Forum - Le Monde du Slash

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MessagePosté: 17 Sep 2006 11:56 
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Le slash, kesako ?
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Je viens de lire la suite de ta fic, et j'adore toujours autant!

L'histoire est bien tournée, et les réactions des personnages sont excellentes je trouve. Quand au langage du XVIIieème siècle, tu le rends très bien comme ça. Si tu devais écrire comme ils parlaient à l'époque, se serait limite incompréhensible. Je trouve que tes tournures de phrases rende bien l'atmosphère. Encore une fois, on s'y croirait!!

Juste un truc que je suis pas sûr, je sais plus si à l'époque on utilisait pas plutôt le terme de Lombard pour désigner les Italiens, mais bon de toute façon même si c'est le cas ça reste beaucoup plus compréhensif en laissant Italien. Pis si t'as besoin d'infos ou quoi sur l'époque, je peux peut-être t'aider en cherchant dans mes livres d'histoire, parce que je sais que ya certains trucs qui sont difficilement trouvable et sur lesquels les site internet ont tendance à se contredire.

Bon bah, je vais attendre avec impatience la suite, parce que jke le répète, j'adore!! T'écris vrziment bien et c'est génial quoi!!!

A bientôt

Mara

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MessagePosté: 17 Sep 2006 13:57 
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Mais euh... kesk'ils font ces deux-là ?
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lili la tigresse a écrit:
juste que ça le dérangeait pas, il était d'accord, mais il parle seulement allemend et angalis alors euh.... ^^
T'es méchante de nous faire attendre comme ça euh!!!!!

Bon, alors, si ça ne le dérange vraiment pas, il peut toujours écrire un truc en français. On sait jamais que j'arrive à faire une version italienne (au moins quelques phrases) en me basant dessus... Ou bien je pourrais toujours m'en servir à un autre moment.


Mara, Image à toi aussi pour les nouveaux commentaires, encore une fois tellement gentils. :oops:

mara a écrit:
L'histoire est bien tournée, et les réactions des personnages sont excellentes je trouve.

Tant mieux, parce que c'est très important pour moi, ça ! :) Comprendre les personnages, c'est ma raison d'écrire (ou alors c'est parce que j'essaie de comprendre mes personnages préférés que j'ai envie d'écrire sur eux... c'est un peu à double sens, en fait).

mara a écrit:
Quand au langage du XVIIieème siècle, tu le rends très bien comme ça. Si tu devais écrire comme ils parlaient à l'époque, se serait limite incompréhensible. Je trouve que tes tournures de phrases rende bien l'atmosphère. Encore une fois, on s'y croirait!!

"Limite incompréhensible", je ne sais pas (c'est quand même pas du français vraiment très très ancien non plus) mais parfois ambigu, c'est sûr. D'ailleurs, j'ai plusieurs fois évité volontairement d'employer certains mots ou expressions qui auraient prêté à confusion, leur sens ayant changé avec le temps. Mais je ne voulais surtout pas non plus que ça fasse anachronique, donc il a fallu que je cherche des formulations à la fois convenables pour l'époque (autant que je puisse en juger) et compréhensibles pour tout le monde, ou que je mette certaines choses en discours indirect pour avoir le droit d'utiliser des mots modernes. Pas spécialement dans ce chapitre, mais en général dans toute l'histoire. *perfectionniste*
En tout cas, pour l'atmosphère appropriée, c'est entièrement grâce aux biographies et romans historiques dont, au début, je ne manquais pas de lire un chapitre avant d'écrire chaque passage. Ça m'a permis d'attraper autant que possible les tournures de phrases qui donnent au moins l'impression que ce n'est pas du n'importe quoi. Maintenant, je suis déjà un peu plus à l'aise avec le style mais, évidemment, j'ai toujours des doutes. J'aurais besoin d'un dictionnaire, en fait.

mara a écrit:
Juste un truc que je suis pas sûr, je sais plus si à l'époque on utilisait pas plutôt le terme de Lombard pour désigner les Italiens, mais bon de toute façon même si c'est le cas ça reste beaucoup plus compréhensif en laissant Italien.

Ben je sais pas mais, en tout cas, il est bien mis "Italien(ne)(s)" dans les mémoires de Marie et Hortence Mancini, par exemple, donc bon, ça, c'est d'époque, quoi !
Et puis il y a leur fameuse expression "très italien" pour "gay"... (*rit en repensant à un commentaire de fic de Lune sur NCIS ou son amie Nuwie s'exclamait "Très italien, ce DiNozzo !" sans se douter, bien sûr, qu'une certaine personne plongée dans l'écriture d'une fic historique comprendrait la remarque autrement que prévu*) Donc ça devait forcement déjà se dire.

mara a écrit:
Pis si t'as besoin d'infos ou quoi sur l'époque, je peux peut-être t'aider en cherchant dans mes livres d'histoire, parce que je sais que ya certains trucs qui sont difficilement trouvable et sur lesquels les site internet ont tendance à se contredire.

OK. Merci. :) C'est vrai que ça pourrait être utile. Même si en fait je pense rarement à chercher ou demander un fait précis. Quand j'intègre quelque chose de vrai dans une fic (enfin, vrai dans ce cas-ci ou tiré de l'histoire originale quand il s'agit de mes fics Harry Potter), c'est plus souvent sans en avoir eu l'intention avant, juste parce que j'y pense sur le moment, donc il faut que je le sache déjà, et le seul moyen, pour ça, c'est de lire tout ce que je peux trouver. De préférence plusieurs fois pour avoir plus de chances de m'en souvenir au bon moment. (Bonne excuse pour relire mes livres préférés, ça ! ^^)



Au fait... Je suis trop bavarde dans les réponses aux commentaires, non ? :oops:

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MessagePosté: 19 Sep 2006 12:53 
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Mais euh... kesk'ils font ces deux-là ?
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Pour le poème, il me l'envoie dans 3 4 jours max , ça irai???

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MessagePosté: 19 Sep 2006 14:51 
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Oh, mais bien sûr ! Même plus, peu importe. C'est pas comme si j'en avais absolument besoin pour continuer la fic, puisque le chapitre est déjà publié ici, de toute façon. C'est très très gentil, en tout cas. :)

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MessagePosté: 22 Sep 2006 14:25 
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Chapitre 3

Chaque fois qu'il se trouvait dans le cabinet de travail de son oncle – ou devant la porte, comme c'était le cas à présent –, Filippo avait l'impression de redevenir un petit enfant. Et même un enfant sur le point d'être grondé. C'était d'abord à cause de l'atmosphère du lieu – très austère – et puis, bien sûr, de la mine plus austère encore du Cardinal, qui le regardait toujours avec une sorte de dédain, comme si le voir lui rappelait systématiquement que non, décidément, Filippo n'était pas Paolo. Trop peu sérieux, donc trop peu fiable...

