Oups... je devais vous poster un chapitre y'a deux semaines et j'ai oublié... honte à moi !
Voici donc la suite ! ^^
Comme vous avez du le voir, j'ai modifié le titre du topic car ce "roman" sera en fait en deux parties et ce topic est celui de la première partie, j'en créerai un autre pour la 2e... quand j'aurais réussi à finir celle là... parce que je coince un peu... pfff...
Cybelia.
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Chapitre 5 : Tintagel
Le voyage fut long jusqu’à la demeure du Seigneur Bohort. Merlin et les jeunes gens y restèrent deux jours avant de reprendre la route en direction de Tintagel. Leur ami, soucieux de leur sécurité, avait assigné deux de ses hommes à leur protection pour la fin du trajet. C’est ainsi que l’équipage de huit personnes arriva en vue du château de Tintagel quelques heures avant le crépuscule, épuisé par la longue route. A la demande de Merlin, l’un des gardes partit en avance prévenir de leur arrivée imminente. Le Mage lui avait demandé de ne pas révéler l’identité d’Arthur, voulant le présenter lui-même à sa famille.
Lorsqu’ils passèrent la grande porte du château, ils furent immédiatement conduits dans leurs chambres où ils purent se laver et enfiler des vêtements propres. Dame Ygerne les invitait à prendre le souper avec sa fille et elle, ce que Merlin s’empressa d’accepter. Les trois hommes entrèrent ensemble dans la salle à manger, Arthur derrière son tuteur. Ygerne était une belle femme aux grands yeux verts et aux longs cheveux roux. Morgane, âgée d’une vingtaine d’années, ressemblait presque trait pour trait à sa mère. Elle était d’une beauté époustouflante, mais repoussait tous ses prétendants par sa froideur et son dédain. Jusqu’à présent, aucun n’avait eu la chance de lui plaire.
L’Enchanteur s’avança vers la maîtresse des lieux et s’inclina.
— Maître Merlin, votre venue parmi nous est une joie mais aussi une surprise.
— Dame Ygerne, une mission de la plus haute importance m’amène dans votre domaine. Je suis venu vous présenter l’homme qui, il y a quelques jours, à Londres, a retiré Excalibur de la roche.
Les deux femmes échangèrent un regard ébahi. Le Magicien se décala un peu, dévoilant Arthur qui se tenait derrière lui, nerveux.
— Voici Arthur Pendragon, votre fils… et frère, ajouta t’il en se tournant vers Morgane.
Ygerne se leva prestement, les yeux fixés sur le jeune homme. Merlin le poussa pour qu’il s’avance, ce qu’il fit en hésitant.
— Mon fils…
Arthur s’agenouilla devant elle, un peu intimidé. Elle s’approcha, le prit par les épaules et l’obligea à la regarder. Puis, elle l’attira dans ses bras pour une douce étreinte. Immédiatement, il se sentit bien, à l’abri, en sécurité. Ses yeux se posèrent sur Morgane qui s’était levée elle aussi et le considérait d’un air circonspect. Un court instant, il eut une impression désagréable la concernant, mais elle s’évapora aussi rapidement qu’elle était arrivée. Ygerne le repoussa doucement, détaillant son visage.
— Tu lui ressembles tant !
Son regard se posa soudain sur Lancelot qui attendait patiemment au fond de la salle. Voyant qu’on s’intéressait à lui, il s’avança en souriant poliment et s’inclina devant la mère de son compagnon. Merlin le présenta :
— Ma Dame, voici Lancelot, le fils de Ban de Bénoïc. Il a entraîné votre fils au combat dans le domaine de son père, en Armorique, et mis son épée à son service.
— Bienvenue dans ma demeure, Seigneur Lancelot.
Un serviteur vint annoncer que le repas était prêt. Ils s’installèrent à table, Arthur à la droite de sa mère, Morgane à gauche. Lancelot et Merlin occupaient l’autre côté. Durant le repas, le blond fut sans cesse interrogé par Ygerne qui voulait tout savoir de sa vie. L’Enchanteur raconta comment le jeune homme avait retiré Excalibur du rocher et les serments qu’il avait reçu de certains Seigneurs présents.
