui de son vis-à-vis. Un « Antonio... » s'échappa de ses lèvres avant qu'il ne les lui ravisse pour un chaste baiser d'abord. Leurs lèvres ne firent que s'effleurer mais ce contact les électrisa. Ce fut Salieri qui, finalement, entraîna les choses à la vitesse supérieur. Il posa la main sur la nuque de son « rival », et approfondit le baiser. C'était la première fois que leur langues se rencontraient, mais cette première fois fut magique. Le musicien de Joseph II se sentit partir très loin, il y avait tellement tant qu'il n'avait pas ressenti le bien être actuel qui le gagnait. Ils durent finalement interrompre leur ballet sensuel pour reprendre leur souffle. Ils restèrent tous les deux l'un contre l'autre, les yeux fermés, respirant bruyamment.
- Et si tu venais chez moi Antonio ? J'ai la maison pour moi tout seul, je m'ennuie un peu.
Salieri esquissa un sourire avant d'acquiescer dans un murmure, contre les lèvres de Wolfgang. En chemin, Mozart noua ses doigts à ceux de l'italien. Salieri, ému par ce geste d'affection (l'affection lui avait fait cruellement défaut durant toute sa vie), attira le jeune homme dans une nouvelle étreinte passionnée. Ce soir là, ils s'aimèrent pour la première fois. Bien d'autres suivirent par la suite, les mots d'amour venant naturellement au fil du temps.
Fin du flash back.
POV Salieri
Le cortège s'arrête devant un immense trou béant. Une fosse commune. Ma gorge se serre. Wolfgang mérite tellement mieux que ça ! Son corps, enveloppé dans un immonde sac blanc est sorti du cercueil en bois. Il est jeté sans ménagement au milieu des cadavres. Alors, pour la première fois de ma vie, je laisse libre cour à mes larmes. Des larmes pour la perte de l'amour l'amour de ma vie, des larmes pour tous les beaux moments que j'ai vécu avec lui, des larmes pour son enterrement minables. Je sors une rose blanche de sous mon manteau et la lance dans ce trou où je n'ose même pas regarder. Adieu Wolfgang, adieu mon aimé. Je lève les yeux au ciel, et esquisse un petit sourire triste, là-haut, il doit danser avec les dieux.
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