"Mais mon frère était-il donc parfait ?" se demandait le garçon avec un agacement qui ne faisait que croître depuis son arrivée à Paris.

De cet aîné à qui leur oncle lui reprochait tant de ne pas ressembler, il n'avait que de vagues souvenirs : quelques jeux partagés malgré cinq années d'écart – Filippo avait bien plus souvent joué avec Maria, qui n'avait que deux ans de plus que lui – et puis déjà ce jour du départ pour la France des quatre premiers invités de Zio Giulio – Laura Vittoria, onze ans, l'aînée de la famille ; Olimpia, neuf ans, la préférée de leur mère ; la cousine Annamaria Martinozzi, sept ans ; et, seul parmi les filles, le fameux Paolo qui allait bientôt devenir Paul, l'ami préféré du "plus grand roi du monde"...

Filippo avait alors six ans et ignorait, bien sûr, qu'il ne reverrait jamais son frère. La dernière image qu'il en gardait était donc celle d'un garçon d'à peine plus de dix ans, à la fois fier et un peu inquiet de quitter ses parents pour aller vivre à Paris. Pendant cinq ans seulement. Après, la Grande Mademoiselle, fille de Gaston d'Orléans et aussi frondeuse que lui, ferait tirer le canon de la Bastille sur les troupes de son royal cousin, provoquant une terrible bataille aux portes de la ville... et, quelques jours plus tard, la Signora Mancini tomberait évanouie au milieu d'un salon du palazzo de son père, une lettre à la main.

"Philippe a dû le connaître mieux que moi", réalisa soudain Filippo, un peu jaloux à cette idée, sans même se rendre compte qu'il venait de penser au prince en l'appelant par son prénom. Comme souvent ces derniers jours, d'ailleurs.

Au bout d'une bonne minute, il se décida enfin à frapper à la porte, très à contrecoeur. Il ne savait que trop ce qui l'attendait : ni plus ni moins qu'un interrogatoire.

Deux ordres – "Entrez", "Asseyez-vous" – puis, tout de suite, la question attendue : "Où en êtes-vous ?"

Le jeune homme avait bien envie de répondre ironiquement par une autre question ("Vos espions ne vous l'ont donc pas encore appris ?"), mais il savait que son oncle ne goûterait pas la plaisanterie.

– Il m'appelle "mon ami" et m'envoie des cadeaux, résuma-t-il prudemment.

– Bien... Très bien. Autre chose ?

Filippo hésita.

– Il semble toujours ravi de me voir, il a eu l'air enchanté quand j'ai laissé entendre que les filles m'intéressaient fort peu et...

– Et ? insista Mazarin, d'un ton impatient.

– Et il a apprécié le poème que j'ai écrit pour lui, car c'est ce qui m'a valu les cadeaux, termina Filippo en baissant les yeux.

– Un poème...

Cette fois, le ton était plutôt perplexe, voire consterné. De toute évidence, Zio Giulio n'avait que faire d'un neveu féru de poésie. D'où l'embarras dudit neveu, qui se défendit d'une voix faible :

– C'est parfois bien utile...

– Sans doute, sans doute, concéda l'oncle, légèrement agacé tout de même. Noyez-le donc de mots doux si telle est votre fantaisie, mais n'écrivez rien qui risque de vous être reproché un jour et, surtout, ne perdez pas de vue le but de cette affaire.

Filippo retint à grand peine un soupir ennuyé.

– Je sais parfaitement ce que je dois faire, assura-t-il. Seulement, je ne suis pas certain que ce soit très...

– Personne ne vous demande votre avis ! coupa sèchement le ministre. Il s'agit de politique, et vous n'y entendez rien.

Filippo en resta muet.

De politique ! Envoyer son neveu séduire le frère du Roi, c'était de la politique ? Décidément, il n'y avait vraiment rien d'autre qui comptait pour cet homme qu'on disait, selon les jours et les gens, amant de la Reine mère ou... "bougre au suprême degré", comme l'affirmait Scarron dans l'une de ses mazarinades.

L'idée avait d'ailleurs beaucoup amusé Filippo et son meilleur ami de collège, qui s'était exclamé "Ce serait donc de famille !" avant de l'embrasser affectueusement en riant. Mais, si son ami était prêt à le croire, Filippo avait plus de doutes. Quoique, tout bien réfléchi... au nom de la politique, son oncle ne reculerait probablement devant rien.

Au fond, il s'en moquait, de toute façon. Il aurait simplement souhaité ne pas être mêlé à toutes ces histoires. Et que Philippe n'en soit pas victime non plus.

~ * ~

Au même moment, Philippe subissait justement aussi une sorte d'interrogatoire. Plus désinvolte, certes, mais non moins indiscret. En effet, le comte de Guiche était passé le voir dans le seul but de l'interroger sur ses relations avec "le jeune Mancini".

– Il vous avait suivi, j'en jurerais ! Et vous vous êtes bien gardé de le renvoyer...

– Armand, cessez donc vos sottises ! protesta Philippe, gêné.

Mais l'emploi du prénom atténuait le reproche, et le comte s'autorisa donc à poursuivre :

– Voyons, vous pouvez bien me le dire, à moi qui sais apprécier la beauté masculine...

– Il vous plaît donc ?

Question malheureuse ! Philippe regretta immédiatement de l'avoir posée, car l'expression moqueuse d'Armand disait clairement qu'il y avait vu un gros sous-entendu – ce que ses paroles confirmèrent d'ailleurs bientôt.

– Oh, ne vous alarmez pas ! Je n'ai nullement l'intention de vous le voler. A moins que vous consentiez à me le prêter, bien entendu...

– Mais... qu'allez-vous donc imaginer ? s'indigna le prince, en fait plus embarrassé que fâché. Il ne m'appartient pas !

Un étonnement sincère remplaça l'amusement dans les yeux de l'autre garçon. De très beaux yeux, d'ailleurs. Presque aussi noirs que ceux de...