Le repas s’étira longuement dans la soirée. Arthur était fatigué et avait du mal à suivre les discussions. Son regard croisa celui, chaleureux, de Lancelot. Il sourit. Il avait envie de se retrouver seul avec son compagnon et de se blottir dans ses bras pour passer la nuit, mais savait qu’il ne pourrait le faire tant qu’ils seraient à Tintagel. Le risque de se faire prendre par un serviteur était trop grand. Son regard glissa vers Morgane qui venait de se lever et faisait le tour de la table pour quitter la pièce. La jeune femme lui adressa un coup d’œil qui lui arracha un frisson. Depuis qu’il avait rencontré sa sœur, quelque chose chez elle le mettait mal à l’aise, mais il ne savait dire quoi. Enfin, le repas se termina et chacun partit dans sa chambre. Epuisé par le voyage et les émotions de la rencontre avec sa famille, il eut à peine posé sa tête sur l’oreiller qu’il s’endormait profondément.
***
Cela faisait maintenant deux semaines que les trois hommes étaient arrivés à Tintagel avec leur escorte. Les journées d’Arthur étaient bien occupées : le matin, il s’entraînait avec Lancelot, et parfois certains soldats volontaires, dans la cour du château ; l’après-midi, il tenait compagnie à sa mère qui voulait tout savoir de sa vie et ne cessait de l’interroger. Les deux premiers jours, Morgane resta à l’écart, se contentant d’observer suspicieusement son demi-frère. Le troisième jour, son attitude changea du tout au tout : elle devint aimable et n’avait de cesse de vouloir faire plaisir à Arthur. Le jeune homme était perplexe face à ce revirement de situation et s’en était ouvert à Merlin qui lui avait expliqué qu’il avait juste fallu du temps à Morgane pour s’habituer à l’idée que son demi-frère, qu’elle croyait ne jamais revoir, allait devenir l’homme le plus puissant du royaume. Arthur n’était pas convaincu, mais tenta de repousser la sensation de mal-être qui s’emparait de lui à chaque fois qu’il se trouvait en présence de sa demi-sœur.
Ce soir-là, Dame Ygerne se sentait fatiguée et la visite d’Arthur fut donc écourtée. Désœuvré, il errait dans les couloirs du château à la recherche de Lancelot lorsqu’il tomba sur Morgane qui sortait de sa chambre.
— Mon cher frère, je pensais justement à vous. Comme vous le savez, je concocte des potions médicinales et je dois aller chercher une plante en forêt. Je me demandais si vous accepteriez de m’y accompagner. Je dois avouer que je ne suis pas très rassurée de quitter seule le château à la tombée de la nuit.
— Ne pouvez-vous aller cueillir cette plante demain matin ? demanda le jeune homme, essayant de trouver un moyen poli de se défiler.
— J’en ai besoin pour une potion de sommeil pour Mère. Nous n’en aurons pas pour longtemps, je vous le promets.
— Alors, je vous accompagne.
Morgane sourit et s’engagea dans l’escalier. Arthur retint un soupir avant de la suivre.
Une fois hors du bâtiment, ils se dirigèrent vers le petit bois qui se trouvait non loin. Morgane ramassa les plantes dont elle avait besoin tandis qu’Arthur rêvassait, se demandant s’il ne pourrait attirer Lancelot à cet endroit pour un court moment d’intimité. Il sursauta soudain lorsque sa demi-sœur se dressa devant lui, un éclair indéfinissable dans le regard. Elle s’approcha de lui jusqu’à ce que leurs visages se frôlent presque. Arthur, adossé à un arbre, ne pouvait reculer. Il bredouilla :
— Morgane… que faites-vous ?
— Dès le moment où je vous ai vu, j’ai compris que vous étiez celui que j’attendais depuis si longtemps, celui pour qui j’ai repoussé tous mes prétendants. Je vous aime !
— C’est impossible, vous êtes ma sœur !
— Cela importe peu ! Mon cœur ne bat que pour vous !
Elle se pencha vers lui, tentant de l’embrasser. Il la repoussa doucement, mais fermement. Elle souffla :
— Je vous aime plus que ma vie, Arthur… Je suis sûre que vous finirez vous aussi par m’aimer…
Elle voulut encore poser ses lèvres sur celles du jeune homme, mais il se déroba et réussit cette fois-ci à s’éloigner suffisamment. Morgane serra les poings et gronda :
— Pourquoi me rejetez-vous ?
Arthur comprit qu’il ne pouvait mentir.
— Mon cœur appartient déjà à quelqu’un.
