J'ai un peu hésité avant de poster cette songfic originale... J'espère qu'elle vous plaira.Je ne cherche pas
Je me retourne une fois encore, cherchant une position plus confortable que je sais, d’ores et déjà que je ne trouverai pas. Parce que si le sommeil me fuit ce n’est pas parce qu’il y a un quelconque problème de literie.
J’aimerais tellement pouvoir rejoindre le monde des songes et cesser de penser, cesser de revoir ton visage et d’entendre tes mots.
Inutile de s’obstiner, je sais que je ne fermerai pas l’œil. Je sais que, toute la nuit, tu vas rester à mes côtés, comme tu l’as fait tant de fois.
C’est peut-être cela que cherche mon corps finalement : la chaleur du tien, la douceur de ta peau, ton odeur sucrée qui me fait fondre à chaque fois…
Mais ce soir tu n’es pas là et c’est moi qui ai fait ce choix.
Tu me crois venu des enfers
Mon visage comme pire adversaire
J' n'en finis pas de te brûler
Et tu voudrais
Ne jamais m'avoir rencontré
Pourquoi faut-il que, depuis toujours, je me conforme à ce qu’on attend de moi ? Pourquoi faut-il qu’à plus de trente ans je sois toujours incapable d’assumer mes envies, mes penchants, ma vérité ?
Pourtant, lorsque je t’ai rencontré, j’ai osé, pour une fois enfin, j’ai osé ! Ce petit coin de Bretagne, cette plage éloignée de tout et ton sourire éblouissant qui m’a subjugué immédiatement.
Trois mois…
Nous avons eu trois mois ! Trois mois que j’ai arraché à mon traintrain, trois mois durant lesquels j’ai cessé d’être le bon petit garçon que papa et maman ont soigneusement conditionné pour entrer dans ce rang qui ne lui convient pas mais qu’il suit malgré tout, parce qu’il ne veut pas qu’on le voit « autrement ».
Le mal est fait, les mots sont dits
Je sais, c'est moi qui suis parti
J' n'en finis pas de regretter
Et je voudrais
Que tu veuilles bien me pardonner
Tu as bousculé toutes mes barrières en quelques mots, renversé mes barricades d’un rire insolent et cette première nuit dans tes bras, je suis enfin venu au monde et j’ai compris que la jolie princesse dont je rêvais depuis que j’étais en âge de comprendre les choses n’était pas celle qu’on présente dans les contes.
Ma princesse à moi ce serait un prince….
Trois mois…
Trois mois à me sentir vivant, à oser, à essayer, à dire merde à ce monde de convenance dans lequel j’étouffais.
C’est si facile quand on est loin de penser que tout va s’arranger, juste comme dans ces contes auxquels je ne devrais plus croire depuis longtemps.
Je ne cherche pas de refrain
A ce que l'on n'est plus
Je ne cherche pas de fin
A ce qu'on a perdu
Je ne cherche pas de musique
Pas d'excuses en chanson
Il n'y a rien de magique
Sans toi, rien de bon
Mais au retour le monde m’a repris dans sa ronde. Je t’avais ramené dans mes bagages, sûr de moi, sûr d’être capable d’affronter leurs regards, leurs mots, leurs objections. Après tout, s’ils m’aimaient ils verraient combien j’étais heureux auprès de toi et ils t’aimeraient aussi.
Tu as accepté de rester dans l’ombre, le temps que je les prévienne, que j’amène les choses en douceur. Tu as accepté que je remette, jour après jour, semaine après semaine. Tu as accepté mes excuses bidon, mes demi-mensonges, mes presque vérités…
Dans la journée je redevenais le parfait robot bien programmé qui faisait la joie et la fierté des siens : comment aurais-je pu accepter de les laisser voir ce que j’étais vraiment ?
Et la nuit, dans tes bras, je redevenais l’indocile, l’insoumis qui défiait son petit monde figé et pétri de préjugés, te jurant toujours qu’au prochain matin, enfin, je parlerai…
Oui… demain… Tu verras…
Demain…
Si je m'accroche encore à toi
Si j'écoute en boucle ta voix
C'est pour mieux ressentir le mal
Que je t'ai fait
Et tout le reste m'est bien égal
Tu as accepté tant que tu as pu…
Petit à petit ton sourire s’est figé et ton rire s’est éteint. Petit à petits tes mots d’amour ont fait place aux mots de reproches…
Tu ne voulais plus rester dans l’ombre. Tu voulais avoir le droit de sortir avec moi, de revendiquer ta place à mes côtés, de proclamer ton bonheur à la face des autres et de vivre en toute impunité ce qui ne devrait jamais être condamné.