– Mancini ne vous appartient pas ? Il m'avait pourtant semblé qu'il était tout à vous !

– Vous divaguez, mon ami ! s'écria Philippe, très rouge. Il a, je crois, de l'amitié pour moi, et j'apprécie grandement sa compagnie, mais il ne m'appartient pas plus que... vous, par exemple.

Les yeux sombres s'étaient remis à pétiller, accentuant l'effet d'un sourire moqueur que Philippe aurait pu juger très irrespectueux s'il n'y avait été habitué depuis l'enfance.

Il s'attendait beaucoup moins, en revanche, à un autre genre de familiarité...

– Je pourrais vous appartenir si vous le souhaitiez, Philippe, déclara le comte avec autant de simplicité que s'il n'y avait eu là rien que de très naturel.

Le prince en resta sans voix pendant plusieurs secondes. Jamais il n'aurait pensé... Oh, bien sûr, il savait depuis longtemps, comme tout le monde, que les dames et demoiselles n'étaient pas seules à éveiller l'intérêt du bel Armand de Gramont. Mais lui ? Lui qui le connaissait depuis toujours et pourtant bien peu, au fond... Lui qui s'était toujours senti presque invisible à ses yeux comme à ceux des autres enfants – puis jeunes adultes – qui constituaient la suite de son frère... Car, bien entendu, Armand était d'abord un ami de Louis – d'ailleurs, ils avaient le même âge. Pas plus que les autres, il n'avait jamais paru considérer Philippe comme autre chose que "le petit frère". Et maintenant...

– Que... que signifie... ? balbutia le prince, au grand amusement de son interlocuteur.

– Vous le savez parfaitement, j'en suis convaincu, répondit celui-ci. Mais vous préférez Mancini. Je ne sais pourquoi cette famille a le don de plaire à la vôtre...

Cette fois, c'était pousser l'effronterie un peu loin. Philippe foudroya d'un regard également très noir – sans que la colère y fût pour grand-chose – l'insolent comte de Guiche, qui s'empressa d'expliquer ses insinuations en les atténuant.

– Ne voyez là aucune offense, Monseigneur. (Mieux valait se montrer plus humble, désormais.) S'il est vrai que d'aucuns ont eu l'audace de médire contre Madame votre mère, je n'entendais, pour ma part, que souligner la confiance et l'amitié qu'elle accorde à Monsieur Mazarin. Et, bien que cette affaire soit légèrement différente, l'affection qu'avait le Roi pour Paul Mancini, également...

– Paolo, rectifia machinalement Philippe, sans toutefois parvenir à accentuer le nom à la manière italienne.

– Ainsi vous refusez l'usage de franciser les prénoms étrangers ? s'étonna Armand. Il est vrai que, dans le cas contraire, votre nouvel ami se nommerait comme vous... Très bien, nous dirons donc Paolo. Et Filippo.

Il savait, lui, prononcer correctement les deux prénoms. Ce que Philippe ne manqua pas de remarquer avec une pointe de jalousie mêlée d'admiration. Un autre sentiment, pourtant, l'emporta sur ces deux-là : le simple bonheur d'entendre les trois syllabes longuement contemplées la veille en bas des lettres du garçon dont elles évoquaient si plaisamment l'image.

Tout à son rêve, le jeune prince sourit aux anges puis, avisant soudain l'expression de nouveau très moqueuse de son ami le comte, s'aperçut qu'il devait ressembler à une jeune fille amoureuse et se sentit extrêmement ridicule.

– Pourquoi parliez-vous de "légère différence", tout à l'heure ? demanda-t-il pour parer à toute remarque éventuelle.

Armand parut hésiter.

– Il s'agissait, je l'avoue, d'une allusion assez déplacée à ce que me confia un jour le frère de votre nouvel ami... Mais je crois que votre propre frère n'apprécierait guère que je vous rapporte cette histoire.

– Comment le saurait-il, si ni vous ni moi ne lui disons rien ? répliqua simplement Philippe, devinant qu'il n'en faudrait pas plus pour vaincre une réticence certainement feinte.

Il connaissait trop bien le comte, presque aussi "commère" que lui-même, pour avoir le moindre doute à ce sujet.

A peine une minute plus tard, il écoutait avec stupéfaction le récit de ce qui s'était passé, un soir de juin 1652, entre son frère et celui de Filippo.

– Paolo m'a parlé parce que je l'ai croisé juste après et que je l'ai vu très agité, expliqua Armand. Il avait complètement perdu l'esprit et ne s'était rendu compte de ce qu'il avait fait qu'en voyant comme Louis avait honte de l'avoir laissé faire. Il avait peur d'être chassé de la Cour, ou pire si Louis oubliait qu'il avait consenti à tout avant de se montrer horrifié de s'être conduit aussi... "indignement", selon lui. Il me semble, du reste, que cette honte – tout à fait ridicule, à mon sens, mais laissons cela – est la cause du léger malaise qu'il m'arrive de percevoir chez le Roi quand le sujet des moeurs dites italiennes se glisse dans une conversation.

– Mais... Louis a tellement pleuré la mort de son "cher Paul" ! s'exclama Philippe, déconcerté. Je n'ai jamais eu l'impression qu'ils aient été fâchés...

– Ils ne l'ont pas été longtemps. Dès le lendemain, votre frère a reconnu que son ami ne l'avait forcé à rien et s'est contenté d'exiger le secret absolu. Et puis, hélas, la mort a frappé à peine une dizaine de jours plus tard...

– C'est bien triste, commenta Philippe, trop troublé pour trouver des paroles moins banales.

Et, triste, il l'était en effet. Il avait presque les larmes aux yeux à l'idée du choc qu'avait dû être pour Filippo et sa famille l'annonce de la tragique nouvelle. Et lui qui en avait rappelé le souvenir, en s'exclamant sans réfléchir "Mais vous êtes désormais l'aîné de votre famille !"... Il eut soudain envie d'aller s'en excuser auprès de son ami, et même de le serrer dans ses bras avec toute l'affection qu'il lui était presque toujours interdit de témoigner à son propre frère, trop distant et surtout "trop roi".

– Vous rejouerez la pièce en lui donnant une fin plus heureuse, insinua le comte de Guiche, comme toujours incapable de résister à la tentation de se montrer insolent.

– Armand, vous allez trop loin, lui reprocha faiblement Philippe.