— Qui ?
— Je ne peux vous le dire. Je n’ai en aucune façon envie de vous faire du mal, mais je ne peux répondre favorablement à vos désirs. Je suis désolé.
Sans attendre sa réponse, il fit volte-face et partit rapidement vers le château.
Au moment où il passait la grande porte, il fut interpellé par Lancelot :
— Mon ami, que vous arrive t’il ? Vous avez l’air bouleversé !
Arthur le prit par le bras et l’entraîna vers un coin tranquille de la cour où il savait que personne ne les entendraient. Là, il lui raconta ce qui venait d’arriver dans le bois. Le brun écouta attentivement et son compagnon put voir son regard s’assombrir.
— Vous devez être prudent. Depuis que nous sommes arrivés, j’ai un mauvais pressentiment concernant Morgane.
— Moi aussi, mais je n’aurais jamais cru qu’elle serait tombée amoureuse de moi.
— Je la comprends, vous êtes irrésistible ! sourit Lancelot. Je ne sais pas combien de temps Merlin veut que nous restions ici, mais je pense qu’il serait sage de ne pas trop nous attarder, surtout après ce qui vient d’advenir.
— Vous avez raison… je vais lui en parler.
— Je vous accompagne.
Les deux hommes entrèrent dans le bâtiment et se dirigèrent vers la chambre de l’Enchanteur, inconscients du regard haineux et flamboyant qui les suivit à l’intérieur.
Merlin ne parut pas surpris, ni choqué par ce qu’Arthur lui raconta.
— Les désirs du cœur ne sont pas contrôlables, mon enfant. Ta sœur aura besoin de temps pour t’oublier.
— Ne serait-ce pas plus facile pour elle si je m’éloignais du château ?
— Je comptais justement t’en parler. Je viens de recevoir un message du Seigneur Bohort. Ses hommes et lui vont partir bientôt en campagne dans le nord du pays pour reprendre le domaine de Camelot des mains des Pictes. Il a pensé que cette campagne pourrait être pour toi une façon de tester tes aptitudes au combat en situation réelle.
Le jeune homme était ravi de cette nouvelle : même s’il n’avait pas envie de tuer un autre être humain, il voulait savoir si l’enseignement de Lancelot allait lui permettre de revendiquer pleinement son titre de Roi de Bretagne.
— Quand partons-nous ? demanda t’il à son tuteur.
— Dans trois jours, après la pleine lune. Je vais aller annoncer la nouvelle à ta mère. Profite de ces derniers instants de repos, le voyage sera rude et le combat sûrement difficile.
Les deux jeunes gens quittèrent Merlin et prirent le chemin des remparts. Ils s’y rendaient souvent le soir afin de discuter tranquillement. Alors qu’ils s’asseyaient sur le bord du mur, Arthur souffla :
— Vous me manquez… j’aimerais tant pouvoir vous rejoindre cette nuit.
— Il ne le faut pas, vous le savez.
Le blond soupira.
— Vous me manquez aussi, sourit Lancelot. Ecoutez, je vous propose quelque chose : puisqu’il nous reste trois jours, je vais les mettre à profit pour essayer de nous trouver un endroit où nous pourrons avoir un moment d’intimité. Et je vous promets que nous passerons notre dernière nuit à Tintagel ensemble.
— C’est une belle promesse, murmura son compagnon en souriant à son tour.
Après avoir vérifié que personne ne pourrait les voir, il se pencha vers le brun et lui vola un léger baiser avant de venir se blottir dans ses bras.
***
L’avant-dernière nuit de leur séjour à Tintagel, la pleine lune fit son apparition, baignant le château dans une lueur blafarde. Alors que le souper se terminait, Arthur se sentit soudainement et inexplicablement fatigué et il se retira après s’être excusé auprès de sa famille et de ses amis. Il monta directement dans sa chambre, ôta ses vêtements et se coucha. A peine avait-il posé sa tête sur l’oreiller qu’il s’endormait profondément.
Il était allongé dans son lit, les yeux grands ouverts. La porte de sa chambre s’ouvrit et une silhouette familière pénétra rapidement dans la pièce. Surpris, il se redressa :
— Morgane ?