Tu disais que si Dieu nous avait permis de nous aimer, alors c’est qu’il ne nous condamnait pas, lui, contrairement à toutes ces grenouilles de bénitier, à tous ces arriérés traditionnalistes, à tous ces dégénérés du cœur qui pensent obtenir une place au paradis à grands coups de diktats intolérables et de règles absurdes nées dans leurs esprits étroits et dans leurs âmes étriquées.
Tu disais que la nature est ainsi faite qu’elle laisse la place à des milliers de façon de s’aimer…
Tu disais tant de choses que je n’ai pas su écouter.
On a cessé de rire ensemble, de se parler de tout et de rien. Les cris et les reproches ont remplacé les serments d’amours et les murmures épris que nous partagions. Les caresses ont laissé la place à un grand vide et les mots nous ont déchirés…
Et un soir, tu n’étais plus là…
Il y avait juste ce petit mot avec un numéro de téléphone : « Quand tu seras prêt, appelle-moi. »
J'ignore si nos âmes sont faites
Pour se donner tout c' que l'on souhaite
J'ignore même pourquoi je respire
Tous ces regrets
Mais c'est trop tard pour te le dire
Je n’ai pas appelé.
Je me suis étourdi de travail, de projets. J’ai fait merveille à l’organisation de la kermesse paroissiale : mes parents n’avaient jamais été si fiers de moi… A l’occasion, ils m’ont présenté, l’air de rien, une banquière bien sous tout rapport, célibataire, fille du frère d’un cousin d’un ami du bedeau…
On s’est bien amusés ensemble ce jour-là. Elle avait un sourire craquant et une gentillesse qui sourdait pas tous les pores de sa peau. Nous sommes devenus amis et le regard qu’attachaient sur nous nos parents nous a fait comprendre qu’ils auraient bien aimé que nous décidions de fonder une jolie petite famille bien ordinaire, bien sous tout rapport.
Un beau mariage à l’église, deux ou trois bambins qui iraient à l’école catholique et deviendraient à leurs tours de gentils petits robots ne sortant jamais des clous…
Nous en riions ensemble, elle et moi, et j’étais prêt à me soumettre. Puisque de toute façon tu n’étais plus là, avec elle ce serait possible…
Mais ce soir, quand j’ai abordé le sujet elle m’a regardé droit dans les yeux, elle a pâli et elle m’a avoué qu’elle avait déjà quelqu’un dans sa vie, quelqu’un qu’elle aimait et dont elle allait bientôt parler à ses parents.
Elle aimait une femme.
Je ne cherche pas de refrain
A ce que l'on n'est plus
Je ne cherche pas de fin
A ce qu'on a perdu
Je ne cherche pas de musique
Pas d'excuses en chanson
Il n'y a rien de magique
Sans toi
Nous avons parlé longtemps elle et moi et j’ai admiré son courage. Elle allait oser briser le carcan, sans se soucier du qu’en dira-t-on, sans se soucier des conséquences. Entre l’amour et son monde, elle avait clairement choisi l’amour.
Je lui ai promis de lui garder mon amitié, nous avons pris date pour un rendez-vous avec sa compagne, mais je ne lui ai pas confié mon propre secret et je suis rentré dans l’appartement désespérément froid depuis deux mois que tu es parti.
Alors c’est ça qui m’attend finalement ? Une vie solitaire parce que je n’ai pas le courage d’affronter les miens ?
C’est quoi cet amour au conditionnel ? Je t’aime si tu choisis la voix que je te trace, l’épouse que je te présente, la vie à laquelle je te destine. C’est quoi cette façon de penser qu’il y a une bonne et une mauvaise façon d’aimer ?
Et mon amour pour toi… C’est donc tout ce qu’il vaut ?
Je ne cherche pas de refrain
A ce que l'on n'est plus
Je ne cherche pas de fin
A ce qu'on a perdu
Je ne cherche pas de musique
Pas d'excuses en chanson
Il n'y a rien de magique
Sans toi, rien de bon
J’ai retrouvé ton message : ça n’a pas été difficile, je le garde précieusement enfermé dans le tiroir de mon bureau, celui qui ferme à clé, parce que maman a une fâcheuse tendance à passer parfois à l’improviste et que je n’ai pas voulu qu’elle tombe dessus.
J’ai formé ton numéro… Tant pis pour l’heure !
Pas un instant je n’ai pensé que, peut-être, tu m’avais remplacé. Pas une seconde…
Parce que j’avais foi en ton amour.
Et j’avais raison.
Tu m’as simplement dit : « Je t’attends. » avant de me donner une adresse.
Cette nuit je ne dormirai pas. Cette nuit je roule vers toi et demain, demain c’est promis, je t’emmène dîner dans la famille. Et s’ils ne comprennent pas alors tant pis pour eux.
Désormais je sais que sans toi, ma vie n’a pas de sens et je me battrai s’il le faut pour avoir le droit de t’aimer au grand jour.
FIN
Chanson de Chimède Badi (quelques changements de féminin en masculin sur certains adjectifs)