Très faiblement, même, car, s'il était un peu choqué, c'était surtout la surprise qui se lisait sur son visage. Décidément, ce soir-là, l'ancien enfant d'honneur du Roi se permettait plus de libertés que jamais !

– Vous ne pouvez prétendre connaître mes intentions, et les siennes moins encore, ajouta le prince, d'une voix plus assurée.

Il avait dit "les siennes" comme si le nom de Filippo avait été cité juste avant... Lui-même ne s'en aperçut pas, mais le comte s'en amusa fort.

– Il est vrai que j'ignore vos intentions, Philippe, admit-il sans se démonter, mais je devine vos rêves et je puis affirmer qu'ils sont très possibles, car j'ai souvent croisé votre ami dans le monde, et je sais donc qui il fréquente...

– Les mêmes personnes que vous, j'imagine ?

C'était presque une question superflue. Mais le coeur encore hésitant de Philippe réclamait une certitude. Qu'il obtint :

– Pas toutes, mon ami, pas toutes... Pas les femmes !

Armand se permit même de rire, cette fois, mais Philippe n'y prêta pas la moindre attention.

Pas les femmes... Ça, au moins, c'était clair !


* * *

Donc, là, il faut que je précise que cette histoire sur Louis et Paolo (alias Paul) Mancini, c'est pas moi qui l'ai inventée - je ne me serais jamais permis d'inventer un truc pareil ! lol Bon, c'est peut-être une interprétation un peu personnelle, mais elle me semble plus logique que d'autres.

La version de mon livre préféré du moment (Les Petites Mazarines de Pierre Combescot) est la suivante:


Tout un mois, on a vu le Roi aux petits soins pour Mme de Frontenac, la maréchale de camp des armées de Mademoiselle [comprendre: la meilleure amie de la princesse Anne-Marie, fille du frère de Louis XIII et donc cousine de Louis XIV, qui s'amuse à prendre part à la Fronde]. La Reine a éventé le manège de la belle et renvoyé l'intrigante à d'autres champs de manoeuvres. Qu'il s'amuse des nièces du M. le Cardinal. [Laure-Victoire, Olympe et Anne-Marie; les autres étaient encore à Rome.] Mais Louis a peu de goût pour les petites filles.
Le Cardinal pense alors qu'il est temps de filouter les sentiments de son royal filleul. C'est qu'il ne faudrait pas qu'il lui échappât. S'il n'aime pas ses nièces, peut-être aura-t-il plus de penchant pour son neveu. Et d'imaginer aussitôt un favori. La bougrerie, qu'on nomme "vice italien" quand elle est pratiquée par les seigneurs, est chose courante à la cour de France depuis les derniers Valois. Plus personne ne s'en émeut. On en rit même et si l'on rit, la cause est entendue. Mazarin, qui n'a pas perdu sa main d'entremetteur, pousse alors sur le devant du théâtre son neveu Paul. C'est un jeune homme bien fait, plein d'agrément et souple. Le roi le préfère vite à ses autres compagnons, les Vivonne, les Guiche, les Vardes, les Duplessis-Praslin. Ce beau museau d'italien emporte ses faveurs.
Tandis que la Cour se trouve à Compiègne et que la Reine a ses extases espagnoles au Carmel de Saint-Denis, que M. le Prince [Condé, l'un des meneurs de la Fronde] bivouaque à Saint-Cloud n'attendant que le moment propice pour fondre sur Paris et que M. de Turenne [celui qui commande les armées du Roi] patrouille du côté de Charenton, le Cardinal, lui, retiré à Melun, donne à goûter au Roi. Le fête se poursuit jusqu'à la nuit, illuminée par les feux de la Saint-Jean. Paul Mancini est de la partie. Le Cardinal caresse son neveu du regard. C'est de loin son préféré. Il forme à son sujet les plus hautes espérances. Il l'a fait élever au collège de Clermont avec les égards d'un prince du sang.
Toute l'affaire n'aurait été qu'une bêtise, un épanchement, un de ces émois de jeunesse qui vous vient quand tout dans la nature soupire; on n'en aurait peut-être même jamais reparlé si le valet La Porte ne s'était mis en tête de donner, ce soir-là, un bain au Roi. Et voilà aussitôt le bonhomme qui pousse les hauts cris. Qu'a-t-il aperçu dans les caleçons royaux ? Une carte, une simple carte qui lui semble plus être de Sodome que du Tendre. La Reine, tirée de ses dévotions par ces cris, prie fermement La Porte de se taire et d'aller prendre ses quartiers d'hiver. Le domestique se sent trahi et pense se venger en écrivant des mémoires. Toute l'aventure est tortillée de telle sorte qu'on ne sait plus très bien qui du Cardinal ou du neveu mena cette partie de main chaude. Voltaire minimisera l'incident dans
Le siècle de Louis XIV: "Il paraît que La Porte fut trop scrupuleux et trop mauvais physicien; il ne savait pas qu'il y a des tempéraments fort avancés. Il devait surtout se taire. Il se perdit pour avoir parlé, et pour avoir attribué à la débauche un accident fort naturel."
Neuf jours plus tard, le 2 juillet 1652, Paul Mancini sera blessé mortellement au combat du faubourg Saint-Antoine. [...] De ce jour, jamais plus on ne parlera de favori à propos de Louis.



Pas pu résister à mettre ça dans la fic. C'était pas prévu au départ, mais dès que ça m'a traversé l'esprit... ^^
Bon, du coup, Philippe et Filippo ne se sont même pas vus dans ce chapitre, mais cette petite digression sur leurs frères respectifs servira plus tard (pour le passage que je suis en train d'écrire maintenant, en fait).

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Dernière édition par Cybèle Adam le 28 Avr 2010 18:27, édité 3 fois.

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MessagePosté: 22 Sep 2006 18:03 
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Eh ben, on en apprend tous les jours grace à ta fic ! :lol:

Et j'adore la discussion entre Philippe et Armand ! :D

:suite:

Cybelia.