Alors que la forme s’avançait vers lui, elle se transforma, prenant l’apparence de Lancelot. Arthur ne s’en étonna pas, comme si c’était la chose la plus naturelle du monde. Il rêvait, il le savait, mais n’avait aucune envie de se réveiller. Lancelot s’approcha encore, ôtant l’un de ses vêtements à chaque pas. Il s’arrêta à côté du lit, sublime dans sa nudité. Arthur lui tendit la main. Lancelot la prit et vint s’allonger contre lui. Leurs corps se retrouvèrent dans une étreinte fiévreuse et presque sauvage.
Arthur s’éveilla en sursaut à l’aube. Son rêve avait été si réaliste qu’il avait du mal à réaliser que cette scène ne s’était pas réellement déroulée. Il espérait que Lancelot aurait réussi à leur trouver un refuge pour la nuit suivante car il ressentait un besoin presque viscéral de sentir le corps de son amant contre le sien. Soupirant, il se leva, se passa un coup d’eau sur le visage, puis s’habilla. Il jeta un coup d’œil à son sac qu’il avait déjà préparé pour leur départ, et à Excalibur. Merlin lui avait donné un fourreau pour la ranger avant leur départ de Londres et il ne l’en avait pas sortie depuis. Il avait un peu peur de l’utiliser car il savait que le jour où il se battrait avec elle, il devrait se monter à la hauteur des espérances de tous ces gens qui comptaient sur lui pour devenir leur souverain.
Il ne savait pas depuis combien de temps il était debout, planté là devant Excalibur, lorsqu’on frappa à la porte.
— Entrez !
Il sourit en voyant Lancelot pousser le battant. Sans un mot, le brun s’approcha, l’enlaça et l’embrassa tendrement.
— Bonjour, mon amour. Avez-vous bien dormi ?
— Oh oui… j’ai fait un rêve merveilleux !
— En faisais-je partie ?
— Vous en étiez même partie intégrante, répondit Arthur. J’espère bien qu’il se réalisera ce soir… ajouta t’il en décidant d’oublier la vision de Morgane au début du songe.
Son compagnon sourit largement.
— Votre souhait va être exhaussé. Ca ne sera sûrement pas aussi confortable que si nous pouvions être ici, dans votre chambre ou la mienne, mais nous serons tranquilles. Personne ne viendra nous déranger.
— Quelles que soient les conditions, elles me conviendront puisque vous serez avec moi, mon beau chevalier.
Ils s’embrassèrent à nouveau. Arthur soupira :
— Nous devrions descendre avant que ma mère n’envoie un serviteur à ma recherche.
— Oui, vous avez raison.
Ils quittèrent la chambre et se dirigèrent vers la salle à manger où Dame Ygerne et Merlin discutaient avec animation. A l’entrée des jeunes gens, ils se turent subitement. La femme se tourna vers son fils, un sourire triste sur les lèvres.
— Mon enfant, me feriez-vous le plaisir de passer votre dernière journée à Tintagel avec moi ?
— Avec joie, Mère, répondit l’intéressé en s’inclinant.
Il s’assit à côté d’elle tandis que Lancelot prenait place en face, près de Merlin. Arthur remarqua que l’Enchanteur le regardait d’un air étrange, mais il avait l’habitude des attitudes particulières de son tuteur et ne s’en formalisa pas.
***
Le soir venu, Arthur et Lancelot s’éclipsèrent. Le brun conduisit son compagnon à travers les couloirs du château jusqu’à des appartements abandonnés. Alors qu’il refermait la porte derrière eux, Lancelot expliqua :
— Ce sont les anciens logements du Duc Gorlois. Lorsque votre père a épousé votre mère, elle s’est installée dans l’autre aile du bâtiment et celle-ci est restée à l’abandon. Personne ne vient plus ici, nous serons tranquilles.
Il alluma une torche. Arthur ne put retenir un petit cri de surprise en découvrant le nid d’amour que son compagnon avait préparé : une paillasse couverte de draperies installée à côté d’une table basse où les attendaient deux verres et un pichet de vin frais.
— C’est magnifique…
— J’avais envie que cette nuit soit mémorable. Nous ne savons pas quand nous aurons à nouveau l’occasion de nous retrouver seuls ainsi. Nous devons donc profiter de chaque instants.
— Vous avez raison, sourit Arthur. Ne perdons plus de temps.
Il s’empara des lèvres de son amant et ils basculèrent sur la paillasse pour savourer enfin toute une nuit de plaisir dans les bras l’un de l’autre.
A suivre...