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MessagePosté: 22 Sep 2006 19:33 
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lol Oui, on en apprend de belles... Mes recherches d'informations ont été très intéressantes, comme tu vois. :wink:

J'avoue que c'est une de mes scènes préférées, cette conversation. Je me suis bien amusée à l'écrire. J'avais besoin de quelqu'un qui puisse faire parler Philippe (donc qui se moque un peu du respect qu'on doit à un prince) et ne risque pas d'être choqué (donc qui soit au moins un peu gay aussi) et, d'après ce que j'avais lu à son sujet, Armand convenait parfaitement pour ce rôle. ^^

Tiens, pour celles qui n'ont jamais lu de biographie de Philippe, précisons que, si j'ai fait dire à Armand "Je pourrais vous appartenir si vous le souhaitiez, Philippe", c'est parce qu'il sera (enfin, a été) son favori pendant quelques années plus tard (en fait, quand Louis a pratiquement obligé Philippe à se marier, sa femme et lui se trompaient mutuellement avec Armand lol).

Au fait, Image pour le commentaire ! (Je bavarde, je bavarde, et j'oublie le plus important. ^^; )

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MessagePosté: 22 Sep 2006 22:14 
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Cybèle Adam a écrit:
Tiens, pour celles qui n'ont jamais lu de biographie de Philippe, précisons que, si j'ai fait dire à Armand "Je pourrais vous appartenir si vous le souhaitiez, Philippe", c'est parce qu'il sera (enfin, a été) son favori pendant quelques années plus tard (en fait, quand Louis a pratiquement obligé Philippe à se marier, sa femme et lui se trompaient mutuellement avec Armand lol).

:lol: :lol: :lol:

Cybelia.


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MessagePosté: 07 Oct 2006 18:51 
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Chapitre 4

De retour dans sa chambre, Filippo tentait de répondre à une lettre de Pierre-Emmanuel d'Isigny, son ami de Clermont, mais il avait du mal à se concentrer. Tout ce qu'il aurait voulu dire, il n'avait pas le droit d'en parler. Oh, ce n'était pas l'interdiction qui l'arrêtait ! Comme il ne craignait pas d'enfreindre les règles du collège, il aurait volontiers ignoré celle-là aussi. Seulement, il ne pouvait espérer que sa lettre sorte du palais sans être d'abord lue par un espion qui s'empresserait de rapporter tout contenu compromettant au Cardinal. Ou au Roi, ou à la Reine. Peut-être même à Philippe. En tout cas, à quelqu'un qui ne devait pas savoir.

Incapable de penser à autre chose, il finit par décider d'aller voir Maria. A elle, au moins, il pourrait tout dire. Elle ne serait sans doute même pas surprise. Après tout, elle non plus n'appréciait pas beaucoup leur oncle et ses manigances. Et quant au fait que son frère soit plus attiré par les garçons que par les filles... Cela, elle l'avait déjà compris depuis longtemps.

Filippo posa donc sa plume – celle que Philippe lui avait offerte – et abandonna le début de lettre.

En sortant, il remarqua distraitement une personne qui arrivait de l'autre côté du couloir, mais n'y prêta aucune attention. Il avait déjà fait deux pas dans la direction de la chambre de sa soeur quand il réalisa soudain de qui il s'agissait. Alors, il se retourna brusquement.

– Philippe !

A défaut de savoir prononcer correctement le nom italien, le prince avait opté pour la version française. Son propre prénom, donc. Et Filippo l'avait appelé exactement au même instant. De la même façon... Quel impair !

Par chance, le "Petit Monsieur" ne semblait pas avoir entendu. Sa propre voix avait dû couvrir l'autre. Ou peut-être se moquait-il du manquement à l'étiquette.

Bien entendu, Filippo oublia immédiatement Maria et tout ce qu'il avait eu l'intention de lui raconter. Il s'empressa de faire demi-tour et attendit devant sa porte que Philippe le rejoigne. Avec un peu d'appréhension, mais pas seulement. Il était heureux, aussi – stupidement heureux de voir le prince lui sourire et de l'entendre demander, presque timidement, s'il pouvait lui parler.

– J'ai bien vu que vous partiez mais, si vous le souhaitez, je reviendrai plus tard, ajouta même Philippe, bien trop modeste pour son rang.

– Oh, mais non, restez donc ! s'exclama Filippo en ouvrant la porte pour l'inviter à entrer. J'allais chez ma soeur Maria, mais elle ne m'attend pas et, à vrai dire, je suis ravi de vous voir.

La dernière phrase était probablement un peu trop affectueuse. Toutefois, Filippo ne regretta pas de l'avoir prononcée, car elle lui valut un nouveau sourire de Philippe, qui entra ensuite dans la pièce... et sourit de nouveau en voyant ses cadeaux sur le bureau.

– Un nouveau poème ? s'enquit-il.

– Pas cette fois, mais cela ne saurait tarder, répondit Filippo, un peu gêné. Je vous remercie encore...

– Mais ne prenez donc pas cet air embarrassé ! Ce n'était rien, vraiment.

Pour lui, peut-être pas... Mais c'était quand même très gentil de sa part, et Filippo le lui dit encore une fois avant de le laisser changer de sujet.

~ * ~

Philippe ne savait que dire. Il était venu pour voir son ami et n'avait pas réfléchi plus loin. Maintenant, il se trouvait bien ennuyé, car il ne pouvait expliquer sa présence sans risquer de laisser échapper quelque parole trop révélatrice.

Après ce qu'Armand venait de lui apprendre, il lui semblait impossible de feindre de ne rien savoir. Mais il ne pouvait évidemment pas non plus déclarer simplement qu'il savait, et encore moins demander si le comte avait raison de penser que Filippo espérait voir leur amitié évoluer vers... autre chose.

Conscient qu'il lui fallait bien se justifier d'une manière ou d'une autre et incapable d'imaginer une excuse plausible, Philippe décida d'invoquer la moins gênante des deux raisons qui l'avaient poussé à rechercher la compagnie du jeune Italien :

– Je parlais tout à l'heure avec le comte de Guiche, commença-t-il en hésitant, et... Ce serait trop long à expliquer, mais une partie de la conversation a porté sur votre frère, et je me suis aperçu que j'avais été terriblement maladroit quand j'avais dit... Oh, mais voilà que je recommence !

Voyant la confusion du prince, Filippo s'approcha machinalement de lui et effleura son bras d'une main qu'il retira presque aussitôt. Il prenait vraiment trop de libertés, aujourd'hui... Philippe allait finir par le lui reprocher.

Il n'en fit rien, pourtant. Au contraire, il parut apprécier le geste. Du moins, c'est ce que semblait dire le petit sourire qu'il adressa à Filippo... qui eut beaucoup de mal à s'interdire de le prendre dans ses bras.

"Pas de familiarités ! C'est un prince – et même un frère de roi. On ne peut pas..."

Pourtant, à cet instant, Philippe n'avait pas vraiment l'air d'un prince. Juste d'un garçon d'un peu moins de seize ans regardant un autre garçon, presque un an plus jeune mais déjà plus grand. Et aussi...

"Lui doit pouvoir imaginer exactement ce que son frère et le mien ont fait il y a quatre ans", pensa Philippe, oubliant qu'en réalité Filippo ne pouvait pas avoir connaissance de l'histoire.

L'idée était embarrassante – pour ne pas dire choquante – mais, d'un autre côté, elle était aussi... intéressante.

Si seulement il savait quoi lui dire !

Car c'était cela, le pire : savoir que tout ce qu'il souhaitait était à portée de main mais ne pas trouver les mots pour le demander. Et savoir aussi que, à cause du respect dû à un Fils de France, Filippo ne pouvait pas se permettre d'exprimer à haute voix ce qu'il pensait peut-être... sans doute... certainement.

"Armand l'a dit, lui", réalisa soudain Philippe.

De manière détournée mais oui, c'était ça qu'il voulait, c'était évident. Il aurait suffit de le laisser faire...

Mais non ! Le comte avait beau être, de l'avis de tous – et surtout de toutes – le plus bel homme de la Cour, ce n'était pas dans ses bras que Philippe rêvait de se blottir, pas ses lèvres qu'il voulait contre les siennes, ni ses mains... partout.

D'ailleurs, en ce moment, il ne voyait rien de plus beau que les yeux de Filippo. Noirs comme la nuit, sinon plus. Et fixés sur les siens depuis... combien de temps ? Quelques secondes ? Une minute ? Deux ? Même une heure aurait paru trop courte.

~ * ~

C'était sans doute le moment. Le moment d'accomplir la mission ou, au moins, un pas décisif dans ce sens. Après, il ne serait plus possible de revenir en arrière, plus possible de parler d'amitié.

Filippo n'avait pas prévu cela. Ou plutôt si, bien sûr, il savait qu'il en arriverait là tôt ou tard, puisque c'était le but du jeu qu'on lui avait imposé, mais il s'était si peu attendu à ce que Philippe vienne le voir... Et encore moins à ce qu'il le regarde ainsi, comme s'il le suppliait de l'embrasser.

Il n'aurait pas dû hésiter. Il n'avait aucune raison logique pour cela. Visiblement, Philippe voulait qu'il l'embrasse. Et lui aussi, bien entendu, avait envie de l'embrasser. Pourquoi ne l'aurait-il pas voulu ? Il aimait les garçons, et Philippe lui plaisait. C'était suffisant. Alors ?

Alors, le problème, c'était Zio Giulio. L'idée qu'il faudrait tout lui dire, lui rapporter les faits comme s'ils n'avaient rien de privés... Comme s'il ne s'agissait vraiment que de politique. Comme si les sentiments de Philippe ne comptaient pas, et les siens non plus.

Eh bien, ils comptaient ! Même s'ils étaient encore très confus, et à peine plus qu'amicaux. Même si, pour être honnête, Filippo n'était pas entièrement certain que le mot "sentiments" convienne dans ce cas. Quoi qu'il en soit, il refusait d'être considéré comme un simple pion sur un échiquier, un objet insensible que l'on peut déplacer à loisir. Car une chose était sûre : il n'était pas insensible. Surtout pas au regard quasi implorant d'un prince qui, lui non plus, ne méritait pas qu'on décide à sa place.

Un instant plus tard, il avançait un peu, se penchait légèrement... Il obéissait à la prière muette de Philippe. Pas à l'ordre de son oncle car, pour cela, il aurait fallu qu'il ait l'intention d'aller tout lui raconter.

~ * ~

D'habitude, Philippe maudissait sa petite taille. Il se sentait ridicule, et encore plus invisible aux yeux de tous. Mais, cette fois, c'était différent. Il ne songeait même plus du tout à trouver vexant que son ami compte à peu près autant de centimètres de plus que lui que de mois en moins. Il était trop bien dans ses bras. Comme une fille... Sauf que non, en fait, aucune fille n'avait dû recevoir ce genre de baiser de Filippo Mancini.

– Est-ce pour cela que vous êtes venu me voir ? interrogea finalement le jeune Italien, les yeux de nouveau fixés sur ceux de Philippe.

Son expression rappela vaguement au prince un certain comte très porté sur la moquerie. Mais, si la question était un peu indiscrète, il restait suffisamment de douceur dans le sourire et dans la voix pour compenser largement le mauvais effet qu'aurait pu produire un ton simplement amusé.

– Je suppose qu'on peut dire que oui, avoua Philippe après un instant de réflexion. Pas complètement, mais... vous avez probablement remarqué que j'étais incapable d'expliquer clairement les raisons de ma présence.

– Peu importe, désormais, murmura Filippo avant de poser à nouveau les lèvres sur les siennes.

Très brièvement, cette fois, mais Philippe n'en trouva pas moins ce second baiser merveilleux, car il prenait le relais des mots pour ajouter de la manière la plus tendre qui soit "Maintenant, je suis à vous".

"Il m'avait pourtant semblé qu'il était tout à vous", avait dit Armand. Désormais, c'était bien le cas. Ou presque. Peut-être Philippe ne pourrait-il vraiment considérer que Filippo lui "appartenait" que quand ils seraient encore un peu plus proches. Mais, pour le moment, il était déjà très heureux de pouvoir appuyer la tête contre l'épaule de son ami en refermant si fort les bras autour de lui qu'il devait presque l'empêcher de respirer.

C'était sa réponse – "Moi aussi je suis à vous".


* * *

Et là j'ai l'impression que c'est atrocement "guimauve". :oops:

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Dernière édition par Cybèle Adam le 28 Avr 2010 18:33, édité 2 fois.

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MessagePosté: 07 Oct 2006 19:33 
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Viiiiiiii, c'est guimauve, mais moi j'adore !! :D

:suite:

Cybelia.


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MessagePosté: 07 Oct 2006 20:55 
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Mais euh... kesk'ils font ces deux-là ?
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J'aime bien un peu de guimauve aussi mais, quand c'est moi qui l'écris, j'ai honte ! :wink:

Bon, eh bien, suite la semaine prochaine, alors... Mais après il faudra attendre plus longtemps parce que j'ai plus d'autres chapitres vraiment prêts.

P.S. Rien à voir, mais pourquoi je ne reçois plus d'e-mail pour les sujets où j'ai coché "M'avertir lorsqu'une réponse est postée" ? :(

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MessagePosté: 09 Oct 2006 07:46 
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Mais euh... kesk'ils font ces deux-là ?
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*se falgelle* RAAH!!! J'avais pas vu que tu avais publié tout çaaaaa!!!!! Bravo bravo*s'incline* c'est de plus en plus passionnnant à suivre, j'éspère que tout va bien se finir entre eux. La suiteuh!!!!

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Lili, sympathisante de l'Alliance des Sadiques
Faire plaisir aux doudous, c'est bien. Les torturer, c'est MIEUX!!!!


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MessagePosté: 09 Oct 2006 12:54 
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Mais euh... kesk'ils font ces deux-là ?
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Il y avait un problème avec les e-mails de notification de réponse, apparemment... Mais là j'en ai reçu un, donc ça a l'air d'être réglé.

Contente que ça te plaise toujours. :)
Pour la fin... à vrai dire, je ne sais pas encore comment je vais me débrouiller pour que ça ne finisse pas trop mal alors que, pour suivre la réalité historique, je serai bien obligée de les séparer. :? (Bon, à la rigueur, je pourrai toujours faire un bonus "fin alternative" pour que ça se termine bien. :wink: )

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MessagePosté: 15 Oct 2006 12:28 
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Chapitre 5

Pendant deux semaines, Filippo évita son oncle autant que possible et inventa des prétextes pour se soustraire à un nouvel interrogatoire concernant sa mission. Mais Mazarin perdait patience. Ce jour-là, au lieu d'envoyer quelqu'un quérir le neveu récalcitrant, il l'intercepta lui-même au détour d'un couloir du château de Fontainebleau, où la Cour avait pris ses quartiers d'été.

– Cette fois, je n'accepterai aucune excuse. Je veux vous parler sur le champ !

– Mais c'est impossible ! protesta Filippo. Philippe m'attend et...

– Eh bien, il attendra quelques minutes de plus !

Filippo laissa échapper un soupir agacé tandis que le Cardinal le poussait en direction de son cabinet de travail provisoire. Peut-être aurait-il pu répliquer que faire attendre le prince n'était vraiment pas indiqué, qu'il risquait d'en perdre les bonnes grâces et que tout serait alors à recommencer, mais il connaissait trop bien son oncle pour imaginer que ses paroles puissent produire le moindre effet. Quand il était en colère ou même simplement contrarié, Mazarin n'écoutait personne, et certainement pas un gamin de quinze ans qu'il considérait comme un incapable.

La porte du bureau claqua derrière eux.

– Alors ? interrogea l'oncle d'une voix glaciale. Qu'avez-vous fait que vous espériez me cacher ?

Filippo recula d'un pas mais garda la tête haute. Pas question de se laisser intimider.

– Je n'ai rien fait de contraire à vos ordres, affirma-t-il en toute sincérité.

Et il soutint sans ciller le regard inquisiteur qui tentait de déceler sur son visage un indice de mensonge forcément inexistant.

– Dans ce cas, pour quelle raison m'évitez-vous ? repartit Mazarin, toujours avec cette froideur trop calme sous laquelle son neveu devinait une irritation grandissante.

– Tout simplement parce que je n'ai rien de neuf à vous apprendre.

Cette fois, il s'agissait bien d'un mensonge. Mais, comme il estimait que l'évolution de sa relation avec Philippe ne regardait qu'eux deux, Filippo parvint sans trop de peine à conserver un ton et une expression parfaitement assurés qui parurent ébranler la certitude de son oncle.

– Soit. Admettons que vous n'ayez rien fait de mal... Mais vous pouviez tout de même m'annoncer que vous continuez sur la bonne voie. Vous l'avez appelé par son prénom, il me semble ?

– Ah... oui... c'est vrai. Il a décidé que, puisque nous sommes désormais amis, je devais cesser de m'adresser à lui comme à un étranger. Fallait-il que j'envoie quelqu'un vous en avertir immédiatement ?

Voyant les sourcils de son oncle se froncer, Filippo comprit qu'il aurait mieux fait de ne pas poser cette question. Même en affichant l'expression la plus innocente du monde, il ne pourrait jamais prétendre n'avoir pas eu l'intention d'y mettre une pointe d'ironie. Mais, au fond, peu importait les reproches que cette légère insolence lui vaudrait. Comme toujours, ils glisseraient sur lui sans l'atteindre.

Il écouta donc à peine le petit sermon qui suivit, se contentant de hocher la tête d'un air distrait quand il lui semblait bon de faire semblant d'approuver.

– J'exige un rapport détaillé, chaque semaine, à partir d'aujourd'hui ! Est-ce clair ? conclut le Cardinal en fixant sur son neveu un regard particulièrement sévère.

Nullement impressionné, Filippo répondit que oui, bien sûr, c'était tout à fait clair. Réponse qui, remarqua-t-il pour lui-même en s'efforçant de ne pas sourire, ne l'engageait à rien. Après tout, convenir de la clarté d'un ordre ne signifie pas promettre de l'exécuter...

~ * ~

Philippe faisait les cent pas devant la porte de l'écurie. Il n'aurait peut-être pas dû manifester tant d'impatience, mais il était tout simplement incapable de tenir en place. Et, quoi que ne doutant pas de l'arrivée prochaine de son très cher ami italien, il avait bien envie de se porter à sa rencontre pour voir ce qui le retenait ainsi. Sans doute même l'aurait-il déjà fait s'il n'avait craint de se montrer trop empressé ou – pire – fâché de ce retard.

Un palefrenier lui amena le cheval qu'il avait demandé, ainsi que celui de Filippo. Il hésita un instant puis décida de monter sur le sien et de prendre l'autre en longe pour faire le tour de la partie de jardin la plus proche. Ainsi éviterait-il que les deux animaux s'impatientent eux aussi. Mais, finalement, il eut à peine le temps de se mettre en selle qu'une voix familière retentit dans son dos :

– Partez-vous sans moi ?

Il se retourna, un grand sourire aux lèvres, et répliqua d'un ton faussement sérieux :

– Eh bien oui, comme vous le voyez, je m'en allais ! Je pensais que vous ne viendriez plus. Car vous pouvez certainement trouver mieux à faire qu'une simple promenade en ma compagnie...

– Oh, je vous assure que non ! répondit Filippo en lui rendant son sourire.

Leurs regards restèrent rivés l'un à l'autre pendant plusieurs secondes, brillants d'amusement et, plus encore, d'un bonheur qu'aucun des deux garçons n'avait encore tenté d'exprimer par des mots.

Philippe, comme toujours dans ces moments-là, sentit son coeur accélérer et perdit toute notion de temps. Il aurait pu contempler des heures durant ces yeux noirs qui le fascinaient sans raison apparente. Simplement parce que c'était ceux d'un garçon adorable, qui savait mieux que quiconque lui donner l'impression de compter pour quelqu'un. Et peut-être même... d'être aimé ?

~ * ~

Les chevaux galopaient sur les sentiers forestiers, entraînant leurs cavaliers loin du château et de la foule ennuyeuse de la Cour. Puis ils s'arrêtèrent, et les deux garçons mirent pied à terre. Attachèrent les chevaux en silence. Se regardèrent, toujours sans rien dire.

Enfin seuls !

Ni l'un ni l'autre ne prononça ces mots, mais tous deux les pensèrent et chacun eut l'impression d'en entrevoir le reflet dans le regard de l'autre.

Ils se sourirent.

Un instant plus tard, Philippe se jetait dans les bras de Filippo, qui le serrait contre lui en riant avant de l'embrasser.

Ils étaient libres. Heureux. Amoureux, aussi, sans doute...

Depuis plusieurs jours, Filippo s'interrogeait. Aimait-il Philippe... de cette façon ? Plus qu'amicalement, comme d'autres aiment des femmes...

"Non, pas à ce point, tout de même !" protestait sa raison quand il était seul.

"Mais oui – bien sûr que oui !" s'écriait son coeur dès qu'il tenait le jeune prince dans ses bras.

Et Philippe ? Que pensait-il ? A la façon dont il le regardait toujours, Filippo aurait presque pu jurer que... Mais comment être sûr ?

A vrai dire, le prince aussi avait quelques doutes. Ou, plus exactement, quelques craintes entraînant des conseils de prudence qu'il se donnait à lui-même mais ne parvenait pas à suivre. S'interdire d'aimer Filippo ? Impossible !

Un autre sourire. Un autre baiser. S'il était une chose dont Philippe soit absolument certain – au point d'oublier de s'en inquiéter – c'était bien de ne jamais se lasser des baisers de son ami.

Quant à Filippo... Oh, pour lui, bien sûr, la situation en elle-même n'avait rien d'exceptionnel. Embrasser Pierre-Emmanuel, avec qui il partageait une chambre à Clermont, était même devenu tellement normal qu'il le faisait presque sans y penser, tous les matins, tous les soirs et toutes les fois où, au cours d'une de leurs longues conversations amicales, il avait envie de lui témoigner un peu d'affection. Parfois, les choses allaient beaucoup plus loin par la suite, mais la plupart du temps ce n'était rien de plus qu'un effleurement de lèvres parfaitement anodin, banalisé par l'habitude. Un geste comparable à cette manie qu'il avait d'ébouriffer d'une main les cheveux de son petit frère (qui détestait cela) ou aux simples baisers sur la joue qu'il distribuait à ses soeurs (Maria en particulier) quand elles étaient tristes ou venaient de lui dire quelque chose de gentil.

Mais à présent il s'agissait de Philippe, et tout était différent. Plus de jeu, de marque d'affection automatique – et il était encore moins question d'exécuter un ordre. C'était à la fois parfaitement naturel et incroyablement troublant. Peut-être à cause de la façon dont le prince le regardait – avant, après, tout le temps. Philippe semblait ne pouvoir détacher les yeux de ceux de Filippo que quand celui-ci l'y obligeait, soit en tournant la tête soit en se penchant pour retrouver le contact de ses lèvres. Encore. Mais lui non plus ne s'en lassait pas.

~ * ~

– Philippe...

– C'est vous, Philippe !

Le prince éclata de rire, plus parce qu'il était simplement heureux que parce que la réponse l'amusait réellement.

Au bout de quelques minutes, les deux garçons s'étaient finalement décidés à se détacher l'un de l'autre le temps d'étaler au pied d'un arbre une couverture sur laquelle ils pourraient s'asseoir. Ils s'y trouvaient maintenant pratiquement allongés, mais Filippo s'était interdit d'exagérer. Il ne voulait surtout pas risquer de choquer son ami.

Il se redressa un peu tandis que Philippe avouait d'un air embarrassé qu'il n'arrivait pas à prononcer correctement les noms italiens... même s'il aimait beaucoup les entendre.

Un sourire malicieux joua sur les lèvres de Filippo.

– Savez-vous qu'en Italie vous êtes il principe Filippo di Francia, fratello del re Luigi quattordici[i] ?

– Oh, j'aime l'italien ! fut la seule réponse du [i]principe di Francia
, qui se jeta sur son homonyme pour l'embrasser une fois de plus. Et surtout, je vous aime, vous !

Filippo leva vers lui des yeux écarquillés de surprise.

– Est-ce... excessif ? demanda Philippe, soudain inquiet. Je ne voulais pas dire cela. Ou plutôt... Je ne sais... Je pensais...

– Ce n'est rien, le rassura Filippo, levant machinalement la main pour caresser la joue du prince. Votre regard me l'a dit cent fois et cela ne m'a jamais dérangé. L'entendre est assez inattendu mais... certainement pas désagréable.

Un nouveau baiser, d'une douceur enivrante, fit fondre le coeur de Philippe.

C'était peut-être encore plus clair que les mots qui suivirent. Quatre mots que Filippo prononça très bas, comme un secret, en l'attirant plus près de lui.

– Je vous aime aussi.


* * *

Et voilà... J'avais prévenu, c'est "guimauve" ! Donc j'ai de nouveau très honte. Image Même si, d'un autre côté -, quand j'évite de penser que c'est moi qui ai écrit tout ça - je les trouve trop mimis, mes "deux Philippe" Image.

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Dernière édition par Cybèle Adam le 28 Avr 2010 18:40, édité 2 fois.

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MessagePosté: 15 Oct 2006 18:36 
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Ils sont trop chous !! Je suis définitivement fan de cette fic et de ton style d'écriture. :bravo:

:suite:

Cybelia.


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